La guerre s'était terminée depuis deux ans, mais les traces de combats étaient encore visibles. Certains bâtiments étaient encore ouverts, preuve des tirs d'armes en tout genre que les combattants avaient utilisés. Cependant, malgré ces quelques traces, la vie avait repris son cours. Adrien était de retour à Paris, qu'il avait quitté deux semaines avant l'invasion. Voir la ville dans cet état, après l'avoir vu dans toutes sa splendeur, était une expérience dérangeante. Cela dit, la ville était en meilleur état que Londres, qui n'était plus qu'un champ de ruines.

Adrien s’arrêta face à un bâtiment noirci, avec certains murs détruit. Des ouvriers s'affairaient autour, afin qu'il sois de nouveau habitable. Le bâtiment n'était qu'un immeuble, ce qui expliquait qu'il n'est pas encore était rénové, mais il fallait cependant des soldats autour de chaque bâtiment en cours de reconstruction. Des rumeurs comme quoi des anarchistes s'en prenait aux cibles les plus facile. Il n'y avait généralement pas de mort, mais la crainte d'un manque de sécurité, même longtemps après la guerre, ne rassurait pas la population. Aussi, l'information comme quoi ce bâtiment était protégé, une première à Paris, avait fait le tour de la ville.

Adrien se présenta à l'entrée du bâtiment, et s'identifia auprès du sergent qui contrôlait les entrées. Le sergent, guère heureux de faire la circulation autour du bâtiment, donna le moins d'information possibles à Adrien : il allait être en groupe avec le soldat James, le groupe serait relevé dans 4h, et ils reviendraient 2h après la relève, jusqu'au soir. Un rapports devait être fait toutes les demi heures, sans quoi l'alerte serait déclenchée. Et vu que c'était la première fois qu'un bâtiment était gardé par des soldats, ils n'avaient pas le droit à l'erreur. Le sergent en ayant fini avec lui, Adrien parti dans la direction que lui indiqua son supérieur, à la rencontre de soldat James.

Tournant au coin du mur du bâtiment, Adrien parti à grand pas en direction de la position du soldat James. Lors qu’enfin il arriva à la position, c'était une jeune femme qu'il rencontra, et non pas un homme, comme il s'y attendait. Elle était grande, rousse, et ne ressemblait pas du tout à l'idée qu'on se fait d'un soldat. Et elle était très belle, nota Adrien. Il s’arrêta à ses cotés, et se présenta.

"Soldat Adrien Annaz, je suis votre "collègue" durant cette mission ô combien difficile. Puis-je vous tutoyer ? Je sens que les heures vont êtres longues d'ici à la relève..."

Linda n'aimait guère jouer les sentinelles. C'était long, difficile à supporter. Mais un mal nécessaire. Personne ne devait entrer dans le bâtiment sans autorisation du Haut Commandement. Et dans la tête de Linda, cela signifiait personne d'autres que les gardes. Elle n'avait bien entendu pas la moindre idée de pourquoi ils devaient tous gardé ce bâtiment. Quand elle avait posé la question au sergent, il lui avait répondu de la fermer car ça regardait les huiles. Elle n'avait donc pas chercher à en savoir plus et s'était postée au premier étage, à une fenêtre. Elle pouvait voir la rue ainsi que les bâtiments d'en face. Tous portaient des traces des combats.

Elle n'avait pas participé aux combats, encore heureux. Mais voir la Terre dans cet état, c'était difficile. Et en plus, la France. Un pays si proche de Londres n'avait pas été autant touché, mais quand même. La moitié de la ville avait été soufflée, tandis que l'autre était dans l'état actuel. Rien à voir avec Londres, dont il ne restait qu'une poignée de bâtiments. Elle entendit un bruit de pas derrière elle, et elle tourna son regard vers l'homme uniquement quand il fut à côté d'elle. Il parlait avec un accent français, et portait un nom français également. Elle "portait" son "masque de guerre" et ne réagit donc pas de manière fort sociable. Elle lui répondit quand même sans animosité. D'un ton neutre, quoi.

"Pas de problème. Je déteste jouer la sentinelle." répondit-elle.

Elle s'assit sur le rebord de la fenêtre, observant tantôt la rue et tantôt Adrien. Contrairement à elle, il portait une armure solide et un casque intégral. Une manière de mettre la différence entre leurs deux spécialisations. Elle était sniper, lui probablement un fantassin de première ligne. Mais ça ne la dérangeait pas. Il semblait sympathique.

"T'es originaire d'ici ?" lui demanda-t-elle. "C'est devenu moche, alors qu'il s'agissait d'une belle ville."

Elle parlait beaucoup, contrairement à d'habitude. Mais là, il n'y avait pas vraiment d'action. Elle aurait même put rester elle-même pour cette mission, mais elle préférait garder son tempérament militaire. Au cas où. S'il y en avait besoin, elle serait déjà apte à réagir immédiatement. Pour tromper l'ennui, elle sortir un couteau de sa botte, puis joua avec distraitement. Elle le garda immobile sur son index droit, avant de jouer à nouveau à le faire tourner entre ses doigts. Elle essayait de tuer le temps.

La jeune femme était nonchalamment installé sur le bord de la fenêtre, pas vraiment ravi d'être là. Rien d'étonnant, vu comme le coin était calme. Et elle montrait à quelle point cette mission l'ennuyée, car elle n'avait même pas revêtue une armure. Ou alors, c'était sa façon habituelle de s'habiller. Dans tout les cas, et heureusement pour Adrien, elle n'était pas fermée à la conversation, sans quoi la surveillance risquée d'être très longue.

"Non, je ne suis pas d'ici, mais j'ai passé quelques mois à Paris. J'en suis parti deux semaines avant l'invasion, et c'est vrai que la guerre a laissée des traces, même si la ville est bien reconstruite..."

Adrien se rapprocha à son tour de la fenêtre, et s'y accouda. Tournant la tête, il fit face au soldat James. L'avoir à coté de lui confirma ses impression : elle était très séduisante, mais aussi très froide. Le devenir était nécessaire pour être un bon soldat.

"Alors, tu sais pourquoi on est cloitré ici ? Il parait que des anarchistes s'en prennent au bâtiments. Et ça effrayerait la population. Tu pense franchement qu'il y ait un quelconque risque ? Au fait, tu ne m'a pas dit comment tu t'appelle.

Tournant le regard vers la rue, Adrien regarda l'horizon. Pas le moindre mouvement dans les environs... La journée allait être longue, même avec une personne avec qui discuter.

Ah oui. Son nom. Il était vrai qu'elle avait été un peu malpolie de ne pas lui donner le sien. Mais sur le moment, cela ne lui avait pas paru important, sachant bien qu'elle était en service. Mais pouvait-on vraiment agir comme si il y avait des dangers ? Pas vraiment. Donc, aucune raison de ne pas discuter pour passer le temps. Mais il fallait rester sérieux, et attentif. Elle y veillerait. Et Adrien était certainement un soldat intelligent, il devait savoir qu'il fallait prendre tout de même la mission au sérieux.

"Linda. Et pour ce qui est des risques... à vrai dire j'en sais rien. Mais si les huiles ont décrété qu'il fallait protéger ce tas de ruine, alors c’est qu'il y a quelque chose d'important à leurs yeux ici. Et j'espère qu'on aura pas à le découvrir, honnêtement."

Elle lui adressa un léger sourire, puis reporta son attention sur la rue. Une patrouille de soldats passa, mais sinon, il ne se passait pas grand chose de notable. C'était le pire, quand on était de garde. Impossible de se détendre, car il fallait être sur le qui-vive. Et impossible de bouger, car il fallait garder son poste. Interminable. Le sergent de l'escouade arriva alors, l'air mécontent. Il s'approcha d'eux. Linda le salua brièvement, puis le laissa parler le premier.

"J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle" annonça-t-il. "La bonne, c'est que la relève prendra en charge le reste de la garde, on en aura donc finit après ces quatre heures. La mauvaise, c'est qu'on part en patrouille dans la zone morte après. Profitez-bien de votre repos soldats."

Il partit sans un mot de plus, tandis que Linda échangeait un regard avec Adrien. Ils savaient tout deux e que signifait le terme zone morte. Ils allaient de l'autre côté, dans la moitié de la ville soufflée par les combats. Des restes de bâtiments, des cratères, des véhicules et des restes de corps carbonisés. Il n'y avait que ça là-bas. C'était éprouvant psychologiquement. Mais nécessaire, car des anarchistes timbrés pouvaient y rôder.

"Je préfèrerais presque rester ici toute la nuit, plutôt que d'y aller... Pas toi ?" demanda Linda à Adrien.

"En effet, si ils ont décidés que ça valait le coup de monter la garde, je suppose qu'ils ont eu vent d'autre choses que des rumeurs, et qui doit être assez conséquent pour mobiliser des militaires. Mais je crois que c'est la mission la plus ennuyante que j'ai jamais faites, et pourtant, j'ai déjà patrouillé dans les rues lors de ma formation."

Le silence s'éternisa à nouveau, troublé uniquement par le bruit des travaux dans le bâtiment. Rien ne bougeait, rien à signaler, et rien qui puisse rompre la monotonie de l'attente. Adrien et Linda discutèrent encore un peu, tout en gardant un œil sur les alentours et sur la rue, complètement vide. Avisant des bruits de pas, Linda et Adrien se tournèrent dans la même direction, d'où sortait le sergent qui avait "accueilli" Adrien. Et il avait l'air d'être d'aussi bonne humeur que quand ils s'étaient vus plus tôt dans la journée. Arrivé à leur niveau, il prit la parole

"J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est que la relève prendra en charge le reste de la garde, on en aura donc finit après ces quatre heures. La mauvaise, c'est qu'on part en patrouille dans la zone morte après. Profitez-bien de votre repos soldats."

Adrien soupira intérieurement. Les zones mortes portaient bien leur nom, car plus rien n'y vivait. Voir l'état de ces lieux pouvait briser le moral de n'importe qui, tant le calme était dérangeant. Personne n'y vivait, car plus aucun lieu n'étaot habitable. Le voyage serait donc sans doute calme. Mais ça leur permettrait de se dégourdir les jambes, ce qui serait toujours mieux que de rester ici pendant des heures. Il fallait juste qu'ils supportent les prochaines heures de garde dans le bâtiment. Une fois le sergent parti, Adrien se rendit compte que Linda avait pris la parole.

"Presque pareil. J'ai déjà visité les zones mortes, et il n'y à rien de réjouissant là bas, comme tu le sais sans doute. Mais ça nous permettras de nous dégourdir les jambes, c'est déjà ça... Mais à choisir entre la peste et le choléra, j'avoue que le choix est difficile."

La voix d'Adrien s'éteignit à nouveau, laissant place au silence. Durant un long moment, aucun mouvement ne troubla la garde qu'il montait avec Linda. Ils discutèrent encore un peu, mais la conversation était décousue tant l'attente était longue. Enfin, ils entendirent des bruits de pas dans le couloir, signe que la relève arrivait. Deux soldats à l'air aussi joyeux qu'Adrien et sa collègue prirent leur place, et échangèrent quelques mots avec eux. Les deux nouveaux soldats s’installèrent à leur tour sur la fenêtre, et se plongèrent dans la contemplation de la rue. Adrien et Linda prirent le chemin de la sortie.

"Au fait, où était-tu lorsque l'invasion à commencée ? Ici, sur Terre, ou as tu appris l'invasion une fois que la chose à été rendue officielle ?"

"J'étais pas sur Terre. J'étais sur un vaisseau qui s'est joint à la flotte Concilienne. J'étais blessée à ce moment, j'ai pas participé aux combats."

Une fois la relève arrivée, Linda descendit l'escalier en compagnie d'Adrien, retrouvant ainsi le reste de l'escouade en bas, devant l'entrée ouverte par un cicosaure dans le bâtiment. Apparemment, la porte était fermée, quand ledit cicosaure avait pensé plus utile de creuser une porte plus grande plutôt que d'ouvrir celle déjà existante. Le trou dans le mur pouvait facilement laisser passer un char. L'escouade était au complet, à savoir un total de cinq personnes : Linda, Adrien, le sergent et les deux autres hommes. L'escouade sortit et monta dans le Mako garé là. Le véhicule démarra et les emmena vers la zone morte.

Un trajet d'une demi-heure quand même. L'espace était suffisant pour que les cinq soldats se mettent à l'aise sur les sièges. Néanmoins, c'était presque comme se retrouver sur un vaisseau spatial, selon Linda. Pas de contrôle sur sa propre vie. Si le véhicule explosait, elle faisait partie des victimes, impossible d'utiliser ses compétences pour s'en sortir. Une impression probablement partagée par la grande majorité des soldats. Elle leva le regard vers Adrien, assit en face d'elle. Elle se demandait à quoi il ressemblait sous ce casque et cette armure. Elle préféra écarter le sujet de ses pensées, afin de rester concentrée.

"On y est, on sort !" annonça le sergent en sentant le véhicule s'arrêter. "Bon voilà : on doit patrouiller parmi les épaves de Mako et de navettes. Si vous voyez quelque chose de suspect, vous tirez et vous posez les questions ensuite. On reste dans le secteur, donc pas de folie. Si vous devez en sortir, prévenez-moi."

Il sortit le premier, suivit des deux autres membres de l'escouade. Linda jeta un regard à Adrien et sortit avant lui. Elle prit le Mantis de son dos, puis le garda dans ses mains. Elle s'éloigna vers la droite, en direction d'une épave de navette toute proche. Elle s'accroupit devant le cockpit défoncé, poussant un soupir. La navette avait certainement subit un unique tir avant d'exploser. L'équipage, s'il était toujours à l'intérieur, n'avait eu aucune chance.

"Ca t'arrives à toi, quand t'es dans un vaisseau, de te dire que tu détestes ça ? Parce que tu sais pertinemment que c’est pas toi qui contrôle si tu vies, ou si tu meurs." demanda-t-elle à Adrien, l’apercevant qui s'approchait.

Il ne l'avait pas suivit en sortant du véhicule. Du moins pas immédiatement. Elle se demanda pourquoi, puis chassa cette pensée. C'étaut complètement idiot de se morfondre pour quelque chose comme ça. Il avait surement jeté un coup d’œil aux alentours avant.

Blessée tandis que la guerre faisait rage sur Terre... Ça devait être terrible, de regarder les évènements depuis le fond de son lit. Cela dit, le regarder en étant en pleine forme n'était pas mieux, Adrien le savait pertinemment. Il avait eu l'impression de trahir ceux qui étaient restés sur Terre en ne pouvant pas participer au combat, tout en sachant que c'était suicidaire de vouloir y retourner. Très peu de militaire avait survécu à l'invasion, et il était impossible de retourner sur Terre une fois l'invasion commencée.

Une fois arrivée à l'extérieur du bâtiment, un petit groupe les attendait, Linda et lui. Le sergent, à l'air toujours aussi enjoué, et deux autres soldats, qui vraisemblablement, allaient les accompagner dans les zones mortes. L'escouade nouvellement formée prit la direction d'un Mako à l’arrêt près du bâtiment, et une fois tous à bord, parti en direction des zones mortes. Le Mako n'était bien évidemment pas un véhicule de confort, et tout ses passagers étaient serrés et mal installé. Cependant, le voyage jusqu'aux zones fut rapide. Avant de descendre, le sergent donna ses ordres.

"On y est, on sort ! Bon voilà : on doit patrouiller parmi les épaves de Mako et de navettes. Si vous voyez quelque chose de suspect, vous tirez et vous posez les questions ensuite. On reste dans le secteur, donc pas de folie. Si vous devez en sortir, prévenez-moi."

Le sergent et les deux autres soldats descendirent en premier du véhicule. Linda regarda Adrien un petit instant avant de descendre à son tour, agrippant son Mantis dès qu'elle eut quitté le Mako. Vérifiant que son Carnifex était bien accroché à sa ceinture, sur sa hanche droite, et que son couteau glissait bien dans son fourreau, Adrien descendit à son tour, son Avenger en main. Une fois le pied sur le sol, Adrien jeta un coup d’œil circulaire afin d'observer les environs, puis contourna le Mako pour voir ce qu'il y avait derrière. Une fois les lieux observés, il prit la direction qu'avait emprunté le reste du groupe, et observa Linda à coté de la carcasse d'une navette. Linda à dû l'apercevoir, car elle lui adressa la parole.

"Ca t'arrives à toi, quand t'es dans un vaisseau, de te dire que tu détestes ça ? Parce que tu sais pertinemment que c’est pas toi qui contrôle si tu vies, ou si tu meurs."

Apparemment, elle avait une grande confiance dans ses capacités si elle pensait pouvoir survivre seule. Cependant, Adrien ne pouvait pas la blâmer, il s'en était sorti plusieurs fois difficilement, et sans personne sur qui compter. De plus, il comprenait le point de vue de Linda, car il était impossible de faire quoi que ce sois dans un tel véhicule. Se penchant vers la navette, Adrien répondit

"J'ai vu trop de navette se faire détruire pendant l'opération Marteau pour avoir confiance en elle. Et ça vaut aussi pour les Mako et les autres transport de troupes. Je préfère mourir le fusil à la main plutôt que d'être calciné dans une navette ou tu ne peux rien faire. Cela dit, je préfère ne pas mourir du tout."

Se redressant, il regarda à nouveaux les alentours. Autour d'eux, hormis le bruit des pas des autres soldats et du sergent, et le chuchotement de la discussion qui venait d'avoir lieu, pas un bruit ne brisait le silence. Il tendit la main à Linda, pour l'aider à se relever, lorsqu'un léger bruit retentit. Comme si quelqu'un régurgitait. Alertés, Adrien acheva de redresser Linda, et parti en direction du sergent et de l'autre soldat. Le troisième homme avait disparu à l'angle d'un bâtiment. Le groupe se mit à couvert derrière une voiture et le sergent envoya le deuxième soldat voir ce qui arrivait plus loin. Disparaissant dans l'ombre, il revint quelques instant plus tard, et passa le pouce sous sa gorge dans un geste des plus explicites.

"Bon, on est plus tout seul, restez sur vos gardes et deux par deux. Tant que la zone n'est pas sous contrôle, on ne repart pas. Tant qu'on sais pas qui est là, on se tient de chaque coté de la rue et on fait gaffe, je veux pas qu'une autre personne sous mes ordres meurt."

Prenant le côté gauche de la rue, Adrien s'éloigna du deuxième groupe. Tous avançaient de la manière la plus discrète possible, mais dans ce silence, le moindre bruit résonnait comme un cloche. Essayant de rompre le silence angoissant, Adrien chuchota à Linda

"Alors, tu as pas l'air d'avoir beaucoup l'habitude d'être en première ligne on dirait" dit il en montrant du doigt le Mantis. "Pas trop angoissant ?"

Elle n'avait pas la moindre idée de ce qui avait éliminé le soldat, mais elle comptait bien le découvrir. L'escouade se scinda donc en deux groupe, Adrien se mettant avec elle. Elle aurait trouver un peu collante cette attitude, venant d'une autre personne, mais étrangement ce n'était pas le cas avec lui. Elle ne savait pas pourquoi. Mais elle s'en fichait pour l'instant. Adrien lui fit remarquer qu'elle devait pas avoir l'habitude d'être en première ligne. Elle se retourna, et lui sourit en levant son Mantis.

"T'en fais pas, ce fusil est parfait pour n'importe quel situation, entre mes mains."

Elle se retourna, puis redevint sérieuse. Pourquoi sourire ? Elle en était un peu troublée. Elle continua à progresser, surveillant chaque angle qu'elle voyait. Elle aperçut le cadavre du soldat, et alla l'examiner de plus près. On lui avait tranché la gorge. Etrange. Le coupable tenait donc à se faire discret. Mais pourquoi ? Elle entendit un bruit derrière elle, mais c'était Adrien qui avançait. Elle pointa son arme vers le haut, inspectant un pan de mur noir. Impossible de se cacher aussi haut, mais on ne savait jamais.

Ils continuèrent leur progression jusqu'à ce qu'elle se rende compte que l'autre groupe s'était arrêté. Elle fit signe à Adrien de faire de même et s'accroupir. Elle tourna son regard vers le sergent, qui leur fit signe qu'il y avait quelque chose devant. Ils regardèrent, mais ne virent rien. Le soldat accompagnant le sergent se releva, puis Linda entendit un bruit. Une arme à feu. Aussitôt, le soldat tomba au sol, une balle en pleine poitrine.

"Bordel !" marmonna-t-elle en se mettant à couvert derrière un bloc de pierre couché sur le sol.

Un bruit plus sourd se fit entendre, suivit d'un sifflement qui s'intensifiait. Elle comprit rapidement de quoi il s'agissait aussi, puis tira Adrien pour qu'il reste à couvert. Ce dernier s'était mit debout aussi. Heureusement pour lui, elle était intervenu juste à temps. Un missile passa au ras d'un mur, puis termina sa course dans leur Mako. Le véhicule explosa sur le coup. Plaçant son fusil sur la pierre, elle regarda dans la lunette et vit les ennemis : deux hommes situés à presque 600 mètres. L'un d'eux était-il leur assassin ? Le sergent fut touché par une balle, et s’écroula mort. Linda se tourna alors vers Adrien, ne sachant pas trop quoi faire.

"On fait comment là ? Je peux pas viser assez longtemps pour les toucher à coup sur."

"T'en fais pas, ce fusil est parfait pour n'importe quel situation, entre mes mains." répondit Linda avec un sourire.

Adrien hocha la tête. Linda savait se défendre quand elle était en première ligne, même si de l'avis d'Adrien, le sniper n'était pas une arme très utile en cas de combat rapproché ou en cas de nombreux ennemis. Il préférait la puissance de feu de son Avenger, ou, à défaut de mieux, son Carnifex. Toujours est il que dans un périmètre restreint, par exemple la rue où ils étaient, Adrien doutait de l'utilité d'un sniper.

Sans un bruit, ils continuèrent d'avancer, jetant des regards das toutes les directions. De l'autre coté de la rue, le deuxième soldat et le sergent continuaient eux aussi d'avancer, a peine plus vite qu'Adrien et Linda. Eux aussi pointaient leurs armes dans toutes les directions pouvant être menaçante, afin d'anticiper toutes attaques. Mais depuis la mort du soldat, plus rien n'avait troublé le silence en dehors des ordres du sergent et des bruits de pas de l'escouade.

Soudain, Linda se retourna et pointa son Mantis sur Adrien. Aussitôt, elle baissa son arme. Apparemment, Linda était tout de même très stressée par le silence. Adrien aussi, mais il avait plus l'habitude des situations explosive, et surtout, c'était son quotidien d'être en première ligne. Tandis qu'Adrien passait devant Linda, celle ci observait les recoins sombres autour d'eux, guettant un potentiel ennemi embusqué. Mais personne n'attaqua.

Quelques mètres plus loin, Adrien et Linda s’arrêtèrent. Le deuxième groupe s'était stoppé de l'autre côté de la rue, et le sergent montrait quelque chose, plus loin dans la rue. Mais Adrien ne vit rien, tout comme Linda, à en croire son manque de réaction. Mais d'après l'insistance du sergent, il y avait belle et bien quelque chose à voir au bout de la rue. Adrien fit un pas de côté afin d'avoir un meilleur angle de vision quand un bruit résonna.

De l'autre côté de la rue, le soldat qui accompagnait le sergent s'était relevé, et venait de se prendre une balle dans le corps. Même si il était trop loin, Adrien se douta que la blessure était fatale, car le soldat n'eut pas le temps de crier. Occupé à essayer de voir le tireur, Adrien n'entendit pas à temps le sifflement caractéristique d'un obus. Heureusement, Linda le tira par le bras, et le missile partit s'écraser plus loin, faisant exploser le Mako qui avait servis à les emmener dans ce bordel. Quelques instants plus tard, ce fut le sergent qui se prit une balle, et qui tomba raide mort.

L’œil dans la lunette de son sniper, Linda réussi à identifier les cibles : deux hommes à plusieurs centaines de mètres de là. Elle se tourna vers Adrien, un peu perdu.

"On fait comment là ? Je peux pas viser assez longtemps pour les toucher à coup sur."

Adrien prit le temps de réfléchir quelques instants. Il était possible que les agresseurs n'aient vus que le sergent et le soldat mort, et pas le groupe d'Adrien et Linda. Cependant, si ils restaient ici sans rien faire, leurs chances de s'en sortir serait quasi-nulles, car les assaillants viendraient voir combien de personnes avait été tués, et qui ils étaient. A ce moment là, Adrien et Linda serait forcément repérés et tués.

"Reste cachée encore un moment, je vais attirer leur attention plus loin, et les forcer à me tirer dessus. Normalement, ils devraient s'immobiliser pour être plus précis, et tu auras le temps de les viser. Mais fait attention, dès que tu auras tirer, tu seras repéré aussi, et tu deviendras peut-être la cible. Prête ?"

Sans attendre la réponse, Adrien se redressa à moitié, et partit en direction de l'autre côté de la rue. Il avait à peine fait trois pas qu'une balle siffla dans son dos. Il était déjà repéré. Adrien ne put qu'aller à mi-chemin de la rue, car une balle lui toucha l'épaule, le mettant à genoux. Se forçant à se redresser, il put atteindre un muret de pierre, où il serait légèrement en sécurité. Les balles continuaient à fuser autour de lui, preuve que Linda n'avait pas été repérée. Adrien n'avait plus qu'à espérer qu'elle allait bientôt ouvrir le feu.

Toujours à couvert derrière son muret de pierre, Adrien entendait les balles taper sa couverture et passer au dessus de lui. Même si sa position n'était pas inconfortable, il espérait que Linda ne traine pas trop longtemps pour éliminer les deux autres tireurs. En attendant, Adrien ne pouvait rien faire d'autres que d'attendre que les choses se calme, en se tenant tout de même prêt à agir en cas de danger. Son Avenger à la main, Adrien était prêt à réagir au cas ou.

Soudain, des bruits de détonation se firent entendre. Non pas plus loin dans la rue, mais près d'Adrien, près des bâtiments. Linda avait ouvert le feu. Cependant, Adrien ne pouvait prendre le risque de se redresser pour l'instant, car il n'y avait eu qu'un seul tir de la part de Linda. Le deuxième tireur était sans doute en vie. Mais il ne le resta pas longtemps, car un deuxième tir de la part de Linda retentit. Puis ce fût le silence.

Adrien patienta encore quelques secondes, puis se redressa. Son épaule lui faisait mal, mais c'était supportable. Linda s'approchait de lui, le visage fermé. Tandis qu'elle s'approchait, Adrien observa les corps. Il était difficile de les voir dans la pénombre, mais le plus proche avait eu la gorge perforé apparemment. Linda avait très bien visée. Elle était arrivée auprès d'Adrien, et palpant sa blessure, s'informa.

"Tu te sens comment ?"

"J'ai connu pire, mais ce n'est pas pour autant que j'aime être blessé" Adrien tressaillit quand Linda toucha la blessure. Inspirant, Adrien reprit "Heureusement, l'armure à fait son boulot et a encaissée la majorité de l'impact".

Sortant un bandage, Linda fit un garrot sur l'épaule, afin de juguler l’hémorragie. Même si le sang ne coulait pas à flots, autant ne pas prendre de risque. Une fois les soins fait, Adrien remua le bras quelques fois pour vérifier qu'il pouvait le mouvoir sans être gêner, puis reprit son arme à deux mains. Après un regard circulaire sur la rue pour vérifier qu'aucun danger immédiat ne les guettaient, Adrien se tourna vers Linda qui avait pris la parole.

"Bon, je prends la tête, vu que t'es blessé. On va inspecter les deux cadavres, avant de vérifier qu'il n'y a personne autour. Ensuite seulement, on retournera faire notre rapport sur la situation."

Adrien acquiesça sans un mot. Même si il n'était pas gravement blessé, il préférait que ce sois Linda qui prenne la tête des opérations, car elle aurait les idées plus claires. Ensemble, ils repartirent vers les deux cadavres. Ils ne portaient pas de signe distinctif, étaient habillés simplement, mais ils avaient un bon armements. Un Mantis, un lance missile Cobra, mais pas de couteau. Adrien réfléchit à l'armement du soldat égorgé, et il n'avait pas de couteau non plus.

"Je crois qu'il reste encore quelqu'un en vie, il n'y a pas de couteau sur ces corps, et le soldat tué n'en avait pas non plus, reste sur tes gardes."

Relevant son arme, Adrien chercha du mouvement dans les ombres.

"On fait demi-tour. J’envoie un message au QG pour obtenir un Mako. Sinon, on risque de mettre un moment avant de revenir à la maison."

Bonne décision de la part de Linda. La zone était presque nettoyée, mais ils n'étaient plus que deux, et dans les zones mortes, ce n'était pas un nombre suffisant pour assurer la sécurité. L'embuscade du jour en était la preuve, surtout que c'était normalement une mission sans danger. Et trois personnes étaient mortes en quelques minutes. La meilleure solution consistait donc à appeler des renforts pour rapatrier les corps et faire un rapport.

Ensemble, ils repartirent à la recherche du dernier agresseur. Adrien ouvrait la voie, et Linda couvrait ses arrières. Plusieurs minutes plus tard, ils n'avaient toujours pas trouver le troisième homme. Soudain, le silence fut rompu par un bruit. Une sorte de grondement, comme le bruit d'un moteur qui démarre. Et quelques instants plus tard, un mur explosa suite à l'impact d'un petit véhicule. Adrien avait eu le temps d'éviter la majorité des débris, mais Linda les reçus de plein fouet, fut mise à terre et ne bougea plus.

Adrien se précipita vers Linda, les yeux rivés sur elle. Une ombre, plus loin dans la rue, lui fit relever les yeux. Le troisième homme profitait du fait que Linda ne puisse pas bouger pour l'attaquer, toujours avec son couteau. Adrien était trop loin pour agir, mais il avait toujours son arme à la main. Cependant, son Avenger n'était pas assez précis pour toucher l'homme. Adrien lâcha sa mitraillette, pris son Carnifex, s'immobilisa et tira à quatre reprises.

Les coups de feu résonnèrent dans le silence. La première balle se perdit dans le lointain, sans faire le moindre mal à l'homme. La deuxième balle le toucha à l'épaule, l'éloignant de Linda, tandis que la troisième balle faisait éclater un poumon à l'homme. La quatrième et dernière balle lui entra en pleine poitrine, le faisant tomber à la renverse. L'homme mourut avec le couteau à la main, mais sans faire de mal à Linda. Adrien se précipita aussitôt vers Linda, qui était à peine consciente.

"Adrien... c'est toi ?..."

Elle crachait du sang, sa voix réduite à un murmure. Adrien n'eut pas le temps de lui répondre qu'elle tombait pour de bon dans les pommes. Adrien lui prit son pouls et, rassuré de le sentir battre, il prit Linda dans ses bras afin de l'éloigner du corps de l'autre homme. Retournant vers l'épave du Mako, il l'allongea sur la carcasse du Kodiak qu'ils avaient examinés en arrivant. Il lui fit plusieurs points de compressions pour éviter les hémorragies, lui prit plusieurs fois le pouls, son arme toujours à portée de main.

Après presque dix minutes, le Mako arriva enfin. Une dizaines d'hommes en armes descendirent, ainsi qu'un médecin. Pendant que les militaires sécurisés les lieux et rapatriés les corps des deux soldats et du sergent, le médecin se précipita sur Linda, médigel en main. Encore cinq minutes plus tard, tout le monde était dans le Mako, et le médecin s'affairait toujours sur Linda. Elle devait être transférés à l’hôpital aussi vite que possible, mais Adrien ne pourrait pas l'accompagner, car il était le seul à pouvoir faire un rapport sur ce qui c'était passé dans les Zones Mortes.

Au moment de quitter le Mako, Adrien prit la main de Linda et lui chuchota

"Tiens bon, tiens bon..."

Incapable d'en dire plus, Adrien prit la direction du camp militaire pour faire son rapport.