Trois jours après les évènements qui avaient vu l'intrusion au sein du repaire de Vélus. Ce dernier avait repris sa forme habituelle et pianotait avec rapidité sur le clavier de sa console, les choses avançaient bien et comme il l'avait souhaité. Il jeta un œil à sa gauche ; s'y trouvait une cuve remplie d'un liquide jaunâtre, ainsi que d'un krogan adulte aisément reconnaissable : J'ango Garnar.

Maturation du sujet terminée...
Intégrité physique préservée à 100%...
Copie parfaite à 98%...

Aucune copie n'était parfaite, d'autant que celle-ci excluait les quelques imperfections de naissances ; Vélus n'avait pas touché au reste, estimant que c'était au principal concerné de choisir ce qu'il faudrait modifier. Il retourna à son ordinateur.

Séquence identitaire enregistrée...
Copie de sauvegarde effectuée...
Modification de la séquence...
Demande de confirmation...
Opération validée...
Modifications terminées...
Transfert de la séquence...

Un appareillage apparut dans la cuve et se plaça autour de la tête du krogan. Ce dernier fut secoué par des spasmes silencieux alors que l'ordinateur transmettait ses données. Vélus observa le processus dans son intégralité.
Au bout d'une dizaine de minutes cela cessa.

Transfert terminé avec succès...
Ouverture de la cuve de maturation...

Le récipient laissa échapper son contenue, lequel tomba au sol en aspirant pour la première fois l'air ambiant. Il toussa à plusieurs reprises pour recracher le liquide qu'il n'avait pas manqué d'avaler. Une fois sa respiration retournée à un rythme normal il se mit debout, chancelant.

" Bienvenue parmi nous J'ango Garnar. Ne vous étonnez pas pour votre situation mais pour que le transfert se fasse il était nécessaire que j'optimise votre corps comme votre esprit. Rassurez-vous je n'ai apporté aucune modification aussi extrême que des implants de ce type. "

Il avait capté les regards inquiets du krogan.

" Cela dit maintenant que vous êtes des nôtres il y a des choses que vous allez devoir apprendre mais pour cela rien de tel que d'écouter ce que vous savez, ou pensez savoir. "

Il regarda J'ango dans les yeux, intéressé par ce qu'il pouvait bien connaître.

" Alors je vous poserai deux questions camarade : Que savez-vous de nous et que voulez-vous savoir ? "

Il avait assisté à tellement de réimplantations, ce phénomène était connu en son cycle, que Vélusion n'avait même pas songé qu'il puisse perturber son nouvel allié. Enfin...

" J'ai copié votre être dans un premier temps en récupérant la totalité des émissions de votre cerveau convertit une longue séquence d'impulsions électrique par le biais d'un procédé de mon cycle. "

Il indiqua d'un signe de tête l'écran de la console proche.

" Un être vivant résumé en une ligne de code comme n'importe quel programme informatique. "

Il ricana dans sa barbe ; en réalité cela restait bien plus complexe, la science de la réimplantation nécessitait des dizaines d'années d'études en raison de sa subtilité. Pour le novice c'était un revanche un excellent récapitulatif, quoique très déprimant par certains aspects.

" Une fois votre être sous cette forme je lui ai apporté les petites modifications nécessaires à votre entière coopération ; rassurez-vous je me suis contenté du minimum. "

C'était probablement le point le plus traumatisant ; l'idée d'avoir été transformé, fut-ce légèrement, aurait probablement conduit plus d'un des synthétisés, nom qu'ils se donnaient, à la folie si cette possibilité leur avait été permise. Au lieu de ça chacun d'entre eux observaient cet état de fait, partagé entre répugnance et indifférence ; hurlant leur désespoir sans pouvoir être vu ou entendu.

" Après je me suis contenté de transférer votre être dans un corps que j'ai construit à partir de votre ADN ; une copie de votre ancienne enveloppe les imperfections en moins. "

Un esprit au maximum de ses capacités et un organisme au mieux de sa forme ; ne manquait plus que la science des Moissonneurs pour obtenir la perfection issue de l'union organique/synthétique, mais pour un individu amené à se déplacer en public la discrétion était de mise.

" Vous pouvez vous torturer en imaginant que vous n'êtes qu'une copie de votre être originel mais ce serait inutile. "

" Vous êtes le produit d'un processus qui se rapproche le plus de la mythique résurrection, mais de manière plus terre à terre c'est plutôt la capacité des IAs à se télécharger d'un corps à l'autre. "

Il resta quelques instants à observer le krogan et les signes corporels qui reflétaient ses pensées ; perturbé et fasciné tout à la fois son nouvel allié ne semblait pas savoir comment aborder sa nouvelle condition. Il ne pouvait lui en vouloir, ces sentiments contradictoires étaient logiques. Puis revinrent les questions.

" Les enlèvements servent ce but en effet mais pas de manière directe. "

Il indiqua du regard une autre série de cuve dans lesquelles baignaient des corps ; ils semblaient humains vus de loin mais un certain nombre de détails indiquaient le contraire : une peau trop pâle, les oreilles intégrées au crâne...

" Pour recréer des corps il faut de la matière organique et où la trouve-t-on mieux qu'ici ? La Citadelle est un vivier, un stock énorme où je peux puiser à loisir pour ramener d'autres guerriers à la vie ; j'ai enlevé certaines personnes pour obtenir des renseignements et comprendre mes ennemis avant d'en faire de la matière première comme n'importe laquelle de mes victimes. "

Il se tourna à nouveau vers le krogan.

" Si je vous ai permis d'avoir le choix c'est parce que votre courage était impressionnant et surtout car il y avait en vous une impressionnante soif de survie. L'objectif compte plus que les moyens d'y parvenir à vos yeux et c'est une philosophie qui m'a été imposée une majeure partie de ma vie ; rien n'est plus amère que d'avoir tout sacrifié et d'échouer tout de même. "

Il fronça les sourcils en proie à quelque sombre pensée.

" Si je n'ai pas laissé le choix à votre compagnon c'est qu'il lui était impossible de me rejoindre. Il appartenait à une organisation qui me combat depuis plusieurs années : Protocole Gris ; cette dernière a mis au point un dispositif proche du mien par le biais d'implants, ces mêmes implants entre en conflit avec mes capteurs de séquences, l'appareil qui m'a permis de vous récupérer. Je ne connais aucun moyen à l'heure actuelle de détruire l'implant sans le cerveau de son porteur, ce sont des gens prudents. "

Une courte pause.

" Si vous demandez pourquoi tout ça... regardez ces corps, rappelez-vous le mien ; nous ne sommes pas humains, ni d'aucune espèce de ce cycle. Les Moissonneurs nous ont détruit jadis et aujourd'hui il nous a été donné la possibilité de ressusciter, de ramener nos peuples à la vie ; ce cycle paiera cette transaction au prix fort mais vous êtes bien placé pour savoir que ne nous ne pouvons et ne voulons pas nous en soucier. "

Un sourire ironique passa sur les lèvres de Vélusion, il était chargé d’amertume.

" S'il ne restait rien des Moissonneurs je ne serai pas là à vous parler J'ango et vous seriez encore entièrement vous même. "

La lueur qui passa dans les yeux du krogan lui fit reprendre son sérieux.

" Je serai incapable de vous dire précisément ce qu'il en reste, ou même si ce sont toujours les mêmes ombres qui opèrent à travers eux ; je sais juste que sans cela moi et mes camarades n'aurions jamais quitté le néant dans le quel ils nous avaient plongés il y a six millions d'années. "

Les évènements qui avaient provoqué la chute de son cycle et ceux, plus douloureux, lui revinrent en mémoire et lui arrachèrent une grimace. Les moissonneurs avaient tout détruit de son existence et aujourd'hui il avait été rappelé pour en récupérer une partie en servant, vraisemblablement ses anciens bourreaux ; s'il existait une entité supérieure, comme de nombreux fanatiques le proclamait, nul doute qu'elle devait s'amuser.

" On m'a laissé le droit de mener cette campagne selon mon seul jugement mais je manque d'informations pour l'emporter ; j'en apprends sur mes adversaires au fil de mes combats, ce qui est déjà trop tard pour moi. "

L'avantage était que cette liberté, fut-elle extrêmement restreinte, lui avait permis de glisser quelques petites graines dans certains esprits, en espérant qu'elles germent.

" Pour cette raison il me faut des individus de ce cycle pour m'apporter les connaissances nécessaires, sans compter que j'éprouve tout de même quelques scrupules à provoquer de multiples génocides. Mais si vous cherchez une raison pour vous en particulier n'allez pas chercher bien loin : il s'agit simplement de ressenti. "

Quitte à recruter dans les rangs de ses ennemis autant choisir ceux qu'on respectait.

La première remarque de J'ango atténua la lueur dans les yeux de Vélusion ; oui sa santé mentale était incontestablement altérée, il était même surpris qu'elle soit en si bon état.

" Oui je suis fou ; pas assez hélas pour que j'en perde mes notions de bien et de mal. "

La conversation ravivait d'anciennes blessures morales, celles-là même que J'ango venait de subir, mais il l'appréciait, se sentait un peu plus normal que son état ne lui permettait d'ordinaire. La conversation dériva cependant sur un autre sujet, plus pratique, plus matériel... son pragmatisme prit le dessus sur ses remords.

" Comment réagiriez-vous si je vous disais qu'il existe trente exemplaires de J'ango à votre image, tant mentalement que physiquement ? "

Il laissa le krogan s'imprégner de l'idée, le doute plana quelques instants.

" Regardez vous ! Vous avez déjà du mal à vous faire à l'idée d'être ce que vous êtes, si j'y ajoute le fait que vous n'êtes qu'un parmi tant d'autres votre esprit y survivrait-il ? Je pourrais altérer encore une fois votre être pour y parvenir mais que modifierai-je en même temps, même involontairement ; et si vous avez encore un doute sur la viabilité de l'affaire observez donc mon cas et sur le résultat de multiples modifications. "

Il jeta un regard à l'un des gardes présent à l'entrée du complexe.

" D'un point de vue moins pragmatique le fait de dupliquer un individu à l'infini ne me donnera qu'un point de vue, qu'une seule manière d'aborder les choses, qu'un seul schéma de réflexion ; c'est dans la diversité que l'on trouve la force. Enfin je détruirai une culture entière si je n'en sauvegardait qu'un seul aspect, j'enfermerai un peuple dans un schéma de pensée unique totalement stérile. "

Il soupira.

" Cela dit vous vous trompez sur le pourquoi des enlèvements, ce ne sont pas les individus, dans la majorité des cas, qui m'intéressent mais la substance qui les compose qui me permet de... "

Il hésita avant de faire signe à un garde proche ; celui-ci s'approcha et ôta son casque. Le krogan put observer un visage humain. Ou plutôt non. La peau était trop pâle, les yeux trop rouges, les oreilles incrustées dans le crâne... toute une foule de détails qui indiquaient l'inhumanité de l'individu.

" Je vous présente un spirit, l'une des races qui fut détruite par les moissonneurs durant mon cycle et qui renait désormais grâce aux enlèvements que je pratique. "

Le spirit remit son casque avant de reprendre son poste pendant que Vélusion poursuivait son explication.

" Vous faites partie d'une minorité, de ce à qui j'accorde cette réimplantation ; votre ancien corps est devenu le nouveau. Vous auriez probablement envie de me tuer mille fois pour le supplice que je vous fais endurer et l'horreur de votre situation, et croyez que si j'en étais capable j'en ferai de même pour mon propre bourreau, mais il reste encore un faible espoir pour vous. "

Vélusion s'approcha de l'ordinateur et y pianota quelques instants, faisant s'afficher un nom et une suite de 1 et 0.

" Ce que vous voyez à l'heure actuelle est J'ango Garnar, avant que je n'y implante cette loyauté envers notre cause, c'est ce que vous étiez avant de me rejoindre. Je garde toujours une trace non modifiée de ceux que je réimplante au cas où ils aient la chance de revenir sous leur forme originelle. Vous pouvez estimer cet espoir ridicule, pathétique car ce ne sera pas vous ni l'original, si vous n'avez toujours pas accepté l'idée, mais pour ma part je rêverai d'avoir cette opportunité ; qu'une version non-endoctrinée de moi même vienne m'arrêter dans cette entreprise."

Il fit défiler plusieurs identités, les regardant le regard perdu dans les crimes commis.

" Pour répondre à votre dernière question j'attends de vous que m'aidiez à reprendre la Citadelle, durablement ; tant qu'elle était aux mains des parias je disposais d'un vivier inépuisable et sans condition mais les choses se sont désormais gâtées. Les forces de ce cycle contrôle désormais la station et même si cette situation ne tient qu'à un fil ils disposent d'assez de puissance pour m'écraser si je joue le rapport de force. Cependant il reste une carte à jouer et sur laquelle les veilleurs travaillent depuis dix ans : la mettre en lieu sûr, dans un endroit où personne ne pourra venir la chercher. "

L'entreprise n'était pas, initialement, prévue aussi tôt mais nécessité faisait loi ; déplacer la Citadelle ne se ferait pas sans pertes mais l'essentiel parviendrait à destination et c'était le principal. Le tout serait juste de reprendre le contrôle des systèmes de déplacement.

Vélusion observa patiemment le krogan mettre de l'ordre dans ses pensées, il pouvait deviner une partie de ses sentiments : frustration révolte, haine, désespoir, révulsion... ; mais grâce à une acceptation forcée il parviendrait bientôt à retrouver un équilibre solide.

" Je suppose que vous parlez de Cerberus. Ils se sont orientés dans cette voie, modérément, avant de sombrer dans les abysses de l'endoctrinement ; ici nous suivons un cas inverse mais plus extrême. "

L'histoire de l'Homme Trouble lui avait rappelé par de trop nombreux aspects celle de son peuple, poussé par les circonstances à employer les méthodes les plus risquées, et les moins morales, afin de réussir dans son entreprise. Il éprouvait un certain respect à l'égard de cet homme et de la compassion pour ce qu'il était devenu : l'ennemi de sa propre cause. Bien que tombé plus bas, lui-même n'avait pas perdu cela.

" Cela dit lorsque toute cette affaire, et je parle au sens large, sera terminée je vous permettrai de me tuer ; ainsi votre colère trouvera-t-elle un exutoire et moi une certaine forme de paix. "

Il avait toujours considéré la mort comme une solution de facilité, mourir pour l'honneur était une aberration, une manière de se débarrasser de toutes responsabilités, de tous tracas ; mais en ce jour il n'espérait pas plus.

" Mais pour le moment si nous pouvons servir mutuellement nos intérêts... "

Il pianota sur son ordinateur quelques instants.

" Et puisque nous sommes dans le même camp je dois vous parler de nos ennemis ; j'ai déjà évoqué les premiers : Protocole Gris, une organisation agissant dans l'ombre et qui nous y a trouvés. Depuis elle s'efforce de comprendre qui nous sommes et ce que nous cherchons à accomplir et, bien que nous ayons encore une longueur d'avance sur eux, ils n'en sont pas loin du tout. Cette biotique de l'Alliance qui vous accompagnait est des leurs et je pense que c'était le cas de chacune des personnes avec lesquelles vous avez attaqué cette partie de la Citadelle. "

Un fichier s'ouvrit sur l'écran du terminal. C'était une image, une représentation d'un être humanoïde mais dont le crâne n'était pourvu que de deux yeux sans paupière ou iris ; le reste du corps était lisse, sans les aspérités propres à la plupart des espèces comme pouvaient l'être les ongles, les poils ou les écailles.

" Je vous présente les dassos ; comme nous ce sont des survivants de notre cycle mais contrairement à nous ils sont toujours pourvus de leur libre-arbitre et n'obéissent à personne. Ils ne soupçonnent pas notre existence mais il est certain qu'ils ne tarderaient pas à comprendre si tel était le cas. "

Les questions du krogan étaient intelligentes, preuve que son cerveau se remettait en marche en dépit du trouble initial et c'était là une excellente nouvelle, bien que sinistre quant à sa signification.

" Mes enjeux sont simples : je veux faire renaître le cycle qui m'a vu naître ; il ne sera pas tout à fait le même et le prix à payer sera terriblement élevé mais on m'a réécrit pour que je trouve le marché avantageux en dépit des inconvénients. "

Il pointa du doigt les spirits puis lui même avant d'ajouter :

" J'emploie le matériel génétique fournit par les organiques de ce cycle comme matière première pour recréer les races éteintes de mon époque ; j'y implante ensuite les personnalités sauvegardées pour obtenir des soldats, des stratèges et des scientifiques assez aguerris pour me permettre de payer le droit à cette résurrection. Ce prix est simple : détruire les races de ce cycle, ou au moins leur faire connaître le même sort qu'à vous. "

Tuer ou asservir ? Ou plutôt violer l'identité d'un individu ou condamner son espèce à l'oubli. Quel était le sort le plus cruel et le plus abject ?

" A chaque fois que je croise l'un des membres de votre cycle se pose le choix de le modifier en espérant qu'il ait de la valeur ou de le convertir en une personne dont je suis certain. Un constant choix entre le pragmatisme froid et la volonté de conservation des peuples que je dois détruire. "

Il se tut quelques instants, méditant sur sa propre et détestable condition, amère de par l'espoir fou et horrible qu'elle suscitait : revoir son espèce vivre...

" Cela dit vous soulevez une question importante : la rentabilité ; malgré mes efforts recréer un corps à partir de matériel génétique n'est pas rapide et le clonage prendrait plus de temps encore, on n'a rien sans rien. Je pourrai augmenter les rendements si je pouvais mettre de côté la carte de la discrétion et c'est pour ça que j'ai besoin de déplacer la Citadelle dans un endroit sûr. D'où mon projet de reprendre les commandes de la station. "

Il laissa le soin à J'ango d'assimiler le tout avant de passer à l'autre sujet.

" Pour ce qui est de Protocole Gris je ne pense pas qu'ils cherchent à m'arrêter, en tout cas ce n'est pas leur but initial car l'organisation existe d'avant la venue des Moissonneurs. Je sais qu'ils ont une sphère d'activité étendue mais une force de frappe qui ne l'égale pas ; ils n'ont pas d'armée mais des équipes, des forces de frappe chirurgicale. Ils sont gênant parce qu'ils peuvent frapper des installations comme celles-ci et nous dévoiler mais ils n'ont pas les moyens de représenter une menace directe contre l'ensemble du projet. Fait intéressant, en plus d'être clandestins, ils ont mis au point un système de réimplantation proche de celui que j'utilise bien que plus primitif, mais ironiquement plus polyvalent. "

Il se tourna vers l'image du dassos.

" Concernant les dassos ils posent un problème d'ordre théorique, déjà parce que s'ils venaient à transmettre leur savoir sur les forces militaires de l'ancien cycle nous perdrions beaucoup en efficacité. L'autre problème est d'ordre plus... émotionnel dirons-nous ; ils maitrisent la même technologie que nous, peuvent redonner naissance aux races qui les côtoyèrent mais ne sont pas affligés des contre-parties. Ils représentent un camp que je souhaite voir vaincre de toute mon âme mais que je dois faire perdre à tout prix ; voilà en quoi ils posent problème. "

Vélusion eut un sourire sincère en entendant les paroles du krogan, il prenait sa situation avec philosophie et se consacrera désormais pleinement à sa tâche.

" Si ça ne vous fait rien appelez moi Vélusion, c'est mon véritable nom. "

Il convenait désormais de se consacrer sur la tâche à accomplir, les réalisations de ces derniers jours portaient leurs fruits et bientôt leur application pourrait se faire.

" Comme je vous l'ai dit il me faut mettre la Citadelle dans un endroit où je pourrais opérer en paix et pour cela il faut atteindre le centre de contrôle qui, bien entendu, se trouve au centre de la station. Votre mission est donc très simple J'ango, vous vous y rendez en suivant le plan que je vous donnerai, vous en prenez le contrôle, vous suivez mes instructions une fois cela fait et vous liquidez tout ce qui tentera de vous empêcher. "

Vélusion transmit une consigne via sa console et bientôt une vingtaine de silhouettes en armure complète virent se placer aux côtés du krogan.

" Vous connaissez mieux qu'eux les races de ce cycle en conséquence vous êtes le plus à même de les commander dans cette bataille ; j'ai fait en sorte d'équilibrer un peu les forces. "

On pouvait dénombrer douze spirits, au vu du gabarit, dont la moitié semblait équipée d'un système de propulsion aérien et l'autre d'armes standards ; les huit autres appartenaient à une autre race, leur allure étant sensiblement différente, et portaient des armes plus lourdes. Vélusion tourna ensuite son regard dans l'ombre, une spirite en émergea pour se ranger à la droite du krogan.

" Et voici un cas un peu particulier : il s'agit d'Enaria ; je tiens à vous prévenir qu'elle a un mental instable, même selon nos normes, issu d'un traumatisme ancien. Dès que l'excitation du combat la gagne elle devient une vraie machine à tuer ; elle n'est plus en mesure de frapper ses alliés mais elle n'en reste pas moins qu'une fois lancée la notion de retraite ou de modération n'a plus aucune prise sur son esprit. "

L'équipement de la spirite était différent des autres : deux fines lames étaient fixées à ses poignets ainsi que deux armes de poings sur ses avant bras ; adapté à sa folie meurtrière en somme. Vélusion répugnait souvent à l'employer à cause de son manque de discrétion mais l'heure n'y était plus.

" Pendant que vous opérerez les parias lanceront un assaut massif contre les forces conciliennes de la Citadelle, attaque qu'ils perdront si votre mission échoue mais qui devrait occuper nos ennemis le temps que vous accomplissiez votre tâche. "