2165 - 2182

La douleur, les cris et les larmes, l'éclat éblouissant des néons, la froideur inhospitalière et l’atmosphère aseptique de la chambre d'accouchement du Nekesh furent les désagréables premières impressions du petit Yisin âgée de quelques minutes. Sa mère, allait attraper suite à cette accouchement une infection dont elle ne se remettrait jamais vraiment, affaiblissant son système respiratoire pour les dix années à venir, date où elle trouvera la délivrance de son affliction par la mort. Le petit quarien venait en quelque sorte de prendre la vie de sa génitrice pour avoir une place en ce monde et cela, son père ne l'oubliera jamais vraiment.

Le Nekesh était le plus petit des vaisseaux agricole de la Flottille, le plus insalubre aussi après des siècles d'un pénible exode spatial. Le clan Shagas vivait dans un compartiment des niveaux inférieurs, une grande salle de dix mètres sur vingt... que se partageait quatre famille quarienne. Sa mère était ouvrière agricole, son, père simple machiniste. La vie était dur pour le couple, dur et ingrate, mais le peuple quarien pouvait au moins compter sur la solidarité de leur race.

A la mort de sa mère, Yisin du travailler en plus d'étudier, d'abord en tant que simple cueilleur sur les plates formes de récolte dans les immense serres à étages du vaisseau agricole, puis dans l'entretien des automatons jardiniers et des installations hydroponiques. Le travail était harassant et son père n'arrivait guère à cacher son mépris qu'il éprouvait depuis la mort de sa bien aimée, ce fils au fond il ne l'avait pas voulu... mais le conseil du vaisseau avait décidé à cette époque là d’encourager les naissance pour pallier au déficit de population suite à épidémie, il n'avait pas le choix et comme tout bon quarien il savait prendre les décisions qu'il fallait pour la pérennité de sa race... et pourtant là, devenu amer, celui ci se surprenait à regretter.

Son père lui semblait aussi absent que sa mère défunte. Yisin commença à tomber dans de menu larcin, vol de nourriture principalement, non qu'il n'en avait réellement besoin, mais la sensation du risque mordant dans ses tripes le faisait sortir un moment de son quotidien fatiguant et o combien répétitif. Dans sa jeunesse il prit même quelques traces de Sanaa un anabolisant circulant dans les milieux ouvriers de la Flotte, effaçant le sentiment de fatigue, rendant plus productif, mais ne le fit que rarement, essentiellement du fait de la grande rareté d'un tel produit les quariens étant un peuple réservé quant à l'usage de drogues, plus portés sur l'augmentation par implants.

Son père s'éteignit alors que Yisin avait 15 ans, mort d'une chute, mort stupide, en réalité suicide probable il s'en doutait.
Il ne lui resta que pour seul famille son Oncle, Razaë'Shagas vas Nekesh, Marine quarien haut gradé qui prit en charge le gamin. Ce dernier se montra désobéissant, des plus insultant les premiers mois. Il avait perdu ses parents et ce par sa seul faute il en était sur, plus rien ne semblait compter. Son comportement lui valu plusieurs récriminations, parfois des plus violentes. Il fugua (mais pour aller où ?), il augmenta sa prise de Sanaa, tomba même une fois sur un fix de sable rouge (basé pour une ingestion quarienne) pour laquelle il avait dépensé le peu qu'il avait.

Razaë fut la dose d'autorité qui lui manquait, le temps du deuil était passé et sa pseudo rébellion devait passer : il arrive un moment où un homme doit savoir se débarrasser de ce qu'il aime avant que cela ne devienne une faiblesse, son oncle appliqua une éducation quasi militaire, aiguillant son neveu vers une futur carrière martiale comme lui. Yisin présenta d’excellente aptitudes de technicien et de pilote, mais hélas il ne serait jamais soldat, son comportement séditieux ne le mènera qu'à la trahison pensait son oncle désespéré...

2182-2184

En début de cette année 2182 vint l'inévitable pour un quarien de son age : le départ pour le Pèlerinage. Départ attendu avec impatience durant son adolescence rebelle, redoutée désormais. Il laissait là des amis, rares mais sur qui il comptait vraiment, et surtout son Oncle quasi adulé par le jeune Yisin, son oncle ce Marine d'élite, infatigable, inébranlable : sacrifice, honneur et dévouement total pour le bien de la Flotte incarnés. Quant Yisin regardait son oncle Razae il voyait là le quarien idéal... l'homme qu'il ne sera jamais mais qu'il essayera d’être par tout les moyens.

Yisin parti bien décidé à revenir au plus vite quel qu'en soit le prix. Un quarien lui avait donné une adresse, une compagnie d'exploitation minière butarienne (futur "Aya'Khlor Extraction" mais en ce temps là bien moins scrupuleuse) qui utilisait à son avantage les "pélerins" quariens, leur qualité de technicien et de pilote et leur total méconnaissance du monde extérieur en faisait une main d'oeuvre malléable facilement exploitable et très performante.
Yisin y travailla toute l'année durant, asphyxié par une charge de travail colossal, jamais plus d'une dizaine d'heures de répit par semaine : soit il travaillait en tant que mineur sur des astéroïdes ferreux, soit il était "sur les routes" pilotant un vaisseau cargo plus que centenaire. Travaillant chaque heure de chaque jour de chaque mois, des taches dangereuses, des supérieurs tyranniques, mais il tint bon. Cette année de labeur finie, ses anciens maîtres lui laissèrent pour paye... le misérable vaisseau minier qu'il avait piloté tout ce temps, mais le quarien ne refusa évidement pas (et eux le savaient pertinemment, cette exploitation des pélerins quariens était plus rentable que d'utiliser des esclaves !)... Alors il repartit en direction de la Flottille.

Le refus de la dote de Yisin par le capitaine du Nekesh fut un véritable coup de poignard dans le dos. Mais peut être était ce du au surpeuplement du vaisseau ? Le capitaine avait ses raisons, et peut être qu'en se proposant sur un autre navire Yisin serait accepté... mais il s'abstint : c'était sur le Nekesh qu'il voulait embarqué et sur aucun autre.
Accablé et amer, mais pourtant fort d'une hardeur renouvelé Yisin s'éloigna de la flotte, bien décidé à ramener un vaisseau d'une plus grande valeur. Perdu dans l'immensité de cette espace Yisin ne connaissait qu'une façon de gagner de l'argent... prenant sur lui, ravalant ses souvenirs du calvaire passé, il se décida à repartir travailler pour l'entreprise butarienne.

Cette seconde année fut encore plus difficile, oui il avait son propre vaisseau mais son moral semblait se morceler jours à après jours, la tache pénible, le but incertain. Pourquoi n'avaient ils pas accepter son retour ? Son Oncle ne pouvait il pas faire pression pour l'aider ?
Encore une année de travail incessant, une année solitaire et triste. Yisin trouva bien une combine pour ramener plus de minerais, grugeant quelques kilos à chaque cargaison en rajoutant les minerais ferreux pauvres que jusque là il enlevait scrupuleusement, mais pour se faire une place ici il fallait se débarrasser de ses scrupules, après tout en travaillant pour cette compagnie butarienne il rencontrait de tout,d es mercenaires et même parfois des esclavagistes, une race brutale, pauvre et marginalisée.
Yisin vendit son vieux cargo, en racheta un plus performant et repartit pour la Flottille.

Un nouveau refus, catégorique.
Yisin était anéanti. C'était absurde.
Sa faiblesse fut d'avoir la curiosité d'apprendre ce qu'il n'aurait voulu connaitre. Il reprit contact avec ses amis là bas un quart de parsec d'un vide glacial plus loin dans la chaleur réconfortante de ce vaisseau agricole. Et il sut.
"La Loyauté, la Confiance et la Solidarité, Yisin, voilà le plus important pour notre race" lui dit son oncle... "Malhonnête et égoïste, voilà ce que tu es" cracha-t-il lui qui avait gardé en mémoire l'image d'un jeune quarien indiscipliné, voleur, "drogué". "Tu représentes un danger pour la flotte. Si je n'avais pas fait pression, il y a de cela deux ans, nous t'aurions laissé avec les autres criminels de la flotte sur le prochain système.
Je n'accepterais pas ton retour, je ferais tout mon possible pour que tu ne revienne pas".

Trahis par la personne en laquelle il avait le plus de respect.

2184-2187

Seul, trahis, las mais pas brisé. Yisin n'était pas passé à l'age adulte selon les rites de sa race de pauvre bohémien de l'espace soit, alors il restera ce qu'il a été.
Il vécu de combines et d'arnaques, il avait un vaisseau et connaissait une seule chose : le business minier. Il fit passer du simple Tentale pour du Platinum, principalement une combine facile à mettre en place et menteur comme il était, facile de faire passer l'illusion face à de stupides acheteurs butariens et humains.
Il vivait dans son vaisseau et grâce à lui.

Son association avec un chef de gang butarrien réputé pour son ultra violence fut le début de sa fortune, se fut difficile d'attirer l'attention sur lui d'abord, de faire prendre au sérieux son offre ensuite, mais Yisin à défaut d’être comme l'un de ces gros durs était un grand baratineur. L'association se fit pour une arnaque de son cru : à quoi bon s'attaquer à des cargos minier de plus en plus protégés quant on peu les faire venir à nous sans problèmes ? Yisin connaissait les codes et les fonctionnement du trafic spatial de ces cargo : il suffisait juste de se faire passer pour un vaisseau minier à la cargaison pleine et précieuse au bon endroit et demander de l'aide, les différentes compagnies minière à défaut d'entretenir une concurrence exacerbée au sol faisaient preuve d'une certaine solidarité dans l'espace : rien n'était pire que de tomber aux mains de pirates butariens... tu m'étonnes.

Le plan fonctionna excellemment, d'autres combines furent misent en place. Tosh Dayak le chef de gang butarien jouissait d'une très grande renommée, sa réputation sanguinaire n'avait d'égal que la taille de son réseau : des contact au sein même de l'Hégémonie bien évidement, mais aussi surprenant que cela puisse paraître au seins même de certaines organisations terriennes, pour un criminel le profit était sans comparaison avec la race de ses partenaires.



Puis vint l'Invasion Moissonneurs. Faste période de profits pour les associés Yisin et Tosh Dayak.

D'un coté il y avait le système butarien, anéantit, dans le chaos le plus total, ses défenses étaient perdues, sa flotte éliminée... et plusieurs centaines de milliers de réfugiés, de survivants, prêt à tout pour quitter leur système condamné, dans de véritables boat-people spatiaux s'il le fallait.

De l'autre coté nous avions un humain avide de pouvoir... mais pour le pouvoir il faut l'argent, et quoi de mieux qu'une période de trouble généralisé pour ce faire un max de crédits ? Le politicard Thomas Dole se trouvait dans les petits papiers de Tosh Bayak, celui ci contacta donc les associés pour une affaire aussi juteuse qu'inhumaine.
Mr Dole fournit aux truands des vaisseaux endommagés lors de la guerre. Des navires turiens et humains, asaris et butariens, krogans et galariens. Les ateliers de réparations débordaient de travail et de navires à retaper d'urgence. Une dizaine de ces épaves "disparaissant" des registres de temps en temps ne se verrait pas. Il n'y avait plus qu'à les envoyer à Tosh et Yisin... Car là bas dans les système Terminus c'était des centaines de milliers de réfugiés qui n'attendaient qu'un navire pour les secourir, des réfugiés chargés de crédits...

La place dans un de ces "bouée de sauvetage" était exorbitante, les humains des colonies terminus avaient plus de ressources que les butariens pourtant les prix ne variaient pas. Ces réfugiés étaient prêt à tout pour rassembler la somme nécessaire pour embarquer dans ces épaves... ils étaient terrorisés, la menace était chaque jours plus pressante.
Ces épaves réparées au minimum n'arrivaient à destination qu'une fois sur dix, le manque d'oxygène, de nourriture, défaut moteur, du bouclier... ces vaisseaux n'étaient pas prévu pour les amener à destinations, seulement à enrichir certaines personnes.
La demande était toujours plus croissante, les crédits pleuvaient... le seul frein à l'entreprise fut le manque d'épaves à fournir, non qu'il n'y en avait pas assez, mais cacher la disparition d'un trop grand nombre de celle ci dans les paperasses semblait un danger pour Thomas Dole.
Tosh, pirate dans l’âme se permit par moment d'attaquer les vaisseaux de réfugiés conciliens, réduisant en esclavage les hommes femmes et enfants présents à bord.

Tout était parfait... jusqu'à ce que la Guerre touche à sa fin.

2187-2200

Les treize années suivantes furent riches en trafics en tout genre pour les deux criminels. Drogues, armes, vaisseaux. Pirateries et esclavagisme furent abandonnés rapidement, les diverses races de cette galaxie se réorganisaient déjà.
Yisin tomba pour deux ans de prison dans l'Hégémonie Butariene en 2192 pour vente présumée et possession de drogue, heureusement pour lui la Nouvelle Hégémonie se trouvait être bien plus "réglo" que précédemment, la prison fut une vraie promenade de santé une bonne occasion de nouer de nouveaux contacts.
Tosh et Yisin reprirent rapidement contact avec Thomas Dole, toujours plus influent le politicard énervé terran était un bon cheval sur lequel miser. Des jobs d'intimidation principalement, du trafic d'influence, du chantage en tout genre, bref du travail de petits bras que Yisin appréciait particulièrement.

Il y eut ce flic asaris de la brigade anti corruption du SSC en 2197 qui posa de gros problèmes. Dole avaient chargés ses désormais hommes de mains attitrés de faire pression par tout les moyen sur lui. Tosh choisit l'intimidation direct, erreur fatal... pour le flic. L'asaris était mort sous les coups du butarien et cela allait poser problème. Thomas coupa tout contact avec eux, prévenant juste qu'une enquête était lancée, Tosh et Yisin prirent leur distance alors, direction les biens connus systèmes Terminus.

Le quarien ne fit pas de vague, continuant à gérer son petit trafic de sable rouge, retapant son vaisseau à ses heures perdus, voyageant de ci de là. Tosh dérapa, une erreur de mec au sang chaud, il avait baisé la fille du mauvais butarien : un chef mercenaire d'Oméga qui ne tarda pas à botter le cul de Tosh et l'envoyer dans un de ces vaisseaux prisons.


Yisin se trouve actuellement dans l'Abysse de Némée, sur la station Carthagène.

Yisin est un quarien d'une aberrante normalité, poids taille et couleur de peau tout ce qu'il y a de commun. Ses cheveux mi-long lui arrive jusqu'au haut du cou, les traits de son visage son fin, délicat et gracieux comme tout les visages de ceux de sa race.

Son armure moyenne est d'un bleu coblat éclatant et d'un azur mat aux bordure grise simple, éraflée en de nombreux endroits mais toujours aussi solide Yisin en prend grand soins.

C'est un être assez vif et agile que l'on pourrait croire presque anxieux tellement il a pour tic de balader ses doigts fin sur les objets en tout genre, à bidouiller les choses inédites. Très expressif du faciès, son visage semble capable d'afficher une centaine de moues différentes bien que personne évidement ne le remarque à travers son masque.

Trois mots suffisent à le caractériser : Impulsif, Pragmatique et Éloquent.

Pragmatique de part sa vision des choses de la vie, souvent sombre, son mysticisme inexistant, son besoin de voir les résultats rapidement, d'avoir du concret. La vie l'a déjà part trop malmenée pour qu'il ne rêve de lendemain radieux, mais bien loin de lui l'idée de se morfondre dans un soit disant martyr si il y a bien une chose qu'il n'est pas c'est une victime, un faiblard fragile qui ne peut voir les choses en face ou supporter les conséquence de ses actes. Le bien et le mal d'ailleurs ne sont que bien trop abstrait dans son esprit que ces concepts n'ont au final bien peu d’intérêt.

Éloquent, car s'il y a bien une chose qu'il apprécie c'est de parler. Parler et écouter. Tout le monde a une expérience à donner, une vision des choses, un point de vue propre à cet individu, Yisin se voit tel une amphore se remplissant des savoirs des autres. Il n'est pas de se genre de personne psychorigide loin de là.

Impulsif car oui sa vie de scélérat aura laissé tout un tas de séquelle, notamment une paranoïa prononcée, pense-t-il. Mais en vérité ce trait de caractère fait partit de lui depuis les tout début de son existence. Il aime à tester de nouvelle chose, expérimenter de nouvelles sensations, faire ce dont il a envie de faire. Souvent l'on peu se demander : qu'est ce que ça fait de tuer un autre être ? de vivre une vie de malfrat, au jour le jour ? La prison ? La drogue ? La violence des système Terminus ? Lui le sait. Si il y a bien une chose qui le fait fuir c'est la vision d'un avenir paisible dans une colonie sans histoire avec femme et enfants.