► Intervention MJ : Non █ Date : 13 Décembre 2201 █ RP Tout public ◄
Erika Longhorn ♦ Jila'Kis Nar Lanketh ♦
Ordre d'attente
Ordre d'attente
Les évènements s'enchainaient à une vitesse folle ces derniers jours. Après avoir rejoint "l'armée" d'Anton Ardak, un Butarien rencontré au petit bonheur la chance sur Omega et l'avoir suivit sur Anhur, Jila avait pu commencer à mettre son plan en oeuvre pour reconstituer le majestueux Ordre Impérien. Conformément à leurs accords, Anton la laissait faire et l'aidait même.
C'est dans cette idée que la Quarienne se retrouva en possession d'une navette de transport personnelle de qualité variable que les hommes du Butarien avaient pu lui dénicher. Un pilote et deux hommes lui étaient fournis pour mener à bien sa mission en plus du matériel de combat et de survie qu'elle avait demandée afin de moderniser et remplacer son équipement perdu depuis le crash de Rannoch. Deux turiens accompagneraient Jila, elle ne sentait pas les Butariens depuis sa petite expérience cérémoniale avec Anton. Pensant que cela pourrait compromettre son objectif, déjà que l'unité n'était pas encore présente avec les deux Turiens.. autant ne pas rajouter des xénophobes Butariens avec elle.
Korlus, la planète qui faisait office de dépotoir pour le reste de la galaxie, l'endroit parfait que Jila avait choisie pour envoyer un signal potentiel à tous les Impériens, un signal de regroupement. Un signal décryptable seulement par un membre de l'ordre ayant les connaissance historiques nécessaires liées à l'ordre pour déchiffrer et comprendre l'énigme qu'elle avait posée. Cela posait un risque, celui de voir des individus non désirés se pointer, ou celui de voir un Impérien désireux de prendre la place autoproclamée de Jila. Réfléchissant à cela tout en se dirigeant vers la navette qui lui était fournie, la Quarienne haussa les épaules en se préparant dans le pire des cas, à tuer le premier frère qui se montrerait tel un renégat.
La voyage semblait interminable dans ce tout petit vaisseau, le moins épuisant étant de rester assis, Jila pouvait tenir debout mais les deux turiens eux, dont le pilotes, se cognaient sans cesse, ce qui n'aidait pas à instaurer une ambiance correcte dans l'enceinte du petit bâtiment. Ce n'est qu'après une longue traversée et plusieurs siestes plus tard que le vaisseau arriva en vu de la planète. Automatiquement une phase d'approche fut engagée avec le spatioport ciblé, aucuns refus n'émettais de ce dernier et le petit groupe put atterrir tranquillement dans un hangar surpeuplé de petit véhicules en tout genre. Du hublot Jila voyait tellement de monde s'agitait... ce hangar faisait office de spatioport.. de marché.. d'enchère.. d'un peu tout, un vrai bordel !
- " Je ne sais pas de combien de temps je vais avoir besoin. Si je ne suis pas de retour avant la tombée de la nuit, vous pourrez quitter le vaisseau mais on reste en contact et prêt à se casser d'ici. "
Les deux Turiens ne répondirent que par un grognements approbateur qui démontrait leur satisfaction évidente quant à l'idée de se faire chier des heures durant à garder un vaisseau moisis dans un hangar surpeuplé.
Evitant de bousculer qui que ce soit du mieux qu'elle pouvait, Jila se rendit un peu plus loin dans la ville en partie formée de bâtiment en constructions et de carcasse de vaisseaux aménagée pour servir de maison. La quarienne était déjà venue ici, un lieu pourrit d'humains et de Butariens ou de nombreux Quariens venaient tenter de débusquer la perle rare pour leur pélerinage à l'époque de la Flotte Nomade. Plus un guet à pend qu'autre chose... Les rues de cette ville, de toute cette planète même, n'étaient pas sûre. Bandits, clochard désespéré, profiteur et voleurs jonchaient le sol de cette planète, de la petite racaille empêchant ce centre névralgique d'exploser économiquement, de devenir une plateforme tournante de ce secteur de la galaxie. Au lieu de ça, il restait la poubelle qu'il avait toujours été.
Dans ce bourbier, la Quarienne eu presque du mal à trouver l'endroit qu'elle avait indiquée. "Le Ferraille Dur", un nom miteux pour un endroit miteux. C'était semblait-il, un bar-boîte prisé de la région mais qui sentait pourtant le purin selon Jila. Elle en aurait bientôt le coeur net, se mêler à la populace lui semblait moins dangereux que de s'isoler dans un coin à attendre l'arrivée d'un potentiel ennemi ou traître, la dedans, elle le ou la verrait arriver à coup sûr. Surtout à une heure de la journée qui n'était pas fête pour s'envoyer en l'air ou se mettre le casque à l'envers.
La devanture du bar ne ressemblait à rien et si Jila ne s'y trompait pas.. l'entrée avait été creusée dans ce qui semblait être un ancien canon orbital, à en juger par la taille de la fente, ce truc avait dû tirer des ogives inimaginablement puissante. Poussant ce qui semblait être une porte à battant, Jila ne voyant rien dans l'enceinte du canon, elle arriva dans une grande salle circulaire dont l'odeur vint perforer ses défenses sensorielles tellement la puanteur était... inexplicable, une odeur inconnue. L'ambiance sonnait encore plus étrange, les murs teintés d'une lueur rosée provenant de plusieurs néons clignotants, accrochés de manière hasardeuse. Un bar lui aussi circulaire trônait au centre de la pièce. Deux humaines, probablement les serveuses trainaient accoudées au comptoir, poitrines dévoilées aux yeux de tous et simplement vêtues d'un pagne. Un drôle de collier peu esthétique ornait leurs cous... sécurité pour esclavagiste, pauvre hères...
Jila était écœurée d'assister à une telle scène bien qu'elle n'en attendait pas moins d'un tel lieu. Rien ne l'empêcherait de tuer le responsable de tout ça une fois son affaire conclue même si ça n'allait probablement pas arranger la situation de ses malheureux. Un peu plus loin, un homme chevauché par une autre esclave posa un regard douteux sur la nouvelle arrivante. Un regard noir jaillit des yeux de Jila, l'effet complètement estompé par son casque. Sur sa droite deux butariens en armure montaient la garde. Rien d'insurmontable si le ton venait à grimper.
La Quarienne s'approcha doucement du comptoir avec un plaisir étrange, ce plaisir qu'elle ressentait lorsqu'elle était en mission, cela faisait tellement longtemps... Versant une somme de crédit amplement suffisante pour commander un verre à la stupeur des deux esclave, elle demanda si une arrière salle existante était disponible. Comprenant qu'il ne fallait pas poser de questions, la jeune femme servit la collation de Jila avant de lui demander poliment de la suivre. La chasseuse de primes leva les yeux au ciel en voyant la démarche forcée de la jeune femme s'échinant à produire un déhanché trop exagéré pour être naturel.
Il n'y avait personne dans la nouvelle pièce, celle ci était plus petite, étroite que la précédente. La même couleur rosée teintée les murs de son éclairage miteux et plusieurs canapés en mauvais états formaient un cercle de quoi réunir un groupe de personnes VIP.
-"Merci, j'attends du monde, vous les reconnaitraient."
Sur ces mots, la jeune femme blonde repartie à son poste laissant Jila s'installer tranquillement dans un de ces inconfortables canapé. Elle sirota légèrement sa boisson à l'aide d'une paille puis croisa les jambes, renfoncées dans le divan en attendant la suite des évènements. Elle était anxieuse et pressée d'espérer retrouver un de ses frères ou soeur encore en vie.
Korlus, le monde déchet, le monde où l’odeur du sang et des poubelles sont si unies qu’il est impossible de les différencier. Un monde qu’Erika connaissait bien, sans l’apprécier bien entendu. Après quinze années à sillonné la travée pour protéger les colonies de l’Alliance, ce monde était devenu un incontournable dans sa vie, tous les malfrats ou mercenaires du secteur de ce secteur galactique avaient leurs petites habitudes ici, ce qui en faisait un lieu de choix pour enquêter. Mais si elle avait eu le choix, Erika aurait évité ce monde avec plaisir, cependant le signal venait d’ici, et elle avait bien l’intention d’y répondre.
Tout avait commencé par le transfert d’un prisonnier offert par les Quariens, ou plutôt rejeter pas eux. S’encombrer d’un humain était une dépense que le GIP ne souhaitait pas assumer, et elle pouvait le comprendre. Pourtant dans un état pitoyable, l’homme s’était montré étonnamment résistant à la torture, ou plus exactement avait choisi de protéger certain sujet même au prix de sa vie. Le décryptage long et risqué de son omnitech avait cependant donné plus de résultats, des anciens ordres d’intervention, eux aussi crypté mais indiquant clairement des cibles à abattre, quelques cartes galactiques indiquant des voies de navigation intéressante en bordure des radars longue distance de plusieurs système conciliens proche des Terminus et de la Travée. Ainsi qu’un canal sécurisé.
Erika Longhorn avait été consulté pour sa connaissance du secteur, et à partir de ces bribes d’informations, elle avait évoqué les impériens, un groupe, ou plutôt un ordre mercenaire sévissant d’après les rumeurs dans l’ombre depuis des siècles déjà. Dans la travée on leur attribuait la plupart des plus grosses opérations du dernier millénaire. Bien entendu, la plupart de ces histoires étaient des plus rocambolesques, mais la persistance de certaine, ainsi qu’une échauffourée auquel Erika avait participé, et dans laquelle elle avait bien failli perdre la vie, face à un groupe non identifié dont la seule trace récupérable avait été un datapad à moitié détruit mais affichant « L’Ordre » avait petit à petit donné à la jeune femme des raisons de croire à l’existence de ce groupe, et même de s’intéresser à son histoire. Comme un cryptozoologue avait pour passion de découvrir des espèces supposée existante mais inconnue, elle s’est pris de plaisir à enquêter de son coté sur cet ordre, au point d’en connaitre sa culture, du moins très partiellement.
Bien sûr, ses supérieurs directs avaient réfuté ces hypothèses, préférant croire à un dissident des soleils bleus plutôt qu’à une organisation ayant échappé si longtemps à leur surveillance. Elle ne doutait pas qu’en haut lieux cependant certains aient la preuve ou du moins la certitude d’une telle possibilité. Alors quand le canal sécurisé du prisonnier avait enfin reçu un message, lui aussi crypté, Erika fut rappeler, et en se basant sur ses propres connaissances et un long entretiens avec le prisonnier elle avait pu tirer des données un lieu et une date. Elle ne savait trop dire si l’homme avait accepté de la croire quand elle avait affirmée s’y rendre seule et sans intentions hostiles, ou si il voulait simplement faire durer plus longtemps cette pause qu’elle lui apportait dans son interrogatoire pour le moins désagréable.
Elle avait fait jouer ses contacts chez les soleils bleus pour pouvoir atterrir sur Korlus incognito, et patienter à présent non loin du lieu de rendez-vous, un vieux bar miteux, naviguant entre les étales d’un marché improvisé, jetant un œil intéresser à certaine pièce afin de se fondre dans la masse, la capuche de sa cape rabattue sur son visage. A l’instant même où la Quarienne était entrée dans la périphérie de sa vision, elle sut que son rendez-vous improvisé était arrivé. Sa démarche, son allure, sa main directrice semblant se balancer naturellement mais prête à dégainer. Tout chez elle dégager le sang-froid d’une tueuse. Et cela se confirma quand elle entra dans le bar en question.
Erika patienta de longues minutes afin de s’assurer que la demoiselle était venue seule et que personne ne la suivait ou surveillé les lieux. Enfin elle se décida à entrer dans l’établissement. La puanteur lui sembla encore plus forte ici, mais elle l’ignora du mieux possible. A peine eût-elle fait quelque pas dans l’établissement, qu’une esclave à moitié nue l’aborda avec un sourire enjôleur mille fois répété. Elle sembla surprise de cette seconde présence féminine dans l’établissement, mais ne fit pas de remarque. Quand Erika laissa ses yeux gambader dans la salle, un éclair de compréhension passa dans les yeux de la serveuse.
-Ahhh, vous devez être la pour la Quarienne ! Elle est au fond.
Sans contredire ni confirmer, Erika se contenta d’un sourire approbateur, et se laissa guider dans le bar jusqu’à cette arrière salle. C’est fou tout ce que l’on pouvait obtenir par un simple jeu de regard et un sourire. Alors qu’elle la menait devant le rideau les séparant de l’autre pièce, l’esclave se retourna vers Erika, les yeux brillant, comme un chien attendant sa récompense. Sans se départir de son sourire, Erika déposa quelque crédit sur son plateau, et discrètement sa main en glissa quelques supplémentaires dans la paume de la jeune femme.
-Je pense que moi et mon amie apprécierions de savoir si de la visite inopportune devait arrivée.
Le sourire de l’esclave s’agrandit, elle hocha la tête et fila en se déhanchant, le petit surplus d’argent dans sa main ayant déjà disparu pour finir Arashu seule sait où vu le peu de tissus. Si jamais un imprévu hostile devait se présenter, un petit avertissement de la serveuse serait utile. Erika repoussa le tissu et s’engouffra dans la pièce. Comme elle s’y attendait, la Quarienne attendait assise, tournée toute entière vers l’entrée, prête à agir. Visiblement le visage d’une inconnue n’était pas ce qu’elle espérait voir. Erika écarta lentement les pans de sa cape, permettant à son interlocutrice de voir le pistolet à son coté, mais garda ses mains bien en évidences. Oui elle était dangereuse, mais non, elle n’était pas une menace immédiate. Elle abaissa sa capuche et vint s’asseoir sur l’un des canapé, dans un angle lui permettant à la fois de voir la quarienne, et de surveiller la porte. Cependant, très sure de capacité, elle prit ses aises, croisant ses jambes, la tête bien enfoncée dans le dossier.
-Je m’appelle Erika Longhorn, et je m’intéresse beaucoup à vous et à votre ordre.
Elle laissa cette phrase planée dans l’air un instant avant de rajouter avec un sourire.
Une humaine venait d'arriver. L'excitation et la retenue se mélangeaient à merveille pour mettre Jila en alerte. Encapuchonnée l'Humaine restait encore non identifiée. Un espoir immense envahissait la Quarienne de tout son être, elle se rememorra en quelques instants toutes les humaines connues de son ordre, les possibilités étaient nombreuses mais pas infinies. Elle reconnaitrait cette personne au premier coup d'oeil. Le doute planerait quelques secondes, après une année presque entière d'absence, les gens changeaient, surtout lorsque leur identité pouvait les trahir. Sa nouvelle interlocutrice rabaissa sa capuche dévoilant ainsi sa chevelure de braise. Jila tiqua une première fois derrière son masque. La femme était armée mais ça, ce n'était pas surprenant, tout le monde devait être armé sur ce genre de monde.
Dans tous les cas, ce visage ne disait rien à la Quarienne mais un doute pouvait encore planer. Jila avait eu beaucoup à faire quelques mois avant l'effondrement de l'ordre, cette femme pouvait bien être une recrue, une veuve ou autre chose en lien avec l'ordre, ce qui lui aurait permis de récupérer/recevoir le signal qu'elle avait envoyée quelques jours plus tôt.
Vrai ou faux nom ? Impossible de le savoir. Dans tous les cas, elle ne connaissait personne portant un tel patronyme ou pseudonyme, et.. quoi ? De l'Alliance ? Presque instantanément la Quarienne se redressa en posant son verre sur une petite table basse qui séparait les deux femmes à présent face à face. L'humaine semblait sûre d'elle, détendue, n'avait elle pas peur de se faire immédiatement tuer ? Quelle drôle de situation, une situation qui ne réveillait pourtant pas le sens de l'humour aiguisé de la Quarienne.
Sans prendre la peine de se présenter pour l'instant, Jila se laissa à nouveau tomber dans le moelleux du canapé avant de répondre après quelques secondes de réflexions.
-"De l'alliance... Vous avez du cran. En temps normal je serais curieuse de savoir ce qui vous intéresse chez nous, mais la seule question qui reste suspendue à mes lèvres... Comment avez vous pu me trouver, a qui avez-vous soutirez ces informations ?" La fin de sa phrase s'était terminée tel un aboiement de colère qu'elle essayait avec difficulté, de calmer.
Rien ne se passait finalement comme prévus. Personne d'autres ne semblait arriver pour l'instant et une potentielle espionne/assassine ou autre venait de faire son apparition.
-"Je vous laisse parler pour l'instant..."Erika"" soulignant son nom. "Vous avez beaucoup de choses à me dire avant toute chose. Vous êtes seule ? Qui vous envois ? Peut être m'avez vous suivie ? "
La Quarienne croisa les bras, impassible à travers son masque, elle attendait des réponses avant d'envisager la suite des évènements. Derrière cette visière, elle observait l'humaine qui lui faisait face. Des détails de son visage au moindres centimètres carré de sa tenue. Micros ? Caméras ? Armes cachées ? Elle cherchait tout.
Erika ne s’était pas départie un seul instant de son sourire. Même en sentant soudainement la tension augmentée dans la pièce, ce n’était qu’une résultante logique de son petit effet d’annonce. Mais décidément, elle avait eu raison de venir. Le fait qu’elles ne soient pas déjà en train de s’entretuer alors qu’elle avait clairement indiqué sa filiation à l’Alliance était la preuve que les Impériens faisaient face à un changement. Mais de qu’elle ampleur ?
Elle trouvait cela amusant dans une certaine mesure de voir la Quarienne tenter d’imposer son autorité à la conversation. Elle était seule, sans informations, et peut être face à une armée de l’Alliance derrière le rideau qui les séparer de la salle. Et pourtant elle gardait une volonté de fer, cela lui plut. Erika inclina la tête sur le côté.
-Oui, l’Alliance, et non.
Son sourire s’agrandit encore.
-Quand à la source de mes informations. Je suppose qu’il s’agit de l’un des votre, même si il ne l’a pas confirmé de vive voix. Un cadeau de votre peuple qui l’a fait prisonnier sur Rannoch il me semble. Oh, et il est en vie si cela vous intéresse.
Elle observa tranquillement la Quarienne en la laissant interpréter cette information dans son esprit. Elle avait une certaine allure il fallait l’admettre, renforçait par les certitudes de ses capacités. Une tueuse derrière un masque de verre. Elle avait conscience que la Quarienne sentait son regard, mais elle ne se pressa pas pour autant dans son examen visuel. Elle finit cependant par reprendre.
-Maintenant que j’ai répondu à ces questions, pouvons-nous laisser place à notre curiosité commune sur la raison de la présence de l’autre ?
Erika s’installa un peu plus confortablement, sans jamais vraiment éloigner la main de son arme. Cela aurait une erreur vu son interlocutrice.
-Cela fait maintenant quinze années que je sillonne la travée et une partie des Terminus, et pourtant les seules fois où j’ai pu m’approcher de votre ordre, ce fut pour trouver au mieux un cadavre méconnaissable. Et voilà qu’en quelques semaines, les quariens nous en offrent un sur un plateau, et que je trouve le moyen d’en rencontrer une autre vivante dans un petit coin perdu.
Alors, ma question est simple, qu’est-il arrivé aux Impériens ?
Lorsque l'Humaine mentionna le prisonnier de Rannoch, Jila se redressa en serrant les poings. Elle fit rapidement le lien des raisons qui avaient poussés l'amirauté à déplacer son confrère. Dans un premier temps, l'envie de le tuer lui traversa l'esprit mais il n'avait pas forcément collaboré de plein gré. Il était encore en vie selon l'humaine mais... peut être que derrière ce minois se cachait une affreuse tortionnaire et que son compagnon n'était plus que l'ombre de lui même à l'heure qu'il est.
Ecoutant sagement la suite, Jila se replia elle aussi dans le moelleux des coussins. Elle scrutait avec interrogation l'humaine, surprise d'apprendre que les siens furent plus ou moins traqués et étudiés par certaines personnes désireuses de foutre leur nez où il ne fallait pas visiblement.
-"Vous dîtes que mon ami est en vie, si il m'a trahis cela ne m'importe plus. Mais soit, votre intérêt à le mérite d'attiser ma curiosité alors je discuterai avec vous tant que vous me serez digne d'intérêt. Peut être m'avez vous piégée et que mes chances de sortir d'ici sont nulles. C'est pourquoi je devrais savourer cette dernière discussion."
La Quarienne s'approcha de l'accoudoir du canapé qu'elle occupait, se faisant, elle se retrouva juste à côté de l'assise de l'humaine. Croisant les jambes et s'appuyant sur l'accoudoir elle termina sa phrase.
-"Assurez moi que nous ne serons pas dérangés et je vous dévoilerais ce qui peu l'être. Mais vous me raconterez par quel moyen vous avez obtenus ces renseignement de la part de mon frère."
A ce moment la jeune esclave blonde entra sans prévenir et dans un geste de survie, Jila la pointa du bout de son arme faisant pousser un petit cris aigus et discret à la jeune femme.
-"N'entre pas aussi brusquement. Apporte nous deux bouteilles jeune fille tu seras aimable."
Attendant sa commande, la chasseuse de primes ne dit pas un mot de plus avant d'être servie et de se retrouver à nouveau seule avec son intrigante invitée. Reprenant une position toujours à proximité de l'humaine qui devait pouvoir percevoir le regard de la Quarienne à cette distance, Jila reprit.
-"Et bien pour faire simple et rapide, nous avons été abattus. Notre honneur nous a perdus. J'attends que mes demandes soient exigées avant d'éventuellement entrer dans les détails."
La Quarienne se saisit de la bouteille destinée à la non Dextro-aminée et servit un verre plutôt généreux à son interlocutrice. Elle inclina légèrement la tête, incitant l'humaine à se saisir de la coupe. Jila pouvait paraître détendue, mais au moindre problème son doigt trouverait son arme puis la détente prête à être enclenchée.
Il était intéressant d’observer les personnes mises dos au mur. Certaines supplient, d’autres tentent de fuir, certaine négocient et les dernières tentent quoi qu’il arrive de garder le contrôle de la situation. La quarienne semblait plutôt de ce dernier type. Bien qu’elle ait elle-même déduit la possibilité d’être une morte ou une prisonnière en sursis aux mains de l’Alliance, elle tentait encore d’imposer son rythme à la conversation. Erika la laissa faire, elle était venu pour négocier, d’une certaine façon, et céder une partie du terrain était un bon moyen de faciliter le dialogue. Elle se plia donc volontiers au jeu de son interlocutrice, sans pour autant se départir de son assurance, car dans cette rencontre, c’était elle qui avait l’avantage, elle qui avait le plus à offrir.
La réaction de la quarienne à l’entrée de la serveuse en avait été la confirmation, elle était aux aguets, comme une louve blessée. Elle était donc dangereuse, mais aussi affamée d’informations, sinon elles ne seraient pas en train de discuter. L’extraterrestre avait du passé peu de temps avec son peuple, ses attitudes, sa façon de s’approcher au point que ses traits, fort gracieux d’ailleurs, soient presque perceptibles au travers de sa visière. Erika se pencha d’ailleurs un peu plus vers elle, posant son bras juste à côté du sien sur l’accoudoir.
-La torture.
Eliza laissa le mot flotter un instant, ne laissant aucun doute sur son sens, et permettant à la Quarienne de l’accepter.
-C’est un criminel, et même un terroriste dans certains secteurs l’Alliance, savoir ce qu’il sait est donc pour nous un choix logique, peu importe les moyens. Je pense que même pour un frère d’arme, vous êtes capable de comprendre les raisons qui nous font agir ainsi.
Eliza but dans son verre sans quitter la quarienne des yeux.
-Je n’aime pas la torture, c’est le plus souvent inefficace, et le plus souvent la victime finit par dire n’importe quoi juste pour que cela s’arrête. Cependant elle a fait suffisamment de fois ses preuves pour ne pas être totalement oubliée.
Elle inclina légèrement la tête.
-J’ai été honnête. Et pour ce qui est de la visite impromptue, je n’en attends pas, et il y a peu de chance qu’elle soit dans mon camp si cela arrive. Aurais-je donc le droit à quelques détails sur votre déchéance ?
La militaire avait fait un choix de mot bien précis, soulignant l’état pitoyable de l’ordre autrefois prestigieux auquel appartenait la quarienne, et qui en était possiblement la dernière représentante. Il n’y avait qu’en admettant certaine vérité que l’on pouvait se décider à agir autrement.
Jila ne se démonta pas mais son étrange invitée s'approchait un peu trop de son périmètre de sécurité. Elle n'aimait pas ça, elle savait que l'humaine voyait presque son visage en étant aussi proche d'elle et le regard que lui servit la Quarienne fut empreint de dureté. Elle ne clignait presque pas des yeux. La réponse tomba enfin, elle avait vu juste, la torture fut employée pour soutirer les informations à l'Impérien. Jila n'allait pas commencer à poser des questions sur ce qu'il avait endurcis, elle passait l'éponge en admettant qu'il avait surement bien résisté avant de cracher le morceau. Et puis la chance avait amenée une personne comme Erika, ce n'est pas comme si elle avait été trahie au point de se faire cueillir par un commando surarmé et entrainé de l'alliance. Quoique... l'humaine mentait peut être et il y avait peut être un commando surarmé et entrainé qui l'attendait quelque part à l'extérieur. L'art de la diplomatie.. faire confiance tout en remettant chaque information en question.
"Si il apparaît dans vos bases de données, c'est qu'il faisait mal son travail, il mérite son sort."
Imitant l'humaine, elle se saisit de son propre verre, sans pour autant le consommer.
"Des détails sur notre "déchéances" ? Tout ce chemin pour ça, j'ai peur de vous décevoir mais... Ce fut tellement grossier et sans finesse... je crains qu'il n'y ait pas beaucoup de détails. C'est une humiliation sans honneurs que nous avons subit. Ma réponse sera simple, dans un premier temps en tout cas. Nous avons été exterminés. "
Jila prit une gorgée, sa langue se déliant petit à petit elle retrouva en quelques sortes ses aises, s'accoudant à son tour sur le bord du fauteuil. Une pensée traversa son esprit assez rapidement, lui tirant presque un sourire. Elle se dit que depuis tout ce temps, elle allait peut être enfin pouvoir discuter avec quelqu'un sans que cela ne tourne à la fusillade généralisée et bien qu'Erika ne soit pas l'une des siennes, rencontrer une personne ayant apparemment quelques connaissances sur l'ordre, permettait à Jila de parler de choses qui lui tenait à cœur. C'était un raisonnement simple mais qui venait à bout de presque une année d'enfermement émotionnel. Ne devenant pas niaise pour autant, la Quarienne retourna à la pêche aux informations avant d'en dévoiler plus.
"Avant de continuer, si je ne m'abuse vous disiez nous connaître un peu, enfin vous nous traquiez ? Mais que savez-vous ? En général nous cherchons à connaître nos amis et nos ennemis pourtant... Vous n'êtes ni l'un ni l'autre, à mes yeux en tout cas. "
C'était bien vrai, l'alliance n'était pas plus un adversaire que les mercenaire d'Eclipse, toute la galaxie était une amie et une traitresse à la fois pour les chasseurs de primes. Mais que des gens cherchent à plus ou moins les étudier... ça, c'était inédit. Jila ne voulait pas dévoiler d'information confidentielles, pour cela, il fallait qu'elle prenne la température et soit au courants du savoir déjà acquis par la femme pleine d'assurance qui lui faisait face. Elle dégageait ce quelque chose de sérieux qui pouvait rendre une situation banale compliquée. Jila n'aimait pas trop se sentir obligée d'être sur ses gardes et c'était peut être le seul frein qui la bloquait à présent. Ca est l'imprévue de la visite de l'humaine évidemment, et oui, l'annonce de la torture de son ami aussi, en résumé tout un paquet de choses sans quoi elle serait probablement détendue et rigolerait bien une bonne fois pour toute depuis tout ce temps.
Ainsi donc les impériens avaient tout bonnement été détruit, balayer par le vent comme une brindille. C’était à la fois surprenant et exaltant d’apprendre une telle nouvelle. Qu’un groupe si ancien ai pu être ainsi éradiquer était une preuve des changements à venir. Mais peut être les impériens auraient-ils encore un coup à jouer ?
-Il ne tient qu’à vous que cela change, mais nous y viendrons. Pour répondre à votre question, vous étiez un groupe important, toute force voulant intervenir efficacement dans la Travée et plus avant a entendu parler de vous, ou a chercher à vous trouver. Je pense plus faire partie de la seconde partie, j'ai toujours été curieuse de comparer la légende à la réalité.
La militaire but une goutte dans son verre, juste assez pour apprécier très relativement le gout de la boisson. Décidément ce lieu ne serait pas reconnu pour son alcool.
-J’en sais malheureusement bien moins que je ne le voudrais, tout au plus des rumeurs ou des traces. On vous attribue un grand nombre d’actes impressionnant, et cela même en territoire concillien.
Cette discussion avait-elle une utilité ? Erika l’espérait, la quarienne semblait ouverte à la discussion dans une certaine mesure, et c’était déjà plus que ce qu’elle présumait. Restait à voir ce qu’elle pourrait en obtenir.
-Soyons clair, je viens avec une offre. Mais avant de la poser j’aimerais savoir ce que vous comptez faire à présent, est-ce la fin des impériens ? Où voulez-vous bâtir un nouvel avenir pour votre groupe ?
Les impériens seraient-ils un obstacle sur sa route, ou bien un atout ouvrant la voie sur les objectifs de l’Alliance et les siens. Les minutes à venir définiraient cela, sans aucun doute.
-Vous êtes bien entendu libre de refuser, et je vous garantis ne pas tenter de m’interposer à votre départ, mais je pense qu’il serait profitable pour nous deux que cette discussion se poursuive.
Erika s’installa plus confortablement dans son siège en croisant les jambes et son pied vint frôler celui de la Quarienne. Elle but une nouvelle gorgée de son verre, avec plus de confiance cette fois-ci, visiblement la tension pouvait diminuer rapidement si la discussion gardait ce ton.
-Et si vous commenciez par me donner votre nom ?
Erika sourit amicalement.
………………
Feat. Jila'Kis Nar Lanketh
Dernière édition par Erika Longhorn le Jeu 12 Jan 2017, 17:32, édité 1 fois
Tout cela relevait de inattendus le plus total pour la Quarienne. Peut être que certains de ses collègues étaient au courant de cette forme "d'espionnage" dont ils étaient visiblement victime, mais avec la fin de l'ordre, elle n'en avait jamais eu vent. Pestant intérieurement elle se dit que ce fut la faute aux exactions commises par certains frères négligeant et drôlement incompétents.
Erika marquait un point, leurs actes n'étaient peut être pas aussi impressionnant qu'elle le laissait transparaître, ou alors la Quarienne faisait montre d'une grande modestie, mais il est vrai que les missions en territoire concilien étaient bien payées mais laissait souvent des traces. Après tout dépends de la mission, sur un monde capital tout sera plus compliqué que sur un monde de la bordure extérieur de l'espace Concilien...
Nous y voilà pensa la chasseuse, une offre, évidemment qu'il y avait une offre, la simple curiosité ne pouvait pousser une personne à traverser la moitié de la galaxie pour rencontrer une inconnue susceptible de l'abattre sur le champ. Les mots d'Erika semblait faire redondance avec ceux d'Anton, il était drôle de tomber deux fois d'affilés sur ce qui semblait être, un coup de chance. Malgré tout, Jila restait sur ses gardes, elle était engagée et la femme n'avait qu'une parole, si ce qu'Erika proposait n'entrait pas en conflit avec ses objectifs...
La Quarienne restait bien au fond du divan, elle réfléchissait intensément fixant l'entrée de la pièce, un bruit plus important que les autres vint lui rappeler qu'elle était dans une salle "VIP" d'un bar miteux composé d'esclave, ce n'était qu'un verre brisé et personne ne sembla donner suite à l'incident, permettant à Jila de reporter toute son attention sur son "amie". Sentant son pied bouger, la chasseuse arrêta de fixer l'entrée et se reporta sur la femme, ce n'était rien, juste elle qui s'installait au mieux. Curieuse, Jila laissa basculer sa tête sur le côté, trouvant la jeune femme bien à son aise. La Quarienne ne pouvait nier qu'elle aussi ne se sentait pas menacer, mais le laisser paraître lui donner l'impression de se mettre en danger. Elle s'installa à son tour.
-" On me nomme Jila."
Elle n'arrivait pas à parler ainsi. Se redressant contre l'accoudoir, assez pour que son visage redevienne perceptible par son interlocutrice, elle reprit. A cette distance elle avait l'impression de pouvoir parler doucement, limite, murmurer.
Changeant de ton, adoptant une posture plus naturelle qui lui correspondait plus. -" Vous me voyez flattée des compliments que vous attribuez à l'ordre Erika. "
D'un geste elle attrapa son verre qu'elle termina d'une traite avant de poursuivre.
"- Sachez... Oui sachez une chose. Tant que je tiendrais sur mes deux jambes. L'Ordre ne mourra jamais. Vous aussi, vous devez être animée de convictions, vous comprendrez ma détermination. Je suis néanmoins prête à écouter votre proposition, de toute manière j'ai le sentiment que nous serons seules pour les prochaines heures à venir."
La fin de sa phrase raisonna dans son casque, elle l'invitait clairement à discuter mais... cela sonnait autrement, elle réalisa que personne ne viendrait.
Contrairement à ce que pouvait penser son interlocutrice, Erika n’était pas aussi convaincue qu’elle de la résistance de son ordre, ni d’aucun autre. Elle avait vu trop de fois des pouvoirs s’établir et s’effondrer, même avant le trépas de ses derniers représentants. Même le cycle millénaire des moissonneurs avait fini par faillir face à une volonté plus forte que la leur. Tout ce qu’ils pouvaient faire, c’était lutter pour que cela arrive le plus tard possible.
Cependant le fait que la quarienne donne son nom ainsi que son avis sur son futur laissé croire qu’elle avait réussi à briser une partie de son appréhension face à cette rencontre. Elle avait suffisamment de volonté pour que les Impériens jouent encore un rôle à l’avenir. Encore fallait-il déterminer lequel. Elles pouvaient enfin communiquer sans constamment penser à qui serait la plus rapide à dégainer, du moins pour le moment.
Une page d’histoire s’écrivait-elle ? Non, ce n’était pour l’instant qu’une petite pierre qu’Erika espérait voir dévaler la colline, et provoquer, un jour peut-être, un éboulement capable de changer le paysage. Erika but une longue gorgée de son verre, la brulure de l’alcool rajoutant encore à la sensation grisante qui parcourait ses muscles.
-Les Système Terminus sont en plein effervescence. C’est un fait. Et bientôt, si ce n’est déjà le cas, leur regard se tournera vers l’Alliance. Je ne tiens pas à l’empêcher, il faut que cela arrive pour que nous puissions réagir. Mais je veux canaliser cette menace, la faire frapper suffisamment fort pour éviter toute incertitude de sa provenance. Mais l’empêcher d’affecter durablement nos citoyens. Je ne veux pas d'une catastrophe comme chez les asaris. Je suis pragmatique, mais les pertes civiles ne doivent pas dépasser un seuil acceptable.
Erika fixa plus intensivement la mystérieuse Jila.
-Vous avez des relations que je n’ai pas au sein des Terminus, sans doute plus encore que je ne le suppose, je veux que vous soyez mon observatrice. Aidez-moi à gérer cette menace avant qu’elle ne soit trop importante, et en retour, nous vous rendrons ce qu’on vous a enlevé. C’est une offre ouverte, qui peut bien s’adapter à ce que vous souhaiteriez obtenir, peut-être au délà du retour des Impériens.
Erika détaillait autant que faire se peut, les traits de la quarienne, non pas pour chercher à la percer, mais par pure curiosité. La visière de son casque ne permettait pas de définir clairement ses lignes, mais n’empêchait pas non plus à un esprit averti de s’en faire une idée.
-Malgré leur expansion, les Terminus s’effondreront sur eux même, bien avant d’avoir changé la galaxie. Trop d’avidité, trop de querelles, et bien trop de pouvoir. Vous pouvez choisir de soutenir cette dernière croisade, mais je vous propose plutôt de faire partie de ceux qui devront rebâtir ensuite.
Définitivement, Jila se laissa une bonne fois pour toute tomber dans le fond du canapé, on aurait presque dit qu'elle avait été assommée par les mots de l'humaine mais il n'en était rien. Son esprit était passé dans un état de détente relative. Adossée contre le divan, le coude posé sur le bord et sa main soutenant son casque. Elle semblait lascive, il faut dire qu'elle n'était pas habituée mais... son verre était descendu bien vite, son deuxième déjà non ? Elle ne le savait plus. Dans tous les cas, elle ne perdait rien des explications d'Erika. Acquiesçant au fur et à mesure.
- Erika...
Jila se redressa une énième fois finalement, elle avait bien comprit ou voulait en venir l'humaine et cette idée lui laissait l'image d'une mauvaise odeur, l'odeur d'un plan qui ne sentait bon pour personne, en tout cas pas pour elle.
- Je ne suis pas persuadée... de voir la même menace que vous. Je ne pense pas les Terminus prêt à tenter quoi que ce soit contre un ou plusieurs gouvernement concilien. Nous avons besoin de vous pour survivre et inversement c'est ce que je pense.
Laissant quelques secondes passer, le temps de s'avancer un peu plus et de rattraper son verre qu'elle n’espérait pas vide, elle continua après une gorgée miraculeusement présente.
- Sachez une chose sur l'ordre, et sur moi. Je n'ai qu'une parole, et bien que votre proposition puisse être intéressante, je l'ai déjà donnée a quelqu'un d'autre. Vous aider me mettrait en conflit avec mes propres intérêts. Une chose est sûre Erika, si vous me permettez évidemment, vous ne manquez pas d'ambitions. Je pense que cela nous caractérise, l'ambition.
La Quarienne prit quelques secondes pour respirer, laisser les mots s'imprégner. Sentir le canon de son arme frotter sa cuisse lui rappela que la situation éxigeait toujours un certain niveau d'attention et qu'il ne fallait rien laisser paraître. La chasseuse se demandait dans quel état d'esprit se trouvait son interlocutrice, finalement cette "rencontre" pourrait et était peut être plus instructive que si son plan s'était bien déroulé.
- Évidemment ne voyait pas dans mon refus un affront. Je n'ai rien contre vous. D'ailleurs à votre tour, vous seriez une formidable équipière je pense. Je sais reconnaître un tempérament quand j'en vois un.
La Quarienne voulu jurer, elle ne savait pas si il y avait un problème avec sa collation mais sa tête sonnait dans tous les sens, elle aurait pu se croire dans un Kodiak en alerte. Même, elle tenta de fermer les yeux fortement pendant quelques secondes afin de concentrer son esprit avant de les rouvrir sur le visage d'Erika. Saleté de planète et saleté de bar - pensa t'elle.
- Vous le cherchez aussi n'est ce pas ? le pouvoir.
Lança elle en se plaquant la main sur la visière avec une envie irrésistible de se masser le front.
Ainsi donc les Impériens ne serait pas de son côté. Ses doutes étaient confirmés. Elle regrettait déjà cette perte, même si elle ne la surprenait guère, elle avait simplement joué une carte, qui s’était révélait inutile. Un jour sans doute devrait-elle broyé Jila et son les restes de son ordre, mais pour l’heure la quarienne s’était montrée une interlocutrice agréable qui avait mérité que sa parole soit tenue. Elles pourraient donc se quitter sans s’affronter, sauf si la quarienne venait à changer d’avis.
Non, ce qui l’étonnait plus, c’était la vision de la jeune alien sur les événements actuels. Contrairement à ce qu’elle pensait, les Terminus s’en prendraient bien à l’espace concilien, et avaient d’ailleurs déjà commencé avec force. Thessia n’avait été qu’une mise en bouche à face à l’appétit de certains esprits de cette partie sombre de la galaxie. Mais comme l’avait déjà dit, elle était certaine de la victoire de l’espace concilien sur le long terme, elle souhaitait juste faire en sorte que cette attaque soit maitrisée. Mais elle avait au moins obtenu une information importante, Jila était lié de près ou de loin à certaine personne à la base de cette menace. Elle avait donc un nom et une piste à suivre afin de remonter dans l’organisation.
Elle doutait que les Impériens soient la réelle menace, mais en tout cas la parole de Jila les liés à ce mouvement. Erika sourit intérieurement, ce voyage se révélait utile finalement. Son regard se reporta sur la quarienne qui semblait plus atteinte qu’elle par sa boisson, au point de lui faire regarder son verre avec une certaine suspicion.
-Il n’y a aucun affront, je vous rassure. Je regrette ce choix, mais j’apprécie votre loyauté, en vous souhaitant qu’elle soit récompensée. Cependant cela nous met malheureusement sur des voies qui finiront un jour ou l’autre par s’opposées. Mais pas pour l’instant, et l’avenir attendra demain.
Elle fixa plus intensément la quarienne, braquant son regard dans le sien, passant outre sa visière et l’étrange brume entourant ses traits.
-Le pouvoir n’est qu’un outil dont j’ai actuellement besoin, je ne le cherche pas, et ne le désire pas. Ce que je veux, c’est ce qu’il permet d’obtenir. L’accomplissement d’une vision.
Erika eu un sourire compatissant en observant la Quarienne. Elle écarta leur verre en se penchant vers elle tout en respectant tout de même son espace vital.
Jila n'écoutait plus que d'une oreille. Sur le coup, elle ne comprenait pas spécialement de quoi parlait l'humaine, depuis plusieurs mois elle avait été coupée de l'actualité galactique et il fallait bien l'avouer, elle ne savait pas grand chose sur ce qui se tramait en dehors d'Omega. Elle était bornée sur ses idées qui lui servaient de cache oeil involontaire.
Quoi qu'il en soit, elle ne pensait pas être un jour opposée à cette femme sauf si elle avait sa tête mise à prix bien sûr. Ou qu'elle s'oppose à Anton. Dans tous les cas, Jila était satisfaite avec ce genre de conversations, elle avait l'impression de remettre un pied timide dans l'échiquier plein d'intrigue qu'était la galaxie. Il fallait reprendre du service.
- Je n'en suis pas certaine, mais je pense que nous aurons l'occasion de rediscuter de tout cela un autre jour.
Lorsque l'humaine s'approcha, Jila n'eut pas la force de protester, elle vit seulement son verre s'éloigner un peu plus. Qu'avait-elle commandée déjà ? Qu'elle ne reproduise plus jamais cette erreur.
- Je vous remercie. C'est cette boisson je crois, ça ne m'étonnerait pas qu'un ingrédient de cette préparation ait tourné dans un tel endroit. J'ai l'impression qu'on arrête pas de taper sur mon casque.
La chasseuse tentait de s'enfoncer un peu plus dans le divan mais c'était impossible. Sa confiance n'était pour ainsi dire, pas totale envers l'humaine et c'était bien normale. Si elle décidait de s'en prendre à elle, de saisir cette occasion, Jila ne pourrait rien faire, tout du moins pas grand chose, démangée par une violente migraine inattendue. Plus elle tentait de réfléchir, moins elle avait conscience de la scène qui l'entourait, son champ de vision étant encombré par la proximité qu'elle partageait avec la représentante de l'alliance.
- Vous n'avez rien vous ? Balbutia t'elle presque trop doucement. Cela lui traversa l'esprit, que la boisson d'Erika soit aussi étrange. Rapidement elle imagina plusieurs nouvelles hypothèse, les verres avaient put être trafiqués avant que la serveuse ne les apportent. Un mauvais coup de la part des clients présents dans la salle principale peut être ? C'était peu probable pensa t'elle.
Jila leva les yeux avant de s'exprimer à nouveau, un trait d'esprit l'illuminant. - Le pouvoir je sais pas, mais là c'est vous qui avez l'ascendant.
La chasseuse remarqua par la même occasion qu'elle ne sentait plus l'odeur ambiante et dérangeante qui émanait du bâtiment, elle n'y prêta pourtant pas attention, cela venait sûrement de ses sens alertés et en même temps fatigués. Même si au fond elle n'était plus trop en état, a l'extérieur elle tenait à garder une allure, ne pas paraître faible.
Non, Erika ne sentait rien. Certes l’alcool était fort, une distilation maison sans doute. Mais rien qui risque de la mettre si mal à si petite dose. L’état de la Quarienne finit par l’inquiéter pour de bon, bien qu’elle fasse bonne figure sa tête dodelinait doucement et son regard brillant trahissait une vraie souffrance. Ses sens soudain en alerte, elle perçu la menace. Non pas contre sa personne, mais bien après sa compagne du moment. Elle bondit soudain sur ses pieds, ses mains tendues paumes ouvertes vers Jila afin de ne pas la braquer ou de provoquer un accident bête. Elle se dirigea vers la tenture les séparant du reste de la salle, et en écarta légèrement le pan.
Un butarien et un humain, discutant avec le patron, l’arme aux poings. Celui-ci indiqua leur direction. Merde. Erika regagna le centre de la pièce et se pencha vers la quarienne.
-Des chasseurs de primes. Et vu notre état respectif, je suppose que c’est votre tête qu’ils veulent en priorité.
Elle dégaina son paladin avant de reprendre.
-Vous n’êtes pas en état, ne tirer que si c’est nécessaire. Vous allez devoir me faire confiance pour qu’on sorte de là.
Sans attendre de réponse, elle passa un des bras de Jila autour de son épaule et l’aida à se remettre sur pieds. De sa main libre elle jeta une grenade inactive près de l’entrée de la pièce, et entraina son compagnon dans l’angle opposé. Elle se cala contre le mur et ajusta son canon. Il n’y avait plus qu’à patienter.
L’attente ne fut pas longue, quelque secondes plus tard, les deux brutes pénétraient la pièce, s’emmêlant à moitié dans l’étoffe qui servait de porte. Erika en aurait presque rit. Elle tira, non pas sur eux mais sur la grenade, qui explosa à leur pied, déchiquetant armures et membres. La vieille carcasse du canon géant dans lequel elles se trouvaient grinça, et elle crut un instant tout voir s’effondrer. Mais quand la poussière retomba, à part le trou béant qui remplaçait l’entrée de la zone VIP, le bar était encore debout. Erika entraina Jila au travers de celui-ci, l’aidant à enjamber les bouts de ferrailles et de cadavres.
Les clients avaient fui les lieux, même les gardes butariens n’avaient pas demandé leurs restes. Seuls restaient le patron tremblotant derrière son bar, les yeux éberlués, et ses deux esclaves à l’air apeuré. Erika continua son avancée vers le bar, l’homme tremblé de plus en plus à son approche. Elle glissa sa main derrière le bar, et trouva presque immédiatement ce qu’elle voulait. Un vieux pistolet rouillé qu’elle posa sur le comptoir. Une deuxième fouille et elle sortit une bouteille. Elle braqua son regard sur le tenancier.
-Les colliers!
Il eut un instant d’incompréhension, avant de comprendre. Il sortit lentement une étrange télécommande de sa poche et la pressa en direction des deux esclaves. Leurs colliers émit un clic, avant de s’ouvrir et de tomber au sol. Erika tendit la bouteille à la quarienne qui la serra dans ses doigts. Et pris le pistolet. Alors qu’elle approchait de la porte et s’arrêta, et jeta l’arme aux pieds des deux jeunes femmes. Le regard de l’esclavagiste s’emplit de terreur, et elle sortit.
-A moins que vous ayez une autre planque dans le coin, je vous emmène à l’hôtel, je ne sais pas combien de temps la drogue met à cesser d’agir.
Dans leurs dos un coup de feu résonna dans le batiment.
Malgré sa vision floue, la Quarienne distingua les mouvements d'Erika, elle s'éloignait. Avant que cette dernière ne revienne, elle finie par comprendre ce qui lui arrivait, on l'avait probablement droguée mais.. qui ? Décidément cette entrevue avait été une erreur, il semblerait que tout le monde l'ait retrouvée sauf ses alliés.
Lorsque l'humaine revint, elle lui confirma ses doutes. Des mercenaires, envoyés par qui bon sang ? Elle n'avait pas le temps pour y penser. Imitant son alliée de circonstance, Jila dégaina son arme dont elle peina presque à trouver le bouton de sécurité. Tentant ridiculement de repousser l'humaine, elle finit par se laisser aider, manipuler comme un enfant perdu au milieu d'un centre commercial. Pianotant rapidement sur son omnitech, Jila ouvrit quelque secondes la pression de sa combinaison pour reprendre sa respiration plus confortablement. Ne faisant même pas attention à l'entrée des mercenaire, elle ne comprit pas non plus pourquoi ces derniers avaient explosés au lieu d'ouvrir le feu, la situation lui échappait violemment et son esprit était de plus en plus confus, le sol défilait sous ses yeux alors qu'elle marchait comme un droïde, sans comprendre la nature de ses actes et guidée par Erika.
Sa tête résonnait encore à cause du violent échos qui avait retentis dans l'ensemble que constituait l'ancien canon. Sans même s'en rendre compte elle se retrouva dehors, toujours maintenue par l'humaine, la lumière du jour l'agressa quelques secondes douloureuses. Jila ne comprit pas vraiment ce que l'humaine venait de lui dire, elle tenta de répondre de manière hasardeuse.
- Je vous suis...
Ses oreilles bourdonnaient, c'était comme si elle était enfermée dans un bocal. Suivant la femme, elle faillis trébucher plusieurs fois, rattrapée et aider par l'humaine. Cette situation était des plus déplorable, elle en avait conscience durant les quelques instants de répits que son cerveau voulait bien lui accorder. Le peu de lucidité qu'il lui restait servit à l'amener en vie et consciente dans l'enceinte d'un bâtiment dont elle ne mémorisa pas vraiment les détails. L'ensemble lui semblait assez délabré même si une douce odeur y régnait, un drôle de contraste entre le visuel et le reste de ses sens.
La chasseuse de prime retrouva un état plus stable quoi... une dizaine de minutes plus tard peut être ? Alors non, elle n'était pas remise des effets de la drogue, mais elle pouvait à nouveau ouvrir les yeux correctement, et voir où elle se trouvait, son crâne hurlait de douleur et ses membres étaient engourdis, mais elle était allongée, la position lui faisait un bien fou. Pourtant, le fait d'être dans un lieu inconnu avec une personne rencontrée il y a pas trois heures sur une planète dangereuse ne la rassurait pas encore assez. La drogue était un élément qu'elle n'avait jamais utilisée pour atteindre une cible, un de ses nombreux principes au sujet de la mort et de l'art de l'assassinat, intérieurement elle pestait.
Dans un effort douloureux, elle se redressa.
- Je crois que je vous dois des remerciements Erika. Ma tête me lance comme si un Krogan avait tenté de me tuer... Quoiqu'il aurait réussi.. Où sommes nous ?
Elle fut au côté de la Quarienne avant même que celle-ci ne soit totalement redressée.
-Ola, doucement, vous n’êtes pas encore en état de gambader.
Elle la repoussa doucement, mais cala de gros oreiller derrière elle afin qu’elle puisse rester en partie redressé.
-Nous sommes dans un hôtel, à presque un kilomètre du bar dans lequel nous nous trouvions. Je n’avais pas vraiment de lieu de secours, et vous aviez besoin de repos, j’ai du improviser. Tenez, buvez.
Elle lui tendit une boisson en capsule adaptée pour les combinaisons quarienne. Un mélange d’eau filtrée et d’herbe médicinale venue de Rannoch afin d’être le plus compatible possible avec leur système immunitaire. Ce genre de chose se répendait de plus en plus depuis que le peuple avait retrouvé son monde, facilitant son commerce et sa production. Mais sur un monde comme celui-ci, elle avait débourser de nombreux crédit pour s’assurer d’en obtenir un véritable flacon.
-Vous avez de la fièvre si j’en crois les capteurs de votre combinaison, même si je dois admettre ne pas être une experte. Je sais mieux le retirer que m’assurer de leur fonctionnement.
Erika pouffa à sa propre touche d’humour avant de s’installer sur le bout du lit. La chambre était petite, mais propre, et l’air était filtré. Elle s’était ainsi assurer de meilleures conditions pour la quarienne. Même si elle ne lui devait techniquement rien, elle lui avait promis de faire que leur rencontre se passe bien, et c’était sa façon de corriger l’intervention des mercenaires.
-J’ai l’impression que je n’étais pas la seule à attendre votre visite. Décidément, la situation de votre groupe est pour le moins remuante ces temps-ci. Je pense qu’il s’agit d’un anesthésiant pour Turien. Vous êtes plus résistante que les quariennes que j’ai pu rencontrer. La plupart serait dans les vapes pour au moins une journée entière.
Erika attrapa un tasse d’un thé fumant qu’elle s’était faites servir pendant l’heure qui s’était écoulée ici. D’une part car la chaleur lui faisait du bien, et d’autre part car elle serait plus à même de détecter une nouvelle tentative d’empoisonnement.
-Comme je vous l’ai dit, je ne suis pas une experte. Y a-t-il autre chose à faire pour vous soulager ? Je me suis permise de vous délester quelque peu pour faciliter votre respiration.
Erika indiqua d’un signe de tête le coté du lit près de Jila. Elle avait minutieusement déposé toutes les partie constituant l’armure de la quarienne mais n’étant pas une pièce utile à la combinaison de survie de celle-ci.
-Je viens de vous le dire, je suis très douée pour les démonter.
Elle leva sa tasse comme pour trinquer avec une personne invisible et décocha un clin d’œil à la Quarienne.
Mar 13 Déc 2016, 02:14
