Les ordres de Romanov avaient été donnés et il ne pouvait plus qu'attendre. Il prit place sur le fauteuil de feu le Gouverneur Almastius Montford. Une tâche de sang était toujours présente sur le bureau, ayant désormais séchée. Le Colonel était pour le moment plutôt satisfait du déroulement de l'opération. Cerberus avait prouvée sa capacité à prendre l'initiative rapidement et de manière coordonnée. Cependant, le plus dur allait être à venir.

La Chimère avait certainement du cachée des informations. La présence du Lieutenant Hawkins ne pouvait que valider cette pensée. Outre l'opération en surface, une autre se déroulait dans les coulisses. Mais comment dire laquelle était priviligiée par rapport à l'autre? C'était tout bonnement impossible à moins de n'être mit à la place de l'esprit torturé à la base de toute cette mascarade.

Le technicien chargé du suivie du complexe de défenses sol-espace se leva pour lui faire son rapport, quelque peu pressé. Romanov fronça, d'avance, les sourcils.

- Colonel, le centre est attaqué. Un commando est mit en cause, les gars là-bas pensent à l'Alliance. Soit des renforts, soit d'éventuels réfugiés de la prise de la colonie.

Et si ce vaisseau inconnu était en réalité affilié à l'Alliance? Ancien Colonel des forces spéciales, Romanov connaissait parfaitement les moyens logistiques de la race humaine. Un système de camouflage performant serai suffisant à duper les radars de la colonie. Le bombardement pouvait servir de diversion utile pour attaquer le complexe. Cela ne collait pas, le brouilleur devait couper toutes les transmissions entre les deux entités. Alors était-ce seulement une coïncidence? Seul l'avenir donnerai la réponse.

- Et la canonnade?

Après tout, il fallait bien tempérer la mauvaise nouvelle. Qui plus est, le Colonel avait besoin de temps pour réfléchir. Certes, une tel scénario avait été abordé néanmoins les troupes de Cerberus n'étaient pas en grand nombre. L'organisation comptait sur le soutient populaire. Malheureusement, la réponse à une des interrogations de Romanov lui apparut clairement. Bien qu'il en doutait déjà, il désirait garder un peu d'espoir. Enfin, ce n'est pas pour autant qu'il en ferai part aux autres. C'était un militaire aguerrit et puis ce n'était pas la première fois que la Chimère le mettait dans une telle situation, à chaque fois les objectifs de la mission était remplit. Ici, ce serai le cas.

- Hum ... elle a échouée. hésita le technicien alors que son supérieur lâchait un petit grognement.

- Dépêchez des miliciens sur cette affaire.

Le subordonné se mit au garde à vous avant de s’exécuter, retournant à sa console pour transmettre les ordres. Pendant ce temps, Romanov se leva pour se diriger vers une installation de transmission - libre. Il tapa rapidement ses codes pour rentrer en contact avec le centre de brouillage.

- Sevchenko, le complexe de défense est attaqué par un commando. Tenez-vous prêt.

- Bien reçu, Colonel.

L'échange fut éclair mais il était suffisamment conscit pour être utile dans ce cas précis. Néanmoins, Romanov n'en avait guère terminer.

- Où en sommes nous du décodage de ce message crypté?

- Nous y travaillons encore Colonel ...

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La Chimère était confortablement assise sur un fauteuil dernier cri, d'une qualité supérieure, toujours occupée à consulter différents voyants. Cerberus était toujours en perpétuelle activité, quelle que soit l'heure, quel que soit le lieu. Ainsi, le penseur ne pouvait que surveiller le tout attentivement afin de récolter les fruits de son labeur. Un de ses panneaux vira de couleur annonçant une transmission prioritaire. Les codes provenaient d'une communication passant outre les fréquences de brouillage sur une certaine colonie maudite. De facto, Chimera reconnut un de ses agents - seuls à pouvoir passer outre les barrières de fréquence du brouilleur, bien que les codes n'aient pas été transmit à tous - ici bas, le Lieutenant Jehro Hawkins.

- Ici lieutenant Hawkins, les scientifiques ont découvert plein d'artéfacts mais on a un léger souci : les Rachni sont présents sur la planète et on dirait qu'il y en a un bon nid. Quels sont vos ordres?

Les paroles étaient parfois troubles, néanmoins le tout était perceptible et puis la Chimère s'attendait à de tels propos.

- Votre réelle mission peut commencer, Lieutenant Hawkins. Laissez les scientifiques convoyer les derniers échantillons. Vous, vous irez me ramener la Reine.

La réponse fut en partie brouillée à son tour, tout ne pouvait pas être parfait, néanmoins cela restait toujours audible et les ordres venaient donc d'êtres transmit.

"J'apprécie votre détermination Lieutenant Benam, et je perçois bien l'importance de la vitesse donc je ne vais pas me lancer dans un grand monologue, je ne dirais qu'une chose, à la fin de cette opération tu dois me suivre."

Toujours en train d'analyser le trou, Lleyton se retourna vers le butarien, très déterminé à parvenir à son objectif. Le lieutenant haussa les épaules. Après tout, il ne serait pas mécontent de repartir sous l'égide d'un Spectre - et général de surcroit.

"Je te suivrai à une condition, Ardak : si tu fais ce que je dis." dit-il d'un ton sec. "Ce n'est pas une lubie dictatoriale. Il y a des civils en danger sur cette planète et on ne peut se permettre de les abandonner."

Il se tourna ensuite vers Demetra et Torres. Les deux avaient suivie sans trop réagir. Dans une conversation très succincte, Lleyton demanda s'ils avaient des problèmes avec ce qui leur avait été confié. Les deux firent non de la tête. Elles n'avaient pas l'air d'apprécier la compagnie de l'autre mais ce n'était qu'un détail insignifiant. Une fois les clauses remplies et les omni-tech synchronisés, elles partirent prendre le Mako qui les avaient conduit ici. Elles arriveront plus discrètement de cette façon.

Une fois qu'elles furent partie, c'est Annaz qui prit la parole à l'encontre du Spectre. Il lui expliqua - plutôt bien - la situation actuelle et les problèmes qu'avaient engendré toute cette mascarade.

"Si il y'a bien plusieurs Rachnis, être trois risque d'être peu pour lutter contre eux. Cela dit, je vous suis." termina t-il.

Le Lieutenant devait avouer qu'il n'avait pas complètement tort. D'un autre côté, ils n'étaient pas en surnombre et l'absence impromptue de Naylord causait un trou important dans l'effectif actuel. Demander un des coéquipiers du butarien serait également de trop. Nul besoin d'insister sur la question. Ils iraient à trois, puisqu'ils n'avaient pas le choix. Alors pour simple réponse, Lleyton se contenta d'esquisser une grimace. Ils allaient souffrir s'il y avait bel et bien un nid. Il y a des jours où il se demandait sincèrement pourquoi il avait choisi cette voie et pas celle d'instructeur comme lui avait proposé Kahlee Sanders. La vie est faite de plein de regrets.

Mais soudainement, c'est Allen qui débarqua de nulle part, à nouveau. Personne n'avait remarqué son absence. A vrai dire, il venait de ramener de l'équipement, dont des cordes et des médigel en stock suffisant. Il fit signe à Benam. Ce dernier se retourna vers Anton, toujours pâlot à l'idée d'avoir reçu des ordres.

"Vous êtes prêts, Ardak ?" lui dit-il en montrant son omni-tech, afin de se synchroniser également. "Quand vous croiserez Waters, dites lui que je vous envoie. Ça devrait suffire. Et puis de toute façon, vous êtes Spectre. Vous gagnerez sa confiance..."

Sa voix était éteinte sur la fin. En effet, il venait de sauter dans le trou béant, de manière assez insouciante. Il s'était dit que ce n'était pas si haut... Il s'était plutôt trompé. Il y avait déjà une bonne quinzaine de mètres. Heureusement, ses pouvoirs biotiques lui avaient permis d’atterrir en douceur. Soupirant, il regarda autour de lui. Les galeries était sales, assez terreuses... et étrangement motorisés par d'étranges tubes. Où cela menait-il ? Bonne question. Mais le Lieutenant y réfléchirai plus tard.

"Allen ? Envoyez-moi une corde." hurla t-il en scrutant la lumière du dessus.

" Et moi à 5 enfoiré ! " cria Tic Tac en tirant une rafale qui faucha dans l'élan un adversaire.

Red, Boss et lui progressaient côte à côte dans une formation triangulaire couvrant les différents angles. Doc, quant à lui, tirait de partout pour arrondir les angles. Les soldats semblaient arriver de toute part et bien sûr leur objectif se trouvait au centre même du complexe. Néanmoins, la présence de Ghost leur était d'une très grande aide, éliminant des cibles dès que le commando se mettait à couvert. Pour le moment, aucune difficulté, les boucliers encaissaient les projectiles et il n'y avait donc aucun blessé à déplorer.

Le poste directeur, se trouvait entre eux et quelques gardes. Cependant, il était certain que d'autres adversaires se trouvaient plus à l'arrière. Deux voies étaient possibles et afin de ne pas se faire déborder, la tactique conseillée était d'attaquer simultanément les deux côtés. Chose difficile à tenir à deux, malgré leur statut de N7.

Une détonation se fit de nouveau entendre, Ghost avait ouvert le feu et certainement abattu un des opposants. Ils se redressèrent tous comme un homme alors que Tic Tac lança une grenade derrière le couvert adverse. Certains eurent le réflexe de se lever et de prendre leur jambes à leur cou. Malheureusement, ils furent vite rattraper par les balles de l'Alliance. D'autres périrent dans la déflagration.

" J'en ai eut 8, qui dit mieux?! "

D'un geste, Boss donna ses ordres. Avec Doc, ils prirent le côté gauche alors que Tic Tac et Red prenaient l'autre. Les combats pouvaient reprendre et bien sûr, ils restaient un sacré nombre d'ennemi dans l'arrière de l'installation. Sur le champs de bataille, un opposant donna l'ordre à quelques-uns de ses alliés de grimper pour se placer au même niveau que les radars. Ghost le vu, il était repéré. Le tireur d'élite en tua qui commençait à grimper l'échelle. Habitué à son arme, il rechargea rapidement tout en ne perdant pas de vue les autres gardes. Un autre adversaire dans sa ligne de mire, une détonation, un mort.

L'adrénaline commençait à monter alors qu'il rechargeait de nouveau. Deux avaient pu passés. Il replongea dans sa lunette, en acquérant un. Néanmoins, avant même que Speirs puisse tirer son bouclier éclata sous un tir l'obligeant à faire un mouvement en arrière de l'épaule. Ses deux adversaires disposaient d'un "Marksman" de type Viper et d'un sniper Mantis. La combinaison était idéale pour affronter des soldats peu importe la distance. Qui plus est, le premier était un anti-sniper rêvé.

Le Mantis l'avait atteint, heureusement pour lui, le tireur avait dévié son tir. Néanmoins, le Viper ne le manquerai pas. Tout se passa en une seconde, Ghost ne tenant plus que son Veuve d'une main roula sur le côté. Il avait vu juste les multiples tirs du Marksman furent rapides. Une balle lui perforant le flanc dans un cri de douleur. Cependant, Speirs était beaucoup trop entraîné pour se laisser avoir ici. Se redressant légèrement, le tireur fit une roulade qui l'entraîna à dévaler la colline. Une fois en bas, à côté des murs du complexe, Ghost prit le temps de souffler. Le tireur d'élite avait survécu mais le commando se retrouvait livré à lui-même.

" Ghost ! Ça va ?! " cria Boss, baissant la tête préventivement, à couvert lorsque les balles sifflèrent.

" J'en suis à 10. " dit Ghost tout en souriant.

Tous rirent, contents que leur collègue et désormais frère d'armes aille bien. Le commando était toujours prit dans les deux goulets. Ils craignaient trop après avoir progresser de se faire prendre à revers par des gardes venant du poste de commande. Les N7 devaient prendre une décision et celle-ci devait être rapide. Le manque d'un tireur d'élite pouvait les encombrer, par la seule menace de son sniper, il a un fort pouvoir d'intimidation qui aurai pu donner une marge de manœuvre à ses compagnons. En son absence, ils allaient faire avec les moyens du bord.

L'omnitech de Waters s'activa, signalant une transmission entrante. L'amplificateur marchait donc mais qui pouvait bien tenter de prendre contact avec lui? Certainement le Lieutenant Benam, après tout, il n'y avait que lui disposant des codes de communication en lien avec le GIS N7. Alors, il s'était décidé à agir, c'était plutôt rapide enfin, Boss allait le contraindre à attendre. Le chef d'escouade refusa la transmission.

" Red, Doc tir de couverture. Tic Tac, lancer franc droit sur la cible ! "

Une nouvelle fois, à l'unisson, ils se levèrent. Suivant les ordres, les deux concernés ouvrirent le feu sur les ennemis plus loin tout en avançant. Boss quant à lui tirait des rafales vers la direction des deux tireurs embusqués. Il ne s'attendait guère à les éliminer mais au moins à les forcer de garder le couvert. Tic Tac quant à lui s'élança, alors que quelques balles sifflèrent autour de lui, passant outre le goulet pour se laisser glisser vers un couvert. Une fois stabilisé, il jeta une grenade dans le poste - ouvert - qui ne tarda pas à exploser.

Entre-temps, ses autres compagnons l'avaient rejoints. Les N7 avaient progresser sans pertes tout en s'assurant de ne pas tomber dans un piège de débutant. Ce n'était pas encore finit. Red et Doc se levèrent afin de tirer sur les ennemis encore présents alors que Tic Tac et Boss se jetèrent dans le poste de commande. Ils y trouvèrent des cadavres ainsi que quelques survivants déboussolés qui ne tardèrent pas à expier leur dernier soupire. Les deux autres avaient rejoints les portes du poste de commande, se mettant à couvert pour garder l'entrée.

John Burns, alias "Tic Tac", ne chôma pas. A peine la zone déblayée, il commençait déjà à placer les charges. Le sabotage des défenses sol-espace était un pari risqué. Cela handicaperai sérieusement Eden Prime, néanmoins, ils n'avaient pas les moyens de tenir le complexe. Le choix était donc tout fait. Boss fut néanmoins distrait par la vue que lui offrait la vitre blindée du poste. Au loin, une traînée de poussière crée par des véhicules martelant la plaine aride était visible : des renforts.

" Et merde ! ... "

Sans savoir réellement pourquoi, la lampe de son fusil se mit à déconner au possible. Déconcerté, Lleyton frappa dessus. Au bout du troisième coup, elle se décida à se rallumer et, dans la mauvaise humeur, il fit remarquer à ses subordonnés qu'ils ne se préparaient pas beaucoup. On était dans un nid Rachni, pas dans un salon d'Illium.

"Allen, Annaz, on se bouge !" chuchota t-il avec un ton assez grave.

Oui, il ne voulait pas se faire entendre des rachnis - encore fallut-il qu'il y en ait dans le coin. Mais mieux ne valait pas tenter le diable, comme diraient certains. Armés jusqu'aux dents, le groupe partit donc droit devant, suivant approximativement les tubes. Soudain, ils entendirent un bruit puis une ombre passa et dansa sur leur lumière. Au signal du Lieutenant, ils éteignirent les feux. Une nouvelle fois, on pouvait entendre quelqu'un ou quelque chose se rapprocher. Mais très vite, la chose se rétracta et les pas devinrent de moins en moins fort - signe qu'elle s'éloignait. Satisfait, le groupe se coordonna à nouveau et avança.

Très méthodiquement, ils rallumèrent leurs ampoules. D'abord, ce fut Allen qui passa devant eux tel un éclaireur. Puis Annaz qui en fit de même. Avec sa lunette infrarouge, Benam les couvraient. Mais il y avait personne. Quand son tour venu, il fit briller sa lampe et ensemble, ils remarquèrent qu'ils étaient face à une impasse : un mur bien lisse et bien sale qui n'offrait que deux chemins. Un à gauche, un à droite.

"Lieutenant, je crois que le bruit venait de droite... Mieux vaut prendre l'autre côté..." balbutia tant bien que mal le Caporal Allen.

Lleyton réfléchit quelques instants. Le raisonnement n'était pas dépourvu de sens et de toute façon, c'était l'un ou l'autre... Donc autant choisir celui qui semblait le plus sécuritaire. Encore en un signe très silencieux, le chef ordonna à ce que l'on passe par la gauche. Encore une fois, l'aide-médical fut le premier à passer. Au bout de quelques mètres, on vit une ouverture. Puisqu'il prenait la tête du commando, il entra à l'intérieur, la lumière réduite par un filtre. Il y passa au moins une minute, si bien que ses coéquipiers finirent par croire qu'il s'était fait tué par un rachni aussi doué qu'un assassin drell... Mais il n'en fut pas moins : au bout de cette minute, il revint. La voie était visiblement libre mais il précisait qu'il fallait y allait calmement, en insistant bien sur le signe de la main baissée...

Ensemble, ils entrèrent tous. Le salle était circulaire et plutôt grande. Il devait y avoir une vingtaine de mètre de diamètre et une quinzaine de hauteur. Au centre se trouvaient six grosses rachnis, alimentés par les mêmes tubes qui passaient dans les tubes. Exceptés qu'ils étaient là plus gros, plus imposants et qu'il prenait un maximum de place dans la pièce. Assez horrifié par cette vision, le commando fit impasse de ses images et partit droit devant, à la recherche d'une sortie. Chacun prit un côté et balaya la surface, aussi discrètement que possible afin de ne pas réveiller les seules rachnis alentours.

Soudainement, le Lieutenant trouva quelque chose. Une espèce d'ouverture béante dans le sol, qui rejoignait la pièce par un escalier en pente. Les marches n'étaient pas pour autant très fiable mais après tout, il n'y avait que deux ou trois mètres de profondeur, grand maximum. Et puisque ses équipiers ne trouvaient rien, il les interpella. Annaz accourut plutôt vite, étant donné qu'il était encore proche. Néanmoins, Allen mit plus de temps. Et avec le noir qu'il faisait, il se prit les pieds dans un tube. Il échappa de peu à la chute mais on entendit un des monstres grogner. Puis un autre. Le manque d'attention avait été fatal. Lleyton cria alors à Annaz de trouver comment actionner l'entrée - puisque l'escalier menait visiblement à une porte - et il visa d'abord ses ennemis... Et eut une autre idée. Prenant bien soin d'user le plus petit nombre de balle possible, il tira trois fois sur les tubes.

Cela rendait les rachnis encore plus folles. Elles hurlèrent, de douleur sans doute. Mais le temps qu'elles mirent à gémir suffit à Annaz pour décoincer la porte et au caporal pour se retrancher sur leurs positions.

"Entrez là-dedans !" cria Lleyton une nouvelle fois.

Il sortit ensuite deux grenades ; une assourdissante et une aveuglante. Il les balança le plus loin possible, vers les six rachnis. Ensuite, il se retourna et poussa Annaz, trainant un peu, à l'intérieur du trou... avant de refermer la porte. Il avait su faire une distraction efficace, suffisamment pour ne pas devoir les avoir sur le dos. Toutefois, on pouvait entendre à nouveau des pas se rapprocher. Ils étaient dans un couloir encore plus souterrain, à première vue... Et il était plutôt étroit. C'était une impasse et d'autres ennemies semblaient se rapprocher à vive allure.

Pour seul geste, le Lieutenant rechargea ; une façon de dire qu'il était prêt au combat. Il fixa les deux soldats qu'il avait emmené. Bien qu'ils paraissaient moins téméraires, il n'en était pas moins qu'ils étaient bel et bien déterminés à survivre. Il ne restait plus qu'à savoir ce qui venait...

Benam et son équipe se retrouvèrent très vite désappointé quand ils se retrouvèrent face à trois rachnis, légèrement coincés dans la route souterraine et étroite que les compères avaient empruntés pour fuir. Sans se poser trop de questions, ils tirèrent à vue juste à temps que les cris d'insectes s'estompent. Mais soudainement, c'est un cri d'humain qu'on put entendre. Allen tomba à la renverse, rattrapé de justesse par Annaz qui se trouvait juste derrière. Il avait été touché, et par une balle sembla t-il. C'était le problème du "tir à vue dans le noir". Une technique très peu apprécié par les soldats en tête de wagon car ce sont souvent les premiers touchés. La preuve ici.

En attendant, les ennemis étaient morts. Ou tout du moins, ils ne donnaient plus aucun signe de vie. Le lieutenant fit signe d'avancer. Il enjamba au passage un cadavre avant d'attraper son caporal par les pieds. De l'autre côté, Annaz le soutenait, l'agrippant par les épaules. Ils le passèrent tranquillement au-dessus des rachnis, tandis que Lleyton faillit glisser sur du sang. Mais heureusement, il avait un équilibre exemplaire. Et aussi un mur très utile qui l'avait maintenu debout...

Bref, une fois les obstacles passés, le supérieur reposa les jambes de son subordonné par terre. Allen eut encore le réflexe de se tenir à son coéquipier. Benam fit quelques pas en avant. Il actionna une commande qui ouvrit la porte du tunnel. Il fit signe à ses soldats d'attendre, puis il entra doucement dans la pièce. Il baissa vite la tête. Il s'agissait d'une pièce semblable à celle à laquelle ils avaient échappé. A cette idée, il grimaça.

"Je connais cette tête, Lieutenant... C'est pas bon ce qu'il y a à l'intérieur, c'est ça ?" demanda Allen, essoufflé.

Lleyton se contenta d'acquiescer, puis il retourna voir.

"J'en ai compté neuf." chuchota t-il en revenant.
"Vous pouvez encore tirer, Allen ?"
"Oui mais mon arme est reste là-bas."

Le Lieutenant fixa alors Annaz, dont l'arme était encore intacte. Il haussa un sourcil. Visiblement, il n'aimait pas la façon dont le regarder son chef...

"Donnez-moi votre arme, Annaz, elle ne vous servira pas..."

Le soldat, bien que rechigné à cette idée, s’exécuta. L'arme passa donc de ses mains au blessé, tandis que Lleyton regarda une nouvelle fois la salle.

"J'ai repéré une porte, mais elle est fermée. Il doit y avoir une commande non-loin. Annaz, vous allez courir jusque là-bas et nous ouvrir notre sortie. Moi et Allen, on fera diversion..."

Le groupe comprit le principe de la mission. C'était un bon moyen de fuir après tout, mais risqué, tout de même. Surtout que personne ne pouvait être certain de ce qui se trouvait derrière la porte. En attendant, il n'y avait pas de meilleur plan. Alors, ensemble, ils grimpèrent à l'escalier, très calmement. Puis au moment opportun, Benam cria au soldat de courir. Les rachnis se réveillèrent immédiatement. Se regardant peut-être une dernière fois, Benam et Allen se mirent à les canarder... Voilà qui ressemblait de nouveau à une mission suicide.

Le moins qu'on pouvait constater, c'était qu'Allen voulait vivre. Et pas qu'un peu. Malgré son handicap, il tirait furieusement sur tout ce qui bougeait autour de lui. Son lieutenant s'armait aussi tant bien que mal, repoussant les insectes. Mais très vite, tandis qu'Annaz courait en direction de la commande, ils furent entourer par de nombreux aliens, visiblement désireux de les charcuter. Et pour cause, même s'ils se battaient bien, l'un des ennemis attaqua Allen de plein fouet, le touchant à l'avant-bras.

"Merde !" s'exclama t-il.

Il tomba à la renverse et fut rattraper de justesse par Benam. Dans le mouvement, une rachni tenta d'assimiler un coup similaire au biotique mais ce dernier l'avait évité de peu. Il en profita pour tirer une rafale sur ce dangereux individu, trop près à son goût, ce qui eut le don de faire reculer le groupe attaquant.

"Je suis trop touché pour vous servir à quelque chose, Lieutenant... Laissez-moi..." bafouilla Allen.
"Alors ça mon gars, n'y compte même pas."

Le caporal fut relever sur le champ. La situation paraissait pour le moins chaotique. Ils cherchaient une brèche mais ses bêtes étaient trop intelligentes pour laisser une échappatoire à leur proies. Toutefois, alors que Benam songeait à différentes techniques tous plus barbares et suicidaires que les autres, les rachnis se retournèrent. On entendit plusieurs coup de feu. Annaz, qui avait encore une fois accompli sa mission avec brio, tirait au hasard avec son carnifex. L'attention détournée, le lieutenant tira une dernière rafale, tuant ainsi une rachni. Les râles de leur compagne alertèrent les soldats aliens, qui ne savaient vraisemblablement plus où donner de la tête. Et avant qu'ils ne puissent réagir de plus ample façon, Benam en profita pour les repousser à coup de biotique. Il balança d'abord une onde de choc suffisamment puissante pour les rejeter à plusieurs mètres et acheva finalement une autre adversaire avec une charge. Allen, un peu désorienté, tirait sans trop viser.

Son coéquipier profita de l'occasion pour le mouvoir. Ensemble, ils accélèrent le pas jusqu'à la sortie, où les attendait Annaz. Une fois sortis, ils refermèrent vite la porte.

Benam posa alors Allen à terre.

"Il est infecté. Faites lui un garrot au niveau du bras."

Le jeune soldat s’exécuta en haussant les épaules. Il avait arraché un bout de tissu à ce qu'il avait sous la main et avait fait un rapide garrot au caporal, qui commençait déjà à avoir sacrément de la fièvre.

"Je vous conseille de détourner le regard..." précisa le lieutenant.

Il avait alors pris son couteau de chasse. Il tâta la veine. Non-loin se trouvait l'artère et la plaie par laquelle était entrée le poison. Naylord aurait certainement mieux fait ça que lui - c'était un spécialiste en poison. Tout du moins, c'est ce qu'il apprenait. Benam regrettait ce qui lui était arrivé. Mais le moment n'était pas propice à ce genre de pensée. S'armant médicalement de son couteau, il ouvrit le bras d'Allen. Il essayait de faire ça de la manière la plus chirurgicale possible. Du sang, tantôt rouge noirâtre, tantôt verdâtre, en sortit. Même une substance visqueuse en sortit. Il venait de couper la glande empoisonnée, ce qui lui permettrait de vivre un peu plus longtemps - il n'était pas sortit d'affaire, mais c'était donc un début.

"Il faudra faire soigner ça après être sortit."

Benam remit une dose de médigel et retira le garrot. Le caporal toussota un peu et cracha quelques gouttes de sang. Mais sa fièvre avait visiblement baissé.

"Allez, on y va."

Allen avait eu de la chance. Il s'était difficilement relevé, l'air macabre. Il était clair qu'il ne pouvait pas avoir la forme olympique après ça. Mais il n'était pas mort, ce qui demeurait un début viable et encourageant. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'il tienne bon jusqu'à temps qu'ils trouvent un médecin... Car l'addition serait lourde sinon. Naylord avait déjà faillit y passer, et pourrait très bien ne pas en ressortir vivant. Mais deux morts sous le commandement du Lieutenant Benam... Cela ferait trop. Surtout que sincèrement, des rachnis sur Eden Prime ? Quand il racontera ça à l'Ambassadeur...

Mais l'heure n'était pas aux déconnades. A pas de loup, ils avancèrent, tandis que le caporal reprenait son arme. Plus bredouille, Annaz dû l'aider à de nombreuses reprises. Mais soudainement, ils entendirent du bruit non-loin de leur position. C'est là qu'ils virent des rachnis sortirent d'on-ne-sait-où. Il y en avait de tout les gabaries et de toutes les tailles - allant donc de l'ouvrière classique au soldat plus menu. Enfin, Lleyton était loin d'être un expert en la matière mais il savait à peu près reconnaître les différentes classes.

Cependant, le plus alarmant fit une alien, plus grosse et plus impressionnante que les autres. Elle était protégée par cinq soldats plus suspicieux que la normale. Ils regardaient sans arrêt autour et n'émettait aucun bruit. Heureusement, la pénombre protégeait le commando.

Se retournant vers ses coéquipiers, le lieutenant attendit que les insectes finissent leur ronde pour parler.

"Mettez vos silencieux."

Oui, dans le kit de survie du soldat, il y avait le silencieux. Être furtif pouvait sauver la vie d'un bon soldat. Ensemble, ils sortirent le nécessaire et modifièrent leurs armes. Constatant qu'Annaz avait toujours un Carnifex, Benam soupira.

"Allen, Annaz... Échangez vos armes. Un carnifex, même avec un silencieux, ça alertera."

Tous accroupis, ils se relevèrent, et Allen en profita donc pour donner son fusil à son allié. Ils virent alors un dernier rachni, un soldat plus robuste que la moyenne, sortir. Légèrement en retard. Furtivement, Benam s'approcha.

"Annaz, visez les pattes." chuchota t-il.

Ensemble, ils avancèrent un peu plus. Le Lieutenant tira deux balles, blessant la rachni. Deux pattes sautèrent littéralement, et deux autres se mirent à saigner après l'intervention d'Annaz. Sans attendre, Lleyton se jeta droit sur sa proie, évitant ses espèce de tentacules. Il attrapa la bête par la tête et lui brisa le cou. C'était la première fois qu'il tuait une rachni d'aussi près. Mais cela lui avait coûté la moitié de ses boucliers.

Essoufflé par la force qu'il avait dû fournir, il se retourna. Annaz regardait la salle dont étaient sorti leurs ennemis avec effroi.

"Qu'est-ce qu'il y a là-dedans, Annaz ?"

Le rapport du soldat Annaz étant on ne peut plus formel. Lleyton et sa troupe devraient suivre la horde miniature de rachnis qui leur étaient passé devant le nez. Et encore eurent-ils de la chance que ces derniers soient visiblement pressés, sans quoi ils auraient peut-être remarqué l'absence de leur consœur. Mais où allaient-ils ? Pour quelle raison ? Après tout, rien n'indiquait qu'ils ne s'engouffraient directement pas dans un piège sournois.

Mais en attendant, le commando n'était pas en mesure de reculer. Le lieutenant, relativement décidé, s'avança lentement vers le fameux tunnel. Sans trop de surprises, il y faisait sombre et il semblait encore plus sous-terrain que le sol qu'ils foulaient actuellement. L'ordre était alors clair et les instructions suivaient d'elles-mêmes...

"Bon... Éteignez tout ce qui pourrait faire de la lumière et tachez d'être discret. Au moindre bruit, on peut y passer."

Allen acquiesça. Il venait d'éviter une mort pourtant inévitable... Il n'était plus à ça près. Et Annaz était un survivant, de toute façon. Avec un peu plus de cervelles, il aurait pu prétendre au rang des N7. Enfin, tout n'était pas perdu... Excepté quelques héros et légendes malgré-eux, les N7 étaient surtout composés de soldats toujours aussi abrutis par le commandement. La différence étant qu'ils étaient plus efficaces et dangereux. Mais à ces pensées, Lleyton se secoua la tête. Ce n'était pas vraiment le sujet. Le sujet, c'était Annaz. De ce fait, il se tourna vers lui.

"Annaz, gardez un œil sur Allen. S'il arrive quelque chose là-dedans, sortez-le avant tout." balbutia-t-il sur un ton autoritaire. "Quant aux œufs, on les laisse. Sauf s'ils sont sur le point d'éclore, ce dont je doute, ils ne poseront pas de problème dans l'immédiat..."

Il fixa une dernière fois ses coéquipiers dans les yeux puis il retint sa respiration quelques secondes. C'était comme plonger dans l'océan, après tout. La comparaison pouvait paraître absurde mais quoique l'on dise, l'océan n'est pas tout à fait le lieu de prédilection des humains - c'est impossible de pleinement se défendre, c'est flou, on ne peut pas y respirer et surtout, c'est humide. Un hanari ou un drell pourrait, éventuellement, s'y faire. Mais de toute façon, il s'agissait là d'un "simple" tunnel et bien qu'à l'humidité près, les caractéristiques pouvaient être équivalentes, un hanari ne serait pas vraiment utile dans ce genre de situation. Mais un krogan, si...

Lleyton soupira. Il n'avait pas non plus de krogan. Juste lui, son fusil et deux blessés. Il haussa les épaules. Il ferait avec. Ce n'était pas comme s'il n'avait pas connu des situations encore plus... pourrie, chez Cerberus. Infiltrer une base de l'Alliance en calbute et avec un couteau pour seule arme, ça c'était du suicide.

Enfin bref. Une seconde plus tard, suivante de ce souvenir agréable, le lieutenant et son équipe avaient plongé dans les ténèbres. Instinctivement accroupis, ils avancèrent tels des crabes dans une salle de cinéma. Bien entendu, ils faisaient du bruit. Faible, sûrement inaudible à plus de dix mètres, mais ils en faisaient. Tout comme les rachnis, qui faisaient un boucan pas possible une trentaine de mètres plus loin. On aurait presque dit des cannibales à une fête d'anniversaire... D'un autre côté, ça couvrait la patte trainante d'Allen.

Confiants, ils continuèrent et se contentèrent de suivre les cris aliens, toujours armés de leurs fusils. A vue de nez, le passage devait faire dans les trois-cents mètres. Et il devait plus s'agir d'un pont car les sons semblaient réellement rebondir sur les murs et résonner autour d'eux. Ce qui indiquait du vide... Et c'en était presque psychédélique. Mais soudainement, une main se posa sur l'épaule de Lleyton. Sa première envie fut de mettre un coup de coude derrière lui mais il se ravisa vite quand il se souvint que les rachnis n'avaient pas de main. Il freina et retint Allen par la même occasion.

Lieutenant... Vous entendez ça ? chuchota Allen.

Le gradé écouta attentivement. Allen avait raison... On entendait rien. Plus rien. Plus un cri, plus une tirade, plus un bruit de pas. C'était silencieux. Trop silencieux. Baissant la tête, il ralluma la lampe-torche de son fusil et souleva ce dernier afin d'éclairer devant lui.

Il y avait des rachnis. Beaucoup de rachnis. Peut-être trop. Et elles n'avaient pas l'air d'être là pour l'accueil.

"Et bien... Je suppose que nous étions attendus." ricana Benam.

Sans attendre, lui et ses soldats se mirent à tirer sans concession. Ils épuisaient les chargeurs, certes, mais que faire dans ce genre de situation ? Et pour ce qu'il en savait, les rachnis redonnaient bien les coups reçus. Lleyton pensa alors à adopter une tactique moins commune. Il se propulsa de son gré vers une paroi et éclairant brièvement avec la lumière, il se décida à faire une course d'obstacle. Son arme, comme lui, bougeait dans tout les sens et la lampe avec. Si avant c'était psychédélique, là... C'était bien pire. Limite glauque. Et à vrai dire, il ne comprit même pas la suite. Il était passé au-dessus d'une adversaire, avait trébuché, avait balancé une rafale au hasard avant de se rappeler qu'il lui restait deux grenades à frag. L'arme idéale dans ce genre de cas. La suite est encore plus floue. Il avait sorti ses grenades puis deux secondes plus tard, il fut lourdement tirer hors du tunnel, évitant ainsi une explosion et un éboulement.

Difficilement, il s'était relevé. La combustion avait été suivi d'un bruit sourd, mais ses oreilles en avaient quand même pris un coup. Se frottant les yeux, il vit Annaz, devant lui. Et c'était le seul.

"Où est Allen ?" demanda t-il.

Le soldat se contenta de regarder les débris à sa gauche.

"Où est Allen, putain ?!" demanda t-il plus furieusement avant de comprendre."Bordel, Annaz ! Je vous avais dit de garder un œil sur lui !"

Légèrement énervé, Benam agrippa Annaz avant de le relâcher aussitôt... Et il s'écroula. Non pas à cause de la perte d'un de ses soldats, mais surtout à cause des deux plaies qu'il n'avait pas remarqué. Le pire, c'est que ce n'était pas des crochets de rachnis ou de quelconques morsures. Il s'agissait de deux traces de balles... En même temps, à force de tirer dans tout les sens dans des passages sous-terrains, il fallait s'attendre à ce genre de surprise. Mais la prochaine fois qu'on lui proposera un peu de spéléologie, le lieutenant refusera. Il en avait assez vu pour la moitié de sa vie.

"Enfoirés de rachnis..."

Il cracha un peu de sang et sortit un médigel de sa poche. C'était le dernier qu'il avait. Et vu ce qui pouvait les attendre, mieux valait le garder. Annaz tenta de le relever, mais il refusa. Rangeant son médigel, il se releva de par lui même. Il avait mieux de toute façon. Mieux que n'importe quel médicament, plante ou remède... Il avait de l'adrénaline à revendre. Et un chargeur plein.

A partir de ce moment-là, ce n'était même plus la peine de réfléchir. Il s'arma de son flingue, tandis qu'Annaz vérifiait que son fusil était bien opérationnel. Ensemble, ils s'enfoncèrent dans ce qui avait l'air d'être le nid - et pour cause, il y avait des rachnis partout. Et aussi de nombreux coups de feu. La fête avait donc commencé avant qu'ils n'arrivent ? Mais le Lieutenant ne se posait pas vraiment la question. Il se contenta de tirer sur les cibles mouvantes, espérant juste que son abruti de coéquipier le couvrait, et de préférence sans lui loger quelques balles là où ça faisait mal...

Et très vite, usant de cette technique un peu barbare, ils s'étaient retrouvé de plus en plus proche de l'emplacement de la Reine. Lleyton avait comme l'impression qu'ils avaient dû grimper quelques décimètres, pour pas dire quelques mètres... car de là où ils se trouvaient, ils avaient une bien meilleure vue. Et bien que cette dernière demeurait trouble pour le gradé, il croyait bel et bien voir des humains au milieu de toutes ces infâmes créatures. Toutefois, il préférait garder l’œil sur ses ennemis plutôt que sur d'éventuels alliés. Et cela même si ses trente-six balles s'étaient épuisées au fur et à mesure de leurs courses suicidaires. De ce qu'il pouvait en voir, Annaz n'était pas mieux lotit, mais il économisait au maximum ses munitions - enfin quelque chose d'intelligent.

Néanmoins, leur position avait beau être favorable pour la vue, elle provoquait un certain contre-coup... La raison étant très simple : s'ils pouvaient voir l'ensemble de la bataille, alors l'inverse était aussi vrai. Et plus les rachnis affluaient, plus ils devaient reculer. C'était sans compter sur une arrivée massive d'adversaires dans leur dos. Alors que le soldat tentait de viser la tête à chaque coup, Lleyton remarqua le bataillon qui venait de débarquer derrière eux. Il tapota l'épaule d'Annaz. Ce dernier jeta un coup d’œil rapide, mais ne prêta pas trop attention. Il avait déjà assez à faire au nord pour s'occuper du sud. Mais il fallait se rendre à l'évidence : à deux contre autant, c'était impossible de survivre.

Ce n'était pas pour cette question de bon sens que le Lieutenant allait abandonner si vite. Une première rachni tenta de lui sauter dessus, mais il réussit à la repousser tant bien que mal, lui posant une mine sur l'abdomen. Au bout de cinq secondes, elle explosa, projetant les deux ennemis à quelques mètres l'un de l'autre. L'humain était un peu sonné. Il ne voyait plus grand chose et il sentait à peine son corps ; tellement qu'il avait l'impression d'avoir les os broyés. Il eut quand même assez de force pour sortir son poignard, tandis qu'un deuxième alien renchérit et lui sauta dessus. Courageusement, il souleva son bras et donna un coup de poing fulgurant, bien que ça ne fit qu'énerver encore plus la chose qui tentait de lui bouffer le visage... Jusqu'à ce qu'un couteau vint lui transpercer la tête, l'obligeant à pousser un cri de détresse avant de s’effondrer sur Lleyton. Ce dernier n'avait pas suffisamment de force pour se libérer. Et il ne pouvait que tourner la tête, assistant à une scène semblable pour Annaz. Tout du moins, avant que d'autres coups de feu retentissent. En quelques secondes, les rachnis avoisinants avaient presque été décimés. Alors il avait vu juste : il y avait bel et bien d'autres humains dans le coin.

En attendant qu'on l'aide à se sortir de cette étrange situation, le Lieutenant lâcha son poignard et attrapa tant bien que mal son médigel. Cela semblait être le moment propice pour l'utiliser. Il usa de ces dernières forces pour se piquer, soupirant et haletant au passage. Puis plus rien. Sa tête avait heurté le sol et tout était devenu blanc...

Et le réveil se vit difficile. Il ne se souvenait de rien. Pourtant, il avait ouvert les yeux à peine une seconde après s'être évanoui... Enfin, c'est ce qu'il croyait. Mais il avait été libéré, et même déplacé. Les murs autour de lui ne ressemblaient pas à la caverne qu'ils venait visiblement de quitter. Il tourna la tête de droite à gauche. Cela semblait luxueux. Puis il tenta de redresser sa tête, lui provoquant une migraine abominable. Il ne voyait pas Annaz, mais deux soldats en train de discuter, tranquillement. Et deux soldats du mauvais côté...

"Il n'y avait aucune Reine là-dessous. Juste un passage vers le palais." affirma l'un des soldats.

Lleyton n'était pas menotté. Il n'avait plus d'armes sur lui, mais il n'était pas menotté pour autant. Il en avait déduit que ces incapables le croyait mort ou trop assommé pour pouvoir agir. Ils se trompaient. Même sans arme, il lui restait un joker : ses pouvoirs biotiques. Le seul soucis, c'est qu'il avait perdu beaucoup de sang et malgré le médigel, les blessures le lançaient comme jamais. Il pourrait très bien s'occuper des deux qu'il avait en face. Mais si la cavalerie n'arrivait pas pour fêter ses retrouvailles avec Cerberus, il ne donnait pas cher de sa peau...