2163 ou 2164. Ghettoïsée, Lyon est loin de ses heures de gloire, où la culture était sa première valeur ajoutée. Industrialisée à outrances, il n'y a guère que le Lyon historique pour être vivable. Le reste n'était qu'un amas de ruines et de villes de banlieues sales, fourmillantes de vie, reliées entre elles par des métros tristes. Y survivre était plus aisé que d'y vivre, et encore. Savoir qui j'étais à cette époque n'a rien de réellement intéressant. Vagabonde, nourrisson retrouvée près du corps froid de sa mère, j'intégrais dès mon plus jeune âge un orphelinat, basé dans un ancien couvent. J'ai appris à lire dans la ruine des bibliothèques du Grand Lyon, j'ai appris à me battre en dérobant mes extras de nourriture. Délinquante ? Peut-être même criminelle. L'adolescence me porta dans un gang de femmes, des amazones indomptables qui se battaient pour contrôler un territoire urbain à la fois fascinant et terrifiant.

La prise de l'hôitel de ville avait été pour moi quelque chose d'important. Finalement, cela avait à peine intéressé le gouvernement français, plutôt préoccupé par la conquête de l'espace que par le sorts de ses rebuts, de ses enfants de la perpétuelle souffrance. Il n'y avait d'ailleurs plus guère que notre sorte pour rester à Lyon. Tous ceux qui en avaient les moyens étaient partis. Lyon l'intramuros n'était qu'une sorte de ville de transition. La prise de la place centrale, donc, point important de mon existence. Reconquis à la force de nos masses, l'hôtel de ville ne m'avait jamais parue aussi fier et menaçant. Je n'avais que seize ans. Mes compagnes festoyaient au milieu des débris, fières de la conquête. Assise sur un bloc de béton, je regardais le ciel. Tu vas partir, m'a-t-elle dit, sa main dans la mienne. Son sourire indulgent me brisa le coeur. Mais comment lui faire comprendre que je ne souhaitais pas faire de ma vie une survie perpétuelle ? Comment lui faire comprendre que j'aspirais à autre chose que de mener des hommes et des femmes à des combats aussi illusoires que meurtriers, juste dans l'espoir d'avoir une meilleure soupe ? Je partais, le lendemain. A la base londonienne de l'Alliance. M'engager avait été l'un de mes choix les plus difficiles. Je ne parlais pas un mot d'anglais, j'avais un casier judiciaire. Mais grâce à ce casier, j'ai reçu ma nouvelle identité. Je m'appellerai Hadès D'Anceny. Parce que je revenais des entrailles de l'enfer.

Un soldat comme les autres, passée dans les différentes armes. Je progressais vite, parce que je faisais ce que j'aimais. Aucune attache, pour seule famille l'équipage du vaisseau et les autres recrues. Un loup solitaire qui ne trouvait son salut que dans le contact avec les populations. Aider, se sentir utile. Voir un sourire s'éveiller sur autre chose que sur des ruines. L'avenir, enfin. L'espoir.

Je travaillais avec un autre commandant, qui avait fait ses classes et avait gagné ses galons au même rythme que moi. Elle était sympa, bon vivant. Une vraie alliée. Biotique. Elle est morte quand une de leurs foutues expériences est partie en cacahuète. C'est là où j'ai compris. Ce qu'on faisait avec l'Ezo. Ce qu'ils avaient fait à mon amie. Par pure principe, j'ai fait mes adieux aux armes, avec tout le tralala cérémonial de base, la prise d'armes, le récipiendaire, blablabla. Toute l'hypocrisie du système d'armées, valable partout. Une médaille et une tape sur l'épaule plus tard, et j'intégrai un programme concilien de rapprochement entre les peuples. C'est très beau, dit comme ça, et la mission était sympa : j'avais gardé mon vaisseau, et je l'avais désarmé. Il servait désormais de véhicule de livraison, rapide et léger, avec un fret peu important relativisé par sa vitesse de transfert. J'allais aider les colons, quelle que soit leur race, avec du matériel, de la nourriture. Je transportais des équipes techniques pour mettre en place les différents systèmes. C'était quelque chose d'aider ces populations. On m'avait appelée "La messagère", comme une Jeanne d'Arc moderne, sur son destrier d'acier. Et ça me plaisait.

La guerre a été ce qu'elle a été. Je suis devenue réserviste à contrecoeur, puis soldat par conviction et désespoir. J'y ai perdu ma gamine et ma femme, ce qui était pour moi les seules sources de confort alors que j'étais en train de parcourir l'univers, en temps de paix. Massacrées par ces fils de pute de moissonneurs. J'ai récupéré mes galons, les quatre barres dorées verticales que je portais sur mon poitrail. Et j'ai réarmé le SSV Austerlitz. J'ai fait ce que j'ai pu, à mon échelle, mettant l'expertise de l'équipage en termes humanitaires au service de ceux qui en avaient besoin. J'étais beaucoup sur l'arrière, parfois sur le front, mais jamais les bras croisés. Ca a continué après la guerre : vagabonde de l'espace, j'ai repris ma mission première, transportant du matériel là où le manque était le plus cruel. Et il y avait du boulot.

Je ne suis pas une sainte, ni un super héros. Je suis juste une militaire qui a fait sa place comme elle pouvait.

Hadès est une femme d'un mètre soixante-dix, brune aux yeux vairons. Taouées dans son cou, comme un code barre, 48A704. Elle ne parlera pas de la raison de ce tatouage. Le visage dur, les traits un peu burinés par ses explorations, elle dégage un charisme mutin, de ceux qui ont vécu des choses avant la Guerre. Elle est souvent en uniforme et opte pour des costumes bien taillés en civil, tradition qui contribue à sa réputation particulière. Mince mais large d'épaules, elle est parfois prise pour un homme, de dos, impression extrapolée par ses cheveux qu'elle porte généralement courts. Sur son dos, un énorme dragon s'agite, dans un tatouage ouvragé et complexe, rappelant parfois les oeuvres du suisse HR Giger. Sur son ventre, quelques cicatrices qui s'estompent, souvenirs de ses excursions mouvementées.

Hadès est assez réservée, laconique. Respectueuse de la hiérarchie, elle a su prendre des décisions périlleuses, et n'a jamais failli à les assumer. Fidèle comme un chien - pour peu que la confiance se soit installée, loyale comme un soldat, elle est parfois maladroite et trop franche, honnête quoique rancunière. Sa violence s'est parfois déchaînée, pour peu qu'on trahisse sa confiance. Militaire convaincue, elle est rigoureuse et pointilliste, perfectionniste dans ses préparatifs. Elle est dans l'intimité du cercle amicale une bonne compagne de route, joviale, assurée, avec qui il est facile de nouer des relations. Encore faut-il pouvoir passer la barrière qu'elle a dressée, inconsolable à la mort de son épouse et de sa fille. Fumeuse, elle est parfois notoirement alcoolique, surtout depuis la fin de la guerre. Sensible aux rumeurs, elle a particulièrement soigné sa réputation, travaillant sur son image, autant physique que morale. Mais au fond, elle a surtout souhaité enfermer ses angoisses à double-tours au fond de son coeur. Elle restera de ce fait discrète sur plusieurs aspects de sa vie.

Signe(s) distinctif(s) : Tatouage, yeux vairons, médailles de la légion d'honneur et de l'ordre du mérite - automatiquement acquises avec son grade, selon l'ancien système militaire français
Relations avec les autres : Serviable, elle reste polie et réservée avec les gens qu'elle ne connait pas. Autrement, bonnes relations avec son état major et avec le peuple concilien en général.
Des liens prédéfinis ? Négatif - je suis une mite en pullover.

Célébrité sur l'avatar (seulement si besoin) : Amanda Ripley
Comment avez-vous connu le forum ? Ex-régente de Mass Effect Saga :3
Est-ce un double compte ? Nope
Des remarques ? [C'est là où je dois parler de vieille harpies ?]