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 Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert

Kalank Dralot
Kalank Dralot
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MessageSujet: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeDim 03 Jan 2016, 22:55
Intervention MJ : NonDate : Mars à Octobre 2200 RP Tout public
♦ Kalank Dralot ♦ Shannon O'Ryan-T'Siola ♦
Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert





Fin Mars



Le Straskan bouillonnait de vie. Celle-ci se manifestait par les pas lourds sur les passerelles, raisonnant jusqu'au cœur même du vaisseau. Parmi l'équipage on riait, mangeait, buvait. Certains profitaient du calme des dortoirs pour se reposer ou lire un peu. Chacun vivait de la façon dont il l'entendait. Et cette existence prenait bien des formes.
Pour Malek, le pilote du vaisseau, il s'agissait simplement de s'étirer paresseusement, d'une manière qui ne manquait pas de rappeler celles des chats. Une jambe négligemment appuyée sur le bras de son fauteuil, une boisson trop dangereusement proche des instruments, il observait ses écrans comme un critique d'art un tableau. Il étudiait chaque information avec minutie, cherchant de temps à autre à attraper sa paille et lâchant parfois un grognement lorsque celle-ci venait se heurter contre une de ses mandibules.
A côté de lui, Viktor, son co-pilote, l'observait. Il s'étonnait toujours de voir à quel point le Turien pouvait avoir l'air... fasciné. Un bombardement n'aurait pas pu lui faire détourner le regard, pas plus que trois Krogans avides de "taquineries". Taquineries qui pouvaient finir en bain de sang, tant d'un côté que de l'autre (quoique surtout de l'autre, celui du moins avantagé). L'Humain finit par hausser les épaules et reprit sa partie de jeux-vidéo. En cas de problèmes, son collègue en serait de toute façon le premier informé.

Allongé dans son hamac, Jarod lisait, ses quatre yeux suivant les lignes avec une rigueur digne des plus grands lecteurs. Il profitait du silence du dortoir commun, tout juste troublé par quelques ronflements discrets, pour avancer dans la lecture de son roman. Il humecta son pouce et tourna adroitement la page. Il aimait bien le contact du papier. C'était pour ça qu'il répugnait à lire sur datapad. Pas le même charme.

Plus bas sur le pont inférieur, Eléa s'amusait à jeter une balle sur les tuyaux, bien à l'abri des regards dans sa chambre. Ses lèvres formaient silencieusement le mot "Boïng" à chaque fois que son projectile heurtait les parois. Elle continuait ce petit jeu inlassablement, se délectant du bruit que faisaient les conduits. Au bout d'un moment, elle finit même par se composer une petite symphonie personnelle.


Ainsi, chaque existence se manifestait. Des pas les plus légers aux manifestations les plus exubérantes, tout résonnait au travers des passerelles. Le son se propageait, coulait comme de l'eau le long des murs, descendait en cascade jusqu'au moteur, finissant par se noyer parmi les rugissements de ce dernier. C'était impossible d'entendre au-delà des grondements, ou bien de sentir les vibrations. Mais Dralot se plaisait à les imaginer. Elle connaissait son équipage, certains mieux que d'autres et pour de rares élus, mieux qu'eux-même. Même sans les voir, elle pouvait aisément deviner où ils se trouvaient et ce qu'ils faisaient en ce moment.
C'était aussi pour cela qu'elle avait fait aménager cette pièce en tant que salle de méditation. Elle n'était pas très grande mais assez spacieuse puisque deux personnes pouvaient s'y trouver et une troisième, si cette dernière restait dans l'encadrement de la porte. L'entrée se trouvait sous les escaliers, ceux qui menaient à la salle des moteurs, la rendant assez difficile d'accès. De toute façon, ne la cherchaient que ceux qui avaient une chose importante à dire. Le plafond assez bas et la lumière tamisée, rougeoyante, invitaient à l'humilité et la réflexion. Parfois elle regrettait de ne pas avoir de vue sur l'immensité de l'espace. Ses regrets s'envolaient bien vite lorsqu'elle plongeait dans son état méditatif. A vrai dire, plus rien ne comptait dans ces moments. Sauf de rares exceptions.

La Krogane perçut le bruit imperceptible d'un déplacement. Ce n'était pas grand-chose, juste une cheville déplacée ou un genou un peu remonté. Mais ce genre de gestes anodins était assez révélateur.

- Tu n'es pas concentrée, Petite Flamme.

Elle ne s'était pas retourné, pas plus qu'elle n'avait ouvert les yeux. Cela ne faisait que deux semaines que la rouquine était là, mais la Chamane avait fini par la connaître assez pour savoir qu'elle ne supportait pas - encore - les longues méditations. Ce n'était pas faute de lui imposer un rythme qui se voulait soutenu. Elles commençaient leur séance tôt, sur les coups de six heures. Dralot y tenait. A vrai dire, elle méditait depuis déjà un moment avant que le léger toquement ne vienne la perturber, annonçant l'arrivée de sa disciple. Elle lui laissait un peu de repos sur les coups de neuf heures, puis reprenaient aux alentours de dix heures jusqu'à treize. Ensuite, Shannon recevait des cours de la part d'Eléa. L'Humaine avait insisté pour vérifier l'éducation de leur protégé. Une façon pour elle de passer un peu de temps avec sa consœur surtout. Malgré tout, et parfois avec l'aide de Jarod, elle apprenait à la rouquine, bien que les domaines portaient surtout sur des sujets plus "pratiques". Comme le fait de reconnaître certains pièges, de se montrer prudente et toutes ces petits astuces de mercenaires. Au-delà de cela, il y avait aussi l'entretien des armes et armures, ainsi que des connaissances basiques dans la mécanique.
Ceux-ci ne duraient pas longtemps, jusqu'à quinze heures maximum. Parfois, ces leçons étaient annulées et remplacées directement par de l'entraînement. Cette partie était prise en charge par Jarod dès lors qu'il s'agissait de corps à corps. C'était tout ce qu'elle apprenait pour le moment, ainsi qu'à se renforcer un peu. Pour la question des armes, il fallait attendre. Le bras manquant de l'enfant était un problème de taille. Et vu sa faible force physique, même un simple pistolet pouvait s'avérer dangereux pour elle.
Le Butarien tentait déjà de lui montrer quelques prises et façons de combattre avec une seule main. Les résultats n'étaient pas vraiment fameux pour le moment. Déjà car la jeunette n'était pas vraiment douée dans l'exercice, même si elle s'appliquait. Ensuite car la plupart se rapprochait plus de techniques d'assassinat que de combat. Sans compter que le mutisme semi-permanent de l'instructeur n'aidait pas. La majorité des fois, il se contentait de tousser pour lui dire de s'arrêter, puis corrigeait sa position et l'obligeait à recommencer. Il fallait que la petite déduise elle-même ses erreurs, entre son positionnement de départ et celui corrigé.

Mais elle s'accrochait. C'était déjà ça.

Vers dix-huit heures, la Terrienne avait quartier libre. Puis elle méditait de vingt à vingt-deux heures et sa journée pouvait être considérée comme terminée.

Pour le moment, c'était encore le matin, presque le midi, mais la Petite Flamme avait dû mal à se concentrer. Elle bougeait. Beaucoup même. Trop aux yeux de sa mentor. Celle-ci soupira.

- Considères-toi en pause. Tu peux aller voir Eléa si tu le souhaites. Elle a évoqué une surprise pour toi.


L'Ezo continuait à lécher l'épiderme de la Chamane, sa concentration toujours intacte.




Shannon O'Ryan-T'Siola

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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeDim 10 Jan 2016, 15:39
Fin mars 2200 – à bord du Straskan, espace de l'Alliance Interstellaire




Elle était aveugle, et flouée, sur tout, absolument tout.

Shannon pensait déjà ainsi en quittant Thessia, trois ans plus tôt. Et c'était toujours pareil maintenant ; la chose avait simplement pris une nouvelle dimension, presque littérale. Le vaisseau, le Straskan, lui semblait immense. Comment, comment avait-elle fini ici, dans ce petit monde indépendant, dans cette communauté dont Dralot était l'égide spirituelle ?

La jeune femme oubliait souvent l'histoire de torture, puis d'errance, puis de recherche d'une Kroganne en furie. C'était en déambulant dans le vaisseau qu'elle se perdait, aussi bien mentalement que physiquement.

Elle était aveugle dans ce vaisseau ; elle ne voulait plus l'être. Curieuse, elle en faisait, petit à petit, le tour. En deux semaines, au vu du régime imposé par Dralot, ce n'était pas près d'être fini, si elle voulait en percer tous les secrets. Et puis, c'était ainsi qu'elle arrivait (et se plaisait) à occuper le peu de temps libre qu'elle avait.

Fatiguée...

Shannon était en position pour méditer, dans une zone reculée du Straskan. En position, oui, mais l'esprit n'y était pas, ou plus. Ses journées commençaient beaucoup trop tôt ; lever à quatre heures trente, début de l'entraînement à six ; coucher vers vingt-trois heures, après de la méditation, encore et encore. Elle ne s'était pas attendue à une formation si... calme.

Apprendre à maîtriser sa biotique, lui avait dit Dralot. Les Asari qui l'avaient élevée avaient une vision plus martiale de la pratique ; du moins ne se rappelait-elle pas de tant de phases de méditation. Pourquoi avait-elle accepté de devenir biotique, au fait ? Sûrement parce que toute la famille l'était, et qu'elle avait voulu suivre.

D'une fille calme, elle était devenue une fille effrayée ; et maintenant qu'on lui demandait d'être calme, elle n'y arrivait pas. Shannon n'était pas déçue de cette « plongée spirituelle » pour autant. Elle n'était que surprise, et faisait avec. Elle ne se plaignait pas. Tout avait échoué dans ses entraînements jusque-là, elle pouvait bien essayer cette méthode. Et puis, elle était l'obligée de Dralot et de tout le vaisseau, après être devenue une âme de plus dans ces parois métalliques.

Toute la bonne volonté du monde ne l'empêchait pas d'avoir des crampes.

Son esprit partait et repartait, elle essayait de faire abstraction de la douleur, sans succès. Elle ne voyait pas très bien ce qu'elle devait faire exactement en méditant. Méditer, sûrement. Mais qu'était-ce que méditer ? Dralot le lui avait expliqué, d'une façon plus ou moins nébuleuse, et c'était ainsi que Shannon avait à peu près donné une définition à la méditation. Nébuleuse. Et la biotique, là-dedans ? Elle suivait avec difficulté.

« La méditation, c'est la méditation entre soi et soi-même », avait affirmé la Chamane. Celle-ci était d'ailleurs beaucoup trop posée, loin de l'imaginaire que l'on véhiculait sur les Krogans. C'était ce que pensait Shannon, dans la petite salle, car elle entendait à peine son maître respirer. Pourtant, elle avait vu ce que la Chamane pouvait faire...

Shannon, alors, apprentie parmi les apprentis, essayait de faire le vide, justement pour éviter de ressentir ses crampes ; elle essayait aussi de faire pousser une réflexion sur elle-même ; mais elle se retrouvait face à ces détails de vie qui n'en sont pas, ces détails qui sont douloureux, et elle fermait ses portes mentales.

Un jour, elle comprendrait qu'il fallait au contraire les ouvrir, et affronter les détails, ou même se contenter de les observer et d'en tirer des conclusions. Un jour...

Shannon s'entraînait depuis deux semaines à peine ; elle n'arrivait pas à tenir sur la longueur.

L'os de sa cheville, appuyé sur le sol, lui faisait mal, comme s'il devait supporter tout son poids. A cause de sa gêne, elle déplaça, sans doute, son pied de quelques millimètres.

La réaction ne se fit pas attendre. « Tu n'es pas concentrée, Petite Flamme. »

Comment elle... ?

Et l'avait-elle appelée ne serait-ce qu'une fois par son prénom depuis qu'elle était à bord ? C'était bizarre. Comme toujours avec la Chamane et sa troupe.

Le ton de Dralot ne se voulait pas accusateur. Elle constatait, c'était tout. Mais en conséquence, Shannon s'en retrouva complètement perturbée. Ses dents grincèrent, ses yeux s'ouvrirent, elle essaya de recommencer, mais inutile ; son retour à la réalité était total. Déjà qu'avant, elle se balançait entre la concentration et ses sensations physiques... Au moins réfléchissait-elle, ce devait déjà être ça. Elle n'allait pas replonger. Son ventre gargouillait. L'entraînement du matin n'était pas encore fini. La jeune irlandaise regardait la Chamane. La méditation était presque comme son état naturel. Elle lui tournait le dos, et surtout, elle ne bougeait pas un muscle. Elle avait dû trouver ce qu'elle cherchait. Shannon en restait pantoise.

Dralot continuait de ne pas bouger. « Considère-toi en pause. Tu peux aller voir Eléa, si tu le souhaites. Elle a évoqué une surprise pour toi. »

… Hein ?

Non, c'était impossible. Elles n'avaient jamais terminé plus tôt. La surprise d'Eléa devait être de taille. Ça, ou alors Shannon avait fait pitié à Dralot avec sa cheville, ce dont elle doutait. Ou alors, la Kroganne avait dû voir que sans concentration, ce n'était pas la peine de continuer.

Shannon se leva, et elle se crut, comme depuis deux semaines, telle une statue de pierre venant à la vie. Ses jambes étaient raides, son dos la tiraillait. Elle retint une grimace, et se dirigea vers la sortie.

A la porte, elle se tourna vers Dralot, et un murmure lui échappa. « Désolée. »

Elle sortit. Au fond d'elle, elle était tout de même contente que la séance aie été écourtée.


*


Le Straskan et ses membres d'équipage à la personnalité haute en couleur. Shannon marchait parmi eux, ne parlant encore qu'à peu. Ce n'était pas par défiance ; elle n'en avait simplement pas l'envie. Elle n'était plus habituée. Elle n'échangeait que quelques mots, quand il le fallait. Les autres semblaient comprendre, et la laissaient tranquille tout en étant courtois, et elle tentait de l'être en retour ; plus l'habitude. Tous, à part le pilote, mais c'était une autre histoire.

Shannon n'avait pas l'habitude de se promener dans le vaisseau à cette heure. Une partie du personnel devait être en plein déjeuner. Il n'y avait pas grand-monde, du moins dans le secteur inférieur.
Elle se dit qu'elle avait de la chance ; elle aurait un peu de repos avant de souffrir avec Eléa, puis avec Jarod. Ils contrebalançaient bien les éternités de méditation que Dralot préconisait ; mais cela restait épuisant.

Jarod... La jeune femme supportait mal les entraînements, du Butarien, certainement de par son propre état physique. Et il ne parlait pas. Mais elle avait vu qu'il préférait lire sur papier, comme elle. Alors elle l'appréciait. Un jour, elle lui dirait qu'ils avaient une passion commune. Peut-être pourra-t-elle obtenir quelques livres, aussi, maintenant qu'elle avait une place fixe où vivre ; elle n'aurait pas à les traîner avec elle.

Eléa était plus sympathique, plus ouverte. Mais tant que Shannon suivait ses leçons, elle suivait ses leçons, aussi difficiles que celles de Jarod, mais dans un autre style, donc. Elle se passa la main dans les cheveux. Cheveux qui seraient bientôt coupés par Eléa.

Elles étaient au mess, en soirée, face à leur repas respectifs. L'humaine la regardait bizarrement.

« On devrait vraiment te couper les cheveux.
— Mais...
— On devrait. »

Et, de son ton maternel, elle lui avait expliqué à quel point elle avait une tignasse sur la tête, et que ce serait bien de la raccourcir. Autrefois, Shannon avait eu les cheveux vraiment courts, et le discours d'Eléa l'avait convaincue que ce temps était bien loin. Mais surtout, elle y serait passée même sans donner son accord, de toute façon; son instructrice était prête à sortir les ciseaux dans la seconde, alors autant ne pas compliquer les choses...

Mais la surprise qui l'attendait là, ce ne devait pas être une coupe.

Shannon prenait appui sur les murs, et avançait, désormais au fond du pont inférieur. Le métal l'entourait. Eléa avait ses quartiers là, ce qui l'étonnait. Encore plus étonnant, elle entendit soudain un bruit étrange, qui résonnait dans les tuyaux... ou plutôt, sur les tuyaux. Elle s'inquiéta un instant, et continua d'avancer pour voir. Enfin, entendre. Les sons étaient presque musicaux, pas simplement des glouglous informes que l'on s'attendrait à trouver dans un vaisseau.

Elle arriva à la porte. Les sons venaient de là.

« Eléa? »

Tout s'arrêta un bref instant, et la porte s'ouvrit. Shannon entra.

« Hey. » Quelle bonne entrée en matière, ça. Hey.

Eléa était bien là, avec une balle. Elle devait la jeter sur les murs, d'où les sons. Et cela avait l'air de lui plaire.

« C'est... comme ça que vous méditez? Votre forme de méditation? J'aime bien. »

Elle n'osa pas dire qu'elle appréciait plus que la sienne, mais c'était tout comme.

Elle a l'air paisible.

« Il paraît que vous avez quelque chose pour moi? »

Shannon ne se sentait pas à sa place, à une heure où elle n'aurait pas dû être ailleurs qu'en train de s'exercer. Et surtout, elle avait l'impression d'envahir sa consœur, quand bien même elle savait que l'autre ne devait pas du tout être gênée.

Elle se tenait debout et tournait son unique poignet autour de la manche de son vieux haut blanc – enfin, gris depuis longtemps. L'idée de se faire une nouvelle garde-robe ne l'effleurait pas. Elle avait surtout envie de progresser, malgré les difficultés. Elle espérait que la surprise d'Eléa l'y aiderait. Ou du moins, la ferait sourire.

Ce qui était un début, c'est qu'elle ne pensait pas ainsi il y a peu...
Kalank Dralot
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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeMar 12 Jan 2016, 15:00

    Fin Mars - Salle de Méditation

    - Désolée.

    Le bruit de la porte qui se refermait fut la seule chose qui suivit le départ de Shannon. Après quoi, le silence revint dans son domaine, impérial. Il fut vite chassé par un soupire alors que la Krogane secouait sa lourde tête.

    Désolée. La petite était désolée. Elle manquait de caractère pour le moment, mais il faudrait vite qu'elle en gagne. On ne s'excusait pas d'être déconcentrée. On faisait en sorte de recentrer son attention, et jusqu'à la fin cette fois-ci.
    L'entraînement pouvait-il être éprouvant pour l'enfant? Ridicule. Il était réglé de sorte à ce qu'elle ait du temps libre, et une grande partie consacrée à sa biotique, qui était faible. Si elle ne pouvait pas se concentrer quelques heures, comment pouvait-elle ne serait-ce qu'espérer rassembler son ezo lors des situations de crises? Lorsqu'elle courrai sous un feu nourrit, à avoir le choix entre un pouvoir et la mort?
    Peut-être, et la Chamane insistait bien sur ce point, peut-être faudrait-il rajouter de la pratique à la théorie. Le temps que l'Humaine comprenne en quoi la méditation était essentielle. Que cela ne servirait à rien pour elle d'essayer de soulever une tasse pour quelques secondes si son corps et son esprit n'étaient pas unis. L'obliger à utiliser une lévitation au début, puis à la fin de chaque séance. Qu'elle voit la différence entre les deux.

    C'était une récréation plus qu'un entraînement. Une façon de montrer qu'elle avait raison et encourager la rouquine à redoubler d'efforts.
    Les immenses épaules se soulevèrent un bref instant avant de redescendre.

    S'il le fallait. Il faudrait aussi qu'elle agrémente ses méditations de discussions et de débats, afin de vérifier l'étendue du savoir et de la philosophie de son apprentie.

    L'aura bleue recommença à projeter une lumière irisée sur les parois. Pourtant, les pensées de la Krogane se baladaient, errant vers le souvenir agréable d'une Drell aux yeux fauves.

    La mercenaire oubliait parfois que tout le monde n'avait pas dû mourir pour renaître.




    Fin Mars - Cabine d'Eléa



    - BaBaBa Baaaam!

    La balle rebondit en conséquence, recopiant les notes qui venaient d'être chantée.

    - Bababa Baaaam!


    Le reste de la Cinquième Symphonie de Beethoven était impossible à reproduire avec une simple balle et quelques tuyaux. Cela n'empêchait pas la Colon de continuer à siffler l'air, reproduisant quand elle le pouvait un son ou deux en accord.
    Son concerto privé se retrouva interrompu par une petite souris à la couleur de feu.

    - Eléa?

    L'intéressée rattrapa la balle de tennis dans son rebond. Elle se tourna par habitude vers le réveil présent sur sa table de nuit. Midi douze. C'était la première fois que Shannon avait autant d'avance. Son aînée grimaça; elle n'était pas du tout prête.
    Pourtant, ce fut avec un grand sourire qu'elle ouvrit la porte, posant ses yeux pétillant sur son invitée.

    - Shanny! Tu viens tôt dis-moi.

    - C'est... comme ça que vous méditez? Votre forme de méditation? J'aime bien.

    Les sourcils blonds se froncèrent. Puis, le regard se déporta de la nouvelle à la balle, de la balle à la nouvelle et encore une fois jusqu'à ce qu'elle comprenne. Un grand éclat de rire suivit cette révélation.

    - Ça? Non, pas du tout. C'est juste une façon de passer le temps. On ne médite pas vraiment. Enfin, mis à part le Capitaine. Il y aurait d'autres biotiques, je pense qu'effectivement, ils seraient tous dans la salle avec elle. Ou qu'on aurait fait du réfectoire une salle de méditation pendant certains horaires.
    Mais nous...? Non. Aucun de nous ne médite. Enfin, on s'occupe à notre manière, ce qui d'un certain côté pourrait s'apparenter à une forme de méditation
    , précisa-t-elle précipitamment face à l'air circonspect de Shannon. Mais on n’a pas vraiment besoin de méditer comme le Capitaine.
    Toi, tu as besoin d'améliorer tes pouvoirs, elle de les garder aiguisés. Nous... non. On a juste besoin de détente.

    Allez, trêve de bavardages. Entre!

    La rouquine se retrouva presque propulsée dans la chambre, sous l'impulsion on ne peut plus enthousiaste de la propriétaire des lieux. Celle-ci se laissa tomber sur son lit, s'amusant du rebondissement des ressorts. Face à l'hésitation de sa consœur, elle tapota la place libre juste à côté d'elle. Ce fut peine perdue. Shannon continuait de rester sur place, hésitante, serrant nerveusement la manche de son haut.

    - Il paraît que vous avez quelque chose pour moi?

    - Oui! Bien sûr. Je t'avoue que tu m'as un peu prise au dépourvu. Attends, il faut que je ...

    Elle porta deux doigts à son oreillette, activant ainsi l'appareil qui, après quelques manœuvres, la mise en contact avec Jarod.

    - Jarod? C'est Eléa. Désolée de te déranger alors que tu lis
    , continua-t-elle alors que son oreillette ne lui retransmettait rien d'autre qu'un léger bruit blanc. Petite Flamme est là un peu plus tôt que prévu. Tu veux bien venir? Avec le paquet s'il te plaît.
    Parfait, je te dis à tout de suite!


    Elle raccrocha avant de se tourner gracieusement vers sa protégée.

    Eléa faisait partie de ces personnes à croiser au moins une fois dans sa vie. A vrai dire, pour être plus exact, à croiser au moins une fois dans sa vie alors qu'elle était sur le Straskan. Certains de ses coéquipiers s'amusaient à dire qu'il existait deux versions de ce bout de femme. Une telle qu'on pouvait la voir la plupart du temps sur le vaisseau, à moins qu'un Krogan ne cherche à se faire plus impressionnant qu'elle. Et une autre dès qu'elle mettait les pieds en missions. Son Avenger entre les mains, elle pouvait devenir l'équivalent d'un véritable dragon. Surtout lorsqu'un client voulait se croire plus malin qu'elle et leur extorquer quelques crédits. Le Capitaine s'en occupait la plupart du temps, mais sinon... C'était avec Eléa et sa sainte colère qu'ils devaient négocier.

    Peu de gens étaient prêts à croire à cette histoire alors qu'ils la côtoyaient quotidiennement. On ne pouvait pas leur donner tort. En temps normal, l'Humaine était la description même de l'expression "Haute en Couleur". Toujours enjouée, elle avait été bénie par la foi universelle en toutes les créatures de la Galaxie (mis à part les Dévoreurs. Aucun moyen que ces saloperies de bestioles soit un tant soit peu amicales, avait-elle un jour déclaré).
    Son passé n'était pas forcément très joyeux. Colon née sur Terre d'une planète des Terminus, elle avait passé trois années aux mains d'esclavagistes Butariens avant d'être secourue par hasard par Dralot. Depuis ce jour, la femme était devenue l'une des plus fidèle partisane de la Krogane, jusqu'à arriver à être son bras droit, sa seconde. Ce poste n'avait pas tellement influencée sur le caractère cordiale de la blonde. Tout au plus il avait ajouté une bonne dose d'autorité bien trempée quand il le fallait, mais jamais rien entaché à sa façon de se comporter.

    Shannon n'avait toujours pas bougée. A croire qu'elle se sentait mal à l'aise. Son aînée pencha la tête sur le côté, affichant une moue dont elle seule avait le secret, la bouche un peu tordue alors qu'elle réfléchissait. Elle n'avait toujours pas compris que la porte de la Seconde lui serait ouverte, quelles que soit les circonstances pour peu qu'elle frappe auparavant. Ce que la jeune, polie à l'extrême, n'oubliait jamais de faire.
    Il fallait qu'elle trouve un moyen de la détendre, mais com....

    Les yeux turquoise se posèrent sur la chevelure de feu. Parfait!

    - Dis, Jarod risque de mettre un peu de temps, le temps qu'il finisse son chapitre, trouve le paquet... On pourrait s'occuper de ta coiffure? Qu'est-ce que tu en penses? J'ai ce qu'il faut dans la salle de bain, il faudra juste te laver les cheveux avant. J'ai aussi des soins, ça devrait leur faire un peu de bien après le désert des Terres Mortes.

    Salle de bain était un grand mot. "Pièce d'eau" aurait d'avantage convenu puisqu'on y retrouvait pêle-mêle et sans la moindre séparation les toilettes, le pommeau de douche, un lavabo et un miroir dans la petite pièce. Restriction de vaisseaux oblige, c'était le plus grand luxe qu'ils pouvaient se permettre d'avoir. Rien que pour y rentrer à deux, il fallait faire preuve de beaucoup d'imagination.
    Heureusement, la chambre en elle-même était plus grande. Assez pour avoir un bureau, une chaise et un lit, tout en laissant assez d'espace pour se balader.

    - Evidemment, pour la coupe, il va falloir la faire ici. Tu n'auras qu'à t'asseoir sur la chaise pendant que je m'en occuperais. Attends...

    La femme récupéra les ciseaux, un peigne et un petit miroir présent sur l'unique étagère de sa salle de bain. C'était l'équipement le plus basique mais aussi indispensable pour leur entreprise.
    En tant que Colon, Eléa savait faire tout ce qui entrait dans le cadre de l'entretien basique, que ça touche aux personnes ou aux choses. Couper des cheveux était loin d'être insurmontable en somme.

    - Tu peux y aller. Je t'attends ici. Ça me laissera le temps de chercher quelques coupes, histoire de me faire une idée un peu plus précise.

    Les recherches sur l'Extranet lui permis de trouver quelques petites choses à son goût. Elle les proposa à sa cadette dès que celle-ci fut sortie de la douche, son haut en partie mouillée, tout comme ses cheveux.

    - On peut partir sur quelque chose de simple comme ça si tu veux. On coupe les pointes, on réarrange. On laisse assez de longueur mais on va remettre un peu d'harmonie dans tout ça.
    C'est bon pour toi?


    Elle commença à peigner les cheveux et les démêler en attendant de recevoir une réponse.

    - Oh, et dis-moi, commença-t-elle doucement, comment se passent tes entraînements? Je suis un peu curieuse, je dois te l'avouer. Et je sais que le Capitaine n'est pas forcément très facile d'accès. Plus qu'on ne le croit en fait, mais c'est autre chose.
    Si tu as une remarque ou quelque chose... Je pourrais peut-être voir avec elle pour arranger ça si tu veux.


    Au-delà de sa personnalité tout feu tout flamme, il ne fallait pas oublier qu'elle était la seconde. L'un de ses rôles était de veiller au bien-être global de la troupe.


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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeDim 24 Jan 2016, 17:19
« Oui! Bien sûr. Je t'avoue que tu m'as un peu prise au dépourvu. Attends, il faut que je ... »

Shannon attendit ; Eléa savait se faire désirer. Mais c'était assez vrai, jamais elle n'était sorti si tôt de l'entraînement depuis son arrivée sur le vaisseau.

La femme appela Jarod. Il y avait un paquet à transporter. C'était presque amusant de voir que c'était le dur Butarien qui ramènerait la joyeuse « surprise ».

Eléa était étrange. Toujours souriante. Enfin, peut-être pas, mais jusque-là, Shannon ne l'avait jamais vue sans son sourire. Sauf... le jour de leur rencontre, quand elle avait repoussé ceux qui leur avaient barré la route. Elle n'était pas l'ennemie pour Shannon, ni personne ici, semblait-il, et c'était l'important. Le seul démon, c'était peut-être cet entraînement intensif, à la Kroganne.

Eléa souriait, tout en regardant Shannon. La jeune humaine n'était non plus plus habituée à un œil bienveillant et fixe. Elle n'était plus habituée à grand-chose, de vrai. Elle s'en rendait compte, mais ne put s'empêcher de détourner le regard.

Une petite moue plus tard, que Shannon vit malgré tout, le visage de la seconde sembla s'illuminer.

Oh, God...

« Dis, Jarod risque de mettre un peu de temps, le temps qu'il finisse son chapitre, trouve le paquet... On pourrait s'occuper de ta coiffure? Qu'est-ce que tu en penses? J'ai ce qu'il faut dans la salle de bain, il faudra juste te laver les cheveux avant. J'ai aussi des soins, ça devrait leur faire un peu de bien après le désert des Terres Mortes.
— Euh... »

Machinalement, Shannon porta la main à ses cheveux. Bien sûr qu'elle se les était déjà lavés depuis son arrivée il y a deux semaines, mais force était de constater qu'ils étaient dans un état déplorable. Même, elle croyait encore sentir de la poussière sous ses doigts. Dans le désert, elle n'y prêtait pas attention, mais après tout, d'autres choses la préoccupaient; et c'était stupide, mais l'un des premiers réflexes "normaux" qu'elle avait repris, c'était celui de se laver, le corps et les cheveux.

Pourtant, aller jusqu'à raccourcir ces derniers, elle n'en voyait pas la nécessité, d'autres choses pressaient, et cela prenait plus de temps que de simplement passer sous la douche. Un reste d'esprit pragmatique de qui avait vécu dans le désert, totalement en contradiction avec le retour de ses anciennes conduites.

« Je ne...
— Evidemment, pour la coupe, il va falloir la faire ici. Tu n'auras qu'à t'asseoir sur la chaise pendant que je m'en occuperais. Attends...  »

Shannon changea d'avis; pas en un claquement de doigt, évidemment, mais il lui suffit de laisser traîner son regard – enfin – sur Eléa, la chambre et la salle de bain exiguë, pour se laisser convaincre. Après tout, elle le voyait bien par elle-même, une coupe n'allait pas lui coûter la vie, et puis, pour la première fois depuis longtemps, on lui proposait de s'occuper d'elle.

De toute manière, Eléa avait déjà sorti tout le nécessaire à la coupe des cheveux.

« Tu peux y aller. Je t'attends ici. Ça me laissera le temps de chercher quelques coupes, histoire de me faire une idée un peu plus précise.
— D'accord... » Shannon se dirigea vers la salle d'eau. A l'entrée, elle se retourna, et dit doucement: « Je vais juste vous piquer une serviette... J'espère que vous savez bien vous servir de ces ciseaux. »

Quoiqu'une coupe totalement ratée aurait bien fait rire la jeune humaine. C'était du changement aussi. Et puis ça repoussait. Un renouveau, un départ chaloupé. Pourquoi pas.

C'est juste une coupe, calme-toi, se sermonna-t-elle en enclenchant le pommeau de douche.

Elle tenta de simplement se laver les cheveux, mais, bien sûr, elle mit de l'eau partout. Allez vous shampooiner avec un seul bras. Au moins, l'eau, elle était chaude. C'était une sensation qu'elle redécouvrait depuis quelques temps. L'eau chaude qui coule sur la peau. Idiot, mais la sensation... rendait vivant. Comme aussi plonger dans de l'eau froide.

Avant de sortir, et après que ses cheveux eurent rencontré une serviette, Shannon se regarda dans la glace. Oui, en effet, ses cheveux étaient diablement longs. Et ternes. Quant à elle, elle avait le regard abattu, les joues creuses. Elle préféra ne pas commenter, et donc ne pas ronger ses pensées. Elle sortit de la salle de bain après avoir tourné la tête d'un coup sec.

Eléa n'avait pas bougé. Non, elle était plongée dans ce qui semblait être l'Extranet. Shannon essaya de décoller un peu son col mouillé de sa peau, en vain.

Quand elle l'entendit arriver, la Seconde lui indiqua la chaise; elle s'assit, et lui furent présentées différentes coupes de cheveux. Shannon laissait faire, et se contentait de hocher la tête. Elle était portée par cette petite femme excentrique.

« On peut partir sur quelque chose de simple comme ça si tu veux. On coupe les pointes, on réarrange. On laisse assez de longueur mais on va remettre un peu d'harmonie dans tout ça.
C'est bon pour toi?

— Euh... Disons que oui? Je sais pas. Bon. Peu importe. On verra bien. »

Rien, elle n'imaginait rien sur elle, mais il fallait bien tenter. Elle n'allait pas repartir maintenant au fond de sa chambre, dans l'espoir de glaner quelques minutes de sommeil avant le repas... et le retour à l'entraînement.

Shannon venait peut-être de sourire pour la première fois depuis des mois. D'un vrai petit sourire totalement naïf et doux, presque béat, et pas d'un sourire crispé, ironique, ou faux. Déjà, Eléa s'en prenait à la tignasse rousse. Shannon attendait la suite, en grimaçant si la femme tombait sur un noeud.

Elle n'avait non plus plus l'habitude qu'on la touchât. Elle n'aimait plus le contact. Ça reviendrait peut-être.

Le silence emplissait la petite cabine. Ce n'était pas vraiment un souci. La seule chose qui inquiétait Shannon, c'était d'être prête de nouveau à l'heure pour attaquer la suite de la journée. Elle n'avait encore jamais été en retard, et elle n'avait pas vraiment envie de voir ce qu'il se passerait si elle l'était aujourd'hui.

Eléa lut dans ses pensées, ou c'était tout comme. « Oh, et dis-moi, comment se passent tes entraînements? Je suis un peu curieuse, je dois te l'avouer. Et je sais que le Capitaine n'est pas forcément très facile d'accès. Plus qu'on ne le croit en fait, mais c'est autre chose. Si tu as une remarque ou quelque chose... Je pourrais peut-être voir avec elle pour arranger ça si tu veux. »

Shannon grommela une réponse. Son sourire avait disparu, et il ne reviendrait pas. Est-ce qu'elle pouvait parler? Sûrement. Ou pas. Mais elle avait grommelé, déjà. Elle devait continuer. Maudits réflexes. Cependant, elle ne sut pas quoi dire. Ou plutôt, elle ne sut pas comment dire ce qu'elle avait à dire.

Elle ne se sentait pas non plus en droit de se plaindre, si elle comparait sa vie sur le Straskan à sa vie précédente. Ni en droit de pleurer. Pourtant, le cumul des souffrances d'avant et de ses "souffrances" actuelles aurait dû suffire à l'inquiéter, à la faire chuter.

« C'est... difficile », laissa-t-elle simplement échapper, alors qu'Eléa commençait à jouer des ciseaux.

Mais comme la Seconde semblait attendre davantage, elle ferma les yeux pour réfléchir. Rien ne lui vint.

« C'est... trop. »

Et Shannon n'ouvrit plus la bouche, de peur de perdre le contrôle. D'en dire trop, mais ces quatre mots étaient peut-être déjà suffisants.

Preuve supplémentaire qu'elle était encore bien loin de ce que Dralot voulait qu'elle devînt.
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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeMer 03 Fév 2016, 18:47

    Les lèvres légèrement pincées, Eléa continuait d'accomplir sa tâche. Elle essayait, autant que possible, de ne pas faire de mal à la jeune fille, mais sa tignasse était bien moins coopérative. Certaines touffes étaient tellement emmêlées qu'elles formaient de petites dreads rousses naturelles. Il lui fallut utiliser plusieurs fois un soin démêlant pour en arriver au bout de la plupart. Le reste devrait être coupé. L'Humaine réfléchit un instant, le peigne toujours à la main, passant les doigts dans les cheveux de sa protégée. Elle souleva une mèche, pencha la tête sur le côté, puis se décida. Quitte à couper plus qu'envisagé, un dégradé bien ajusté pourrait donner du punch à l'apparence de la petite. Garder un côté sauvage, flamboyant, mais organisé. Une jungle dans un jardin anglais, en quelque sorte.
    Un dernier coup de peigne pour s'assurer qu'il n'y ait plus de nez, puis elle prit la paire de ciseaux argentés. En face d'elle, le dos gigotait, comme si Shannon hésitait encore à lui répondre.

    - C'est... difficile.

    Les ciseaux claquèrent dans le vide une ou deux fois, comme s'ils devaient absolument être testés avant de commencer. Cela marqua aussi une pause dans le comportement de la femme. Grâce au petit miroir de table posé sur le bureau, sa comparse pouvait voir le regard vert, curieux, de sa coiffeuse.

    - Oh...?, fit-elle innocemment.

    Sa tentative d'en apprendre un peu plus marcha sans doute, si on pouvait bien appeler ça "marcher".

    - C'est... trop.

    - Ah...., se contenta de faire Eléa.

    Le bruit des ciseaux reprit et les premiers cheveux roux commencèrent à tomber, l'un après l'autre, par petite masses. Elle commençait par les pointes, qu'elle dû couper de trois bons centimètres. Commencer par faire une bonne base, puis peaufiner ensuite tout ça. Il était de toute façon hors de question qu'elle laisse la jeunette avec une coupe carrée. Ça n'allait de toute façon pas avec son visage.
    Elle finit par reprendre la parole, les ciseaux cliquetant alors que sa voix couvrait leur chant.

    - Tu sais, je ne peux pas vraiment dire que je sais ce que tu ressens. Enfin, je pourrais techniquement, mais je n'ai jamais subi d'entraînements avec la Capitaine. Pas au travers de la méditation en tout cas.
    Mais elle m'a entraîné quand même. Ça ne va pas être la même expérience que toi, et je ne sais pas vraiment si ça va t'aider, mais... Enfin, tout ça pour dire que je comprends ce que tu peux ressentir. Pas forcément que je sais
    , fit-elle en levant le doigt.

    Elle tira doucement quelques parcelles de la crinière rousse, cherchant à en vérifier les longueurs, avant de reprendre son ouvrage et son discours.

    - Chacun a un passé ici. Certains en sont fiers, d'autres honteux et les derniers comme moi s'en fichent bien. Ce qui est passé est passé.
    Bref. J'ai été tour à tour Terrienne, puis Colon, puis Esclave. Une très longue histoire. Quoiqu'il en soit, la Capitaine m'a trouvé et délivré. Tu peux te douter que chez les Esclavagistes, "Apprendre à tenir une arme et énucléer quelqu'un à la fourchette" ne fait pas vraiment parti du programme de base.
    Enfin, quoiqu'il en soit, la Capitaine est tombé un jour sur le vaisseau où j'étais et .... Disons que nous avons vite été délivrés. Évidemment, j'ai demandé à la rejoindre. Et crois-moi, à l'époque j'étais vraiment loin d'être une combattante.
    Quoiqu'il en soit, il a bien fallu que je me fasse entraîner si je voulais rester.

    J'en ai bavé. Vraiment. Si j'avais envie de faire une blague perverse, je pourrais dire que la moitié de l'équipage m'est passé dessus
    , ajouta-t-elle en riant, avant de vite se rattraper face à l'air perplexe de son amie, je veux dire, avec les entraînements. Je crois qu'il n'y a que les Krogans que je n'ai pas frappé, et ce n'est qu'une histoire de temps si tu veux mon avis.
    Enfin, bref. J'avais à peu près la même chose que toi. Sans la méditation. Entraînement au corps à corps le matin, armes l'après-midi.

    Vraiment, j'ai voulu abandonner cinq ou six fois je crois. Mais à chaque fois que j'en ai ressenti l'envie, je me suis souvenue de ce que je n'étais pas capable de faire la semaine d'avant. Ce pouvait être une série de pompe en plus, ou bien un tir un peu meilleur que les autres. Quoiqu'il en soit, je faisais en sorte de me souvenir que je devenais un peu meilleure chaque jour.

    Et puis, la Capitaine n'exige pas de nous qu'on fasse d'avantage que ce dont nous sommes capables. Enfin, elle cherchera les limites et les repoussera peut-être un petit peu. Mais si elle sent qu'une tâche t'es vraiment insurmontable, elle ne te la proposera pas.
    Elle a du nez, d'une certaine façon. C'est sans doute pour ça que le premier membre d'équipage que j'ai dû combattre était Jarod.


    Elle ria doucement, comme pour elle-même, un peu perdue dans ses souvenirs.

    - Honnêtement? Il a failli me casser le bras. Mais sans ça, je crois que j'aurais pu rester un peu méfiante, même envers eux....

    Elle sembla sortir de sa rêverie alors qu'elle grimaça après un "Schlick" un peu trop abrupt. Son sourire revint bien vite alors qu'elle retravailla le dégradé.
    Bon, il serait juste un peu plus prononcé que ce qu'elle avait pensé au premier abord. Il n'y avait pas de raison de paniquer! Pas vraiment.

    ... Au pire du pire, ça repousserait.

    - Enfin, tout ça pour te dire qu'il ne faut vraiment pas que tu t'en fasse. Ou que tu t'estimes incapable de quoique ce soit.
    La chef est dure, ça je ne le nie pas. Mais son passé n'est pas autant plus drôle que le nôtre. Les Chamans sont formés par le Désert et la mort elle-même selon-elle. Je ne sais pas vraiment ce qu'elle entend par là, mais je pense qu'elle cherche la dureté parce qu'elle-même n'a connu que cette façon de se dépasser.

    Elle n'est pas à plaindre, évidemment. Je veux dire, elle est en paix selon elle. Et je n'ai pas vraiment l'impression qu'elle souffre ou ait particulièrement souffert de son rôle. Loin de là.

    Mais si tu estimes que c'est trop dur, si un jour tu veux abandonner.... Viens me voir. On discutera autour d'un thé, d'accord? Il faut juste pouvoir se vider la tête de temps à autre! Je ne sais pas si ça aide en biotique, mais au tir, ça fait des merveilles chez moi!

    Et.... TADA!

    Eléa retira la serviette d'un geste théâtrale avant de jurer alors que plusieurs mèches rousses tombaient en pluie sur le sol.

    - Bordel, je vais devoir tout ramasser! J'aurais dû mettre quelque chose en dessous. Tu peux te regarder dans le miroir de la salle de bain. Et prends le petit avec toi, si tu veux voir l'arrière.

    Au final, le dégradé était certes plus prononcé mais le résultat était joli. Il donnait un côté très libre et flottant aux cheveux, tout en restant sagement ordonné.
    Comme un feu de cheminée, songea la Seconde. Vif et mordant, mais calme et magnifique à la fois. Encore qu'elle doutait que Shannon puisse, pour le moment, se montrer vive et mordante. Plutôt comme la flamme d'une bougie alors. Douce et chaude, mais piquante? Oui, cela convenait mieux.
    Oh, ou comme une symphonie! Un début calme qui cachait parfois une tempête de notes furieuses. Oh, non, ça n'allait pas.

    L'allégorie de la bougie convenait bien mieux.

    L'excédent roux fut en grande partie jeté à la poubelle, mais, dans le doute, la blonde laissa tout de même une des fines dreads sur le bureau, comme si de rien était. Si jamais la petite voulait en faire un souvenir, elle pourrait, en toute discrétion.
    Lorsqu'elle se redressa, ce fut pour mieux voir Jarod à l'embrasure de la porte, le paquet entre les bras.

    - Oh, tu es là depuis longtemps? Entre et assied-toi sur le lit.


    Shannon était revenue aussi. Le Butarien leva les yeux présents sur le côté droit de son visage.

    - Oui, c'est normal que tout ne soit pas parfaitement droit ou égal. C'est ce qu'on appelle un «dégradé". Oh, et puis laisses tomber, finit-elle par soupirer face au regard appuyé, légèrement incompréhensible, de son compagnon.

    Bon, Petite Flamme, assieds-toi! C'est l'heure de ton cadeau!

    Elle posa le long paquet entouré de tissus rouge sur les genoux de la petite, puis recula, l'air solennel. Du trio rassemblé, c'était sans aucun doute la seconde la plus excitée de tous. Elle attendit que leur protégé ait finit de tout déballer avant de sourire de toute ses dents, chantonnant plus qu'elle ne parlait.

    - Tada! C'est une prothèse de bras! Il est plus ou moins à ta taille, mais vu que c'est une occasion, il y aura peut-être une petite différence. On a fait en sorte que ça ne soit pas non plus grand chose, mais sans toi pour l'essayer...
    Enfin, le vendeur m'a assuré que c'était assez costaud pour tenir un entraînement régulier comme le tiens. Ce n'est pas non plus un bras qui a été fait pour un maître des arts martiaux, mais ça suffira. Il peut tenir encore trois ou quatre ans apparemment, mais du coup on aura le temps de voir arriver avant de t'en offrir un plus performant.
    Je suis sûre que tes entraînements te paraîtront plus faciles comme ça!

    ...

    Ça te plaît? Tu vas bien?


    Eléa semblait inquiète et si Jarod restait muré dans le silence, il observait Shannon sans mot dire.


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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeDim 07 Fév 2016, 21:43
Shannon, plus le discours d'Eléa avançait – car c'était un véritable discours, plus le discours avançait, plus la jeune femme déglutissait.

« Tu sais, je ne peux pas vraiment dire que je sais ce que tu ressens. Enfin, je pourrais techniquement, mais je n'ai jamais subi d'entraînements avec la Capitaine. Pas au travers de la méditation en tout cas.

Mais elle m'a entraînée quand même. Ça ne va pas être la même expérience que toi, et je ne sais pas vraiment si ça va t'aider, mais... Enfin, tout ça pour dire que je comprends ce que tu peux ressentir. Pas forcément que je sais...»


La Seconde leva le doigt avant que Shannon eut le temps d'objecter que non, elle ne savait pas, pas du tout. Les coups de ciseaux furent le seul bruit environnant pendant quelques instants. Alors, l'Irlandaise réfléchit. Eléa avait bien fait la différence entre comprendre et savoir. Par conséquent, elle ne lui en voulut plus. Mais elle avait du mal à croire qu'elle compren...

« Aïe... » Eléa lui tirait les cheveux. Etaient-ils si longs, si emmêlés que ça ?

Le discours reprit. Et Shannon oublia, petit à petit, les a priori qu'elle avait pus avoir sur la Seconde il y a quelques instants. Il y avait tout. Son passé, son histoire, ses doutes, ses peurs, ses désirs. Elle voulait rester près de la Chamane. Elle avait ses raisons à elle, différentes de celles de Shannon, mais elle voulait rester. Et pour cela... Il fallait s'entraîner.

Shannon lui jeta un regard perplexe à cause de sa plaisanterie sur l'équipage qui lui était passé dessus. Non pas que ce ne pouvait être drôle, mais elle n'avait pas la tête à ça.

C'était terriblement dur. Elles étaient d'accord. Après deux semaines, Shannon s'effondrait le soir sur son lit et s'endormait dans l'instant. Elle transpirait en dormant, elle chassait ses draps. La journée, elle ne voyait pas ce que Dralot voulait qu'elle fît, et elle souffrait face à Jarod, et face à Eléa aussi. Et cette dernière lui disait que ça pouvait changer. Ça pouvait changer. Continuer, essayer. La clé, c'était le travail.

Il fallait se trouver un rythme. Essayer, continuer. Ne pas y arriver, ce n'était pas grave. Essayer, continuer. Ça allait faire mal, mais pour progresser, c'était ce qu'il fallait faire. Facile à dire...

« Vous... Vous avez voulu abandonner ? » La voix de Shannon n'était qu'un murmure. « Cinq... Six fois ? »

Elle n'en revenait pas. Cette femme, qui semblait toujours sourire, sur qui tout semblait glisser sans dommage, cette femme avait manqué de faillir ? Cinq fois, six fois ? Eléa ne lui répondit pas, ou plutôt la suite de ses paroles répondirent pour elle.

A un moment, les coups de ciseaux cessèrent, ainsi que les mots. Shannon n'osa pas lui demander ce qu'il se passait. Eléa lui toucha les cheveux comme pour s'assurer que la coupe passait. Ses yeux voulurent regarder dans son dos, mais impossible, bien sûr.

Les mots. Ils étaient des choses puissantes. Etaient-ils en train de faire effet sur Shannon ? Tout ce qu'Eléa disait, tout ce qu'elle disait... Chaque phrase s'imprimait dans l'esprit de la jeune femme. Tout ce qu'elle disait... Shannon sentait, elle touchait du doigt, elle arrivait à s'imaginer qu'elle pouvait vaincre cet entraînement. Elle y arrivait. C'était très difficile, mais elle y arrivait. Elle n'était pas prostrée, elle ne se limitait pas à l'idée que l'échec l'attendait à coup sûr. L'échec certain. Non.

Dralot avait ses raisons aussi. Ils avaient tous une histoire, comme disait Eléa. Tout le monde a une histoire. Tout le monde a souffert, souffre, souffrira. Les souffrances seront différentes pour tous, mais elles auront toute la même intensité. Un problème qui ne paraîtra que bénin à quelqu'un sera la montée de l'Everest ou la descente aux Enfers de quelqu'un d'autre.

Et Dralot, après ses propres épreuves, était en paix.

Shannon se rappelait de pourquoi elle l'avait suivie. Pour espérer atteindre une telle paix, la sienne ; pour ne plus avoir à se faire souffrir elle-même, ni à souffrir entre les mains d'autrui. Elle aussi... Elle avait subi des épreuves, et ce n'était pas fini. Elle devait se construire.

Le fil de ses pensées l'impressionnait. Depuis l'incident de janvier, elle n'avait jamais autant pris le temps de réfléchir. Shannon s'était contentée d'avancer, de fuir plutôt, de s'enfoncer dans l'horreur, même. Elle se rappelait d'un temps où elle couchait ses réflexions par écrit.

Je recommencerai...

Pour son bien. L'Humaine sourit à la mention du thé qu'elle pourrait partager avec Eléa si jamais ça n'allait pas. Un thé, ou n'importe quoi. Il fallait parler, c'était l'important.

« Et... TADA! »

La serviette claqua aux oreilles de Shannon ; elle sentit des mèches lui glisser sur la nuque et grimaça.

« Bordel, je vais devoir tout ramasser! J'aurais dû mettre quelque chose en dessous. Tu peux te regarder dans le miroir de la salle de bain. Et prends le petit avec toi, si tu veux voir l'arrière. »

Shannon se leva et porta par réflexe la main sur sa chevelure. Déjà, elle sentait la différence. Plus légère, plus lisse.

Elle se tourna vers Eléa, un peu gênée encore. « Merci... Merci pour la coupe. Et pour le reste. Ça m'a fait... du bien. »

Ses Enfers à elle, elle avait chuté dedans depuis plus de quatre ans, mais jusqu'à janvier, elle avait eu des périodes de joie, des périodes tranquilles, des périodes... presque normales. Elle avait atteint leur feu depuis la torture, la cave...

Shannon partit dans la salle de bain, non sans avoir saisi le fameux petit miroir.

Une fois face à la glace, elle ne sut que dire. Ce n'était pas elle, c'était impossible. C'était comme si ses cheveux resplendissaient. Ils étaient bien plus courts ; Eléa avait fait un dégradé. Un peu trop prononcé sur la droite, mais tant pis. Ils lui donnaient un air moins épuisé. Un air vivant. Elle ricana en se demandant comment de simples cheveux pouvaient faire ça.

La jeune femme tourna encore un moment sur elle-même, plus ravie qu'elle ne se le figurait, avant de ressortir. Jarod était arrivé. Il fixa avec une sorte d'incompréhension de chauve – ou plutôt d'alien - la nouvelle coiffure de l'Humaine.

« Oui, c'est normal que tout ne soit pas parfaitement droit ou égal. C'est ce qu'on appelle un ''dégradé". Oh, et puis laisse tomber. »

Shannon remercia Eléa mentalement, et celle-ci poursuivit sans attendre : « Bon, Petite Flamme, assieds-toi! C'est l'heure de ton cadeau! »

Ah, oui...

Typique de Shannon, elle avait jusqu'à cet instant oublié le but premier de sa visite. Le cadeau. Sa curiosité remonta en flèche alors qu'Eléa lui tendait le long paquet apporté par le Butarien. La Seconde jubilait.

Shannon s'empêtra dans les tissus rouges qui emballaient le « trésor ». Ils tombèrent pourtant, tous, un par un, sur le sol. La jeune fille ne bougea plus. Pour un peu, ses yeux ne cligneraient plus. C'était une prothèse...

Eléa parlait, elle lui détallait sûrement toutes les merveilles que pouvait accomplir l'engin, mais Shannon n'entendait qu'un bourdonnement lointain.

Elle avait cesser de porter la sienne depuis des années. Pourquoi ? Une folie d'adolescent, d'adolescent brisé, mais une folie tout de même. Elle ne savait plus ; elle s'était perdue dans des interrogations qui la dépassaient, et à un moment, elle ne sentait plus sa prothèse que comme un poids de l'attaque des Moissonneurs sur la Terre, comme un poids matériel des fantômes de ses parents.

Une prothèse était, de façon très étrange, symbolique. Et on lui en offrait une nouvelle. Est-ce qu'elle pouvait...

Est-ce qu'elle pouvait en reporter une ? Etre prête pour ça ?

La phrase « je suis sûre que tes entraînements te paraîtront plus facile comme ça ! » parvint à franchir les murailles de ses tympans et de son esprit. Ses entraînements...

Shannon ne parlait toujours pas, la tête baissée sur la prothèse, qui tenait, assez légère, dans sa main droite.

« … Ça te plaît? Tu vas bien? »

Elle leva les yeux vers Eléa. « Je ne sais pas. » Et c'était vrai. Elle regarda de nouveau le bras de métal.

Et elle s'effondra, en larmes, courbée sur le cadeau. Elle se rappela face à qui elle était, se releva, et, à moitié aveuglée par ses pleurs, se jeta un instant au cou de Jarod, puis d'Eléa, auquel elle resta accrochée, faute de forces. Les seules paroles qui arrivaient à lui échapper étaient des excuses et des remerciements. Plus, elle se noierait.

Que faire ? Elle sentait ce poids de la prothèse, ce poids de souvenirs qu'elle avait longtemps chassés. Tout lui revenait, tout lui cinglait le visage, tout coulait et jaillissait dans ses os, dans ses veines, tel du poison, mais avec la force d'un geyser, comme lorsqu'elle était allée se recueillir sur la tombe de ses parents.

Mais la pensée de l'entraînement revint à Shannon. Le discours d'Eléa aussi. Tout le monde a un passé. Certains font avec, certains s'en fichent, certains l'oublient... Shannon avait trop souffert en l'oubliant. Elle allait le porter, désormais. Elle allait avoir mal, comme pour l'entraînement. Mais elle allait devoir apprendre à travailler, à supporter, tout cela pour se dépasser.

Arrêter des larmes, ce n'est pas si simple. Elle avait peur. Elle allait essayer d'agir, mais elle avait peur. Elle se détacha de la Seconde, essuya ses joues et sourit. De travers, mais elle sourit.

« Je crois que ça va aller. Merci. »

Il y eut un silence, et Shannon rit. Son propre rire l'inquiéta, parce qu'elle riait, elle riait de plus gros rire qui avait éclaté d'elle depuis des années, et cela la faisait rire encore plus, même si son rire était mi-jaune mi-heureux. Jarod la regardait, sans émotion, et ça aussi, c'était drôle.

« Je..., commença-t-elle une fois calmée. Je vais y aller. Merci encore. »

Et elle sortit de la pièce.

Elle mangea avec appétit. Pour tenir face à ce qui l'attendait. Parce qu'elle se sentait libérée ; libérée d'avoir fait un choix, celui d'avancer, ou plus précisément d'avancer sans se perdre, contrairement à ce qu'elle avait voulu faire en fuyant son chez elle.

Elle passa déposer la prothèse dans sa chambre avant de retourner voir Dralot, qui n'aurait à coup sûr pas bougé. Il allait falloir organiser la pose du bras... Shannon déglutit. Pourtant, une fois face à son maître, ses seules paroles furent : « Je me sens prête. Et bientôt, je le serai vraiment. »

Ce n'était pas de l'arrogance, c'était un espoir affirmé. Pourtant... Shannon sentait qu'elle mentait à moitié. Mais elle arriverait au moins à se maîtriser... un minimum, du moins l'espérait-elle. On ne savait pas. Elle essaierait. Elle essaierait.

Elle reprit sa méditation, y mettant toute son application, voulant comprendre ce qu'elle ne saisissait pas. Son esprit finit par partir ; peut-être était-ce cela le but. Pour le moment. La biotique, on verrait plus tard. Elle se sentait apaisée, un peu.

Quelques jours plus tard, le Straskan rejoignit la Citadelle, et Shannon partit au bloc opératoire.
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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeSam 13 Fév 2016, 21:26

    Straskan - Fin mars

    C'aurait été mentir que de dire qu'Eléa ne s'était pas inquiétée. La seconde avait hésité un moment avant de convaincre sa Capitaine de dépenser une partie de leurs réserves pour offrir un bras mécanique à Shannon. Le Transhumanisme, même s'il était léger et de première nécessité, restait mal vu. Pire, il pouvait être sujet à des problèmes, ou la source d'autre. Le cadeau avait donc été un pari, tant l'Humaine ne savait pas comment il serait pris. Pourtant, elle en voyait les avantages. Certes, il pouvait rappeler l'époque de la guerre, où des êtres mi organiques, mi synthétiques s'acharnaient à détruire l'ensemble de la galaxie (ou tout du moins de la Voie Lactée). Ou bien brouiller des frontières que certains laissaient bien définies. Mais on ne pouvait pas se battre et vivre avec un membre en moins. Et la greffe organique, outre trop cher, prendrait trop de temps pour que l'équipage du Straskan y participe.
    Alors oui, sur le coup, elle avait eu peur que Shannon refuse ou prenne peur, soit en colère, voir les trois à la fois. Et pourtant....

    Pourtant, malgré son air perdu qu'elle confirma, elle ne semblait pas horrifiée, pas plus qu'elle leur reprochait un tel geste. A la place, elle préféra fondre en larme, la prothèse serrée contre son torse.
    Si la femme ne sut que faire sur le moment, babillant quelques mots pour tenter de réconforter sa collègue, Jarod restait quant à lui immobile. Tout au plus deux sourcils se levèrent, et encore. Il se contentait de rester là, les coudes sur ses genoux et le visage posé sur ses mains croisées. Il semblait attendre ou tout du moins observer. Silencieux, comme à son habitude. Peut-être que la tempête se calme et que le flot de sanglot cesse. Il ne fallut pas longtemps. La crise n'avait duré que quelques secondes, mais pour une elle avait semblé durer une éternité.
    Aux pleurs, elle préféra la fugacité d'un câlin à chacun de ses protecteurs. Une étreinte rapide pour le Butarien, qui resta de marbre, et bien plus infinie pour Eléa. Elle le lui rendit bien d'ailleurs, serrant sa protégée de toutes ses forces, prête à faire renoncer le premier Krogan de les détacher. Elle murmurait en français, sa langue natale, quelques mots pour calmer la rousse, oubliant qu'ils étaient immédiatement traduits par les omnitechs. Mais elle parlait avec douceur et sérénité, pour l'aider à reprendre ses esprits.
    La seconde veillait sur l'équipage. C'était la règle tacite et millénaire de tout vaisseau.

    Il leur fallut bien se détacher. Toujours aussi doucement, en prenant le temps.

    - Je crois que ça va aller. Merci.

    La petite souriait désormais. Comme si tout allait mieux. En écho, l'Humaine sourit elle aussi à sa consœur, hochant doucement la tête. Elle rit face au rire, bien que moins fou et plus apaisant que celui qu'elle mimait.
    Et Jarod continuait de les regarder en faisant la statue vivante. Il garderait ses lèvres scellées tant qu'il ne trouverait rien à dire.

    Il était rare qu'il trouve quelque chose d'assez intéressant pour cela.

    - Je vais y aller. Merci encore.

    Je t'en prie Petite Flamme. Tu pourras remercier la Capitaine aussi.
    Et n'oublie pas que mon offre pour le thé tiendra éternellement!

    La mercenaire resta un instant face à la porte fermée, fixant le panneau comme s'il pouvait lui révéler les secrets de l'âme de Shannon. Elle se laissa faire lorsqu'une main saisit son bras, la faisant s'asseoir.
    Tout le monde avait des gardiens ici. Des gens qui veillaient les uns sur les autres, en secret ou en plein jour. Celle qui veillait sur eux tous était bien évidemment la Chamane. Mais ça ne leur empêchait pas d'en avoir d'autres.
    Celui d'Eléa était juste le plus silencieux de tous.

    Elle ferma les yeux alors qu'elle posa le front contre celui du Butarien, souriant pour elle-même.

    - Je crois qu'elle a apprécié, souffla-t-elle doucement.

    Il y eut un moment de silence que rien ne vint déranger.

    - Par contre....
    Tu crois qu'elle a oublié qu'elle devait s'entraîner avec nous?


    Il opina.


    Straskan - Avril




    Dralot souffla profondément. Elle n'était pas exaspérée ou déçue. Le souffle était juste une chose importante invitant, s'il était bien fait, au calme et à la réflexion. Derrière elle, une autre respiration tinta comme une cloche d'argent, l'imitant.
    La petite rousse se tenait immobile, attendant la suite. Elle observait, ses yeux vairons respirant un début de sérénité. Elle semblait sur la bonne voie.

    Cela faisait deux semaines. Deux semaines depuis qu'Eléa avait offert, avec Jarod, une prothèse à l'apprentie. Trois jours plus tard, le Straskan faisait escale sur la Citadelle pour qu'elle puisse se faire greffer, la veille pour le lendemain. Un peu plus d'une semaine d'après, le temps de vérifier que la greffe était acceptée et quelques séances de kinésithérapie intensives, ils repartaient pour de nouvelles missions. Et depuis, ils travaillaient d'avantage afin de refaire leur réserve de crédits. Ce n'était pas dérangeant, mais les entraînements en pâtissaient quelques peu. Ils partaient souvent, au moins trois fois par semaine. Ils ne prenaient que des missions courtes, comme des renforts de sécurité, des escortes et ce genre d’activités légales, encore que parfois elles jouaient au funambule avec la limite. Quoiqu'il en soit, Shannon se voyait offrir des demies-journées voir journées entières sans qu'elle ait à s'exercer, que ce soit à sa biotique ou aux corps à corps.
    Au moins semblait-elle progresser malgré tout, encore que trop lentement aux yeux de sa professeur.

    Pourtant, elle avait fait en sorte de modifier sa façon d'apprendre, sur les conseils de sa seconde. Notamment en expliquant d'avantage. C'était difficile, mais cela lui permettait d'apprendre un peu plus sur les différentes façons d'apprendre. Les Humains étaient plus fragiles et plus cérébraux que les Krogans. Mais comment expliquer ce qu'on ressent? Avec beaucoup de patience, sans doute.

    - Fait comme lorsque tu médites, Petite Flamme. Vide ton esprit. Concentres-toi sur la tasse.
    N'oublie pas que nous ne sommes rien face à l'Univers. Et que c'est ainsi que nous pouvons l'influencer. En n'étant pas régis par ses lois.


    Il suffisait de voir l'univers sous un certain angle pour que les choses se débloquent.
    En attendant, la tasse restait posée sur le sol.


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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeMar 16 Fév 2016, 19:59
A bord du Straskan – Dernière semaine de mars 2200.



C'est...

Etrange ? Désagréable ? Grisant ? Rien de tout cela, ou au contraire tout à la fois ?

Shannon regardait ce bras mécanique, ce bras qui n'était pas le sien, et qui pourtant l'était devenu par la force de la médecine. Elle n'avait jamais autant eu conscience d'une partie de son corps, peut-être justement car ce n'était pas une partie naturelle de son corps.

Ou plutôt si, elle avait déjà vécu et ressenti tout cela ; mais alors elle était une enfant. Une enfant à l'esprit flottant, fluctuant, sous le choc de la perte des deux êtres flamboyants qu'étaient ses parents. Elle avait de vagues souvenirs des sensations qu'elle avait ressenties au bras, mais surtout elle se rappelait de toutes les personnes qui l'avaient entourée pour la faire parler, la calmer, la guérir, soi-disant.

Aujourd'hui, elle pouvait se concentrer sur son bras, et elle ne savait si c'était pire ou non.

Shannon le tordait dans tous les sens humainement possibles ; elle réessayait de rouler de l'épaule gauche ; et elle avait l'impression d'entendre un cric soulever une carlingue tordue. Ce n'était que cela, qu'une impression, bien sûr. La jeune femme ne se sentait plus tout à fait humaine, et son imagination, elle bien typique de son espèce, aimait à la torturer.

La rééducation avait été... expéditive, et le problème venait peut-être de là. Accorder le geste à la pensée. Réussir à donner assez de force à la main pour serrer un objet, mais pas trop non plus. Bouger suffisamment pour rendre le mouvement fluide. En général, le soir, Shannon regardait son bras de chair, qui avait repris des couleurs, lui aussi, et comparait avec le gauche. Réfléchir pour bouger l'un des quatre membres... ce n'était pas naturel. Shannon détestait cette sensation, mais bientôt, avec la pratique de la vie, ça passerait.

… Du moins espérait-elle qu'il en irait ainsi.

C'était idiot, mais elle sentait comme le moindre détail de sa prothèse. De façon plus précise, elle sentait courir des veines invisibles, des nerfs invisibles, et les signaux électriques qu'ils envoyaient. C'était comme si des filets d'eau coulaient dans son bras, accompagnés d'éclairs et de lames de vent. Encore une fois, ce n'était qu'une impression. Une impression qui avait le côté trop tranchant du réel.


*


Les entraînements avec la Chamane, Jarod et Eléa s'étaient espacés ; vu la maîtrise qu'elle avait de son bras, Shannon ne préférait pas penser ce qu'il en était de sa biotique. A la place, ils faisaient des sorties. Du mercenariat comme l'Irlandaise n'avait jamais imaginé en faire. Et parce qu'elle ne s'était jamais imaginée dans un rôle pareil, et parce que sa condition physique et ses compétences lui faisaient défaut.

Justement, il était temps de changer cela. La seule chose qui perturbait Shannon, c'était que certains contrats... ne semblaient pas légaux. Elle n'alla pas jusqu'à poser des questions. Elle faisait confiance à l'équipage ; et pour la première fois qu'elle avait à se concentrer sur une chose – son entraînement – et qu'elle y parvenait, elle tentait de pas se laisser distraire par d'autres éléments.

Shannon suivait les groupes, utilisait son bras, apprenait. Si la prothèse la faisait encore grincer des dents, elle ne regrettait pas la greffe : on pouvait faire tellement avec deux bras ! Elle n'aurait pas pensé ainsi quelques mois plus tôt. Elle aurait fui toute idée d'implant. Désormais, elle savait à quel point c'était nécessaire dans sa démarche de progression, et elle l'acceptait.

Hors des missions et des entraînements, Shannon avait pris le goût du jeu vidéo, au grand dam de Dralot. A chaque sortie de ravitaillement, la jeune fille disparaissait sur une borne de l'Arène de Combat Virtuelle. Elle avait aussi pris le goût d'aller traîner dans des parcs au lieu de sa chambre. Elle ressortait aussi son journal, et aimait aller embêter Jarod pour lui faire la lecture ; elle disparaissait en général au bout de trois phrases, après un regard quadruplement blasé du Butarien.

Et bien plus souvent qu'elle ne le souhaitait, son passé revenait encore. Elle arrivait à le chasser, à le recouvrir ; elle sentait bien pourtant que ce n'était pas la bonne solution.

Mais la majeure partie de ses journées se passaient bien, et elles compensaient tout le reste.



***



Straskan – Début avril 2200.



Méditation, puis maîtrise de l'ezo. Dans cet ordre.

La petite salle dédiée était comme figée dans l'éternité pendant les entraînements. En arrivant, Shannon prenait le temps de calmer ses pensées du matin, après une nuit d'un sommeil profond (dû à la tout de même fatigue de la journée précédente), avec quelques exercices de respiration basiques.

Assise, les jambes croisées, la jeune humaine regardait son maître. Puis la tasse au sol. Puis son maître, puis de nouveau la tasse.

Une tasse !

Elles étaient passées de la méditation à la biotique simple. Si elle se sentait plus sereine en commençant, elle avait encore tendance à perdre patience si d'aventure l'exercice lui échappait, cela l'énervait, et la séance était gâchée jusqu'à la pause ou la fin de la journée.

« Fais comme lorsque tu médites, Petite Flamme. Vide ton esprit. Concentre-toi sur la tasse.
N'oublie pas que nous ne sommes rien face à l'Univers. Et que c'est ainsi que nous pouvons l'influencer. En n'étant pas régis par ses lois. »


Au son de la voix de Dralot, Shannon ferma les yeux. La Chamane avait pris l'habitude de lui donner des pistes, à son grand plaisir. Certes, il fallait toujours les saisir, et ce n'était pas chose aisée, mais au moins avait-elle conscience de l'existence d'une base à l'exercice désormais.

Alors elle suivit les conseils de la Kroganne. Faire abstraction de tout ce qui l'entourait, puis de tout ce que son esprit pouvait mettre en place pour... et bien, pour faire ce que tout esprit faisait. Shannon avait du mal avec cette étape. C'était comme pour son bras ; ne rien penser, ce n'était pas naturel.

Est-ce que c'est réussir à faire ça, ne pas être régi par les lois de l'Univers ?

Quand elle croyait avoir atteint un équilibre (c'est-à-dire quand sa respiration était si profonde qu'elle avait l'impression d'être faite d'air et de pouvoir se soulever du sol), elle tentait de faire glisser l'ezo dans son corps comme les sensations glissaient dans sa prothèse. Shannon sentait de légers picotements au niveau de son implant biotique. Alors, elle ouvrait les yeux et fixait la tasse. Puis, elle essayait d'envoyer l'ezo vers l'objet. Un frémissement, au mieux.

Shannon serra les dents, et elle sut qu'elle bougeait trop rien qu'à la façon dont la Chamane la regardait. Sans qu'elle sût comment, la Kroganne arrivait aussi à sentir l'ezo qui émanait d'elle – mais c'était un maître biotique, après tout.

Pour le moment, Shannon devait s'occuper de cette tasse. Mais ça y était, elle avait raté, il lui faudrait du temps pour se concentrer de nouveau. Elle ne présentait plus d'excuses, la Chamane en faisant peu de cas.

Elle était assez dépitée, car l'exercice semblait simple. « Maître, il y a... comme une chose qui m'échappe. Mon doigt est juste devant, et pourtant ça fuit. » Peut-être était-ce cette notion fantôme qui avait toujours été son problème. « Comment... »

Shannon n'arriverait pas à formuler. La Chamane connaissait de toute manière ses problèmes de concentration, et sûrement qu'elle n'y pouvait rien. Tout devait venir de l'humaine.

« C'est... on dirait que ça doit couler, comme l'électricité des nerfs dans mon bras. Je sais que c'est impossible, mais je le sens dans ma prothèse. Pourquoi là j'arrive à le saisir, et pas avec l'ezo? La méditation me calme, mais mon esprit... on dirait qu'il ne veut pas aller plus loin. Qu'il ne veut pas totalement... échapper à l'Univers. Comme vous dites. »

Elle plongeait ses yeux dans ceux, brillants, de la Chamane. Brillants et profonds comme s'ils renfermaient des siècles d'expérience. Ce qui était le cas. Ils renfermaient peut-être une réponse, même partielle.
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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeMer 24 Fév 2016, 21:01

    Shannon hésitait. Elle semblait avoir du mal à comprendre la vanité du monde et de l'existence. C'était normal après tout. Elle était jeune. Peut-être en terme humains aussi, mais aux yeux de l'infini, elle l'était indubitablement. Son esprit aussi, dès lors. C'était une caractéristique humaine après tout. Ils étaient trop centrés sur eux et leurs problèmes pour pouvoir voir plus loin que le bout de leur nez.
    Mais à force d'explication, Kalank avait bon espoir que le mental de la Petite Flamme se fasse Krogan. Au moins un ersatz.

    Quoiqu'il en soit, la petite essayait de se concentrer sur l'exercice, les yeux fermés pour mieux se concentrer. Si la Chamane avait été autre chose que ce qu'elle était, elle aurait gloussé. A la place, elle retint un soupire. C'était un entraînement, évidemment, et elle devait apprendre à sentir les flots d'ezo couler dans ses veines, à les manier au gré de sa volonté avant de s'attaquer à plus sérieux. Mais clore ses paupières... C'était prendre de mauvaises habitudes. Si elle ne regardait pas là où elle voulait utiliser ses pouvoirs, elle ne pouvait que difficilement progresser. Il fallait qu'elle apprenne à garder son calme et sa concentration à tout moment si jamais elle voulait se battre. Connaître l'ingérence du monde sur soit ne devait pas être ponctuel, mais bien permanent.
    Pour l'instant, elle prenait son temps. La Krogane devait se rappeler aussi que certains avaient besoin d'y aller petit à petit pour s'améliorer, aussi paradoxal que ce soit pour une race vivant si peu.

    De vagues volutes bleutées s'échappaient des doigts de la rousse. La plupart s'évanouirent durant la route. Les quelques-unes qui réussirent à aller jusqu'à la tasse ne firent que frémir l'eau qui se trouvait à l'intérieur.
    Les yeux azurs passèrent du récipient à sa disciple. Sans qu'un mot ne traverse ses lèvres, la jeune comprit que son professeur, sans être en colère, commençait à accepter doucement mais sûrement que son élève ne réussirait pas. En tout cas, pas tout de suite et sans avoir réessayé plusieurs fois. Il était facile d'oublier qu'on avait soit même dû apprendre, surtout quand les premières séances remontaient à bientôt 400 ans.

    - Maître, il y a... comme une chose qui m'échappe. Mon doigt est juste devant, et pourtant ça fuit. Comment...

    Shannon hésita un moment avant de reprendre.

    - C'est... on dirait que ça doit couler, comme l'électricité des nerfs dans mon bras. Je sais que c'est impossible, mais je le sens dans ma prothèse. Pourquoi là j'arrive à le saisir, et pas avec l'ezo? La méditation me calme, mais mon esprit... on dirait qu'il ne veut pas aller plus loin. Qu'il ne veut pas totalement... échapper à l'Univers. Comme vous dites.

    Il y eut le silence dans un premier, que seul le ronronnement lointain des moteurs perturbait. Le silence et les yeux frappés de curiosité de la Chamane, qui fixait sa Petite Flamme comme si quatre autres bras venaient de lui pousser.
    Enfin, l’immense Alien ria. Il lui arrivait de rire, de différentes façons. Ce pouvait être d’un éclat franc et retentissant comme un simple sourire en coin, de celui dont se drapaient ceux qui voient se confirmer ce qu’ils savaient déjà. Là, elle souffla puissamment, ses lèvres légèrement étirées et les yeux un peu plus plissés qu’à son habitude.

    - C’était donc ça ?

    L’immense tête bascula d’un côté et d’un autre, lentement. Elle se pencha pour ramasser la tasse à ses pieds et bu l’eau qu’elle contenait avant de la reposer. Il fallait faciliter d’avantage l’exercice, mais au moins tenaient-elles le début du fil.
    Shannon allait progresser. Il fallait juste qu’elle apprenne à penser différemment.

    - Vous, les Humains… Vous êtes moins brutaux que les Butariens, moins disciplinés que les Turiens, moins forts que les Krogans, moins fourbes que les Asaris… mais beaucoup trop cérébraux.

    Un de ses trois doigts épais vint frapper contre sa tempe caparaçonnée.

    - Tu ne cherches pas à échapper aux règles de cet univers, ou à maîtriser l’ezo. Tu te DEMANDES comment faire.
    Est-ce que tu te demandes comment respirer ? T’interroge sur la façon dont tu dois marcher ? Comment avaler la nourriture que tu veux manger, comment profiter du soleil sur ta peau ?

    Je ne crois pas.

    L’Univers a des lois. Tu ne les connais pas, mais tu les subits sans le vouloir. Tu te demandes ce qu’elles sont et comment les ignorer, au lieu de le faire.

    Vide ton esprit Petite Flamme. Ne sent que l’ezo et ce que tu VEUX en faire.

    Et ouvre-moi ces yeux !


    Si Shannon s'était retrouvée morte de faim et de soif dans une grotte, sans pouvoir sortir si ce n'était que grâce à la force de ses bras, aurait-elle compris? Peut-être, peut-être que non. Son esprit aurait été trop occupé à chercher comment sortir et quelle pierre soulever pour s'échapper plutôt que de simplement creuser.


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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeMer 13 Avr 2016, 14:17

Qu'est-ce qui peut être bien plus effrayant que la charge d'un Krogan ? Un Krogan qui rit.

Les yeux de Shannon se rouvrirent et il lui fallut toute la maîtrise acquise ces dernières semaines pour ne pas tomber en arrière. Les murs tremblaient, et, s'ils n'eussent été inanimés, elle eût pu croire que c'était de peur. Mais non ; ce n'était que par la puissance du rire.

Comme son maître, Shannon pencha la tête en entendant ses paroles.

« C’était donc ça ? »

L'Humaine ne répondit pas ; la question n'appelait pas de réponse. C'était la Kroganne qui la donnerait. Dralot but le contenu de la tasse, et pendant ce temps, Shannon se mordait l'intérieur de la joue. D'accord, cela semblait simple, en réalité. A tel point qu'elle avait l'impression d'être une idiote. Sa fierté, depuis peu regonflée en sa poitrine, venait de subir sa première (et nouvelle) piqûre d'aiguille.

« Vous, les Humains… Vous êtes moins brutaux que les Butariens, moins disciplinés que les Turiens, moins forts que les Krogans, moins fourbes que les Asaris… mais beaucoup trop cérébraux. »

La première pensée de Shannon fut que ces paroles n'étaient pas un compliment. En somme, les Humains n'avaient rien pour lutter, et pourtant réfléchissaient comment faire. Inutiles. Mais... une fois de retour dans un bon état d'esprit (il fallait bien, se sermonna-t-elle, sinon elle bloquerait pour toujours), elle se dit que ce n'était pas si terrible. La Chamane en riait plus qu'autre chose ; et dans d'autres contextes, être cérébral, c'est important. Du moins Shannon s'en persuadait-elle : elle ne pourrait être convaincue de quelque chose, quoi que ce fût, que lorsque Dralot aurait répondu à sa propre question.

« Tu ne cherches pas à échapper aux règles de cet univers, ou à maîtriser l’ezo. Tu te DEMANDES comment faire.

Est-ce que tu te demandes comment respirer ? T’interroge sur la façon dont tu dois marcher ? Comment avaler la nourriture que tu veux manger, comment profiter du soleil sur ta peau ?

Je ne crois pas.

L’Univers a des lois. Tu ne les connais pas, mais tu les subits sans le vouloir. Tu te demandes ce qu’elles sont et comment les ignorer, au lieu de le faire.

Vide ton esprit Petite Flamme. Ne sent que l’ezo et ce que tu VEUX en faire.

Et ouvre-moi ces yeux ! »


Et en effet Shannon garda les yeux ouverts. En fait, ils ne l'avaient jamais tant été. Non. Jamais on ne lui avait tant ouvert les yeux. Elle regarda dans son passé, et tout ce que venait de dire Dralot faisait la synthèse de ses problèmes. Si elle ne s'était pas posé tant de questions sur la marche de l'univers, elle n'aurait jamais été si... ravagée. Ce n'était pas quelque chose pour elle. Elle l'avait fait sans vanité aucune, elle l'avait fait uniquement parce qu'elle avait commencé de le faire. On ne contrôle pas ses pensées. L'inverse peut arriver, et elle en avait fait les frais.

Bien sûr que ce n'est pas une mauvaise chose de réfléchir. Le problème de Shannon, c'était d'être partie, et de n'avoir plus eu personne d'assez proche avec qui en discuter. De vivre entre rire et apathie, de s'endormir comme une pierre ou de se coucher dans un lit de larmes, le corps lourd comme une enclume.

Elle avait regardé en arrière. Une dernière fois... sous cet angle-là. Une fêlure s'était refermée, elle se voyait encore passer doucement un doigt trempé de cire réparatrice par-dessus.

Il était temps de faire quelque chose de nouveau ; quelque chose qui pourtant était naturel.

Shannon garda les yeux ouverts, et se concentra de nouveau sur la tasse, sans même parler à Dralot. La meilleure chose que la jeune femme pouvait lui « adresser » comme réponse, c'était sa réussite de l'exercice.

Elle ne réfléchit pas et laissa l'ezo, d'abord, envahir sa perception. Elle ne s'arrêta pas sur tout ce qu'elle sentait traverser son corps, la pièce. Elle regardait la tasse. Se dit qu'elle voulait la soulever. Concentra l'ezo sans se poser de question, comme si elle soulevait sans réfléchir la tasse avec son bras.

La tasse se souleva à moitié.

Une part du dessous touchait encore le sol ; on eût dit qu'un fantôme tenait l'anse du petit doigt et espérait boire ainsi.

Sous le regard de Dralot, Shannon ne s'arrêta pas. L'objectif fixé n'était pas atteint, il fallait que la tasse décollât. Entourée du halo bleuté de l'ezo, l'Humaine ne prêtait attention à rien et voulait simplement soulever le petit objet.

Enfin, ce dernier s'éleva dans les airs d'une façon chaloupée. Il tournoya, paisiblement, sur lui-même et heureusement, Dralot l'avait vidé ; et là, Shannon comprit ce qu'elle était en train de faire. Sous l'effet de la surprise, la prise disparu, la tasse retomba, et par chance, la jeune femme la rattrapa. Il y avait encore des progrès à faire... Mais c'était un début. Maintenant qu'elle l'avait fait, il n'y avait plus de raison qu'elle en fût surprise les fois suivantes.

Pour autant...

Elle leva la tête vers son maître et lui adressa un sourire tordu en se passant la main dans les cheveux. Dralot lui dirait sans doute que ce n'était pas assez, qu'elle n'aurait pas dû faiblir sur la fin. Shannon était quand même contente. Tout ne pourrait aller qu'en s'améliorant.

Depuis quand était-elle si optimiste ?

Mais elle ne répondit pas ; et, posant de nouveau la tasse au sol, elle profita simplement du fait de se sentir bien... en accord avec elle ne savait quoi, mais bien.
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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeMer 04 Mai 2016, 01:41
Enfin les yeux de Shannon semblaient s’ouvrir ! Au sens propre, elle les garda bien écarquillés. Au sens figurés, ses yeux "internes" s'entrouvraient un peu. "Yeux internes"... L'expression était affreuse, sans doute inventée par des Asaris. Cette espèce aimait à écarter tout ce qui pouvait être écarté, quitte à imaginer de nouveaux organes là où ils n'existaient pas.
Une fine aura bleuté entoura l'humaine, se déversa autour d'elle. Puis, l'objet de son exercice fut lui aussi cerné. La tasse frémit avant de se soulever un peu. Un bout semblait vouloir rester au sol mais l'enfant ne se laissa pas abattre. Tanguant comme un frêle navire de papier sur une mer houleuse, le récipient fut enfin dans les airs. Oh, de peu de choses, à peine une hauteur de mollet. Mais Shannon semblait tenir le bon bout.

Bon bout qu'elle lâcha de surprise. La tasse fut rattrapée de peu par l'élève avant que le maître ait eu le temps de la faire léviter pour l'empêcher de se rompre.

Il fallait voir sa tête ! Le pauvre gobelet de métal venait de devenir un Graal précieux, porteur d'une sagesse et d'un savoir millénaire semblait-il.
L'humaine sourit d’une façon un peu tordue à la Krogan, laquelle hocha de la tête en guise d'encouragement.

- Encore.

Point de ton paternaliste ou de fausse extase. Il aurait fallu que ce soit la Chamane elle-même qui se retrouve à léviter pour qu'elle puisse lever le sourcil d'intérêt.
La petite obéit, reposa la tasse sur le sol et reprit sa concentration.

Son maître lui tourna le dos et se plongea dans sa propre méditation.


Straskan - Mi-avril


- Non. Elle s'est déplacée.

La voix de Dralot était inflexible. D'un geste de la main, elle replaça la pierre à son emplacement, au millimètre exact. Sur le sol de la cabine, une ligne dessinée délimitait l'endroit où le caillou ne devait strictement pas bouger. Le moindre petit centimètre de côté était sévèrement réprimandé.

La pierre n'était qu'une simple pierre de Tuchanka, marquée de rouge pour lui donner un haut et un bas, une gauche et une droite. On aurait pu la soulever sans ézo à l'aide d'une seule main, pour peu qu'on trouve une prise assez agréable pour cela. Quant au poids, il devait d'être d'un demi-kilo.
Les exercices avaient progressivement augmenté en difficultés. Shannon avait pris le pli quant à la masse, mais elle manquait de finesse. La plupart du temps, les objets flottaient de gauche à droite, manquant de stabilité. On ne pouvait cependant pas nier les progrès fait en deux semaines. Mais une Krogane de cinq cents ans ne saurait se contenter de cela.

Au bas mot, cela devait être la septième fois que Chamane arrêtait son disciple alors que la pierre avait à peine quitté le sol. Parfois même avant. Il suffisait que l'objet ne soit plus aligné dans le cercle pour que la sentence tombe inexorablement.

Il ne restait que cette étape pour que les deux envisagent de passer à des exercices plus offensifs. Il faudrait qu'elles s'arrêtent quelques temps sur une planète pour cela. Elles auraient le temps de voir, certes, mais il valait mieux prévoir qu'improviser.
Tuchanka s'imposa évidemment à l'esprit de la gardienne des traditions. La guerre civile était passée depuis deux semaines et les tensions étaient sans doute retombées. Mais ce n'était pas certain. Une colonie sinon ? Planète Asari ? Hors de question.

On n’apprenait jamais mieux que dans un milieu hostile. Tuchanka ferait sans aucun doute l'affaire.

- Recommence.

Le Maître croisa ses bras et attendit de voir. Pour la huitième fois de la journée, la pierre commença à s'élever dans les airs. Shannon s'appliquait et, s'il y avait de légers tremblotements, ils étaient la preuve que l'enfant s'appliquait.

- Comment se passent tes autres cours ? Et avec le reste de l'équipage?, interrogea-t-elle subitement.

Si cette simple question n'était pas suffisante pour briser la concentration de son élève, alors Dralot continuerait à parler.
Ce n'était pas une question de savoir. La chef recevait les rapports d'Eléa et suivait sa progression sans se faire voir. Elle savait par exemple que l'enfant commençait à se faire à l'idée de combattre mais qu'au dernier entraînement, son pistolet avait failli lui sauter des mains si Jarod ne lui avait pas plaqué contre la peau. Et, tout aussi important, qu'elle commençait à être appréciée.





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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeJeu 12 Mai 2016, 16:01
« Encore. »

La seule réaction de la Chamane.

Encore, bien sûr. C'était cela, la vie de Shannon, désormais : recommencer, pour, sur le long terme, réussir. Alors elle recommença.


*


Mi-avril 2200. Straskan.


Shannon avait trouvé le « truc ». Pour soulever l'objet désiré, en tout cas. Mais elle avait vite vu qu'elle n'allait pas vraiment plus loin ; soulever était devenu naturel – ou plutôt, ce l'était depuis le début, mais il avait fallu qu'elle le comprît – mais contrôler ne l'était pas. Aussi était-elle là, encore dans cette petite salle d'entraînement, à essayer de maintenir, non plus une tasse, mais une fichue pierre, dans les airs.

Une pierre très, très lourde. Les deux premiers jours passés à tenter de la maîtriser, ne fût-ce que pour la faire voler, avaient été durs. Maintenant, c'était bon, mais il fallait la garder stable. Et ça, ce n'était pas bon. Pas encore.

« Non. Elle s'est déplacée. »

Shannon se mordit l'intérieur de la joue. Ces mots, que Dralot avait déjà prononcés sept fois, tombaient comme une sentence. La jeune femme ressentait une vague lassitude et une impression de stagner, ce qui lui était déjà arrivé... Sauf que, donc, cette fois-ci, elle devait soulever un véritable poids ; ce n'était peut-être encore rien par rapport à ce qu'elle pourrait faire un jour, mais pour l'instant, cela la fatiguait. Elle sentait une goutte de sueur glisser mollement sur sa tempe.

Dralot remit la pierre dans l'alignement original ; c'est à dire, la marque correspondant au bas posée sur une ligne au sol. Et tout allait recommencer, il allait falloir la soulever de nouveau, et la faire rester dans l'axe. Shannon inspira.

« Recommence. »

La pierre s'éleva de nouveau dans les airs ; Shannon tentait de ne penser à rien, de simplement avoir une certaine volonté, celle de voir le morceau de roche immobile. Mais elle le sentait être... ballotté. Elle sentait ses vieux réflexes revenir, ceux qui voulaient se concentrer sur cette pierre non pour atteindre l'objectif, mais pour comprendre pourquoi cela ne marchait pas dans l'espoir qu'ensuite cela marcherait.

Mais en essayant de se focaliser de nouveau sur... rien, elle se forçait, ce qui amenait la pierre à trembler encore, et, sur un temps plus long, à partir, calme, loin, loin de la marque.

La jeune femme entendit soudain une voix. « Comment se passent tes autres cours ? Et avec le reste de l'équipage ? »

Oh non.

Elle sentit l'ezo vibrer autour d'elle et la pierre manqua de lui échapper ; elle eut une petite pincée de rancœur envers Dralot. Comme l'Humaine commençait de connaître cette énorme masse posée et patiente, sèche mais douce, directe mais en réalité planificatrice, ce sentiment disparut bien vite ; la Chamane le faisait exprès, c'était évident. Elle voulait voir si Shannon pouvait tenir une conversation tout en poursuivant l'exercice. Et l'Humaine se posait la même question...

« Euh, les cours, rien de particulier... Enfin, je veux dire, c'est comme avec vous, ça progresse. Doucement, mais... »

La pierre s'écarta sur sa droite. D'à peine deux centimètres, mais c'était déjà trop.

« Mer... » Pour son propre bien, Shannon se coupa dans son juron, et se contenta de déposer doucement la pierre au sol. Elle attendit, yeux baissés, que la Chamane la replaçât au bon endroit et lui dît de recommencer. Elle s'y attela.

Les cours, rien de particulier ? Vrai et faux ; si Eléa lui avait demandé comment se passaient ses leçons avec Dralot, elle aurait répondu la même chose. Shannon y arrivait où n'y arrivait pas, faisait du mieux possible, mais elle apprenait bel et bien de nouvelles choses tous les jours. Une sorte de routine qui gardait pourtant un caractère de nouveauté... Quant à la biotique, elle ne voulait pas se presser à apprendre d'autres pouvoirs ou d'autres techniques, au vu de son niveau actuel. Elle prendrait son temps.

« Eléa et Jarod sont de bons professeurs. Je m'inquiète plutôt de... moi, murmura-t-elle presque en se souvenant de la tentative du Butarien de lui placer un pistolet entre les mains – mains au pluriel, cela lui faisait encore bizarre. Mais je me dis que ça va finir par marcher. Je tiens déjà plusieurs minutes face à Jarod maintenant. Avant, en quelques secondes, j'étais par terre. »

D'ailleurs, Shannon avait du mal à le croire. Avait-elle réellement progressé autant en un mois et demi ? D'accord, elle ne battait pas encore l'alien aux quatre yeux, loin de là. En vérité, c'était peut-être plus son endurance et sa capacité d'observation pour éviter les attaques qui avaient augmenté que sa capacité à donner les bons coups aux bons endroits. Mais c'était un début. La maîtrise du pistolet, maintenant.

Le fait de supporter autant d'enseignements en même temps l'étonnait aussi. Elle avait pris l'habitude.

Shannon ne s'occupait plus de la pierre ; elle ne s'en rendait pas compte ; plus rien ne bougeait.

« Par contre... Le vaisseau me fatigue un peu. Enfin, non, ce n'est pas ce que... Bref, j'en ai un peu assez d'être enfermée à l'intérieur, sauf pour nos arrêts... qui sont souvent courts. »

Les ravitaillements, en somme. Qui n'avaient pas lieu souvent.

Elle était une voyageuse, comme ses parents biologiques l'avaient été. Elle avait parcouru la galaxie avec eux. Elle avait le goût de bouger sans cesse. Si elle avait quitté ses parents adoptifs, c'était parce qu'elle ne craignait pas l'errance, au contraire. Mais son voyage avait fini par dégénérer. Errance mentale, qui certes avait commencé bien avant, et non plus physique.

Aujourd'hui, elle vivait dans un vaisseau, ce qui était incroyable pour elle, mais en même temps, elle ne vivait que dans le vaisseau. Elle commençait de se sentir limitée. Les étoiles par-delà le hublot de sa cabine ne brillaient plus. Elles étaient là, point. L'Irlandaise avait envie de repartir à l'extérieur ; elle se sentait de nouveau prête pour oser en formuler la demande.

« Est-ce qu'un jour, on pourrait... sortir ? »

Non pas que Shannon s'ennuyât sur le Straskan ; l'entraînement l'occupait, et l'équipage, pour le peu de temps qu'elle pouvait le côtoyer, faisait de même. Mais elle faisait partie de ces êtres qui supportaient encore moins que les autres l'air confiné. Les êtres qui s'en rendaient malades.

La jeune femme regarda Dralot, qui, comme d'habitude, méditait en la surveillant. Elle attendit une réponse avant de poursuivre, justement sur l'équipage.

« Ça va, je vous rassure, sinon. Jarod a accepté de me prêter un ou deux livres. Hm... Parfois, je parle avec Malek. Il m'a même invitée à prendre un verre... dès que j'aurai un peu de temps. »

Et Shannon avait accepté. Ils s'entendaient bien ; leurs conversations, le plus souvent au mess, n'avaient rien d'exceptionnel. Elle ne savait pas trop ce à quoi pensait le Turien. En ce qui la concernait, loin du romantisme humain, elle avait envie de ressentir de nouveau. Sur Oméga, elle avait eu quelques amis, quelques aventures, ou même simplement quelque battement de cœur un peu trop poussé pour une personne qui passait, oubliée le soir même. Depuis, rien. Elle n'en avait pas même eu l'idée. D'autres pensées à la place. Pas de bonnes pensées. Comme pour le voyage, aujourd'hui, elle se sentait prête à recommencer. A avoir un ami, ou « plus si affinités ».

Elle sourit de travers en regardant Dralot. « Mais je ne suis pas sûre que ce soit un truc qui vous intéresse... »

Ou, en tout cas, pas de la même façon que le commun des mortels. Mais, comme pour une Matriarche asari, une Chamane krogane faisait-elle partie du commun des mortels ? Expression bien trop humaine, se rendit compte Shannon. Peu importait ; elle doutait fort que Dralot s'intéressât à ce genre d'histoires.

« Enfin voilà, c'est à peu près tout... »

Et pour une raison indéterminée, la fatigue peut-être, un relâchement de concentration quelconque, la pierre quitta de nouveau l'aire du cercle tracé au sol. Shannon se sentit brûlante, et après avoir posé la pierre, s'essuya le front. Raté, encore ; mais elle avait tenu tout le temps de la conversation. Elle ne s'en extasia pas immédiatement ; elle savait que cela signifiait à la fois beaucoup et rien du tout, selon que l'on se plaçât de son point de vue naïf, de son point de vue réaliste naissant, ou du point de vue de Dralot ; elle rêvait d'un verre d'eau.
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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeLun 30 Mai 2016, 13:27
Les yeux fermés, Dralot guettait les réponses de Shannon, mais pas seulement. Elle attendait le juron qui suivrait la chute de la pierre, le petit "tssgmbhl" quand elle commencerait à choir et que l'Humaine réussirait à la récupérer de justesse, la salive avalée bruyamment alors qu'elle aurait l'impression de lâcher prise... Tout ce qui pouvait indiquer que la disciple affrontait l'imprévu.

- Euh, les cours, rien de particulier... Enfin, je veux dire, c'est comme avec vous, ça progresse. Doucement, mais...

L'hésitation, trop brutale pour être honnête, fut suivie d'une injure interrompue. La Krogane souleva les paupières et tourna son immense tête vers la pierre. Celle-ci revenait à sa position initiale, mais le fait était là ; elle avait bougé. Shannon le savait. Aussi ne fit-elle pas mine que rien ne s’était passé. A la place, elle laissa docilement sa cible retrouver le sol, attendant que son professeur la replace. Ceci fait, suivant un simple signe du doigt, la jeune biotique recommença. L’ézo lécha son corps alors qu’une autre partie venait mordre le roc pour l’entraîner dans les airs. Elle continua de suivre la consigne cachée, à savoir parler, en même temps.
Comme d’habitude, O’Ryan doutait d’elle. Mais à côté de cela, elle assurait remarquer ses propres améliorations. Elle ne semblait pas spécialement y croire, ou en tout cas les remarquer. Comme si ses propres capacités étaient encore étranges pour elle.

La Chamane ne dit rien. L’enfant finirait de toute façon par s’y faire et prendre conscience de sa propre force. C’était de toute façon une condition nécessaire ; une faible ne pouvait aller sur Tuchanka. Leur mère demandait de la force et de l’affirmation. Ceux qui ne remplissaient pas ces conditions n’y avait pas leur place. Tout juste un droit de visite, qui avait intérêt à être aussi prompt que possible. A son apprentie de montrer qu’elle avait pleinement le droit de séjour aux côtés de la Kalank.

Comme si elle avait lu ses pensées, Shannon tenta timidement de faire comprendre que l'atmosphère du vaisseau lui pesait. Que le milieu l'étouffait et qu'elle avait besoin de plus. Il était vrai que, contrairement aux autres, elle ne sortait pas. Encore trop inexpérimentée pour des missions et trop peu de sortie sur des stations ou planètes en dehors de ça. Et puis, si elle désirait l'air frais et le sable ou l'herbe sous ses pieds, il ne lui fallait de toute façon pas Oméga ou les vaisseaux de ravitaillements.
Un tel désir n’était pas étonnant. La rousse suivait après tout son propre pèlerinage lorsque Dralot et son équipage l’avait trouvée, perdue sur Terre. Elle était marquée à un point qui frôlait celui de non-retour. Après autant d’errance, comment enlever le souffle du vent dans son esprit, le murmure de l’eau dans ses veines ou les senteurs de la terre dans ses cheveux ? Avec des efforts et beaucoup de temps, mais cela reviendrait à la priver d’une partie d’elle-même. Une plante à bord aurait peut-être pu la contenter un peu. Vaguement, comme un goût de nostalgie qui lui aurait permis d’oublier la distance et le froid de l’espace. Mais ils n’en avaient pas, et les peintures aux tons ocres et métallisés ne devaient pas l’aider à se sentir plus à l’aise dans le vaisseau.

- Est-ce qu'un jour, on pourrait... sortir ?

Kalank grogna, ses yeux bleus fixés sur l’humaine si calme. Elle manquait encore un peu de pratique, c’était évident. A vrai dire, elle ressemblait par moment à un jeune varren. C’était certes une amélioration de sa condition de chaton, mais les crocs lui manquaient. Néanmoins… L’idée d’accélérer les choses était tentante. Il lui fallait peut-être le contact d’une atmosphère plus vivante pour la motiver ? Il lui faudrait de toute façon faire face aux éléments et savoir les ignorer pour progresser. Elle ne se battrait jamais contre un adversaire qui resterait tranquillement les bras croisés à discuter avec elle. Dans tous les cas, elle arrivait à l’étape où elle combinerait entraînement au combat et biotique.

Soit.

- Dans trois jours, nous arriverons à Tuchanka. Prouves-moi ce que tu vaux en attendant, Petite Flamme.

De tout le discours, la pierre était restée immobile. Comme si, trop occupée à écouter, elle n'en osait pas bouger. Voilà. C'était ça dont l'enfant devait se rendre compte ! Apprendre à lâcher prise, à ne pas se concentrer comme une malheureuse sur son objectif au risque de le rater. Et elle apprenait oui. Mais sans forcément voir ce qu'elle savait.
En attendant, la langue de l'Humaine continuait à s'agiter, divaguant sur sa vie dans le vaisseau. Et ses relations amicales.

- Ça va, je vous rassure, sinon. Jarod a accepté de me prêter un ou deux livres. Hm... Parfois, je parle avec Malek. Il m'a même invitée à prendre un verre... dès que j'aurai un peu de temps.

Il était difficile de dire avec quel air la Krogane regardait son apprentie. Sa neutralité habituelle n'était pas toute entière. Il y avait un soupçon d'intrigue dans le fond de ses yeux... ou un quelque chose de difficile à décrire, mais qu'un certain Turien n'aurait pas forcément aimé voir.

Loin au-dessus de leur tête, l'intéressé se tourna, regardant autour de lui. Il était persuadé qu'on l'avait appelé. Il fit pivoter son fauteuil, regardant Viktor. Celui-ci était à son poste, jouant sur son omnitech comme d'habitude dans les moments de calme. Il n'y avait personne non plus à la porte.
Le Turien pencha la tête sur le côté et claqua des mandibules. Puis il haussa les épaules et se retourna vers l'écran avant de reprendre ses calculs. Entre deux recherches Extranet sur comment concilier forme de vie lévo et dextro pour les sorties.

Pour la seconde fois en peu de temps, Dralot grogna.

- Ton entraînement.

La voix claqua, rappelant à l'ordre la jeune fille. Ses pensées repartirent sur la pierre et la réaction ne se fit pas attendre ; elle quitta la trajectoire. Shannon oscillait entre fierté et fatigue, sans trop savoir qui l'emporterait.
La Krogane fit un signe vers la porte.

- Ce sera tout pour l'instant. Va te reposer.
Lorsque nous arriverons sur Tuchanka, je veux que tu sois capable de tenir plus longtemps.


Elle ne bougea pas de la pièce, repartant dans sa méditation. Il n'y avait pas de discussion à continuer. Pourtant, une fois la porte refermée, un léger "Tss" fit trembler l'air l'espace d'un instant.


Lorsque Shannon quitta la pièce et remonta vers l'étage de vie, elle fut bousculé par Kardag. Le Krogan ne dit rien, ne semblant même pas remarqué la présence de la jeune fille. A ses côtés se trouvaient un Butarien et un Humain. Ce dernier le regarda avec un sourire entendu et reprit sa discussion, comme si de rien était.

L'équipage du Straskan était agréable dans l'ensemble. En tout cas, une partie des membres mettaient un point d'honneur à l'être. Mais il restait un équipage de mercenaires et en partie Krogan.

Il fallait s'y faire respecter.



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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeDim 12 Juin 2016, 21:31
Dralot autorisa Shannon à prendre congé, aussi sortit-elle de la petite salle d'entraînement devenue familière après les salutations qu'elle continuait de donner à son maître, bien que la Chamane affectât un désintéressement puissant pour ces dernières.

Dans les couloirs du Straskan, Shannon fut bousculée par elle ne savait qui ; elle ne s'énerva ni n'émit de plaintes ; son esprit était ailleurs.

Tuchanka !

Elle rejoignit sa chambre, pour reposer son corps, à défaut de son esprit, avant le déjeuner. Sa chambre, qui prenait petit à petit le pli de sa personnalité : la lumière n'était pas allumée, le lit était en bataille, des vêtements, qu'ils fussent propres ou sales, jonchaient le sol par petits monticules, les murs restaient nus, et sur la table de nuit reposait une bouteille d'eau ouverte depuis bien trop longtemps pour être encore buvable. Et où avait-elle posé les livres de Jarod ?

S'il y avait bien une chose que Shannon regrettait des Terres Mortes, c'était le grand air. Elle aurait donné n'importe quoi pour ouvrir les hublots. A la place, elle soupira et s'effondra sur son lit. Après avoir fermé les yeux un instant, elle alluma la lampe de chevet, en tendant le bras comme si elle était une statue à qui l'on exigeait qu'elle se mût.

Son corps, lourd de fatigue, sembla distiller son poids dans le lit ; elle se sentit soulagée. Alors, elle put pleinement se concentrer sur son escapade prochaine. Tuchanka, dans trois jours. En elle, l'excitation le disputait à la crainte. La planète mère des Krogans, au sortir d'une guerre civile qui plus est... Ce n'était pas exactement ce qu'elle avait espéré.

Mais c'était elle qui avait demandé cette sortie ; elle ne pouvait pas, elle ne pouvait plus reculer. Elle enfouit sa tête dans son oreiller, cria, et par un réflexe nouveau, elle médita quelque peu pour mieux appréhender la situation, dans le sens de saisir, et non de craindre. Cela marcha à moitié ; Shannon était ravie de sortir, mais une peur sourde continuait de résonner en elle. Mais au moins, sa méditation lui permit d'accepter qu'elle allait y aller. Elle verrait bien, de toute façon. En plus, elle serait avec Dralot et d'autres membres de l'équipage, sans doute. Mais la Chamane devait avoir une idée en tête la concernant ; Shannon savait désormais que cela lui serait bénéfique... mais que ce ne se ferait pas sans difficultés.

Elle ne voulait pas se morfondre, et décida de se motiver et de se préparer au mieux. Elle avait été sur Oméga, après tout ! La jeune fille se leva, se changea et se décida à faire un peu de lessive. Puis elle alla déjeuner, et suivit son entraînement comme d'habitude. Enfin, non. Avec plus d'ardeur, peut-être.


*


Sous une apparente normalité (et la normalité pour Shannon, à bord du Straskan, c'était l'intensité de son entraînement), les trois jours suivants furent fébriles, en bien comme en mal. Dralot dut la reprendre lors des séances d'exercice, comme à l'ordinaire, et pourtant, le poids des objets soulevés augmenta encore ; avec l'aide de Jarod, la Chamane aménagea une cible pour Shannon et se mit à lui faire travailler son pouvoir de projection. Bon. Ce n'était pas encore ça. Mais cela suffisait à la jeune humaine de constater qu'elle franchissait des paliers. Après des années d'échec...

Elle fut davantage frustrée en constatant que malgré ses progrès, elle ne battrait sans doute jamais Jarod, à moins de le prendre en traître hors entraînement, ce qui déjà n'était pas gagné, et de sacrément l'amocher à ce moment-là ; mais elle n'avait pas de raison particulière de le faire, encore heureux ! Il fallait qu'elle le surprît dans le cadre classique de leurs affrontements. Quant à Eléa, Shannon se souvenait plus de ce qu'elles faisaient hors exercices que des exercices eux-mêmes. En quelque sorte, c'était la Seconde qui donnait le plus vie à la disciple de Dralot. A croire qu'il y avait toujours quelque chose à faire, en dépit de l'importance accordée au calme et à la spiritualité par la Chamane. C'était assez amusant de sortir des sentiers battus.

Enfin, elle se laissa conduire par Malek au mess, un soir, et elle s'autorisa un verre d'alcool pour la première fois depuis... quand était-ce, la dernière fois qu'elle avait eu les moyens de se payer un coup à boire ? Même si ce soir-là, il était bien entendu gratuit. Un verre ? Peut-être plusieurs. Le pilote était plutôt sympathique – et c'était beaucoup dire, pour une Humaine, et élevée par des Asari. Mais, et Shannon ne s'en rendait pas compte, elle était comme portée ailleurs, et ce n'était pas dû qu'à l'alcool. Elle souriait, et cela, elle le savait, elle entendait, elle réagissait, mais en même temps, son esprit flottait hors de son corps. Un peu comme une cendre, usée, légère, mais encore chaude néanmoins.

Sans trop savoir comment, Shannon le considéra très vite comme un bon ami. C'était peut-être justement parce qu'elle ignorait comment cela s'était fait qu'elle ressentait la chose ainsi. Parce qu'elle était là sans être là. Parce qu'elle n'avait plus l'habitude. Parce qu'elle était à la frontière des relations réelles et du rêve, l'absence.

Avant de s'endormir, elle exerçait ce bras qui était encore nouveau pour elle. Elle avait un compte ACV, et jouait de temps en temps dessus (jusqu'à ce qu'elle perdît, son personnage lamentablement coincé dans un pot de fleurs géant) ; elle prenait parfois son vieux barda et le regardait avec nostalgie d'abord, avec défiance ensuite. Elle ignorait comment se positionner. La lentille verte de son œil gauche, couplée avec sa prothèse, lui donnait un petit air synthétique, qu'elle avait déjà eu enfant, qui lui déplaisait. Elle secouait la tête et écoutait de la musique. Elle écrivait, de sa plume mal assurée, simple et franche ; elle lisait aussi. Elle touchait la cicatrice qu'elle avait à l'arrière du crâne, plus accessible depuis que ses cheveux avaient été coupés ; ce n'était plus rien et ç'avait été tout. La douleur peut dangereusement prendre vie ; mais maintenant, elle était morte.

Le soir du deuxième jour, Shannon prit une grande inspiration et demanda à Eléa ce qu'il était nécessaire d'emporter sur le sol krogan. Elle allait aller se préparer, mais fit un détour par le poste de pilotage. Tuchanka était là ; ils descendraient le lendemain matin. Malek ne lui manqua pas de lui faire remarquer, vaguement malicieux, et lui souhaita bon courage d'avance.

« Merci. » Et la seule chose qu'elle trouva à dire pour couper son propre silence, qu'elle haïssait, car il était signe d'une gêne qu'elle réprouvait, fut : « Elle ressemble à Mars. En plus... Enorme. »

Shannon disparut avant que la honte ne la submergeât tout entière.

Elle dormit bien.

Elle s'étonna de ne pas s'être retournée maintes et maintes fois dans ses couvertures, le matin venu, mais n'en fit pas plus de cas que cela : si elle commençait à paniquer pour son propre temps de sommeil dans un cocon sûr, où cela la mènerait-elle en terrain inconnu et rude ?

Donc, Shannon se leva, s'habilla, alla prendre un petit déjeuner, et revint s'asseoir au bord de son lit. Elle attendit qu'on vînt la chercher. Elle avait désiré cette sortie depuis longtemps ; et elle se dit, finalement, que comme toute sortie, il fallait un peu de crainte. Elle avait hâte. Elle était prête du mieux qu'elle pouvait l'être. Mieux qu'elle ne l'avait été en fuguant de par le monde.
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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeVen 29 Juil 2016, 19:45
Tuchanka! Radieuse, périlleuse, menteuse, trompeuse, dangereuse, caressante, aimante, brûlante! Austère, secrète, renfermée, glorieuse! Cruelle, magnifique, si stricte mère à tous les Krogans! Astre splendide, berceau de vie et de force, Ode aux gloires passés, à la guerre, la douleur mais toujours la rage même à leur peuple!
Dralot ouvrit les bras comme une enfant sur le pas de la porte de ses parents, prête à embrasser sa très chère mère dans une étreinte née d'une longue séparation. Et Tuchanka lui rendait bien, venait faire s'écraser contre son visage l'air lourd et sec du désert, alors que le soleil s'efforçait de brûler sa peau résistante. La morsure du foyer n'avait jamais autant de force que lors du retour. L'imposante Chamane lâcha un soupire, si léger qu'il était une simple respiration. Elle était de retour.

Des petits pas dignes d’une souris retentirent sur la passerelle de métal. Les boucles rousses de Shannon émergèrent du sas, suivit du reste de sa personne. Un peu derrière elle, dans l’ombre de la cabine, Eléa l’observait, agitant sa main pour leur adresser un petit signe. Un léger sourire éclairait son visage, pour donner plus d’impact au réconfort qu’elle tentait de transmettre. En bonne Seconde, elle vérifiait que l’apprentie avait tout, notamment le sac à dos qu’elle l’avait aidé à remplir un peu plus tôt. Sans que sa propriétaire ne le sache, la Française avait glissé une bouteille d’eau supplémentaire, ainsi que des barres de céréales et une barre de chocolat acheté sur la Citadelle lors de leur dernier passage. Le tout posé bien en évidence au-dessus de la couverture qui cachait le reste des affaires.
De mémoire, elle avait mis un peu de tout : Une couverture donc, pour les nuits fraîches, une tenue de rechange au cas où, de l’eau en quantité, des rations pour trois jours, de la crème solaire et des bandages dans un petit sac en guise de trousse de secours, un bandana dont se couvrir pour éviter l’insolation et un Carnifex, laissé à portée de main et visible à l’extérieur du sac. Elles pouvaient les contacter grâce à leur omnitech et, s’il n’était pas certain qu’elles reviennent avant quelques jours, au moins resteraient-ils stationnés sur Tuchanka le temps de leur expédition. Khorbok, la « chef de guerre », se chargerait de veiller à ce que leur présence soit tolérée, dusse-t-elle recourir à la force pour cela. Eléa veillerait sur l’équipage comme à son habitude, évitant les débordements ou que certains se décident à jouer à « Chasse le Turien tant pis si c’est le pilote ».
Tout devrait bien se passer donc. Pour eux et pour elles. De toute façon, confiance suprême, Shannon resterait avec la Capitaine. Il ne leur arriverait rien.

Ainsi rassurée, la Seconde s’enfonça dans les entrailles du vaisseau, retournant vaquer à ses occupations. Ne resterait que la petite humaine et la Chamane sur la plate-forme, à observer l’agitation face à elle.

Le soleil tapait fort comme à son habitude et cela ne semblait pas déranger les autres Krogans. Le spatioport du clan Kalank était non loin de ce qu’on aurait pu grossièrement appeler la « place » du clan. De vagues commerces s’échangeaient, vendeurs contre acheteurs, grognant à qui le voulait que les prix étaient du vol ou arguant que s’ils n’étaient pas contents, ils pouvaient toujours aller se plaindre ailleurs et geindre comme des Galariens. Un peu plus loin, une femelle s’occupait de petits, leur intimant à l’ordre et à un semblant de calme, qu’elle finisse ses leçons. Des guerriers passaient, lourdement caparaçonnés et armés, jetant un coup d’œil méfiant à l’humaine. Ils détournèrent le regard face à Dralot et le grognement qu’elle poussa.
Des bâtiments entouraient la place, bâtis à l’aide des vestiges passés en un semblant d’architecture typiquement Krogane. Ils juraient avec d’autres bien plus neufs qui avaient été construit ; des maisons de béton neuves s’élançaient vers les cieux, arrogantes comme les marques du renouveau qu’elles étaient. Des postes de sécurité flambe en neufs entouraient le spatioport de sable et on pouvait voir des améliorations çà et là. Le clan Kalank n’avait pas la réputation ni la taille de celui des Urdnot, mais ils avaient néanmoins réussi à se lancer dans leur propre reconstruction. Même s’ils n’étaient pas –encore disaient certains – membre du Rassemblement, leur bonne relation avec le clan du chef Wrex les aidait à avoir assez de paix pour ne pas protéger leur territoire plus que de nécessaire.

Après avoir avalé une dernière goulée d’air lourd et poisseux, la Chamane s’avança d’un pas lourd, avançant au milieu de la foule, la faisant s’écarter s’il le fallait d’un coup d’épaule. Si certains se poussaient avec une sorte de respect propre aux Krogans, à savoir sans trop d’envie de frapper, d’autres montraient les crocs, ne laissant leur place que de bien mauvaise grâce.
Il était difficile de reconnaître un Chaman comme telle lorsque celle-ci errait dans l’espace, revenant de temps à autre au sein de son clan. Malgré son statut de semi-absente, elle gardait un peu de son prestige et de sa position. Ce qui assurait à contrario pour sa jeune disciple un minimum de sécurité. Pourvue qu’elle ne s’éloignait pas trop de son professeur. Cette dernière s’en assurait bien, même si elle ne le montrait pas forcément.

Elles tracèrent ainsi leur route jusqu’aux Garages. Légèrement à l’extérieur de la ville, ils contenaient les quelques Mako que possédaient le clan. La plupart dataient d’avant-guerre, voir même un peu plus antérieurs. Un de ceux qui était sorti était d’ailleurs maculé du sang séché d’un Varren qui avait dû être écrasé il y a des mois de cela. Il avait été laissé assez longtemps pour être littéralement incrusté à la carlingue, aidé par le sable du désert que les roues soulevaient. De longues griffures marquaient profondément ses flancs, à tel point qu’il était étonnant qu’ils ne soient pas percés. En haut du véhicule, la « porte » manquait, réparée à la va-vite par un système artisanal pensé plus pour contrer les tempêtes de sable que pour être étanche.

Le mécanicien releva la tête, poussant un grognement rauque. Un qui valait à la fois une salutation et un avertissement ; on ne touchait pas aux Makos, sauf cas d’extrême nécessité. Et encore.
Il frotta ses mains contre ses cuisses, plus par habitude que pour réellement ôter la crasse qui les recouvraient. Bien qu’il ne conduisait pas les véhicule, passant son temps à les bricoler, il était le premier intermédiaire par lequel passer pour en emprunter un. Les autres étapes venaient plus tard, notamment en trouvant un pilote.

- Une autorisation ?, cracha-t-il.

Ce qui appartenait au clan restait au clan et peu de Krogans pouvaient se vanter de posséder un de ces tanks par eux même. Néanmoins, la Chamane aurait pu prendre le Kodiak du Straskan plutôt que de s’ennuyer à passer à travers le chaos de « l’administration » Krogane, si on pouvait qualifier ça comme ça, à défaut d’un autre mot. Mais leur expédition n’aurait pas eu le même goût ni l’impact voulu. Dralot voulait que Shannon se heurte à une nouvelle culture. Il était tout bonnement impossible qu’elle soit déjà allée sur Tuchanka ; la jeunette n’aurait jamais survécu à une telle expérience.
Ainsi, il fallait qu’elle se frotte à la brutalité de sa race, qu’elle comprenne pleinement ce que le désert et la culture pouvait lui faire découvrir sur elle-même.

Sans plus de formalité, la femme tendit son omnitech, faisant apparaître ledit document. Le mécanicien grogna, observant l’écran, avant de s’écarter et de vaguement agiter la main vers l’un des véhicules. Celui sur lequel il travaillait un peu plus tôt.
Toujours dans un silence caractéristique, la Krogane traça son chemin jusqu’au camion, grimpant d’une façon étonnement souple pour quelqu’un de son espèce, mais d’une façon bien maladroite pour les autres. Shannon ne tarda pas à la suivre ; une poignée de seconde après, elles passèrent les portes et commencèrent à rouler dans le désert. Pas longtemps néanmoins, puisque la Chamane s’arrêta à une centaine de mètre des portes.
Une main se posa lourdement sur l’épaule de sa disciple qu’elle ne regarda même pas, la poussant légèrement pour qu’elle se lève de son siège.

- Conduit. La manette pour la vitesse, la pédale de gauche pour l’embrayage. C’est automatique, tu n’as déjà pas ça dont te soucier.

Je te dirais où aller.


Elle s’assit sur la place passager, boucla par prudence le harnais de sécurité et attendit dans une semi-méditation.


Shannon O'Ryan-T'Siola

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MessageSujet: Re: Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert   Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert Icon_minitimeJeu 04 Aoû 2016, 21:02
Ainsi donc, Dralot et Shannon posaient enfin le pied sur le sol de Tuchanka.

Au sortir du Straskan, la première chose qui frappa l'Humaine fut le soleil – il frappa en plein dans les yeux, au point qu'elle crut que ses pupilles se vitrifiaient. Sa main en guise de visière, elle fit quelques pas à l'extérieur, derrière Dralot, qui elle humait l'air avec une joie presque visible par rapport à l'ordinaire ; elle rentrait chez elle, après tout. Pourquoi les gens étaient-ils heureux de retrouver leur chez-soi ? Pourquoi Shannon ne l'avait-elle pas été il y a quelques années, et pourquoi ne voulait-elle pas le revoir depuis, son chez-soi ? Elle eut l'impression d'être une coquille abritant une part de vide, et ayant des yeux pour voir que la coquille des autres était pleine et repue.

La seconde chose qui la frappa fut la chaleur. Elle sentit d'un coup sa peau chauffer puis brûler ; son corps n'était pas habitué à un tel climat, et déjà, elle était molle, presque au sens propre du terme, avec un corps lourd, transpirant, dans quelques minutes épuisé.

Autour d'elle, le désert.

Shannon inspira une grande goulée d'air poussiéreux. Au-delà du spatioport, tout était couleur ocre. Plat, caillouteux et sableux. Des montagnes se distinguaient au loin. Dralot avait choisi Tuchanka pour l'immense défi que représentait la survie sur sa surface, mais se rendait-elle compte aussi de l'impact mental que ce paysage avait sur sa disciple ?

C'était comme sur Terre, c'était les Terres Mortes. C'était le lieu de la mort, de la chance la plus pure, de la vie cachée, de la violence, de la solitude, de l'entraide inattendue, de la trahison qui l'était tout autant.

En plus mortel. Tout simplement car le peuple dominant ici était le peuple Krogan, et qu'il n'était pas connu pour sa douceur. Mais c'était pour une raison : la faune locale... Faune étant un nom trop gentillet pour la désigner.

Shannon avait le spectre de son passé qui s'appuyait sur ses épaules ; à moins que ce ne fût l'air brûlant. Ou le poids de son sac.

Eléa était restée pour leur dire au revoir, et, avant cela, elle l'avait aidée à faire son sac. Son sac, son éternel compagnon. Amusant de constater la force rassurante de certains objets. Et celle du soutien moral d'un proche. Shannon avait des proches, pour la première fois depuis longtemps. Elle avança encore.

Dralot était une Chamane itinérante, mais il n'empêchait qu'on la connaissait encore assez dans le clan Kalank pour lui céder le passage. Shannon suivait l'imposante Krogane, le dos droit, le menton levé ; elle essayait de faire bonne figure – plus pour elle-même que pour tous ces yeux observateurs. Qui savait ce que pouvaient bien faire ces Krogans belliqueux à une Humaine qui débarquait de nulle part, même sous la protection d'une Chamane ?

De fait, on la regardait comme une bête curieuse. Mais Dralot repoussait les éventuels fâcheux. Shannon n'en tenait plus compte. Elle suivait et pensait au futur proche. Peut-être les soldats faisaient-ils de même, lorsqu'ils étaient envoyés vers et contre l'inconnu...

Son Predator à portée de main, encore ignorante du Carnifex présent dans son sac, les yeux qui fouillaient méticuleusement l'espace, la jeune femme restait du moins tributaire d'un instinct de défense... parler déjà de survie, alors qu'elle et Dralot n'étaient pas encore dans le désert même, c'était faire dans l'exagération, et paniquer alors que ce n'était pas nécessaire.

Elle observa l'architecture krogane. Grise. Usée par les sables ou neuve, elle était faite pour résister au désert.

Bien qu'elle appréciât les grands espaces et qu'elle eût quelques appréhension envers les Krogans, quand le ciel bleu disparut au dessus de sa tête et qu'elle fut avalée par un bâtiment, Shannon ne put s'empêcher de relâcher ses épaules. Le désert, un mauvais souvenir pour elle. Et à l'intérieur, moins de chaleur.

Elle apprécia d'autant plus l'idée que Dralot voulût récupérer un Mako pour faciliter leur traversée du désert.

Après que la Chamane a obtenu l'accès à un véhicule, elles prirent toutes deux place à l'intérieur, Dralot aux commandes, et quittèrent le camp des Kalank. Le Mako filait, il mangeait le désert, ses occupantes étaient à l'abri ; à pied, c'était elles qui eussent été mangées par le désert.

Shannon apprécia moins de se retrouver aux commandes. Ce n'était pas une plaisanterie : Dralot avait arrêté le Mako et lui laissait sa place.

« Conduis. La manette pour la vitesse, la pédale de gauche pour l’embrayage. C’est automatique, tu n’as déjà pas ça dont te soucier. Je te dirai où aller. »

Shannon se contenta d'acquiescer. Elle ne pouvait pas dire non. Alors, elle glissa dans le siège conducteur tandis que Dralot retournait dans sa pose habituelle – une presque méditation qui ne l'empêchait pas de garder sa disciple à l’œil. Shannon secoua les mains et regarda le panneau de commandes, à défaut de pouvoir réellement regarder à l'extérieur. Il n'y avait pas de vitres, tout allait être à faire « à l'aveugle ». L'avantage ? Elle était dans le désert. Pas beaucoup d'obstacles en perspective.

La dernière fois que Shannon avait voulu prendre les commandes de quelque chose d'aussi gros, ça volait, et ça s'était écrasé. Cette fois-ci, elle avait le temps de bien tout inspecter avant de démarrer, ce qu'elle fit, donc. Elle savait que Dralot préférerait cela plutôt qu'un départ précipité qui serait source de bon nombre d'erreurs, et peut-être d'un accident.

Une fois bien prête, elle se cala dans son siège ; le bruit du moteur lui parut exagérément fort. Elle démarra. Quelle puissance ! Shannon s'enfonça dans le siège sous l'effet de la vitesse. Tout tremblait dans l’habitacle ; tout pouvait lui glisser des mains à n'importe quel moment. Mais, selon les instruments, elle roulait droit. C'était déjà ça. Les amortisseurs valaient ce qu'ils valaient : quand les roues sautaient sur un rocher saillant hors du sable, le choc était désagréable, mais sinon, c'était correct. Le vrai souci résidait dans le fait de maintenir la trajectoire lors d'imprévus comme celui-là.

Un Mako était un vrai savon, mais un savon de trente-cinq tonnes lancé à grande vitesse. Dralot, au bout de plusieurs minutes, indiqua à Shannon sur le GPS les montagnes que l'on avait pu apercevoir chez les Kalank.

Le Wow, wow, wow qui avait manqué de lui échapper lorsque la Chamane lui avait demandé de conduire vint encore une fois frapper la porte de ses lèvres, mais elle se contint. Le virage pour partir légèrement au nord-ouest fut assez facile à négocier ; ce qui serait plus compliqué, ce serait de ne plus rouler droit et sur une surface « douce ».

Qu'est-ce que ces montagnes pouvaient bien receler ? La curiosité de Shannon était d'autant plus forte qu'elle n'avait aucune visibilité. Le sable se fit plus rare, les cailloux plus présents, la route plus insupportable. Le Mako avait tendance à sautiller pour n'importe quoi.

Cependant, à en croire les écrans, la montagne se rapprochait – un élément solide, marqué d'orange sur le GPS, bloquait le passage. C'est là que le Mako se renversa.

Shannon ne comprit rien ; tout allait bien, tout dérapa. Au sens propre. Les roues gauches du Mako se soulevèrent, il roula sur plusieurs mètres uniquement sur les droites, à la verticale, en se penchant de plus en plus. La jeune femme n'eut pas le temps de paniquer, d'émettre un son, encore moins de rectifier le tir.

Le Mako était immobile, sur le flanc, au pied des montagnes. Le moteur tournait en vain, de même que la rangée de roues pointée vers le ciel. Le bruit était insupportable. Shannon tourna la tête vers Dralot, mais le regard de la Krogane restait impénétrable.

L'Humaine restait sans voix, comme si le choc de la chute avait pour contrecoup de bloquer ses paroles au fond de sa gorge. Elle était peut-être un peu sonnée. Par envie de ne pas rester prise au piège, elle ouvrit sa porte et se mit debout en prenant appui sur les bords de son siège. Seule sa tête dépassait à l'extérieur, et déjà la chaleur se fit de nouveau sentir ; elle n'eut pas l'impression de respirer. Shannon regarda partout autour d'elle. Le désert était fidèle à lui-même ; les montagnes la surprirent davantage.

A un kilomètre, environ, d'étranges formes saillaient à flanc de montagne. Shannon serait bien incapable de les décrire en détail, mais elle comprit de quoi il s'agissait.

« Des ruines ! »

Elle reprit place dans le Mako en refermant la porte derrière elle, pour ne pas laisser la température monter à l'intérieur inutilement, de nouveau en pleine possession de ses moyens – avec donc la capacité de comprendre que la Krogane n'avait sans doute pas apprécié ce grand renversement.
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Car nulle autre fleur ne croît mieux que celle du désert

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