Le voyage s'était passé sans encombres. La raison pour laquelle Litas ne voulait pas d'un commando Asari était à cause du passage près d'Oméga : Les criminels qui tenaient cette station avaient de sacrés réseaux d'information qui les auraient informés du passage d'un vaisseau de transport de troupes Asaris. Ils les aimaient encore moins que les Turiens car eux, au moins, n'essayaient pas de se glisser dans votre dos pour vous poignarder et vous tiraient dessus à l'arme lourde de face. Le MSV Lumina avait un plan de vol pour déposer du matériel léger dans une station d'ezo en construction dans le système Decoris et ils n'eurent aucun problème administratif en route.

A l'intérieur, Litas leur avait expliqué tout ce qu'elle savait de la base et du groupe de pirates. Elle fournit aussi des modes d'armures spécifiques pour simplifier leur travail : de meilleures barrières cinétiques, un système de furtivité optique et un harnais à ezo pour sauter de grandes hauteurs sans subir de dégâts. La petite Ardat-Yakshi avait évité autant que possible le contact avec les invités, plus par timidité que par ordre. Finalement, le moment fut venu. Tout le monde se trouvait dans la navette Asari et sur les écrans ils voyaient le Lumina piloté par la petite balafrée s'éloigner. A ce moment, la Thémessiane alluma une série d'appareils de bord d'aspect complexe mais bruts de décoffrage, comme installés après coup.

"Vous allez maintenant comprendre pourquoi personne n'a jamais intercepté les Serpes..."

Distance avec Laena, projection de l'orbite, position de la base, météo actuelle envoyée en boucle par un satellite, composition de l'atmosphère, gravité... un ensemble de données étaients insérées dans les instruments de bords et d'autres étaient obtenues. Dix minutes d'étranges calculs plus tard, Litas, aux commandes de la navette, accéléra brutalement sur un cap indiqué par les instruments de bords, comptant mentalement jusqu'à dix-huit, puis elle coupa les gazs et la plupart des instruments secondaires de l'appareil.

"Avec cette vitesse et cette trajectoire, on va se mettre en orbite autour de Laena. Pas de chaleur dégagée et pas d'émissions magnétiques : on ne sera pas plus détectable qu'une étoile filante."

Une fois en orbite autour de la planète bleu ciel, il fallut attendre. Dans un silence imposé bien que pas nécessaire : Litas réfléchissait. Enfin, ils perçurent avec le système de détection passif les ondes du SOS envoyé par le Lumina. Un SOS désespéré : systèmes de propulsion hors services, systèmes de survie défaillant, etc... Il était dirigé vers la planète alors qu'il présentait toutes les caractéristiques d'un appel longue portée. Ils ne voulaient pas d'un héros qui fasse capoter leurs plans. Le signal eut quelque chose qui ressemblait à des parasites pendant quelques secondes : C'était le signal que la frégate pirate venait de décoller! A ce moment, Litas utilisa une propulsion froide, à base de jets de gazs sous pression, pour entrer dans l'atmosphère. Une nouvelle série de calculs, plus rapides cette fois, puis plus rien. Il fallait se laisser tomber comme un météorite. Un compte à rebours s'afficha sur le tableau de bord, estimant le moment de l'impact avec le sol. La Thémessiane le laissa lentement chuter jusqu'à quinze secondes avant l'impact, ralluma les machines et poussa fortement l'appareil vers l'avant en le cabrant.

La navette Asari, aérodynamique, réagit en faisant une embardée avant de se stabiliser. Puis, elle vola au ras de l'océan plein sud. Crotte!

"Une tempête tropicale... Les harnais devraient marcher mais ne comptez pas sur le camouflage à l'extérieur. Profitez de la pluie pour rester à distance."

On ne pouvait pas prévoir ce genre de complication, il allait falloir faire avec. Elle avait devant elle un plan en 3D grossier de la planète et la base ennemie s'approchait. Comme prévu, ils allaient arriver par le nord, contournant leurs systèmes de détection au sol plutôt orientés vers la plaine du sud. Elle ouvrit les panneaux latéraux de l'appareil, faisant entrer la pluie à gros bouillons.

"Saut dans vingt secondes, à mon signal."

Heureusement que les Asaris faisaient des navettes aussi maniables! Elles n'étaient pas aussi blindées que les appareils des autres espèces mais au moins on n'avait pas l'impression de diriger une enclume! Ils furent sur le point de dépasser la crête rocheuse marquant le début de la base des pirates.

"Top! Bonne chasse!"

La voila seule... Elle enclencha la radio et donna le code d'identification pirate avant de se poser comme si elle était invitée sur la plate-forme la plus près de la tour de contrôle. Laissant un flanc de l'appareil ouvert, elle sortit, sous la pluie battante et le vent. Bien entendu, deux pirates armés sortaient déjà en courant de la tour, nerveux à la vue d'un appareil qu'ils n'avaient pas entendu venir. Elle mit tranquillement les mains sur les hanches, ignorant superbement les armes braquées sur elle comme seule sait le faire une politique aguerrie.

"Ça fait du bien de se dégourdir les jambes... J'suis la pilote de navette qu'à embauché votre pote là... Gandus. Z'auriez pas un truc à grignoter parce que j'me suis payé que de la pâte alimentaire jusqu'ici!"

Elle voyait la silhouette d'un troisième homme à la porte du bâtiment, se découpant dans la lumière. On avait beau être dans l'après-midi, le ciel chargé et la pluie battante plongeait la piste d'atterrissage dans la pénombre. Et tout le monde regardait dans sa direction, tournant le dos au reste du commando. Au moins, cette partie se déroulait sans accros...

Lanius, qui n'aimait guère discuter avec grand monde, garda le silence la majeure partie du voyage se contentant de quelques échanges verbaux lorsque cela était réellement obligatoire. Le spectre resta isolé dans une cabine méditant sur la mission prochaine. Même lorsque le moment de la mission approcha dangereusement, le spectre ne se départi pas de sa froideur restant fidèle à lui même.

Pourtant au fond de lui même Lanius éprouvait du respect pour la Thémessiane qui semblait être une meneuse d'hommes, du moins si un tel terme pouvait être attribué à une asari étant donné la particularité de ce peuple. Une particularité qui avait toujours laissé Lanius interloqué, comment la nature pouvait créer une espèce hermaphrodite tout en possédant tout les attraits du genre féminin, et uniquement féminin. Mais le spectre n'était pas un scientifique et avait laissé cette question à d'autres.

Désormais il n'avait plus le temps de se perdre en question métaphysiques, la mission allait commencer. Et quel commencement, un saut dans le ciel froid et humide de la planète avec pour seul ami une forte pluie qui rincèrent le spectre jusqu'à l'âme. Pourtant la navette atteignit sans problème sa destination et Lanius gagna tranquillement la destination prévue, le spectre se paya même le luxe d'un atterrissage en "douceur", comparativement à Ivan tout du moins.

Une fois que toute l'équipe eut réussit à se poser, Lanius gagna la position de Niliana et Ivan leur indiquant de le suivre. Ensuite le trio gagna rapidement et en toute discrétion la position du dernier membre du commando la seule représentant de l'espèce à l'origine de la mission. Lanius se décida à laisser à Neyhssa la direction de la mission. Le spectre se rapprocha de cette dernière avec discrétion et entama en toute discrétion la discussion.

"Bien maintenant nous sommes là, mais vous êtes la meneuse de la mission alors donnez vos instructions."

La Thémessiane fit le bilan de la situation. Elle portait son armure grise d'officier qui avait son bouclier cinétique branché. Elle avait aussi un fusil Disciple fixé dans son dos, au niveau de la hanche. Sans oublier son masque commando qui lui permettait de voir assez bien malgré les conditions atmosphériques désastreuses. Un des pirates avait baissé son arme et courait vers la navette, histoire de voir si il n'y avait pas de mauvaises surprises, le second gardant pointé son arme sur l'Asari. C'étaient deux humains. Rien de nouveau, l'atmosphère leur collait bien et ils pullulaient dans les systèmes terminus. Le dernier élément du trio marchait vers un elle. Un butarien cette fois.

"Vous foutez quoi ici? J'vous connais pas...
-Je l'ai dit. J'ai été embauchée. Vous permettez?"

Après des siècles passés à courtiser les puissants, Litas savait quelles intonations donner à sa voix pour que les mâles de toutes les espèces sentent comme un chatouillis au niveau du dos. Les butariens aimaient se sentir supérieur, elle employait donc des intonations particulières qu'emploie un individu de caste inférieur pour s'adresser à son supérieur, limite des supplications d'esclaves. Cela le fit sourire d'ailleurs, un réflexe involontaire vu qu'il se calma de suite. Lentement, elle leva le bras gauche pour activer son omnitech et passa en revue des dossiers, semblant chercher quelque chose. Le butarien s'énervait pendant que le pirate allé observer la navette cria qu'il n'y avait rien dans l'appareil.

"Ce crétin a laissé un message? Pourquoi il ne m'a pas appelé?
-Parce que j'avais envie d'entendre le son de votre voix en direct."

Les Serpes de Litas. De nombreux groupement commandos portent des noms de griffes, de serres ou autres appendices tranchants mais aucun ne l'étaient à cause d'une particularité propre de l'équipement de Farielle. Pour tuer sans faire de bruit, rien ne vaut le couteau. Surtout quand on ne sait pas d'où il vient. Par la pratique, elle a comprit qu'un mouvement rapide d'une lame courbe permet de trancher une gorge à grande vitesse. La lame émergea de sous l'avant-bras gauche et en un mouvement gracieux l'Asari pivota sur elle-même pour trancher la gorge du butarien et blesser grièvement l'humain. La main droite libre se saisit du fusil à pompe et le mouvement devait lui permettre de faire face au dernier des pirates dans son dos. Il l'avait mise en joue!

La décharge la propulsa en arrière. Il utilisait un fusil à pompe trafiqué et, à bout portant, le bouclier cinétique fut surchargé. Une douleur intense dans son épaule droite la renseigna sur un point pénible : Oui, des éclats lui étaient passés à travers l'armure. Le temps qu'il arme une nouvelle fois son coup elle parvint à éviter de tomber au sol. Malheureusement pour lui. Quand il voulut aligner son adversaire une nouvelle fois, il vit juste un énorme boulet bleu brillant lui foncer dessus. On voyait rarement des Asari porte-étendart et il ne s'attendait pas à subir une charge biotique de ces créatures considérées comme fragiles. Percuté de plein fouet, il reçu deux décharges de plombs avant de toucher le sol et de s'y étaler raide mort.

La tête qui tourne à cause de l'administration de médi-gel automatisée et du contre-coup de la charge biotique, Litas s'arracha l'écharde qui dépassait de son épaule droite, réprimant un cri de douleur. Vite. Le poste de communication. Courant maladroitement sous la pluie, elle pénétra dans le centre de commande. C'était un système personnalisé, à savoir de multiples postes de contrôles rattachés les uns aux autres, les écrans cachant à peine un monceaux de câbles et de boitiers inconnus. Un appel était en cours : les pirates de la frégate voulaient savoir ce qui se passait. Rapidement, Litas manipula son Omnitech pour utiliser un sous-programme peu courant et utilisé surtout au sein de son ancienne équipe. Quand elle parla, elle avait exactement les mêmes intonations que le butarien qui refroidissait sous la pluie.

"Je suis là. C'est Gandus qui est revenu avec une nouvelle navette et son pilote. Il s'est amusé à voler sous les radars. On continue."

Après quelques grognements, elle entendit le pirate couper la liaison. Litas reprit son communicateur casque à casque pour parler à son équipe.

"Ici Litas. Le poste de commande est prit. Une blessure mais en traitement. La base est ouverte, pas de protocole de sécurité en place et pas de communications vers l'extérieur. Tout passe par le poste de commande car la roche est riche en métaux. On ne pourra pas communiquer via les casques quand vous serez à l'intérieur. Si vous voulez me parlez, utilisez les terminaux et demandez une transmission SLM, ça m'arrivera de suite. Il y en a dans presques toutes les pièces. Si il y a une alerte générale, lancez l'alerte incendie, je fermerai toutes les portes coupes-feu de part et d'autres du chemin jusqu'au stockage, au fond de la mine. Bonne chasse."

La fin de l'afflux d'adrénaline la secoua au point qu'elle se sentit s'enfoncer dans le siège. Elle respira profondément. Son service militaire datait, décidément.