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 Ceux qui restent

Audrey Bayard

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Audrey Bayard
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MessageSujet: Ceux qui restent   Ceux qui restent Icon_minitimeMar 12 Mar 2019, 21:11
Date : Début février 2204 RP Tout public
Audrey Bayard ♦️ Scipio Sempronia
Ceux qui restent


- A vous de jouer Bayard.

Orianos énonça cette évidence d'un ton légèrement las. Audrey fixait le plateau d'un regard vide depuis 5 bonnes minutes. Elle n'était pas vraiment concentrée sur la partie, son esprit errant de mauvais souvenirs en appréhensions du lendemain. L'humaine avait trouvé insupportable ces dernières semaines enfermées dans ces murs blancs et pourtant, à l'aube de sa sortie, elle était terrorisée à l'idée de retourner dans le monde "réel". Non pas qu'elle ait réellement peur de l'extérieur, mais elle n'aurait plus aucune excuse pour ne pas faire... certaines choses.

La française avança sa tour sans grande conviction. Un fou blanc vint la faucher presque aussi sec.

- Si vous ne vous ressaisissez pas, je vais vous écraser en moins de 10 coups.

La terrienne haussa les épaules.

- Quand je pense qu'on vous a décoré pour avoir réussi à débusquer un traitre sur Nodacrux. C'est difficile d'imaginer que vous ayez été plus maligne que les services de renseignement quand on voit le niveau de votre jeu.

Le turien fixa son adversaire dans l'espoir de la voir réagir, mais rien ne se produisit.

- Et quelle brillante répartie. La conversation serait plus fournie avec l'IV de ma voiture !

La gendarme déplaça une pièce, qui disparut aussi rapidement que la précédente. Elle n'eut l'occasion de ne refaire qu'un coup avant d'être mise en échec. D'un coup d'index, elle fit tomber son roi sur le côté, concédant la victoire à son opposant.

- J'ai gagné, youpi... lança-t-il dans une parodie de victoire.
- Qu'est ce que vous voulez que je vous dise, vous êtes le meilleur...
- Non rien à voir, vous ne vous investissez pas. Qu'est ce qui vous arrive Audrey ? C'est vous qui m'avez initié à ce jeu et aujourd'hui vous n'êtes plus fichue d'aligner 3 coups.

La concernée laissa échapper un soupir.

- Je sors demain...

L'alien sembla surpris.

- Et bien, c'est plutôt une bonne chose non ? Et puis c'était prévisible vu votre état. Vous marchez presque normalement. Enfin aussi normalement qu'on peut le faire quand on est humain. Je me suis toujours demandé comment votre espèce faisait pour tenir debout avec ce qui lui sert de jambe.

Les petites provocations amicales du natif de Palaven réussirent finalement à arracher un sourire amusé à son auditoire. L'extraterrestre, enhardi par la réaction de son interlocutrice, renchérit sur quelques autres piques bien senties qui parvinrent presque à faire rire la jeune femme. Voyant qu'elle s'était un peu détendue, son collègue se risqua à aborder le sujet qui semblait la contrarier.

- Alors dites moi, qu'est ce que vous gêne tant dans le fait de sortir ? N’était ce pas la délivrance que vous attendiez tant ? Vous n'avez quand même pas peur que je vous manque !

L'ancienne de l'UCIP laissa échapper un petit soupir d'amusement.

- Je ne sais pas quoi faire. J'étais... impatiente de pouvoir quitter cet hôpital c’est vrai, mais maintenant que j'y suis, je me rends compte qu'il avait un côté très confortable. Il me protégeait de tout un tas de réalités que je ne tenais pas spécialement à affronter.

Le turien se gratta les mandibules quelques secondes.

- Si vous voulez mon avis, ce n'est pas en fuyant vos problèmes que vous avancerez. Il faut que vous fassiez face à vos angoisses et que vous réalisiez qu'elles sont infondées. Vous avez survécu à Chasca et vous y avez même gagné une promotion. Qu'est ce qui pourrait bien vous arrêter ?
- Les souvenirs de tout ce qui s'y est passé ?
- Balivernes ! Vous êtes un soldat plein de ressources Bayard, et probablement l'une des personnes les plus résistantes mentalement que j'ai connues. Oh bien sûr, vous allez me dire qu'il y a ceux qui sont revenus sans le moindre doute, avec un simple examen de routine et hop, aptes à y retourner. Mais ceux là ne sont pas résistants, ils sont insensibles. Probablement parce que c'était ça ou devenir zinzin à cause des horreurs qu'ils côtoyaient, mais les faits sont là, ils ne ressentent plus rien. Vous, vous êtes une jeune fille qui déborde d'empathie. Je suis au courant de votre demande pour secourir mon unité sur Chasca. C'était totalement irréfléchi. Mais vous vous êtes sentie proche de ces hommes, alors que vous n'en aviez rencontré aucun. Et j'imagine que chaque soldat qui est mort autour de vous là bas a dû être un véritable calvaire pour vous, même si vous ne les connaissiez probablement pas plus. Et pourtant, même après avoir vu plus des trois quarts de votre unité se faire massacrer, vous êtes toujours là, parfaitement saine d'esprit et souriante la plupart du temps. Croyez-moi Audrey, ce n'est pas pour combler un quelconque trou dans la hiérarchie que vous avez obtenu cette promotion. D'autres auraient pu l'obtenir si ce n'était que ça. Non, le commandement a vu en vous ce que je vois aussi. Vous êtes une battante. Et la seule chose qui peut vous arrêter ce sont vos propres doutes. Et peut-être aussi une balle dans la tête.
- Peut-être seulement ? demanda-t-elle amusée.
- Et bien il vous arrive de l'avoir tellement dure par moment que je me demande si vous ne seriez pas capable d'arrêter un projectile avec. lui répondit-il avec un sourire.
- Comment pouvez-vous prétendre me connaitre à ce point alors que nous nous sommes rencontré il y a à peine une semaine ?
- Vous vous souvenez de la dite rencontre ?
- Comment je pourrais l'oublier ? J'étais lamentablement effondrée dans le couloir parce que j'avais essayé de me déplacer toute seule...
- Dans mon souvenir, vous n’êtiez pas lamentablement effondrée, vous tentiez vaillamment de vous redresser malgré votre jambe cassée. C'était certes stupide, mais ça témoigne bien de votre volonté. Peu importe vos blessures, votre mental vous permet de continuer et de toujours vous relever. Parfois avec l'aide d'un charmant et magnifique turien qui passe par là tout de même.
- Charmant et magnifique, rien que ça ?
- Ce n'est pas de ma faute si la nature a été généreuse avec moi.
- Ben voyons ! Mais qu'est ce qui vous dit que je ne suis pas simplement une crétine bornée ?
- Très simple : vous êtes encore en vie. Les abrutis butés ne le reste pas longtemps en général.
- Je suis peut-être chanceuse. rétorqua-t-elle sur le ton de la blague.
- Vous ne l'êtes pas assez pour finir lieutenant-commandant. Faites moi confiance, tout se passe dans votre tête. Vos blocages ne viennent que de votre esprit. Croyez en vous et rien ne pourra jamais vous arrêter. Peu de gens peuvent se targuer d'avoir une volonté comme la votre.

La châtain sourit, alors que ses joues s'empourpraient très légèrement.

- Et modeste avec ça... Si seulement vous êtiez turienne !
- Vous ne seriez pas plus avancé car vous resteriez mon supérieur.
- Il m'aurait suffit de vous promouvoir.
- Evidemment. Et pour quel motif ?
- J'aurais bien trouvé quelque chose. Bon, on refait une partie ? Ce n'est pas tout, mais hier nous en étions resté à "vous faites des progrès, il m'a presque fallu deux fois plus de coups pour vous battre". Si c'est possible, j'aimerais bien tenter de vous en demander trois fois plus aujourd'hui.
- Vous n'espérez même pas gagner ?
- Oh je ne me fais pas d'illusion. Face à votre volonté, je ne suis rien.

Audrey rigola doucement en finissant de replacer les pièces. Il avait finalement réussi à lui faire sortir ses préoccupations de la tête. Peut-être le commandant ne lui avait-il servi que des boniments pour la réconforter, mais si c'était le cas, il avait réussi à paraitre suffisamment sincère pour qu'elle y croit.

- Merci Orianos. Merci pour tout. Je repasserai vous voir dès que j'aurai une minute. Et je ferai en sorte d’être là le jour de votre "délivrance".
Scipio Sempronia
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MessageSujet: Re: Ceux qui restent   Ceux qui restent Icon_minitimeJeu 21 Mar 2019, 16:58
L’urne était mince et haute, ressemblant à une fiole opaque à peine ornée de quelques maigres fioritures. La famille d’Orianos n’était pas pauvre, mais les circonstances exigeait de rester sobre. Le silence était également de rigueur, et seul le prêtre récitait les prières aux esprits qui avaient accompagné le soldat lors de ses missions pour la Hiérarchie et l’UCIP. Pourtant, fort peu de ses frères d’armes étaient présents.

Il est vrai, après tout, que s’ôter la vie était un tabou pour a plupart des Turiens, et une vie honorable ne rattrapait pas une mort solitaire. Le jeune frère d’Orianos était là, regardant ses pieds de peur de croiser les regards des autres, tandis que sa mère fixait le vide derrière l’homme de foi, comme pour retenir ses larmes. Scipio, lui, était tout au fond du jardin funéraire. Il n’était pas parmi les plus proches amis d’Orianos, ni un membre de sa famille, aussi n’osait-il pas s’approcher trop près de l’autel sur lequel était déposé l’urne. Il était de rigueur que la crémation se déroule avant la cérémonie, aussi n’avait-il pas pu voir une dernière fois son ancien collègue. La croyance souhaitait que le corps devait être supprimé afin que l’âme ne soit pas retenue. Ne restait alors pour la fixer à notre monde que les regrets de ceux qui restaient. La cérémonie devait les aider à s’en débarrasser, et ainsi seulement Orianos pourrait rejoindre ses ancêtres en paix.

Quelques soldats, probablement des troupes ayant servi sous ses ordres, fermaient solennellement les yeux. Scipio, lui, en était incapable. Depuis sa position en retrait, il regardait les spectateurs de la morbide tirade du prêtre. Ils étaient principalement de la même espèce que lui, mais il comptait également une Asari et deux Humains. Probablement des soldats de l’UCIP, qu’Orianos avait rejoint il y a quelques mois. La rumeur voulait qu’il était revenu d’un horrible champ de bataille, et que son acte avait suivi le profond désespoir qu’il avait récupéré de cet affrontement.

Lorsque le vieil homme acheva ses bénédictions, les membres de la famille s’approchèrent de l’urne pour murmurer à leur proche quelques derniers mots. Puis ce fut aux compagnons d’infortune, les militaires ayant servi à ses côtés, à commencer par les plus anciens. Les quelques Turiens passèrent, avant de laisser leur place au Sempronia.

« Je n’ai pas prévu de discours, balbutiait-il. T’es plus doué que moi pour parler de toute manière. Enfin, plus maintenant… Tu m’as compris. T’es un bon gars Orianos. C’est dommage qu’il y ait pas eu assez de bons gars pour toi. Ça t’aurait emmerdé qu’on s’apitoie sur ta mort pendant trois plombes, mais tu me connais, je le ferai quand même. Je, heu… A la revoyure, Orianos. »

Scipio n’était pas très doué en enterrement mais, après tout, il n’avait jamais été enterré. Il manquait d’expérience. Une fois quelques prières aux esprits un peu plus formelles, il tourna les talons et retourna à sa place. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il croisa la personne suivante ; la flicette. Il avait pourtant entendu dire qu’elle avait été mutée loin de la Citadelle ? Et comment connaissait-elle Orianos, lui qui n’était abonné qu’aux champs de bataille ?

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MessageSujet: Re: Ceux qui restent   Ceux qui restent Icon_minitimeDim 24 Mar 2019, 23:44
C'était la première fois qu'Audrey assistait aux funérailles d'un turien. Elle ne connaissait guère les rites funéraires de cette race. Des autres espèces de façon générale d'ailleurs. Elle ne savait même pas comment l'on était censé se vêtir pour ce genre d'occasion dans la culture de Palaven. C'est pourquoi, après quelques hésitations, la française avait finalement opté pour son uniforme plutôt qu'un ensemble civile d'une teinte qui aurait pu déranger. Après tout, rien que sur Terre, la couleur des obsèques n'était pas toujours identique selon les cultures. La terrienne arborait donc sa tenue de l'UCIP, encore ornée de ses anciens galons. L'autre avantage de ces vêtements était de permettre de rapidement déterminer d'où sortait cette inconnue.

Il n'y avait pas grand monde à la cérémonie. L'humaine n'avait jamais vraiment demandé à Orianos s'il avait de la famille ou beaucoup d’amis. Elle s'en rendait compte aujourd'hui, mais lors de leurs échanges, ils avaient beaucoup parlé d'elle et très peu de lui. Et la châtain se sentait assez honteuse de ne pas avoir pris conscience plus tôt de cet état de fait. Peut-être le commandant serait-il encore en vie si Bayard avait pris le temps de s'inquiéter de sa santé, plutôt que de penser naïvement qu'il allait bien parce qu’il en donnait l’impression. Mais il était trop tard pour avoir des regrets à présent...

Tandis que le prêtre recommandait l’âme du défunt aux esprits, la gendarme examina rapidement l’assistance depuis la rangée où elle s’était placée. Elle ne distingua aucun enfant, et très peu de turienne. Ce qui la marqua surtout, c'est que personne ne semblait pleurer. Certes les gens n'affichaient pas non plus de joie sur leur visage, mais la châtain était habitué à un peu plus de larmes lors des enterrements. Ne serait ce que celles d'une veuve éplorée et d'enfants orphelins de leur père. Mais personne ne semblait correspondre à ces personnes dans les individus présent. Mais peut-être les turiens se devaient-il de garder un certain contrôle.

Quand l'homme de foi eut fini son sermont, l’assemblée prononça ce que l’humaine interpréta comme une sorte d’oraison et que son omnitech traduisit basiquement par “Tu es mort mais je suis toujours vivant. Je me souviens de toi ainsi tu es éternel”. Débuta ensuite une sorte de procession, où chacun alla tour à tour dire ses derniers mots à l'urne. De par son positionnement dans la salle, Audrey était parmi les derniers. Juste avant d'atteindre les cendres, elle croisa un turien qui la dévisagea. Pas de façon méfiante cela dit, plutôt surprise. L'ancienne du SSC n'y prêta cependant pas plus attention que cela dans l'immédiat.

- Commandant Tresenis, je tâcherai de me montrer digne de la confiance que vous m’accordiez. Je regrette de ne pas avoir pu vous rendre la pareille. Puisses vos Esprits vous accueillir en leur sein.

L’officier conclua par l’un de ses plus beaux saluts militaires avant de s’éloigner à son tour de l’urne pour laisser la place au suivant. Elle constata que celui qu'elle avait croisé à l'aller la fixait toujours. Son visage lui disait vaguement quelque chose, mais la française n'arrivait plus à mettre de nom dessus. Elle ne parvenait même pas à se souvenir de qui il s'agissait. Probablement un soldat avec lequel elle avait été déployée, mais quand… Chasca ? Peu probable, il y avait suffisamment peu de survivant pour qu'elle se souvienne de chacun des visages. Sytau ? Non, le piaf de cette intervention ne ressemblait pas du tout à ça. Peut-être Nodacrux. Après tout la militaire avait croisé beaucoup de monde sur la base, elle ne pouvait pas se souvenir de tous. À moins qu'il ne s'agisse d'un des membres de l'équipage du lieutenant Gallagher. Dans tous les cas, pourquoi la fixait-il ainsi ?

Ne parvenant pas à trouver avec certitude pourquoi cet olibrius la connaissait, la française décida d'aller s'installer sur sa rangée en revenant. Il y avait de toute façon de la place partout. La châtain se plaça juste à côté de lui.

- Excusez moi… est ce qu'on se connait ? Demanda-t-elle à voix basse en regardant l'autel à l'avant de la salle et non le concerné.
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MessageSujet: Re: Ceux qui restent   Ceux qui restent Icon_minitimeLun 25 Mar 2019, 23:41
L’index de Scipio se posa sur sa bouche, intimant le silence à la jeune femme. Il savait qu’elle parlait par sa faute et il en était gêné, mais ils ne pouvaient se permettre de perturber la quiétude religieuse du rite. De plus, le prêtre reprenait sa place auprès de l’autel, prêt à achever la cérémonie. Il ignora poliment une fleur que quelqu’un avait déposé devant l’urne. Aucun Turien n’aurait ainsi eu la bravoure et l’indécence de perturber ainsi les funérailles, mais le cuistot n’avait pas eu le temps de voir qui l’avait déposé. Si l’attention était louable, la famille du défunt devait certainement grincer des dents. Par chance, si peu d’entre eux étaient là.

« Aujourd’hui nous sommes entrés dans le jardin de Civitatem le cœur lourd du chagrin et des regrets, reprit l’homme de foi. C’est une bonne chose, car ce sont les preuves de la bonté qu’Orianos Tresenis a fait preuve envers nous. Mais désormais, il nous faut abdiquer ces sentiments, et accorder à notre ami le repos qu’il a mérité. Maintenant, il faut fêter son nom. Célébrez ses victoires, réjouissez vous du bonheur qu’il a amené et, dans votre joie, vous l’honorerez. »

Il était difficile pour le réserviste de garder son sang froid. Mise à part la dynastie Tresenis elle même, tous les Turiens portaient leur uniforme militaire et n'affichaient que stoïcisme et rigueur, ce qui avait le chic pour sortir Scipio de sa zone de confort. Il avait fini par s’habituer à l’idée qu’il ne serait jamais à la hauteur des standards de la Hiérarchie – il avait ses propres standards de toute manière. Cependant, ce genre de lieux et de moments le lui rappelaient vivement. Il souhaitait porter le deuil de son ami, pas se réjouir. C’était certes la tradition, mais il n’en était pas encore capable. Il était pourtant habitué aux funérailles, ayant survécu à la grande majorité de sa dynastie. Ses mains tremblaient fébrilement sur ses jambes, le reste du corps restant droit et digne pour sauver les apparences. Mais bientôt, le prêtre clôtura la cérémonie et les lugubres « invités » quittèrent le jardin funéraire. Scipio se leva alors, et s’excusa :

« Pardon de vous avoir dévisagé, ça n’était pas bien poli. J’ai encore du mal à différencier les Humaines entre elle, je… »

Ça n’était pas franchement plus polie, et pas non plus tout à fait vrai. Il avait fait des efforts sur ce point là. Il réalisait petit à petit qu’elle n’était peut être pas la petite flicette brune. Elle était en uniforme de l’UCIP après tout, c’était une militaire. Une dure à cuire, pas la gamine qu’il avait vu à son stand. Alors qu’il continuait de la fixer sans vraiment s’en rendre compte, il remarquait en effet des différences avec ses souvenirs ; elle n’avait pas l’air cynique et moqueur dont il se rappelait. Elle avait l’air épuisée. Mentalement épuisée, car son corps tenait bien mieux le deuil que Scipio. Il embraya :

« Je vous ai confondu avec une ancienne cliente. Je suis navré. Je, heu… Merci d’être venue. Qui que vous soyez pour Orianos. Il… Heu, ça lui aurait plu. Je pense. »

Maladroitement, il passa devant elle, se disant qu’il n’était pas très malin puisque l’on est rarement « cliente » d’un caporal, mais préférant se taire que continuer de se ridiculiser. Alors qu’il traversait l’allée centrale afin de quitter le jardin, il s’arrêta, puis hésita quelques secondes, avant de se retourner. Il tapotait son épaule, comme pour signifier les galons de la terienne.

« Merci encore. L’UCIP comptait beaucoup pour lui. Ça a du lui faire plaisir de pouvoir revoir l’uniforme une dernière fois. »

Il marqua une courte pause, se demandant jusqu'où l'Humaine était consciente des us et coutumes de Palaven, avant d'achever :

« Ils vont désormais fêter les funérailles. Je sais que ça ne se fait pas ainsi chez vous, j'espère que vous ne serez pas choquée. C'est pour, heu… C'est pour que nos regrets n'attachent pas Orianos à ce monde. Ca ne gênera personne si vous n'y prenez pas part. C'est difficile pour tout le monde. »
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MessageSujet: Re: Ceux qui restent   Ceux qui restent Icon_minitimeMar 26 Mar 2019, 20:01
- Fêter les funérailles ? Que voulez vous dire par là ?
- Ils vont trinquer à sa mémoire, et s'esclaffer bruyamment en se remémorant ses faits d'armes. Généralement, ça se passe comme ça. Il n'est pas question pour eux de montrer leur tristesse, ce serait lui manquer de respect.

Étrange coutume. Il arrivait aux humains d'en faire de même, mais rarement dans l'heure qui suivait la mise en terre. Audrey se serait plutôt attendue à trouver une tradition de ce genre chez les krogans. Mais il faut dire que les turiens partageait avec les reptiles une certaine culture guerrière, bien que chacune s'exprime de façons différentes. Ce n'était peut-être pas si bizarre finalement qu'une société entièrement militarisée ait appris à ne plus s'émouvoir de la mort. Et puis cela avait le mérite de changer les idées et d'éviter de se morfondre pendant des jours.

- Ma foi, je suis venue pour rendre un dernier hommage à Orianos. Je ne vais pas me défiler maintenant. Ce serait tout autant lui manquer de respect. Je vous suis.

En emboîtant le pas de son nouveau “compagnon”, la terrienne tâcha de farfouiller dans ses méninges. Cette histoire de cliente la turlupinait. Pour autant qu'elle sache, on ne parlait pas de clientèle dans l'armée, même celle de la Hiérarchie. Il pourrait éventuellement s'agir d'un intendant, mais le seul turien occupant ce poste qu’elle se souvenait avoir rencontré ne la portait pas vraiment dans son cœur. Et il l'aurait sans doute reconnue immédiatement compte tenu de leurs quelques différends sur Nodacrux. Mais alors d'où sortait ce caporal ? Cliente… cliente… mais bien sûr, cliente !

- Le vendeur de nouilles ! Vous êtes le vendeur de nouilles à la lisière du présidium ! s'exclama la française en se retenant de crier.
- Vous devez vous méprendre. rétorqua immédiatement l'autre sur la défensive, comme un enfant qu'on aurait attrapé en train de faire une bêtise. Si, heu, c'est moi. Je m'appelle Scipio. Du coup vous êtes bel et bien la flicette? Avec l'uniforme, vous m'avez mis le doute.
- Si par flicette vous entendez l'humaine du SSC venue vous acheter des pâtes pour tout un régiment, alors oui, c'est bien moi. Audrey. Je suis navrée que nous nous revoyions dans ces circonstances… Vous connaissiez bien Orianos ?
- Audrey, oui. Un de vos collègues avait vendu la mèche, il m'avait dit que vous aviez été muté. Je ne m'attendais pas à mutée à l'UCIP. Et non, je ne peux pas dire que je le connaissais très bien. Je l'ai rencontré l'année dernière sur un champ de bataille, et on a gardé contact. Vous devez connaître ce genre de relations, elles ont beau être courtes... Elles marquent tout autant.
- Je vous avoue que le peu de personnes que j'ai rencontrées sur un champ de bataille récemment en sont revenues entre 4 planches… On n'a pas vraiment le temps de s'attacher du coup…

Il y eut un petit instant de flottement avant que le caporal ne parvienne finalement à reprendre la parole.

- Je ne sais même pas qui est revenu des derniers affrontements, et qui y est resté... J'ai reçu des listes d'amis coincés à l'hosto, même ma patronne y figurait. Résultat, le premier que je viens voir... Il est là.
- Ça a été une opération… difficile. Beaucoup y sont restés et je pense que personne n'en est revenu totalement indemne. Nous avons tous laissé une part de nous même sur Chasca… Plus ou moins littéralement...
- Quoi ? Vous étiez... là bas ?

L'humaine répondit affirmativement d'un simple hochement de tête.

- Bon sang... Ca va ?
- Autant qu'on peut vu les circonstances. J'ai retrouvé l'usage de mes jambes et je suis autorisée à circuler librement, alors j'imagine que les médecins vous diraient que je vais bien... Mes cernes indiquent probablement que le diagnostic est plus nuancé…
- L'usage de vos jambes ? Mais bon sang, ça ressemblait à quoi là bas ? Non, je... La décision d'Orianos en dit largement assez. Bordel, j'espère qu'on ne vous renvoie pas en mission immédiatement. Et en même temps j'en suis à peu près certain.
- Je ne pourrais pas vous le décrire même si vous me le demandiez. Mais les plus graves séquelles sont psychologiques. Comme Orianos nous l'a démontré. Le plus ironique dans tout cela, c'est que sans lui, c'est peut-être moi qui serais à sa place aujourd'hui. Il m'a aidé à tenir bon à l'hôpital et même après être sortie, c'était en partie grâce à ce qu'il avait pu me dire que je ne me suis pas foutue en l'air. Maintenant que je réalise que sa bienveillance n'était qu'une façade… je ne sais pas… Je ne sais plus à quel point je peux me fier à ce qu'il a pu me baratiner pour m’empêcher de

La militaire s'arrêta nette. Elle avait encore du mal à formuler l'idée qu'elle pourrait se suicider. Son ton avait été anormalement amer, presque accusateur envers celui qui avait utilisé ses derniers jours pour la pousser à se raccrocher à la vie. La jeune fille était exténuée de ses nuits bien trop courtes et ne parvenait pas à masquer sa colère. Pas contre Orianos, encore qu'elle lui en voulait tout de même un peu d'avoir choisi la solution de facilité, de l'avoir “abandonnée” seule face à ses doutes, mais contre elle même. Bayard s'en voulait de ne rien avoir vu concernant le commandant et de ne rien avoir pu tenter pour l'empêcher. Si elle lui avait permis de se confier comme il l'avait fait pour elle, peut-être serait-il encore en vie. Si elle n'avait pas quitter l'hôpital, peut-être qu'il lui en aurait parlé avant de…

La française se retint de craquer encore plus et tenta de se calmer. Elle ne tenait pas à effrayer son interlocuteur.

- Je vous demande pardon. Je suis un peu à cran. Mes nuits ne sont pas très reposantes depuis que je suis sortie…

L'officier se força à afficher un sourire pour paraître à peu près apaisée.

- Pour ce qui est de repartir en mission, je n'en sais encore rien. Un psy est censé décider de mon aptitude à reprendre du service d'ici une dizaine de jours. Nous verrons à ce moment là… Et vous alors, qu'est ce que vous devenez ? Comment se porte votre guitoune ? Toujours autant de clients ?

La question pouvait paraître étrange, surtout qu'Audrey l'avait posé comme si la clientèle d'un stand de nouilles avait la même importance qu'un stress post-traumatique à tendance suicidaire, mais au fond, elle avait envie de parler d'autre chose. Chaque occasion était bonne pour fuir les souvenirs de Chasca. Et qui sait, peut-être cherchait-elle aussi d'une certaine manière à se racheter pour son manque d'attention vis à vis d'Orianos en s'intéressant à Scipio...
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MessageSujet: Re: Ceux qui restent   Ceux qui restent Icon_minitimeSam 13 Avr 2019, 22:00
En quittant le site consacré à l’Esprit de la Citadelle, le duo discuta un peu. Un peu trop. Le flot d’information livrait toutes les raisons qu’il fallait pour s’inquiéter. Non seulement la jeune femme revenait du charnier que l’on appelait Chasca, mais elle y avait subit de lourdes séquelles. Apparemment, les fauteuils roulants l’avaient accueillis quelques temps, et avaient fini par laisser leur places à de bien plus lourdes blessures. Le lien qu’elle avait tissé avec Orianos devenait plus clair. Il n’était pas encore certain de savoir s’ils s’étaient rencontrés lors de la bataille ou non, mais il était désormais clair que leur convalescence avait été partagée.

Et si Audrey avait quitté l’hôpital, comme Orianos, elle n’avait pas encore quitté Chasca. Son corps se tendait dès qu’elle en parlait, comme si le stress qu’elle y avait vécu ressurgissait. Les douleurs physiques avaient fini par se taire, mais le reste continuait de hurler dans le corps de la flicette.

« Écoute, on s’en branle de mon stand… commença Scipio. T’as besoin de parler. Je peux te tutoyer ? C’est trop tard de toute manière. Ne me demande pas pardon d’avoir un peu débordé, c’qu’il faut que tu fasse c’est... »

Il chercha quelques secondes ses mots, mais reprit rapidement :

« Enfin, je n’ai pas vraiment la solution pour ça. Mais avoir mal ne te donne pas le droit de faire du mal. Pour autant, sortir cette rage, tu peux. Ça vaut mieux même. Ces mots, ils sont injustes, mais il faut que tu les exprimes. T’as la haine contre Orianos ? On est d’accord, t’en as pas le droit. Mais explique moi quand même. Ça vaut le coup d’essayer. Crois moi.
- Je n’ai pas la « haine » contre Orianos. Enfin peut être un peu. J’en sais rien. Mais il m’a sorti tout un tas de belles paroles sur le fait qu’il fallait s’accrocher, que ça en valait le coup, que j’en étais capable. Et deux jours après il se tire une balle. Quel crédit je suis censé lui accorder après ça.
- Faîtes ce que je dis, pas ce que je fais. Ne me fais pas croire que tu n’as jamais donné de conseils que tu ne savais suivre toi même. Orianos se bat contre ses démons depuis longtemps, j’avais pu le comprendre à travers nos échanges. Quand il te disait ça, il se le répétait également à lui même. Ça l’a aidé à tenir depuis tout ce temps. Chasca, c’était juste le truc en trop. Ou peut être a-t-il reçu d’autres nouvelles, qui venaient s’ajouter à son malheur ? J’en sais rien, en vérité. Mais … Il te voulait du bien. Ne crois pas qu’il n’était pas sincère. Dire que sa bienveillance était de façade… C’est faux. Je suis sûr que tu t’en rends compte. Il n’affichait que ce qui pouvait aider les autres, il refusait de montrer le morceau de lui qui avait besoin d’aide, c’est vrai. Évites de faire la même erreur.
- Ça ne risque pas en ce moment. J’arrive à peine à paraître à peu près présentable aujourd’hui. Alors afficher ce qui pourrait en aider d’autres… Nom d’un chien je suis à peine capable de m’occuper de moi depuis que je suis sortie !
- Et pourtant, tu préfères me demander l’état de ma guitoune plutôt que de l’aide. »

Son ton était affectueux, et son regard compatissant. Il était désormais clair que tous deux avaient plus de points communs qu’ils ne l’avaient estimé lors de leur première rencontre. Et dire qu’à l’époque, c’était lui qui l’avait averti des dangers de l’Energie Noir.

« Tu es très présentable, je te rassure. Mais je te comprends. Se forcer à manger, à tenir debout, à remplir les formulaires. Se convaincre qu’on peut continuer comme ça encore longtemps. Eh, lança-t-il en pausant sa main sur son épaule. On ne se connaît qu’à peine et je comprends déjà pourquoi Orianos voulait te remonter le moral. Quitte à se faire passer en second.
- Ne le prends pas mal, mais je me fiche pas mal de l’état de ta guitoune en ce moment. J’ai juste envie de parler d’autre chose et ton commerce est un sujet comme un autre. J’ai juste envie de parler d’autre chose et ton commerce est un sujet comme un autre...
- Je me doute bien. Mais je ne pense pas que changer de sujet va t’aider.
- Et pourquoi Orianos s’est sacrifié pour moi selon toi alors ? »

Scipio souri, amusé par la question morbide de sa « cliente ».

« Il ne s’est pas sacrifié. Il ne se rendait peut être pas compte du danger de son état, à force de vivre comme ça depuis tout ce temps. Ne te crois pas au centre du monde non plus cocotte, il en a aidé plein d’autres. Ça lui permettait de tenir. Mais ça serait du gâchis de rejeter ça maintenant. Rappelle toi un peu de lui, et interroges toi sincèrement… Tu penses vraiment qu’il ne souhaitait pas t’aider ? Que ce qu’il t’as dit, c’était du vent ?
- Je n’ai jamais dit qu’il ne voulait pas m’aider. Mais il aurait mieux fait de s’aider lui même plutôt que de se foutre en l’air avec moi ! »

Le ton s’était haussé, mais l’Humaine sembla immédiatement regretter ses propos. Encore une fois, son muscle sterno-mastoïdien tendait le col de son uniforme, et palpitait sur sa gorge. Elle avait un mal de chien à contrôler ses émotions.

« Non, je… Ce n’est pas ce que je voulais dire. Je… Je crois que je n’arrive pas à accepter sa mort. Je me sens responsable. Et j’ai peur que ça soit celle de trop. J’ai déjà vu tellement d’horreurs à cause de Chasca, je ne sais pas combien d’autres je pourrais supporter. Mais renoncer, ce serait manquer de respect à Orianos. C’est ridicule, mais ce qui m’empêche de faire comme lui, c’est la peur de le décevoir. Il était persuadé que j’avais le mental pour surmonter tout ça. J’imagine que c’est difficile à comprendre qu’on puisse vouloir faire la fierté d’un mort…
- Tu peux te lâcher. Tu fais bien de t’énerver. Ça te fera du bien de cracher tout ça. T’es pas responsable Audrey. Ni pour lui, ni pour Chasca. Mais il n’est plus question de décevoir Orianos. Tu as été forte tant qu’il était là. Maintenant, sois forte pour ceux qui sont encore en vie. Toi y compris. Allons nous poser ailleurs, je commence à entendre ceux qui étaient là aux funérailles… Je n’ai pas trop envie de sauter de joie pour le moment, t’en penses quoi ?
- Ouais, souffla-t-elle. Je ne me sens pas trop de déborder d’allégresse dans l’immédiat non plus… Tu as un endroit en tête ?
- J’ai bien une idée, oui. Un p’tit coin sympa, personne ne se posera de question en y voyant deux idiots en uniforme se morfondre. Et je t’invite, tiens. Je - »

Il se stoppa net, et déglutit difficilement, bien qu'il essayait d’afficher un sourire. C’était difficile de plaisanter, mais Scipio, en fin de compte, n’était pas capable d’autre chose.

« Je devais un resto à Orianos de toute manière. »

Et ils quittèrent le quartier chic dans lequel se trouvait le jardin funéraire afin de se rendre dans un bar-restaurant des secteurs, tenu par une lointaine connaissance du Turien. L’enseigne arborait des symboles asiatiques au sens parfaitement obscur pour le soldat du génie, et qui ne voulaient probablement pas dire bien plus aux yeux de l’officier de l’UCIP. Scipio expliqua que le patron était un ancien brasseur, et que c’était probablement le meilleur endroit pour boire à peu de frais tout en se remplissant la panse de bons petits plats. La carte dextro était maigrichonne, mais rien d’étonnant à ça. Scipio aimait bien en râler un petit peu, ça permettait d’engager un sujet sans importance. Sans saveur, à vrai dire.

Tôt ou tard, aujourd’hui ou dans un an, le vrai sujet allait revenir. Il était probable que quelques bières aideraient les langues à se délier. Mais pour le moment, Audrey avait déjà dit énormément à un inconnu, et ce dernier ne pouvait vraiment en demander plus. Il se montrait protecteur envers cette jeune femme pourtant de presque cinq ans son aînée, et n’osait plus aborder ce qu’elle avait vécu sur Chasca sans l’enrober de multiples couvertures.

Pour le moment.
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MessageSujet: Re: Ceux qui restent   Ceux qui restent Icon_minitimeDim 14 Avr 2019, 13:33
Scipio emmena Audrey dans un bar restaurant asiatique des secteurs. Cette dernière était surprise de constater à quel point elle avait pu se confier à un quasi inconnu. D'un autre côté, elle était épuisée, comme le turien l'avait sans doute constaté à ses sautes d'humeur, et avait donc du mal à retenir tout ce qu'elle avait sur le cœur en ce moment.

La française ne répondit rien lorsque son camarade lui indiqua qu'il devait un repas à Orianos. Il lui sembla que c'était dit sur le ton de l'humour, mais elle ne parvint pas à en rire. Elle ne voulait pas le remplacer. Elle ne pouvait pas le remplacer. Le duo entra donc dans un silence légèrement gêné et laissa un serveur les installer à une table et leur apporter une carte chacun. Ils se contenteraient de boire dans un premier temps.

La terrienne commanda ce qu'il y avait de plus fort. Avec ces mots. Ce n'était pas vraiment son genre de boire de l'alcool fort, surtout aussi tôt dans la journée, mais si cela pouvait lui faire oublier. Ne serait ce qu'un après midi, une soirée, une nuit… Son compagnon commanda la même chose, vraisemblablement par politesse compte tenu de son ton quelque peu hésitant.

L'extraterrestre profita de l'attente pour se plaindre gentiment du manque de choix dextro au menu. L'humaine lui répondit un peu amusée que c'était lui qui avait choisi cette adresse, c'était donc entièrement de sa faute. Et puis les boissons arrivèrent.

- Vous me remettrez la même chose s'il vous plaît. Demanda l'officier avant même d'entamer sa première commande. Puis, elle se tourna vers son partenaire de beuverie. Au final tu ne m'as toujours pas répondu. Comment se porte ta boutique de nouille ? Pas de chute d'astéroïde sur le toit ? Une tentative de rachat par une multiplanétaire peut-être ?
- Pas rachetée, financée. Une longue histoire de forces spéciales qui veulent un pied à terre dans le domaine de la nouille... Du coup je passe mon temps fourré dans de la paperasse pour faire grandir la boîte. Il faut que je pense à passer à l'hosto pour mon check-up avant les négociations pour la seconde boutique... Eh merde, je sonne comme un trader.

La militaire s’enfila son verre d'une traite, ce qui la fit grimacer. L'alcool fort n'avait pas vraiment bon goût, surtout quand il n'était mélangé à rien d'autre. Mais avec un peu de chance, il aurait l'effet qu'elle escomptait...

- Sans rire ? Des investisseurs sont vraiment venus te voir pour financer et développer ta guitoune ?
- Eh, j'ai une réputation internationale dans au moins tout le quartier !
- Peut-être verrons-nous apparaitre des nouilles scipio aux quatre coins de la galaxie d'ici quelques années alors. Avec ton magnifique profil sur la façade.

Le cuistot attaqua son verre à son tour, alors qu'un second arriva pour la jeune femme.

- La chaîne s'appelle "Bouchées d'Ailleurs", je ne veux pas que mon nom continue de se répandre. Et je sais que mon profil est irrésistible mais c'est déjà assez dur de planter des restos turiens partout sans afficher sur la façade que c'est une écrevisse qui tient le stand.
- Tu ne fais donc pas ça pour la gloire et la sauvegarde de ton patronyme comme celui du plus grand faiseur de nouilles de la galaxie ?
- A quoi bon ? Si quelqu'un a besoin de savoir mon nom je préfère que ça soit mes proches. Les clients et les collègues peuvent m'appeler chef ou caporal. Et toi, ils t'appellent comment maintenant à l'UCIP ? Commandante ? Interrogea le caporal en subtilisant ouvertement le deuxième verre de la châtain, déjà à moitié vide.
- Aux dernières nouvelles c'était "la survivante". Du moins à l'hôpital. Plus flatteur que le précédent sobriquet dont on m'avait affublé. Il parait que normalement, j'aurais du mourir sur Chasca compte tenu du nombre de vétérans qui y sont restés. Au final je ne sais pas si ça se veut réellement plus flatteur... Tu comptes m'empêcher de déshnorer l'uniforme ? Demanda la française avec un sourire forcé en pointant son verre de la tête.
- Mon père t'aurait dit que tu déshonores n'importe quel uniforme en le donnant à un humain, ricana Scipio. Mais non, c'est juste que tu n'savoures pas. On est d'accord c'est pas le grand luxe ici, mais respecte ce qu'on te sers, survivante. Mais tu permets, pour moi ça sera Aud'. C'est plus court à dire et ça s'la pète un peu moins. Il marqua une pause. T'as pas besoin d'engloutir ton schnaps, on dirait que t'essaye d'te noyer.
- Ce n'est pas moi que j'essaye de noyer… Tu ne veux pas me laisser oublier ? Même si ça ne doit être que pour une journée...

L'humaine ne tenta pas de reprendre sa boisson de façon plus physique. Elle ne se sentait ni la force de lutter ni l'envie de se battre. Depuis qu'elle était sortie de l'hôpital, elle passait ses journées complètement amorphe, ayant à peine la motivation de se trainer jusqu'à sa cuisine pour ne pas mourir de faim. Le reste du temps était souvent passé à ne littéralement rien faire. Enfin, à part cogiter quand son cerveau s'en sentait l'énergie... "La survivante"... Audrey était peut-être en vie d'un point de vue médical, mais elle se sentait morte à l'intérieur. Elle en venait à se demander si elle pourrait reprendre du plaisir à faire quoi que ce soit après Chasca... Comment tous les autres faisaient ils pour tenir ?
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MessageSujet: Re: Ceux qui restent   Ceux qui restent Icon_minitimeDim 14 Avr 2019, 15:40
Audrey souhaitait pour le moment éviter le sujet, et Scipio ne chercha pas à l’en empêcher. Il fallait des temps morts pour se ménager, s’empêcher de dédier toutes ses pensées à ce qui était arrivé. Temporiser n’était pas une mauvaise chose, bien au contraire, mais le Turien n’avait pas besoin d’avoir fait de longues études pour voir que ça n’était pas l’objectif de la petite Humaine. Heureusement d’ailleurs, puisqu’il n’en avait pas fait en dehors de l’armée.

« Oublier... »

Il repoussa le verre dans la direction d’Audrey, afin de lui faire comprendre qu’il ne blâmait pas ses choix, mais espérait que son acte précédent pouvait mitiger sa soif.

« Je vais te raconter cette histoire de restaurant financé, tu devrais vite comprendre pourquoi. J’étais assez fatigué ce jour là, même si avec du recul je suis bien plus crevé depuis. Cette nana arrive… Pour le coup, je ne disais pas n’importe quoi, elle est vraiment des forces spéciales. On papote, de Turien à Turien tu vois. Ça veut dire qu’on parle de grade, de batailles, d’à quel point c’est génial l’armée... »

Il ne souriait pas franchement alors qu’il buvait calmement. Il était si habitué aux alcools forts et bons marchés qu’il descendait son verre régulièrement, à petites gorgées, comme un simple lait fruité.

« Bon, pas exactement, précisa-t-il. Mais tu vois l’idée. On cause, elle me raconte ce qu’elle faisait, sur Palaven notamment. La bataille de Palaven, ça a un peu été mon Chasca à moi… On est d’accord, les Moissonneurs et la Corruption, c’est pas le même bail. Mais j’étais mioche à l’époque, et ça a détruit petit Scipio. Oublier, j’ai essayé. »

Cette fois, il but un peu plus brusquement, et écarta un peu son propre verre en le reposant sur la petite table carré.

« Quand tu fais ça, tu te créé des barrières, des tabous, des petites cases dans ta tête que tu espères parvenir à garder fermer. Ça ne marche pas. Dès que cette femme a commencé à parler trop précisément de deux-trois détails, c’est les sueurs froides qui revenaient, et la panique avec elles. La fatigue et le stress m’ont envoyé illico sur un lit d’hosto. Plus de dix ans après les faits. Je sais que tu parles d’oublier juste un soir. Et ça, je veux bien te laisser faire et te ramasser à la petite cuillère. »

Il posa une main sur le poignet d’Audrey, cherchant à être rassurant, sans vraiment savoir s’il y parvenait.

« Mais c’est une solution temporaire. Tu ne pourra pas oublier jour sur jour. Il va falloir que tu acceptes ce qui est arrivé et que… continuait-il en hésitant sur chaque mot. Que tu continues quand même. »

La limite entre ce que Scipio disait pour elle et pour lui même devenait mince, mais s’il savait que tous les conseils n’avaient pas la même valeur d’une personne à l’autre, il était aussi conscient que ne pas se sentir seul dans sa situation l’avait aidé, lui. Ca pouvait donc peut être l’aider, elle.

« Et puis, reprenait-il, légèrement plus enthousiaste. Il y a aussi ceux qui restent. Tu as peut être de la famille, un conjoint, des amis, des collègues. Ils peuvent t’aider eux aussi. Les psy aussi sont dispos. Tu peux rencontrer de nouvelles personnes, ça j’peux te l’assurer, c’est un énorme pas en avant. Tu peux également te coincer dans ce qui est arrivé… Mais je crois que tu as vu que ça ne te réussissait pas, hein ? »

Le soldat du génie recula un peu sur sa chaise, son doigt glissant sur le bord de son verre rondouillard. Lui même n’avait plus énormément de famille et encore moins de contact avec eux, il était seul depuis des à peu près toujours, ses collègues ne lui parlaient que de massacres et de Corruption. Enfin, il y avait bien Orianos, mais il s’interdisait d’y penser pour le moment. Après tout, il n’avait pas été là pour lui. Désormais, il avait peut être une chance de se rattraper.

Pendant un instant, il pensa à une de ses amis. Il n’avait aucune nouvelle d’Arcadia, et aucun moyen de la contacter depuis le décès du Turien. Il se demandait si elle allait bien, où elle était, ce qu’elle faisait… Tout ce qu’il pouvait faire, c’était espérer qu’elle vivait encore. Qu’elle s’en était sorti de Chasca. Il avait envie de demander à Audrey si elle pouvait l’informer, mais ç’aurait vraiment été une coïncidence gigantesque qu’elles se connaissent. Et il ne savait pas comment réagir à une réponse négative.

« Pour l’instant tu as besoin de te forcer pour tout, j’imagine. Ça changera. Mais en attendant, si t’as besoin d’aide, tu peux compter sur moi. Faire à manger pour les autres c’est un peu mon boulot en fait. »

Il sourit, bien qu’il ne fut pas franchement de bonne humeur. Il pensait que la solution pouvait être de montrer à sa partenaire de beuverie qu’elle n’était pas seule dans sa situation, mais que l’on pouvait également s’en sortir, ou au moins vivre avec. Il avala de nouveaux quelques gorgées, avant de demander, à moitié sur le ton de la plaisanterie :

« Mais dis moi, s’il faut que je te ramasse en morceaux, je te balance dans une poubelle, je te ramène chez moi, ou tu me dis où est ta piaule ? Me connaissant, si on me laisse choisir ça sera une mauvaise décision. »
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MessageSujet: Re: Ceux qui restent   Ceux qui restent Icon_minitimeDim 14 Avr 2019, 19:27
Audrey se raidit lorsque son interlocuteur aborda le sujet de sa famille. Sans le savoir, il venait de toucher tout le cœur du problème. L'humaine en était venu à douter qu'il lui reste de la famille à visiter. C'était ridicule, mais elle revoyait chaque nuit ces images de sa cadette étendue sans vie sur la sol, entourée des cadavres mutilés de ses deux petites filles. Et cela paraissait bien trop réel pour que la terrienne ne se contente de l'ignorer comme un simple cauchemar. Et à côté de ça, la jeune femme n'osait pas contacter sa sœur pour s'assurer qu'elle était bien en vie. Une crainte irrationnelle d'une réponse négative, ou plutôt une absence de réponse, l'en empêchait...

Scipio continua son laïus en proposant à la militaire de la nourrir si elle en avait besoin et en lui demandant ce qu'il devrait faire d'elle une fois qu'elle se serait changée en éponge imbibée d'éthanol. La française attrapa son verre et en fixa le fond avant de répondre. Après tout ce petit monologue, elle n'avait plus autant envie de se saouler jusqu'à en perdre connaissance. La sincérité du turien lui avait fait du bien quelque part. Bien sûr, elle ne débordait pas d'allégresse, mais elle sentait une petite pointe d'optimisme naitre. La jeune femme termina son fond d'alcool cul sec avant de reprendre la parole.

- Ca devrait aller. Normalement, je me souviendrai où j'habite, même après avoir beaucoup bu. Ou alors je ne serais plus consciente, auquel cas tu n'auras qu'à me ramener chez toi. Ou me laisser décuver ici si tu ne veux pas que je vomisse sur ta moquette. Et pour ton autre proposition... combien de variétés de nouille tu sers dans ton bouiboui ?
- C'est quoi cette question à la con? Suffisamment pour que t'ai pas le temps de t'ennuyer.
- Je ne pense pas être prête à bouffer tes nouilles pour le restant de mes jours tu sais. Mais pourquoi pas... Ca me forcera au moins à sortir pour venir les chercher...
- T'enfermer, c'est la pire des idées. Au contraire, sors, vois du monde.

Voir du monde ? Mais qui ? La seule personne à qui l'officier avait eu la foi d'envoyer un message jusqu'ici était Arcadia. Elle lui avait proposé de venir la chercher à sa sortie de l'hôpital mais n'avait reçu aucun retour. Cela ne lui ressemblait pas trop de ne pas répondre, ne serait ce que pour décliner, mais peut-être la toubib était-elle débordée. Après tout, il y avait probablement beaucoup à faire après Chasca. Surtout quand on était colonel.

Cela dit, la châtain pouvait toujours essayer de contacter quelques anciens collègues du SSC. Cela faisait un petit moment qu'elle n'avait plus de nouvelles de ses amis là bas et au moins, ils pourraient parler d'autre chose que son dernier déploiement. Cela ressemblait à une bonne idée. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'Audrey aurait la motivation de la mettre en œuvre une fois de retour chez elle.

- Tu sais ce qui est le plus ironique dans tout ça ? Quand j'étais à l'hosto avec Orianos, je me plaignais tous les jours parce que je ne supportais pas d'être enfermée. Et maintenant que je suis sortie je reste cloitrée chez moi sans voir personne...
- C'est ce que j'te dis ! T'as vu ta famille au moins depuis qu't'es revenue de là bas ?

De nouveau, la française se raidit. De façon probablement bien plus visible cette fois ci.

- Je... hum. Je ne tiens pas à les voir tout de suite. Pas dans cet état. Ils pourraient s'inquiéter.

Il ne s'agissait d'une vérité qu'extrêmement partielle. C'était uniquement la raison principale qui maintenait la terrienne loin de ses parents en ce moment, mais ça ne concernait absolument pas sa sœur. Mais dans tous les cas, elle pouvait difficilement contacter les uns sans donner des nouvelles à l'autre rapidement. Et étant incapable de se résoudre à appeler Elise pour le moment, elle maintenait également le silence radio vis à vis de ses parents. La militaire finirait bien par aller mieux et par trouver le courage de les joindre.

- Tu es certaine que des gens qui s'inquiètent pour toi ça n'est pas ce dont tu as besoin ?
- Pas ma famille. Ils s'inquiéteraient beaucoup trop en me voyant dans cet état et je ne veux pas le leur imposer. Tu aurais du les voir la première fois que je me suis faite tirer dessus. J'avais à peine un gros bleu sur l'abdomen, mais ma mère a mis des semaines à s'en remettre.

En le racontant ainsi, l'humaine parvenait presque à se convaincre elle même que c'était la raison principale de son isolement vis à vis de ses parents. En fait, elle n'y avait pas trop pensé jusqu'ici, mais il était certain que sa génitrice serait morte d'inquiétude si elle apprenait le dixième du détails de ses derniers déploiements. Oui, mieux valait ne pas en parler avant que la jeune femme ne soit prête à le faire de façon suffisamment assurée pour prétendre que ce n'était pas grand chose.

Une fois de plus, Bayard fut assez surprise de la facilité avec laquelle elle se confiait à ce quasi inconnu. Certes, elle conservait quelques tabous, notamment la composition exacte de sa famille ou les raisons précises de ne pas en contacter certains membres, mais elle parlait globalement bien plus librement qu'elle en avait l'habitude. Même sa première rencontre avec Arcadia n'avait pas été aussi riche en révélations "intimes". Elles avaient échangé sur leurs passe-temps, mais très peu sur leurs familles au final.

- Bon, admettons. Et les proches, en dehors de la famille ?
- Il y en a quelques uns que je pourrais effectivement contacter. Ne serait-ce que pour avoir des nouvelles.

Audrey marqua une petite pause en fixant le fond de son verre vide.

- Mais dis moi Scipio... Pourquoi ça t'importe tant que ça que j'aille mieux ? On se connait à peine finalement...
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MessageSujet: Re: Ceux qui restent   Ceux qui restent Icon_minitimeDim 14 Avr 2019, 20:48
La jeune femme souhaitait un peu tourner autour du pot, mais Scipio comprenait parfaitement ça. Il n’était pas là pour lui tirer les vers du nez de toute manière. Tout le monde a le droit à son jardin secret, et il n’était pas franchement certain que l’ouvrir entièrement aiderait la flicette de toute manière. Qu’elle se livre autant l’avait franchement étonnant. C’était son genre à lui, d’habitude ! Puis ce fut à son tour d’avoir un doigt planté dans une plaie.

« Pourquoi ça t’importe tant que ça que j’aille mieux ? On se connaît à peine finalement…
- Il fait faim, non ? Je vais nous commander quelque chose. »

Afin d’éviter le sujet non sans grande subtilité, le Turien héla un serveur et passa commande, prétextant au passage qu’il fallait bien éponger ce qu’elle buvait, quoi que ce puisse être. Lui même prit un plat frugal, mais il força sa comparse à recevoir des quantités de Krogan.

« Tu sais, je mange quand même quand je suis chez moi.
- Au moins ça, ça fait une bonne nouvelle. Beaucoup n’y parviennent plus. Mais mange quand même, c’est meilleur quand c’est copieux ou gratuit, et là c’est les deux. »

Le silence qui s’en suivit était un peu gênant, mais puisqu’ils ne s’étaient pas arrêté de parler depuis le début, ils en profitèrent avec calme. Bien entendu, Audrey ne lâcha pas prise aussi facilement, probablement curieuse de savoir pourquoi il avait si rapidement lâché la patate chaude :

« Alors, tu y trouves quoi ? »

Pourquoi ça lui importait ? En quoi elle avait de l’importance ? Il ne parvenait pas lui même à le savoir tout à fait. Peut être qu’il cherchait à se rattraper vis à vis d’Orianos, qu’il n’avait pas su aider, ou en continuant ce que lui même avait entreprit. Peut être qu’il voyait en Audrey un miroir déformant, ses propres démons qu’il cherchait à conjurer depuis si longtemps. S’il parvenait à aider quelqu’un à passer outre, il se pourrait que lui même y trouve une solution. Ou bien peut être pensait-il qu’en aidant l’une des rescapés de Chasca, ça le pardonnait à moitié de ne pas être au chevet de ceux qu’ils connaissaient.

« Je, heu... » hésitait-il.

Il quoi ? Il n’en savait pas grand-chose. Il avait de nombreuses hypothèses mais laquelle était la bonne ? Avait-il seulement pensé à la bonne ? La question d’Audrey l’avait perdu. Il était si concentré sur elle qu’il avait complètement oublié qu’il entrait dans l’équation.

« Je ne voudrais pas perdre une cliente, lança-t-il en faussant un léger rire, avant que son ton enjoué ne se perde quelque peu. La mascarade ne tient pas, hein… ? Je n’arrive pas bien à mettre le mot dessus. Je voudrais… J’aimerais pouvoir sauver tout le monde. Au début, je me suis lancé dans la cuisine parce que je voyais que j’étais pas mauvais, ça m’aidait à m’accepter, mais maintenant c’est surtout pour les autres. J’adore cuisiner pour les autres, voir qu’ils se régalent, se réjouissent… J’aime bien que les gens aillent bien, j’imagine. »

Encore une fois, le sujet avait dévié, mais au moins cette fois ci ça avait un rapport. Il avait un mal de chien à aborder la question de front, mais il s’y essayait aussi bien qu’il le pouvait :

« C’est dur, non, de savoir que l’on tient debout quand tous les autres… ? Enfin, elle n’est pas facile à vivre, cette garce. La culpabilité. »

Mine de rien, un sourire revenait éclairer subtilement la face du cuistot. Audrey lui inspirait suffisamment de confiance pour s’ouvrir sur ces points, qui généralement restaient clos et scellés à double tour. Pourquoi ? Il n'en avait aucune idée, et comme elle le disait si bien, ils ne se connaissaient qu'à peine. L’alcool aidait probablement.

« Je me dis que si je parviens à aider une personne, ça vaut la peine de continuer. D’essayer en tout cas. Et je ne peux pas aider tout le monde, je m’en rend bien compte, mais peut être que toi je pourrais. Comment… Comment je pourrais juste t’ignorer ? Te faire une grande tape dans le dos, te dire que ça ira, et te laisser en plan ? »

Il descendit son verre en s’enfonçant d’un air fatigué dans sa chaise.

« Je ne sais pas. J’ai juste l’impression que tous les Turiens que je croise en ce moment essaient de faire en sorte que j’aille mieux. Et ça n’as pas trop réussi au dernier.
- Mais je ne reviens pas de là bas au moins. T’es quand même pas dangereuse au point de nous crever juste en nous parlant ? Ou bien tu nous emmènes chez toi, nous assassine, et fais passer ça pour des suicide ? »

Un nouveau verre venait trouver sa place sur la table, et il remercia d’un geste le serveur.

« Je devrais pas plaisanter là dessus. Tu comptes rester dans l’UCIP, après ça ? Ce serait peut être le moment de retrouver le bon vieux SSC, non ? Je veux dire, tu n’as pas besoin de replonger en enfer tout de suite. Personne ne t’en voudrait de t’accorder un peu de temps je pense. »

Il sourit simplement :

« Et s’ils se plaignent tu me les envoie. »
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MessageSujet: Re: Ceux qui restent   Ceux qui restent Icon_minitimeLun 15 Avr 2019, 18:18
- T’es quand même pas dangereuse au point de nous crever juste en nous parlant ? Ou bien tu nous emmènes chez toi, nous assassine, et fais passer ça pour des suicide ? Je devrais pas plaisanter là dessus.

Non en effet. Si Audrey avait souri de bon cœur à la première partie de la blague, la suite avait en revanche déformé son visage de manière bien moins plaisante. En d'autres circonstances elle aurait peut-être trouvé ça amusant, mais pour le moment… c'était encore trop tôt. Elle avait vu trop de morts en trop peu de temps pour pouvoir en rire. En particulier la dernière… Son interlocuteur eut cela dit l'intelligence de changer de sujet rapidement après sa plaisanterie de mauvais goût.

- Tu comptes rester dans l’UCIP, après ça ? Ce serait peut être le moment de retrouver le bon vieux SSC, non ? Je veux dire, tu n’as pas besoin de replonger en enfer tout de suite. Personne ne t’en voudrait de t’accorder un peu de temps je pense.  Et s’ils se plaignent tu me les envoies.
- Ca ne marche pas comme ça tu sais. Répondit l'humaine avec un petit sourire. On n'entre pas à l'UCIP juste le temps de subir un bon gros traumatisme et ensuite on retourne vivre sa petite vie tranquille. J'ai signé pour plusieurs années de service. Mais je ne pense pas replonger en enfer tout de suite cela dit. L'enfer n'est plus de toute façon.

Sa voix se fit légèrement tremblotante lorsqu’elle prononça ces mots. Pourtant l’officier était assez sûre de ce qu’elle avançait. Au fond d’elle, elle ne voyait pas ce qui pourrait être pire que Chasca. Si elle parvenait à surmonter le traumatisme de ce charnier, plus rien ne pourrait l’atteindre aussi durement. Du moins l’espérait-elle...

- Tu pourrais te faire transférer au calme. Archivages ou quelque chose de ce genre... Mouais, mauvaise idée, c'est probablement l'ennui qui finirait par te tuer. Mais vue ton grade, tu peux peut-être diriger des troupes sans aller sur le terrain toi même, non ?
- Probablement, mais j'aime autant finir aux archives si c'est pour rester le cul bien au chaud sur une chaise pendant que d'autres se font trouer la peau. Si des hommes doivent mourir sous mes ordres, je tiens à être à leur tête. Physiquement. Je ne demande jamais à mes subalternes ce que je ne suis pas prête à faire moi même.
- C'est honorable j'imagine. Je suis pas de ce genre mais bon, je ne suis pas du genre à diriger tout court de toute manière. Si t'as les épaules pour ça, je te félicite. J'ai déjà du mal à gérer un commis en cuisine alors toute une escouade...
- Ca s'apprend. Evidemment, c'est plus simple quand on n'a pas le choix. J'imagine que ton commis ne risque pas de mourir si tu le gères mal.
- Heu... Elle avait pas l'air bien à la fin quand même. Et j'me suis coupé ce jour là. Beaucoup de dangers, hein ?

La terrienne sourit de nouveau aux propos de son camarade de beuverie. sa façon de relativiser ainsi de façon humoristique avait quelque chose de réconfortant. Encore une fois, en d’autres circonstances, la châtain serait volontier entrée dans son jeu, ajoutant probablement quelques stupidités aux siennes, mais aujourd’hui, elle ne s’en sentait pas le coeur.

- Enfin, c'est surtout que c'est pas le genre de trucs que j'ai envie d'apprendre. Déjà qu'en ce moment je découvre les joies de la paperasse et des CVs et c'est l'horreur... T'avais des mecs sous tes ordres au SSC ? On me parlait pas souvent de toi dans la clientèle.
- Si j'avais des gars sous mes ordres ? Tu ne te souviens pas que je suis venus te passer une commande pour une douzaine de boîtes ? Tu n'as quand même pas cru que je mangerais ça toute seule ?
- Heu, non. Bien sûr. Evidemment…

Le turien marqua une pause.

- Je plaisante, tu m'avais dit que c'était pour tes collègues il me semble. Vous étiez en formation, en lien à l'Énergie Noire... Tu sais, à l'époque où c'était moi qui te prévenais d'à quel point c'était dangereux et qu'il ne fallait pas s'en approcher ? T'as super bien écouté mes conseils dis moi !
- Il fallait bien que quelqu'un se décide à sauver la galaxie. Et puis je savais le SSC en de bonnes mains avec toi pour les nourrir. Déclara la jeune femme avec un léger sourire, avant de marquer une petite pause. Plus sérieusement, je ne pouvais tout simplement plus attendre qu'Ed... qu'une autre colonie humaine tombe sans rien faire. Je ne voulais pas apprendre un beau matin que la corruption avait encore frappé et me demander si j'aurais pu faire quelque chose pour l'empêcher...
- Tu vois, parfois on souhaite juste faire tout ce qu'on peut, pour ne pas avoir à affronter ce qui se passerait si on l'avait pas fait.

Un long silence un peu gêné s'installa à la table. La militaire se demanda si son camarade pensait à quelque chose de précis en disant cela ou s'il lançait juste une phrase un peu passe partout pour approuver. Avait-il ses propres démons à affronter ?

- Tu es certaine que t'as pas quelque chose dont t'as besoin de parler ?

Il y eut un nouveau silence. La jeune femme attrapa son verre et en regarda le contenu assez intensément, avant de répondre d'une voix peu sonore et légèrement déprimée.

- Tu ne me trouves pas assez bavarde comme ça ?
- Rien ne t'y force. déclara l’extraterrestre en posant sa main sur celle de son interlocutrice. Si tu veux en parler je suis prêt à l'écouter. Si ça doit se faire plus tard ou un autre jour, c'est pas un problème. Si tu souhaites que ça ne sorte jamais, là encore c'est possible. Mais quoi que ce soit, n'ai pas peur d'être jugée pour ça. Je suis prêt à entendre ce que tu peux dire, et je n'ai pas vocation à condamner ce que tu peux penser.

Audrey retira doucement ses doigts de ceux de son interlocuteur.

- Je suis désolé Scipio mais… il n'y a rien de plus sur lequel je souhaite me confier pour l'instant. Je te remercie d'être là, vraiment mais… on se connait à peine. Et je t'ai déjà dit beaucoup. Énormément même. Non pas que je regrette mais… Enfin bref. On peut continuer à discuter bien sûr, mais s'il te plaît, n'insiste pas trop. Tu as déjà fait beaucoup. N'essaye pas d'en faire trop.

A ces mots, la française reprit une généreuse gorgée d'alcool, toujours en grimaçant. Elle pensait qu'elle se serait habituée au goût après deux verres, mais visiblement ce n'était pas le cas. Elle ne savait pas trop ce qu'il y avait exactement dans son godet, mais ça semblait plus fort que du whisky. Et aussi plus mauvais. Mais étrangement, l'humaine n'en ressentait pas trop les effets pour le moment. Bien que sa tête commence à se faire lourde...
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MessageSujet: Re: Ceux qui restent   Ceux qui restent Icon_minitimeMer 17 Avr 2019, 20:32
Le soldat du génie n’avait pas brillé par son… génie, pour le coup. Enchaînant gaffes et faux pas, il s’était un peu trop laissé allé à son habituel humour cynique. Certes, l’Audrey Bayard qu’il avait croisé à son stand lui aurait renvoyé la balle sans hésiter, mais c’en était une autre qu’il avait sous les yeux. Ça n’était pas plus mal, ainsi il se rappelait que ce n’était pas pour rien qu’il était cuistot et pas psy.

Il désirait tellement assurer à son interlocutrice qu’elle n’était pas seule à se battre dans cet après-guerre que Scipio semblait être allé trop loin. La fliquette avait fait s’échapper sa main des trois doigts du Turien, malgré tout ce que ce dernier avait compris sur la facilité qu’avaient les femelles humaines à engager un contact physique, et ce même avec des inconnus ou quasi-inconnus. Il se dit une seconde que ce pouvait très bien être parce qu’elles ne réagissaient pas toutes de la même manière, mais chassa rapidement cette idée. Non, c’était sûrement de sa faute à lui. Il était allé trop loin.

« Aucun problème. J’t’ai dit, rien ne te force ! De toute manière c’est certainement pas moi qui vais arriver à te contraindre à quoi que ce soit. En deux patates et un taquet tu m’fous au sol ! »

Avec un large sourire, il mima deux coups de poings bien sentis et failli renverser son verre. Il paniqua, le rattrapa à temps, le claqua vigoureusement sur la table pour lui inculquer un peu le respect, et ainsi arrosa ce qui restait de son repas.

« Bah ! C’est toujours mangeable ! » s’amusa-t-il.

Et ainsi se déroula sa tentative de changer de sujet et, avec ça, l’humeur de l’ex-gendarme. Scipio, à l’époque de l’armée, avait cette aura de pitre contre son gré. Il était connu pour danser sur les tables et monter sur les rings à moitié ivre. Il aimait amuser la galerie, et repoussait autant que possible le moment où il se retrouverait seul, couvert de sueurs froides, recroquevillé dans sa couchette. Incroyablement morose en solitaire, il se montrait bon vivant lorsqu’entouré. Et inévitablement, dans un tel face à face, il oscillait entre ce sérieux maussade et sa bonne humeur mi-façade, mi-authentique.

Il évitait désormais soigneusement Chasca & Orianos. Ces sujets ne pouvaient plus apporter grand-chose d’autre que de la tristesse, ce soir. Lui même gardait dans un coin de son esprit une pensée pour son ancien supérieur, mais il refusait de lui affliger ça, à elle. On dit qu’un Turien ne peut rejoindre les Esprits que lorsque l’on arrête de le pleurer. D’une certaine manière, en étant incapable d’accepter le deuil aussi tôt, Scipio espérait presque le garder un peu plus longtemps avec lui.

Avec des « Patron ! » et des « Une autre ! », le réserviste invoquait verre sur verre. Il avait pris soin de passer à des alcools plus légers, afin de ne pas finir la journée avec la cirrhose qui viendrait s’ajouter comme dénominateur commun du duo. Le jeune Turien espérait, plein d’ardeur, qu’il pourrait par ses seuls efforts aider sa compagne d’infortune à s’amuser. Un peu. Quelques instants. Si ça n’était qu’une minute lors d’une journée, il chérirait cette minute. Et s’il fallait avoir l’air un peu ridicule pour ça, il s’y donnerait à cœur joie. Il ne savait toujours pas tout à fait pourquoi il désirait si ardemment que cette unique personne aille mieux. Peut être était-il jaloux d’Orianos, qui y était parvenu et, de toute manière, avait toujours été meilleur que Scipio en tout ; il était suffisamment négatif et haineux envers lui même pour penser ça. Peut être était-ce sa manière de faire son devoir. Elle avait défendue les peuples de la Citadelle sur Chasca, à lui de renvoyer l’ascenseur.

Peut être qu’elle en valait simplement la peine.

Scipio était parvenu à arracher quelques demi-sourires à l’ex-fliquette quand ene note déconcertante vint sonner à leurs oreilles. Une note que Scipio connaissait sous le nom de Cody. Bien qu’il s’était toujours demandé s’il s’agissait d’un surnom ou le véritable nom que ses parents lui avaient donné, car c’était vraiment un nom de merde. Cody était un homme gigantesque et aimable, le genre de bon géant que l’on apprécie dès les premiers instants. Ce genre même qui se trouve incapable de silence, de tact ou parfois même de bienséance. C’était un habitué des Bouchées de Palaven et d’Ailleurs, et c’était de sa bouche que le cuistot avait appris qu’Audrey ne travaillait plus dans le coin. Il avait omis de préciser qu’elle avait rejoint l’armée au passage.

Il avait beau ne pas porter son uniforme estampillé SSC, le reconnaître se faisait sans aucune difficulté. Une femme – que Scipio devina être sa minuscule épouse - se suspendait à son bras, peinant à suivre les mouvements brusques et larges du mastodonte. Les regards du soldat réserviste et du flic hors-service se croisèrent juste une seconde de trop. Car Cody n’était pas homme à laisser passer une connaissance sans lui signaler sa présence, et après deux enjambées (qui en furent quatre pour sa conjointe), il attrapa une paire de chaises vides et les calèrent juste à côté de la table que partageait le duo aux idées noires.

« Chef, quel hasard ! Et vous aussi, lieutenant Bayard ! Haha ! Avec cette chance, ce soir je joue au loto ! »

Scipio balbutia quelques hasardeuses salutations, mais n’entendit pas le reste de ce que Cody avait à dire. Il se concentrait sur Audrey ; un ancien collègue pouvait aussi bien être une catastrophe qu’une éclaircie bienvenue dans un moment pareil. Pourvu que le colosse ne s’engage pas sur de glissant terrains – il y en avait bien trop ! Le Turien se tenait prêt. A quoi, il ne le savait pas bien. Mais il était prêt au pire.
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MessageSujet: Re: Ceux qui restent   Ceux qui restent Icon_minitimeDim 21 Avr 2019, 10:03
Cody… S'il y avait bien un de ses anciens collègues qu'Audrey aurait volontiers oublié jusqu'à la fin de ses jours, c'était lui. Il n'était pas méchant, mais comme on disait au pays, il était bien brave. Ce crétin lui avait fait plusieurs fois des avances avec la subtilité d'un dinosaure. Non pas que ces dernières soient graveleuses ou salaces, mais la française avait rarement vu une drague aussi lourde et maladroite. Sans compter que c'était inapproprié compte tenu de leurs différences de grade.

Il n’avait pas appelée la militaire par son prénom aujourd'hui, c'était déjà ça. Cela dit, cette dernière espérait que le colosse n'allait pas s'éterniser à leur table. Elle n'avait vraiment pas envie de raconter sa vie et une assemblée et encore moins de se confier à un ancien prétendant qui ne l'avait jamais intéressée. Cependant, le fait qu'il ait attrapé une paire de chaises semblait justement indiquer que le géant avait prévu de s'installer. La française ne supportait pas les gens qui s'invitait sans permission…

- Alors qu'est ce que vous faites là tous les deux ? J'espère que je ne perturbe pas un rendez vous galant !

L'homme partit dans un éclat de rire, visiblement très fier de sa “plaisanterie”. La terrienne quand à elle roula des yeux en grimaçant légèrement. La subtilité d'un bulldozer… La petite femme qui accompagnait l'importun sembla extrêmement gênée par sa remarque, devenant rouge pivoine. Probablement avait-elle un peu plus de bienséance que son compagnon.

- Alors lieutenant, qu'est ce que vous devenez dans l'UCIP ?
- Je deviens lieutenant-commandant… Bien qu'on ne m'ait pas encore livré les nouveaux galons.

L'officier se garda bien de rajouter une question de politesse, pour tenter de faire comprendre à ce grand dadet qu'il n'était pas le bienvenu. Mais visiblement, le message fut trop subtil pour arriver jusqu'à ce dernier.

- Haha ! D'ici deux ans on aura peut-être la général Bayard à la tête de l'UCIP !

Bah oui, c'est bien connu, on monte en grade tous les 6 mois. Il suffit tranquillement d'attendre que les galons tombent…

- Alors, vous avez vu de l'action ? Probablement ! Ça doit vous changer de la Citadelle hein ! Mais ça doit être sympa de visiter un peu d'autres planètes aussi. Vous devez voir des paysages que vous ne soupçonniez même pas !
- Bah bien sûr, je ne me suis engagée que pour faire du tourisme !

La terrienne ne réalisa que trop tard qu'elle avait pensé à voix haute, lorsque toute la tablée la fixa d'un regard surpris. Habituellement, elle se serait sans doute confondue en excuses honteuses, mais pas aujourd'hui. Elle était à la fois trop alcoolisée et trop à fleur de peau pour. La châtain de contenta donc de descendre son verre cul sec tandis que Scipio balbutiait quelque chose pour mettre fin au silence gêné qui commençait à s'installer.

Tandis que le turien faisait diversion en parlant des dernières nouvelles de son commerce, Audrey amorçait le verre qui venait de lui être resservi. Ce devait être le quatrième, ou peut-être cinquième. L'humaine avait arrêté de compter, mais elle sentait sa tête s'alourdir presque à chaque gorgée. A dire vrai, elle commençait à avoir du mal à ingurgiter son breuvage. Et chaque éclat de rire de Cody était comme une balle qu'on lui tirait dans la tête.

Alors qu'elle sirotait de plus en plus péniblement son alcool, la française remarqua que la compagne du colosse la regardait d'une façon... préoccupée ? Est ce que cette parfaite inconnue s'inquiétait réellement de la voire se saouler ainsi ? Ou avait-elle peur de ce qui allait se produire ensuite ? Au fond, l'officier n'en avait cuire. Elle fixa la petite femme d'un air semblant demander "vous voulez ma photo ?" et celle ci détourna les yeux.

Arrivant aux deux tiers de son verre, la militaire eut un violent haut-le-cœur. Voilà qui ne présageait rien de bon pour la suite. Mieux valait qu'elle évite de trop trainer. Elle se leva rapidement et tituba un instant se rattrapant à la table pour ne pas tomber. Une fois de plus, tous les regards se fixèrent sur elle.

- Il faut que je rentre. Scipio, tu veux bien me raccompagner ? Je t'attends dehors.

Le cuistot n'eut pas le temps de répondre. La terrienne était déjà partie, se précipitant vers la sortie aussi vite que son état le lui permettait. Sa démarche était tout sauf assurée (et tout sauf droite), mais elle parvint assez miraculeusement à atteindre la rue sans s'effondrer. Là, elle se jeta contre le mur le plus proche et le vomi commença à dégouliner. Pourquoi ne s'était-elle pas arrêtée au troisième verre...
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MessageSujet: Re: Ceux qui restent   Ceux qui restent Icon_minitimeDim 28 Avr 2019, 00:31
Le duo était affligé de la présence de Cody comme d’une malédiction. Il était égal à un maléfice, aux sorts affectant les princes déshérités et les dynastes tyranniques des histoires de l’enfance de Scipio. Il était, à vrai dire, égal en bien trop d’aspects : il était toujours présent, s’en échapper semblait impossible. L’on pouvait tenter de le dépasser, de parler plus fort, mais sa voix semblait ne pas connaître les mêmes limites. L’ignorer ne faisait qu’aggraver la situation, il ne cessait de se rappeler comme un destin cruel.

Une putain d’malédiction. Il avait suffit de quelques secondes pour que le moral déjà vacillant d’Audrey ne dégringole. Hors, Scipio était quelqu’un de protecteur, aussi cherchait-il activement une solution. Il reporta autant que possible la discussion dans sa direction, forçant Cody à lui parler à lui plutôt qu’à elle lorsqu’il comprit qu’ils ne parviendraient pas à s’en débarrasser. Il était agressif dans sa méthode, le faisant changer de sujet dès qu’il reportait sa désagréable attention sur elle. Plus les minutes passaient et plus il devenait agressif dans sa parole également. L’agent n’était pas homme à prendre rapidement ombrage d’une critique, si bien qu’il survécu avec aise aux piques les plus discrètes, mais bientôt le Turien se fit clair dans ses intentions :

« Et sinon, vous aviez réservé une table ? Je n’crois pas que notre compagnie plaise à Madame Cody.
- J…
- Ha mais enfin caporal, qu’est ce que tu dis ! Nous n’avons qu’à manger jus-
- Ailleurs. J’ai trop bu pour être poli avec toi, et j’ai aucune obligation d’être sympa avec les clients en dehors du service. Donc maintenant, est ce que tu peux nous accorder un peu d’air en allant t’installer à la table là bas ? Ouais, celle juste là bas. Dehors. Au restaurant d’en face.
- Enfin, ça va ! Tu peux être agréable, moi j’vous vois j’viens dire bonjour, je ne vois pas le mal. Si j’ai gêné votre rencard il suffit de le dire ! Le client est plus très roi ici je trouve.
- Le roi des cons à la limite. Maintenant Cody tu va... »

Alors que son regard s’embrasait à la manière d’un prédateur chassant une proie facile, il s’interrompit en voyant du coin de l’œil la fliquette quitter la table.

« Il faut que je rentre. Scipio, tu veux bien me raccompagner ? Je t’attends dehors. »

Fracassé par les vagues d’un océan de sentiments contraires, le réserviste ne sut que répondre, et l’observa juste quitter le restaurant en silence. Même Cody s’était passé de commentaire, cette fois ci. Passant une main sur son visage, le Turien soupira bruyamment.

« Écoute Cody…
- Bah qu’est ce que j’ai fais cette fois ?
- Nan vraiment, ferme la... »

Avec une profonde inspiration (et la concentration nécessaire pour se tenir en équilibre sur ses deux jambes avec un peu trop d’éthanol dans l’estomac), Scipio se leva, et pris son verre dans la main, basculant son bonnet gris-bleu sur son crâne. Il plongea ses yeux dans l’alcool, avant de lentement le renverser sur l’Humain. Quand il eut fini de se régaler de l’air abasourdi du géant, il déclara simplement :

« Madame, je suis navré que vous ayez choisi de couler vos jours avez une baltringue. En toute honnêteté, vous me semblez être quelqu’un de bien plus agréable, et j’aurais préféré vous rencontrer dans d’autres circonstances. A la r’voyure. »

D’un pas rigide et sous le regard consterné du couple, il quitta le restaurant, non sans préciser au patron d’ajouter l’addition à son ardoise. De retour dans la rue, il chancela violemment de droite et de gauche, incapable de se maintenir son corps aussi droit plus longtemps. Il ne s’attendait pas à ce que plusieurs phrases et quelques pas ne suffisent à le mettre sens dessus dessous. Enfin, il allait toujours mieux que la jeune militaire qu’il pouvait apercevoir à quelques mètres de lui. En un instant, il oublia (presque) Cody, son épouse, et l’odeur d’alcool qu’il sentait émaner de sa propre gorge.

Force est d’admettre qu’elle n’avait pas l’air fine, juste là, un bras contre le mur et le front contre le bras, se vidant sur la chaussée. Elle avait une allure idiote et fragile, ses jambes tremblant malgré l’absence totale de vent. C’était cruel mais rassurant pour Scipio de voir quelqu’un comme elle, capable de se confier et de se ruiner en quelques heures d’intervalles. Il en était persuadé désormais ; jamais il n’aurait supporté l’enterrement s’il était resté avec les proches d’Orianos. Il avait ce besoin dérangeant de constater qu’il n’était pas le seul à souffrir de cette perte. Il était en revanche désolé, et se méprisait par ailleurs, pour tous les faux-pas qu’il avait commis. Il se sentait profondément faible de ne pas avoir su l’aider à se retrouver dans un bien meilleur état que celui qu’elle s’infligeait désormais. Mais comme Scipio se décevait souvent, il avait au moins pris l’habitude de pendre les devants. Il s’approcha d’elle, zigzagant légèrement. Le Turien arborait un sourire authentique et tendait à la jeune femme un petit paquet de serviettes qu’il avait subtilisé au restaurant en supposant son sort. Il avait eu raison.

Le teint livide et la fatigue lisible sur le visage, Audrey ne semblait pas avoir fini de changer la couleur du trottoir. Scipio l’aida – à ne pas dégueulasser ses propres vêtements, notamment – et, lorsqu’elle eut fini, il la guida vers un banc au coin de la rue. Alors qu’ils marchaient à un rythme ridiculement lent, elle s’arrêtait parfois d’un coup, clignait des yeux à de multiples reprises, et cherchait à récupérer son équilibre. Ils s’accordèrent un peu de temps et de silence, profitant de la possibilité d’être assis dans le calme, loin de Cody et de la tentation d’un verre supplémentaire. Les gambettes de la lieutenant-commandant avaient cessé de trembler, et bientôt Scipio la vit même dodeliner de la tête, la relevant par à-coups comme si elle manquait de s’endormir sur place. Quand le Turien estima qu’il était capable de marcher droit plus de quatre mètres, il se releva et offrit son bras à l’ex-flicette pour l’aider à faire de même. D’un ton calme et chaleureux, il demanda autant qu’il déclara :

« On rentre, princesse ? »





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