On peut être un tireur d'élite, avoir des références excellentes et pourtant avoir des missions dignes d'un placard. En effet, gardien de nuit d'un musée Asari est une sinécure que peu de combattantes en activité accepterait. Sauf quand c'était un ordre, comme c'était le cas. Litas avait un peu honte d'infliger ça à la jeune chasseresse mais il fallait bien qu'elles se rencontrent et la porte de son bureau n'avait même plus le temps de fermer vu la quantité de visites qu'elle recevait. Tout le monde voulait faire commerce avec Thessia mais il y avait peu d'élus.

Le musée, situé à Armali, avait été détruit par les Moissonneurs. Enfin, détruit... comprendre qu'ils se sont contentés de défoncer le plafond et de faire rôder d'immondes créatures à l'intérieur. Ce n'était pas un objectif militaire et le bâtiment n'avait pas subi le même sort que la caserne, l'astroport et la centrale énergétique. La reconstruction était terminée depuis deux ans et, même si le prix des billets était élevé, la rentrée dans les frais devrait attendre quelques siècles. Plongé dans l'obscurité, le musée avait quelque chose d'inquiétant mais les formes étranges étaient de l'art Asari et la Thémessianne n'était nullement intimidée.

Tous les plafonds étaient vitrés dans cette section consacrée à la sculpture. Les oeuvres avaient peu subis d'outrages pendant l'attaque, les artistes ayant construit généralement du solide. Rien de mieux qu'un Asari pour faire une oeuvre sensée défier le temps. Le fait de vivre longtemps rendait ce peuple assez prévoyant. Seulement éclairés par les lampes bleuâtres de secours, les oeuvres et les couloirs permettaient quand même de voir clairement qui se trouvait là. Litas désactiva la cape de camouflage optique et la coucha sur un des canapés faisant face à une sculpture. Après quelques instants d'hésitation, elle s'asseya aussi pour admirer l'oeuvre de huit mètres de haut. C'était une représentation de la Déesse de la troisième période, celle où les Asaris n'avaient pas encore découvert la Citadelle ou d'autres espèces extra-terrestres. Les bras avaient dû être refixé et seul un oeil expert pouvait voir les soudures.

La chasseresse devrait être là d'une minute à l'autre. Son emploi du temps le précisait clairement : 23:46, vérification de l'aile ouest.