Tout autour était flou. Des tâches de lumière, des tâches d'ombre, mais aucune forme distincte. À cela venait s'ajouter l'absence de bruit. Ce n'était pas le silence qui régnait non plus, mais une sorte de bourdonnement constant et lourd, un sifflement assourdissant et étouffé, comme lorsque quelque chose éclate trop près de l'oreille. Le jeune homme est à terre. On lui hurle quelque chose, mais il ne comprend pas. Il essaie de se relever, et sa vision s'éclaircit, s'affine quelque peu. Il distingue son environnement. Il est sur Féros. A Zuh's Hope, très exactement. Autour de lui, tout est en flammes, des milliers de corps calcinés, déchiquetés, tous sans vie, jonchent les décombres de la colonie … Et soudain, un flash aveuglant. Il a à peine le temps de la voir que son souffle le désintègre, le réduisant à l'état de poussière, et le tirant de ses cauchemardesques rêveries.

Lorsque Ben ouvrit les yeux, il était dans une navette de l'Alliance, avec toute une unité de soldats. Il avait d'abord du mal à se repérer, encore à moitié endormit, puis se rappela les événements de la veille …

… Un jour plus tôt …

''Major, je sais que vous avez vécu l'enfer, mais vous y avez survécu. C'est ce qui vous désigne pour cette mission. Vous plus que quiconque possédez l'expérience nécessaire pour mener notre équipe de sauvetage et assurer le succès des opérations.

-Je vous le répète, je ne suis pas l'homme qu'il vous faut. Ce n'était pas un petit groupe de pirates butariens auquel j'ai du faire face. C'était une armée de mercenaires, et elle a réduit la colonie en cendres.

-Raison de plus. Vous qui avez survécu à cette tragédie, une poignée de butariens mal léchés ne devrait pas vous poser de soucis. Vous avez rempli seul la mission de toute une équipe sur Féros, il est donc ...

-Non, vous ne comprenez pas, je n'ai survécu à rien ! Je n'ai rempli aucune mission ! J'ai juste échappé au pire. La mission, c'était de sauver la colonie ! LA COLONIE ! Pas seulement une poignée de colons et un Quarien qui a eu la malchance de se trouver en pèlerinage au mauvais endroit au mauvais moment. La mission, c'était de sauver la colonie et d'éradiquer la menace.

-Et c'est qui a été fait … plus ou moins.

-Plus ou moins ? PLUS OU MOINS ?! Mais vous vous foutez de moi ?! Sauf votre respect, Commandant, vous m'avez l'air un peu lent d'esprit si vous croyez que cette mission a été un quelconque succès ! Mon unité est morte. Toute mon unité ! Mon commandant et mes frères d'armes. Tous sont morts, ainsi que des milliers de colons humains, des turiens, asaris, galariens … Tous ceux qui étaient sur Féros sont morts. Si je suis encore là, c'est par chance, uniquement. Et les mercenaires s'en sont presque tous tiré.

-Presques tous. Vous oubliez que vous en avez éliminé une bonne partie, et ce sans l'aide de personne.

-Et pour ça, on m'a donné une médaille, on m'a changé en objet de convoitise pour les médias et on m'a promu directement major … Tous ça pour avoir en fait échoué.

-Major Hetfield, si vous êtes toujours dans l'Alliance, c'est bien pour sauver des vies, non ? Alors posez vous cette question : pourquoi rester si c'est pour désobéir à votre serment ?''

… Moment présent …

Ben fut tiré de ses pensées par un des soldats qui l'accompagnait.

''Major, nous allons bientôt atterrir sur Novéria.''

Ben le regarda, le remercia puis se leva de son siège. Il scruta du regard tous ces jeunes louveteaux qui venaient de rejoindre la meute. De la potentielle chair à canon … Pourquoi lui avoir confié une unité constituée de bleus pour une mission si délicate ? Décidémment, l'Alliance ne tournait pas rond. Après être demeuré un moment silencieux, le major prit la parole.

''Bon, voilà le topo sur la situation. Il y a deux jours, le centre de commandement de l'Alliance a reçu un message provenant de l'un des centre de recherche de Novéria. Selon ce message, des pirates butariens auraient fait une descente sur la planète et écument toutes les installations pour capturer ou tuer ceux qu'ils y trouvent. Les premiers rapports indiquent qu'il s'agit là d'une récolte d'esclaves qui seront revendus au marché noir dans les systèmes Terminus. Comme vous le savez, l'Alliance ne tient pas l'esclavage en grande estime, et moi non plus. Voilà notre mission : on atterrit sur Novéria, on fouille le dernier complexe victime d'une attaque. Si on trouve des rescapés, on les ramène, mais la priorité c'est de trouver des indices pour savoir où vont se rendre les butariens par la suite. Pour ce qui est des consignes : personne ne joue au héros. On sut mes ordres à la lettre, et on ne prend aucune décision sans m'en parler et sans mon accord. Le premier qui me désobéit, je lui met une balle dans chaque genou et je le renvoie à la navette sur une civière. Compris ?!''

Tous lui firent le salut militaire. Ben leur donna l'ordre de repos, puis alla se rasseoir à son siège. Quelques instants plus tard, ils débarquaient sur Novéria. Ben déploya alors son équipe et ils avancèrent en direction du dernier complexe ayant subit une attaque. Une bonne marche les attendait, et au bout d'une bonne heure, ils atteignirent enfin leur objectif.

À première vue, le complexe n'avait pas subit beaucoup de dégâts externes. La façade était indemne, seuls quelques traces de tirs venaient rompre avec l'impeccabilité du blanc des murs du centre. Ben fit alors signe à ses hommes de stopper la progression, puis il les déploya en formation de combat. Son second, le soldat Rico, lui demanda :

''Major, que se passe-t-il ? Vous croyez que les pirates butariens sont toujours là ?
-Je n'en sais rien, mais il y a quelque chose qui bouge à l'intérieur. Silence et écoutez.''

Après un moment de silence que seul le souffle des vents violents de Novéria venait rompre, tous entendirent un cliquetis métallique qui émanait de l'intérieur du bâtiment. Le bruit se rapprochait de l'entrée du complexe et toute l'équipe humaine se tenait prête à faire feu au moindre signal de leur major. Mais, à la grande surprise, au moment où ils purent enfin voir distinctement la silhouette qui s'approchait d'eux, Ben leur hurla de ne pas ouvrir le feu. C'était un Geth, et il était seul. La question qui se posait maintenant était la suivante : Que faisait-il ici ?

"Plateforme Syneos, sous direction du Consensus. Nous élaborons une mission de reconnaissance et de sauvetage afin de récupérer des plateformes geths volés par des pirates butariens. Nous les avons pistés jusqu’ici, cependant le temps disponible est insuffisant pour déployer une équipe de secours. J’agis seul. Nous avons également pris connaissance des otages humains enlevés sur la planète. Le groupe que nous recherchons est sur le point de repartir dans les Systèmes Terminus. Une navette de type Kodiak ne va pas tarder à arriver pour venir récupérer la dernière arrière-garde butarienne qui était posté ici. Je planifie l’infiltration de leur navette afin d’aller sauver ces otages, geths et humains. Nous pouvons deviner que l’Alliance est ici pour les enlèvements également ? Je propose une aide mutuelle de notre force de combat, la mission aurait de bien meilleures prévisions de réussite que si nous agissons indépendamment. Qu’en dite vous ?"

C'était bien la première fois que Ben croisait le chemin d'un geth. Les rumeurs qu'il lui avait été colportées lui avait toujours laissé entendre que les geths et les humains n'entretenaient pas de bonnes relations. Néanmoins, celui-ci, qui répondait au nom de Syneos, semblait enclin a forger une alliance, même courte, avec le groupe qui était sous le commandement de Ben. Ce dernier écouta donc le geth lui exposer la situation et lui proposer ''une aide mutuelle''. Cela faisait déjà une question de réglée : Syneos était ici pour la même raison que Ben et ses hommes, il enquêtait sur les enlèvements. Ce qui surpris Ben, en revanche, ce fut la présence de Geths sur Novéria. Au vu des tumultueuses relations entre les races organiques et synthétiques, la présence d'un groupement Geth sur une colonie humaine était plutôt intrigante. Mais le moment n'était pas aux investigations, car à en croire les dires de Syneos, les pirates butariens étaient sur le départ. Il fallait donc agir vite et sans hésitation s'ils espéraient sauver tous les humains et tous les geths.

''Au vu de la situation, je crois que nous n'avons pas vraiment le choix. Je pense qu'une entraide est la meilleure des solutions.''

Ben tendit alors sa main au Geth, qui ne semblait pas trop savoir comment réagir à ce signe corporel. Il lui expliqua donc qu'il s'agissait d'une marque de confiance qu'utilisaient les humains lorsqu'ils s'associaient. Ben exposa alors à son commando la situation et leur ordonna de se mettre en route pour atteindre la navette butarienne à la zone d'embarquement. Ainsi, sans plus tarder, l'équipe de l'Alliance, accompagnée du Geth, se mit en route. Sur le chemin, Ben ordonna à ses hommes de se scinder en deux groupes, afin qu'ils puissent se poster de part et d'autre de la zone d'embarquement, ce qui leur permettrait ainsi de couvrir toute la piste d'atterrissage. Une fois arrivés sur place, le second groupe se sépara du peloton de tête et alla se poster à l'autre bout du hangar. Ben se mit alors à couvert avec son groupe et attendit l'arrivée de la navette. Il se retourna vers ses hommes et le Geth, qui l'avait suivi, et leur dit :

''Bien, je veux qu'on abatte tout ce qui va descendre de cette navette et qui possède plus de deux yeux, compris ? Tirez à vue, mais laissez en un en vie pour l'interroger. Compris ?''

Tous approuvèrent, même le Geth semblait suivre les ordres du jeune humain sans broncher. Cela lui faisait au moins un point positif, il ne discutait pas les ordres. Ben se retourna et vit alors la navette se profiler au loin. Il fit signe à ses hommes et à l'autre groupe de se tenir prêt, après avoir transmis via son Omnitech ses consignes d'assaut au second groupe, puis sortit d'une de ses poches une lunette de visée qu'il fixa sur son fusil d'assaut. Ainsi il gagnerai considérablement en précision sans pourtant perdre en puissance et en cadence de tir.

La navette s'approcha lentement mais sûrement, ses occupants étant inconscients du piège qui leur avait été tendu. La carlingue de l'aéronef se posa alors au sol dans un fracas métallique qui résonna dans tout le hangar, puis la porte latérale s'ouvrit laissant un butarien descendre, en train de dire quelque chose à ses compagnons encore dans la navette. Peu importe ce qu'il disait, il n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'une balle fusa et traversa son genou gauche pour en ressortir et aller se loger dans son second genou, le faisant tomber au sol. La réaction de ses compagnons ne se fit pas attendre, et Ben et ses hommes les alignèrent tous les uns après les autres au fur et à mesure qu'ils descendaient de la navette, tel des chiens enragés prêt à se battre, mais aussi malin qu'un taureau chargeant tête baissée.

Une fois que tous les butariens furent à terre, Ben sortit de sa couverture et alla vers la navette. Il fit signe à un de ses hommes d'aller voir à l'intérieur de l'aéronef s'il restait qui que ce soit et de prendre possession de la navette. Ben, quant à lui, inspecta les corps des butariens et s'arrêta lorsqu'il en entendit un tousser et cracher du sang. Il se pencha alors sur ce dernier et le réanima complètement en lui donna quelques gifles sur le visage.

''Hey, salut. Alors, comment ça va, raclure ? On profite du séjour ?
-Vous, les humains, vous êtes tous les mêmes …'' lâcha-t-il entre deux quintes de toux. ''Toujours à vous croire supérieurs …
-Supérieurs ? Attends, rappelle moi, qui enlève des humains et les revend en tant qu'esclaves dans les Système Terminus ? Ah oui, ça me revient, les Butariens.'' Il saisit alors le Butarien par la gorge et le souleva pour l'ammener près de son visage. ''Je pense que nous sommes en effet supérieurs à une race qui se rabaisse à vendre des êtres vivants comme esclaves uniquement pour se remplir les poches. Maintenant tu vas me dire combien de tes amis attendent ton retour à l'autre bout de la vallée, et qu'est-ce qu'ils ont ramené pour jouer.
-Ha ha ha …. heurk … Tu me plais bien toi, tu as l'esprit combatif. On dirait un butarien. Mais si tu crois que je vais trahir mes alliés pour ta gueule d'ange, tu te trompe sur toute la ligne.
-Et que dirais-tu de les trahir pour sauver ta misérable vie ? Dis-moi combien ils sont et quel est leur arsenal, et je te laisse la vie sauve.
-Un humain qui tient ses promesses … Il y a encore quelques années, je n'y aurais sans doute pas cru mais … bon très bien. Il y a une équipe de vingt pirates là-bas, lourdement armés. Ils ont deux lances-roquettes, des fusils d'assaut et trois tireurs d'élites munis de fusils de sniper. Ils s'attendent à me voir revenir avec les butariens que vous avez certainement déjà tués avant de venir ici.
-C'est tout ? Bien, merci.''

Ben lâcha le butarien qui retomba au sol, puis ordonna à ses hommes d'entrer dans la navette. Il vérifia le niveau de munitions de chacune de ses armes, et une fois les préparatifs terminés, et se dirigea vers la navette pour rejoindre son équipe.

''Hey, attends, l'humain ! Je peux plus bouger, j'ai les deux genoux détruits ! T'as promis de m'aider !
-De t'aider ? Non, j'ai juste promis de te laisser la vie sauve. Et j'ai tenu ma promesse, je ne t'ai pas tué. Mais rien ne m'oblige à t'emmener dans un centre médical.
-Espèce de sale enfoiré, j'espère que tu crèveras, et si tu meurs avant moi, j'irais cracher sur ta tombe !''

Alors que le butarien continuait à lancer une ribambelle d'injures envers Ben, ce dernier le fixa du regard longuement tandis que la porte coulissante de la navette se refermait. Ils décollèrent alors et prirent la direction du bout de la vallée, là où se trouvaient le reste des troupes. Dans la navette, Ben alla s'asseoir au fond, isolé des autres et se tint le visage dans les mains, lâchant un grand soupir. C'est là qu'il remarqua que le Geth se tenait jute à côté de lui. Il tourna alors les yeux vers lui.

''Que faisais-tu dans le secteur de Novéria, au fait … Syneos, c'est ça ? Je veux dire, pourquoi un Geth sillonnait-il seul l'espace de l'Alliance interstellaire ?''

La conversation s'engagea entre l'homme et la machine, deux entités qui paraissaient jusque là en conflit constant mais qui semblaient avoir enfin trouvé un terrain d'entente. Malheureusement, ils n'eurent pas le temps de beaucoup parler car le second de Ben vint prévenir son supérieur qu'ils allaient bientôt arriver. Le trajet avait été plus court que ce que Ben avait imaginé, mais après tout, les vallées glaciales de Novéria n'étaient pas si vastes et une navette Kodiak se déplaçait tout de même rapidement. C'est alors qu'une secousse ébranla la carlingue de l'aéronef en plein vol. Ben reprit son équilibre et fonçant voir le pilote.

''Bon sang, dites moi que ce n'est pas ce que je pense !
-J'ai bien peur que si, Major ! On vient d'essuyer un tir de roquette ! Les boucliers sont presque HS, encore deux tirs et on va se crasher !''

La situation venait encore une fois de se dégrader, comme d'ordinaire. S'ils s'écrasaient au fond de la vallée, non seulement ils risquaient de tous y passer, mais en plus les colons et les geths ne pourraient être secourus …

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Un son confus et étouffé parvint aux oreilles de Ben. Il ouvrit difficilement les yeux pour se rendre compte de l'état des lieux. La navette était littéralement en miettes, des cadavres jonchaient les décombres, des petits feux s'étaient déclarés un peu partout. Une douleur intense poignarda et enflamma la jambe droite de Ben, qui regarda aussi tôt là où il était blessé, pour découvrir qu'il avait un morceau de ferraille qui lui traversait la cuisse gauche.

''Et merde …''

Ben serra les dents, car la douleur s'intensifia quand il essaya de bouger pour se hisser hors des décombres. Incapable de marcher, il rampa tant bien que mal et finit par se retrouver dans la neige, au milieu du blizzard, la visière de son casque fracassée et son arrivée d'air qui présentait une fuite. Ben évalua la vitesse de perte d'air avec son Omnitech et conclu qu'il lui restait environ une bonne heure avant de commencer à suffoquer par manque d'oxygène. Il continua de ramper, le froid glacial de la neige et de la tempête apaisant quelque peu sa douleur à la cuisse.

Il tomba alors sur le dos, la neige glaciale lui rafraîchissant le cou et humectant ces longs cheveux qui dépassaient de son casque d'une fine pellicule d'eau. Sa tête tournait, il se sentait devenir de plus en plus léger, sa vision devenait plus floue au fil des secondes, qui semblaient s'allonger et s'éterniser un peu plus au fur et à mesure qu'elles défilaient. Il se sentit alors comme porté par le vent, flottant dans une immense étendue d'une douce lumière blanche, lumière qui le réchauffait et lui faisait oublier le froid glacial et poignardant de Novéria. Ben fut dans un premier temps immobile et passif, profitant des bienfaits que cet étrange lieu lui procurait, mais il reprit rapidement ses esprits lorsqu'il réalisa qu'il ne savait pas où il était. La panique commença à s'installer en lui, son cœur battait la chamade, accélérant son rythme à une vitesse alarmante. C'est à ce moment qu'il vit trois visages, des visages qu'il connaissait très bien mais dont il avait oublié l'existence, ou du moins dont il avait refoulé le souvenir au fond de lui. Mais avant qu'il put faire ou dire quoi que ce soit, il retomba dans la réalité aussi durement que s'il avait faite une chute brutale.

Puis il cru distinguer un appel au travers du hurlement du vent. Une voix synthétique, une voix de geth. Syneos était toujours en état, ce qui était la première bonne nouvelle depuis le début de la mission. Il hurla de toutes ses forces, mes ses cordes vocales étaient engourdies par le froid. Il se demanda alors combien de temps il était resté inconscient, mais reprit vite ses esprits. La priorité était de retrouver Syneos et d'éventuels autres survivants. Il rampa encore, sentant qu'il se rapprochait du geth, et continuait de l'appeler aussi fort que ses cordes vocales endormies et meurtries par le froid lui permettait.

''Syneos … Je suis là …''

Il arriva enfin en vue du geth, qui sembla le remarquer immédiatement. Il s'assit péniblement dans la neige, et expliqua sa situation au geth.

''Je suis un peu dans la merde … Mes réserves d'oxygène fuient. D'ici une heure, je n'aurai plus d'air. Et pour ma jambe, je crois qu'il n'y a pas besoin que je te fasse un dessin …''

La situation était vraiment mauvaise. Comme on le disait parfois sur Terre, la situation puait la merde tant elle était bordelique. Il faudrait un miracle pour qu'ils s'en sortent … Il demanda à Syneos de l'aider à retirer le bout de métal qui lui traversait la jambe. Dans un premier temps, le Geth refusa, utilisant son esprit rationnel et doté d'une logique à toute épreuve et prédisant une importante hémorragie si Ben retirait le débris de sa blessure. Mais Ben insista, assurant qu'il savait très bien ce qui allait se passer. Il prépara une double dose de médigel, puis fit signe au Geth de retirer la barre de fer. La douleur fut alors déchirante, si aiguë que Ben crut perdre conscience encore une fois. Une vague de chaleur brûlante vint lui ébouillanter le cerveau alors que le sang commençait à couler en abondance de sa plaie. La chaleur se muta alors très vite en un frisson glacé, signe que la vie allait le quitter avec son sang s'il ne réagissait pas très vite. Mais il était trop faible pour bouger son bras, la douleur l'empêcher de faire le moindre mouvement et de se focaliser sur quoique ce soit. Il allait mourir, et il ne pouvait pas l'en empêcher. Sa vue se brouilla à nouveau, et l'étendue de lumière blanche l'entoura à nouveau, mais elle se mua vite en obscurité. Un son synthétique, une grincement mécanique typique, ce cri monstrueux qu'il connaissait, retentit alors, lui brisant les tympans. Un Moissonneur surgit alors devant de nulle part, et au moment où Ben allait finir écrasé, il ouvrit les yeux pour se retrouver  de nouveau sur Novéria, allongé sur une banquette de la navette.

Combien de temps s'était écoulé depuis sa perte de connaissance ? Aucune idée. Une heure ? Plusieurs jours ? Ben n'avait aucun moyen de le savoir. Le temps passa pour lui de façon instantanée. Il se souvenait de Syneos retirant le débris de métal de sa jambe, de la douleur aïgue et ensuite, plus rien. Il s'était retrouvé entouré de cette étrange et chaleureuse lumière blanche, si lumineuse et pourtant si douce … Lumière qui avait vite laissé place à un gigantesque Moissonneur qui s'apprêtait à l'écraser quand il rouvrit les yeux. Un violent mal de tête le frappa alors, et Ben se massa le front. Mais il stoppa net lorsqu'il entendit des voix dehors. Il ne parvenait pas à entendre de quoi elles parlaient, mais le ton de la conversation venait de monter … et pas de la bonne façon. Il reconnu la voix de son second, Johnny Rico, et il lui sembla qu'il menaçait quelqu'un. Il entendit alors la voix de Kyle, un de ses bleus, qui lui donnait l'impression de vouloir stopper Rico. Que se passait-il ? Une seule façon de le savoir : Ben se leva, faisant péniblement fit de la douleur, puis se traîna avec difficulté hors de la navette.

Il vit alors Rico, braqua son arme sur un soldat au sol. Vu leur armure, ils n'était pas de l'Alliance, mais la présence d'un Mako lui laissa penser qu'ils n'étaient pas ennemis, auquel cas Rico ne serait pas encore en vie et Kyle n'essaierait pas de l'empêcher de tirer. Il vit aussi Syneos, immobile. Probablement ne savait-il pas quoi faire devant cette situation. Il fallait reconnaître que malgré l'intelligence hors-norme des geths, elle avait ses limites quant à l'interprétation des émotions. Ni une ni deux, afin de désamorcer une situation au bord du précipice, Ben dégaina son Carnifex, ajusta son tir et tira dans celui de Rico, qui vola en éclat. Tous les regards se retournèrent vers lui, et il prit la parole d'un ton plus qu'agacé :

''Bordel, qu'est-ce que c'est que ce foutoir ? Rico, on vous a pas appris à laisser dormir les gens pendant leur sieste ?''

Il voulu les rejoindre, mais au bout de quelques pas, la douleur devint trop intense pour qu'il puisse bouger par lui même. Kyle se précipita vers son Major, et l'aida alors à rejoindre le groupe. Ben salua d'un léger hochement de la tête Syneos, comme pour le remercier de l'avoir sauvé, puis se retourna vers Rico et l'autre homme.

''Rico, au rapport.
-Major, je …
-J'ai dit : au rapport. Je me fous de savoir ce qui a bien pu se passer, je veux un rapport sur la situation.
-Major … Je …
-Excusez moi, Capitaine Renal. Votre soldat semble quelque peu nerveux au vue de la situation, et je ne peux que le comprendre. Je ne lui en tiens pas rigueur, j'ai pris une décision lourde de conséquences.
-Expliquez vous, capitaine, parce que je suis encore un peu dans le cirage et le vent glacial de cette planète n'arrange pas les choses …
-Nous étions postés un peu plus haut. On nous avait chargé d'enquêter sur les disparitions dans la colonie, tout comme vous j'imagine. L'ennui c'est qu'on ignorait que l'Alliance avait envoyé une équipe aussi, et du coup, on a cru que la navette dans la quelle vous aviez embarquée était pleine de pirates butariens. J'ai donc ordonné à mes hommes de l'abattre, sans savoir que vous étiez à l'intérieur. J'en suis désolé …
-Ne le soyez pas.
-Mais major …'' commença Rico.
-Silence soldat. Ils n'avaient aucun moyen de savoir que nous avions été envoyés enquêter sur Novéria. La faute ne leur est pas due. Les seuls fautifs sont nos supérieurs, l'Alliance elle même, qui n'a pas su informer Novéria de notre arrivée. Dans une situation identique, vous auriez tous fait pareil, je me trompe, Rico ?
-Je … non, Major. Veuillez m'excuser.
-Excuses acceptées, Rico.'' Il se tourna alors vers Renal. ''Bon, au vu de la situation, je pense qu'on ne devrait pas s'attarder ici. Je doute que les pirates aient envoyés toutes leurs forces contre nous, et le vacarme a du attiser leur attention, ce qui laisse suggérer qu'ils sont en état d'alerte.'' Il regarda brièvement les cadavres de butariens jonchant le sol. ''De plus, ils doivent toujours attendre ce groupe qui ne reviendra pas. Il ne leur faudra pas longtemps avant de se rendre compte de ce qui s'est passé. Je suggère que l'on parte en direction de l'est. Puisque les éclaireurs venaient apparamement du nord, selon les dires du Quartier Maître Kyle qui m'a briefé tout à l'heure. En passant par l'est, on pourra ainsi les contourner et arriver par la face sud du bâtiment où ils se sont retranchés. On pourra alors profiter de l'effet de surprise pour les prendre de cour et sauver les otages. Quelqu'un a -t-il des questions ?''

Ben laissa un moment à tout le groupe d'analyser et d’emmagasiner les nombreuses informations qu'il venait de leur donner. Il se tourna alors vers Syneos, qui semblait toujours perturbé et perplexe face à la situation qu'il venait d'observer entre Rico et Renal. Il s'approcha du geth et posa sa main sur son épaule, suscitant une réaction immédiate de Syneos, comme s'il venait de sortir d'un rêve.

''Tout va bien Syneos ? J'ai comme l'impression que c'est la première fois que tu fais face à une telle situation … ça doit te paraître étrange, les réactions qu'ont parfois les organiques. Il faut dire aussi que nous ne sommes pas des machines comme vous. Les organiques ne sont pas équipés de processeurs ou de je ne sais quoi qui leur permettent de calculer des tonnes de variables et d'analyser une situation en quelques secondes. Nos choix, nos actes, nos gestes, tout cela est souvent influencé par nos sentiments, nos émotions … Même si nous faisons de notre mieux pour que ça n'arrive pas, comme moi par exemple. Je suis un leader, je dois diriger une équipe. C'est pour ça que je ne peux pas laisser mes émotions prendre le dessus sur mon jugement. C'est une tâche très ardue.''

L'humain et le geth poursuivirent leur dialogue encore quelques temps, pendant que les autres se préparaient à partir, récupérant ce qui pouvait être utilisable dans l'épave de la navette et rechargeant leurs armes. Une fois que l'équipe fut prête, Ben ordonna au peloton de se mettre en marche. Il prit place à bord du Mako, ses blessures encore fraîches l'empêchant de marcher à la même vitesse que les autres et aussi longtemps. Le groupe avança un long moment, contournant le bâtiment où s'étaient hypothétiquement retranchés les pirates butariens. L'avancée se fit sans trop d'accros, et l'escouade arrivant enfin en vue la face sud. Ben ordonna alors l'arrêt des déplacements du groupe. Il descendit du Mako et fit signe à Renal, Rico et Syneos de les suivres. Ils s'allongèrent tous les quatres dans la neige afin de pouvoir observer discrètement le bâtiment. Ben prit une paire de jumelles et scruta au loin.

''Bon sang, c'est ce que je craignais. Ils se sont rendus compte de ce qui est arrivé aux éclaireurs et ils ont posté des gardes à toutes les issues … Ils sont une quinzaine, au moins, rien qu'aux trois entrées de la face sud. Sans compter le fait qu'il y en reste au moins le triple à l'intérieur et d'autres postés sur chaque façade … ça va être très tendu. Il faudrait trouver un moyen de les diviser, d'attirer une partie suffisamment loin de l'édifice pour qu'un groupe réduit puisse s'y introduire et libérer les otages en éliminant ceux qui restent à l'intérieur. Le seul ennui, c'est qu'on ignore combien ils sont au total, alors on ne peut pas se permettre d'envoyer une équipe à l'intérieur, ça présente trop de risques.
-Major, si vous le permettez, j'ai une suggestion.'' fit alors Rico.
''Je vous écoute, soldat.
-On pourrait demander au geth de pirater le système de vidéo surveillance du complexe et de nous dire combien ils sont, et alors on serait fixé sur leur nombre et on pourra adapter notre stratégie pour réduire les pertes au maximum.
-Cette idée me paraît plutôt prometteuse, si vous voulez mon avis.'' lâcha Renal. ''Et ce n'est pas comme si on avait beaucoup d'autres choix. De toute façon, on ne peut rien faire tant qu'on ne sait pas à combien d'ennemis on a affaire. Si le geth peut s'introduire dans le système et déterminer le nombre de pirates restants, ça pourra nous donner un avantage considérable.
-Je suis d'accord. Syneos, tu penses pouvoir le faire ? Le succès de la mission en dépend, alors tu dois me dire si tu peux le faire sans problème. Si tu pense qu'il y a le moindre risque que ça échoue, alors on trouvera une autre solution.''

Tout était dit, il ne restait plus qu'à attendre la réponse de Syneos, qui ne devrait pas se faire trop désirer puisqu'il s'agissait d'un geth. Néanmoins, depuis qu'ils avaient commencé à discuter, Ben avait sentit ses tripes et son estomac remuer dans tous les sens. Il était de plus en plus anxieux, car ils approchaient enfin du but, et que c'était toujours à ce moment là qu'on risquait de commettre le plus d'erreur. Il ne voulait rien laisser au hasard, aussi s'arrangeait-il pour tout calibrer au millimètre. Le dénouement approchait, et cette mission se terminerait, de toute façon. D'une façon ou d'une autre, le conflit allait prendre fin. Il n'appartenait plus qu'à eux de faire en sorte que le sort leur soit favorable.

"Major Hetfield, comment voulez vous procéder?"

Le fardeau d'être aux commandes, c'était d'avoir à prendre ce genre de décision. Des décisions dont dépendaient de nombreuses vies … Le Major ne savait pas vraiment combien de vies civils étaient en jeu, mais qu'il y en eu dix ou dix milles, la situation n'aurait pas été différente, car encore une fois, il se trouvait confronte à l'un des plus grands problèmes qu'un homme puisse rencontrer dans sa vie : le choix. Le choix entre plusieurs décisions dont les conséquences pèseraient sur des vies innocentes, le choix entre plusieurs tactiques et stratagème pour sauver ses vies, le choix entre sauver les otages ou les condamner à mort. Il fallait que Ben prenne sa décision, et vite, car l'absence de réponse du groupe d'éclaireur qu'ils avaient abattus quelques heures plus tôt ne devrait plus tarder à alerter le reste des pirates butariens. Ben considéra tout de même la situation un bon moment avant de se prononcer, afin de ne pas prendre de décision à la légère et d'être sur d'avoir bien peser le pour et le contre de chaque option pour ne pas commettre d'erreur. Il toisa alors de nouveau l'entrée gardée par la petite troupe de butariens, puis observa le bâtiment qui s'élevait à plusieurs dizaines de mètres en hauteur. Il eu alors une idée.

''Qu'en est-il des satellites ?'' Devant la mine surprise des deux autres soldats et même celle de Syneos, Ben s'expliqua. ''Il y a bien des satellites dans ce complexe, sinon comment aurions nous pu être alertés d'un problème dans la colonie ? L'Alliance a pourtant reçu un message audio partiellement dégradé informant d'une invasion du complexe, ça implique donc l'utilisation de satellites pour la transmission. On pourrait se servir de ces satellites à notre avantage, non ? Si on arrive à atteindre le terminal de maintenance, on pourrait faire croire aux pirates qu'ils doivent partir immédiatement … Ils seraient alors forcés de rassembler toutes leurs forces ainsi que les otages pour procéder à l'embarquement. Nous n'aurions plus qu'à les encercler et les neutraliser. C'est un plan comme un autre …''

Le silence régnait parmi le quatuor d'éclaireurs. Malgré le nouveau plan de Ben, la situation n'en devenait pas moins tendue … L'un comme l'autre, chaque stratagème comportaient autant de risques que de chances de succès, mais surtout, aucun ne pourrait garantir la survie de tous les civils. Il y aurait forcément des pertes, Ben le savait. Il se devait donc de prendre la bonne décision afin de sauver le plus de vies possibles. Alors que le silence régnait encore, Renal vint briser l'oppression qui régnait entre eux.

''C'est beaucoup trop risqué d'atteindre les satellites. Tout d'abord, il faudrait réussir à escalader le bâtiment, ce qui est extrêmement périlleux. Ensuite, il faut être capable de pirater le terminal de maintenance des satellites, voire de le réparer s'il a été endommagé. Et pour finir, si on fait se rassembler les butariens avec les otages, rien ne dit qu'on pourra les neutraliser sans subir énormément de pertes, civiles ou militaires. Et encore faut-il qu'ils y croient, à ce faux message.
-Je suis du même avis que le capitaine'' lâcha Rico. ''Il a trop de variables dues au hasard, et au vu du nombre de vies en jeu, on ne peut pas se le permettre.
-Vous avez raison.'' répondit Ben, puis il se tourna vers Syneos. ''Syneos, marque les butariens par infrarouge sur nos trois Omnitech. Nous allons entrer, éliminer le plus d'ennemis possible et sauver tous ceux qu'on pourra. Rico, allez prévenir les autres de se tenir prêt à accueillir autant de réfugier qu'on pourra leur en envoyer et ensuite revenez ici. On va entrer là-dedans et on va montrer à ces enfants de salauds ce qui arrive quand on attaque l'humanité … et le Consensus.'' ajouta Ben en regardant Syneos d'un air déterminé.

Rico approuva d'un bref hochement de la tête puis alla rejoindre le reste de l'équipe pour les mettre au courant du plan. Ben et le capitaine Renal se préparèrent, vérifiant leur taux de munitions, rechargeant les armes qui en avaient besoins et paramétrant leurs Omnitechs avec les données que Syneos leur fournissaient. Une fois que Rico les eut rejoint, ils se mirent en route et contournèrent encore un peu le bâtiment pour entrer par une grille de ventilation. Le moment de vérité approchait à grand pas, et cette mission allait prendre fin … en bien ou en mal.

Le petit peloton d'infiltration, composé de Ben, Renal et Rico, progressait sans grande difficulté en direction du complexe, profitant de la tempête qui se levait doucement mais surement sur la région. Le blizzard leur offrant une excellente couverture à la fois visuelle et sonore, Ben vérifia son Omnitech. Syneos faisait un travail remarquable et venait de leur indiquer trois butariens droit devant. Préférant réduire au minimum les forces ennemies, Ben fit signe à ses deux compagnons de les éliminer en silence. Les trois soldats s'approchèrent alors sans bruit des pirates et une fois derrière eux, ils les saisirent tous les trois en même temps, et toujours dans la même synchronisation, les étouffèrent en les empêchant de crier.

Une fois les trois cibles éliminées, Ben fut contacté par Syneos qui devait changer de position. Le groupe se mit alors en position d'attente, et patienta jusqu'à ce que Syneos leur donne le feu vert. Une fois que le Geth les contacta pour leur confirmer qu'il était prêt, Ben fit signe aux autres de le suivre et ils pénétrèrent dans le complexe. Ils progressaient en silence lorsque Syneos joignit le Major humain via Omnitech pour lui annoncer une nouvelle des plus alarmante.

"Major Hetfield, nous avons repérés les civils mais il y a un problème. Des corps froids à traits semblables à des engins explosifs semblent leur avoir installés sur leur torse. Malgré mon visuel sur eux, je ne peux préciser davantage la nature de ces bombes, donc de leur manière de déclenchement. Les civils sont dans l’aile D relativement peu sécurisé. Pour y parvenir vous serez obligés de passer par l’aile E et A qui sont occupés par de nombreux signes vitaux Butariens. A moins que vous trouviez un autre chemin, je ne vois pas d’alternative de ma position. Je vous envoie les coordonnées et continue à couvrir votre progression. Nous devons en savoir plus sur la nature de ces engins et rapidement. Syneos terminé."

Ben coupa la communication après avoir remercié Syneos pour l'information, puis serra les poings et ne put retenir un ''Merde !'', attisant la curiosité et l'inquiétude des deux autres.

''Qu'y a-t-il ?'' demanda Renal.
''Les otages sont retenus dans l'aile D, dans une zone très peu protégée. Mais pour l'atteindre, il faut travers les ailes A et E qui sont truffées à en crever de butariens.
-On peut aisément les contourner en passant par l'aile C. Elle débouche dans les jardins intérieurs et ensuite, il suffit d'emprunter l'escalier de maintenant pour remonter de quelques étages et atterrit sur le toit de l'aile D. De là on pourra entrer par une trappe d'aération.
-Alors la situation n'est pas si désespérée que ça, Major, non ?
-Ce n'est pas tout. Syneos m'a aussi informé qu'il avait détecté … des bombes sur les otages.
-Des bombes ?!'' firent les deux autres en même temps.
''Oui, des ceinturons recouverts d'explosifs. Il ne peut pas nous en dire plus sur la nature de ces bombes. Ce qui veut dire qu'on ne sait pas comment les désamorcer ni si on peut les retirer sans qu'elles n'explosent.
-Merde … on fait quoi alors, Major ?'' demanda Rico.
''On a pas vraiment le choix, on fait comme Renal a dit et on avise sur place. Cela dit, il nous faudra un expert en explosif pour examiner les bombes.
-Je peux m'en charger, j'ai fait deux ans dans une brigade de déminage avant d'entrer dans la milice privée de la station.'' répondit Renal. ''Je saurais au moins vous dire si les bombes menacent d'exploser ou pas en les retirant.''

Ben acquiesca et ils prirent alors la direction de l'aile C et contournèrent ainsi le gros des forces butariennes, arrivant enfin sur le toit de la salle où étaient retenus les otages. Ben ouvrit un conduit d'aération et tous les trois s'engouffrèrent dedans pour atterrir au milieu des prisonniers à l'intérieur de la salle. Les otages furent dans un premier temps paniqués, car ils avaient le visage masqué par un sac en toile. Ben, Renal et Rico entreprirent vite de les rassurer, puis le major se mit à les compter. Il en dénombra une dizaine, ce qui allait rendre la sortie plutôt compliquée. Il alla alors voir Renal pour faire le point.

''Bon, ils sont dix. Ça va être difficile pour les faire sortir, d'autant plus qu'il faut leur trouver un casque respiratoire à chacun.
-Pour les casques respiratoires, il faut aller dans les vestiaires. Ils sont justes derrière cette porte là bas. Par contre, pour ce qui est des bombes, ça se complique un peu.
-Comment ça ?
-Les ceinturons ne risquent pas de s'amorcer si on les enlève, mais ils sont à détection de chaleur. Aussi, si on les retire, ils vont se refroidir et finir par exploser.
-On aura combien de temps ?
-Largement assez pour aller leur enfiler un casque et sortir du bâtiment, mais l'explosion va non seulement endommager très sérieusement le bâtiment, mais en plus elle va alerter les butariens qui vont nous donner l'assaut. Et d'abord les données du Geth, ils sont bien plus nombreux que nous, et on aura pas assez de notre Mako pour les repousser.
-Alors il faut trouver un moyen pour garder les bombes à la bonne température le temps qu'il faut. Je comprends que vous vouliez réduire les dommages sur le complexe, c'est tout de même la compagnie qui vous emploie. Mais ne perdez pas vos objectifs de vue : la priorité est de sauver les otages. Un bâtiment, ça se reconstruit. Une vie, ça ne se répare pas.
-Vous avez raison. Je joue peut-être mon poste, mais … Non, je ne peux pas laisser ces gros richards friqués jusqu'au cul dicter mes choix. Je vous suis, Major Hetfield.
-Bien, alors voilà ce qu'on va faire. Je vais utiliser la batterie de ma combinaison pour créer un substitut de radiateur et on va mettre toutes les bombes autour. Ça nous donnera facilement une heure avant que tout n'explose.
-Mais Major … Sans votre batterie, votre casque ne fonctionnera plus !
-J'aurais assez d'air pour sortir d'ici et atteindre le Mako. Une fois dedans je brancherai une batterie de secours.
-C'est trop risqué, Major, vous ne …
-Silence, Rico. Ma décision est prise. Détachons les bombes, je vais poser la batterie et la raccorder au système électrique pour qu'elle reste active.''

Les deux autres s'exécutèrent, et une fois qu'ils eurent fini, Ben remit son casque qui afficha un message d'alerte sur son HUD, indiqua que la combinaison était passée sur le système de secours et n'avait plus qu'une heure avant de cesser de fonctionner. Il ouvrit alors une communication avec Syneos.

''Syneos, tu me reçois ? On va faire sortir les otages. Il faudra que tu crées une diversion en attirant les Butariens le plus loin possible de notre position et nous ouvrir un passage. Tu pense pouvoir faire ça ?''

Le succès de l'opération pour le moins désespérée que Ben venait de mettre sur pied dépendait de la réponse du Geth, aussi l'humain espérait qu'elle serait positive.

"Négatif Major Hetfield, je dois d’abord repérer mes propres objectifs avant de continuer. Vous avez les vôtres, je vous aiderez si possible une fois que les miens seront repérés et sécurisés. Attendez jusque là où agissez comme bon vous semble. Je m’approche de l’aire de stockage principal à proximité de la tour de contrôle aérienne de l’astroport pour vérification. Les plate-formes Geths inactives sont sûrement à cet endroit en vue de mes projections sur l’organisation logistique des pirates. Faites attention à vous, les Butariens restent en position mais leurs mouvements sont plus agités. Syneos terminé."

La réponse fut comme un coup de poing en pleine figure pour Ben, mais il ne s'emporta pas pour autant. Il se contenta de répondre à Syneos de manière calme et encourageante. Après tout, ce Geth n'était pas là pour sauver les otages humains en premier lieu, mais d'abord les Geths désactivés capturés par les Butariens. Il était donc normal qu'après toute l'aide qu'il leur eu fournit, Syneos se retourne vers son objectif principal. Le seul bémol à cette décision était que Ben, Renal et Rico se retrouvaient en aveugle, ne pouvant pas deviner où se trouvaient les Butariens dans le complexe. Sentant que Rico et Renal s'impatientaient derrière lui, et que la panique des otages allait en amplifiant à chaque seconde, Ben leur fit rapidement part de la réponse du Geth.

''Syneos ne nous couvrira pas. Il doit accomplir sa propre mission et retrouver les Geths captifs. Nous sommes donc seuls et devrons nous débrouiller ainsi.
-Quoi ?!'' ne put retenir Rico. ''Saleté de boîte de conserve ! Je savais qu'on aurait pas du lui faire confiance !
-Allons, du calme, Rico'' intervint Renal. ''Il a ses propres priorités, il nous a déjà beaucoup aidé …
-Mais je m'en fous, il nous laisse en aveugle dans ce complexe truffé de pirates ! Comment on va faire pour sortir maintenant ?
-Rico, gardez votre putain de sang froid avant de nous faire repérer par les Butariens, bordel de merde !'' pesta Ben à l'adresse de son second. ''Je comprends votre frustration, moi aussi je suis en colère, mais Syneos doit lui aussi sauver son peuple. Alors ravalez votre fierté, calmez vous et aidez nous plutôt à trouver un plan pour sortir de cette merde !
-Ou … oui Major.''

Une fois son soldat calmé, Ben, Renal et Rico se concertèrent pour trouver un moyen de s'échapper. Les pertes civiles étaient inévitables, à moins d'un miracle. Aussi Ben informa ses deux compagnons ainsi que les civils pour ne pas leur donner de faux espoirs. Après concertation, ils décidèrent de séparer les douze otages en trois groupes de quatre, et que chacun en escorterait un jusqu'à la sortie. De cette manière, il leur serait plus facile d'avancer et ils auraient moins de civils à surveiller d'un coup, ce qui augmentait les chances de survies de tout le monde.

Renal parti le premier, après qu'ils aient tous trois chargé un plan du complexe avec les dernières positions enregistrées des pirates sur leur Omnitech. Ce fut ensuite le tour de Rico, et Ben clôtura la marche. Les trois soldats et leurs otages respectifs progressèrent sans encombre, les pirates n'ayant visiblement pas bougé. Mais la partie ne serait pas gagné une fois les otages dehors. Renal avait certes passer un appel à ses troupes pour qu'ils soient près à les accueillir à la sortie, mais les pirates pouvaient à tout moment réagir. Sans compter que Ben avait du retirer la batterie de sa combinaison, ce qui lui laissait tout au plus une petite demi-heure avant qu'il ne commence à suffoquer.

Chassant ces pensées négatives, il avança avec son groupe et suivit les deux autres devant. Alors que la sortie était au bout du couloir devant eux, à peine à une vingtaine de mètres, il fallut que le sort s'acharne sur eux. Un Butarien qui passait par là remarqua le groupe et donna l'alerte. Malgré la balle que Rico lui tira en pleine gorge, il eut le temps de prévenir ses alliés qui déboulèrent rapidement en masse. La situation puait littéralement la merde. Ben n'hésita alors pas une seule seconde et ordonna à tout le monde de courir vers la sortie.

''Rico ! Restez avec les otages et rejoignez les autres, Renal et moi on va les retenir !!
-Bien, Major, à vos ordres !!!''

Le soldat partit donc avec les otages vers la sortie. L'inévitable se produisit, certains d'entre eux furent abattus, mais la grande majorité parvint à atteindre la sortie avec Rico, et les hommes de Renal ainsi que Kyle les réceptionnèrent. Pendant ce temps, Ben et Renal avaient pris place derrière un bureau renversé qui leur offrait une excellente couverture. Le combat était violent et les ennemis trop nombreux pour que les deux militaires s'en sortent vivants à la force des armes. Renal demanda alors à Ben s'il avait un plan pour les sortir de là, et en guise de réponse, Ben lui montra les trois grenades qu'il tenait dans sa main.

''Vous n'êtes pas sérieux …
-Je vous ai déjà dit que ce complexe était foutu et qu'on ne pourrait pas le récupérer.
-Je ne parle pas de ça, mais si on fait exploser des grenades ici, la déflagration va se propager dans les couloirs et risque d'atteindre la salle où nous avons laissé les bombes … Tout le complexe va être détruit avant qu'on puisse en sortir.
-Alors quand je vous le dirai, vous courrez comme si le diable vous courrait après jusqu'à la sortie. Je me charge de vous couvrir.
-Pas question de vous laisser crever ici, Hetfield.
-Fermez-la et préparez vous. Ma vie seule ne vaut pas celle des otages. Maintenant, courez !!!''

Après une seconde d'hésitation, Renal souhaita bonne chance à Ben, le remercia pour tout ce qu'il avait fait et se mit à courir. Ben le couvrit comme il le put, puis lorsqu'il vit que Renal était hors de portée, il activa les grenades et les lança. Puis, dans un effort désespéré, il courut lui aussi vers la sortie. L'explosion eu lieu, et les flammes de la déflagration se propagèrent bien comme Renal l'avait prédit. Elles atteignirent la salle où se trouvaient les bombes. Aussi une bonne moitié du complexe sauta, Ben fut projeté dans la neige par le souffle de l'explosion. Lorsqu'il rouvrit les yeux, un bourdonnement sifflait dans ses oreilles, et il se sentait déséquilibré. Il secoua la tête un moment, puis tenta d'inspirer un grand coup, mais se rendit alors compte qu'il n'avait plus son casque. Il commença à suffoquer, il sentait la vie le quitter lentement, puis à nouveau le trou noir ...

L'explosion avait été plus violente que prévue, et Ben avait perdu connaissance suite à la déflagration qui l'avait projeté sur plusieurs mètres pour finalement le faire s'écraser sans casque dans la neige, à suffoquer. Il avait ainsi perdu connaissance et n'avait pas vu Rico et Renal courir vers lui pour le récupérer. Une fois qu'ils furent fixé sur son état, Rico rouvrit la communication avec le geth qui avait à nouveau manifesté son existence il y a peu.

''Bon, Syneos, tu peux nous dire combien ils sont encore exactement ? Dis moi que l'explosion n'a pas servi à rien et que le Major en a eu une bonne poignée.''

Alors qu'il prononçait ces, il vit le Mako pointer le bout de son canon, et décida aussitôt de se mettre à couvert avec le reste des hommes de Renal, où il rejoignit Kyle. Les deux soldats, qui étaient aussi amis, se saluèrent brièvement, Kyle s'inquiétant sur l'état du Major. Rico allait lui répondre au moment où les butariens déboulèrent hors du complexe en flammes. Rico braqua alors son arme sur le groupe et attendit les ordres de Renal. Kyle fit de même, et lorsque Renal ordonna d'ouvrir le feu, tous pressèrent la gâchette de leur fusil respectif, déversant une salve de balles sur la troupe butarienne. Les pertes ennemies étaient impressionnante : les butariens tombaient littéralement comme des mouches sur le feu de Renal et de ses hommes. Mais malgré tout, la masse butarienne, encore bien compacte et abondante, continuait d'avancer. Même les tirs de Mako ne suffisait pas à les stopper. De temps en temps, on entendait un puissant coup de feu dont la détonation couvrait les rafales des soldats, signe que Syneos faisait feu avec son javelot, et ne manquait d'ailleurs pas une seule cible.

La progression des butariens devenait de plus en plus inquiétante, car ils étaient à présent à seulement quelques dizaines de mètres de la position des soldats humains. C'est à ce moment là que le miracle se produisit. Une navette Kodiak survola la zone et bombarda toutes les troupes des pirates, les réduisant en poussière. Tous les soldats, Renal et Rico compris, furent abasourdis et stupéfaits en voyant ce spectacle. Une fois le bombardement terminé, la navette se posa à quelques mètres de là où les humains s'étaient établis, et des soldats de l'Alliance en sortirent. Rico, Kyle et Renal s'avancèrent tous trois pour aller à leur rencontre.

''Je ne sais pas comment ni pourquoi vous êtes venu ici, mais on vous doit une fière chandelle !'' lâcha Rico à l'adresse de celui qui menait le peloton de soldats.
''Commandant Eric Joren. On a reçu un message d'appel à l'aide de votre cher ami James Kyle.''

Les deux se retournèrent vers Kyle qui leur expliqua qu'il avait bricolé un émetteur  longue portée qu'il avait amplifié en le raccordant sur la fréquence des satellites du complexe pour envoyer un message.

''Franchement, on allait ignorer le message comme on nous demandait de le faire, mais quand j'ai entendu que c'était le Major Hetfield qui menait la mission, je suis passé outre la décision de l'amirauté et on est parti quand même.
-Pourquoi ce changement si soudain, si je puis me permettre ?'' demanda Renal.
''Hetfield a servi sur Féros, lors de la destruction de la colonie. Et il était sous les ordres du commandant Lionel Joren, mon frère. Alors je ne voulais pas que la mort de celui-ci ait été vaine. Où est le Major ?
-Il est là bas, sous cette tente improvisée. Il a perdu connaissance durant le combat. Mais il est dans un état stable.''

Le commandant alla voir Ben, allongé sur une plaque de métal dans ce qui ressemblait davantage à une maison sortie tout droit d'un bidon ville qu'une tente. Il resta un moment à lui parler, même s'il ne pouvait pas lui répondre, puis organisa le ramassage des civils et ils commencèrent l'évacuation de la planète. Syneos les avait rejoins entre temps, ce qui avait eu pour effet de créer un vent de surprise au sein des nouveaux soldats de l'Alliance. Ce dernier semblait avoir récupéré ses congénères, qu'il avait chargé dans une des navettes des butariens. Une fois que tout le monde fut prêt, ils partirent et quittèrent l'atmosphère pour se poser sur le croiseur que Joren avait fait venir. Rico invita même Syneos à se poser à bord, lui assurant qu'ils l'emmèneraient là où il devait se rendre.

Au bout de quelques heures après le départ du croiseur, Ben se réveilla dans l'infirmerie. Il cligna des yeux et pencha la tête sur le côté, lorsqu'il crut voir un fantôme.

''Commandant … Joren … c'est … impossible …
-Je suis bien Joren, mais pas celui que tu as connu, Hetfield.
-Son frère … je m'en souviens … il parlait de vous quelques fois …
-Sans aucun doute. Mais repose toi pour le moment, t'es dans un sale état.''

Ben referma les yeux et quand il les rouvrit, il se sentait moins étourdi et barbouillé. Il se leva avec l'accord de la doctoresse Asari, puis rejoignit les autres sur le pont. Là il vit Syneos en compagnie du reste de la troupe humaine. Il alla se joindre à eux et ils passèrent presque tout le voyage jusqu'à Piétas à parler, rire, s'amuser.

Alors que le croiseur arrivait en direction de la nouvelle capitale concilienne, Ben alla parler à Syneos.

''Alors, comment te sens-tu, Syneos ? Tu as réussi ta mission, les tiens sont sauvés ?''

La réponse affirmative du geth lui arracha un sourire.

''C'est très bien dans ce cas. Tu sais, si jamais tu décides de te rendre sur Terre un jour, préviens moi, je pourrais te servir de guide. D'ailleurs, je n'y suis pas allé depuis dix ans, et cette planète me manque … J'aimerais la revoir une dernière fois, au moins. Alors si jamais tu es de passage dans le système Hélios, contacte moi, ce serait un plaisir de te revoir … mon ami.''

Ben tendit une nouvelle fois sa main au geth, qui la saisit cette fois et semblait enthousiaste. S'il avait eu un visage humanoïde, Ben était persuadé que Syneos aurait sourit. Puis vint le moment où le croiseur se posa sur les quais de Piétas, et les chemins de Ben et Syneos se séparèrent alors. Après avoir dit au revoir à son ami Geth, Ben s'en alla dans ses quartiers se remettre de son périple tout en repensant aux amis qu'il avait laissé derrière lui ces dix dernières années … Ashoka T'ano, Hurall Sarian, Krogor, Antahus … Et maintenant Syneos. Ben se demanda ce qu'ils était chacun devenus, et songea qu'il aimerait tous les revoir au moins une fois. Mais seul l'avenir lui dirait si souhait serait exhaussé ou non.

Les civils ayant été sauvés presque en totalité, Ben laissa au soin de Rico et Renal, qui les avait accompagné, de les conduire en lieu sur afin qu'ils puissent être pris en charge par les autorités compétentes. Ben regarda encore un dernier moment le vaisseau de Syneos s'éloigner, ressentant un léger pincement au coeur. Il avait gagné un nouvel ami, certes, mais encore un fois ce dernier partait et laissait Ben seul.

Alors perdu dans ses pensées, Rico le sortit de ses rêveries en lui signalant qu'il venait de recevoir un message sur son Omnitech. Ben reprit ses esprits et consulta ce dernier. Sans grande surprise, le haut commandement lui demandait un rapport dans les plus brefs délais. Plutôt que s'embarrasser avec de la paperasse, Ben décida de se rendre lui-même au siège de l'amirauté et de s'expliquer avec eux de vive voix. Il prévint Rico de sa décision et se dirigea vers les quartiers généraux de l'Alliance basés sur Piétas.

Une fois là bas, il expliqua la raison de sa venue. Bien entendu, sa présence n'ayant nullement été convenue au préalable par quelconque décision de l'amirauté provoqua le désordre au sein de l'administration, mais un des amiraux finit par le recevoir, se chargeant de voir le marine en entrevue personnelle et d'enregistrer la conversation pour qu'elle tienne lieu de rapport. Ben suivit donc l'amiral dans son bureau.

"Major Hetfield ..." dit-il avec lenteur. "Vous êtes un soldat peu commun, Major. Votre dossier militaire est plutôt impressionnant. Mission Anvil, Mission sur Tuchanka, sur Féros, sur Eden Prime ... Et maintenant cette mission. Vous savez le point commun qu'elles ont toutes ? Vous avez commis de nombreux dégâts sur votre chemin. Vous êtes un véritable danger pour notre économie, Major, vous êtes un véritable "Demolition Man" !
- Je comprends tout à fait votre point de vue, Amiral. Mais, sauf votre respect, les soucis économiques ne me préoccupent guère lorsque je dois accomplir ma mission. Ce ne sont pas là mes priorités. Mes priorités, ce sont les vies en jeu. Dans chacune de mes missions, j'ai toujours mis en premier plan la survie des civils et de mon équipe.
- Regardez à quoi ça vous a mener sur Terre, il y a dix ans ! Sur six personnes, trois s'en sont sorties en vie, y compris vous. Sans parler que la mission fut un échec. Et pareil pour Féros : la colonie a été atomisée et presque tous les colons sont morts,. Les mercenaires s'en sont d'ailleurs plutôt bien tiré avec peu de pertes, de surcroît ! Et voilà que vous remettez ça sur Novéria !
- Amiral !" tonna Ben d'une voix forte. "Sauf votre respect, Amiral, je pense que vous êtes totalement à côté de la plaque. Sur Terre, nous n'étions que six, dont moi, un turien et deux autres humains très peu entraînés pour désactiver ce foutu canon. Nous n'étions pas préparés, nous n'étions pas assez nombreux, nous n'étions pas assez expérimenté. Et pourtant, nous y sommes allé. Pourquoi ? Parce que c'était notre devoir, et pas envers l'Alliance, la Hiérarchie ou je ne sais qui d'autre. Non, c'était notre devoir envers la Galaxie, envers les familles de ceux qui avaient péris sous le coup des Moissonneurs, envers les millions de morts que ces machins avaient d'ores et déjà fait. Et ce fut pareil sur Féros. On nous a envoyé, moi et mon équipe, seuls contre une armada de trois cents mercenaires qui s'étaient regroupé pour frapper un grand coup sur l'Alliance. Et je me suis retrouver seul à devoir sauver toute une colonie face à ça. Alors ne venez pas me faire la morale. J'ai vécu l'enfer plus d'une fois, Amiral, je sais de quoi je parle, alors votre air autant et votre intimidation ne marcheront pas."

Sur ces mots, Ben quitta le bureau, rentra chez lui et posa une demande de démission. Elle lui fut accordée, et il décida de profité de ce temps de répit pour rentrer chez lui. Là où tout avait commencé, et où tout avait fini. Il allait enfin, après dix longues années, revoir ce monde qui l'avait vu naître. Enfin, pour la première fois depuis dix ans, il rentrait sur Terre.