AccueilRechercherDernières imagesConnexionS'enregistrer
Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

Partagez
 

 Good Morning Turvess

Kaan Kaiser

Personnage RP
Faction : Indépendante - Vétéran de l'Alliance
Rang :
Kaan Kaiser
Membre
Messages : 67
Crédits : duster132

Good Morning Turvess Empty
MessageSujet: Good Morning Turvess   Good Morning Turvess Icon_minitimeVen 13 Fév 2015, 00:25
Intervention MJ : NonDate : 2 Février 2200 RP Tout public
Ythaq'Fi Hyasin ♦ Kean Haygen ♦
Good Morning Turvess





Steve se senti fatigué, cela ne lui arrivait pas souvent. Il se coucha.
Le réveil, comme à chaque fois fut une renaissance. Il avait envie de nouveau aujourd'hui. L'urgence le pressait, essence de son mouvement, de sa vie à lui. Il était dans ces phases d'éveil où l'inspiration et le travail était d'une intensité prenante. Cela faisait plusieurs jours que sa perception du temps s’était distordue. Il ne se tuait pas au travail ; le travail le rendait vivant. L’incorporation d’ezo dans l’équipement était un des domaines qu’il n’avait pas encore entièrement exploité, il sentait que son travail restait immense malgré l’avancement de chaque jour. Il étudiait en parallèle la biomécanique, et la physiologie générale et comparée des espèces. Les potentielles innovations étaient infinies. L'urgence qu'il y avait dans sa création, l'énergie qu'il déployait, se ressentait dans le résultat final. Il y avait un plaisir à porter ses armes et armures, une aura qu'il constituait de ses mains pour chacun. Et pour ce qui était de la personne, Steve O’Connor Dolan était un personnage intelligent, impatient, drôle et fort en gueule. Un être exceptionnel, un de plus dans l’équipage. Le genre de personne, d’énergie qui mourrait jeune.


Cela m’inquiétait. Mais cela faisait partie de son essence même. Il brûlait comme une feuille de papier. Il se consumait à vitesse grand V. Il avait besoin de se nourrir d’une substantifique moelle. C’était un être bouleversant d’idées et d’histoire. Et puis, c’était un performeur. A la manière d’un sprinteur de 100 mètres, à la manière d’un athlète de haut-niveau, il avait une rigueur et une capacité de travail hors du commun, un ambitieux. La première fois que je l’avais rencontré sur Terre, ça avait un coup de foudre intellectuel. Le voir vieillir, marqué par le poids des années, avait été une des choses les plus pénibles à supporter. Même sous la meilleure des lumières, il ne brûlait plus du même feu que la première fois, l’intensité dramatique de son regard s’était amplifiée de façon impressionnante. Les années filaient et la présence et l’héritage qu’il voulait laisser n’atteignaient pas la puissance qu’il pouvait atteindre. Héros d’une génération. Lui aussi, le retour à la Terre l’avait sauvé. Il avait repris ses activités cinématographiques, il avait redoré la brillance qu’on lui connaissait. A Steve, on s’attachait de façon tripal. Et aujourd’hui, après toutes ces pertes, après toutes ces morts et ces renaissances successives, il est toujours là. Parfois je n’y croyais pas.


L’eau froide sur mon visage m’était salvatrice. Les gouttes coulaient sur mes traits, précédées de leur sillon aqueux. L’eau recueilli par mes mains en coupe, ensuite amenée rapidement à mon visage. Je répétais ce rituel pour me rappeler, et pour alléger le poids des souvenirs. Je me vêtis rapidement de ma tenue formelle d’ex-militaire. Une tenue qui m’avait été offerte par Keryat. Le Drell médecin est reparti après l’incident de 2198, la moitié du corps ravagé et brûlé. Il a heureusement survécu de ses blessures, cependant nous n’avons plus de nouvelles depuis des mois. Il est le seul de nous tous à avoir eu le courage de quitter l’équipage. Au fond, nous formions une entité qui dépassait de bien loin la simple cohabitation dans un même vaisseau. Le groupe était devenu la nature et la malédiction. En vérité, ils haïssaient tous le vaisseau dans lequel on vivait, que cela avait été le Soul ou celui-ci, qui n’avait pas de nom, et ne pouvaient concevoir la vie sans. Derrière le lien qui liait chacun d’entre eux à ma personne s’était développée une haine secrète, par la nature de ce même lien. Je ne cesse d’y remédier chaque jour, bien que je ne porte plus le titre de capitaine, mais la scission de Nous, avait été envisagé bien des fois sans que l’on y pu s’y résoudre en réalité. La veste amplifiait ma carrure, marquait mes traits. Les ombres habitaient mon visage. Je ferme les yeux. Le bus roulait dans la nuit précoce, les ombres habitaient maintenant ces creux, oui ses joues s’étaient creusées. Il n’avait pas vieilli, il était simplement devenu plus homme. Il arborait maintenant ce faciès de démon sympathique. Les contrastes s’accentuaient dans son reflet. Il était calme, détaché, sûr de lui. Je rouvre les yeux. Grasse carcasse. Monstre pesant d’histoire, je me relève, le poids du monde sur le dos. Le morceau de glace en face de moi, je plongeais dans mes propres yeux.


Les sceptiques seront confondus.


Keshak me rejoint, synchronisa inconsciemment ses pas sur les miens. Nos ombres auraient donné une disproportion comique à la scène. Le Krogan était à la fois massif, menaçant et serein. Ses globes oculaires clignaient lentement, avec une force tranquille. L’espace entre nous, était lieu d’une tension d’énergie peu commune, l’on échangeait sans paroles ni regards. Il faisait partie de moi, comme tous ceux qui avaient composé l’équipage, j’en avais l’intime conviction. Steve était venu me voir la veille pour me dire qu’il avait repris contact avec une connaissance à lui qui l’avait aidé le jour du crash de la navette de Latan sur Turvess. Partis en expédition à l’époque où l’équipage s’était temporairement scindé, la navette avait eu un problème et le moteur s’était enflammé. Le crash avait failli les tuer. Je les avais cru perdu, je compris à cet instant que je n’étais plus Capitaine depuis longtemps, incapable de croire en ses hommes, incapable de croire. Leur retour sonnait comme une deuxième chance.


Un instant Keshak s’arrêta. Je fis de même et plongea dans ses yeux reptiliens. Je revoyais Tony, rital qu’il était, s’arrêter dans la rue alors que l’on marchait pour appuyer son propos, même le plus banal, sans s’en rendre compte. Je souris légèrement.


« Tu en as déjà vu Kean ?
- De quoi ?
- Des Ralois. »



J’avais oublié. Cela ne m’avait que moyennement marqué. Je fis rapidement non de la tête avant de descendre les escaliers qui menaient au SAS. Je ne savais pas à quoi m’attendre. Steve n’était pas avec nous, il devait être dans son atelier, excité comme une puce à l’idée d’avoir une visite amicale qui sortait de l’ordinaire. Le complexe système d’ouverture des portes s’ouvrit sur un être qui m’étonna entièrement. Se dressait devant moi, un modèle de dignité. Je revoyais les œuvres de ce dessinateur wahay, de véritable nom Jonathan Vair Duncan qui m’avait frappé il y a des décennies de cela, alors que je me formais en tant qu’individu. La puissance de ses représentations anthropomorphiques. C’était comme si je voyais ces figures vivantes aujourd’hui. Il y avait un côté irréel à la scène qui se déroulait sous mes yeux, où ma perception du temps s’était distordue. C’était comme trouvait toute la dignité du monde en un seul être, qui devenait figure. Qui mêlait animalité et maîtrise avec un naturel époustouflant. Keshak n’était pas indifférent à cette apparition non plus. Cependant, je me ressaisis vite, sans pour autant arborer le même masque d’affaires, formel et distant. Je me décrispais pour regarder le Raloi dans les yeux avant d’avancer ma main pour une poignée de reconnaissance.


« Bonjour, bienvenue sur notre vaisseau. Kean Haygen, sous-capitaine.
- Urdnot Keshak, ajouta le Krogan de sa voix profondément gutturale avec un léger hochement de tête.
- Vous êtes le premier Raloi que l’on reçoit ici. On doit souvent vous le dire. Steve est dans son atelier. C’est par là. »







Dernière édition par Kean Haygen le Lun 02 Mar 2015, 01:47, édité 3 fois
Ythaq'Fi Hyasin

Personnage RP
Faction : Castes du Zéphyr
Rang : Eclaireur-guerrier
Ythaq'Fi Hyasin
Membre
Messages : 314
Crédits : Moi-même (inspiré d'un Raloi de DeviantArt)

Good Morning Turvess Empty
MessageSujet: Re: Good Morning Turvess   Good Morning Turvess Icon_minitimeSam 14 Fév 2015, 15:44

Le Lightbringer, vaisseau de l'humain freelance Liam Harwick, avait atterri le matin sur la Citadelle. Ythaq'Fi Hyasin, depuis maintenant plus de six mois, voyageait avec Liam dans la galaxie pour divers contrats, diverses affaires ou missions particulières. La chance ne leur avait pas trop souri dernièrement, entre Oméga et le Bal d'Illium, il était temps de passer a autre chose. Une pause à la Citadelle ne leur ferait pas trop de mal.

De plus, Ythaq'Fi comme Liam avaient leurs propres "courses" a faire. Que ce soit pour le Lightbringer, ou pour eux-mêmes. Mais la liste du Raloi s'étendait plus loin que simplement faire des courses. Un message de l'ambassadrice Raloise, la Jho'baal, Ar'ika lui demandait de passer à la Citadelle, avant, ou après Illium. Le message n'apportait guère de bonnes nouvelles, et Ar'ika désirait qu'Ythaq'Fi passe la voir pour en savoir plus là-dessus.

Pendant que Liam partit de son côté, Ythaq'Fi décida d'aller directement aux Ambassades. Il prit donc la direction du Présidium. Il n'était allé que de rares fois à la Citadelle, et n'y retournait que lorsque la situation l'exigeait. Pourquoi ? Ne serait-ce que la simple vue d'un Raloi, sur la Citadelle, attire les curieux et les regards. Ythaq'Fi, vis à vis de sa réputation dans certains secteurs - spécialement ceux de l'Alliance -, préférerait qu'ils aillent voir ailleurs. Pour l'occasion, il avait enfilé son armure noire Aldrin Labs afin de passer davantage inaperçu. Ensuite, la Citadelle l'impressionnait beaucoup trop. Une sorte de mini-planète de métal, de béton, de vitres et de gens recroquevillée sur elle-même. Une jungle urbaine difficilement compréhensible pour l'éclaireur-guerrier.
L'avantage, c'est qu'il pouvait, lui aussi, observer. Il apprenait beaucoup de choses lors de ses passages sur la Citadelle. Sur les espèces galactiques, sur les grands mouvements du moment, les conflits actuels, les débats politiques à la mode...

Il n'avait cependant pas le temps à ça. Il fonça sur aux Ambassades. Le bâtiment des Ambassades rassemblaient l'intégralité des Ambassades, alors accolées les une aux autres. Par conséquent, beaucoup de gens allaient et venaient dans l'enceinte. Il se dit que stratégiquement parlant, c'était un danger exploitable. Une seule bombe ou attentat, et toutes les ambassades volent en éclat.

« Hey, psst. Regarde, un Raloi. »
« Il a l'air sérieux. »
« Comment a-t-il trouvé cette armure ? »
« C'est quoi cette arme ? »


Ythaq'Fi avait appris à écouter-ignorer l'environnement extérieur, tout en filtrant ce qui était pertinent ou non. Il passa devant le stand d'accueil, et la secrétaire - une Asari -, lui indiqua le chemin pour l'Ambassade Raloise. Il monta ainsi les escaliers et se dirigea vers l'endroit où se trouvait Ar'ika. Quand il arriva à l'emplacement indiqué, il tapa du dos de ses deux griffes principales l'interface haptique qui, après quelques cliquetis informatiques, déverrouilla la porte.

Derrière la porte se trouvait un bureau d'une taille assez importante. Elle serait modeste pour les ambassades d'espèces plus anciennes et reconnues, mais pour Ythaq'Fi, il avait le mérite d'être spacieux. Un bureau en forme de boomerang ornait la pièce. La déco avait été spécialement faite pour rappeler Turvess : des plantes, des pièces d'arts Turvessi, des tableaux et peintures. La table de l'espace à vivre semblait même avoir son écorce découpée puis taillée d'un gigantesque arbre-maison.

Ar'ika avait décidément beaucoup - voir même beaucoup trop - de moyens.

Celle-ci était debout, assise sur un rebord de son bureau, pattes dans le dos appuyant sur le dit bureau.
« Ythaq'Fi ! Je suis contente que tu sois revenue. On a pas mal de choses a aborder. Viens, asseyons-nous. »

Ythaq ne dit mot, il s'avança dans la pièce en direction de ce qui ressemblait à un mini-salon. Autour de la dite table en écorce taillée, était disposé quelques fauteuils confortables.
« J'ai appris pour Illium, je suis ravi que tu t'en sois tiré indemne. J'ai assez l'impression toutefois, qu'entre Oméga et Illium, tu ne vois les ennuis te suivre comme ton ombre... »
« Ça pourrait être pire. Puis, j'ai un très bon allié et ami. »
« Liam Harwick, oui. J'ai lu les rapports. Je ne saurais quoi te dire, très honnêtement. Te voir en compagnie de Liam n'est pas très bon pour notre réputation auprès des gens. Déjà, ça a mal commencé quand tu l'as extirpé de Vancouver... »
« J'ai déjà expliqué mes motivations dans le rapport. Nous sommes un équipage, et cela nous a permit de nous tirer de pas mal d'impasses mutuellement. »

Ranem'Tha de son prénom et suffixe s'adossa à son fauteuil et enserra ses griffes de chaque pattes l'une contre l'autre avant de les poser sur ses jambes croisées. Ythaq'Fi pouvait affirmer qu'elle avait l'air terriblement sexy assise de cette façon.
« Tant mieux, tant mieux. Mais ce que j'ai a te demander te demandera davantage de réflexion. » Ythaq'Fi craignait le pire. Se séparer de Liam attristerait l'éclaireur-guerrier. « J'aimerais que tu ailles sur Turvess enquêter sur le meurtre du Thul'Odin. Je sais que le Solat a déjà désigné une autorité responsable, mais il faudrait quelqu'un en marge. »

En voilà une étrange demande.
« Pourquoi moi ? »
« Parce que tu as déjà tenté de fouiller l'année passé, le meurtre du Thul'Odin ramènera sûrement d'autres pistes. »
« Jho'baal, ceci nous dépasse tout les deux. Ce que j'ai vu à Aviana l'année dernière quand j'ai commencé a fouiller, comme vous dites, je l'ai amèrement regretté. Ces gens-là ne plaisantent pas. »
« Arrête les officialités, s'il te plaît. Le meurtre du Thul'Odin, si l'affaire n'est pas rapidement réglée, va engendrer une guerre civile. Tu penses vraiment que les Gardiens du Sanctuaire ou la Garde Prétorienne vont réussir a s'entendre sur le pourquoi du comment ? »

Ranem marquait un point. Les zélés Gardiens ou la police d'Aviana... Ythaq'Fi ne voyait guère de solutions.
« Ça ne te ressemble pas d'avoir peur. »
« J'ai le droit d'avoir peur de la guerre. »

L'ambassadrice décolla son dos du fauteuil pour se rapprocher d'Ythaq, coudes sur les genoux, et posa une patte sur l'épaule du guerrier de la caste du Feu.
« Alors essaie de l'empêcher. Tu peux t'aider de ton coéquipier, si tu le désires. Il devra juste subir le vaccin, mais il peut aller sur Turvess comme n'importe où ailleurs. »

L'éclaireur-guerrier eût un moment de silence, puis fit un signe de tête affirmatif. Il prit doucement la patte de Ranem puis la posa sur la table, avant de se lever en direction de la sortie.
« Contacte moi si besoin, Ythaq. Bonne chance. »
« Tu n'es pas sur Turvess, ici, avec ton confort et ton luxe. Tu ne m'es d'aucune utilité. »

Puis il passa le pas de la porte avant même qu'elle n'aie pu répondre.



***




Quand Ythaq revint au Lightbringer, il avait complètement zappé de passer aux secteurs faire les dites courses. Il avait la discussion avec Ranem'Tha en tête. Il était allongé sur sa couche, omnitech allumé. Il se rappela qu'il devait faire réparer son arc suite à Illium, et par conséquent, l'améliorer si possible. L'armure pouvait aussi être améliorée en certains points.

Puis, alors qu'il consultait ses messages, revit le nom de Steve O'C. Dolan. Il l'avait rencontré en 2198 sur Turvess, alors que sa navette s'était crashée sur la planète, pas très loin de Zéphyr. Il se trouvait dans les parages en train de chasser, alors il était parti déterminer s'il y avait des survivants. Steve était encore vivant mais gravement blessé. Ythaq l'avait alors amené à Sethir plutôt qu'à Zéphyr afin de le faire soigner les membres de la famille Hyasin guérisseurs de la caste de l'Eau. Après deux-trois semaines de guérison, il avait pu être amené par l'éclaireur-guerrier au Spatioport d'Idael pour qu'il puisse être ramené sur la Citadelle.
Steve avait donc pu pendant la guérison ou ne serait-ce que le voyage jusqu'à Aviana des tensions et problèmes qui régissaient les peuples Ralois à l'heure actuelle.

Steve était un très bon ingénieur-technicien, il pourrait sans doute répondre à ses attentes. Ythaq lui avait envoyé un message la veille pour lui rendre visite. Que ce soit pour courtoisie ou pour ses demandes plus techniques. C'était la réponse de la veille. Ythaq espéra qu'il n'était pas dans les Systèmes Terminus ou a l'autre bout de la Travée.
Il était a la Citadelle, et Ythaq pouvait passer dans la journée. Parfait !

Quand Liam revint lui aussi, premièrement il pesta vis à vis du fait qu'il avait été, par conséquent, le seul a avoir vraiment fait les courses. « Oui. Oui. Je te demande pardon, je les ferais la prochaine fois, promis. Cependant, malgré ça, j'ai notre prochaine destination. »

Ythaq lui expliqua la discussion avec Ranem'Tha. Sa réaction était assez prévisible, mais il avait l'air surtout très intéressé. Cela lui changeait des endroits habituels puis, par curiosité, il aurait ainsi vu Turvess et les Ralois, en connaissant ainsi davantage sur Ythaq. L'éclaireur-guerrier lui expliqua aussi qu'il comptait suite au Bal d'Illium faire réparer son arc et améliorer son armure si possible auprès d'une ancienne connaissance. Ils partirent donc en direction de l'endroit où Steve était.

Il s'agissait d'un vaisseau en stationnaire dans l'espace spatial de la Citadelle. Dans le fond, la Terre humaine se dessinait. Beaucoup de gens peinaient à se souvenir après un retour à la vie normale sur la gigantesque station-cité qu'elle avait bougé de place. La nébuleuse violette avait laissé place à un ciel noir étoilé laissant la vision que sur Séléné de temps en temps, et en continu sur une immense image directe de la Terre. Le Lightbringer s'envola des quais et se déplaça jusqu'au vaisseau en question.

Liam, habile pilote, n'eût aucun mal à s'amarrer au vaisseau de Steve. Les sas accolés, la pressurisation du dit sas central put être entendue grâce au sifflement caractéristique des compensateurs d'inertie et autres ingénieries de bord. Alors que le duo était dans le cockpit, Ythaq se leva en premier, et se tourna vers Liam.
« Tu veux venir ? »
« Quoi, tu me gertes ? », dit-il en riant.
« Du tout, c'était juste une question. »
« Bon, OK. Pars devant, je te rejoins plus tard. »

Ythaq partit donc en direction du sas centralisé, vêtu comme il l'est dans les occasions plus communes, sans aucun équipement, plumes et plaques osseuses uniquement, excepté la petite écharpe à frange d'épaule passant sous l'aisselle, signe des éclaireurs-guerriers. Quand il arriva devant, il appuya sur ce qui ressemblait à une interface haptique programmée pour être une sonnette, ou pour avertir de sa présence. Quelques secondes après, la porte du sas s'ouvrit.
Elle révéla deux êtres, une humaine qu'Ythaq put, ne serait-ce que pendant une fraction de seconde, percevoir sa torpeur très vite contrôlée, et un Krogan. Les deux furent très courtois, le Krogan bien moins bavard comme à leur habitude. Le regard d'Ythaq s'attarda un peu sur l'humaine, elle dégageait une aura assez particulière, mais l'humaine, dénommée Kean Haygen, sous-capitaine du vaisseau, interrompit le rapide fil de ses pensées.

« Vous êtes le premier Raloi que l’on reçoit ici. On doit souvent vous le dire. Steve est dans son atelier. C’est par là. »
« Ythaq'Fi Hyasin, enchanté. J'y vais de ce pas. Oh, et mon camarade va arriver d'ici peu. Un homme. Ne soyez pas surpris. »

Kean sembla acquiescer. Ythaq passa le pas de la porte du sas, posant ses pattes inférieures à griffes sur le sol métallique du vaisseau. Le Raloi avait mit beaucoup de temps a adapter ses pas afin de ne pas systématiquement rayer le sol avec les parties en corne de ses griffes. Il prit donc la direction indiquée plus tôt par Kean, vers l'atelier de Steve. Pendant le court chemin, d'un naturel d'observateur, il étudiait du regard en passant les différentes parties du vaisseau ainsi que des choses laissées çà et là. Tout était révélateur d'indices. Quoi qu'il en soit, il n'était pas là pour ça.

Il arriva devant l'atelier, et tapota du dos de sa patte l'interface haptique qui déverrouilla la porte, révélant Steve et son... "laboratoire". Cet atelier ressemblait à un autre atelier, excepté Steve qui avait l'air de bouger partout. Ythaq avait presque oublié qu'il était de nature très... énergique.
« Steve ! Je suis heureux de te revoir. », dit-il en entrant doucement dans l'atelier, craignant de déranger telle ou telle chose.



Dernière édition par Ythaq'Fi Hyasin le Ven 27 Fév 2015, 22:18, édité 1 fois
Kaan Kaiser

Personnage RP
Faction : Indépendante - Vétéran de l'Alliance
Rang :
Kaan Kaiser
Membre
Messages : 67
Crédits : duster132

Good Morning Turvess Empty
MessageSujet: Re: Good Morning Turvess   Good Morning Turvess Icon_minitimeDim 15 Fév 2015, 23:30



Steve donnait des coups de crayon erratiques à la planche de travail qu’il avait devant lui. Les éclats de carbone gris produisaient un son sec et bref quand ils percutaient la feuille et, juste en-dessous, l’acier froid de son plan de travail. Les esquisses prenaient forme dans l’esprit après quelques coups de crayons, avec une précision et une dextérité propre aux créateurs doués d’exceptionnels talents. Il y avait une symbiose extraordinaire entre son corps et son esprit ; le geste nerveux et la pensée coïncidaient dans le même espace extraordinairement réduit. Son regard reflétait cette abnégation totale de soi lors de la phase de création pure. C’était une autre façon de brûler pour lui. Brûler d’un feu agréable, d’un foyer incandescent et utile.

Il aimait varier les techniques. Son processus créatif était chose inédite, inné, qu’il avait tenu du fait de son enfance dans le monde du cinéma. L’école ne lui avait jamais réussi bien qu’il soit qualifié par tous et toutes de génie. Terme générique et galvaudé, dont il n’avait cure depuis longtemps. Trente-huit ans à ce jour. Qui l’aurait cru ? Il faisait bien dix ans de moins. Cependant, cette ride sous ses yeux trahissait l’existence passée d’épreuves et d’expériences comme un fardeau, une vieillesse. Mais cela faisait des années qu’il se considérait sans âge, ni jeune, ni vieux.

Ces planches changeaient souvent de taille pour lui permettre de concevoir et de visualiser ces créations à plusieurs échelles. Il était actuellement sur la conception de l’arc Raloi. Ce projet le passionnait tout particulièrement. Allier les matériaux bruts, purs, à l’ultra-technologie était un des points fondamentaux de son style. Allier le naturel à l’efficacité optimisée de la technologie n’était pas un équilibre à chercher, mais une complémentarité, presque conjugal entre les matériaux et leur fonctionnement. L’on devait se dire que l’un nourrissait l’autre. Que la paire valait mieux que la somme séparée des éléments. Et l’arc, dans son essence même était quelque chose qui, presque toujours, était soit totalement naturelle, soit totalement technologique. Combiner les deux pour dépasser ce qui était actuellement élaboré par les industries et les particuliers de cette galaxie était le défi que s’était fixé Dolan. Avant d’être armurier, il avait été cinéaste, et en tant que tel, il était intiment persuadé du fait que les costumes, les habits de ses personnages étaient leur « langage le plus abouti », après leurs mots, leurs dialogues. Il regrettait le fait que trop de cinéastes méprisaient les costumes, les voyaient comme des apparats peu éloquents. Et d’une certaine façon, il voyait l’équipement militaire comme ce même costume, ce même langage. Aussi s’intéressait-il autant à l’arme ou l’armure qu’à son potentiel porteur. Dans l’idéal, il préférait connaître le caractère, les préférences de la personne et l’histoire de sa race. Ce dernier point était particulièrement important dans cette création-ci par exemple, car son commanditaire et ami était d’une race peu commune. Cette même race Raloise qui avait un rapport particulier avec la nature et avec leur instrument même. Le rapport quasi-symbiotique que Steve avait deviné entre Ythaq’Fi Hyasin et son arc, il ne cessait d’en tenir compte. Plus il y pensait, plus il trouvait cela passionnant. Cela le stimulait, l’afflux d’énergie qui vint à ce moment précis, les hommes l’appelaient usuellement « l’inspiration ».

Le Raloi lui avait envoyé des photos de son arc et de son armure par OmniTech. Elles se trouvaient actuellement sous ses yeux. Il scrutait avec attention chaque détail de celle-ci. Ythaq’Fi n’avait bien entendu pas les plans techniques de son équipement, mais Dolan connaissait les modèles et méthodes de conception des industries et des particuliers reconnus, mieux que les concernés eux-mêmes. Il savait avec une exactitude presque maladive quels matériaux étaient utilisés et voyait précisément comment les pièces étaient agencées les unes dans les autres. De la création et la conception, il faisait tout. Il avait tout dans son atelier. C’était un artisan.

Pour l’armure, il fallait la retravailler avec son porteur. Mais pour ce qui était de l’arc, il avait carte blanche et déjà tous les outils en main. Cela faisait plusieurs jours qu’il n’avait pas trouvé d’obstacles assez grand pour le stopper dans son élan créatif. A la manière d’un flot, d’un torrent, il détruisait et balayait tous les problèmes qui se présentaient à lui. Tout comme les boxeurs, les cuisiniers, ou les survivants, il savait garder ses moyens devant un problème et trouver des solutions viables. C’était la vertu des gens d’action. Son focus était tel ces derniers temps que le travail qu’un habile et expérimenté concepteur aurait mis un mois à faire s’était condensé en quelques jours. Tous les matériaux et les machines étaient prêtes. Tel un forgeron du futur –ridicule expression-, il régnait sur son atelier comme un empire qu’il maîtrisait avec une aisance belle à voir. Il avait fait plusieurs plans, plusieurs modèles d’arc pour Ythaq’Fi. Au fond de lui, il trépignait d’impatience au sujet de la visite de ce dernier, mais gardait la mine fermée, concentrée sur son travail.


Au moment où il entendit la porte de l’ascenseur s’ouvrir sur la silhouette de son ami Raloi, il se retourna et lui offrit un sourire éclatant. D’une innocence et d’une pureté enfantine. Pour ceux qui n’y étaient pas habitués, ce sourire était tellement beau qu’il en était désarmant. Aux autres, il laissait une bonne humeur inévitable. Il s’avança vers Ythaq’Fi, son sourire s’élargissant et des poches soulignaient son regard fondamentalement bienveillant. Au fond, malgré toutes les pertes, les déchéances et les déceptions, il pouvait dire qu’il était heureux. Il lui manquait seulement parfois, l’occasion de travailler une équipe. Bien sûr, l’équipage était génial, mais il lui manquait ces plateaux d’acteurs où l’on échangeait, explorait ensemble. Sans doute y reviendrait-il quand le temps sera venu. Pour l’heure il serra avec amitié la « main » de son ami aviaire.


« Steve ! Je suis heureux de te revoir. »
« Tout le plaisir est pour moi Ythaq ! »
Dit-il avec son éternel accent québécois. Puis, invitant le Raloi à se diriger vers le plan de travail, il rajouta : « Voilà, j’ai les plans pour ton arc. Dis-moi lequel tu préfères. »


Il mit à la vue du Raloi quatre plans de quatre modèles d’arc différent, présentés par quatre plans, croquis qui, même pour un néophyte était d’une finesse et d’une limpidité impressionnantes.


Modèle N°1 : De tous les modèles, il était le mélange le plus parfait de matériaux naturels, comme le bois et l’ezo, et les matériaux ultra-perfectionnés telles que les fibres de carbone. Arc polyvalent par excellence, Dolan avait pris les arcs normalement utilisés dans les compétitions olympiques comme modèle. Il ne comprenait pas de circuits électroniques, il était donc totalement mécanique, si on exceptait le cœur et le revêtement en ezo, cependant l’aide à la visée était suffisamment performant pour ne pas avoir besoin de grands renforts d’IV. Aussi bon en utilisation offensive que défensive, ou comme arme au corps à corps dans les situations d’urgence, choisir ce modèle, c’était choisir le compromis et l’équilibre.

Modèle N°2 : Le deuxième modèle avait eu pour base d’inspiration les arcs de chasse. Même de prime abord, il revêtait une forme d’agressivité et de menace, que l’on pouvait immédiatement le qualifier d’arc offensif. Toute la coupe de l’arc, taillé vers l’avant, rappelait une sorte d’aura de prédateur en chasse. C’était aussi le modèle qui utilisait le moins les matériaux high-tech. Il semblait condenser dans ses matériaux naturels, tels qu’un bois d’un monde Eden précédemment visité, extraordinairement souple et résistant qui dégageait la majesté des bois les plus rares, ou le chanvre d’un autre monde Eden tressé puis longuement enduit, tout ce que la Nature avait de plus organiquement « infaillible » à offrir. De plus, Dolan avait incrusté une lame rétractable à l’extrémité supérieure de l’arc qui était actionné par un mécanisme de la poignée de l’arc si la situation devenait critique.

Modèle N°3 : Le troisième modèle était de loin le modèle le plus chargé, par conséquent, le plus lourd. Il était inspiré des arcs à poulies utilisés par certains spécialistes militaires. Il était aussi de tous, celui qui utilisait le plus les matériaux high-tech. Une IV de visée avait même été installée, qui permettait d’atteindre les cibles avec une précision chirurgicale quelles que soient les conditions météorologiques. Axé sur la durabilité des matériaux, c’était un arc plutôt défensif qui survivrait à n’importe quoi.

Modèle N°4 : Le dernier modèle avait eu pour modèle les arcs à poulies « Oneida ». C’était une sorte de mélange entre le deuxième et le troisième modèle. Le corps de l’arc était du même bois enduit d’ezo que le deuxième, cependant la corde était en vectran. Ici, pas d’IV, mais un système de visée qui, même sur papier donnait l’impression d’être infaillible. Aussi, il était installé un système de mods de flèches. Il suffisait d’installer une modification telle que des flèches incendiaires, explosives ou polonium (soit empoisonnées ou radioactives), et cette dernière était placée sur la flèche quand on l’encochait. Il y avait, souligné plusieurs fois à côté du dispositif: « MATERIAUX ULTRA LEGERS ». Plus offensif que défensif, il assurait tout de même une certaine polyvalence d’utilisation.


Steve laissait le temps à Ythaq’Fi de parcourir les plans des yeux et de les détailler, puis vint lui demander avec son habituel sourire chaleureux :

« Il y en a qui te plaît mon ami ? »




Ythaq'Fi Hyasin

Personnage RP
Faction : Castes du Zéphyr
Rang : Eclaireur-guerrier
Ythaq'Fi Hyasin
Membre
Messages : 314
Crédits : Moi-même (inspiré d'un Raloi de DeviantArt)

Good Morning Turvess Empty
MessageSujet: Re: Good Morning Turvess   Good Morning Turvess Icon_minitimeVen 27 Fév 2015, 22:06

« En voilà de magnifiques choses... », dit-il en effleurant les plans d'une griffe, comme s'il désirait les sentir un à un.

Ythaq s'était étrangement senti rapidement a l'aise dans le vaisseau de Steve et de l'équipage du sous-capitaine Haygen. Ce n'était pas réellement le lieu en lui-même ni la décoration ou les objets laissés ça et là. Il s'agissait d'une sorte... d'aura. Il l'avait reconnu directement en entrant dans le vaisseau. Les gens qui allaient et venaient quotidiennement avaient beaucoup de ressources et de sources d'intérêt pour le guerrier Raloi. Alors qu'Ythaq refaisait un point sur le pourquoi du comment - à savoir l'arc brisé à Illium, le sauvetage de Steve sur Turvess et l'appel de dernière minute -, il se demanda s'il y avait un destin.

Étrangement, des souvenirs d'éducation religieuse qu'Ythaq avait reçu à Sethir, sa ville natale, il n'y avait que peu ou pas de référence à un "destin", une suite d'évènements liés inextricablement et prédits à l'avance tel un livre dont la vie ne serait qu'une succession de pages et de chapitres. Par définition, l'éclaireur-guerrier se persuada qu'il n'existait pas de destin et qu'il était seul maître de ses actes et de son avenir. En voilà une décision bien pragmatique et rationnel pour un traditionaliste reconnu.

Cela se voyait directement sur la façon dont il considérait son arc, son armure, son apparence. Il avait apprit des mœurs de l'ambassadrice Raloise que les apparences, presque autant que les actes, comptaient dans cette galaxie. Tout en faisait usage de ses connaissances de la tradition Raloise, il avait alors su comment contribuer à sa manière à la représentation Raloise dans la galaxie.

Par conséquent, quand Steve lui montra les différents plans du futur arc d'Ythaq, il admit qu'il était bluffé par les connaissances en ingénierie de son camarade humain. Chaque arc avait sa spécificité et ses caractéristiques techniques représentées de façon tellement concises mais claires que le Raloi pu immédiatement comprendre de quoi il s'agissait - étant un non initié aux arts techniques.

« C'est... très impressionnant. », disait-il en alternant entre chaque plan.
« Il y en a un qui te plaît mon ami ? »

Dans le fond, tous les arcs lui plaisaient.
« Tu me poses un sacré défi, Steve. Ils ont tous leur petit quelque chose.... Le numéro deux m'a l'air très bien. Taillé pour l'offensive, cela me rappelle mes premiers arcs à Sethir - et la lame est un atout précieux. Les mods de celui-ci... », continua-t-il en récupérant le plan en question. « ... sont en revanche très séduisant, au détriment de la lame et de matériaux plus légers donc, plus fragiles. »

L'éclaireur-guerrier sembla réfléchir quelques secondes, comparant les avantages et inconvénient, comparant à ses expériences précédentes plus ou moins lointaines. Puis, il repensa au côté chasse traditionnelle. Au pire, il pourrait bricoler lui même des gadgets de seconde main sur l'arc, tel qu'un lance grappin ou des flèches à mod unique.
« Le deuxième modèle m'a l'air parfait, Steve. »
« Ah. Élégant, agressif et naturel. Tout comme toi et ses semblables. »

En effet, c'était la description qui se rapprochait le plus souvent d'Ythaq'Fi et des autres éclaireurs-guerriers que la galaxie avait pu apercevoir brièvement, traçant leur route entre les planètes et les stations spatiales. Ils ne diraient pas la même chose de citoyens plus lambda d'Aviana ou de Zéphyr, c'est clair. L'image véhiculée jusqu'à présent laissait les habitants de la galaxie assez perplexes. Steve, lui, connaissait la vérité : il avait été sur Turvess, de façon involontaire certes. Il avait vu la situation. Il connaissait les enjeux.

« Je te ferais ça. Tu as parlé d'une armure aussi ? », demanda-t-il alors que le technicien dégainait son Omnitech.

Ythaq observa alors son camarade le scanner de la tête aux pattes avec le logiciel intégré de l'Omnitech. Steve put ainsi accéder à toutes les dimensions nécessaires pour la fabrication - ou l'amélioration - d'une armure. L'armure Aldrin Labs que la Jho'baal avait réussi a lui dégoter remplissait bien son rôle, mais par curiosité et confiance envers les capacités de son ami, il se demandait si l'on pouvait faire encore mieux. Ythaq était sûr de ne pas être déçu.

« Je me suis permis de prendre les données de ton ancienne armure. Ce me sera utile pour établir l'armure en fonction de ce que tu voudras en faire. Quel type de combinaison te faudrait-il ? »

En voilà une question intéressante. Ythaq'Fi su quoi répondre dans l'immédiat. Le maître mot : polyvalence. Agile mais résistante, de nombreux compartiments, et un emplacement bien conçu dédié à son arc.
« Je pense qu'on peut repartir sur le même modèle que celle d'Aldrin Labs - a moins que tu n'en connaisses des plus compatibles. Il faut que je puisse être le plus libre possible de mes mouvements sans trop sacrifier de résistance aux chocs et - éventuellement - aux tirs. Si possible, me transformer le compartiment arrière pour y accueillir mon arc ainsi que plusieurs rangements. C'est faisable ? »

Sans surprise, un nouveau sourire illumina le visage de Dolan.
« Mais certainement, mon ami. »


***



« Ythaq ? Tu es déjà parti Ythaq ? J'espère qu'ils se sont pas barrés. »
Liam Harwick avait fait quelques réglages de dernière minute sur le vaisseau pendant que son coéquipier était parti à la rencontre de l'équipage du vaisseau sur lequel il venait de s'amarrer. C'était souvent le cas, d'ailleurs, dans ce genre de situation, que ce soit Ythaq qui aille à la rencontre des visiteurs ou des équipes d'accueil lors d'amarrages à une station. Non pas que Liam était agoraphobe ou asocial, loin de là, il y avait deux raisons à ça : de une, Liam était toujours occupé à faire quelque chose sur son petit joujou, le Lightbringer, sa maison; de l'autre, Ythaq aimait partir à la découverte des personnes de cette vaste galaxie, et par nature était assez social.

Liam arriva donc au sas, puis finit par le passer jusqu'à se retrouver face à un Krogan et une asiatique. Il eût un moment de recul, presque le temps de jauger à qui il avait affaire en une poignée de seconde tel le contrebandier qu'il est, et glissa avec un sourire amical.

« Liam Harwick, capitaine du Lightbringer. Vous n'auriez pas vu passer un Raloi ici par hasard ? », s'annonça-t-il en tendant une main vers ses deux interlocuteurs.

Kaan Kaiser

Personnage RP
Faction : Indépendante - Vétéran de l'Alliance
Rang :
Kaan Kaiser
Membre
Messages : 67
Crédits : duster132

Good Morning Turvess Empty
MessageSujet: Re: Good Morning Turvess   Good Morning Turvess Icon_minitimeSam 28 Fév 2015, 02:02



Cette obsession envers le monstrueux était intimement liée au péché originel. A l’origine même du monde et de la condition humaine, de sa place dans la Nature. Cette réflexion m’atteignait alors que j’avais la rencontre de ce Raloi du nom d’Ythaq, hybride parfait entre la nature et la condition anthropomorphique. Cet écho disproportionné que les choses trouvaient en moi expliquait nombre de choses dans le fonctionnement même de mon psychisme. J’étais pareil à ce chien, éclairé par un feu discret, dont l’ombre projeté sur le mur de la grotte revêtait un aspect démonique dont il n’avait point conscience. Il était de ces ombres qui aspirent toute énergie vitale, même noire qu’elles croisent. Elles ne laissent à l’être chancelant, qu’un corps émacié et un regard vide, pitoyable. Nous sommes nés avec la paix, nous hommes, êtres dotés d’âmes. Nous avons perdu la contemplation et la méditation parce que l’homme a tourné le dos au silence. Nous n’avons cessé de créer machines et dispositifs qui augmentent le bruit et nous distrait de l’essence de la vie, et renforcent l’ego. Le paradis ne suffira pas. L’oubli n’est qu’une malédiction. L’acceptation de toute la monstruosité du monde ne me préviendra les frissons d’effroi que provoqueront en moi cette intensité de violence. Est-ce que tu as raison Frank ? Est-ce que ce visage est un masque aussi ? Et, est-ce que ça fait mal si je l’arrache ?
« Pourquoi aurais-je peur de toi ? J’ai la même chose à l’intérieur. »
La villa des roses. Ma mine se dénue peu à peu d’expression. On en vient presque à une expression dépitée. De celui qui a vécu un trop long voyage, et qui se trouve une fois de plus devant un jour gris et pluvieux. J’aimerai que ces couloirs soient des rues, et que cet acier froid devienne du béton sale. Pour qu’au moins j’ai l’impression d’être sur terre. Ici, il ne pleuvait jamais. Comment les gens de la Citadelle pouvaient-ils vivre sans les aléas de la météo ? C’était contre nature. Un frisson de dégoût cette fois, parcouru ma peau alors que je pensais, que je voyais ces gens qui passaient leur vie sur la Citadelle. Ce n’était pas un endroit pour vivre ici. Ne pas voir les saisons, ne pas sentir les années s’égrener alors que la jeunesse est quelque chose de si précieux. Réveille donc la Bête, Frank. Vois-donc ce qui se cache en moi. Tu comprendras pourquoi je n’ai pas peur. Mais dis-moi une chose, qu’est-il arrivé à ton œil ? Et qu’est ce qui m’attend aux portes de la mémoire ?


Le café de Zachéra.
J’achète quelque chose. De frais, de fruité, de sucré. Je l’ouvre sans le voir, mes gestes sont agaçants d’absence de vivacité. Je m’amuse presque à négliger l’énergie que je distribue à mon corps. Cette léthargie est courante, c’est une rémission vague de ma trajectoire qui a été frappé par quelque chose d’assez conséquent pour créer un écho en moi. D’où cela venait déjà ? Ah oui, de la rencontre avec Ythaq. Le tracé presque cohérent de ma pensée s’imbriquait agréablement. Je ne m’étais même pas rendu compte que je m’étais assise à une table. Je n’avais rien à faire là. Pourtant j’aurais tout donné pour être exactement dans la même situation sur Terre, à la terrasse d’un café où on jouerait de la bonne musique. Un jour d’été, un vrai, de celui qui guérit. Les gens un peu souriant… Et moi, encore perdue dans mes pensées, dans la contemplation et l’introspection. Un homme m’aurait demandé s’il y avait quelqu’un dans la chaise en face de moi, j’aurai répondu que non, il se serait assis. Il aurait commencé à amorcer la discussion alors que mes lèvres restaient scellées en un sourire volatile. Puis après un long silence qui n’aurait pas paru dérangeant, j’aurai dit, la voix faible et le regard résigné, qu’il était beau. Et puis je n’aurai rien eu d’autre à offrir. Nous étions toutes une vague, sans autre point commun que d’avoir été brisé par la guerre. Nous finissions en fantômes dans les rues d’une Terre sauvée. Et ce silence respectueux quand les autres reconnaissaient notre état. L’homme aurait compris, il serait parti, légèrement désappointé et déçu, mais résigné à son tour.
Cependant j’étais ici. Je n’avais rien à faire ici.


Le SAS s’ouvre lentement. Cela fait une heure et demie que je suis partie. Je retrouve le vaisseau. En passant devant la cabine, une voix s’élève distinctement.


« Ils rediffusent les J.O à la télé. » déclara Latan sans préambule. Il me considéra du regard, en attente d’une réponse de ma part qui prouverait que j’avais compris.


« D’accord, merci. » répondis-je simplement. Je restais quelques secondes encore plongée dans ses iris d’un marron clair d’une beauté intimidante. Il tentait, avec sa froideur maladroite, de remplacer un peu Emeric, mort dans l’incident de 2198. Et ainsi de prendre soin de moi. A vrai dire, je faisais de même. Cette maigre et partielle reconstitution d’Emeric et du reste de l’équipage faisait partie de notre reconstruction. On avait tous pris quelque chose de l’un d’eux. Comme si l’on gardait des fragments de nos camarades passés.


Puis je sortis en direction des quartiers de l’équipage.
Techniquement, ce n’était pas une télévision. Mais Latan comme moi, on s’en fichait. Et qui nous en tiendrait rigueur ? Du Basketball. Comme si rien n’avait changé. Des frissons me parcoururent, ma gorge se noua et les larmes montèrent. Quel bien cela faisait. Dieu, on a encore une maison quelque part…

______

Le bonheur de Steve était de travailler fort, avec des gens qui l’inspiraient. Et il n’y avait nul doute que son énergie s’accordait avec celle du Raloi. Il en avait ici, une nouvelle confirmation. L’Arc N°2. En toute honnêteté, Steve pensait que son ami allait le choisir le dernier modèle. Ce choix l’étonna et ne fit qu’accroître l’estime qu’il avait pour Ythaq’Fi. Il avait choisi le risque, la fidélité à son tempérament. Même en connaissant l’éclaireur-guerrier, il n’avait espéré autant de force de caractère de ce dernier. Il faut dire que nombre de personnes sur cette galaxie aurait trouvé aberrant de s’équiper d’une arme sans le moindre élément hautement technologique. Cette audace fit écho à la sienne. Il avait réellement envie de surpasser dans la réalisation de ce modèle innovant.
Une fois les données sur l’armure du Raloi analysées avec une vivacité d’esprit impressionnante, il fit un signe enthousiaste à son ami de le suivre dans l’étendue de son atelier. Les « machines » qui bordaient la salle et participaient à l’ambiance d’atelier, étaient ce qui se rapprochaient le plus d’une forge qui combinaient, encore une fois, haute technologie et travail brut des matériaux. Le travail de contrastes de température avec un feu tantôt de bois, tantôt de combustibles chimiques transformait le matériau. Un peu plus loin, hermétique au changement de température, un atelier mis sous lumière que l’on pouvait clairement identifié comme un espace dédié au travail de précision. D’autres « machines » étaient destinées au travail spécifique du bois ou de l’Ezo pour lui faire prendre les formes souhaitées. Puis un autre espace était destiné aux nanotechnologies. Un autre encore était destiné à l’assemblage, au coin, à l’autre extrémité, l’on pouvait apercevoir compartiments emplis de mods d’armes et armures. Steve avait décidé de complètement changé son atelier par rapport à celui du Soul. Il n’aurait pu se replonger dans le travail d’armurerie si les fantômes persistaient à ressurgir et à ravager son esprit, laissant des traces visibles sur son corps, et moins visibles, sur son système nerveux.


« J’avais déjà fait préparé le deuxième et le quatrième arc à vrai dire. J’étais certain que tu allais l’un des deux. » déclara t-il alors qu’il sortait le bois travaillé, robuste et élancé de la machine qui y incorporait la poussière d’Ezo dans le bois et dans le chanvre qui servait de corde, pour les rendre indestructibles à l’intérieur même des fibres de ces derniers. La coupe du bois était d’un ciselé qu’on ne se lasse pas de regarder. Effectivement, le bois était superbe. Il affichait d’ailleurs tout son orgueil dans sa coupe. Et bien qu’il offre une prise en main agréable, on découvrait ensuite la texture du chanvre, tissé et retissé des centaines de fois pour que son usure égale celle des matériaux high-tech. La poussière d’Ezo là aussi jouait un rôle fondamental. La lame quant à elle, se dépliait grâce à un mécanisme intuitif qui n’était possible que grâce au cœur en Ezo que Steve avait incrusté dans le bois qui constituait la poignée. La présence du minerai rendait possible une multitude de phénomènes physiques affectant les particules que Steve commençait à savoir exploiter. La lame, il avait eu plaisir à la forger. Il avait fait « à l’ancienne ». Forgée selon les règles de l’art. Et il ne l’avait pas revêtu de poussière d’Ezo celle-là. Il avait confiance en ce qui lui avait été transmis. La technique était la même depuis des millénaires, à l’essence même du métier de forgeron. Quand il se surpassait dans son processus créatif, il ressentait toujours cette conviction que c’était ça, qu’il faut faire. La lame se dépliait par une succession pressions précises sur la poignée de l’arc, qui finissait par une ultime pression sur le cœur en Ezo, qui lui-même enclenchait des phénomènes d’anti-matière que l’on pouvait comparer à un message nerveux, et faisait déployer la lame. Brillante, irrésistible. Steve la contempla quelques instants. Son travail l’avait presque rendu vivante, enfermant un savoir séculaire. Il avait énormément de respect pour ce savoir-faire qu’il avait eu la chance de rendre sien.


« Le mécanisme pour déployer la lame est intuitif. C’est la même pour sa rétraction. Ce n’est qu’un prototype. Je l’améliorais selon tes retours. »


Alliant le geste à la parole, le Canadien montra distinctement au Raloi, la série de pressions à faire. Une fois que l’on avait pris la main, c’était, effectivement, instinctif. D’autant que l’on sentait sous ses doigts, ou ses griffes, le bois changer en son être même, infiltré par l’Ezo et ses étonnantes et multiples facultés. Il tendit enfin l’arc à Ythaq. Fier, et heureux. C’était le début de vie pour cette arme-là.


« Je t’ai envoyé une modification d’Omnitech pour que le tien puisse créer des fléches pour ton arc. » l’informa t-il avec un demi-sourire.


Il reportait ensuite sa concentration sur l’armure. Il fit quelque pas vers son plan de travail. En quelques larges coups de crayons sur une planche libre, il esquissa la silhouette d’Ythaq’Fi, avec toute la dignité et la splendeur qui se dégageait de lui. Le bec était fier, les traits taillés et la silhouette combattante. Sur celui-ci, se dessinait à coups de crayons fulgurants, une armure qui n’avait rien à voir avec les armures militaires ou même celle d’Aldrin Labs, même si certaines ressemblances se faisaient ressentir. Les idées prenaient forme dans l’esprit de Steve. L’armure était déstructurée. La protection n’était pas la même sur le bras qui tenait l’arc et celle qui le bandait. Tout, tout reposait sur la biomécanique du Raloi. Les articulations étaient libres. Le recours à l’Ezo semblait essentiel pour cette armure. Il fallait la faire fine, comme une seconde peau. A l’image de l’arc, l’armure avait une coupe vers l’avant, agressive, belliqueuse, particulièrement pour le casque qui entourait et protégeait la tête du Raloi avec superbe. Il ne fallait pas chercher à encaisser et à subir les impacts, mais à les absorber, ou les dévier. Il se rappelait de Kean, lui racontant que la contraction subite et puissante des muscles était la clé, et de l’attaque, et de la défense. « On fait bien plus mal si on contracte au dernier moment que si on a contracté comme un bourrin tout le long. » Pour l’absorption, c’était pareil. L’Ezo allait permettre une barrière hybride, entre cinétique et biotique sur l’ensemble du matériau qui composerait l’armure. De plus, le compartiment qui devait accueillir et protéger l’arc d’Ythaq était orienté vers la gauche pour une prise en main plus simple. Les nombreux rangements dessinés sur l’armure ne lui donnait en aucun point, un aspect chargé.


« Les articulations seront libres. Je mettrais des points d’Ezo pour faire une barrière invisible devant les articulations. Tu pourras régler l’intensité de la barrière selon chaque situation, et de façon différenciée si tu préfères protéger une certaine partie plus qu’une autre… Mais l’énergie n’est malheureusement pas infinie, une quantité d’électricité statique va s’accumuler si tu ne la décharges pas de temps en temps. Quelle que soit l’énergie de la barrière, elle fera toujours le même poids. »


Toute sa tirade, il n’avait pas lever les yeux de sa planche où désormais une esquisse de modèle se présentait sous les yeux des deux amis.

« Cela te paraît bien Ythaq ? »



On a gagné ! Médaille d’or pour l’équipe Française de basket. C’était une rediffusion mais cela m’important, je n’étais pas au courant. Un sourire fendait mon visage, quand une imposante ombre se dessinait sur le mur et se dirigeait vers la salle de visionnage. Une ombre et une présence que je connaissais mieux que personne.


« L’ami du Raloi est dans le SAS.
- Tu sais Keshak, si je devais choisir une couleur pour toi, ce serait entre le violet et le rouge foncé.
- ?
- Rien, je raconte des conneries. »



Une fois arrivés dans le SAS, la silhouette somme toute assez banale bien que caractérielle d’un hors-la-loi se dessinait devant nos yeux.


« Liam Harwick, capitaine du Lightbringer. Vous n'auriez pas vu passer un Raloi ici par hasard ?
-
- … Toi, toi je t’aime bien ! Hm, oui. Il est dans l’atelier de Steve. Je sais pas pour combien de temps ils en ont. Tu veux aller le voir maintenant ou boire quelque chose avant ? »




La fin de l’après-midi rimait presque avec le coucher du soleil ici. Latan s’était posté en périphérie de la Citadelle pour que la station crée par les Prothéens abrite le vaisseau du rayonnement continu du soleil. Une atmosphère de nuit régnait sur le vaisseau où la plupart de l’équipage et les deux invités s’étaient réunis dans les quartiers, et en particulier dans la plus grande salle du vaisseau. Le repas avait abrité des rires de plus en plus francs. Les langues se déliaient alors que l’enthousiasme général grandissait. Beaucoup de questions avaient été posé au Raloi et à son camarade, reflet de la bonne ambiance que le vaisseau abritait en son sein. Puis la salle avait commencé à se vider, et l’équipage se coucher ou retourner à leurs fonctions nocturnes. Il restait désormais moins d’une dizaine de personnes.


« Ythaq, il y a une question que je voudrais te poser… Tu sais que ça fait deux ans que je suis allé sur Turvess. Comment a évolué la situation depuis ? … Je pense que ça intéresserait Kean d’y aller. »


A l’entente de mon nom, je levais les yeux dans la direction de Steve. Mon regard ne se faisait pas prier pour être intense à cette heure de la nuit. J’étais une créature de la nuit qui avait patiemment attendu son heure. Je n’avais guère échangé beaucoup de paroles avec le Raloi. A l’instar de Latan, je n’étais pas très causante lors des premières rencontres, en particulier avec un invité qui suscitait autant la curiosité. Cela n’avait bien sûr pas exclu le fait que parfois, je croisais le regard du Raloi avec l’énergie animale qui me caractérisait aux yeux des observateurs avisés. Dans ces moments-là, j’avais le regard d’un animal en retrait qui, doucement, jauge son environnement, mais qui gardait l’intensité de son âme muette aux portes de ses yeux.


Cependant Steve avait visé juste. Pour une quelconque nébuleuse raison, je savais que Steve avait raison. L’idée d’aller sur Turvess m’avait effleuré des mois auparavant, mais depuis le premier contact avec le Raloi, l’idée s’immisçait de façon invasive dans mon esprit. J’attendais la suite, la réponse d’Ythaq. Avec la vague conscience que quelque chose se jouait maintenant, ici, ce soir.




Ythaq'Fi Hyasin

Personnage RP
Faction : Castes du Zéphyr
Rang : Eclaireur-guerrier
Ythaq'Fi Hyasin
Membre
Messages : 314
Crédits : Moi-même (inspiré d'un Raloi de DeviantArt)

Good Morning Turvess Empty
MessageSujet: Re: Good Morning Turvess   Good Morning Turvess Icon_minitimeJeu 05 Mar 2015, 00:12

L'éclaireur-guerrier enserrait de sa patte à trois griffes l'arc récemment façonné selon ses préférences. Il était véritablement impressionné; et il s'imaginait déjà ce qu'il pourrait accomplir avec cette force de la nature entre ses doigts. Le système de conception de flèches était encore plus incroyable.
Quelque part, au fond de lui-même, il se demanda si cela n'allait pas à l'encontre de ce que l'on lui avait appris toute sa jeune vie. Respecter les anciens, respecter le choix de l'inconfort et de la récompense quotidienne par le mérite et la sueur de ses plumes. Enfin, il compara la situations aux Gardiens du Sanctuaire, qui étaient bien plus équipés technologiquement que la population qu'ils protégeaient. D'autant plus que le statut conféré par feu le Thul'Odin Tuyir'Tha Namir, assassiné plus tôt cette année.

Ythaq se félicita intérieurement que les précédents évènements l'aient amené à se rediriger vers Steve. Joindre autant l'utile et l'agréable dans une situation ne lui était jamais arrivé d'une aussi meilleure façon. L'arc lui siérait a merveille, et, quand il vit les premières esquisses de l'armure que Dolan se préparait à façonner, ses plumes faillirent tressaillir. Le modèle de l'armure était tout à fait atypique sans pour autant déroger aux coutumes de sa planète natale. Steve avait su trouver, probablement dans ses souvenirs de son bref passage sur Turvess, les éléments a retranscrire dans cette armure. Plus qu'une armure, cela en devenait presque un symbole, une représentation de la grandeur et prestance Raloise, tout en traduisant une aura guerrière. Les formes, à la fois archaïques mais pratiques, rappelaient vaguement au poulet guerrier les antiques et légendaires guerriers Samouraïs humains.

« Cela te paraît bien Ythaq ? »
« Tu fais honneur à tes compétences, Steve. », répondit-il avec ce que l'on pouvait interpréter comme un sourire entendu.

Dans ses pérégrinations au cours des dernières années, il avait du souvent emprunter de longs transports galactiques. Il ne voulait pas gaspiller de temps, donc, il se contentait d'étudier, de se renseigner, d'assouvir sa curiosité sur cette galaxie cosmopolite et interconnectée. Il avait donc lu, dans l'historique humain, que les Samouraïs respectaient un code d'honneur et un haut niveau de servitude à leurs croyances qui lui rappelaient en beaucoup de point les guerriers de la Caste du Feu en Zéphyr. Il aurait aimé rencontrer ce peuple asiatique, connaître leur vision de la vie, de la guerre et du combat; afin de leur partager la sienne.

Malheureusement, c'était une très vieille époque. Il n'était point encore né.

« Je vais aller faire un tour aux baies d'observation, si cela ne te dérange pas que je te laisse un moment. Tu m'y trouveras, ou je te rejoindrais plus tard. »

Steve était décidément quelqu'un de vraiment concentré et investi dans son travail.
« Mmmh ? Oh ! Oui, bien sûr, fais comme chez toi, on te l'a déjà dit, je suppose. Je te rejoindrais pour le dîner. »

***



« ... »
« Toi, toi je t’aime bien ! Hm, oui. Il est dans l’atelier de Steve. Je sais pas pour combien de temps ils en ont. Tu veux aller le voir maintenant ou boire quelque chose avant ? »

Le Krogan s'était tu, pour une raison qui échappait encore au contrebandier chef du Lightbringer. En revanche, il trouva une réponse auprès de l'asiatique sous-capitaine du vaisseau, qui le renseignait sur Ythaq mais lui proposait l'alternative d'un verre pour que le poulet puisse terminer son affaire avec l'ingénieur du vaisseau.

Et bien, un coup à boire, ça ne se refuse pas. Il avait promis à Ythaq de se calmer sur la bibine, mais elle ne proposait qu'un verre !
« Je suis pas contre un petit scotch de notre bonne vieille Terre, après tout, ils sont très bien tout seul. »

Ils partirent donc en direction de la zone vie - les quartiers d'équipage - du vaisseau, où il pourrait voir sa soif étanchéifiée en attendant le repas du soir, où il pourrait retrouver son coéquipier. Il profita du chemin pour observer à son tour, satisfaire sa curiosité en matière de vaisseau, comparant en de nombreux aspects le leur et le sien. Peu de similitudes, venant la nature même des aéronefs, l'un était destiné a accueillir un véritable équipage, l'autre, a réaliser de la contrebande tout en ayant un équipage très réduit à bord - Ythaq était l'élu depuis lors pour Liam qui avait préféré après la débâcle de Vancouver et sa presque mise en détention, accepter la demande de l'éclaireur-guerrier de s'installer sur son vaisseau en tant que coéquipier. D'un côté, la jouer solo ne convenait plus, de l'autre, il pourrait probablement se faire un ami de taille pour des ennemis de taille. De plus, le Raloi s'était avéré un bon compagnon de voyage et, du point de vue de l'humain, un être vivant des plus singuliers et intéressant, variant des brutes Krogans, des je-t'entourloupe-Asaris, ou des balais dans le derrière des Turiens. Non, vraiment, sa présence avait pas mal changé sa ligne de conduite, au fur et a mesure du temps qui passait aux côté de son nouveau coéquipier. Les évènements qui avaient suivi les soudèrent d'avantage. L'on pouvait ainsi dire à l'heure d'aujourd'hui qu'ils étaient plus amis qu'autre chose.

Dans les fameux quartiers, après s'être fait servir parmi ce qui était proposé par Kean Haygen, ils firent connaissance, et Liam se révéla être quelqu'un d'assez jovial, honnête, bien qu'un peu vieux jeu sur le comportement d'un contrebandier spatial qui n'avait que peu à perdre mis à part son vaisseau. Certains membre de l'équipage, ayant deviné qu'il s'agissait là du compagnon de voyage du Raloi qui avait réveillé certains esprits rêveurs, avaient donc tenté de soutirer quelques informations sur Ythaq, Liam restant assez évasif au début, puis cédant à certains caprices pour révéler certaines anecdotes amusantes ou impressionnantes sur le Raloi.

Puis était venu l'heure du dîner.

***



Pour autant qu'il se souvienne, Ythaq était resté de très nombreuses heures à observer les étoiles dans les différents vaisseaux de ligne ou de transport qu'il avait emprunté depuis son départ de Turvess. Beaucoup de touristes et de personnes s'adonnaient à cette pratique, qui, souvent, lassaient la plupart au bout de quelques minutes. Ythaq lui était vraiment fasciné par cette vision de la galaxie telle un livre ouvert sur des milliards d'étoiles séparées d'années lumières représentées par une seule image scintillante de part et d'autre. Entre ses différentes lectures sur Extranet, il plongeait son regard fin sur ces étoiles si lointaines. Le temps passait comme une légère brise alors qu'il y avait seulement une dizaine d'années il n'aurait seulement pu rêver d'en être aussi proche que sur le sol de sa planète natale.

Turvess était la prochaine destination après sa visite chez Steve. Son devoir l'appelait.
« Ythaq ? C'est l'heure du dîner. », interpella-t-il son ami avec son éternel franc sourire et son accent québecois que, malgré tout le respect qu'il avait pour lui, trouvait assez amusant vis à vis de ses camarades humains.

La majorité de l'équipage était donc présente quand il fut amené aux quartiers de la zone vie. La table était dressée et soudain, l'ambiance était comme enivrée par un souffle de vie apportée par toute la bonne humeur que bâtissaient les hommes d'équipage. Cette sensation était presque palpable, apportant une nouvelle découverte au poulet sensible à ces petites choses que beaucoup de gens apprécient inconsciemment alors que leurs corps et leurs âmes, elles, jubilaient.

« Ythaq, mon vieux ! Putain, je te cherchais partout ! », émergea Liam des différentes personnes ici présentes. Il s'avançait vers son coéquipier, bras tendus, un verre vide à la main. Hyasin ne fit aucune remarque ni ne trahit quoi que ce soit sur ce verre ni sur le fait qu'il avait probablement bu plusieurs verres. Cependant, à force de se côtoyer, Liam, lui, l'avait saisi.

« Fais pas cette tête-là. », ria-t-il de bon cœur, posant alors le verre sur une table proche. « Je vous l'avait bien dit ! », fit-il a quelques hommes de l'équipage proches, qui rirent à leur tour. Liam posa sa main sur l'épaule du poulet. « C'était pour te faire marcher, haha. Bon, alors, ton nouvel équipement ? »

Steve, qui était venu avec Ythaq, laissa ce dernier parler.
« Tu vas pouvoir le remercier, je vais pouvoir te tirer de davantage de coups tordus qu'avant. »
« Félicitations, tu vas enfin pouvoir les compteur à zéro. Peut-être. » enchaîna Liam avec un clin d’œil. « Bon ! Et si nous mangions ? C'est pas tout, mais j'ai la dalle ! »

Non loin du groupe, Ythaq avait perçu du regard Kean et Latan discuter comme à l'accoutumée, un regard bref fut échangé, mais rien de plus. Le repas allait de toute manière commencer. Tout le monde s'installa et, bien que celui-ci fut succulent aux papilles gustative de notre cher poulet, il ne se souvint que de peu de choses du dit repas. Il était bien trop heureux, malgré que peu de gens pouvaient véritablement le déceler parmi les expressions faciales des Ralois, excepté Liam et un peu Steve, qui s'étaient mis proche de l'éclaireur-guerrier.

« Au fait, Ythaq, est-ce que vous pouvez voler, vous les Ralois ? »
La question fit un peu rire ceux qui avaient fait attention à la question parmi les différentes conversations, d'autres, plus curieux, attendaient la réponse du concerné.
« C'est étonnant, on me pose souvent la question ! » De nouveaux rictus s'élevèrent. « Oui. Enfin, en vérité, on "plane". Mais certains ermites arrivent, a force d'entraînement, a muscler leurs ailes pour pouvoir voler. Il y a quelques centaines de milliers d'années, nous le pouvions probablement. »

Puis les discussions reprirent.

« Liam nous a raconté la fois où tu as coursé les parieurs sur Oméga, et... »
Ythaq tourna son regard vers Liam. « T'as pas osé ? »
Il n'eût que pour seule réponse un rire entendu de l'assemblée. Secouant un peu la tête, assez embêté, il débuta. « Bon. Alors. Nous sortions de ce casino... et... »

***



Les meilleurs moments ne durent pas bien longtemps, ce fut-ce ainsi pour le repas qui dura jusqu'à ce certains des membres d'équipage aient à rendre leur services nocturnes pour le vaisseau ou bien à tomber dans les bras de morphée qui les séduisaient depuis bien trop longtemps entre la fatigue accumulée de la journée et l'alcool désinhibant. Il y avait un peu moins d'une douzaine de personnes dans la pièce, se reposant doucement dans cette fin de soirée bien entamée. L'ambiance était doucement retombée, ce qui contenta Ythaq, et Liam. Les baies d'observation contrastaient avec les horaires réglés pour l'horloge biologique des hommes à bord, ce malgré la présence de la Citadelle et de la Terre en fond qui occupait une grande partie de la vision dû à la grande proximité de celle-ci. L'heure commençait à être bien avancée, Steve, Ythaq et Liam se détendaient autour d'une table de petite taille, installés dans ces fauteuils apparemment spécialement prévus à cet effet.

« Ythaq, il y a une question que je voudrais te poser… Tu sais que ça fait deux ans que je suis allé sur Turvess. Comment a évolué la situation depuis ? … Je pense que ça intéresserait Kean d’y aller. »
Avant qu'il ne réponde, et de façon presque instinctive, Liam et Ythaq s'échangèrent un regard. Ils étaient sur la même longueur d'onde.

« C'est notre future destination, Steve. Je ne pense pas que le capitaine ici présent refuse une femme à bord. Si ? »
« Va falloir que je fasse le ménage, alors. », plaisanta-t-il. « Comme le disait le poulet, on y va après. Y'a aucun soucis. Faut juste voir par rapport à Turvess. »

Kean, la sous-capitaine concernée, était derrière Ythaq et Liam, un peu plus loin, et n'avait donc pas attiré l'attention des équipiers du Lightbringer. Steve lui était plus concerné par la situation de Turvess, dont il remarqua que le guerrier avait esquivé la question. Sans paraître impoli, il insista.
« Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé sur Turvess ? »

Son interlocuteur soupira légèrement. Liam resta muet, laissant son coéquipier parler.
« Le Thul'Odin a été assassiné début de cette année. Si les relations entre Avians et Zéphyrons étaient déjà tendues, la paix tant brandie que feu le Thul'Odin Namir s'est transformée en un château de cartes qu'un coup de vent ferait tout basculer. La Jho'baal m'a demandé d'y retourner pour enquêter et tenter d'éviter la casse, sachant que je sais déjà où chercher. » Une pause. « Inutile de te dire que si les Avians décident de marcher sur Zéphyr, il y aura un véritable génocide. De nombreuses morts inutiles ou innocentes. Je ne sais même pas si c'est une bonne chose que le Conseil intervienne, car certains Ralois de Zéphyr jouent aux terroristes et il pourrait prendre le parti de leurs interlocuteurs financiers et commerciaux - à savoir Aviana. »

Ythaq laissa ainsi volontairement quelques secondes de silence, qu'il combla en lâchant :
« Rien n'est tout blanc ou tout noir dans cette situation. Je dois y mettre un terme. Il faudra qu'elle sache que pour cette fois-là, ce ne sera probablement pas que pour du tourisme. »

Puis, Ythaq entendit des bruits de pas derrière lui, alors qu'il attendait la réaction de Steve.

Kaan Kaiser

Personnage RP
Faction : Indépendante - Vétéran de l'Alliance
Rang :
Kaan Kaiser
Membre
Messages : 67
Crédits : duster132

Good Morning Turvess Empty
MessageSujet: Re: Good Morning Turvess   Good Morning Turvess Icon_minitimeJeu 05 Mar 2015, 02:57



Good morning Vietnam…
Je vois mon pays – car oui, c’est mon pays -, être victime d’une autre guerre comme celle qui l’a frappé à la fin de ce XXe siècle qui me passionne. La réflexion que je ne suis pas née à la bonne époque me frappe encore, et avec elle, tous mes échecs dans cette vie, ce que j’ai fait de cette époque, et ce que cette époque a fait de moi. C’est en partie à cause de la Guerre du Vietnam que mes parents ont souhaité que je devienne biotique. Profondément concernés par l’histoire de leurs aïeuls qui eux, avaient connu ce conflit – ce sale temps pour l’humanité comme aurait dit Nicolas-, ils voyaient un la biotique, une force supérieure, un moyen pour que l’individu s’élève. Ils ont tout fait pour maquiller mon sacrifice de la plus belle des façons. Je les voyais presque. En réalité, je les voyais si clairement, affolés, et tremblants d’exposer leur enfant in utero aux radiations d’Ezo. Et l’incrédulité de mon père quand il s’est aperçu que son premier – et pensait-il unique- enfant ne soit pas un garçon. Qu’importait pour lui, même en me voyant grandir, il a essayé d’effacer cette vérité. Et ma mère qui ne savait même pas encore si c’était une bonne décision que de faire des enfants avec cet homme. Manifestement. En rien cela ne les avait dérangé de décider de ma nature aussi intimement. Jamais une fois au cours des années et du temps que j’ai passé avec eux n’est venu une once de regrets, ni de doutes. Comme si c’était aussi vital et naturel pour l’élévation sociale, que d’apprendre à lire. Le seul regret que je voyais dans les yeux de mon père, c’était celui du comportement que j’avais eu, radical parait-il. Dans ses dernières années, il jouait toujours avec cette victimisation de vieux perdu. Et moi, avec toute la rage de ma jeunesse, il ne faisait que répugnait tous les principes que j’ai construit pour moi. Et même aujourd’hui, maintenant qu’il est mort, je n’arrive pas à lui pardonner. Ce n’est pas comme dans la chanson de Daniel Guichard, où on repensant à tout ça, j’aimerai qu’il soit près de moi .


Peut-être que c’était cela ma plus grande erreur. De n’avoir jamais réussi à pardonner.
On a beau dire, et surtout, on a beau croire, on revient toujours à nos origines, qu’elles soient honorées ou honnies, elles sont les premières racines de l’être qui le lie à son destin. Maintenant qu’à 34 ans, j’ai vu les schémas et les situations se répéter sans que cela n’ait jamais d’autres issues qu’une marque de plus sur un être usé, destitué de ses réussites et abîmé de ses erreurs. Quoi qu’il en soit, je suis fatiguée, et c’est mon heure. Le verre réchauffé par ma main l’entourant, je regarde quelques fois dedans alors que le Raloi entame son récit. Heureusement, à cette heure, les ombres nous cachent un peu. Les ombres habitent et emplissent nos visages, leur accordant pardon et repentance. Les ténèbres me protègent, autant qu’elles se repaissent de moi et de ma condition d’animal nocturne.


Les images venaient simultanément aux paroles d’Ythaq’Fi. La prestance que j’attendais du Raloi était là. Il n’avait aucune peur de soutenir mon regard tour à tour avec les quelques autres encore réveillés à l’écouter. Sans y penser, je levais mes yeux et croisai le regard de Latan. Il gardait sur le visage, sa dureté habituelle. Je savais cette dernière nature première et façade chez le Polonais, mais force est de constater qu’après toutes ces années, mon être l’intéressait encore. Il ne m’avait peut-être toujours pas cerné, dans tous mes errements, mes réactions qui n’obéissaient à rien.


« Rien n'est tout blanc ou tout noir dans cette situation. Je dois y mettre un terme. Il faudra qu'elle sache que pour cette fois-là, ce ne sera probablement pas que pour du tourisme. »


Manifestement, nous n’avions pas à faire à n’importe quel Raloi. J’avais vu en lui pendant toute la soirée tous les « codes », les attitudes justes. Ses réactions qui ne vous étonnaient guère mais qui n’en étaient pas pour autant prévisibles. Il maîtrisait le rythme dans ses paroles, à mon instar. Je voyais en lui une personnalité sociale empli d’aisance, qui savait gérer l’énergie qu’il partageait avec les autres. Et une nouvelle « coïncidence » tombait alors. Ythaq’Fi Hyasin était un des Raloi les plus importants de la galaxie, capable de faire bouger les lignes. Cependant, je ne tombais pas dans l’exaltation. Ici, je sentais que c’était le rôle de Steve. Bien sûr, ce processus d’ajustement comportemental aurait dû se passer exclusivement dans mon subconscient, cependant, il y a un moment où l’on se connaît trop, où l’on a trop trainé avec soi-même. Par cette rencontre avec l’éclaireur-guerrier, là encore, je voyais comme une vieille et lourde évidence, la marque du Destin. A ma gauche, Steve soupira. J’anticipais sa prise de parole, et par le même mécanisme, son accent québécois. Même après douze ans d’amitié, je ne m’étais toujours pas lassée. Cela ajoutait de l’intérêt à tous ses propos. Et il se tordait, s’étirait selon le caractère des paroles, que le registre soit sérieux, dramatique, tendu, didactique, humoristique ou banal. L’écouter était agréable. Il était intelligent, drôle, et fort en gueule. Il recevait les paroles du Raloi avec peine et fatalité. Et moi-même, ses dires me renvoyaient l’image du génocide rwandais dont personne ne se souvient, dont tout le monde se foutait, même à l’époque. On ne parlait que des juifs, que de l’horreur de la Shoah. On oubliait que la guerre d’Algérie ou la guerre du Vietnam avaient aussi été de sales temps pour l’humanité.


« On a quelques millénaires d’histoire sur Terre.. Et les hommes n’ont jamais retenu les leçons du passé. Ils sont incapables de se souvenir. Mais des hommes se sont sacrifiés pour que des conflits cessent, ou ne commencent jamais. Je n’aurai jamais pensé que je rencontrerai un « homme » de cette trempe un jour. Mais j’espère sincèrement que tu n’auras pas aller jusqu’à de telles extrémités pour éviter le génocide des Zéphyrons. »

« Il y a dix ans, tu n’aurais jamais réagi comme ça Steve. Tu n’aurais jamais dit ça. Alors de ce que j’ai compris, on y va avec le Lightbringer ? Vous pouvez prendre combien de personnes ? »


Le concerné me regarda avec un air indescriptible. On ne le savait que trop, sous la surface de la conscience. Puis des pas se furent entendre derrière le dos d’Ythaq. Une ombre, une toute petite sortit des ténèbres et attaqua le Raloi pour lui arracher une plume, se reculer et l’observer sous tous les angles. Je lâche un léger un rire, tout le monde sourit tranquillement, un air légèrement désolé adressé à l’invité importuné. L’éclairage tamisé d’une nuit avancée assombrissait encore le teint hâlé de la petite fille de quatre ans. Une peau assez bronzée, des yeux bridés et des cheveux d’un noir indiscutable.


« Fais pas attention, c’est ma petite sœur. » Une légère pause alors qu’Ythaq’Fi, Liam et l’équipage dirigent leur regard vers moi. « Nan, je déconne, c’est la petite fille adoptive de Madhava. »

« Je m’appelle Kalena ! » proteste t-elle avant de reporter son attention sur la plume fraîchement chapardée.

« Kalena ! Reviens ici, c’est l’heure de te coucher ! Tonton Keshak va te raconter une histoire. » dit le Krogan en sortant de l’ombre qui dominait le couloir qui menait aux dortoirs, les bras tendus dans la direction de la petite fille.

« Et rend sa plume au Monsieur ! » déclara un membre de l’équipage provisoire en imitant le timbre guttural de Keshak.

Au cours du dynamique échange entre les personnes présentes, je me suis levée et suis maintenant aux côtés d’Ythaq’Fi, posant une main légère sur son épaule en regardant les deux nouveaux arrivés.

« J’ai cru comprendre que tu avais pas mal rouler ta bosse. Mais est-ce que le baroudeur que tu es a déjà vu un Krogan changer une couche ? »

Quelques-uns rient et je les rejoins. Ma main quitte l’épaule de l’éclaireur-guerrier pour protéger mon visage du projectile improvisé que m’envoie Keshak. Ce dernier fronce les sourcils en me fixant. Je fais quelques pas dans sa direction avant de tapoter son immense joue en disant :

« Allons mon vieux, fais pas cette tête ! Qui aurait cru que le grand Urdnot Keshak deviendrait un papa poule ? »

Il grogne légèrement comme seule réponse et prend la petite dans ses bras, toujours fascinée par la plume du Raloi, puis repart dans le couloir avec Kalena. Pour ma part je me retourne vers la table et énonce d’un ton d’affirmation clair, mon regard droit dans les yeux d’Ythaq’Fi :

« Je pense pouvoir être utile sur Turvess. Vous êtes des amis maintenant. On vous aidera du mieux qu’on peut. »

Latan et Steve acquiescent silencieusement.

« Aller, bonne nuit tout le monde. »

« Bonne nuit. »





Mes yeux se baissent sur mes mains. J’ai calmé les choses. Je les ai endormi, à l’instar de ma haine. Le BLAST reste un monstre dormant. Et chaque nuit, je prie pour que les bouddhistes se trompent. Quand sous ces heures, l’inavouable fait trembler ma mâchoire.
Dans l’air froid et grave de ma cabine personnelle, il n’errait qu’un silence statique, siège d’un esprit qui n’arrivait pas à trouver le repos. Il est venu me rendre visite, une seule fois. Dans les deux premières années de mon cursus spécialisé et excessivement éreintant à l’Académie Grissom. Une visite par devoir de sang, une visite pour dire que, une visite pour que son besoin d’être socialisé se convainc qu’il aimait son premier enfant, malgré tout. Une visite où toute ma haine a ressurgi, où toute ma colère s’est déversée, féroce, comme un animal qui attend que sa proie s’offre à ses crocs.


Ah ! te voilà toi
Mais n'te prends pas pour le père prodigue
Pour ton retour la table est vide
On n'a pas tué le veau gras
Ce serait beaucoup trop facile
De revenir d'un pas tranquille
Dans ce qui n'est plus un chez-toi
Tu peux regarder, va
Tu n'verras rien qui t'appartienne
Pas un objet qui te retienne
On t'a effacé de nos joies
Comme toi tu nous effaças
Tu peux fouiller
Tu n'trouveras rien qui t'appartienne
Pas un objet qui te retienne
Ni ne te retiennent nos bras
Ta place n'est pas sous notre toit
Ta place n'est plus sous notre toit



Les paroles sont sortis en murmures, rendus imparfaits par les larmes silencieuses de la profonde nuit. Il n’est plus jamais revenu. Et en y repensant, c’est la dernière fois que j’ai vu quelqu’un de cette ancienne famille en chair et en os. Quand je suis revenue sur la Terre natale, en héros de guerre biotique, reconnue et respectée, comme ils l’avaient si ardemment souhaité, ils faisaient déjà partis des victimes de guerre, comme leurs aïeules. Je souris. Même leur fierté posthume m’est un fardeau.




Le Lightbringer avait un aspect atypique. Je l’avais compris bien avant, mais ce détail confirmait le fait qu’Ythaq’Fi et Liam Harwick n’avaient rien de banal. Il faut une petite demi-heure pour s’installer, et déjà, le vaisseau commence à voyager dans l’espace interstellaire. Je vois le vaisseau s’éloigner. Je refuse d’y voir des moments passés, des erreurs faites de nouveau, ou les résurrections passées d’avant-hier. Je refuse de me laisser aliéner de nouveau par le temps. Même si la galaxie ne veut point me donner raison, je sais qu’il ferait soleil, je sais que ce serait le jour actuellement, en France. Il est des convictions indispensables à l’être que ce dernier ne laissent pas briser par les réalités froides des dimensions. Je n’étais, de toute évidence, pas d’humeur bavarde. Du poste de pilotage, aux côtés des deux habitués des lieux, je regardais les étoiles défiler. Nous fendions le vide à une allure qui dépassait le ressenti humain. C’était ainsi délivré de la notion de temps qu’au bout d’un certain moment, une planète verdoyante fit son apparition derrière le verre. Nous approchâmes du satellite. Comme le Raloi avait précédemment expliqué, une simple vaccination serait nécessaire contre un virus aviaire. Cela me rappelait vaguement une anecdote du début du XXIe siècle, quand Roselyne Bachelot et Rama Yade avait gaspillé un million pour des vaccins contre la grippe H1N1, soit la grippe aviaire. Le climat politique avait commencé à dégénérer après Mitterrand, qui confiait alors à sa secrétaire alors que son mandat touchait à sa fin : « Je suis le dernier des grands présidents. »


Le passage à Sliru fut rapide, et relativement inutile à détailler. En cause, mes pensées, occupées ailleurs, mon esprit, voltigeant dans une matière volatile que composaient le mélange des trois conscients. Pour l’heure, si j’avais une seule certitude, c’était que le Destin n’allait pas tardé à me parler et révéler un peu plus ce qu’il me réservait. Nous rejoignons à nouveau le Lightbringer pour effectuer les derniers 400 000 km qui nous séparait de la planète d’origine des Ralois.


Good Morning Turvess…




Ythaq'Fi Hyasin

Personnage RP
Faction : Castes du Zéphyr
Rang : Eclaireur-guerrier
Ythaq'Fi Hyasin
Membre
Messages : 314
Crédits : Moi-même (inspiré d'un Raloi de DeviantArt)

Good Morning Turvess Empty
MessageSujet: Re: Good Morning Turvess   Good Morning Turvess Icon_minitimeDim 08 Mar 2015, 15:18

« J’ai cru comprendre que tu avais pas mal rouler ta bosse. Mais est-ce que le baroudeur que tu es a déjà vu un Krogan changer une couche ? »

La prise de parole inopinée eût l'effet d'une bombe dans l'esprit du Raloi. Cela s'était déjà produit dans la soirée, quand il croisait son regard aux nuances presque animales. Cette femme n'était pas commune, et avait attiré l'attention d'Ythaq'Fi. Pour cause, non seulement il s'agissait du sous-capitaine du vaisseau, mais la principale concernée pour venir avec eux sur Turvess. Cette planète n'était pas destinée aux amateurs.

L'intuition de Hyasin lui hurlait qu'elle ne faisait pas partie de cette catégorie de personnes. Cette réaction, qui venait après un discours plein de bon sens de la part de Steve, mit ses sens en éveil, jusqu'à présent inhibés par la fatigue de son horloge biologique et sociale. Cependant, peut-être pas suffisamment, car la petite Kalena, la petite fille adoptive d'un membre d'équipage, arracha discrètement une des nombreuses plumes du Raloi. Pour l'amusement général et le plaisir jubilatoire de la petite fille. Ce n'était pas la première fois qu'on faisait attention à ses plumes, son bec, sa carapace naturelle ou encore ses ailes. Les Ralois n'étaient encore que trop peu connus dans la Galaxie, et il était difficile pour lui de se faire discret dans des environnements à grande foule. Il avait donc adapté ses manières de se déplacer, d'observer et de réagir dans ces zones précises. L'armure y aidait beaucoup, bien que la nouvelle n'avait rien de très discret. Il devrait s'habituer de nouveau, ou bien conserver une armure pour les environnements plus urbains et où la discrétion est nécessaire.

La petite Kalena avait donc rendu par la suite la plume a celui dont elle l'avait retirée. Alors qu'Ythaq tenait dans une de ses pattes la plume retirée plus tôt, une main se posa sur son épaule. En tant que Raloi, de manière générale, il apportait une valeur particulière au toucher, chose que très peu de personnes partageaient dans cette galaxie individualiste et auto-protectrice. Non, pour lui, le toucher renseignait autant sur son attitude que sur celle de son interlocuteur. Kean ne le savait peut-être pas, mais il recevait quantité d'informations sur ce simple posé de la main. En revanche, elle n'était probablement pas réceptrice des informations qu'Ythaq pouvait lui transmettre.

« J’ai cru comprendre que tu avais pas mal rouler ta bosse. Mais est-ce que le baroudeur que tu es a déjà vu un Krogan changer une couche ? », dit-elle alors que sa main quitta l'épaule de l'éclaireur-guerrier.
« Il faut bien une première fois à tout. », se joignit-il a l'amusement général.

Puis elle revint, quelques secondes après le départ de la petite fille et de Keshak. Yeux dans les siens, elle avait énoncé.
« Je pense pouvoir être utile sur Turvess. Vous êtes des amis maintenant. On vous aidera du mieux qu’on peut. Aller, bonne nuit tout le monde. »

Elle inspirait une aura particulière, difficile a cerner pour le moment par le poulet. Les choses se faisaient bien, car Ythaq eût l'impression qu'elle serait un atout particulier pour la suite des évènements. Le destin ? Non. La clairvoyance.


***




Le voyage avait pris un certain temps. Kean Haygen n'avait pris que peu de temps pour s'installer dans le Lightbringer, pendant que Liam profitait de ces instants pour mettre un peu d'ordre dans différents endroits du vaisseau. En effet, son vaisseau avait très rarement - voir jamais - accueilli autant de personnes en même temps de manière prolongée, ayant pris l'habitude de voyager en solo. Ythaq'Fi avait rompu cette habitude mais avoir une femme a bord en plus rendait la chose réellement atypique pour le contrebandier. Néanmoins, bien que le voyage allait durer longtemps, le temps ne s'était pas interrompu pendant.

Kean Haygen s'était révélé peu bavarde, se contentant de s'occuper de ses affaires et de contempler les étoiles. Pourtant, ce n'était pas les tentatives de Liam qui manquaient, par conséquent, le contrebandier et le Raloi avaient pris le monopole de la conversation, discutant de façon routinière comme depuis qu'ils étaient coéquipiers. Ythaq'Fi espérait que Turvess délierait la langue de l'invitée curieuse.
A dire vrai, l'éclaireur ne savait pas ce qu'il allait y trouver. Cela faisait un peu moins de deux ans qu'il avait quitté sa planète, et, au vu des évènements de ces dernières années, tout pouvait avoir basculé en un rien de temps. Il espérait au fond de lui que tout n'était pas perdu. Car si la guerre se déclenchait officiellement, le compte a rebours serait lancé, et chaque minute passée signerait la fin de la nation de Zéphyr telle qu'il l'avait connu depuis sa naissance.

Pour faire preuve de courtoisie et d'attention envers l'invitée du Lightbringer, le guerrier décida de déposer la plume arrachée plus tôt par la petite fille sur le vaisseau de Kean sur sa table de chevet adjacente à sa couchette. Une sorte de créateur de contact et de premier souvenir. Sa tentative serait probablement vaine, Ythaq demeurait néanmoins convaincu du bienfondé des essais.

Un premier relais cosmodésique fut passé. Puis un autre... Le poulet n'avait pas deviné que la route entre le système Hélios et la Nébuleuse de l'Aigle fut aussi long.


***




Alors qu'il était allongé sur sa confortable couchette, rêveur et pensif, son omnitech se déclencha avec de nombreux bips sonore. C'était un appel Extranet. Peu de personnes disposaient de ce canal là, il s'agissait donc de quelque chose d'important. Peu perturbé, Ythaq'Fi activa la conversation.

« Oui ? »
C'est à ce moment-là, quand la fenêtre holographique de l'omnitech s'activa et qui révéla son interlocuteur, qu'il exprima une expression de surprise.
« Nelar'Fi ? Pourquoi m'appelles-tu ? », s'enquît-il.
« Salutations Ythaq'Fi. Tu as eu des nouvelles de Turvess ? »
« J'y suis en route à l'heure où je te parle. »
« Le Thul'Odin est mort depuis plus d'un mois et demi, pourquoi y aller que maintenant ? »

La question était censée, après tout, Ythaq'Fi aurait très bien pu accourir auprès des siens juste après la chute de feu Tuyir'Tha Namir. Excepté qu'à ce moment-là, entre le blackout d'Oméga et la réception d'Illium, il avait été assez occupé.
« Cela ne te regarde pas, je le crains. »
« Enfin, peu importe. Je sais que tu as déjà enquêté là dessus il y a une paire d'années, donc tu sais très bien qu'il ne faut pas que tu y ailles. Ils t'attendent au tournant. Ta mission est ailleurs, comme nous autres Rash'ans, éclaireurs-guerriers. Tu y vas de ta propre initiative, ou la Jho'baal te l'a ordonné ? »

Hyasin connaissait Nelar'Fi Tretissan depuis longtemps. Les Rash'ans, éclaireurs-guerriers, avaient été mandatés par le précédent Thul'Odin pour explorer la galaxie, accompagnés d'une mission double : renseigner et se renseigner. La nuance était importante : il fallait que les Ralois se montrent, et que les Ralois apprennent. Une douzaine de Ralois avaient donc été rassemblés au palais de Zéphyr, y compris certains guerriers Avians de confiance, afin de leur expliquer leur future mission. Depuis 2189, ils écument la galaxie, rendent des rapports réguliers, rendent services et espionnent. Cela peut aller du groupe mercenaire lambda, au gouvernement spatial en passant par une guilde commerciale classique. Douze Ralois pour cette mission peut sembler bien faible, mais le maître mot était "discrétion". Discrétion que, malgré leur nombre, certains avaient déjà rompue. Ythaq'Fi par deux fois, et d'autres aussi par certaines actions audacieuses.

Les Rash'ans actuels avaient été choisis par le Thul'Odin, aidé par le Solat (le cercle des anciens), pour être ensuite délégués au commandement de la Jho'baal sur la Citadelle. Qui mieux qu'elle pouvait connaître la situation galactique et savoir où envoyer ses pions. Car, malgré leur autonomie et leur grande marge de manœuvre, les Rash'ans demeuraient des pions. Des armes. Pour assassiner, commercer, exécuter de la diplomatie, espionner ou exécuter certaines missions particulières ordonnées par l'ambassadrice Ranem'Tha.

L'inquiétude de Nelar'Fi était donc compréhensible. Ythaq'Fi eût un très bref moment d'hésitation pendant lequel il retourna la question dans tout les sens : fallait-il dire la vérité ? S'il ne la disait pas et qu'ils l'apprenaient, ils pourraient lui en vouloir, et ensuite voir sa légitimité et sa confiance réduite. D'un autre côté, s'il disait la vérité, ils seraient probablement tenté de se rassembler pour aider Ythaq'Fi dans sa tâche. Dans ce cas-ci, ce seraient les Rash'ans dans leur ensemble qui perdraient légitimité et confiance vis à vis des instances décideuses. Il se résolu a la dévoiler, advienne que pourra.
« La Jho'baal m'a demandé d'enquêter et de faire interposition si le conflit venait a éclater. », dit-il, grave.
Nelar eût un moment de silence.
« Dans ce cas, nous te rejoindrons. Notre peuple a besoin de nous, et nous avons le crédit nécessaire pour empêcher cette guerre. »
« Est-ce bien pertinent ? Je te rappelle qu'il y a des Avians parmi les Rash'ans. On ne peut pas être partial ici. »
« Parce que tu ne le seras pas, toi ? Cesse de te sentir invincible, tu n'y arriveras pas seul, regarde déjà ce qu'il s'est passé la dernière fois. »

Ythaq'Fi dû se résoudre a lui donner raison. Virn, espion Avian, l'avait dirigé sur une piste, trois ans plus tôt, l'enquête l'amena dans un piège qui avait nécessité l'intervention d'un autre Rash'an. La piste avait ensuite été perdue, sans savoir le pourquoi du comment. Pire, la suite des évènements avait rendu la situation plus floue encore. La culpabilité d'origine revenant au gouvernement Avian, puis à un groupe isolé Avian, ensuite à des extrémistes Zéphyrons, pour revenir sur les deux nations... Rien n'avait donc été décidé. Le Thul'Odin, au courant de l'enquête d'Ythaq, n'avait rien lancé de plus, de peur que les Avians ne l'utilisent comme prétexte pour lancer l'offensive.

« ...Soit. Sais-tu s'il y en a déjà sur place ? »
« Oui, il n'y a personne. Ranem'Tha nous redirige systématiquement ailleurs. Tu pars en éclaireur là-bas et nous tu donnes un compte rendu sur le réseau privé. En ce qui me concerne, je pars aujourd'hui te rejoindre, j'arriverais probablement demain. Je vais essayer de faire passer le message aux autres. »
« Elle s'en rendra forcément compte, non ? »
« Nous sommes des guerriers, on s'adapte pour vaincre. Nous trouverons un moyen de nous défiler sans qu'elle s'en rende compte, ou alors, au plus tard. Dans ce cas, il faudra probablement définir dans quel camp se trouvera-t-elle, et agir en conséquence. »
« Parfait, je te rappelle une fois sur place. »
« J'attendrais ton appel. »

Puis il fut déconnecté de son camarade éclaireur. Voilà qui allait changer quelque peu la donne. Il en ferait part à ses compagnons une fois arrivés sur la planète. Quoi qu'il en était, ils attendaient son compte-rendu initial. Il se rallongea sur sa couchette, méditant sur la suite des évènements.


***




On est dans le sous-système, on a été redirigés vers Sliru., lança Liam sur les hauts parleurs du vaisseau. Ythaq se leva et se déplaça jusqu'au poste de pilotage, puis il s'installa dans le siège de copilote. Une énorme boule verte leur faisait face. Magnifique, insondable, d'aussi loin, on aurait presque l'impression qu'un large banc de gazon recouvrait l'intégralité de la planète, et que Sliru en était une simple boule grise se déplaçant sur sa surface.

« Tu sais que je suis pas fan ni des contrôles, ni des piqûres ? »
« Soit c'est ça, soit tu risques de mourir dans d'atroces souffrances, à toi de voir. », répondit-il avec un sourire entendu.
Kean les rejoignit quelques secondes plus tard, observant ainsi la planète et son satellite. Elle ne dit pas mot de plus, se contentant s'esquisser un discret sourire, repéré par le poulet qui n'y réagit pas. Ythaq'Fi, se souvenant de sa conversation avec Nelar quelques heures plus tôt, dit au pilote.

« Quand tu atterriras à Sliru, s'il te demandent s'il y a un Raloi a bord, tu leur dis que non, et tu demandes juste le vaccin. Je t'ai déjà rentré une clairance modifiée pour qu'ils n'aient pas a contrôler ton vaisseau. Vous faites juste les vaccins, et on va à la surface. Je t'expliquerais plus tard. »
Liam fronça les sourcils, inquiet, mais il fit confiance à son équipier, et répondit juste un « Ça marche » en guise d'acquiescement. La clairance était en fait l'autorisation accordée par la Jho'baal afin qu'il puisse rapidement atteindre la surface de Turvess sans subir de contrôle. Celle-là prenait pour base celle fournit par Ranem'Tha, mais modifiée afin que la clairance n'éveille pas de soupçons ni n'informe les organismes de contrôle de l'espace qu'Ythaq'Fi était à bord. L'on était jamais trop sûr, même si cela ressemblait carrément à de la paranoïa pour Liam.

Ils atterrirent donc sur Sliru, et, grâce à la clairance, n’eurent pas a vérifier le Lightbringer. La colonie Raloise sur le satellite était assez petite, le plus grand intérêt de la planète demeurait d'ordre scientifique, économique et de contrôle de l'espace. Il y avait bien une zone vie, où des quartiers d'habitations avaient été construits mais peu de personnes s'installaient de façon permanente sur le caillou rocheux. Ils ne servaient qu'aux ralois concernés par les études, le personnel des zones de contrôle du spatioport, et pour les étrangers en transit.

« Ils sont bizarres tes congénères, tu sais ? », fit Liam en revenant avec Kean au poste de pilotage, remettant les moteurs en route.
« Ce sont les Avians, c'est normal. », disait-il, la phrase parlant presque plus à lui-même qu'à Liam.

Puis ils prirent la direction de la surface, Turvess se rapprochant de plus en plus du regard intéressé de Liam, fasciné de Kean et concentré d'Ythaq.


***




En premier lieu, ils survolèrent sa surface de la planète, celle-ci révélant alors ses gigantesques vallées vertes et recouvertes de jungles, parfois tâchées de lacs, ou traversées de rivières pour rejoindre de très grandes mers éparses. Le contrôle de l'espace les redirigea vers la vallée Urlith, à savoir, la vallée où était implantée la mégapole-capitale planétaire, Aviana, et plus précisément, le spatioport d'Idaël. Le spatioport était le point d'entrée et de sortie principal majoritaire de la planète pour les flux commerciaux et de personnes. Le complexe était gigantesque, car jouant un triple rôle de spatioport (avec les composantes commerciales, diplomatiques et économiques), de chantiers navals et de construction de véhicules au sol.

Autrement, à côté du dit complexe, la vallée était grande et encore emplie de forêts et jungles qui donnaient ce vert et cette verdure puissante à la planète. Plus loin, sur le flanc de la montagne, se dressait en bâtiments, en plateaux, niveaux et en tours l'impressionnante Aviana.

Ythaq n'aimait jamais passer par ici. Trop de monde, trop de bruit, trop de risques. Liam le remarqua, et glissa un bref « Ça va bien se passer » à son camarade plumé. Le concerné lui fit un signe de la tête afin de le rassurer et le remercier. La clairance modifiée fonctionnant, ils purent atterrir sans encombre dans un plot a l'écart dans le spatioport. Celui-ci, malgré son architecture "raloi-isée", n'avait guère rien d'impressionnant, en tout cas aux yeux d'Ythaq. Ils sortirent du vaisseau, et Liam remarqua que le vaisseau était en train d'être verrouillé au plot sur lequel ils venaient d'atterrir.
« Ne t'inquiète pas, c'est une mesure de sécurité. Seule la vallée où nous sommes est autorisée à être survolée, il nous faudra de toute façon utiliser des véhicules au sol pour rejoindre Zéphyr dans un premier temps. Nous récupèrerons le Lightbringer lorsque nous quitterons la planète. »

Cette idée ne plaisait clairement pas au contrebandier, et a raison. Si Zéphyr aurait pu être survolée, ils l'auraient directement rejointe par les airs. Ils auraient aussi pu rejoindre directement Aviana avec le vaisseau, mais le but était de ne pas trop attirer l'attention. Surtout qu'ici - en tout cas en dehors du spatioport - c'était davantage Liam et Kean qui attireraient l'attention qu'Ythaq.

Ils déambulèrent dans le spatioport, redirigés vers la sortie vers une sorte de parking où étaient disposés des jetspeeds, sorte de petits véhicules monoplace a poussée antigrav afin de pouvoir circuler avec facilité dans les jungles de la planète. Une fois les jetspeeds en main, Ythaq, suivi de Liam et Kean, s'élancèrent pour pénétrer dans le cœur de la vallée, découpée par de nombreuses routes dû à l'industrie Aviane dans le secteur.

Ils firent rapidement cinq minute de voyage sur la route principale entre le spatioport et Aviana, jusqu’à arriver dans un petit hameau où était disposé un service de rafraîchissement et deux-trois magasins, accompagnés par une petite zone d'habitations. Une sorte d'aire de repos, en somme. Après s'être déportés dans un coin tranquille, Ythaq, toujours assis sur sa jetspeed, s'adressa à ses coéquipiers.
« Bon, bienvenue a Turvess ! », fit-il dans un premier temps, presque heureux de l'annoncer. « On va dans un premier temps se diriger vers Zéphyr en passant par Aquilons. C'est là-bas qu'on en saura plus sur la situation actuelle, et que tu pourras davantage observer la planète sous sa face la plus préservée. » dit-il en s'adressant cette fois-ci a Kean. « Mais d'abord, on fera une halte à Aquilons, à la frontière entre Zéphyr et Aviana. Comme ça vous pourrez découvrir un peu la zone. On se posera là bas en espérant ne pas rencontrer de soucis sur la route. »

Puis les jetspeeds se remirent en marche, pour filer en direction de la ville-frontière. La route était bien pratiquée par d'autres véhicules dont d'autres plus imposants, mais Ythaq remarqua qu'un jetspeed a coque fermée les suivaient depuis leur halte une heure plus tôt. Il jetait des regards réguliers, puis, voyant le jetspeed de Kean plus proche de lui que Liam, lui dit.
« Je crois que nous sommes suivis ! »

Kaan Kaiser

Personnage RP
Faction : Indépendante - Vétéran de l'Alliance
Rang :
Kaan Kaiser
Membre
Messages : 67
Crédits : duster132

Good Morning Turvess Empty
MessageSujet: Re: Good Morning Turvess   Good Morning Turvess Icon_minitimeDim 15 Mar 2015, 23:55



La synergie qui existait entre les deux occupants du Lightbringer m’apparaissait de plus en plus clairement. Le pied posé sur Turvess, l’air turvessi flatta mes poumons encore plus agréablement que je ne l’avais imaginé. Steve, encore une fois, ne s’était pas trompé. Sans le savoir, le même sentiment d’oppression m’étreignait alors que nous parcourions le spatio-port d’Idaël. Connaissant la situation politique des Ralois, le sentiment que quelque chose pouvait se passer à chaque instant me maintenait dans une paranoïa légère. J’étais sur mes gardes. Mes vieux réflexes de Krav Maga, restés, planqués sous ma peau, refaisaient surface. Toute la conception turvessi révélait un bon goût architectural. C’était agréable à la vue. Ce qui n’était pas souvent le cas d’un parking. Le fonctionnement des jetspeeds était intuitif. Je n’eu aucun mal à faire démarrer l’appareil et commencer à entamer la route qui nous menait à la ville natale d’Ythaq. Mes rapports restaient cordiales avec lui, à défaut d’autre chose. L’excentricité du premier soir avait vite disparu devant les assauts inconstants de mon énergie, tantôt défaillante, tantôt invasive. Je me méfiais des gens qui attiraient trop de succès, qui paraissaient sans fausse note. Je guettais l’aspérité comme une première preuve de confiance. La sincérité venait souvent avec l’aveu de l’imperfection. Cependant, je gardais le souvenir de la plume laissée à côté de ma couchette comme une preuve de ce qu’il était. Vrai, entier, et particulièrement intelligent.
Je pense pouvoir l’avouer, je ne l’ai pas vu venir, celle-là. Le profond respect que j’avais envers le Raloi avait trouvé une base concrète sur laquelle se construire. Au fond, je savais que ce n’était qu’un prétexte. Comme toutes ces rencontres qui relevaient de l’évidence. Où tout était déjà là, et où il ne restait plus qu’à trouver des preuves tangibles dans cette vie à une telle fulgurance de connexion entre deux personnes. Comme ça avait été le cas pour Pierre, Ghaïs, Joshua, Tony, Brendalyne et Margot. Et tous ces autres. Ceux de mon équipage. Ceux de mes vies précédentes qui composaient celle que j’avais entre mes mains à cet instant-là. La seule différence était entre ceux qui restent, et ceux qui partent. Il n’y avait pas de connexion innée entre Ythaq’Fi et moi, mais une entente installée, silencieuse et implicite. Le lien cordial que j’entretenais avec lui n’avait rien de froid, et rien de chaleureux encore. Quant au capitaine du Lightbringer, il semblait bien moins singulier que son ami aviaire quand même il avait une personnalité forte, elle ne vous marquait pas pour autant. Leur compagnie à tous les deux était pourtant chose agréable. Ils découlaient tous les deux du Feu.


Le ciel était lourd. Les nuages commençaient à s’amonceler. Voilà ce que je ressentais depuis que j’avais atterri sur la planète. Ce jour avait tout d’un jour pluvieux. La lourdeur de l’air, les choses qui commençaient à s’accumuler, et la mélancolie de ce gris qui recouvrait les gens et le paysage. Ce temps agitait souvent des choses en moi. Je ne le sentais pas consciemment. Mais quelque chose piégeait mon esprit. Les choses commençaient à devenir lourdes. Quelque chose de statique se faisait ressentir dans l’air. Il me fallait parfois faire un effort conscient pour me rappeler que cette planète n’était pas la Terre. Aussi incompréhensible que cela puisse paraître, je n’avais eu que très peu d’amants quand je n’étais pas sur Terre. J’étais fermement attachée à ma planète d’origine comme pouvait l’être Ythaq’Fi avec la sienne. Cependant, la mienne était bien moins présentable. Bien plus moche, bien plus ancienne, et emplie d’Histoire. De massacres sanglants, de destinées maudites ou héroïques. De guerres, d’art et de religions. Cette bonne vieille Terre. Qu’Isaac Asimov faisait chercher à Trevize. Elle porterait à jamais les cicatrices des attaques de Moissonneurs. Comme autant de preuves qu’il avait vécu trop longtemps, et que la race qui s’y était développée n’avait pas trouvé son équilibre. Quoi qu’il en soit, il me semblait que tout ce que se passait autre part que sur Terre était faux, ou de passage. Comme un éternel retour. Ma véritable vie avait commencé après la guerre des Moissonneurs. Alors que nous avions gagné, et que nous pleurions les pertes. Je devais encore trois ans à l’Alliance, mais mes permissions étaient nombreuses et je les passais toujours sur Terre. A voyager, rattraper ma jeunesse, retrouver mes racines, faire de véritables rencontres humaines. Tout cela m’avait conforté dans le fait qu’il y avait bien plus de diversités en une seule planète qu’il n’y avait dans toute la galaxie. J’avais vu des pianos tomber des fenêtres en Italie, des hommes sauter d’un arbre sacré de 30m pour départager le chef de tribu, les pieds attachés et uniquement retenus par des lianes, vu l’Amazonie renaître de ses cendres, et que dire des aurores boréales ? Parfois je m’étais installée en des lieux. J’avais construit une sorte de stabilité, pris des habitudes, que je finissais toujours par détruire.


Et puis tout ce que je faisais tendait à le faire disparaître. Mais mon plus grand échec sous-jacent était de ne pas avoir « réussi » à garder un homme qui me correspondait. Et, soyons-honnêtes, ce pan de mon existence était un des plus importants dans ma conception des choses. Même si mon sang asiatique et l’impassibilité habituelle que j’affichais parvenaient prodigieusement à faire oublier cette dimension des choses, elle était là, personnelle, intime, toujours présente. Elle venait me hanter particulièrement la nuit ou les jours de pluie. En tant qu’animal, j’avais un instinct sexuel primaire, écho de mon énergie primal et atavique. Je passais une main sur mon visage. L’habitude me permettait de m’échapper de la situation par des pensées d’ordre sexuel qui n’avaient pour seul but que de me soulager d’un poids s’alourdissant.


« Je crois que nous sommes suivis ! »


La voix du Raloi me tira paresseusement de mes pensées. Cette lenteur excessive était voulue et accompagnée d’une sensualité lourde, indifférente, et dense, qui elle était involontaire. Je jetai un coup d’œil à ce qui ressemblait le plus à un rétroviseur. Je n’avais pas le vocabulaire de Steve en ce qui concernait les engins électroniques. La sensation d’être menacée ne vint pas. En très grande partie parce que le mépris et le mécontentement d’avoir été dérangé dans un court de pensées qui m’apparaissaient très agréables et distrayantes prenaient le dessus. Au vue de l’aura que dégageait la silhouette qui nous suivait, ce n’était pas un ami d’Ythaq’Fi. A moins que mon instinct ne me joue vraiment des tours. Le site était fréquenté. L’axe de communication était emprunté par un certain nombre de véhicules. J’échauffais ma mâchoire. Une froideur peu commune s’imprima sur mon visage. Le relief de la route offrait une opportunité de neutralisation efficace. Enfin, risqué, dangereux, mais il fallait le tenter. Quelque chose me disait de le tenter. Je me déportais sur la limite de la rive droite de la route où les feuillages des arbres centenaires bordaient cette dernière avec une proximité rassurante. Quand notre poursuivant fut dans mon alignement, quasiment exactement derrière moi, à une quinzaine de mètres, je coupai brutalement les moteurs du jetspeed qui vrilla violemment sur lui-même et fut emporté dans l’élan arrière. Une fois projetée à son niveau, j’enserrai la nuque de notre poursuivant et rallumai brutalement les moteurs de mon jetspeed pour laisser le sien se crasher dans les buissons. Ma prise sur lui n’était pas assez puissante pour lui briser la nuque, mais permettait d’être assez désagréable pour sa constitution pour le distraire et amoindrir la chance qu’il ne me porte des coups dangereux au cours de cette furtive neutralisation. La poussée du jetspeed permis de diriger nos deux corps vers le bas de la route, caché à la vue de tous par les arbres turvessi. Cela n’avait pris que quelques secondes depuis le début de la manœuvre. L’atterrissage fut brutal, mais amorti par l’armure légère que je portais. J’avais décidé de ne pas utilisais le mod de Steve qu’il avait prévu en cas de chute brutale et potentiellement mortelle. Il se déployait une barrière fulgurante générée à partir de l’énergie de l’Ezo, l’équivalent d’une barrière biotique instantanée et amplifiée pour une utilisation unique et généralisée. Conditionnée comme je l’étais, je n’attendais pas que la gravité ne finisse de me projeter à plusieurs mètres sur terre pour revenir sur notre poursuivant et l’immobiliser au sol selon une clé traditionnellement utilisée dans la police. Première constatation pas très étonnante, c’était un Raloi. Et bien que la constitution Raloise divergeait de celle des hommes, elle restait anthropoïde et les articulations étaient bloquées de la même manière. Je frappais paume ouverte sur l’oreille du Raloi, ce qui aurait eu pour effet, s’il avait été debout, de lui faire perdre l’équilibre. Ici cela n’avait pour but que de lui faire perdre ses repères, le temps qu’Ythaq’Fi et Liam n’arrivent. Quand le Raloi semblait reprendre un peu de contenance, je l’affligeais d’un coup aux cervicales du tranchant de la main. Je parcourais rapidement sa silhouette du regard à la recherche de dispositifs ou d’armes cachées, quand mes deux alliés arrivèrent, et descendirent de leur jetspeed.


Je me retournais vers Ythaq’Fi lui transmettant le fait que les choses revenaient à lui désormais, et m’écartant lentement de sa direction pour qu’il puisse examiner son congénère Raloi, tout en raffermissant la clé sur l’articulation de son coude pour le maintenir neutralisé.




Ythaq'Fi Hyasin

Personnage RP
Faction : Castes du Zéphyr
Rang : Eclaireur-guerrier
Ythaq'Fi Hyasin
Membre
Messages : 314
Crédits : Moi-même (inspiré d'un Raloi de DeviantArt)

Good Morning Turvess Empty
MessageSujet: Re: Good Morning Turvess   Good Morning Turvess Icon_minitimeLun 06 Avr 2015, 13:44

Sethis, Turvess, 12 ans plus tôt.


« La Raloi'maïm a été bafouée ? »

Il était donc dans cet habitat des plus naturels, creusé dans les larges troncs formant les gigantesques arbres de la flore Turvessi. Ythaq'Fi se sentait à l'aise, confortable. Car, il était chez lui, à Sethis. Son village natal, qui l'a vu naître, grandir, évoluer, gagner en maturité et expérience. Le village était petit, à une petite dizaine de kilomètres de la magnifique Zéphyr. L'on était en 2188, la guerre galactique contre les moissonneurs venait d'être depuis peu remportée, mais peu de Ralois étaient au courant. La "vague rouge" ayant déferlée sur la planète avait été décrite comme "une vague solaire sans conséquences".

Un petit feu avait été allumé dans ces mois plus hivernaux au sein de la pièce, dans un petit endroit prévu à cet effet alors que l'habitat était lui-même en bois traité. La nuit était déjà tombée, et une demi-douzaine de Ralois étaient assis dans la pièce. Le plus âgé, Chel'Fi Hyasin, doyen et père du clan Hyasin à Sethis, était aussi debout face à un de ses fils, à savoir Ythaq. Celui-ci avait alors 17 ans, étant né au jour proche de l'équinoxe, celui-ci allait donc bientôt entrer dans l'âge de maturité. Ses traits et sa couleur contrastaient grandement avec ceux de son père, sa couleur de plume s'assombrissant avec l'âge, tandis que sa pilosité extra-crânienne, elle, blanchissait.

« Oui, Ythaq. Ce ne sont même pas les Avians qui en sont responsable. il s'agit probablement d'un acte isolé de Zéphyrons qui réclament la vérité sur cette "vague". Les Gardiens eux-même ont déjà déclaré avoir eu des soucis avec leur matériel importé d'Aviana suite à la vague. »

La Raloi'maïm est un texte ancien, traduisible par la "Trace du Raloi", rédigé par feu le Thul'Odin Vaeltyr'Fi Mynas en 978, dans la seconde guerre turvessi qui opposa Zéphyr a Aviana. Le Thul'Odin de l'époque avait donc sanctionné les deux nations à la reconstruction des dégâts causés par la guerre - incendies, désacralisations, violations de sanctuaires, détournement et entraînement de bêtes sauvages à but militaire... - tout en instaurant une loi, un texte, qui définirait les statuts des deux villes, désormais désignées comme ethnies puis comme nations. Il s'agissait en sorte d'une charte des droits et devoirs des Ralois sur les comportements entre Zéphyrons et Avians.
A chaque fois qu'elle était en passe d'être brisée ou effectivement brisée - ce qui avait tendance a se produire souvent ces derniers temps - les Gardiens du Sanctuaire et la Caste du Feu en étaient immédiatement avertis, et une décision était prise au cas par cas.

« Qu'est-ce qui a été décidé alors ? »
« Tu n'es pas sans savoir que la Citadelle a repris contact avec les Avians il y a très peu afin de rejoindre les ambassades galactiques. Le Thul'Odin a aussi été invité. Le Thul'baal, sous la pression de la précédente ambassadrice Ar'ika, a accepté. Et une nouvelle ambassade a été fondée sur la station spatiale. »
« Quel est le rapport avec moi ? »
« J'y viens, j'y viens, mon garçon. Tu vas bientôt approcher de l'âge de maturité, l'âge où tes choix prendront le dessus sur la destinée qui t'as été proposée. Le Thul'Odin Tuyir'Tha Namir, pour garder un œil sur les cieux et de comprendre la galaxie dans laquelle nous vivons, a décidé d'envoyer des Ralois l'explorer, sous les ordres de la représentante Ar'ika. »

Tout le monde regardait Ythaq'Fi. Cela faisait plus de deux ans qu'il lui avait été attribué le suffixe des guerriers du Feu, des Ralois qui avaient pris la décision de sacrifier leur vie pour les peuples Ralois. Cette fois-ci, il allait lui être proposé de vouer sa vie aux étoiles.
« Demain, le Thul'Odin va te recevoir, ainsi que d'autres. Il te fera une proposition de destinée, mais ce sera a toi que le choix reviendra. »



***




Turvess, de nos jours.


Ythaq'Fi et Liam avaient rapidement compris que leur invitée allait passer à l'action. L'éclaireur-guerrier apprécia l'audace, mais remis en question la pertinence de son acte. Quoi qu'il en soit, il aurait fallu tôt ou tard comprendre la situation. Le Raloi se convainquit que le plus tôt était finalement le mieux. Ils firent alors demi-tour pour rejoindre leur camarade qui n'avait pas pris de temps afin de contrôler la menace.
En voyant ce qu'elle avait fait de lui, il admira ses compétences martiales. Alors que le désormais prisonnier de Kean se débattait tant bien que mal, Ythaq penchait la tête sur le côté, tentant de déterminer à qui ils avaient affaire. Les hypothèses étaient nombreuses, la plus plausible demeurant un espion Avian. Sinon, un contact par messagerie pour Ythaq aurait fait l'affaire. Il était temps de mettre au clair ce qui se passait.

Entre les gémissements du Raloi et le petit rictus amusé de Liam, le guerrier lança.
« Je te reconnais... tu es Roya ? Il me semblait qu'aucun éclaireur-guerrier n'avait posé patte sur la planète avant moi. », à la fois surpris et inquiet. C'était une éclaireuse-guerrier... Aviane.

Le capitaine du Lightbringer tiqua sur le nom, et glissa à son compère :
« C'est une ...femme ? », interloqué.
« Tout à fait. Et j'aimerais comprendre ce qu'elle fait là. Tu peux relâcher un peu la pression, Kean s'il te plaît. »

Tout en maintenant Roya sur le sol mais libérant quelque peu son cou, le prisonnier - qui était donc la prisonnière -, dès qu'elle eût la gorge libre, toussa et cracha afin de pouvoir reprendre de l'aisance respiratoire, puis, avec a-coups, balança :
« Sur-tout... TOI, qu'est-ce que... tu fais... ici ? »
« J'ai encore le droit d'aller où je veux, non ? L'autre question est pourquoi me suis-tu ? »
« Je voulais déterminer ce que tu faisais. Turvess n'est pas sûre, tu le sais. De plus, je voulais te contacter autrement que par le réseau. Les oreilles traînent. », répondit-elle, reprenant un souffle correct. « Si tu pourrais demander à ton gorille de me lâcher, ça serait sympa. »

Kean sembla d'évidence ne pas apprécier l'insulte. Elle relâcha néanmoins Roya, qui, se redressant, put révéler alors la prestance commune aux femelles Raloises. Les deux femmes s'échangèrent un regard dur, puis l'éclaireuse se tourna vers l'espionné. Liam, trouvant l'attitude de Roya suspicieuse, restait alerte.
« Tu es arrivé quand ? »
« Il y a une petite heure standard. Tu as dit vouloir me contacter ? »
« Depuis Virn, les Avians se méfient de nous, éclaireurs, comme de la peste. On est fichés. Il faut que nous partions de la planète. Ce n'est pas notre conflit. »

Sans le révéler aux yeux de Roya, Ythaq venait d'avoir à cet instant présent une toute autre vision de la situation. Si l'ensemble paraissait limpide à la base, trop de versions différentes venaient troubler le tableau. Ranem'Tha, l'ambassadrice Raloise, présentaient les autres éclaireurs-guerriers comme non fiables, surtout les Avians et nécessitait la présence d'Ythaq'Fi pour tenter d'élucider et de protéger la poudrière avant qu'elle n'explose. De l'autre, Nelar'Fi, autre éclaireur, présente Ranem'Tha comme une traîtresse mais est convaincu de la présence de tout les éclaireurs pour résoudre la crise. Et finalement, Roya, qui, en dehors de toute appréciation vis à vis de l'ambassadrice, désire que tout les éclaireurs restent en dehors du conflit, alors que c'est leur premier chef, le Thul'Odin, qui a été assassiné par les Avians – même si cela ne reste qu'une hypothèse, cela reste la plus plausible -.
Autant dire qu'Ythaq était perturbé. Cependant, d'instinct, il intervint au tac-au-tac.
« Non. Hors de question. »
« Bien. Fais comme tu voudras. Et qui sont tes amis ? Des espions du Conseil ? »
« Je su- »
« -Parfait, parfait. Le Conseil doit savoir ce qu'il se passe ici. Je te laisse, Ythaq'Fi. Fais attention à toi. »

Avant qu'Ythaq ne put répondre quoi que ce soit, elle s'avança pour récupérer le jetspeed qui avait percuté l'arbre un peu plus tôt grâce à l'action de Kean. Alors qu'elle était à distance raisonnable du groupe pour ne plus être entendus, Liam se tourna vers son coéquipier, fronçant les sourcils. Visiblement, il n'était pas ravi.
« Tu sais, 'Taqi, je suis déjà tombé dans de sacré traquenards, mais là, je le sens mal. Ton histoire pue la merde. Puis ta Roya là, j'ai déjà vu plus cool. »
« Il faut qu'on fasse le point. Allons à Aquilons, on va tenter de s'organiser un minimum. »

Enfin, ils reprirent leur jetspeeds puis reprirent leur route vers Aquilons. Les idées, pensées et hypothèses se mélangeaient dans l'esprit tourmenté d'Ythaq. Cela ne lui ressemblait pas, lui d'habitude idées claires, vision d'ensemble, réaction rapide et efficace. Le travail d'enquête était à chaque fois un véritable défi. Comme Virn le lui avait prouvé, deux ans plus tôt. Virn, l'espion Avian qui l'avait dirigé sur une enquête du système d'espionnage des territoires de Zéphyr par Aviana. La Jho'baal s'était révélée à l'époque très satisfaite du travail d'Ythaq, bien que méfiante vis à vis du fait qu'il était rentré au bercail sans l'en avoir averti.
Les résultats de l'enquête avaient filés comme une traînée de poudre sur le réseau des éclaireurs-guerriers. Le problème – s'il en était un – était que le groupe des Rash'ans étaient composé de Zéphyrons et d'Avians. Une volonté d'union de la part de feu le dernier Thul'Odin, mais une donnée à prendre en compte en ces temps de crise.

Étant donné le voyage déjà parcouru jusque-là, le temps de trajet jusqu'à Aquilons mit beaucoup moins de temps. Ythaq ralentit sa vitesse, suivi par Liam et Kean, peu avant de faire face à la grande porte de la cité-frontière Aquilons, creusée sur l'unique col facile d'accès entre les deux vallées jumelles. La grande porte se dressait alors devant eux, telle une muraille fortifiée mais qui, à défaut d'avoir de solides défenses, avait un trafic tellement fort qu'un syndrome du cheval de troie serait inévitable. Autrefois un ancien poste avancé des Gardiens du Sanctuaire – les protecteurs de Zéphyr –, donc constitué majoritairement d'arbres-maisons solidement renforcés, une ville s'était peu à peu construite autour, mais toujours sous l'allégeance des territoires de Zéphyr. Une épine dans le pied pour Aviana et ce depuis des siècles.


***




L'on pouvait admirer l'architecture de la muraille, à la fois ancienne, mais travaillée à but défensive et stratégique. Liam observait la muraille, contemplant le chef d’œuvre pour une race et un peuple qui n'a pas accès aux méthodes de constructions modernes tout en demeurant efficace. Le trinôme s'avança vers le portail d'entrée, arrêté par un Gardien. Il contrôla si les deux humains étaient vacciné, saluant Ythaq grâce à son statut de Rash'an, puis les laissa passer.

Liam glissa alors à Ythaq.
« Ils sont assez accueillant pour un peuple conservateur et traditionnaliste. »
« Les Zéphyr'quns sont assez isolationnistes, c'est vrai, mais ils sont surtout hermétiques aux Avians. Steve, l'ami de Kean, lors de son crash a été très bien accueilli et soigné avant de pouvoir repartir. Ce dont ils ont peur, c'est surtout de voir à terme leur patrimoine amoindri, réduit ou encore détruit par cette association d'espèces. »
« On en reparlera plus tard. »

Ils s'arrêtèrent à une sorte de petit hangar à jetspeed, avant de descendre des leurs. Ils se dirigèrent ensuite vers le « centre-ville », si l'on pouvait l'appeler ainsi. Par rapport aux expériences des cités-stations et des mégalopoles qui poussent comme des champignons sur les planètes capitales et colonies des grands gouvernements galactiques, Aquilons devait paraître bien petite. Ythaq remarqua le nombre croissant de réfugiés depuis la dernière fois. L'ambiance était presque comparable à des bidonvilles. Heureusement, grâce au peu de dignité que les Ralois faisaient preuve en continu, ceux-ci étaient au minimum travaillés. Ces réfugiés venaient probablement des zones limitrophes à Aviana, ou encore des pèlerins sur la Route Sacrée. Aviana faisait pression sur les Zéphyrons habitant dans les villes ou villages constituées sur ses territoires.
« Vous qui avez écumé probablement nombre de bars, pubs et boissons galactiques diverses et variés, je parie que vous n'êtes jamais rentré dans l'équivalent Raloi. On appelle ça des comptoirs, tout simplement. »
Liam lâcha un bref rictus. « Je te dirais. »

Ils pénétrèrent alors dans l'enceinte du « comptoir ». Et, étrangement, l'ambiance était similaire à n'importe quel autre bar. Des discussions, de l'alcool plus ou moins varié, des fumeurs d'une herbe originaire de la planète, une douce musique en fond, de nombreuses tables et un grand comptoir en cercle trônant au milieu de la pièce servant les clients et pèlerins. Le trinôme s'avança au bar. L'endroit était assez peuplé, pour cause du trafic important de personnes.
« Salut. Vous avez reçu les dernières cargaisons ? »
« Bonjour, Rash'an. C'était avant-hier, oui. Le stock est frais d'Idael. »

Ythaq tourna la tête vers Liam, celui-ci semblant réfléchir.
« Du local ou du terrien ? »
« Aller, soyons fou, du local. »
« Vous pouvez lui mettre du romel ? », il dit ensuite à Liam. « Toi qui aime bien les bourbons, tu me diras ce que tu penses de celui des Ralois. »

Ils furent servi et Ythaq amena le trinôme vers une petite table haute en bois traité sur un pilier du même matériaux depuis lequel partait trois extensions formant les places assises autour de ladite table. Une fois installés, Liam, ayant déjà commencé a jouer les fins testeur de boissons alcoolisées, lança à Ythaq.
« Étonnamment, c'est pas mauvais du tout ! J'ai déjà bu pire, c'est clair... »
« ...Oméga. »
« ...Oméga. » firent-ils en chœur.
Après ce qui pouvait être interprété comme un rictus de la part du Raloi, celui-ci prit un ton plus sérieux. Il fallait que ses camarades soient au courant du comment du pourquoi, tout de même.

« Bon, malgré le côté très cliché de l'endroit pour discuter de ce genre de choses, les scénarios restant les mêmes partout, il faut que je vous explique deux-trois petites choses. Vous êtes déjà au courant de la situations globale, je vous en fais grâce, cependant, quelques notions à rajouter par dessus.
« Avec la découverte spatiale du peuple Ralois, le peuple Zéphyron étant plutôt conservateur et isolationniste, le Thul'Odin, le guide spirituel des Ralois en général et dirigeant de la nation Zéphyr, a décidé de créer des éclaireurs-guerriers, des Rash'ans afin d'écumer la galaxie et de pouvoir récolter des informations, représenter les Ralois et, en quelque sorte, observer la galaxie. Si nous avons été créé et choisis par le Thul'Odin, nous sommes sous les ordres directs de l'Ambassade Raloise à la Citadelle.
« Suite à l'assassinat du Thul'Odin à Zéphyr, là où nous allons, la Jho'baal – l'ambassadrice Raloise – a décidé d'envoyer un éclaireur-guerrier, moi, enquêter. Elle m'a aussi glissé l'info que les autres rash'ans étaient des traîtres à la solde des Avians et qu'ils fouilleraient la galaxie pour tenter de repérer des endroits favorables et stratégiques pour de futures colonies. Cependant, j'ai reçu un appel pendant le voyage d'un ami éclaireur, Nelar'Fi, me présentant une version autre où c'était l'ambassadrice la traîtresse, envoyant les rash'ans de façon disparate dans la galaxie afin de les éloigner de Turvess où ils pourraient changer la donne. Il est sensé arriver dans la soirée ou bien demain matin, avec d'autres rash'ans, espérons.
« Et, pour terminer, notre élément perturbateur du jour Roya, qui, en plus d'être Aviane, m'assure que ce n'est pas notre conflit et que le réseau n'est pas sûr, soulevant trois hypothèses : soit le réseau est espionné par les Avians, soit il est contrôlé par la Jho'baal au profit des Avians, soit ce sont les autres éclaireurs qui ont retourné leur plumage. Elle prône aussi une intervention directe du Conseil.
»

Après cette longue prise de parole, Ythaq fit glisser un contenu d'une bière locale dans son bec, humectant ainsi ce qui pouvait lui servir de gosier.
« Nous trouverons probablement des réponses à Zéphyr, la capitale traditionaliste, ou bien à Sethis, mon village natal. Le chef du village – mon géniteur – fait partie des hautes instances de la caste du Feu, et saura peut-être nous apporter des réponses. »

Ythaq'Fi Hyasin

Personnage RP
Faction : Castes du Zéphyr
Rang : Eclaireur-guerrier
Ythaq'Fi Hyasin
Membre
Messages : 314
Crédits : Moi-même (inspiré d'un Raloi de DeviantArt)

Good Morning Turvess Empty
MessageSujet: Re: Good Morning Turvess   Good Morning Turvess Icon_minitimeJeu 02 Juil 2015, 19:36



Les deux compères d'Ythaq avaient écouté attentivement le discours du Raloi, tenant ce qui pouvait ressembler à une chope dans leurs mains, profitant du breuvage local servi plus tôt par le tenant du comptoir Ralois. Clairement, la situation – même plus expliquée en détails – leur paraissait encore plus complexe. Des rouages s'étaient incrustés dans la machine politique de Turvess, où chaque cliquetis engrangerait une guerre civile impitoyable aux graves conséquences.
Kean se contenta de verser un peu de l'alcool local dans sa gorge asséchée ; tandis que Liam prit la parole.
« Autrement dit : C'est la merde, et on y peut pas grand chose », lâcha-t-il simplement.

Ythaq était on ne peut plus d'accord, excepté sur un point. Il dodelina de la tête, montrant son tiraillement.
« Nous pouvons encore faire quelque chose, tout dépendra de la voie que nous voudrons suivre à l'avenir. Après avoir vu mon géniteur, nous devrons faire un choix : prévenir le Conseil, ou organiser ici bas un plan pour tenter de désamorcer la guerre qui s'annonce. »
« Avec les Rash'ans ? », s'enquît Kean.
« Par exemple... mais c'est sans compter sur les éventuels retournement de vestes. Et il y en aura. Surtout si le Conseil intervient. »
« S'il décide d'intervenir. Je te rappelle que Turvess n'est pas vraiment au centre des intérêts de la Citadelle, en plus de se situer dans la Travée. Ils ont les ressources qu'ils veuillent ailleurs, vous n'êtes pas très peuplés, pas encore colonisateurs. Si vous avez une ambassade à la Citadelle, cela ne fait pas de vous des membres de l'espace concilien pour autant. Pour terminer, même si une guerre éclatait, les dommages collatéraux resteraient minimes pour le secteur : peu ou pas de pirates ni de vaisseaux appartenant aux deux belligérants. »

Ythaq termina son simili-bourbon. Kean avait raison. Peut-être que la question ne se posait même pas. Malgré que le sol de Turvess soit encore bien exploitable pour ses matières premières et différentes ressources importantes pour les deux-tiers de la planète, la Citadelle disposait de tout l'Espace Concilien pour subvenir à ses besoins. La nébuleuse de l'Aigle est en plus bien excentrée. Le seul point d'importance proche était...

Soudain, une idée transperça le fil des pensées du guerrier éclaireur.
« Illium. »
« Quoi Illium ? », demanda Liam.
« Si la Citadelle peut ne pas s'intéresser à Turvess, Illium oui. Plus proche, peu ou pas de lois si ce n'est celle de la suprématie économique, indépendante de la Citadelle politiquement et ne disposant pas d'un ensemble de territoires pour son propre chef. »
« Ils sont déjà en liens avec Sli'ru et Idaël pour ce qui relève de la politique et des relais commerciaux, ainsi que la raffinerie d'hélium-3 sur Nek'Tha. Pourquoi iraient-ils chercher plus ? », questionna Kean.
« Justement. La plupart des ressources prisées sont bloquées par le Sanctuaire et Zéphyr. Si les raisons sont d'ordre religieuses et vis à vis des traditions, les Avians exercent un blocus bien reconnu que les étrangers ne comprennent peu ou prou. Il y aurait manière a exercer une pression en ralliant certains grands commerciaux du côté de Zéphyr afin d'empêcher Aviana de lancer une grande offensive. »
« … Car les Avians veulent la grosse part du gâteau pour eux seuls, bien entendu. Pas bête. Faudrait-il encore trouver les bons gros bonnets pour faire rempart. »
« L'ambassadrice pourrait éventuellement nous aider là-dessus. Je pense même pouvoir faire appel à une vieille connaissance humaine pour m'aiguiller. »
« Bien, bien bien ! Parfait ! », interrompit Liam,« Pendant que vous parliez, j'ai une petite remarque à vous faire mademoiselle et monsieur Taqi. Vous deviez parler un peu fort, car ce qui ressemble de près à des Avians viennent de passer le pas du comptoir et ont pas l'air d'apprécier nos têtes par ici. C'est pas comme si on était juste super voyants, en même temps. »

Immédiatement, Kean et Ythaq, suivis de Liam, tournèrent leurs regards vers les concernés. Ythaq avait tendance a oublier que malgré les circonstances, le précédent Thul'Odin avait rendu Aquilons accessible aux Avians, sans pour autant les laisser pénétrer dans le territoire Zéphyron. Les Ralois en question avaient l'air plutôt robustes, de bonne facture, avec de l'expérience et quelques cicatrices. Ils devaient être rares par ici, car les pèlerins et habitants du coins venus simplement boire un coup se sont aussi retournés pour les observer.

Les signes de Rash'an d'Ythaq, et la race de ses deux compères – a fortiori les uniques humains ayant foulé le sol d'Aquilons – ne les faisaient pas passer pour de tranquilles locaux. Rapidement pris dans le centre de l'attention, Liam et Ythaq se lancèrent un vif regard afin de se transmettre un message clair dans l'esprit du Raloi : « ça va bien se passer ». Ils laissèrent donc approcher les nouveaux venus aux intentions apparemment malhonnêtes. Kean se tenait prête a dégainer une arme de poing afin de pouvoir rajouter de la puissance de feu si jamais. Contre les Avians, la technologie ne serait pas un luxe pour rapidement prendre l'avantage, bien que redoutables au corps à corps.
« Ir mir nabuc'h vin Rash'an. Nar'mish. »

Liam aurait bien répliqué quelque chose, notamment avec un sifflement d'éjection de cartouche thermique, mais il ne comprenait pas un traître mot de ce qu'il venait de dire. Pourtant il aurait eu raison. Derrière l'accent roulant les r et les raclements de c'h et les u en ou, rappelant des intonations typique de contes elfiques issus de certaines contrées de la planète Terre, il avait dit : Vous n'avez rien a faire ici, vous autres Rash'ans. Hors de ma vue.

« Valafaï oy Thul'Odin, messieurs. Je vous proposerais bien un verre, je crains que vous ne veniez juste de casser l'ambiance. »
« Cesse de faire le malin et retourne d'où tu viens, c'est à dire dans les étoiles. »
« Vous savez bien que c'est ici autant chez moi que chez vous. Vous êtes... quatre. Peut-être te sentirais-tu moins en assurance en étant seul ? », dit Ythaq, s'adressant à celui qui était le plus près.

Son interlocuteur lâcha un grognement. Il leva sa patte, disposant de trois griffes comme tout Raloi, et ses camarades reculèrent de quelques pas.
« Les Rash'ans, vous êtes tous les mêmes. Votre orgueil vous amènera à votre perte. Que dis-tu d'un combat singulier ? »
« Faisons cela », répondit-il sans hésitation.

Ythaq se leva, et petit à petit il se forma un cercle autour des deux protagonistes. Les trois compères de l'Avian étaient légèrement en avant, et Liam et Kean étaient eux aussi derrière Ythaq un peu plus avancé par rapport à la foule. Ythaq dégaina son arc sans le bander, désirant s'en servir comme arme blanche, aidé par la petite lame rétractable qui se trouvait en son bout. Mais il ne l'activa pas de suite, préférant conserver l'avantage de la surprise plus tard. Après légère étude, le Rash'an devina qu'il s'agissait là des tristement célèbres chasseurs Avians, sortes de Rash'an – sans le côté religieux et invoqué d'une mission par le Thul'Odin –. C'était une sorte de parade aux Rash'ans par le Thul'baal d'Aviana, en moins populaires, évidemment.

Quoi qu'il en fût, il n'allait pas sous estimer son adversaire. Celui brandit un petit bâton d'une trentaine de centimètres et épais de trois centimètres de diamètre. Après l'avoir bien empoigné, celui se déploya sur toute la longueur, révélant une élégante et longue lance avec quatre lames a chaque extrémité, en étoile. Il fit quelques mouvements de passe de lance, s'échauffant et tentant d'intimider son adversaire. Ythaq demeurait de marbre, prêt à débuter le combat.
Ses deux amis humains avaient l'air étonnamment surpris du déroulement de la scène. Cela paraissait complètement normal. Le tenant du comptoir s'était même avancé et improvisé en tant qu'arbitre afin de pouvoir lancer le combat et s'assurer d'un espacement suffisamment large dans son établissement qui le permettait. Liam se contentait donc de jeter un coup d’œil régulier au comportement des trois compères de l'adversaire d'Ythaq, au cas où ils interviendraient.
« Vous êtes prêts messieurs ? Le chasseur d'Aviana contre le Rash'an ! »

Ainsi le combat débuta. Les deux adversaires se faisaient face, tournant en cercle, jouant avec leurs armes. Ils s'étudiaient tout les deux, jaugeant leurs capacités autant que celles de leur ennemi. Ythaq se doutait bien que d'une façon ou d'une autre, cela se terminerait mal. S'il gagnait, les compères du chasseur répliqueraient, forçant Liam et Kean à se joindre au combat. Sinon, ce serait ses amis qui engageraient le combat car il n'était pas a douter que son adversaire tenterait de l'achever sans nulle vergogne. Tué ou être tué. Ainsi soit-il. Ce n'était pas son premier combat ni duel.

Ce fut le chasseur qui attaqua le premier, avançant vivement, faisant preuve d'une incroyable dextérité avec sa lance à lamelles. Il fit un premier coup horizontal, de la droite vers la gauche, dévié par un coup oblique de haut en bas de l'arc d'Ythaq. Ce dernier continua dans son élan, faisant une pirouette pour faire s'écraser son arc contre le flanc du chasseur, qui lâcha un petit râle de douleur. De son côté, le chasseur jongla de nouveau avec sa lance avec des mouvements rotatifs afin d'empêcher Ythaq de prévoir d'où viendrait le coup, ou en tout cas le plus tard possible. L'instant d'après, il fit un tour de passe-passe avec sa lance, se retrouvant en une demi seconde dans une position où sa seule attaque possible fut une attaque directe, en piqué. Ythaq put alors l'éviter avec justesse, mais une des lamelles fit une petite entaille dans le buste de l'armure du Rash'an. Profitant une nouvelle fois de son élan dû à l'esquive, il s'aplatit au sol et fit un croc en jambe, fauchant ainsi son adversaire qui tomba sur le sol du comptoir. Ythaq se releva aussitôt, exécutant une attaque verticale avec son arc, duquel il activa au dernier centième de seconde la lame cachée dans l'extrémité de l'arc correspondant au coup donné. Alors que le chasseur avait levé sa lance avec ses deux mains afin de parer le mouvement, la lame trancha en deux la dite lance pour venir s'écraser sur le plastron de l'Avian, entaillant légèrement la plaque d'armure et lui coupa le souffle deux secondes avant qu'il ne fasse un roulé sur le côté pour rapidement se rétablir face à son adversaire debout.

Le chasseur, surpris de la ruse, avait ainsi dans chaque main une extrémité de sa lance, lamelles toujours présentes. Contre toute attente, il les garda en main et fit de nouveau quelques mouvements avec, comme s'il disposait de deux masses d'armes. Ythaq n'avait pas à faire à un novice, clairement. Il devrait réadapter ses attaques pour ne pas être submergé par la ruée de coups que son adversaire pourraient aisément enchaîner. Il lui restait ses flèches. Si bandées et tirées au bon timing, l'affaire pourrait être vite réglée.

La foule semblait surexcitée, bien que les Ralois étaient un peuple de guerriers, les combats entre véritables guerriers d'aujourd'hui se faisaient rare. Les Ralois semblaient fascinés par l'enchaînement des coups, les tentatives de ruse, les esquives, la vivacité des deux adversaires. Liam, ce contrebandier de l'espace, semblait aussi impressionné, car il savait qu'Ythaq, en dehors d'un contexte plutôt médiéval, était redoutable à distance. Dans cette galaxie où les armes à distance sont privilégiées, son arc technologique demeurait une redoutable réponse.

Le Rash'an recula de quelques pas. Il sentit la présence de son carquois tech contre sa carapace abdominale, commune aux Ralois. Sans décocher une seule flèche, il jaugeait son adversaire qui désirait plus que jamais en découdre. Faisant quelques figures avec ses masses d'armes équipant désormais chacune de ses pattes, ses talents d'ambidextrie n'étaient pas à sous estimer. Il attendait une attaque du chasseur Avian. Il fallait qu'il attaque. Il n'eût pas à attendre longtemps avant qu'il ne fasse un premier pas sur lequel il prit une impulsion pour s'élancer vers Ythaq. Ce dernier attendit le dernier moment, le moment où son ennemi amorça un mouvement horizontal double avec ses deux masses lamellées d'acier. Il fit alors une pirouette pour esquiver le coup puis fit un roulé boulé en diagonale afin de se retrouver derrière le chasseur. Pendant la roulade, une flèche avait déjà glissé dans la patte d'Ythaq et était déjà accrochée à la corde du matériau souple de son arc. Toujours a genou, il ne pivota que de trois quarts et tira la flèche en direction de la nuque du chasseur. Tout se passa extrêmement vite. La cible, en mouvement de rotation afin de pouvoir faire face à Ythaq, s'arrêta net, un filet de sang gicla sur les personnes situées derrière lui. Il lâcha ses masses d'armes, collant par réflexe ses pattes au niveau de son cou ensanglanté d'où ne sortait maintenant que des gargouillement et gargarismes dégoûtants.

Il tomba à genou, puis s'effondra sur le sol de chêne du comptoir.

***



« N'y pensez même pas », lança Ythaq aux trois chasseurs ayant accompagné feu l'adversaire de l'éclaireur-guerrier.
Ceux-ci, ayant eu un moment d'hésitation après la mort de leur camarade, n'attaquèrent pas. Ils étaient immobiles, non surpris mais ils avaient dégainés leurs armes – à feu cette fois-ci. Ayant profité du dit moment de latence, l'archer avait déjà une nouvelle flèche enclenchée prête à être tirée sur l'un des trois chasseurs. Celui qui ferait un mauvais pas décéderait instantanément comme le Raloi agonisant derrière lui. Kean et Liam étaient prêts à toute éventualité et avaient eux aussi dégainé leurs armes.

« Ceci ne restera pas impuni », Rash'an, rétorqua l'un des chasseurs avant de tourner le dos a Ythaq ainsi qu'aux deux humains qui l'accompagnaient.
« Ainsi soit-il. »
Il abaissa son arc et rangea la flèche dans son compartiment attribué, observant les chasseurs partir en brisant le cercle formé par les spectateurs. Cependant, cette fois-ci, la clameur de la foule avait soudainement baissé d'un volume. L'annonceur et arbitre clama la victoire de l'éclaireur, et tout le monde retourna à ses verres. Kean et Liam se rapprochèrent d'Ythaq et le suivirent, car il avait déjà pris la direction de la sortie du comptoir.

« Mettons nous en route. Nous avons du chemin. »

***



Kean avait eu l'air impressionné par le combat en duel de l'éclaireur. C'était pour elle, presque de l'art. Elle comparait cela à des fresques ou tableaux d'un auteur terrien dont elle avait déjà fait mention pour ses personnifications d'animaux, guerriers ou non. Elle lui avait déjà avoué qu'il ressemblait beaucoup à l'un des tableaux en question et s'était juré de le lui montrer un jour. Liam, de son côté, avait déjà vu maintes fois Ythaq au combat à Oméga ou sur Illium, mais il s'étonnait chaque fois de l'agilité naturelle de son équipier Raloi. A chaque fois qu'il lui faisait part de son étonnement, Ythaq se remémorait alors son enfance et son entraînement comme guerrier à Sethis. Quand il s'était décidé a révéler un peu des détails de ce passé – ce qui arrivait rarement – Liam se convainquit que cette vie n'était décidément pas pour lui.

Pour rejoindre Sethis, ils avaient contourné la magnifique, pour Ythaq en tout cas, Zéphyr. Lorsque Kean, quelque peu déçue de ne pas avoir pu y pénétrer, lui demandait pourquoi ce contournement, leur guide répondait systématiquement que, malgré leurs bonnes intentions, amener deux humains dans cette ville en ces temps-ci était un sérieux manque de tact. Il avait néanmoins promis à Kean en retour de la lui faire visiter lorsque la situation le permettrait. Privés de leurs jetspeeds en ces terres traditionnelles, ils avaient alors monté des bêtes utilisées en Zéphyr pour le déplacement « rapide ». Les bêtes nommées koldos, ressemblant à des buffles mélangés à des chevaux, étaient néanmoins rapides et robustes. Déjà sur le chemin, Kean avait les yeux rivés sur la lointaine Zéphyr. En dépit de son statut de capitale en ces terres, le seul signe distinctif de l'horizon demeurait une série de palissades et de solides remparts de bois et de matériaux travaillés issus de la métallurgie. Derrière eux, d'immenses et gigantesques arbres-maisons par centaines se multipliaient dans le champ de vision de l'humaine. On y devinait l'activité ambiante, certaines fois on voyait les Ralois planer du haut des arbres jusqu'au sol, ou bien y grimper de diverses manières. Ce fut lorsque la nuit tomba et qu'ils étaient proches de Sethis que Kean s'émerveilla davantage. La capitale était illuminée par d'innombrables sources de lumière – lampes à encens, feux de vieux bois... - qui, avec la nuit tombée, créait une sorte de gigantesque halo lumineux. Chaque petite lumière se transformait alors en étoile sur la pénombre des cîmes, projetant ainsi le ciel jusqu'à la terre.

Ils arrivèrent ainsi à Sethis. Le voyage à dos des koldos n'était guère confortable, accentuant chez eux le sentiment de fatigue depuis leur départ du spatioport d'Idaël. Ils trouveraient en ce village un foyer pour la nuit, à défaut de réponses et de conseils sur l'avenir de la planète et des peuples qui y vivaient. C'était un village typique des terres de Zéphyr : des arbres-maisons, bien plus petits que les mastodontes de Zéphyr ou des forteresses d'Aquilons, un modeste comptoir, deux ou trois bâtiments faits de différents matériaux plus modernes importés de la capitale aux usages divers. Il demeurait un arbre plus grand que les autres, taillé avec le plus grand soin respectant les coutumes zéphyronnes. Il était même sculpté dans le bois des arabesques, des figures et traits formant un ensemble agréable à la vue. Il s'agissait-là de la maison du doyen du village.

Quand ils pénétrèrent dans le village éclairé à la seule source des petits feux allumés çà et là – mais qui permettaient amplement d'illuminer l'ensemble du village. Ils furent rapidement accueillis par une Raloise, d'apparence âgée et mûre. Si c'était une évidence pour Ythaq, même ses compagnons le décelèrent, en comparaison de chaque Raloi qu'ils avaient vu aujourd'hui.
« Ythaq'Fi Hyasin. Rash'an, je suis heureuse de te revoir, » dit-elle simplement avec ce que l'on pouvait interpréter comme un sourire déformant les traits de son visage. « Je vois que tu as ramené avec toi des amis. Ils ressemblent à Steve. »
« Mylla'Gün Hyasin, Mère, » répondit-il formellement au salut de sa génitrice. « Oui, Liam est mon coéquipier avec qui j'écume les étoiles. Et Kean est une amie de Steve. Nous sommes ici pour... parler de ce qui se passe ici bas, mère. Je suis en mission et je n'apprécie pas ce que j'y vois. »

Il avait introduit ses amis avec un geste de la patte afin que Mylla détermine qui était qui. L'un et l'autre avait alors fait une révérence, pour Kean, et un simple geste de la main ainsi qu'un hochement de tête pour Liam. Celle-ci, après la prise de parole d'Ythaq, lâcha un soupir entendu.
« Chel est dans l'arbre principal. Viens. »

Kean et Liam suivirent Ythaq et sa mère silencieusement, Kean était attentive aux lumières autour d'elle, surtout aux bâtiments, en fait. Comme si elle l'imprégnait dans sa mémoire. Elle faisait partie des seuls humains a avoir foulé le sol de Zéphyr. Ce n'était pas rien. Liam, lui s'en fichait royalement. Il savait pertinemment que les sujets importants viendraient demain. Il ne pensait qu'à une chose. A sa couche, en espérant que les Ralois avaient des standards suffisant pour qu'il puisse passer une bonne nuit.

Chel'Fi Hyasin, le doyen et chef du clan, était assit sur un petit fauteuil confortable fait de bois et d'un rembourrage d'une sorte de coussin à la texture étrange, probablement rempli de plumes – chose que l'on pouvait trouver en abondance sur les Ralois. Une table – directement creusée dans le bois de la maison –, se trouvait devant lui. Pas de papiers ni d'autres ustensiles ou d'objets particuliers. Il ne s'y trouvait qu'une tasse, fumante encore, dégageant une odeur forte d'une herbe apaisante trouvable dans les parages.
A la vue des quatre nouveaux venus, il se leva pas. L'heure de la nuit était déjà bien avancée, et la journée avait probablement été longue. Comme beaucoup de jours ces temps-ci.
« Ythaq'Fi. Décidément, ces dernières années tu reviens souvent. Qu'en est-il de ta mission ? »
Fatigué, mais toujours perspicace.
« Père », fit-il en inclinant légèrement la tête.« Je suis venu sous les ordres de la Jho'baal. Pour enquêter sur le meurtre du Thul'Odin. Rien que le voyage d'aujourd'hui présage une difficile tâche. Je t'épargne les détails que nous aurons largement le temps d'aborder demain car il se fait tard – mes amis ici présents sont venus m'aider pour cette tâche. »
Chel'Fi avait écouté attentivement. Il fit glisser un peu de la tisane dans son bec déployé. Puis répondit :
« Bien. Je te souhaite une bonne nuit dans ce cas. Tes amis logeront dans la bâtisse annexe du comptoir. Je te laisse les raccompagner. »

Ythaq fit une nouvelle discrète révérence à son géniteur ainsi qu'à sa mère, puis tourna les talons suivi par Liam et Kean. Ils avaient tous hâte de dormir.

Ythaq'Fi Hyasin

Personnage RP
Faction : Castes du Zéphyr
Rang : Eclaireur-guerrier
Ythaq'Fi Hyasin
Membre
Messages : 314
Crédits : Moi-même (inspiré d'un Raloi de DeviantArt)

Good Morning Turvess Empty
MessageSujet: Re: Good Morning Turvess   Good Morning Turvess Icon_minitimeSam 11 Juil 2015, 13:54

Ythaq avait donc dirigé Liam et Kean vers l'annexe du comptoir de Sethis, avant de lui-même se diriger vers l'arbre-maison le plus proche, afin de s'installer confortablement sur une des immenses branches qui pouvaient soutenir plus de dix fois son poids. S'ils ne se connaissaient que depuis peu, Kean et Liam se débrouilleraient bien pour dormir. Ils n'en demeurent tout deux pas moins des êtres civilisés. Plus Kean que Liam, d'ailleurs. Derrière ses apparences de jeune femme admirative et fascinée par ce qui lui défilait sous les yeux, elle demeurait sans aucun doute alerte et capable de se défendre toute seule.
Liam devait probablement déjà ronfler à l'heure qu'il était.

Sur sa branche, qui ressemblait presque à un tronc courbe accroché au tronc principal de l'arbre-maison, il avait une vue imprenable sur les étoiles, et sur Zéphyr en arrière-plan, toujours auréolée de lumières et de flammes dansantes à cause de sa vie nocturne. Certaines cultures et chasses nécessitaient d'agir de nuit, tandis que d'autres protégeaient la capitale de la dangereuse faune qu'on trouvait sur ce versant de la vallée la nuit tombée. Il ne le voyait pas, mais Ythaq devinait derrière la capitale, cent à deux cent kilomètres plus loin, le Premier Sanctuaire. Protégé par un gigantesque no man's land, ce Sanctuaire est le lieu de résidence du Solat, le cercle des anciens, qui parfois intervient dans les décisions de Zéphyr ou d'Aviana.
Il savait que, tôt ou tard, il devrait y aller. Mais pas maintenant. Il ne se sentait pas prêt, il lui fallait avoir toutes les cartes en mains pour convaincre le Solat.

Demain est un autre jour, et il espéra que les choses évolueraient d'elle-même. Il s'allongea sur la branche sur le fin film de lin qu'il avait déposé sur la douce écorce de l'arbre, et reposa sa tête sur cet oreiller de plume qu'il avait récupéré au comptoir. Puis il fut rapidement accueilli par Morphée.

***



« Je comprends. Tu es tout de même bien têtu, fils. Rappelle toi ce qui s'était passé avec Virn il y a trois ans. Je comprends aussi qu'il s'agisse de ton devoir, mais si tu commences aussi par abattre froidement des chasseurs Avians, tu vas bientôt ne plus avoir une seule marge de manœuvre. »

Ythaq lui avait bien entendu, une fois la collation matinale entamée, tout raconté. Depuis le briefing de Ranem'Tha jusqu'à leur arrivée à Sethis. Ythaq se contentait de se nourrir, appréciant le goût de chez soi. Kean et Liam, au début quelque peu dubitatif sur leur nourriture, petit déjeunaient désormais en silence pendant que le pater s'exprimait.
« Il y a eu des manifestations sur la Citadelle, à ce qu'il paraît. Des manifestations qui, sans trop le vouloir, sont à la faveur d'Aviana, car ils ne connaissent pas notre existence. », il fit glisser dans son bec un peu du contenu de sa tisane. « Je n'approuve pas cette idée, mais il faut informer le conseil qu'un nouveau génocide va avoir lieu sur Turvess. Je ne vois pas d'autre alternative. Nous nous battrons, c'est certain, nous les repousserons un temps, mais ils nous auront a l'usure. »
« Nous avions pensé à Illium. », intervint Kean, qu'Ythaq ne s'attendait pas à entendre jusqu'à présent. « Tenter de convaincre les guildes commerciales de protéger Zéphyr, a défaut qu'ils puissent exploiter certaines des ressources de la vallée. »

Chel'Fi prit alors un air sombre, lâchant un soupir d'exaspération. Cette idée ne lui plaisait pas, mais toutes ne lui plaisaient pas. Il n'avait pas le choix que de faire des concessions dans cette histoire. Aviana le paierait de son sang. Il se le jura.
« C'est une alternative intéressante. », finit-il par lâcher. « A voir laquelle des deux options nous est le plus favorable. La guerre est imminente, il ne vous faut pas perdre de temps. Si vous n'avez rien a faire d'important ici bas, partez. Tentez de sauver notre peuple. Sinon vous aurez un génocide entre les bras. »
« Et ainsi nous saurons hors de danger des chasseurs Avians. », lâcha-t-il en terminant son repas.
« Je n'en serais pas si sûr, fils. Rappelle toi que ton évasion des geôles avianes font de toi un ennemi a abattre. Ton statut de Rash'an te protège jusqu'au delà d'une certaine limite, limite que malgré toi tu as dépassée. »
« Nous commencerons par Illium. Les guildes nous aideront si l'appât du gain est suffisamment attrayant. Et leur proximité nous assure une protection rapide qui feront réfléchir a deux fois les Avians avant d'attaquer. Voir même leur forceront la main a cause des ressources qui commenceront a partir. »

Ythaq n'en espérait pas grand chose, mais il fallait tenter. Il faudrait également esquiver les chasseurs Avians et éventuellement les Rash'ans qu'Aviana aurait retournés. Ils terminèrent leur repas déjà bien entamé, et retournèrent dans la cour principale du village. De futurs baptisés s'entraînaient, des enfants ralois n'ayant pas encore choisis leur voie. Des plus petits encore jouaient en se courant après. La vie quotidienne du village frappa autant Ythaq que ses compagnons pour différentes raisons. Ythaq car les réminiscences du passé l'envahissaient tandis que Liam et Kean étaient étonnés par la quiétude de la vie ici lorsque tout le monde savait que la guerre grondait.

« Bien, prenons les premiers Koldos ou Lyres que nous voyons et filons au spatioport Idaël. Le temps presse. »

***



Aquilons. Une ombre saute de branches en branches, personne ne la remarque car elle est rapide, vive comme l'éclair, silencieuse comme la mort. Elle observe, surveille, écoute. Elle trompe, elle utilise, elle déjoue. Elle manipule.

Elle remarque les trois compagnons qui faisaient une halte rapide, afin de ne pas attirer les chasseurs Avians à cause de l'incident de la veille. Ils avaient attirés bien pire. Ils l'avaient eux-même attirés. L'ombre avait tout compris, elle connaissait leurs plans. L'ombre n'agissait pas seule et devait rendre compte. Seule, l'ombre ne pouvait affronter les trois compagnons.

« Nelar. Ils partent d'Aquilons. Ils vont à Idäel pour aller vers Illium. »
Il y eut une réponse, puis un silence. Nelar'Fi s'agenouilla sur la branche, attentif et concentré, observant le trio partir à dos de jetspeeds.

***



A bord du Lightbringer

Liam, qui était plutôt silencieux depuis leur départ de Sethis, fut soudainement comme libéré d'une emprise invisible sur son comportement. Quand il s'affaissa sur le siège de pilote, contemplant le tableau de bord et effleurant les commandes du bout des doigts comme s'il caressait la descente des reins d'une jeune femme, il avait l'air enfin heureux.
« Tu m'as manqué, ma beauté. », fit-il, doucement. « Allez, amène nous à Illium, maintenant. »

Ythaq était debout, derrière lui, contemplant le paysage qui défilait devant ses yeux au travers de la verrière. Il passèrent devant Aviana. Il lâcha échapper un soupir de lassitude.

Il espéra être encore en vie pour voir le résultat de ses efforts à son retour.

__________FIN__________



Contenu sponsorisé

Good Morning Turvess Empty
MessageSujet: Re: Good Morning Turvess   Good Morning Turvess Icon_minitime
 

Good Morning Turvess

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Les Feux de Turvess
» CODEX : Turvess [planète]
» Solveig — Good girl with bad habits (U.C.)
» Hadès D'Anceny - I'm just a soldier whose intentions are good

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Mass Effect Reborn :: Voie Lactée [RP] :: Travée de l'Attique :: Nébuleuse de l'Aigle :: Turvess-