J'étais tranquillement adossée à ma chaise de bureau, et j'envoyais un message à Tobias Malkovich et à Amalia. Nous avions du boulot à faire et j'avais besoin à la fois d'une scientifique en qui j'avais confiance et aussi d'un soldat expérimenté en qui j'avais confiance. Mais le boulot n'était pas toujours de rigueur, et nous nous accordions des moments de détente. Nous étions sur Illium et plus précisément Nos Astra, la capitale. J'étais déjà venue dans un certain club une fois et je n'oubliais pas qu'on pouvait autant s'y amuser que faire de mauvaises rencontres.

Mais quand on est accompagnés de deux amis uniquement et que ça se déroule en privé, qui viendra vous emmerder ? Personne ! Et fort heureusement ! J'avais alors pour projet de les retrouver là-bas, puisqu'en réalité j'avais déjà réservée un salon privé uniquement pour nous trois, le numéro de salon et le code avaient été envoyés à Tobias et Amalia, ainsi qu'à moi même bien sûr. Je leur avais envoyé un message leur signalant de s'y rendre quand ils pourraient. Je descendais de la rue puis je pris un taxi, direction le Club. Je pris soin d'avoir le visage couvert, au cas où. La Capitale Asari était plutôt jolie, mais j'avouais préférer Piétas ou même Thessia, berceau des Asaris.

Je rentrais au Club après avoir confirmée y être autorisée, non pas par mon nom mais par un procédé mis au point, infaillible. Puis je rentrais et je me fis discrète. Personne ne semblait m'avoir remarquée et de toute façon, c'était bondé de monde pour pouvoir me repérer si quelqu'un me cherchait. Je pris la direction des salons privés et j'indiquais au serveur de nous servir une bonne petite table. Boissons, apéritifs, amuses-gueules, tout semblait présent quand Melany entra, après avoir composée le code. Je m'assis et posa mon sac, dans lequel j'avais amenée différentes affaires. Je portais aussi une belle robe noire claire, qui n'était pas ras du corps même s'il était vrai que mes formes n'en étaient pas moins accentuées. Elle attendait désormais Tobias et Amalia. Alala... Tobias... Je savais qu'il aimerait surement ma robe, car les ébats que j'avais avec lui étaient très évocateurs du fait qu'il n'était pas indifférent à la beauté féminine, et je ne craignais nullement de lui présenter Amalia, une amie d'enfance si je puis dire. Tobias, je l'ai connue jeune, puisqu'à 25 ans on est jeune. Mais si on se base sur l'âge, alors j'ai rencontrée Amalia très jeune. Nous étions allés à l'école ensemble et nous avions apprises à nous connaître, à nous entendre et nous respecter, ce qui était primordial. J'entretiens des rapports privilégiés avec Tobias du fait de sa proximité avec moi, tant une proximité affective, sentimentale qu'une proximité de travail. Quand à Amalia, il s'agit de liens amicaux développés dans mon adolescence. Je me rappelais de Tobias qui, une fois, me disait immature comme une adolescente. Cela me faisait rigoler intérieurement quand j'y repensais, puisque j'ai justement connue Amalia dans l'adolescence.

Puis la porte s'ouvrit. Amalia, Tobias, aucun des deux ou les deux ? J'allais vite le savoir !

- Amalia ? Amalia ?


Mon interphone continua de répéter mon nom, mon interlocuteur, un Butarien de la pire espèce des travailleurs, ceux qui n'en fichent pas une, étant particulièrement têtu. Et comme je savais qu'il me donnerait plus de travail encore je ne voulais pas décrocher. Peut-être que si je faisais la morte dans mon bureau en fermant les yeux très forts il appèlerait ailleurs et une autre personne croirait que je me sois endormie ? Et peut être même que le Butarien croirait que je sois partie et rentrée chez moi ? Oh, oui, ça serait bien...


- Inutile de faire semblant que tu n'entends pas, tu es toujours la dernière partie, et ton badge n'a pas été enregistrée à la sortie. Alors décroche, c'est important.


Pourquoi avais-je accepté ce travail déjà ? Ah oui. La paie. Et pare que sinon je n'avais plus rien à me mettre sous la dent. Mais qu'est ce que je m'ennuyais ! Un travail en deçà de mes capacités, qui d'ailleurs n'avait que peu de choses à voir avec mon champ d'expertise... J'allais me tirer un jour ou l'autre. Et le plus tôt serait le mieux ! D'autant que j'avais promis à mon amie Melany de l'aider pour son projet.

Melany... Qu'est-ce que j'avais été heureuse d'apprendre qu'elle était toujours en vie, et qu'elle se souvenait un peu de moi ! Étant la seule véritable amie que je possédais à l'heure actuelle, je chérissais notre relation comme quelque de sacré. À bien des égards, je ne l'estimais que davantage depuis la fin de la guerre, et pas seulement parce qu'elle était devenue ma seule amie. Sa position au sein du Conseil était une preuve indéniable de l'obstination et du talent de la jeune Humaine, et c'était des choses que j'appréciais énormément. Ça faisait du bien de l'avoir à mes côtés.


- Amaliaaaaa ?


Ah mince, je l'avais oublié lui, a rêvasser ainsi ! Décrochant enfin le combiné, je répondis d'un ton amer :


- Quoi encore ? Tu as besoin de quoi ? Tu veux encore me refiler ton travail que t'as pas eu le temps de finir ? Tu sais quoi, j'en ai marre, je rentre chez moi, et n'essaie pas de m'en empêcher !

- Non, c'était juste pour t'informer qu'on avait gagné le dernier dossier... Enfin ça attendra; prend ta soirée.


Et il raccrocha. Le ton pitoyable de sa voix me donna presque l'impulsion de le rappeler pour m'excuser, mais je me ravisais au dernier moment, puisque je venais de recevoir un message sur mon OmniTech. Une invitation de Melany... Envoyée également à Tobias Malkovich. Lui ! Enfin ! Depuis le temps que Melany m'en parlait, j'allais enfin faire sa connaissance. C'était une bonne chose, et notamment si c'était dans un moment de détente où je pourrais un peu décompresser. Oui, ça serait parfait !

Bénissant Melany pour cette idée qui illuminait ma soirée, je filais chez moi enfiler des vêtements plus adaptés à une soirée entre amis. Je passais donc un vêtement typiquement humain pour lequel j'étais tombée amoureuse, une mini jupe noire, et un débardeur en cuir. Afin de ne pas me faire remarquer dans le rue, j'enfilais également un long manteau, descendant jusqu'à mes jambes, de fait qu'on ne verrait pas ce que je portais. Pas question de me faire aborder par tous les types louches du quartier.

Je commandais un transport et arrivais au Club en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Passée les contrôles de sécurité, je pris une démarche résolument sûre d'elle, bien que je scrutais du coin de l'œil les salons privés pour repérer où était le notre. Dès que je l'eus repéré, j'entrais sans hésitation après la validation du code pour y trouver Melany. Me jetant sur elle pour la prendre dans mes bras, je souriais d'une oreille à l'autre en enlevant mon manteau et le déposant dans un coin, heureuse de pouvoir discuter avec mon amie.


- Ça me fait tellement plaisir de te voir ! J'espère que tu n'as pas attendu trop longtemps ! Ça va sinon? J'ai vu que ton cher Tobias venait ? Ça va me faire drôle de le rencontrer enfin ! J'adore ta robe au passage ! ...


J'aurais pu continuer ainsi à papoter, mais fut interrompue par la porte qui s'ouvrit de nouveau.

J'étais assise et Amalia vint se jeter dans mes bras. La position inconfortable me décida à me lever pour que je me sente mieux, et la prenant dans les bras, je lui faisais même un baiser discret sur la bouche. Ce fut à ce moment que je repensais à cette enfance... Ignorant plus ou moins l'Amour, nous nous saluions en nous embrassant sur la bouche. Mais si j'avais sût que l'Amour impliquait ce geste... Enfin bref, nous venions de finir le doux baiser de salutation lorsque je lui tapotais le dos et reculait un peu ma tête pour lui sourire. Une des rares personnes qui comptait vraiment pour moi, c'était bien elle.

Mais ce n'était pas finit, elle me murmura quelque chose, qui me faisait plaisir. Mais je n'eus pas le temps de rougir et elle de finir sa phrase que Tobias venait d'entrer, reconnaissable - pour moi - avec sa carrure musclée et sa démarche habituelle. Tobias, avec son habituel humour, me fit une brève remarque qui me fit rire. Je me séparais lentement d'Amalia pour aller dans les bras de Tobias. Mais au dernier moment, je me rappelais qu'il ne fallait pas que j'embrasse Tobias, et je le pris dans mes bras en lui disant : « C'est une amie d'enfance. » puis je me reculais et les invitait à prendre place. Je m'assis et dit alors : « Oh pour votre dossier, c'est vrai qu'il est déjà bien complet, mais j'ai un dossier sur vous aussi, mon cher Malkovich. Moins complet mais tout aussi amusant j'imagine... » finissais-je en riant de mes blanches dents.

Je me tournais vers Amalia d'un clin d'oeil complice puis vers Tobias en disant : « Amalia, Tobias... Tobias, Amalia ! Ah oui Tobias, j'ai parlée de toi brièvement à Amalia. Oh t'inquiètes pas je n'ai pas dit grand chose, mais elle était impatiente de te rencontrer visiblement ! » lui dis-je. Bon, que dire d'autre ? Le reste allait se passer naturellement il fallait espérer. Amalia et Tobias allaient se parler pour se connaître tout en me posant quelques questions... Bref, passer un bon moment entre amis. Ça allait envoyer du pâté !

L'homme qui venait d'entrer m'apparut d'abord comme le prototype qu'on se faisait du soldat : grand, les muscles finement dessinés, un humour plus ou moins étrange, il en imposait le respect. Il était même plutôt bel homme, ce qui me tira un sourire en coin en voyant Melany le prendre dans ses bras. Y avait-il anguille sous roche ? Je n'aurais pu l'affirmer avec certitude, mais j'étais persuadée que mon amie avait connu quelqu'un dans sa vie sentimentale, c'est le genre de choses qu'on reconnaît à la façon dont se comporte ses amis... Et Tobias était le premier homme qu'elle me présentait en lui faisant un câlin. Mes doutes reposaient donc sur quelque chose ! Je me fixais comme objectif en souriant d'essayer de tirer les vers du nez des deux protagonistes.

Une fois les présentations faites par Mely, je me rassis sans avoir touché à la main de l'homme, ayant peur que, ne le connaissant pas encore assez, je puisse en souffrir. Pas question d'avoir un malaise ce soir ! Pour faire que cela n'arrive pas, je disposais de deux solutions efficaces : faire sa connaissance et prendre un minimum confiance en lui, ou boire de l'alcool qui endormirait suffisamment les réactions allergiques de ma peau.

Je décidais d'utiliser un subtil mélange des deux. Avec comme assurance de passer une bonne soirée, sans crainte de mon handicap. Souriante, je proposais de servir les boissons, et levais mon verre a leur santé :


- Je propose un verre à nos retrouvailles respectives, et à notre rencontre M. Malkovich !


Après avoir avalé quelques gorgées, je me rassis, et me tournais vers Tobias en lui souriant.


- Alors comme ça, vous êtes dans l'Armée ? Quelles opérations avez vous déjà menées ? Comment vous en êtes arrivé là ? Et, tiens, je serais curieuse de savoir comment vous vous êtes rencontrés, vous et la Conseillère Faith... Comme elle l'a dit, j'avais hâte de faire votre connaissance ! Elle a une haute opinion de vous M. Malkovich.


Quelques petites questions pour débuter, me laissant l'occasion d'en apprendre davantage sur lui, et d'ainsi passer une bonne soirée. Pour l'instant, même si il n'y avait pas -du moins, pas de mon côté- de méfiance mutuelle, ces quelques instants de bavardage étaient nécessaire pour passer un agréable moment. Il aurait été ridicule que nous restions de parfaits inconnus l'un pour l'autre, alors même que nous étions ici pour nous détendre ! Et si Melany nous avait appelé ici tout deux, elle pensait sans doute que nous pouvions bien nous entendre, ce que j'espérais bien !