La nouvelle était finalement tombée : une nouvelle mission était arrivée.
"Pas trop tôt" me dis-je. Cela faisait en effet plusieurs mois que j'étais cloué sur Piétas, depuis cet entretien psychologique avec le docteur Trainer. Des mois à passer ses journées au stand de tir, au bar ou dans son appart, à glander. Au mieux, je croisais des anciens officiers instructeurs, des anciens compagnons, mais jamais rien de bien exitant. Et cette mission m'est tombé sur les bras. Une véritable aubaine ! Si j'avais été déclaré parfaitement sain d'esprit par le docteur Trainer, rester quelques jours de plus sur Piétas sans la moindre occupation m'aurait finalement rendu fou. J'ouvrais alors mon Omnitech et lisais le message. Une mission suicide, du moins ça en avait tout l'air. A croire que parce que j'avais survécu seul à une attaque de Cerberus, j'étais un héros de guerre comme le Commandant Shepard, et qu'on pouvait m'envoyer n'importe où sans se soucier du fait que je pourrais y laisser ma peau. Je soupirais en me désolant de voir qu'acquérir une certaine réputation dans l'Alliance allait de paire avec l'incrédulité des Amiraux.

Mais je n'allais pas faire mon difficile, cette mission était la seule chose digne d'intérêt qui m'arrivait depuis la fin de ma dernière mission. Je lu donc les détails de la mission. Secteur Exodus, labo de recherche, gaz toxique, plus de communication, attaque possible de pirates ... Apparement, j'allais dérouiller. Le message stipulait que je pouvais choisir deux recrues, et que les autres me seraient affectés par la suite. Je devais donc m'atteler à une des tâche que j'aborais le plus : l'épluchage de dossiers.

Sur les deux recrues à engager, je n'en avais qu'une à trouver. Le premier choix était tout fait : Johnny "Hammer" Rico, un jeune Quartier Maître 1ere classe, sacrément audacieux et doué, à qui je devais la vie suite à une attaque de pirates esclavagistes. Ce fut la seconde recure qui me donne du fil à retordre. J'avais au bas mot un bonne trentaine de dossiers à éplucher, mais je ne baissai pas les bras et me plongeai dans les innombrables pages des dossiers militaires.

Au bout de plusieurs heures, je parvins finalement à trouver ce que je cherchais. Une jeune recure, d'à peine la vingtaine, du nom de Carmen Ibanez, avait retenu mon attention. Ses états de services étaient plutôt impressionants pour une aussi jeune recrue. Des missions de sauvetages, des récupérations de données en milieu hostiles, des nettoyages ... Son palmarès affichait déjà quelques beaux trophées. Je pris donc la décision de la convoquer avec le Quartier Maître Rico, afin de les briefer, mais aussi d'évaluer Ibanez.

Les deux soldats se présentèrent dans mon bureau le soir même. Agréablement surpris par ce dévouement et cette bonne volonté, je les accueillit chaleureusement.

"Bienvenue à vous deux. Si je vous ai fait venir, c'est parce que j'ai une nouvelle à vous annoncer. Tous les deux, vous avez été choisis pour m'accompagner dans une mission pour le moins délicate. Quartier maître Rico, je me réjouis de constater que vous avez accepté de m'accompagner.

- C'est un honneur, Major." dit-il en faisant le salut militaire. Je ne pu réprimer un léger sourire de satisfaction devant tant d'entrain et de bonne volonté.

"Quand a vous, Quartier Maître Ibanez, nous ne nous connaissons pas, mais j'ai eu de bons échos sur vous, et votre dossier est plus qu'impressionnant pour une si jeune recrue. J'espère que vous ne ferez pas démentir vos instructeurs quand aux éloges qu'ils m'ont fait de vous.

- Major, non Major, je ne vous décevrai pas" dit-elle avec la même réaction que Rico.

Je les briefai donc sur notre prochaine mission. Je ne fut pas surpris de les voir écarquiller les yeux. Ils n'avaient pas beaucoup d'expérience du combat, aussi une telle mission leur parraisaient bien ardue, et ils n'avaient pas tort. Je leur laissai donc la soirée pour se préparer, car la mission avait un caractère urgent qui nous forçait à quitter Piétas le plus vite possible.

Le lendemain, je les retrouvai sur le quai d'embarquement, prêt comme deux jeunes scouts, m'attendant patiemment. A mon arrivée, ils me saluèrent. Je leur rendit la pareille, puis observa le reste des soldats. Ils étaient tous si jeunes ... Pas bien plus âgés que Rico ou Ibanez, mais contrairement à mes deux seconds, je n'avais pas la moindre idée de leurs états de service et je doutais qu'ils soient tous aussi méritants que mes recrues. Johnny Rico et Carmen Ibanez étaient ce que l'ont appelait des soldats miracles, et ces soldats, on en rencontrait pas à tous les coins de rue.

Après avoir longuement examiné mes troupes, je me décidai à leur faire un petit discours afin de les encourager et de les motiver.

"Soldats ! Aujourd'hui, nous avons une mission à accomplir. L'Alliance nous a confier une tâche d'une grande importance et compte sur nous pour ne pas faillir. Il en va de notre honneur et aussi du sort de la galaxie, et c'est pourquoi nous ne pouvons pas échouer. Voici le but de notre mission : un laboratoire de recherche de l'Alliance, situé dans le secteur Exodus, a cessé toute communication depuis quelques temps. Non sans soupçonner une attaque de pirates, l'Alliance craint que le fruit des recherches ne tombent entre de mauvaises mains. Ces recherches ont en effet permis la découverte et l'élaboration d'un gaz toxique, provoquant la folie, et même la mort à trop forte exposition. Notre objectif est donc d'identifier la menace, de récupérer ce gaz et de sauver les éventuels survivants. Des questions ?"

Pas un soldat ne broncha, pas un n'ouvrit la bouche. Ils étaient si calmes et silencieux qu'on avait peine à croire qu'ils respiraient encore. Devinant qu'ils n'avaient pas des questions et que l'objectif leur était clair comme de l'eau de roche, je leur ordonnai de monter à bord du vaisseau qui nous emmènerai à notre destination. Ils répondirent par un bruyant et unique "Major, oui Major !" et se dirigèrent tous vers le vaisseau. C'était la dernière ligne droite, me dis-je alors.

Nous prîmes place à bord et l'appareil quitta alors le spatio-port direction Exodus. Le voyage ne devait durer que quelques heures, et pendant ce court laps de temps, je reçu la visite du Quartier Maître Ibanez. En la voyant arriver, je fus quelque peu surpris, et m'empressai de lui demander la raison de sa visite.

"J'aimerais beaucoup m'entretenir avec vous ..." dit-elle d'une voie très embarassée.
"Je vous en prie, Ibanez, qu'est-ce qui vous tracasse ?
- Je ... enfin je me demandais : pourquoi moi ? Je sais que j'ai de bons états de services, mais pourquoi moi ? Vous auriez pu choisir quelqu'un de plus âgé, de plus expérimenté, mais non, vous m'avez choisi moi. Et ça m'intrigue.
- Je vous ai choisi non seulement parce que votre ne tarit pas d'éloge quant à vos prouesses, mais aussi parce que je sais que vous venez d'Eden Prime et que vous y étiez pendant l'attaque de Saren et des Geths, il y a 13 ans. Je sais que vous savez ce que c'est que de perdre quelque chose d'important, d'avoir peur, de fuir pour survivre. Vous êtes une survivante, vous savez ce qu'est la vraie valeur d'une vie, fut-elle humaine ou non.
- Je vois, merci d'avoir bien voulu prendre le temps de m'expliquer, ça me touche beaucoup que vous pensiez ça de moi."

Elle fit demi-tour et quitta la cabine. Le reste du voyage fut long. J'en profitai pour faire un petit som, afin de bien être en forme pour la mission imminente, car elle allait me donner du fil à retordre. Je m'allongeais alors sur mon lit, et fermai les yeux afin de me recueillir dans les bras de Morphée. Je me réveillai alors bursquement, non pas dans ma cabine, mais chez moi, à Londres. Je revoyais encore une fois la maison de mon père, mais contrairement aux autres fois, elle ne prit pas feu, elle ne s'effondra pas sur elle-même, mais la porte s'ouvrit, et je vis ma mère en sortir pour venir m'accueillir en le serrant dans ses bras. Elle fut suivie par mon frère Alexandre, qui me serra également dans ses bras, puis ce fut mon père qui sortit par la porte. Les deux autres s'écartèrent pour me laisser face à face avec mon géniteur. Je m'attendais à une énième confrontation, car c'étaient là les seuls souvenirs que je gardais de lui. Mais quelle ne fut pas ma surprise quand il me sourit, me tendant la main amicalement. Il me fit une accolade qui me secoua profondément, puis me dit ces quelques mots :

"Mon fils, je suis fier de ce que tu as accompli. Peu importe nos différents et nos conflits passés, tu es et restera à jamais mon fils, et je serai toujours fier de toi."

Puis ma vue commença à s'assombrir, ils se changèrent en ombres qui s'effacèrent progressivement et je rouvris les yeux pour contempler le plafond métallique de la cabine où je m'étais endormis. Mon Omnitech m'averti alors d'un message : nous étions arrivé à destination, le Secteur Exodus. Je me relevai de mon lit, me tenant la tête dans les mains quelques instants afin de me remettre les idées en place, puis je pris la direction du pont principal afin de me préparer, moi ainsi que mes troupes, pour notre mission. Ils étaient tous là, prêt à en découdre avec n'importe qui, n'importe quoi. Je les aurais envoyer affronter toute l'armée des Moissoneurs qu'ils n'auraient pas rechingner. Je fus quelque peu touché par une telle dévotion de la part de soldats que je recontrais là pour la première fois. Une fois tous les préparatifs terminés, nous prîmes tous la direction de la baie d'amarrage, et prient place dans deux navettes pour aller sur le terrain.

Les navettes nous déposèrent sur Terra Nova, l'une des premières colonies humaines potentielles. J'avais entendu dire que depuis quelques années, elle avait subit un exode massif suite par crainte d'une attaque de pirates. Visiblement, ces craintes avaient l'air d'avoir étaient confirmées depuis que le labo n'émettait plus. Nous nous posâmes sur la surface de la planète, à quelques kilomètres de l'installation. Nous marchâmes alors prudemment en direction du complexe, que nous atteignîmes quelques minutes plus tard.

L'installation semblait belle et bien déserte, mais il n'y avait aucune trace de lutte ou de combat. Si elle avait bien été attaquée par des pirates, la résistance opposée n'avait pas du être bien forte. "Une base de recherches scientifiques ne doit pas être très lourdement gardée" pensais-je. Nous entrâmes dans le bâtiment.

"Bien, n'oubliez pas, nous devons à tout pris récupérer les conteneurs de gaz. On se sépare en deux équipes. Rico, vous prenez la tête de la première, Ibanez, vous venez avec moi. On garde contact, et on se retrouve ici dans trois heures, compris ?"

Tous approuvèrent, puis nous nous séparâmes. Rico emmena la moitié de l'unité avec lui vers la partie nord du centre pendant que je prenai la direction du sud. Nous progressâmes un moment lorsque Rico m'avertit de quelque chose.

"Major, je crois qu'on a mis la main sur les containers de gaz. On les ramènes à la navette ?
- Gardez quelques hommes avec vous et envoyez les autres les ramenez. Ceux qui restent, continuez de cherche d'autre containers et d'éventuels survivants.
- Bien reçu, Major."

C'est à ce moment là que tout bascula. Un bruit provenant d'un couloir plus loin avait attiré mon attention. J'ordonnai alors au reste de l'unité de se positionner à couvert, puis emmenai deux soldats avec moi, et nous avançâmes dans le sombre couloir. C'est là qu'une grenade roula à nos pieds. Je hurlai aux autres de se mettre à couvert mais c'était trop tard : la grenade explosa, me projetant violemment contre le mur. Pendant un long moment, mes oreilles sifflèrent, et ma vue était trouble. J'entendis néanmoins quelqu'un m'appeler. Je tournai la tête pour voir une silhouette s'approcher de moi à toute vitesse, en hurlant quelque chose qui ressemblais à "Major". Je réalisai par la suite qu'il s'agissait d'Ibanez, et qu'elle seule avait survécu à l'embuscade. Elle me traîna à couvert, tout en tirant avec son Avenger sur les assaillants. Une fois à l'abris, elle m'aider à me remettre sur pied.

"Major, on s'est fait piéger ! Des pirates butariens nous bloquent le passage !
- Je ... Les autres ...
- Morts. Il n'y a que nous deux. L'autre équipe n'a pas répondu non plus."

Je réalisai mal ce qu'elle venait de me dire. Tous morts ... J'avais donc encore une fois échoué et failli à mon devoir, celui de protéger mes hommes ... Je me rappelai alors les conseils de Trainer : ne pas se morfondre et ne pas endosser toutes les responsabilités et toute la culpabilité. Les seuls fautifs étaient les butariens, et j'allais leur faire payer ce qu'ils venaient de faire. Après avoir recouvré une partie de mes forces, j'empoignais mon fusil d'assaut et fis feu. J'abattis tous les butariens qui nous barraient la route, puis me remis en route, secondé par Ibanez. On déboucha sur une vaste pièce, et le spectacle qu'on y vit nous horrifia. Des dizaines de corps humains, sans vie, gisaient partout aux quatre coins de la salle.

"Nom de dieu ..." fit Ibanez. "Comment peut-on être aussi monstrueux ?
- Ce ne sont pas les butariens ... Enfin, je pense qu'ils en sont à l'origine, mais je pense qu'ils n'ont fait que libérer le gaz toxique ... ça veut donc dire qu'il y a encore d'autre containers plus loin. On avance, on ne peut plus rien pour eux."

Nous continuâmes notre progression pour déboucher dans une salle de stockage où s'entassaient plusieurs containers, mais tous étaient vide. Nous fîmes alors demi-tour, et Ibanez tenta de nouveau de contacter l'autre équipe. Nous reçûmes enfin une réponse, et je reconnu la voix de Rico.

"Major, est-ce que vous me recevez ? Bordel, est-ce que quelqu'un m'entend ?
- Rico ! Ici le Major Hetfield ! Répondez, que se passe-t-il ?
- Major ! On est dans la merde, des butariens complètement fous à lier nous ont prit en embuscade ! Ils ne vont pas tarder à nous encercler, on est coincés !
- Ne bougez pas, je viens vous chercher !
- Je crois qu'on est foutu, Major, sauvez votre peau tant que vous le pouvez !
- Non, je ne laisse personne derrière moi !
- Alors magnez-vous parce qu'on va pas tenir longt ... Ah merde !"

La communication fut brusquement interrompue, et j'en devinai la raison. Je me refusais à abandonner, mais Ibanez me traîna jusqu'à la navette, malgré mes protestations. Nous montâmes dans la navette, qui décola. Mais elle n'alla pas loin car une roquette la percuta et elle s'écrasa dans un vacarme métallique. Ce fut alors le noir total, pendant une durée indéterminée, et lorsque je repris conscience, j'étais allongé au milieu des débris. Je cherchai les autres, et vit le corps du pilote, une barre métallique lui traversant la poitrine. Je cherchai alors Ibanez, et la trouvai gisant inerte plus loin. Je rampai vers elle, et une fois à sa hauteur, pris son pouls. Elle était encore en vie, mais de justesse. Elle ouvrit alors les yeux.

"Major, je suis désolée ...
- Ce n'est pas votre faute, Ibanez. Tenez bon, on va s'en sortir ..."

Nous restâmes seuls dans les décombres longtemps. J'avais envoyé un message de détresse, mais je doutais de l'arrivée des renforts. Les heures passèrent, et je restai avec Ibanez, quand une navette se montra. Ils se posèrent à une dizaine de mètres des décombres et une petite faction en sorti. Ils vinrent nous récupérer. Lorsqu'il me demandèrent ce qui c'était passé, je leur répondis :

"Cette station est perdue, la cargaison aussi ... Faut atomiser cet endroit, tout le monde est perdu."

Les soldats acquiessèrent et nous emmenèrent à bord de leur navette. Nous fûmes rapatriés sur Piétas, et Ibanez fut emmenée en soin intensifs. Cependant, j'appris plus tard, que le complexe de Terra Nova n'avait pas été détruit. Lorsque je demandai à mes supérieurs pourquoi le complexe était toujours debout, ils me répondirent que le complexe avait une trop grosse valeurs de recherches. Cette fois, s'en étais trop, j'allai rédiger mon rapport ... et ma lettre de démission. Cette mission était la dernière, la mission de trop. J'envoyai ma lettre de démission avec mon rapport lorsque je reçu un message de la direction de l'hôpital : Ibanez était tirée d'affaire. J'allais donc lui rendre visite.

"Soldat Ibanez.
- Major Hetfield ...
- Comment allez vous ?
- Je vais m'en remettre, quelques échymoses, une ou deux fractures, mais rien de très grave. Je serai sur pieds dans quelques semaines. Et vous ?
- Je quitte l'Alliance." Devant la mine déconfite d'Ibanez, j'expliquai ma décision. "Cette mission a été un vrai cauchemar, et ce n'est pas la première fois que l'Alliance me confie une mission suicide. Lors de ma dernière mission, nous sommes tombé dans un piège tendu par des agents de Cerberus. Et ce n'est pas la seule ... L'Alliance ne cesse d'envoyer de simples recrues dans des missions suicides. C'est trop, j'en ai assez."

Alors que je m'apprêtais à sortir, elle m'interpella en me disant qu'elle me suivrait et qu'elle présenterai sa démission également et car elle voulait rester à mes ordres. Je lui demandai pourquoi, elle sa réponse fut simple et concise : "Vous êtes un chef, un vrai, pas un troufion comme les autres." Je ne pus m'empêcher de réprimer un éclat de rire, et lui répondis que j'en serais honoré. Je quittai alors la chambre d'hôpital et me rendis à mon appartement, où j'avais déjà reçu un message des amiraux m'informant que ma démission avait été prise en compte. Je me voyais débarrassé d'un poids non négligeable. Je m'allongeais sur mon lit et repensai à toutes ces vies qui, une fois de plus, avaient été perdues alors qu'on aurait pu l'éviter. Oui, quitter l'Alliance était la meilleure chose à faire.