« Le client désire connaître le nom d'un scientifique se cachant sur Omega. Je l'ai redirigé vers vous, monsieur Aelos. » « Une raison particulière pour cette décision ? Un quelconque lien avec notre quête ? » « Le futur nous le dira. En attendant, dirigez-vous vers Omega et retrouvez-y le client. Attention, il s'agit d'un Spectre. Vous trouverez les détails de la mission dans le message que vous recevrez bientôt. Courtier, terminé. »
Omega, secteur Gozu
Omega... Cela faisait bien des années que je n'étais pas retourné sur cette station. Elle n'avait pas changé du tout en cinq années. Toujours aussi sombre, toujours aussi sale, toujours régie par la loi du plus fort. Le monde impitoyable qu'elle hébergeait n'était pas fait pour les faibles. Seuls ceux sachant s'affirmer survivaient. Ici, c'était quitte ou double. Il n'y avait aucune pitié, pas de seconde chance. Il fallait s'affilier aux gangs qui la contrôlaient pour espérer s'en tirer à bon compte et ne pas se mettre à dos sa maîtresse. En effet, Aria T'Loak était encore et toujours la reine incontestée de la station. Elle avait sous sa botte les Berserkers, Eclipse et les Soleils Bleus, de puissant groupes de mercenaires se partageant Omega et se battant constamment pour plus de territoire, mais non pas de pouvoir, l'Asari ayant le contrôle absolu des lieux. Depuis certains conflits ayant eu lieu de sur la station, une sorte de police avait été mise en place par la reine pirate : les Ravageurs. Un gang puissant et sanguinaire exerçant impartialement la parole d'Aria. Ils étaient le réel danger ici, surtout dans les alentours de l'Afterlife, surveillant jour et nuit le secteur Gozu, protégeant leur maîtresse. Heureusement pour moi, le Courtier de l'Ombre avait réussi à obtenir des accords avec la célèbre Matriarche, et donc, indirectement, les Ravageurs eux-mêmes. Cela me permettait de me déplacer librement à travers la station, sans avoir à me soucier des soldats d'Aria. En revanche, les autres gangs restaient un danger et il fallait s'en méfier.
Travailler pour le Courtier de l'Ombre offrait l'opportunité d'avoir accès non-seulement accès à son réseau d'informations, mais également à une variété de moyens non-négligeable, bien qu'accessible qu'à certains agents, dont je faisais partie. Ainsi, je disposais d'un appartement relativement confortable pour la station, donnant vue sur l'Afterlife. J'étais ainsi au cœur d'Omega et étais garanti d'avoir la paix pour accomplir la mission. C'était une aubaine, sachant que, trop souvent, lorsque je travaillais encore pour les Serres, les conflits extérieurs troublaient mes opérations. Je me doutai bien qu'avoir cette habitation était superflu, allant rapidement tirer les vers du nez du scientifique que cherchait la Spectre, mais on n'était jamais trop sûr. Cette dernière était d'ailleurs une Asari. J'avais étudié son profil grâce au réseau de Courtier de l'Ombre. Née d'un illustre clan de guerrières il y a un demi-millénaire, elle était un adversaire redoutable, aux puissants pouvoirs biotiques. Elle avait eu une sœur jumelle, mais celle-ci avait péri lors de l'une de ses missions, lorsqu'elle était phase de test pour le rang de Spectre. Cette période de sa vie était d'ailleurs très trouble et étrangement dénuée de détails, ce qui rendait le récit confus, même pour quelqu'un ayant accès à autant d'informations qu'un agent du Courtier. Son nom était S'aya Nimili, simple à retenir car court, et je devais la rencontrer dans quelques minutes près du parking de l'Afterlife, pour discuter des termes du contrat.
Je quittai donc l'appartement, ayant remis mon armure Nightmare et préparé mes armes. Les améliorations de dernière minute que j'avais apportée à mon augmentation cybernétiques fonctionnaient à merveille et allaient m'être très utiles suivant le tournant que prendrait la mission. Comme l'avait dit le Courtier de l'Ombre : l'avenir nous le dira. J'étais d'ailleurs très curieux de ce que cherchait cette dénommée S'aya. Il fallait que cela soit un minimum important pour que cela intéresse un Spectre. Une collecte d'information allait donc devoir être nécessaire pour enrichir encore un peu plus le Réseau. Arrivé au point de rendez-vous, j'attendis. Le maître courtier avait redirigé l'Asari vers ma personne, elle savait donc à qui elle allait avoir affaire - donc un Drell.
Omega... Cela faisait bien des années qu’elle n'était pas retournée sur cette station. Depuis l’affaire du bombardement on pouvait dire qu’Aria, la maîtresse incontestée de la station, n’avait pas chômé. Elle avait fait en quelques années de ce lieu de débauche infâme un…… lieu de débauche infâme névralgique pour toutes tentatives commerciales dans les systèmes Terminus. Bien sûr les gangs étaient toujours présent et particulièrement actif, mais là où ils se déplaçaient avant comme des rois, ils étaient à présent de la vermine peu discernable de la masse. La mise en place des ravageurs avait eu du bon, il y avait bien entendu des abus, mais il fallait admettre qu’une force locale officielle avait donné à la station un semblant de cohérence et de sécurité. Aria visait l’expansion, et elle était suffisamment patiente et intelligente pour y arriver. On voyait déjà partout les traces de ce lent revirement, plus d’échoppe, plus de diversité, plus d’habitant, plus de docks. D’ici quelques années peut être un petit siècle au pire, les trois sœurs resplendiraient autant les unes que les autres.
S’aya observait tranquillement le passage de la foule au travers de l’écran de la lunette de son fusil, le drell qu’elle allait surement bientôt rencontrer se tenait à présent au milieu du parking, le point de rendez-vous décidé à l’avance avec le Courtier de l’ombre. Elle n’aimait pas particulièrement l’idée de travailler avec cette puissance anonyme, trop secrète et trop inaccessible à son goût. Le Courtier faisait bien son travail, mais contrairement à son prédécesseur il semblait suivre des intérêts plus…. Personnel, même si le mot n’était pas tout à fait juste. Son agent était assez proche de ce qu’elle avait pu imaginer, un parfait mélange entre assurance abusive et fausse faiblesse. Il marchait avec nonchalance comme pour simuler une faiblesse ou une fatigue physique, mais son regard aiguisé et les armes qu’il portait si aisément indiquaient clairement le danger qu’il représentait. Elle devrait faire particulièrement attention à partir de maintenant, elle avait encore l’avantage du secret, mais l’agent du Courtier fouinerait pour comprendre, c’était son métier, et vu son commanditaire il devait effectuer son travail avec zèle. Pas que l’idée de partager sa trouvaille avec une personne ayant de telle ressources à disposition la dérange, mais elle voulait que ce soit à ses conditions, et avec un peu de chances, à son avantage. De plus, le drell ne serait pas le seul danger.
Elle balaya encore une fois le dossier holographique des yeux. Madyson dit « Mad » Marshall, dernière-née d’une famille de militaire. Là où certain nom se démarquait par les nombreux actes de bravoure qui le suivaient, celui de Marshall faisait partie de ceux qui accumulaient la plus longue liste de plaintes et d’abus de pourvoir depuis la naissance de l’Alliance. Des trouffions pour la plupart, sans intérêt ni potentiel, juste une bande de bon à rien, souvent ivrogne et truand dans le privé, avec pour seul point commun le sang et le nom qu’ils partageaient. Mad dont le caractère était somme toute assez proche de celui de sa lignée, avait eu la chance de devenir une biotique dans des circonstances assez peu claires, ce qui était courant au sein de l’Alliance. Ces capacités lui avaient ouvert des portes, et le potentiel insoupçonné de la fillette au vu de sa filiation fit le reste. Elle était à présent N7, avec pas mal de casseroles dans son dossier, mais jamais suffisamment pour être virer au vu de l’avantage stratégique qu’elle était. Elle était opportuniste, rebelle, et dangereuse. Elle avait plus tout de suite à S’aya, qui avait décidé d’utilisé cette bombe à retardement à son avantage. Elle avait longuement vécu sur Oméga entre deux voyages militaires avec son père, et y revenait plutôt régulièrement lors de ses permissions, pour des « vacances ». S’aya soupçonnait des activités moins nobles, mais n’en avait cure. A vrai dire cela l’arrangeait même, elle l’avait choisi car elle pouvait faire ce que ni elle ni l’agent du Courtier ne pourrait faire, se déplacer ici comme chez elle. De nombreuses portes pourraient s’ouvrir à eux grâce à sa présence. Et elle ne craindrait pas de se salir les mains quand le moment viendrait. Tout comme elle pourrait les abattre froidement si elle y trouvait son intérêt.
Il n’avait pas été difficile de se la voir confié, l’Alliance avait espérait dans cette demande une possible nouvelle nomination pour un spectre humain. Elle n’avait rien fait pour les contre dire, les moutons avançaient plus vite si ils pensaient arriver dans une pâture luxuriante. Elle se demanda un instant si elle ne devrait pas abattre l’agent du Courtier sur le champ et se débrouiller sans lui, mais si Mad serait un parfait limier, c’était lui qui pouvait donner la piste. Elle savait qui cherchait et pourquoi, mais sa cible était cachée, et ses derniers contacts étaient sur cette station trop grande et trop complexe à fouiller seule.
Elle lâcha son fusil à regret, enfila un long manteau pour dissimuler son armure et ses armes, et descendit de l’immeuble qui lui servait de point d’observation. Elle s’arrêta à une étale acheté un fruit qu’on ne trouvait que dans les terminus, et qui avait la déesse sait comment, des vertus légèrement euphorisante, comme un bon verre d’alcool fort mais sans la perte malheureuse de réflexe. Elle le grignota tranquillement alors qu’elle s’avançait vers le Drell. Elle ne connaissait pas son nom, se renseigner sur le nom d’un agent du courtier, en dehors d’un cas d’urgence, était à la fois inutile et dangereux. Elle le salua d’un signe léger de la main alors qu’elle s’approchait.
-Je suppose que je n’ai pas besoin de me présenter. Mais puis-je avoir un nom par lequel vous appeler ?
Elle s’appuya contre une des navettes garée là en mangeant son fruit.
-Nous attendons une dernière invitée et nous pourrons y aller.
Une petit surprise pour le Drell qui devrait prendre en compte une autre présence que la sienne, et donc plus d’inconnu. Ce n’était pas bien grave, mais ça lui permettait de complexifier la situation. Personne n’était au courant à part elle de la présence de Mad, pas même le conseil, et l’Alliance n’avait aucune idée ni aucune trace de la mission qu’elle effectuait pour elle. Même son propre nom n’apparaissait pas dans le dossier de transfert temporaire. Bref, une surprise pour le courtier, et un earme à double tranchant pour elle et le drell.
Dernière édition par S'aya Nimili le Lun 28 Juil 2014, 19:25, édité 1 fois
Installée au volant de sa skycar X3M métallisée qu'elle avait pu louer pour une bouchée de pain, posée là parmi quelques autres véhicules alignée non loin du bar, Mad était plongée dans l'obscurité, à parcourir du bout des doigts le datapad luminescent qu'elle retenait entre ses mains. Jambes croisées. Silencieuse. Calme. Juste une silhouette sculpturale se dessinant timidement dans l'étroit habitacle de son véhicule, de par la forme rebondie de ses plates longeant ses lignes, tout en courbes et non sans charme, reflétant les néons bleutés, ou rougeoyant, parfois violacés, des murailles encadrant le parking de l'Afterlife. Ornements protecteurs banalisés d'ailleurs, car Mad était aujourd'hui elle-même : sans la moindre allusion à la désignation N7 ou gratifiée d'un quelconque logo de l'Alliance. Ce n'était plus qu'un vulgaire porte-flingue, ténébreuse, aussi froide, affutée et méthodique que le black mamba.
Cela faisait un moment que l'animale était ainsi confortablement assise dans le fond de son siège, ses yeux d'ambre clair roulant en direction d'un Drell s'étant approché de son véhicule ; était-ce celui dont avait parlé S'aya ? Peut-être que oui, peut-être que non ; quoique les Drell n'étaient pas légion, ce devait être lui mais il était inutile de gamberger sur la question de toute façon. Le Drell ne savait rien. Mad ne savait rien. Ils ne savaient rien. Juste une chose : c'était Saya Nimili qui menait la danse. Et Mad crachait très volontier sur l'Alliance pour l'avoir soumise premièrement à de telles inconnues, et deuxièmement de l'avoir impliquée dans une histoire qui visiblement sentait le souffre à plein nez, un casse-tête en perspective, type politico-ethnico-capilotracté susceptible de refiler la méningite à un krogan lambda.
Quoiqu'il en soit, superficiellement car c'est tout ce qu'elle pouvait en penser actuellement, le Lieutenant Marshall conclu qu'elle n'appréciait pas particulièrement les Drells et les Asaris. Méfiante, quand les premiers, les Drells, s'étaient entre-déchirés sur Rakhana alors que leur peuple risquait l'extinction - ils l'avaient bien cherchés pouvait-on entendre parfois dans sa bouche - lui suggérant que ces valeurs dont ils héritèrent alors ne valaient certainement pas mieux que les siennes. Puis dubitative, quand les deuxièmes, les Asaris, se montraient si suffisantes, de cette arrogance qu'on les êtres qui se pensaient supérieurs, civilisés, progressistes, rien que cela, mais qui validaient sans peine et tout aussi cyniquement l'esclavage sexuel et le servage...
Critique aisée ? Mad - ce modèle d'honnêteté, sans doute - rétorquerait que ce ne sont que des observations à l'échelle civilisationnelle, il était évident qu'avant d'écraser leurs petits corps brisés sous ses semelles, si leur comportement lui persuadait de le faire, attendait de pouvoir échanger quelques paroles avec ses contacts pour s'en faire une idée de façon plus individuelle et de plus... mmh... Intime.
« -Je suppose que je n’ai pas besoin de me présenter. Mais puis-je avoir un nom par lequel vous appeler ? »
A portée de voix, Mad était donc dans le coin, jettant un regard pour S'aya, puis en direction du Drell jusque là anonyme. Depuis son véhicule donc, cette même navette où venait de s'appuyer l'Asari, profitant des vitres fumées de l'appareil pour s'y dissimuler, ayant gardé un œil sur chacune des allées et venues circulant sur le parking de l'Afterlife jusqu'à cet instant fatidique où le Drell et le Spectre convergeaient au point de rendez-vous.
« - Nous attendons une dernière invitée et nous pourrons y aller. »
A ces mots, Mad fit glisser son datapad dans sa boîte à gants afin de pouvoir l'y ranger soigneusement. Suivant le geste, elle déverrouilla son véhicule sans se soucier de l'effet de surprise que cela pourrait engendrer, ses clapets cliquetant comme pour annoncer qu'âme y vivait bel et bien, puis actionna le système d'ouverture de sa skycar ; son toit et ses portes s'ouvrant pour alors enfin exposer la jeune femme à leur regard.
« - Montez, nous serons plus à l'aise pour discuter sur la route que sur le parking de T'Loak. Ces murs ont des oreilles. »
En arrivant dans le parking, je sentis la très légère, mais bien présente, senteur d'un Humain. Ou une Humaine, peu importait. N'en voyant personne, j'en conclus que le concerné se cachait dans un des quelques véhicules garés autours de moi. Me surveillait-on ? Si c'était le cas, alors ce devait être l'œuvre du Spectre, ce qui indiquerait qu'elle ne me faisait absolument pas confiance et qu'elle était prête à m'abattre si le besoin s'en faisait sentir. C'était à la hauteur de sa réputation. Et en temps que représentante du Conseil, elle se devait de se méfier des instances illégales comme le Réseau du Courtier de l'Ombre. Tout cela était logique et je n'en attendais pas moins de sa part. Nous allions nous amuser, j'en étais certain. En revanche, je devais tout de même rester prudent. Si l'Asari estimait que je représente un danger, elle ferait en sorte que je n'en sois plus un. Cela n'aurait pas été un problème si elle avait été seule. Or, elle avait de toute évidence ramené quelqu'un avec elle, une personne qui m'observait en ce moment même. Un Humain, à priori. Cela me fit grogner un peu ; il n'y avait rien de plus imprévisible et destructeur qu'eux. La prudence était de mise.
Je vis finalement une Asari en armure s'approcher et me faire un signe de la main. De l'autre, elle tenait un de ses fruits euphorisants. J'espérai qu'elle fût prête à la retombée. Toutes choses ayant des effets positifs, avaient des contre-effets négatifs. Mais elle savait très probablement ce qu'elle faisait. Elle n'était pas Spectre pour rien. Elle me salua et demanda un nom par lequel m'appeler. « Appelez-moi Krelek », répondis-je simplement, car S'aya Nimili reprit la parole pour m'indiquer qu'une autre personne allait se joindre à nous. J'avais donc visé juste et c'est sans surprise que je vis la porte d'une voiture proche de nous s'ouvrir, dévoilant une humaine en armure nous invitant à la rejoindre pour parler plus discrètement. La lentille d'identification que je portai à l'œil droit se mit tout de suite au travail et analysa le visage de la nouvelle venue. Madyson Marshall, dite "Mad", une N7. C'était intéressant, l'Asari ne s'entourait pas de n'importe qui. La présence d'un soldat de l'Alliance sur Omega pouvait être prise comme un acte de guerre, mais étant donné qu'elle ne portait pas son armure de service, elle déjouait les règles de l'armée avec brio. Mais quoi qu'il en fût, il était hors de question d'entrer dans sa voiture, et pour de multiple raisons. La première étant que le véhicule n'était absolument pas adapté ce qui nous attendait par la suite.
- Les seules oreilles qui nous sont susceptibles de nous écouter sont les mêmes qui pourront nous écouter dans votre véhicule, expliquai-je, laissant fortement entendre que rien n'échappe au Courtier de l'Ombre s'il le désirait. De plus, à moins de vouloir nous faire exploser en plein vol, il vaut mieux utiliser mon propre véhicule.
Je me dirigeai donc vers le fond du parking et, utilisant mon Omni-tech, ouvrit la porte d'un garage, nous donnant accès à une Aéronef. L'engin, lourdement armé et bien protégé par de puissants bouclier allait être notre billet d'entrée pour retrouver le scientifique que cherchait S'aya Nimili. Je la déverrouillai et entrai dedans, invitant les deux femmes à m'y rejoindre. « Venez, ce n'est pas un piège, le Courtier de l'Ombre ne gagnerait rien à vous faire mourir », annonçai-je pour effacer les potentielles suspicions de mes "collègues". Je savais qu'aucune d'entre elles ne me faisait confiance, tout comme je n'avais pas confiance en elles. Mais il était temps de mettre nos différents de côté et s'accorder un minimum de foi. Le maître courtier était le genre de personne à tenir sa parole. Or, ma mission était d'amener le Spectre au scientifique qu'elle cherchait et l'aider en son entreprise. Elle avait payé pour, il était donc temps que nous remplissions notre part du marché, chose que nous faisions de toute manière. Le marchand d'information avait une réputation, et il fallait l'entretenir. Poignarder ses clients dans le dos était tout sauf ce dont il avait besoin. Et peut-être même le Courtier pouvait-il tirer avantage à compter un Spectre parmi ses alliés et clients ! Alors autant faire en sorte que les choses se passent bien. Pour finalement convaincre les deux femmes, j'ajoutai encore :
- Nous allons devoir attaquer un hangar très bien gardé. Alors à moins que votre voiture ait des canons cachés, je pense qu'il vaut mieux utiliser cette Aéronef. Et si ce n'est que ça, je peux laisser votre amie N7 conduire. Je vous laisserai me poser toutes les questions que vous voulez avant de vous donner l'emplacement de notre destination. Deal ?
S’aya ne put s’empêcher de sourire quand le drell, Krelek comme il avait dit, refusa plus ou moins poliment l’invitation de la troisième venue, insinuant que son patron pouvait de toute façon les entendre où qu’ils soient. Elle savait tout à fait que cette affirmation était très nuançable, le Courtier avait de nombreux agents, et surement des micros dans la plupart des hauts lieux de discussion. Mais en tant que spectre elle avait plusieurs fois eu pour mission de berner les agents du Courtier et ses semblables, il était parfaitement possible de cacher ou de mentir au Courtier de l’ombre à conditions de vouloirs faire un effort. La présence de Mad en était un exemple simple mais flagrant.
Cette dernière avait d’ailleurs bien fait son entrée, elle-même ne l’avait pas perçu mais ne fut pas surprise pour autant, Mad était une tête brulée mais ne manquait pas d’intelligence, qu’elle soit ici pour reconnaître les lieux à leur insu n’avait rien de surprenant. Elle suivit le drell alors qu’il s’avançait vers la porte d’un garage privé qu’il ouvrit. S’aya se demanda si le Drell avait un aéronef sur chaque monde ou s’il l’avait obtenu juste pour elle, ce qui lui semblait assez disproportionné au vu de l’information qu’elle avait demandé. Apparemment le Courtier s’intéressait suffisamment à sa mission pour participer activement sa réussite. Décidément il semblait participé de plus en plus activement à l’échiquier galactique, allez t’il brisé la règle de l’information et la paye avant tout ?
En tout cas elle embarqua en éludant la remarque du Drell, s’il avait pour mission de l’éliminer au bout de la route il n’allait de toute façon pas lui dire, mais elle appréciait l’effort de conversation qu’il faisait. De toute façon elle était venue pour remplir son objectif, elle n’avait rien d’autre à faire de mieux que monter à bord. Elle regarda par-dessus son épaule pour voir si Mad suivait le mouvement. La mission avait de grandes chances de mal tournée, mais au moins avait-elle des gens avec un bon potentiel avec elle, sauf si bien sûr ils s’entretuaient.
-Si elle veut piloter elle peut, je dois admettre que je n’en ai cure, mais le mieux serait peut-être de lui demander directement.
Elle balaya le drell du regard se demandant où se cachait son engin d’identification. Elle n’avait pas relevé, mais Krelek avait directement mentionné les N7, il connaissait donc l’identité de Mad. Elle était parfaitement sûre qu’il n’avait pas pu apprendre sa présence, il avait donc dû obtenir des infos dès qu’elle s’était montrée. Soit il avait lu les dossiers de tous les agents gouvernementaux de la galaxie, soit il avait un moyen instantané de les identifier….. Mais l’important était que la présence de Mad Marshall restait une surprise à prendre en compte, ça lui suffisait. Elle s’installa sur un des sièges de la cabine et parla à haute voix pour que ses deux acolytes entendent.
-Puisque nous sommes tous là, si nous laissions notre spécialiste de l’information nous faire un petit descriptif de la situation et de ce qui nous attend. Le lieutenant Marshall n’ai en rien au courant de l’objectif, à vrai dire c’était même le but jusqu’à cet instant. Krelek ?
Il semblait que ma proposition satisfit la Spectre, qui s'avança pour entrer à ma suite dans l'Aéronef. Cependant, elle fut la seule à faire cela. En me tournant du côté de l'Humaine, celle-ci était resté dans sa voiture, de toute évidence indécise et en conflit interne. Il n'y avait pas de doute sur son manque de confiance en S'aya et moi-même. Probablement se méfiait-elle plus de moi que de l'Asari, mais si elle avait cru en cette dernière, elle se serait reposé sur sa décision et l'aurait suivie. J'attendis tout de même une réaction de sa part et la laissa réfléchir. Puis elle leva le regard vers nous et nous dit :
- Non, je ne vous suivrai pas. Désolé, mais tout cela ne me semble pas être une bonne idée.
Je hochai de la tête et la laissai repartir. C'était son choix après tout et elle ne faisait pas partie du contrat. Je n'accordais donc que peu d'importance à sa participation. Tant que S'aya Nimili restait pour mener la mission à bien, les choses me convenaient telles qu'elles fussent. Je m'en retournai donc au cockpit de l'Aéronef et m'installai au siège du pilote, laissant l'Asari le loisir de choisir sa place, même s'il n'y en avait pas beaucoup d'autres. Le véhicule en question n'était d'ailleurs pas le mieux. Je l'avais acquis en "l'empruntant" à un gangster d'un des nombreux gangs d'Omega. Le concerné était d'ailleurs en train de sagement dormir dans ses appartements et ne se doutait absolument pas de ce qu'il se passait en ce moment même. Il se réveillerait le lendemain avec un mal de tête digne d'une gueule de bois et aucun soupçon ce qui se serait passé. Enfin, pour ce dernier point c'était dans l'optique que je lui rende son Aéronef en un seul morceau, ce qui n'allait pas forcément être chose aisée. J'activai les moteurs de l'engin et le fis décoller. C'était parti pour une petite balade ! A la demande de la Spectre, je fis un récapitulatif de la mission :
- Notre cible, ou plutôt votre cible, est un Galarien du nom de Sefer Orin, un scientifique un peu bargeot mais très malin. Un vrai puits de connaissance le bougre. Il est surtout connu pour son travail sur l'énergie noire. Depuis la Grande Guerre, il vit en exil sur Omega et il paraît qu'il a travaillé sur un genre d'artéfact Moissonneur pour le compte d'un gang mineur mais ambitieux. Il semblerait d'ailleurs que les choses se soient envenimées entre lui et ses "employeurs", au point qu'il se soit enfermé dans un hangar, gardé par des mercenaires lourdement armés.
Voilà, tout était dit. Bien entendu, il ne faisait aucun doute que S'aya Nimili sût déjà tout cela. Ce qu'elle voulait, c'était la localisation de cet individu, probablement pour mettre la main sur cet artéfact en question. Ce genre de babiole était très prisé et bien souvent trop puissant pour ceux qui le convoitaient, ce qui rendait ces objets dangereux. Il n'était un secret pour personne que même mort, tout ce qui touchait de près ou de loin les Moissonneurs était susceptible d'endoctriner quiconque s'y exposant trop longtemps, les rendant belliqueux. La raison qui poussait la Spectre à vouloir acquérir un de ces artéfacts m'était obscure, mais j'espérais que c'était pour justement empêcher des personnes mal intentionnées de mettre la main dessus et devenir plus puissants et dangereux qu'ils ne devraient l'être.
- J'espère que vous savez ce que vous faites et dans quoi vous vous engagez, S'aya, dis-je, l'air grave. Il serait très dommage que nous aillions aidé un Spectre à devenir un dangereux criminel ! Vous êtes déjà dangereuse, alors si vous passez du côté des méchants...
Je la regardai, riant un coup et ajoutant :
- Pas que ça me dérange que vous soyez dangereuse, hein ! Mais ce serait mieux que ce soit les bad guys que vous dégommilliez, non ?
Je repris mon sérieux, puis conclus :
- D'autres questions avant que nous nous jetions dans la gueule du loup et lui cassions les dents ?
S’aya fut surprise du soudain doute qui envahit le lieutenant Mad, mais n’en montra rien se contentant de hausser les épaules. La présence de la N7 avait eu l’effet escompté, et ce n’était pas une perte pour elle qu’elle se désiste. L’agent du Courtier était dangereux qu’elle soit seule ou non. Son seul regret fut de ne pas pouvoir voir Mad sur le terrain, sans doute n’avait-elle pas les épaules. L’asari s’installa plus ou moins confortablement sur l’un des rares sièges de l’aéronef, proche de celui de son compagnon alors que celui-ci résumé la situation, montrant l’évidence, tout le monde avait entendu dire que Orin étudiait un artefact moissonneurs. Le Courtier et son agent était donc naturellement au courant. Sefer n’inquiétait ni n’intéressait vraiment S’aya, mais le sujet de son travail oui. Krelek, tout sauf idiot lui fit remarquer sur le ton de la détente, à quel point la technologie moissonneur était dangereuse. Elle ne put s’empêcher d’avoir une pensée fugace pour Saren. Oui elle connaissait les risques, mais aussi les profits potentiels.
Sefer Orin ignorait encore ce qu’il avait entre les mains, voilà pourquoi elle devait agir vite. L’objet avait déjà une énorme valeur, mais si on comprenait son utilité il deviendrait inestimable, et donc bien plus dur à trouver, même pour le Courtier ou un spectre. Elle apprécia le franc parler de Krelek ainsi que ses efforts pour rendre leur conversation plus agréable que la limite de leurs rôles demandait.
-Je sais à quoi je m’expose, tout comme je sais que cela vaut le risque encouru. Mais si ça peut vous rassurez Krelek, je veux moi aussi éviter de finir lobotomisé par la corruption Moissonneur.
Elle lui sourit honnêtement, elle savait que les arguments qu’il avançait étaient justes, mais malgré elle, elle voulait percer à jour ce secret. Trop important sans doute pour elle, la concernant de trop près.
-Et vous Krelek, vous seriez plutôt l’un des « bad guy » que je dois descendre, ou vous vous considérez comme agissant pour un bien commun ? Ne croyait pas que je condamne vôtre rôle, nous avons chacun choisis une voie, et je pense que l’un comme l’autre nous avons commis toute sorte d’actes qui nous rayent définitivement de la liste des gens bien. Mais croyez-vous que vous accomplissez une chose utile pour la galaxie au service du courtier? C’est de la pure curiosité, si vous ne voulez pas répondre je ne vous en tiendrais pas rigueur.
S’aya ne savait pas trop pourquoi elle s’intéressait soudain à l’avis d’un agent de l’ombre sur son métier. Peut-être voulait-elle se faire une idée du type de personne qui travailler avec le Courtier. La galaxie était en plein changement, de grandes choses pouvaient être faîte, et elle-même avait devant-elle la possibilité d’agrandir les perspective de la galaxie, mais surement pas sans aucun soutien. Le courtier pouvait être un de ces soutien, et non le moindre. A condition que leur apports dépassent leur différences à tous.
S'aya m'assura qu'elle savait ce à quoi elle devait s'attendre et qu'elle était au courant des risques qu'elle prenait. Cela en valait la peine d'après elle. J'espérai qu'elle eût raison. Grâce au Réseau du Courtier de l'Ombre, j'avais pu étendre ma culture et atteindre un niveau de connaissances que certaines personnes ne pouvaient que rêver d'avoir un jour. Je savais par exemple que le fameux Saren Artérius s'était fait endoctriner et que le fameux "vaisseau Geth" ayant attaqué la Citadelle était en réalité un Moissonneur. Au vu du danger qu'il représentait à lui seul, en temps qu'ennemi du Conseil, il était tout simplement hors de question de répéter l'Histoire avec S'aya. Mais elle avait confiance en elle-même et avait très probablement fait les préparations nécessaires pour se protéger des effets néfastes de l'endoctrinement. Je comptais bien là dessus, allant être moi-même exposé à cela. J'avais bel et bien fait quelques préparatifs de mon côté, mais rien ne garantissait que cela soit efficace. Et puis sans doute l'Asari ne désirait-elle pas non plus suivre la triste voie de son mentor. J'espérai également que l'équipe scientifique - pour peu qu'il en ait un - du gang que nous allions affronter ait installé les dispositifs nécessaires pour l'étude d'un artéfact Moissonneur. Dans le cas contraire, nous allions devoir faire face à des personnes n'étant plus elles-mêmes et probablement dopée par les effets de l'endoctrinement.
Puis S'aya me posa une question à laquelle je m'attendais à moitié. Elle voulait connaître ma position sur l'échiquier galactique, si j'étais du côté des gentils, ou des méchants. Elle voulait savoir si je pensais accomplir quelque chose en travaillant pour le Courtier de l'Ombre, ou si je servais des desseins plus funestes qu'il n'y paraissait. C'était une question légitime et logique. Sans doute voulait-elle savoir si elle travaillait avec le démon, ou un ange gardien. Dans tous les cas, il était un peu tard pour se poser la question. La mission était lancée, le contrat scellé. Que je sois un "bad guy" ou un "good guy" ne changeait rien. Une fois que l'on s'associait au maître courtier, les choses n'étaient plus jamais les mêmes. Faire recourt à lui, c'était "vendre son âme au diable", pour reprendre l'expression dramatique des Humains. Les choses, en réalité, n'étaient pas aussi graves, bien entendu. Mais dans un sens, il était vrai que créer un lien avec lui, c'était s'y associer pour toujours. Il était comme une drogue. Une fois que l'on y fait recourt, il est extrêmement dur de ne plus recommencer. Et moi, dans tout cela, j'étais la main et la parole du marchand d'informations.
- Moi ? Définitivement un bad guy, mais pas le genre que vous voulez tuer ! répondis-je en riant. Je suis celui que se salit les mains pour qu'un autre reste clean, et croyez-moi, vous voulez qu'il reste clean. Le Courtier de l'Ombre mène un combat et je suis son arme, et il vaut mieux qu'il remporte la bataille. Mais je ne suis pas aveuglément ses consignes parce qu'il me paie pour, contrairement à mes "frères" de Kahjé. J'ai une conscience et si je fais ce que je fais, c'est parce que j'y adhère. Parfois, certaines personnes doivent porter l'étiquette du méchant, pour que d'autres puissent dormir tranquillement la nuit, en ignorant le réel danger, qui leur ferait perdre le sommeil.
Et c'était tout à fait ce qu'était la réalité. Le Courtier de l'Ombre menait une croisade et, pour le bien de tous, elle devait rester secrète. Mais je ne me voilais pas la face en me prenant pour un héros caché dans les ténèbres ; ce n'était pas seulement pas altruisme que j'avais rejoint le Courtier de l'Ombre, mais également pour le gain, la récompense à gagner.
Enfin, lorsque je vis que nous avions presque atteint notre destination, je bifurquai et posai l'aéronef sur le toit d'un bâtiment, hors d'atteinte et du champ de vision de qui que ce soit. J'activai une commande sur le tableau de bord et celui-ci afficha une réplique holographique du hangar dans lequel se cachait Sefer Orin. Quelques manipulations de mon Omni-tech firent apparaître des points lumineux sur le tout et je repris la parole :
- Voici notre terrain de jeu ! Les points lumineux sont l'emplacement des mercenaires du Galarien. Comme vous pouvez le voir, il n'a pas été radin en moyens et il est bien protégé. Il y a plusieurs points d'accès. La porte d'entrée, les égouts, la voie aérienne et les portes de services. L'approche à prendre ? Celle que vous désirez. On peut faire un carnage avec l'aéronef pour dégager la voie, mais il restera encore des ennemis à l'intérieur, qu'il nous faudra éliminer nous-mêmes. Cela risque de créer la panique chez Orin, qui essayera sans doute de prendre la fuite. Ou alors, on peut prendre une approche furtive. Enfin, tout cela ne sont que des idées, c'est à vous de choisir, S'aya. Votre mission, votre approche.
Je laissai l'Asari réfléchir, puis, juste avant qu'elle ne prenne la parole, la coupant dans son élan, j'ajoutai :
- Ah oui, ne vous attendez pas à trouver l'artéfact ici. Orin s'est mis à dos le gang pour lequel il travaillait, c'est eux qui détiennent votre cible.
Dim 20 Juil 2014, 22:19
