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 Le Clan McKnight

Arcadia McKnight

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Arcadia McKnight
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MessageSujet: Le Clan McKnight   Le Clan McKnight Icon_minitimeVen 15 Mar 2019, 03:23
► █ Date :  22 Janvier 2204RP Violent
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Une douce odeur florale vint chatouiller les narines de Arcadia, Délicate, printanière, mélange de violette, d'orchidée et de notes ambrées. Elle connaissait très bien cette fragrance, qui faisait germer des paysages de Provence fleuris et lumineux, tiède et chaleureux dans les esprits de ceux qui l'humait. Elle l'aurait reconnu entre mille car c'était son parfum.

Entrouvrant les paupières, elle les ferma aussitôt, aveuglée par le flot de lumière qui se déversait par la fenêtre en saillie. Ses yeux s'habituèrent à la luminosité, lui permettant de prendre conscience de l'environnement qui l'entourait. Elle se trouvait dans une chambre comme elle en avait rarement vu, richement décorée même dans les plus petits recoins. Le style des meubles étaient imposants sans pour autant tomber dans la lourdeur, sans aucun doute à cause de la couleur claire. Il y avait de l'espace. Beaucoup d'espace. Suffisant pour deux studios de taille correcte.
Le contact soyeux du drap effleurait sa peau nue, épousant harmonieusement les courbes de son corps, quelques plis ici et là de l'étoffe venait jeter une ombre sur le tableau. Ses doigts encore ankylosés par autant d'inactivité repoussèrent le linge, découvrant son buste d'albe. Elle dégagea ses longues boucles blondes de devant son visage d'où se lisait la surprise.

Que faisait-elle ici ? Où était-elle ? Pourquoi l'avait-on déshabillé ? Quelqu'un avait-il abusé d'elle ? Était-ce un rêve ? Était-elle morte ? Ou n'avait elle qu'imaginer la vie d'une personne ? Que lui voulait-on ? Pourquoi cette pièce embaumait son parfum ? Autant de questions dont elle ne trouverait pas la réponse en restant ici. Sortir de cette pièce ne lui paraissait pas l'idée la plus intelligente mais tôt ou tard quelqu'un finirait par venir.
Se décalant sur le côté, elle posa ses pieds nus sur le sol tiède puis se leva. Sa curiosité reprit le dessus et l'attira près de la fenêtre. En face d'elle s'étendait la nature à perte de vue, un bois sans fin et disparaissant derrière les collines. Au pied du bâtiment il y avait de l'herbes. Une herbe verte qui même si elle n'était pas courte paraissait bien entretenue. Le soleil était haut dans le ciel qui ne comptait à l'heure actuelle aucun nuage.

Sur une chaise à l'autre bout de la pièce elle remarqua des sous vêtements ainsi qu'une robe pendue à un cintre. Les habits sentaient bon la bonne lessive et étaient impeccables. Enfilant cette culotte en dentelle quelque peu trop fantaisiste à son goût, son cerveau essayait de se remémorer ses derniers souvenirs et sur le pourquoi du comment elle avait atterri ici. Ne souffrant d'aucun symptômes de la gueule de bois, il était peu probable qu'elle ait bu jusqu'à plus soif, et elle savait se tenir un minimum. Cintrant le corset de sa robe, elle termina de boutonner la combinaison jusqu'au col, faute de quoi l'ensemble semblait ne pas tenir.
La mémoire lui revint par flash, la soirée sur la Citadelle, le gala avec les médecins,  l'appel de son père, Shura, puis le trou noir. Est-ce que quelqu'un l'avait vraiment enlevé ? Elle ? Il y avait vraiment des tordus.

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Elle ouvrit la porte dans un léger grincement, s'arrêta pour être certaines que personne n'avait entendu ce bruit, avant de sortir. Elle avait rapidement délaissé les talons hauts que son hôte lui avait fourni, les trouvant trop contraignants pour se déplacer et trop bruyants.
La demeure était immense, elle avait parfois l'impression de déjà vu avant de se rendre compte qu'elle n'avait fait que débarquer dans une aile ne présentant que quelques similitudes à la précédente. Des tableaux de différentes époques ornaient des murs décorés avec goût, rappelant furieusement le style victorien. Des guéridons étaient disposés à intervalles réguliers, portant parfois une sculpture ou une composition florale. Quelque chose d'antique émanait de ce lieu, d'archaïque et pourtant d'incroyablement luxueux.

La quadragénaire continua son exploration, sans croiser âme qui vive. Sa voix en son for intérieure lui disait de ne pas appeler qui que ce soit. Bizarrement et pour la première fois elle fut bien d'accord avec elle.
Elle traversa un vestibule dans les tons jaunes, qui loin d'être immense était incroyablement haut, plusieurs bannières portant les mêmes armoiries tombaient du plafond. Sur les murs étaient accrochés des dizaines si ce n'était des centaines d'armes primitives, d'autres siècles. Des premiers mousquets en passant par des hallebardes et autres fers étaient disposés en éventails ou en roues, allant même jusqu'à quelques hauberts exposés sur les cheminées de chaque côté de la pièce.
Au beau milieu trônait une statue grandeur nature d'un chevalier, épée à la main, un écu dans l'autre, avec un sens du détail extrême pour le blason, donnant l'assaut. En bas de celle-ci était écrit "Sir Keir MacNeachdain" suivi d'une phrase en Anglais "I hope in God", une dernière phrase dans une langue qui lui était inconnue complétait la plaque "Fraoch Eilean".

« L'île de Fraoch. »

La voix résonna comme un coup de tonnerre, calme et autoritaire, inquisitrice même. Elle emplit le lieu, résonnant avant de disparaître dans les hauteurs du lieu.
Le bras qu'elle avait tendu vers l'écriteau tressaillit, comme si ce dernier venait de se prendre une décharge de plusieurs milliers de volt. Arcadia se retourna vers la voix, levant les yeux au ciel.

Sur une mezzanine se tenait une femme aux traits fins et sévères, quelques rides creusaient son visage au faciès noble. Elle avait un joli nez, légèrement relevé lui donnant un air dynamique. Ses longs cheveux blonds tirants vers le blanc étaient coiffés en une longue et large tresse sophistiquée qui passait par dessus son épaule s'arrêtant un peu avant la taille. Elle était vêtue d'une robe rouge mettant en valeur sa longue et fine silhouette, dotée d'un léger décolleté, laissant voir une gorge d'une blancheur éclatante. Ses yeux bleus était à l'image de sa voix, dur, impérial. Celui d'une personne qui ordonne.

« Arcadia. Je suis heureuse de te rencontrer. »

La Martienne avala sa salive, ne sachant que répondre. Fermant les poings pour éviter que ses doigts ne tremblent, elle garda le silence.

« Tu te demandes où tu es ?

- Oui. Sa réponse avait été sèche et rude, faisant froncer les sourcils de son hôte.

- Attention au ton que tu emploies ! Tu ne sais pas ce que tu me dois. »

Des flammes de rage embrasèrent le regard de la jeune femme, personne ne lui avait jamais parlé sur ce ton, encore moins une parfaite inconnue. Enfin inconnue... La toubib avait noté plusieurs ressemblances physiques entre son interlocutrice et elle, petit à petit elle commençait à craindre de savoir à qui elle s'adressait.

« Amusant. Le même regard de défi que ta mère. Si seulement elle n'avait pas mélangé son sang avec celui d'un plébéien. Il ne reste plus grand chose de tes nobles racines. Une perle dans du fumier de cochon. Un diamant sur le doigt d'un cadavre en putréfaction. Non ! N'ouvre pas la bouche ou tu le regretteras. »

L'ordre était très clair et ne souffrait aucune remise en question. Aussi tint-elle sa langue dans sa poche.

« Tu te trouves dans le Duché d'Argyll en Écosse. Au château d'Inveraray. Je suis Aileas McKnight, Duchesse d'Argyll ainsi que ta grand mère. »

Elle sentit ses tripes se serrer à l'évocation de cette parenté. Elle se retrouvait prise dans la gueule du loup. Seule.

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Dernière édition par Arcadia McKnight le Dim 07 Avr 2019, 04:01, édité 21 fois
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MessageSujet: Re: Le Clan McKnight   Le Clan McKnight Icon_minitimeDim 17 Mar 2019, 04:24


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Un silence pesant et inconfortable régnait dans le bureau dont la décoration était à l'image du reste du manoir, quoique un peu plus oppressive. Des tableaux représentants l'histoire d’Écosse étaient accrochés aux murs, dans des cadres en bois sombre. La pièce maîtresse étant bien évidemment le bureau, qui avait traversé les siècles et les âges, observateur silencieux du monde qui évoluait autour de lui. Deux sièges faisaient face à celui qui se tenait derrière le meuble.

L'aïeule dévisageait sa petite fille avec insistance, l'observant sous toutes les coutures. Un sourire de satisfaction ou une grimace de dégoût ponctuant ses découvertes. Arcadia n'était pas d'une grande aide pour détendre l'atmosphère, adoptant une attitude morose. Une tasse de thé encore fumante avait été placée devant elle, bien qu'elle ait refusé tout breuvage il y a de cela bien dix minutes. Elle ne gagnerait pas à ce petit jeu, elle le savait. Ravalant son orgueil blessé, elle saisit la fine porcelaine puis le porta à ses narines avant d'esquisser un air dégoûté. Du Earl Grey, tout ce qu'elle détestait. Elle reposa la boisson.

« Que me voulez vous ? Demanda t-elle sur une voix calme et respectueuse.

- Tu ne le devines pas ?

- Non... Non je ne vois pas.

- Ton père ne t'a jamais rien dit ? Il n'a jamais parlé de sa belle-famille ? Mmmh je vois que non. C'est très simple. Je te veux. Toi ! Ma petite fille. J'ai toujours cherché à te récupérer. Sans relâche depuis que tu as vu le jour. Plus particulièrement ces dernières années. Je commence à ressentir le poids des ans et mon fils est incapable de me donner une héritière digne de ce nom. Tu es peut-être une bâtarde mais tu es la plus apte à me succéder.

- Et si moi, la bâtarde je refuse ?

- Ne prend pas ombrage de la réalité, petite insolente. C'est une chance dont tu n'as pas idée. Tu ne peux pas refuser. Sinon ce ne sera qu'une question de temps avant que nous ne mettions la main sur ton père et...

- Vous ne... »

*clac*

La gifle fut magistrale, inattendue, clouant le bec de la scientifique sous le coup de la douleur. Se faire frapper ainsi avait quelque chose d'humiliant. Elle passa sa main sur sa lèvre fendue avant que sa grand mère ne lui offre un mouchoir pour éponger le fin filet de sang qui commençait à couler sur son menton.

« Personne me m'interrompt lorsque je parle. Me suis je bien fait comprendre ? Faute de réponse elle saisit le menton de la praticienne, serrant avec une poigne de fer pour une humaine centenaire. Ne me force pas à répéter.

- J'ai compris. »

Se rasseyant dans son fauteuil, Arcadia déglutit difficilement, essuyant sa lèvre tuméfiée. Elle n'aurait jamais imaginé qu'une personne aussi âgée puisse avoir autant de force. Elle avait ressenti une peau froide, sans vie, c'était très désagréable au contact.

« Pour l'instant tu séjourneras dans la chambre d'ami ou tu t'es réveillée. Tout ce dont tu auras besoin te sera fourni. Je me chargerai de faire de toi une personne présentable. Oh tu peux me faire ce regard mais crois moi je te briserai. J'ai été bien trop naïve avec Alexia. Je ne répéterai pas la même erreur. Je ferai tout pour m'assurer de ton obéissance et de ta docilité. Maintenant viens. Allons marcher un peu. »

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Elles marchèrent, sans un bruit, silencieuse. La blonde se sentait mal à l'aise avec comme seule envie, celle de s'enfuir d'ici. Le plus tôt possible. Elles marchèrent tranquillement, déambulant dans le parc, au milieu des massifs en hibernation. La militaire avait été impressionnée par la taille du château, rectangulaire avec ses quatre tours de chaque côté, et son fort sur le toit tout en pierre grise. Le bâtiment respirait la solidité et une force moyenâgeuse, exaltant une aura presque féerique pour peu que l'on oubliait l'environnement dans lequel on évoluait.

Plusieurs personnes vaquaient à leurs occupations, le plus souvent avec des armes en bandoulières, patrouillant avec des chiens mecha. Faisant des rondes autour de la demeure du clan. Il y avait aussi un jardinier qui s'affairait à entretenir son petit coin de paradis, en sifflant particulièrement mal.

« Tu dois savoir que c'était ta mère qui devait me succéder. Quand elle est partie. Il y avait son frère. Ton oncle Logan. C'est une personne de confiance, mais il n'a pas les aptitudes nécessaires pour mener nos principales activités, et puis c'est un homme. J'ai donc attendu qu'il me donne une petite fille... Mais en vain, la seule qu'il m'a donné est née difforme. Une aberration de la nature. Quant aux autres je préfère ne pas en parler. Tu te feras ta propre idée ce soir au dîner. En attendant, tu es libre de faire ce que tu veux », conclut la vieille femme en la laissant là.

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MessageSujet: Re: Le Clan McKnight   Le Clan McKnight Icon_minitimeLun 18 Mar 2019, 19:52


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« Logan McKnight », souffla t-elle.

Son oncle. Il avait bien l'âge de son père, sauf que le premier avait l'air d'être encore dans la force de l'âge. Grand et large, doté d'un physique de body-builder, il était très impressionnant. Une mâchoire large et carrée, des cheveux coupés courts, des yeux bleus froids, transperçant. Son corps était sous tension en permanence, des spasmes venaient secouer sa paupière ou la commissure de ses lèvres, tendu telle une bête prête à attaquer. Toujours sur l'offensive, prêt à mordre à la moindre contrariété. Il suffisait de voir comment il parlait aux employés. Un homme qui ne respecte que la force.

Il y avait aussi les jumeaux Gordon et Alfie, qui avaient plus ou moins l'âge de la praticienne. Le portrait craché de leur père, adeptes de la musculation, mais peut-être avec le cerveau en moins. Ils avaient descendu les bouteilles les unes après les autres comme s'ils s'agissaient d'un vulgaire picrate. Bruyants et grossiers. Que dire de plus ? Navrant.
Leur cadet Dan était plus timide, et bien plus chétif. C'était aussi la personne la plus intéressante à qui elle ait pu parler de la soirée, en l'absence de la maîtresse de maison. Bien qu'il devenait rouge comme une pivoine dès que la Martienne lui adressait la parole, lui avait une cervelle et semblait savoir s'en servir. Bien qu'il n'ait l'air attirer que par tout ce qui est technologique, au moins avait elle la sensation de ne plus être la seule à faire tâche dans le décor.
Quant à la fille de son oncle, elle n'eut pas encore la chance de la voir. Et mieux valait ne pas l'évoquer à moins de vouloir voir une autre assiette hors de prix éclater contre le mur.

Arcadia resta éveillée, dans le noir, attendant patiemment son heure. Elle se prépara, troquant sa robe contre un pantalon et une chemise dans l'une des armoires, ainsi que des bottes d'équitation.
Elle noua les draps de son lit pour en faire une corde, en éprouva la solidité. Satisfaite et une fois prête, elle sortit sur le petit balcon, inspectant les environs.
Il faisait froid et humide. Elle trembla autant d'appréhension qu'à cause de la fraîcheur. Il n'y avait personne. Le cour était déserte, pas un bruit, seulement le sifflement du vent. Elle écouta attentivement pendant quelques minutes, son souffle se transformant en une petite brume lorsqu'elle expirait.
Elle accrocha sa corde improvisée à l'une des pattes du balcon, passa de l'autre côté de la rambarde puis se laissa glisser en contrôlant sa descente.
Le pied posé sur la terre ferme, elle fit un pas avant de sentir un poids l'entraîner au sol. Elle voulut crier, une attaque violente dans la gorge l'en empêcha, suivi d'une autre qui l'amena au porte de l'inconscience.

« Ungh ! »

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Le contact de l'eau glacée sur son visage la fit serrer les dents, un coup cingla sa peau blanche qui rougit sous le choc, suivit d'un second. Elle grogna à nouveau et essaya de se relever avant de réaliser que deux gorilles la tenaient d'une poigne d'acier. Dans une tentative vaine, la quadragénaire essaya de se libérer, ne faisant que se renforcer l'étau qui maintenait ses bras prisonniers.
La pièce était austère, le sol en dur était inconfortable sous les jambes.
Elle releva la tête, le visage mauvais de son oncle face à elle, un sourire malsain sur les lèvres.

« Tu comptes déjà t'en aller ma tendre nièce ? A peine arrivée et tu veux partir ? Ta grand-mère risque de ne pas apprécier ce comportement. Tu ne dis rien ? Tu as bien raison, tu me rappelles ta salope de mère. »

Arcadia lui cracha au visage, un glaviot digne de son mépris, preuve que même retenu rien ne l'empêcherait de s'exprimer d'une manière ou d'une autre.

« Va bien te faire mettre Logan », cracha t-elle.

Le colosse lui décocha un coup à l'abdomen, elle sentit ses yeux sortir de ses orbites tandis qu'elle cherchait de l'air, hoquetant alors que la lumière dansait sous ses yeux. Elle sentit son dîner remonter puis sortir sans qu'elle ne puisse le contrôler.

« Ah putain la garce, elle m'a dégueulé dessus. Foutez là dans la cellule ! »

Traînée comme un vulgaire sac, on l'envoya à terre sans plus de considération qu'un détritus. La Martienne rampa lamentablement jusqu'à un matelas défoncé, ses esprits lui revenaient au fur et à mesure mais son ventre la faisait terriblement souffrir, elle le massa pour atténuer la douleur et l'humiliation. Un insecte répugnant traversa la pièce sous ses yeux, cela ne la fit même pas bouger.
Elle était abattue. Quelle stupidité de penser qu'elle avait la moindre chance de se faire la belle dès le premier soir. Bien sûr qu'ils l'avaient attendu. Pourtant cela ne fit que renforcer sa détermination à décarrer. Pour le moment elle se sentait seule, terriblement seule, loin de ses amis. Est-ce que au moins l'un d'entre eux avait réalisé qu'elle manquait à l'appel ? Même si dans l'immédiat, personne d'autre que elle même ne pourrait se sortir de là. Combien de temps allait-elle rester ici ?

Si cette nuit là, comme toutes les autres nuits, quelqu'un était parvenu à se glisser subrepticement au sein du vieux château d'Inveraray, perdu au milieu de la lande et des bois Écossais, s'il avait regardé à l'intérieur à travers l'une des fissures de la prison, il aurait vu dans la pièce éclairée par les rayons de la lune une femme aux cheveux d'or, le visage marqué par les horreurs qu'elle avait vécu il y a quelques jours de cela. Il aurait vu cette femme sangloter, seule, dans sa cellule, ses épaules secouées de spasmes. Mais personne n'aurait pu la voir. Le château d'Inveraray était bien caché, dans un endroit désert, plongé dans le brouillard, ou personne n'osait s'aventurer.

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Dernière édition par Arcadia McKnight le Jeu 21 Mar 2019, 02:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le Clan McKnight   Le Clan McKnight Icon_minitimeJeu 21 Mar 2019, 02:18


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La nuit fut éreintante, entre le froid qui la tenaillait, la glaçant jusqu'aux os et la souffrance cuisante que son oncle lui avait assené, elle avait eu du mal à trouver le sommeil. Le peu de fois ou elle arrivait à fermer les yeux, c'était pour les rouvrir quelques minutes plus tard, terrorisée par sa situation.
Elle ouvrit les yeux au petit matin, tiraillée par la fatigue, assoiffée et meurtrie. Un fin rayon de soleil perçait par sa cellule, lui permettant d'observer l'hématome qui avait prit place près de son estomac, laissant deviner la forme d'un poing. S'asseyant avec difficulté, Arcadia passa les premières heures de sa journée à fixer la porte fermée, espérant qu'elle s'ouvre à un moment ou à un autre. Lorsque le soleil sembla atteindre son zénith, elle se résolut à terminer sa journée dans ce trou, sans eau, ni nourriture et avec comme seule latrines un seau malodorant.
La journée s'écoula lentement, très lentement. Avec personne d'autre que sa propre solitude. Plus d'une fois l'émotion faillit la déborder, elle résista parfois avec difficulté. Elle avait connu bien pire. Mais même dans les pires situations, elle n'avait jamais été seule.

Après avoir passé une bonne partie de la journée à se morfondre sur son sort, la militaire arracha l'un des ressorts du matelas, le travaillant de longues heures, pour en faire une longue tige modulable. Elle n'avait pas grand chose d'autre à faire de toute façon.
L'obscurité reprit ses droits, lui permettant de commencer à crocheter la vieille porte. Le docteur n'avait pas vraiment de compétences dans ce domaine et pour tout dire ce n'était pas tout les jours que l'on voyait ce genre de serrure. Elle s'escrima pendant de longues heures, lorsque enfin le déclic miraculeux se fit entendre.Il n'y avait pas âme qui vive dans ce sous sol, néanmoins cela n'enlevait en rien le bonheur de retrouver sa liberté.
Remontant vers le rez de chaussée, elle arriva dans l'un des couloirs. Elle essaya de se repérer, cherchant le vestibule. Soudain elle s'arrêta en entendant des bruits de pas qui venait dans sa direction.

Arcadia se réfugia dans une pièce annexe, dissimulée derrière l'encadrement d'une arche, elle attendit, calmant sa respiration. Une silhouette passa à quelques mètres d'elle, inconsciente de sa présence. La jeune femme vit une arme à sa ceinture.
Dans une démarche prédatrice, elle émergea de l'ombre, sauta sur sa proie, lui brisant la nuque avec une précision chirurgicale. Elle ramena sa prise dans les ténèbres, arrachant tout ce qui pourrait lui être utile, lampe torche, pistolet, munitions. Elle vérifia l'omnitech mais celui-ci était verrouillé. L'humaine reprit son chemin, pour finalement arriver dehors.

Des nuages couvraient la lune par intermittence, lâchant une bruine glaçante sur le château, lui donnant un air de maison hanté. Quelques torches éclairaient le jardin, inspectant les environs. La Martienne préféra les contourner, surveillant ses arrières, inquiète que qui que ce soit puisse la suivre.
Elle progressa, parfois en rampant, parfois le dos voûté, détruisant les parterres de fleurs. Hélas elle n'alla pas loin. Des bras puissants la cernèrent, prêts à l'écraser. Elle envoya violemment sa tête en arrière qui percuta ce qui ressemblait à un nez. Son agresseur lâcha un juron alors qu'elle continua en écrasant le talon de sa botte sur le pied de l'inconnu, se défaisant de cette étreinte. La militaire se retourna et écrasa la crosse de arme en plein visage de sa victime avant de le mettre en joue.
Deux coups d'une violence phénoménale, tirés depuis une arme d'auto-défense, vinrent la percuter de face, la faisant lâcher son pistolet. Elle tomba par terre, abasourdie par le choc, on la plaqua contre le sol, un genou dans la colonne pour l'immobiliser.
Essayant de se soustraire elle sentit des crochets se planter dans sa peau, puis une longue et douloureuse décharge électrique la laissa pantoise.

« Elle m'a cassé le nez cette conne. »

Un coup de pied lui vrilla les côtes.

« Arrête Alfie. Si on l’abîme trop, on va trinquer aussi ! Aide moi plutôt à la porter. Quelques jours dans le mausolée devrait la calmer. »

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Arcadia passa cinq jours à l'intérieur du Mausolée, bien qu'elle perdit vite le compte des jours. Grand de trois mètres sur trois, c'était un cube ou la lumière ne perçait jamais. Froid et austère, vide de tout objet si ce n'était le béton qui en tapissait chaque recoin. Pas de lit, pas de toilettes, pas de lavabo, rien.
On la fit sortir deux fois, toujours les yeux bandés, à chaque fois pour la tabasser avant de la remettre à l'intérieur de sa cellule humide, nettoyée au jet comme celle d'une bête. Sa seule nourriture fut des bouillons infâmes que son geôlier lui apportait selon ses humeurs, s'il ne terminait pas carrément par terre par pur plaisir sadique. Elle passait ses journées assise, seule, dans le noir, à essayer de comprendre pourquoi le destin s'acharnait ainsi sur sa personne.

Lorsque son calvaire prit fin, elle fut autorisée à prendre une douche et se changer, avant d'avoir à faire le pied de grue. Cela ne la dérangeait pas vraiment d'attendre, au moins elle était au chaud, assise dans un canapé confortable, son corps tuméfié la remerciait de ce changement soudain. Elle avait mal partout, des ecchymoses et coupures couvraient son corps, sa main gauche portait l'empreinte d'une semelle, son visage était recouvert de diverses nuances de bleues et de mauves.
Sa grand mère arriva, le port toujours altier. Elle saisit le menton de sa petite fille, l'observant sous toutes les coutures, sans trahir la moindre émotion.
Le binôme entra dans le bureau, toujours dans un silence pesant. Arcadia fut invité à s'asseoir, son aïeule connecta son omni-tech à un projecteur. La transmission s'établit puis se stabilisa. Elle reconnut un building, une personne se déplaçait à l'intérieur. La personne qui filmait zooma. Le visage se dessina plus précisément.

La blonde sentit son estomac se nouer en reconnaissant son père sur la vidéo, son visage devenant aussi pâle que la mort. Elle voulut dire quelque chose mais rien ne sortit de sa bouche asséchée.

« Voilà mon offre Arcadia. Soit tu te plies à mes volontés et désirs. Soit Chaol Ziegler disparaît de cet univers dans la minute. Mais fais vite, je suis pressée !

-

- Alors ?

- Je... J'accepte.

- Bien, tu vois quand tu veux ? Il va falloir commencer par arranger ton joli minois. Ensuite je vais voir ce que je peux tirer de toi. Mais demain. Tu as bien mérité un peu de repos. »

Aileas McKnight sortit laissant la Martienne seule. Elle était désemparée, on pouvait atteindre son père à tout moment et elle n'avait aucun moyen de le prévenir. Obligée d'obéir aux règles de ce qui devaient être sa famille. Elle avait envie de retourner la pièce, de hurler sa rage, sa colère de se défouler sur quelque chose. Ce fut donc le canapé qui en prit pour son grade.

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MessageSujet: Re: Le Clan McKnight   Le Clan McKnight Icon_minitimeVen 22 Mar 2019, 23:08


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« C'est ici ?

- Oui. Je t'en prie. Tu peux rentrer. »

La main sur la poignée de la porte, elle hésitait à abaisser la clanche, à découvrir ce qui l'attendait de l'autre côté, à rencontrer un passé qu'elle avait imaginé toute sa vie, à lever le voile sur la jeunesse de sa mère.
Mûe par une impulsion, un signal ou un déclic, la toubib ouvrit la porte, coulissant sur ses gonds jusqu'à rencontrer le cale-porte. Un univers nouveau s'offrit à elle, inconnu, convoité, dont elle avait tant rêvé et aujourd'hui il était à porté de main. Une légère odeur de jasmin et d'iris embaumait la pièce. Rien ne traînait, l'endroit était propre, entretenu comme si son occupant allait revenir le soir même.

« Tu dormiras ici maintenant. Ce qui se trouve dans la pièce t'appartient. Je te laisse, j'ai des affaires qui requièrent mon attention. »

La porte se referma, la laissant seule dans cette pièce qui lui était tout aussi familière qu'étrangère. Arcadia resta interdite, regardant de gauche à droite observant chaque détail de la vie d'une personne qu'elle aurait aimé rencontrer, aimer et chérir. L'émotion manqua de la submergea, elle se retint avec difficulté puis s'avança vers un mur décoré d'une mosaïque de photos. Il fut aisé de reconnaître Alexia McKnight, une longue toison aussi brillante que le soleil, des yeux verts-bleus, son air fier et arrogant. C'était définitivement sa mère.
Elle prenait la pose seule ou parfois entourée d'amies, mais toujours avec le sourire. Les photographies devaient s'arrêter lorsque sa génitrice arrivait sur son quart de siècle. Après plus rien.

Continuant son exploration, elle ouvrit la garde robe, découvrant des vêtements en tout genre, de ceux que l'on attendaient de la noblesse Écossaise à des tenues bien plus décontractées, cela égaya la blonde d’apprendre que Alexia avait été une femme de goût… jusqu’à tomber sur de la lingerie fine. Peu habituée à jouer les vierges effarouchés depuis quelques années, la situation la fit néanmoins rougir. Certes elle voulait en savoir plus sur sa génitrice mais ses choix vestimentaires intimes n'étaient pas vraiment le genre d'informations qu'elle souhaitait connaître.

Plusieurs produits de beautés et maquillage étaient restés sur une console, attendant pour l'éternité leur propriétaire qui ne reviendrait jamais. Elle alla s'asseoir derrière le bureau, touchant le meuble du bout des digitales. Imaginant parfaitement une jeune fille studieuse bûcher avec application sur ses devoirs. Elle fouilla les tiroirs trouvant des papiers avec des notes griffonnés dessus, quelques livres Mais rien de vraiment intéressant, l'air abattu, déçue de ne pas en avoir apprit plus, elle laissa son dos reposer contre le dossier du siège, la faisant se balancer sur deux pieds dangereusement.

Elle se perdit dans ses pensées, cherchant à savoir comment elle pourrait en apprendre plus sur sa mère. Pour l'instant la blonde n'avait pas vraiment l'envie de demander à son aïeule. Hélas sa soif de connaissance était loin d'être abreuvée. Ses yeux s'ouvrirent en grand alors qu'elle se sentit partir. Ses mains attrapèrent le rebord du bureau, qui se décrocha, l'entraînant avec elle dans sa chute.

*BOOM*

La rêveuse tomba en arrière, maugréant quelques insultes en se relevant, une mains sur le dos. Rejetant au loin le morceau de bois, elle regarda dans l'espace autrefois clos pour y un livre et des petits bibelots. Elle se saisit du livre avec précaution, scellé par un cadenas. Il ne lui fallut pas longtemps pour faire sauter la sécurité, c'est avec une certaine excitation qu'elle ouvrit le journal intime de Alexia. Un ouvrage qui n'avait pas vu la lumière du jour depuis plus de cinquante ans.

A l'intérieur des pages entières noircies d'encre, des feuilles scotchées ou en vrac. C'était un véritable grimoire, racontant les déboires et aventures de sa mère. Pour la première fois depuis son arrivée elle sourit, rassurée que sa génitrice se soit trouvée dans le même état d'esprit qu'elle. Qu'elle ne pensait qu'à s'enfuir de cette prison. Elle ria lorsqu'elle lu les appréciations des professeurs de sa mère, prouvant bien le dicton telle mère, telle fille.

Biologie 20/20. Vous voyez Alexia moi aussi je peux écrire n'importe quoi. Élève sans histoire... et sans géographie malheureusement. Alexia a été présente à tout les cours de Français sauf qu'elle est sensé faire Allemand. Le latin est une langue morte, on a trouvé le meurtrier. Langue maternelle : si toi pas parler Anglais plus mieux plus tard, toi problème. Mathématiques : Alexia est prête pour le MI6. On peut l'interroger pendant des heures on sait qu'elle ne dira rien.

Cachant sa découverte, elle observa les différents objets. Quelques bijoux, des boucles d'oreilles qu'elle décida de porter, une photo de son père et sa mère ensemble, jeunes et insouciants. Des souvenirs de l'école. Des choses qui pouvaient paraître insignifiantes mais ayant eu une valeur sentimentale aux yeux de sa mère.
Elle se leva, l'image de ses parents en main, se couchant sur le lit sans jamais cessait de la regarder dans ses moindres détails.

Le soir venu, elle retourna devant le bureau, le journal intime ouvert sur une page vierge, un stylo à la main, elle commença à écrire. Ajoutant son histoire à celle de sa mère, avec la sensation de partager quelque chose avec une femme qu’elle aurait aimé connaître.

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29 Janvier 2204

Une semaine, cela fait une semaine que l'on m'a arraché de ma vie, pour m'en donner une que je ne veux pas. Au milieu de dégénérés qui se qualifient comme étant ma famille. Je ne veux pas rester ici, me retrouver seule. Pas après Chasca… J'ai besoin de tout le monde : Papa, Audrey, Shura, même ce guignol de Scipio. J'ai promis tellement de chose... aujourd’hui je ne peux plus tenir aucune promesse.
Le vide, la tristesse, je me sens accablée. Même l'air que je respire me semble lourd. Tout me paraît plus sombre qu'il ne l'a jamais été. La vie a perdu son éclat, le soleil s’est ternit, plus rien n’a de goût ni d’odeur.

Je me sens étrangère à ce lieu. Je n’ai rien en commun avec quiconque si ce n’est le nom. J’aimerais m’enfuir loin, très loin. Ne jamais avoir entendu parler d’eux. Mais je ne peux pas les laisser s’en prendre à papa.
Je vais devoir jouer un rôle qui n’est pas le mien, que je ne veux pas. Ils ne me font toujours pas confiance je le sens. Je le sais. Cela me dégoûte de devoir la gagner. Je ne veux rien avoir à faire avec eux. Mais je dois le faire, je dois gagner du temps. Et surtout je dois trouver un moyen de m’échapper.

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MessageSujet: Re: Le Clan McKnight   Le Clan McKnight Icon_minitimeDim 24 Mar 2019, 19:18


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Le cor résonna à nouveau dans la forêt signe que les chiens étaient sur la bonne voie. Les cavaliers relancèrent leur monture, s'élançant pour rattraper la meute de griffon fauve. La chasse ne venait que de débuter, il était inutile de forcer le galop, néanmoins hors de question de perdre le gibier. Arcadia chevauchait en tête sur un anglo-arabe, en compagnie de son aïeule.
C'était la première fois qu'elle pratiquait la vénerie et quelques jours à peine qu'elle montait à cheval. Son postérieur lui faisait d'ailleurs sentir qu'il ne supportait pas vraiment ce traitement. L'idée de devoir parcourir une cinquantaine de bornes avant de pouvoir se reposer ne la réjouissait donc pas plus que ça. Elle allait devoir se mettre de la crème sur les fesses pour calmer la douleur.

Son dévolu s'était jeté sur Cadyra, une jeune jument à la robe alezan, qui s'était révélée aussi fougueuse que désobéissante. Une monture à son image avait ironisé Aileas. Il allait falloir de nombreux mois pour que cavalier et cheval développe une quelconque symbiose.
La blonde s'était baladée plusieurs fois sous bonne garde autour du domaine. Cadyra s'était amusée à désarçonner la toubib, dès qu'elle lui battait les flancs avec trop d'insistance, l'envoyant goûter la boue Écossaise.
Petit à petit elle apprit à rester sur la selle, à maîtriser l'Anglo, prenant du plaisir à galoper dans les forêts et plaines d'Argyll. Cela n'allait pas aussi vite qu'une moto, mais retrouver la sensation du vent qui fouette le visage n'avait pas de prix.
Ils finirent par rattraper la meute et le veneur près d'un ruisseau. Les chiens traversaient le cours d'eau humant le sol et l'air pour retrouver la trace de leur proie. Ils partirent dans une direction aussitôt suivi par les chasseurs.

« Lorsque le cerf traverse une rivière, cela perturbe les chiens qui perdent le sentiment. La trace olfactive que laisse le gibier, expliqua sa grand mère. Tu verras que la bête emploie plusieurs tactiques pour nous semer. Mais ce n'est toujours qu'une question de temps avant qu'elle ne soit rattrapée.

- Ça arrive souvent de perdre la trace de la proie ?

- Ça peut arriver. Cela reste rare par ici. Nos griffons sont d'excellents pisteurs. Mais ce ne serait pas la première fois qu'il nous filerait entre les doigts et sûrement pas la dernière. Cela te plaît ?

- Si l'on oublie les fesses endolories, oui. Même si je ne ferai pas ça tout les jours.

- Ne t'en fais pas, cela est occasionnel. C'est simplement pour te présenter à la noblesse locale, qu'ils sachent que le clan McKnight est plus fort que jamais. »

Le cor résonna à nouveau, coupant court à la conversation. L'animal avait été retrouvé, éperonnant l'alezan, la Martienne prit la tête, se laissant aller à ce jeu. La chasse dura tout l'après midi emmenant le groupe loin dans les terres du duché. Cadyra renâclait bruyamment, tandis que le cul de Arcadia lui faisait souffrir le martyre.
Les chiens puisaient dans leurs dernières forces, la langue pendante, la curée était proche, ils le savaient.

« Allez Cadyra ! »

Poussée par sa cavalière, la jument accéléra, dépassant ses congénères. L'héritière était surprise de voir qu'il restait autant d'énergie à sa monture qui rattrapa la horde de canidés. Couchée sur le dos de son destrier pour gagner de la vitesse, elle pouvait voir le cerf, sa course devenait désordonnée, incertaine. Il s'essoufflait, il était au bout du rouleau, il allait s'écrouler.
La bête tomba, les muscles raidit par l'effort. L'hallali résonna dans la clairière, triomphant, sonnant la victoire des traqueurs et rendant hommage à l'animal vaincu.
Les veneurs mirent pied à terre, s'approchant de leur prise agonisante.

« Prend la dague mon enfant. L'honneur te revient. »

Le docteur se laissa glissa de sa jument, se saisissant de l'arme blanche que sa grand mère lui tendait. Elle avança avec précaution jusqu'à l'animal épuisé, il n'essaya même pas de se remettre debout alors que sa mort approchait, les jambes tétanisaient par l'effort, son œil fixé sur la lame.
Sous le regard des chasseurs elle s'agenouilla avant de planter la dague dans ce corps agonisant. Le cœur fut perforé avec précision.

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Le soir venu après avoir mangé jusqu'à plus faim, après avoir bu jusqu'à plus soif, Arcadia regagna sa chambre tardivement. Ses vêtements tombèrent sur le sol un à un alors qu'elle se réfugiait sous sa couette, trop fatiguée pour se changer.
Son regard se figea sur le kaléidoscope de photos, absent, vide de tout émotion. Elle resta ainsi à long moment à méditer sur ses pensées. Elle avait aimé galoper, arpenter les terres d’Écosse à dos de cheval, libre comme l’air. Contrairement à la chasse qui ne l’intéressait pas.
Cadyra lui faisait oublier sa prison dorée. L’une comme l’autre était indomptable, rebelle, ne se soumettant que pour mieux mordre l’instant d’après. Ne rêvant que de liberté.
Hélas mordre devenait difficile une fois les dents limées et une muselière en place.
La quadragénaire s’en voulut d’avoir pris un quelconque plaisir en ce lieu qu’elle détestait, d’avoir oublié sa situation, d’avoir oublié les personnes qui comptaient à ses yeux, d’avoir oublié les choses dont sa famille était capable.

Si cette nuit là, comme toutes les autres nuits, quelqu'un était parvenu à se glisser subrepticement jusqu'au vieux château d'Inveraray, perdu au milieu de la lande et des bois Écossais, s'il avait regardé à l'intérieur à travers l'une des fentes des volets, il aurait vu dans la pièce faiblement éclairée une femme aux cheveux d'or, le corps strié d'hématomes et de coupures. Il aurait vu cette femme sangloter, seule, dans ses draps, ses épaules secouées de spasmes, cherchant à apaiser son chagrin. Mais personne n'aurait pu la voir. Le château d'Inveraray était bien caché, dans un endroit désert, plongé dans le brouillard, ou personne n'osait s'aventurer.

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MessageSujet: Re: Le Clan McKnight   Le Clan McKnight Icon_minitimeMar 26 Mar 2019, 23:19


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« Te sens tu prête à servir le clan ?

- Tu m'as déjà posé la question et ma réponse est toujours la même. Oui.

- Peu importe la tâche que je puisse te demander ? »

Elle marqua un court temps de réflexion avant de regarder sa grand-mère droit dans les yeux.

« Oui.

- Très bien dans ce cas, tu peux aller voir Logan. Il t'attend au sous sol. »

Arcadia se leva, reposant l'un des nouveaux ouvrages que son aïeule lui avait recommandé (ou forcé selon le choix) de lire. Celui-ci parlait de la politique Concilienne et était aussi barbant que soporifique. Pour tout dire elle n'était pas mécontente de faire quelque chose qui lui changerait les idées. Depuis plus d'une semaine, sa seule activité consistait à lire, lire et lire. Cela ne l'enchantait pas de coopérer avec son oncle, mais elle n'avait guère le choix.
Elle se demanda combien de temps son esprit supporterait cette comédie, ce rôle qu'elle se forçait à jouer. Combien de temps avant que son masque ne se fissure, révélant la profondeur de son désarroi.

Les gardes et le personnel de maison s'écartaient de son chemin, elle passait devant eux sans leur accorder le moindre regard ni la moindre attention. Les hommes de mains éprouvaient une certaine aversion pour la blonde après qu'elle ait tué l'un des leurs en tentant de s'échapper. Un chic type avait elle entendu. Enfin un chic type mort. Mais personne n'oserait lever la main sur la marquise de Kintyre et Lorne, petite fille de la Duchesse d'Argyll, prétendante désignée à la succession du clan McKnight.
Tous avaient travaillé dans l'armée de l'Alliance, certains même parmi les forces spéciales avant de se reconvertir en une organisation para-militaire et d'être engagé à Inveraray. Paye juteuse, endroit calme, le paradis pour eux. Ce n'est pas pour autant qu'il se laissait aller. Des regards prédateurs s'échangeaient entre la toubib et ces vétérans, prêts à se sauter à la gorge s'ils en avaient l'occasion.

Elle descendit les escaliers en colimaçon menant vers les sous sols du château. Un rire gras résonnait contre les pierres. Pas de doute c'était bien lui.
Logan cessa de rire, toisant sa nièce, l'air dédaigneux. Si une chose la rendait heureuse c'était bel et bien de lire la jalousie sur le visage de son oncle, le bonheur de voir sa mine déconfite alors que le pouvoir lui filait entre les doigts. Le docteur savait qu'elle ne resterait pas éternellement. Un jour ou l'autre elle trouverait un moyen de fuir et de les faire payer. Mais d'ici là elle apprécierait chaque petite chose qui pourrait lui redonner le sourire.

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« Marquise, dit-il d'un ton railleur.

- Logan ? » Elle fit volontaire abstraction de son titre. Ni ne poussa la conversation. Savoir si ce psychopathe allait bien ne l'intéressait pas.

Il répondit par un simple grognement, lui demandant de le suivre d'un signe de tête. Marchant à sa suite, il ouvrit la porte d'une cellule, propre et immaculée, avec cette désagréable odeur de crasse persistante qui prenait à la gorge. Un homme se tenait recroquevillé dans un coin, l'air apeuré. Il devait être un peu plus âgé que elle. Il était aussi un peu plus rondouillard.
Logan l'attrapa par le col, le traînant comme une vulgaire peluche, le médecin toujours sur les talons. Le pauvre ère essaya de se débattre, avant de recevoir un violent coup de poing pour le calmer.
Une porte s'ouvrit à la volée, il pénétra dans la pièce, lâchant son bagage. La toubib pénétra à son tour, son esprit se bloqua face à de décor irréaliste. De l'outillage jardinier à celui de menuisier en passant par ceux des chirurgiens, tout ce matériel occupait un pan de mur. Elle nota aussi des chaînes, crochets, chalumeau, des drogues et bien d'autre chose. Son cerveau essaya d'enregistrer toutes ces informations. Elle sentit perdre pied dans cette salle de torture, croisant les mains dans son dos pour cacher ses tremblements.

« A ton tour maintenant. Tue le.

- Donne moi un flingue.

- Non, ce n'est pas aussi simple Marquise. Tu as tout ce qu'il y a dans cette pièce à ta disposition. Ni plus ni moins.

- Je ne suis pas une bouchère.

- Maman veut s'assurer de ta fidélité. A moins que celle-ci ne soit du vent ? Imagine toi à la place de ce chien. J'en connais plus d'un qui se précipiterait pour devenir ton bourreau… ou mieux ton père, dit-il sur un ton un peu trop jovial en relevant une des mèches blondes de la quadragénaire.

- Retirez cette main Comte. Je ne suis pas une de vos putains du bordel, se ressaisit elle, attrapant l'énorme poignet de son oncle, le comprimant de toute ses forces. Des images de son paternel torturé défilaient dans son crâne la glaçant d’effroi. Elle aurait préféré se donner la mort plutôt que de poser la main sur son père. Je ne le répéterai pas une seconde fois. »

Comprenant qu'il ne pouvait pas pousser le bouchon plus loin il battit en retraite.

« Fais le souffrir le plus longtemps. Si je découvre que tu lui as accordé une mort douce, l'information ira trouver la bonne personne. Et crois moi tu le regretteras. »

Le regardant partir, elle reporta son attention sur le détenu, sans avoir une quelconque idée de qui il était ou ce qu'il avait fait. S'approchant de lui, elle le regarda, implorant, suppliant de le laisser partir. Elle maudit sa famille de lui offrir son salut et sa place contre une vie. Pire si elle refusait de se plier à cette ordre, ce serait elle et Chaol qui en paierait le prix. Rien ne pourrait pardonner ce qu’elle s’apprêtait à faire. C’était sûrement là le comble de l’horreur. Même sous la menace rien n’excusait le massacre d’une autre personne. Rien. Elle était perdue dans cet océan de violence, évoluant dans un monde qui n’était pas le sien.
Son poing s'écrasa avec violence contre l'abdomen de son interlocuteur qui retomba, sonné par le choc. Arcadia appela les deux geôliers en faction pour l'aider. Ils la regardèrent planter des crochets dans le dos de sa victime, deux de chaque côté des omoplates, puis leur ordonna de le soulever pour l'accrocher au treuil.

« C'est bon vous pouvez sortir », leur dit-elle nonchalamment.

L'humain gémissait alors que sa peau s'étirait à cause de la suspension, il essaya de se relever mais fut rapidement bloqué, sa tortionnaire lui tirant les jambes en arrière avec l'une des chaînes. Avec un ciseau, elle découpa les vêtements restants, mettant à nu le corps du supplicié, des larmes coulèrent le long de son visage.

« Pitié...

- Désolé », renifla la Martienne en étouffant un sanglot, les larmes au bord des yeux.

Elle revint de l'établi une seringue à la main, un scalpel dans l'autre. Elle planta la seringue de cocaïne dans le bras de cet homme, l'envoyant loin dans un royaume onirique. Sortant le scalpel de son emballage stérile, elle commença sa tâche macabre. Incisant depuis le cuir chevelu, elle coupait avec précision, suffisant pour faire saigner petit à petit en continu, suffisant pour que cela ne cicatrise pas ou que les plaquettes fassent effet trop rapidement, suffisant pour faire durer le supplice des heures.
Elle descendit au fur et à mesure de son ouvrage, le front, les joues, la gorge, le torse, les aisselles, les bras. Toujours le même petit coup sec et net. La victime dans son état de transe ne sentait rien, divaguant dans son esprit embrumé par la drogue. Après une vingtaine de minutes elle vit que les effets de la cocaïne s'évaporait, les doigts de l'homme tressautaient à chaque à-coup. Au début ce ne fut qu'un gémissement, puis une plainte. Arrivé à l'abdomen, il poussa un hurlement de plus en plus animal, son cerveau reprenait le contrôle, envoyant des pics de douleurs à travers tout ce corps flasque, prenant conscience des dégâts.
Le colonel se sentait de plus en plus mal, chaque hurlement lui donnait l'envie de retourner le scalpel contre elle, de faire cesser ce cauchemar. Elle continua son œuvre sans s'arrêter alors que son visage baignait dans les larmes. Elle se dégoûtait, se demandant comment elle serait capable de se regarder dans un miroir le jour suivant.

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Cette nuit là au château d'Inveraray, bien peu trouvèrent le sommeil, les hurlements déchirèrent la nuit, troublant le calme paisible de la demeure. Des cris à faire se dresser les poils du dos, des cris à rendre fou, des cris qui n'avaient plus rien d'humain. Sa victime perdit conscience plus d'une fois, lui accordant le temps nécessaire parfois pour pleurer, parfois se réfugier dans un coin de la pièce le regard vide.
Elle éconduit brutalement la personne chargée de lui apporter à manger, personne n'eut le droit d'entrer dans la salle de torture jusqu'au petit matin.
Elle en sortit, les yeux rougis de fatigue, lui permettant de cacher son chagrin, du sang maculé ses vêtements et son visage angélique. Elle garda la tête haute, face aux membres de sa famille qui patientaient devant la porte, les laissant là sans un mot.

A l'intérieur, l'homme, qui autrefois s'appelait Gregor Martyn, partisan pour le retour du parlement et la fin de la gouvernance des maisons nobles, n'était plus qu'un morceau de viande pendu à des crocs. Ses bras et ses jambes avaient été amputés à la découpeuse à disque comme en témoignait la lame de la machine couverte de fluide vital séché, puis cautérisés au chalumeau. Des phalanges traînaient à même le sol, sur certaines ils manquaient même les ongles. Des morceaux de chairs manquaient ici et là. Le visage pendait d'une manière ridicule retenu simplement par des morceaux de peau. Les globes oculaires avaient été éjectés, laissant place à deux trous sombres. La langue reposait à l'air libre sur une table à côté d'une paupière. Aucune partie du corps n'avait été épargné. Il avait résisté longtemps, très longtemps.

Arcadia partit s'enfermer dans sa chambre, le visage vidé de toute émotion, quelque chose de nouveau venait de se briser en son for intérieur. Elle resta ainsi un long moment, incapable de bouger, de pleurer, d'éprouver la moindre émotion sur ce qu'elle venait de commettre. Aujourd’hui elle se haïssait.

Le soir venu, elle retourna devant le bureau, le journal intime ouvert sur une page vierge, un stylo à la main. Elle resta longtemps avec son stylo à la main, essayant de chercher les mots, de marquer à l’encre ce qui la hantera à jamais.


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18 Février 2204

J’ai tué. J’ai déjà pris la vie de dizaines de personnes. Peut-être même une centaine. Des pirates, des corrompus… Mais jamais celle d’un innocent. Je l’ai massacré alors qu’il ne m’avait rien fait. Je me dégoûte, je pue le sang, l’odeur des viscères me collent à la peau. Je n’en peux plus, je ne veux pas de ça. Je n’ose même plus me regarder dans un miroir. J’aimerai avoir le courage de mettre fin à ce cauchemar. Fermer les yeux et partir.
L’espoir est la seule chose qu’il me reste, l’espoir de pouvoir envoyer un message vers l’extérieur.

Je les hais. Tous. Je veux les faire souffrir autant qu’ils me font souffrir. Je n’arrive toujours pas à croire que j’écris ces mots. Mais j’ai envie de les voir agoniser, leur faire mal. Ils ne méritent rien d’autre. Je ne me sens plus moi même. Comme si je n’étais que la spectatrice d’un corps et d’un esprit dont je n’ai plus le contrôle. Je dois tenir encore un peu. Il y a forcément des personnes qui doivent me chercher. Je ne peux pas les abandonner.

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Dernière édition par Arcadia McKnight le Mar 02 Avr 2019, 00:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le Clan McKnight   Le Clan McKnight Icon_minitimeJeu 28 Mar 2019, 20:27


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Après cette mise à l'épreuve, plus personne n'osa remettre en doute la loyauté ou sa volonté de s'intégrer au clan, héritant du surnom de “Bouchère d’Inveraray”.
Depuis ce jour, elle arborait un visage dénué de toute expression. Sa joie ? Envolée. Sa bonne humeur ? Enfouie. Il n'était jamais facile de dissimuler sa tristesse ou sa mélancolie. Pourtant plus rien n'apparaissait sur cette petite tête blonde, ses yeux étaient devenus deux puits insondables. Ne se forçant à sourire que lorsqu'il le fallait. Jouant son rôle de Marquise.
Ce n'était qu'une fois le soir venu, se retrouvant avec elle même, qu'elle s'accordait le droit de montrer sa faiblesse. De laisser filer cette image de sang bleu pour ne redevenir que Arcadia. Une femme assaillie par ses fantômes du passé, seule, désespérément seule, ses pensées dérivant vers une manière de mettre fin à ses jours. De quitter ce cauchemar. Elle y avait songé, plusieurs fois. Mais n'avait jamais eu le courage de mettre son plan en application.

Son aïeule l'avait fait entrer dans le cercle fermé des McKnight. Lui permettant d'en apprendre plus sur les manières de faire de sa famille. Sans pour autant lui laisser un accès extranet au monde extérieur. Le lavage de cerveau ne faisait que commencer, il fallait éviter toute rechute.
Chaque jour pendant plusieurs heures, elle avait dû apprendre l'histoire de l’Écosse du siècle dernier jusqu'à aujourd'hui, l'art de manier les ficelles en politique, les subtilités du monde de la noblesse, les principales familles régnante et bien plus.

Deux cents ans plus tôt, le pays avait adopté un parlement autonome. À l'époque, ce bout de Terre était partagé parmi quelques chefs de clan détenteurs de droits ancestraux, qui géraient eux même leur morceau de royaume. Bien que toujours sous la supervision de la couronne Anglaise, les gouverneurs restaient libres de leurs actions tant qu'ils remplissaient leurs devoirs. Du moins jusqu'à la redistribution des terres et la réforme foncière qui avait grandement impacté tout le pays.
Faisant passer les grandes familles en arrière plan, mettant définitivement fin au système féodale.
Moins d'un siècle plus tard, le taux de chômage avait explosé, l'insécurité était partout, la corruption plus forte que jamais, l'Écosse sombra dans la pauvreté.
Les grandes maisons, prêtes à tout pour retrouver leur pouvoir, haranguèrent le peuple, attisant la haine contre les politiciens, jusqu'au déclenchement d'une guerre civile, courte mais extrêmement sanglante. Le gouvernement en place fut destitué, les familles retrouvèrent leur prestige d'antan, l'ancien système de castes refit son apparition, le pays se releva petit à petit, la corruption toujours bien présente, juste plus insidieuse.

C'est aussi à ce moment là où des clans de moindre envergure commencèrent à se manifester, voulant toucher eux aussi leur part du gâteau. Ce fut le cas d'une petite baronnie comme les McKnight. Ambitieuse et avide de pouvoir elle était prête à tout pour grimper les échelons. La chef de clan travaillait en tant que diplomate au sein du cabinet de l’Alliance à cette époque, une petite gratte papier sans grande envergure mais qui disposait de terres intéressantes et surtout d’une envie insatiable de pouvoir, dans un pays ou les règles en vigueur étaient parfois obscures.
La rencontre avec l’Oeil fut un tournant majeur pour la famille: argent, milice, dossiers compromettants tout leur tomba du ciel. Une véritable bénédiction. La baronnie s’agrandit, achetant des titres, des terrains, devenant chaque jour de plus en plus importante. Lorsque les crédits ne faisaient pas plier, les violences ou un accident venait accomplir le travail.
Au sein du cabinet de l’Alliance s’opérait la même action.La baronne n’était pas folle, le poste d’ambassadeur ne l’intéressait guère, il fallait juste faire partie des gros poissons, se trouver suffisamment élevé pour ne pas être menacé dans la chaîne alimentaire.

Menaces, corruption, chantage, assassinats, tout était mis en oeuvre pour se débarrasser de la concurrence.
Vint le jour ou les McKnight s’attaquèrent au Campbell, la plus puissante famille d’Écosse, cousin germain par alliance il y a de cela des décennies, si ce n’est pas siècles. C’était un clan pétri d’orgueil, d’arrogance et de suffisance. Rien ne semblait pouvoir les faire plier, crachant sur l’or comme sur les présents.
Ne pouvant exterminer une famille complète sans éveiller les soupçons, les McKnight décidèrent d’employer une autre méthode que la force brute. A l’aide d’un psychotrope gazeux, ils empoisonnèrent le Duc. Il ne fallut pas longtemps pour que ce dernier massacre sa famille sous les yeux satisfaient de ses ennemis. Lorsqu’il revint à lui, incapable d’affronter la portée de ses actes, il préféra se donner la mort. Par droit de succession, la Baronnie phagocyta le Duché pour ne faire plus qu’un. En une quarantaine d’année, la Baronne de Dundarave Castle devint la Duchesse d’Argyll. Ce fut à sa fille Aileas McKnight de reprendre le flambeau pour asseoir leur emprise, ainsi que honorer le contrat avec l’Oeil.

Après avoir profité du réseau et des moyens de l’organisation pendant toutes ces années, le clan s’était engagé à leur offrir un pied à terre sur le berceau de l’Humanité, en Écosse.
Ils offrirent un bout de terre ainsi qu’une infrastructure souterraine, faisant venir tout ce dont l’Oeil désirait, du matériel de pointe en passant par les cobayes. Les manoeuvres furent grandement facilitées par les passeports diplomatiques de la dirigeante qui pouvait faire circuler ce qu’elle souhaitait sur son territoire. Bien que l’Oeil est perdu beaucoup de sa puissance d’autrefois, les McKnight continuent activement à le soutenir.

Arcadia fut également curieuse de découvrir de quelle manière s’y était-on prit pour la faire disparaître sans laisser de traces. Ce jour là elle aurait préféré se taire.

« Rien de plus facile. Nous avons prétexté que l’Alliance avait besoin de toi pour une mission sur le long terme, quelques pressions ici et là. Le tour est joué, personne ne saura jamais rien. C’est aussi simple que cela. »

La blonde conserva sa raideur, regardant sa grand-mère sans ciller. Intérieurement elle se sentit immensément seule, abandonnée. Une barque à la dérive dans un océan, sans phare. Combien de temps faudrait-il avant que ses amis ne l’oublient définitivement? Elle eut envie de hurler, de sauter à la gorge de son aïeule. La Marquise de Lorne se contrôla comme l’exigeait l’étiquette. Un jour ils paieraient tous.

Le soir venu, elle retourna devant le bureau, le journal intime ouvert sur une page vierge, un stylo à la main, sa tête reposant dans la paume de l’autre. Ses yeux regardaient par delà la fenêtre de sa chambre, sondant la nuit noire.

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3 Mars 2204

Seule. Personne ne viendra. Le maigre espoir de retrouver ma liberté s’amenuise de jour en jour. Suis je vraiment condamnée à ne plus revoir ceux que j’aime? Le rôle de Marquise, leur lavage de cerveau. Cela devient de plus en plus difficile de lutter contre moi même. Je ne sais pas ce que je dois faire. Ce que je dois penser.

Je suis écoeuré par cette débauche, cette décadence dans laquelle je sombre. Je ne joue plus. Je suis. Je subis sans pouvoir me défendre. Je pense à Audrey, la leçon que je devais lui donner, à Scipio que je devais aider, à mon père qui m’avait prévenu, le seul à savoir la source de ma disparition mais qui n’a pas le pouvoir d’intervenir. Et plus que tout à Shura que j’ai trahi. Chaque jour qui passe dans cet enfer me fait oublier son odeur, son visage, son parfum. Cela vaut-il le coup de tenir?

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MessageSujet: Re: Le Clan McKnight   Le Clan McKnight Icon_minitimeDim 31 Mar 2019, 14:20


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La jument alezan galopait à toute allure avec une élégance indescriptible : à peine entendait-on le claquement de ses sabots contre le sol, à peine voyait-on une fine goutte transparente tomber des branches qu’elle effleurait dans sa course. Comme si à travers cette terre enchantée, galopait non pas un simple cheval, mais un cheval lui aussi enchanté. Sa cavalière ne ralentissait pas l’allure, même lorsqu’elle aperçu la rivière. Elle filait à toute vitesse ; peu de chevaux auraient pu soutenir un tel effort, ils seraient probablement tombés d’épuisement. Mais Cadyra tenait bon, pas le moindre râle ne s’échappait de sa bouche, et son galop restait léger et naturel.

Arcadia était aux anges, le vent fouettait son visage, sa longue chevelure or ondulait librement dans son dos, reflétant les timides rayons du soleil qui perçaient la canopée. Elle avait abandonné la bombe depuis peu, l’animal comme l’homme sentait ce lien qui commençait à s’opérer entre eux. Une affinité qu’il fallait chérir, entretenir, traiter avec beaucoup d’attention. La Marquise se sentait privilégiée. La jument était dotée d’un fort caractère sauvage, impétueux et indomptable. Les premières chevauchées lui revinrent en mémoire alors qu’elle tentait maladroitement de se dépêtrer avec les rênes.
Cadyra lui avait fait goûté la terre du manège, traîner dans la gadoue ou l’envoyer simplement par dessus sa tête, se retrouver les quatre fers en l’air. A l’époque, la Martienne écumait de rage, aujourd’hui elle en riait.

A l’intérieur de sa cage dorée il y avait un espace, si infime qu’il était facile de ne pas s’en apercevoir. Un endroit qui lui permettait de déployer ses ailes, de retrouver une liberté illusoire. Aussi fictive fut-elle, cela l’aidait à oublier son quotidien, à faire ressurgir celle qu’elle était: Arcadia McKnight, une femme aimant la vie, ne s’encombrant de rien d’inutile.
Son visage retrouvait ses couleurs, son sourire, sa joie. Son coeur se réchauffait, battant à tout rompre. Elle aurait pu passer ses journées à errer sur ce monde à dos de canasson, seule, loin de tous.

Deux mois s’étaient écoulés depuis son enlèvement, sa grand-mère lui faisait maintenant suffisamment confiance pour la laisser aller et venir dans le Duché d’Argyll. Aileas savait que sa petite-fille ne tenterait rien de stupide. La toubib le savait tout aussi bien, plus que tout elle craignait que son père ne se retrouve impliqué dans cette histoire.
Elle arriva à proximité du cours d’eau à bride abattue, à grand fracas de sabots, puis elle tira sur les rênes si fort que durant quelques secondes, les fers du cheval glissèrent le long du littoral, avant de s’arrêter, les sabots au bord de l’eau.

Cadyra s'ébroua mollement pour marquer son mécontentement, aussitôt calmée par la blonde qui lui flatta l'encolure. Sa robe était douce, soyeuse au contact, la lumière du jour la faisait briller au moindre de ses mouvements. Perdue dans ses pensées, Arcadia laissait ses doigts glisser le long de la nuque de sa monture, savourant son contact chaleureux. Cette dernière s'abreuvant au ruisseau, se laissait caresser sans broncher.
Elle se remémora le moment où Logan avait essayé de toucher la jument. Son oncle avait hurlé de douleur quand la mâchoire de la bête s'était refermée sur son bras. Un sourire narquois se dessina sur son visage, un souvenir inoubliable.
Elle avait savouré chaque seconde de son cri, voir ses traits se déformer sous la souffrance lui avait apporté une jouissance qui lui aurait paru coupable si cet homme n'avait pas été un ignoble enfant de putain… Désolé Maman. Cadyra l'avait secoué comme une vulgaire poupée de chiffons, il avait fallu l'aide de ses deux fils et surtout l'intervention de la praticienne, tardant à agir pour profiter du spectacle, pour le tirer de cette situation.

Logan avait bien juré d’exercer des représailles, mais le docteur s’était interposé, l’avertissant clairement que quiconque toucherait à sa protégée irait faire un tour dans la salle de torture. Depuis, toutes les personnes résidants à Inveraray se tenaient à l’écart du box de la Marquise.

Un coup de feu résonna dans la lande déserte, aussitôt suivi d’un impact dans l’eau, à quelques centimètres du museau de l’Anglo-arable. Le cheval se cabra, hennissant de peur, et manquant presque de désarçonner sa cavalière qui luttait vaillamment pour rester sur la selle.
Lorsque les sabots claquèrent contre la berge, la quadragénaire battit les flancs de Cadyra pour la presser à déguerpir. Elle n’avait pas eu le temps de voir d'où venait le coup de feu, et c’était bien là sa dernière préoccupation. La seule chose qui comptait était de fuir. Un nouveau coup retentit, déchirant l’une des manches de sa tenue, le métal froid lui mordit la peau, entaillant la chair.
Étouffant un gémissement, elle se plaqua contre la jument, un sentiment de rage et de peur l’envahissait alors qu’elle tentait de sauver sa vie. L’alezan accélérait toujours, de plus en plus vite. Les balles sifflaient à ses oreilles, s’écrasant contre les troncs, des copeaux de bois s’envolaient, se plantant là ou sa peau était découverte. Elles se ruaient vers les profondeurs du bois, à l’abri de la mort. Une haute clôture indiquant une propriété privée se dressa face à la cavalière. Cadyra l’atteignit au galop, elle écarta légèrement la tête, et sauta. Elle s’éleva au dessus du portail, ou plus exactement, elle l’escalada en courbant gracieusement ses jambes antérieures, s’enroulant autour de l’obstacle tel un ruban de soie. Ses sabots arrière n’effleurèrent même pas la poutre supérieure.

La fusillade cessa, ce n’est pas pour autant que la cavalière ménagea sa monture qui filait comme le vent. Lorsqu’après plusieurs minutes, aucun signe de poursuite ne se fit entendre le médecin fit ralentir la cadence, inspectant son bras blessé. Elle fut soulagée de constater que la balle n’avait pas pénétré, mais simplement mordu la chair, ne traçant qu’un sillon sanglant sur son épiderme.
Se dissimulant dans les sous bois, le cheval trottait silencieusement, Arcadia se tenait aux aguets après cette tentative d’assassinat. L’oreille attentive au moindre bruit, à la limite de la paranoïa. Ses yeux balayaient les fourrés de gauche à droite. Son sentiment de liberté s’était dissipé, laissant place à celui d’une proie qui se savait chassée.

Elle regagna finalement le château, éreintée, le teint encore plus pâle qu’à l’habitude. Lorsque la Duchesse d’Argyll apprit la nouvelle, elle entra dans une colère noire, lâchant ses hommes de main sur tout le domaine. Quiconque osait lever la main dans le but de blesser un McKnight, aussi bâtard fut-il devait en assumer les conséquences.
Quelques heures plus tard, Aileas entra dans la chambre de Arcadia. La jeune femme se trouvait alité, reprenant petit à petit ses couleurs.

Le Clan McKnight Line-p10

« Comment vas-tu Arcadia ?

- Je vais mieux, le temps de me remettre de mes émotions. Cadyra ! Elle va bien ?

- Ta jument va bien. Le gardien s’en occupe.

- Ils ont réussi à mettre la main sur les tireurs?

- S’ils les avaient retrouvé, ceux qui ont fait ça ne serait plus de ce monde.

- Même s’il s’agissait de Logan?

Sa grand mère tressaillit. Sa respiration se fit sifflante, son regard surpris retrouva sa contenance.

-Qui t’a mis cette idée en tête ? lança t-elle.

- Personne, répondit Arcadia, effrayée par le ton glacial de la vieille dame. Mais il est ambitieux. Tout le monde sait que tu m’as inclus dans le cercle pour éviter qu’il ne détienne tout le pouvoir.

- Tu déraisonnes. C’est ton oncle. J’admets que mon fils n’est pas un ange, mais ça, non ! Une mère connaît ses enfants ma petite. Je mettrai ces délires sur le compte de l’accident.

Arcadia sentit ses entrailles se serrer. Pas un ange? Comment pouvait-elle faire preuve d’autant de complaisance à l’égard de Logan? Il avait beau être son fils, elle ne pouvait pas ignorer la réalité de ses crimes.
Son aïeule se pencha, l’embrassa sur le front avant de lui sourire, laissant sa petite fille perplexe.

- Tu ressembles vraiment à ta mère. La même gestuelle, la même élocution… On se voit après », dit-elle en partant.

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MessageSujet: Re: Le Clan McKnight   Le Clan McKnight Icon_minitimeMar 02 Avr 2019, 17:41


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« En garde ! Prêt ? Allez ! »

Les deux duellistes s'opposaient, l'épée à la main, ils se faisaient face, scrutant le casque l'un de l'autre. D'un côté un corps tout en muscles, haut, solidement campé sur ses appuis, de l'autre une silhouette féminine fine, ses jambes montaient à la manière d'un ressort, n'attendait qu'une impulsion pour se ruer vers l'avant.
Les escrimeurs se rencontrèrent brutalement, les armes sifflaient, claquaient, avant de se séparer à nouveau. Offensive, préparation, parade, arrêt puis feinte, dérobement. Le duo dansait sauvagement, cherchant la faille dans la garde de l'autre, le fer chantait durant ce long assaut. La combattante exécuta une fente, son poignet obliqua vers la gauche faisant faire un fouetté à sa lame. Celle de son adversaire tenta un piquet vers le casque, l’attaque était bien trop lente lui permettant d’esquiver alors que la pointe de son arme toucha la bavette. Une lumière verte s’alluma.

« Halte ! Touche pour Arcadia ! 4 à 0 », lâcha Gordon d’une voix traînante.

La blonde jubilait sous son casque.

Allez ramasse tes dents tocard. Pas la peine de chercher ta dignité je suis en train de te la foutre profond.

Quelle joie de foutre une branlée à ses cousins prétentieux. Ils n’étaient certes pas mauvais à ce sport mais l’un comme l’autre étaient terriblement lents, là ou la militaire était d’une célérité à toute épreuve. Sans oublier le fait qu’elle s’entraînait chaque jour depuis plus de vingt ans grâce à l’armée.
Elle avait déjà pratiqué l’escrime durant son adolescence. Avant d’arrêter lorsqu’elle avait commencé ses classes, ce n’est que quelques années plus tard qu’elle avait repris ce sport. Ses réflexes lui étaient vite revenus. Peu pouvait se targuer d’avoir son niveau à Inveraray, seule son aïeule Aileas McKnight rivalisait avec elle. Malgré son âge avancé, la doyenne restait incroyablement véloce et endurante. La toubib suspectait des implants cybernétiques, elle n’avait à sa connaissance jamais croisé une personne d’un tel âge tirer ou se mouvoir ainsi.
Elle restait néanmoins sérieuse et polie face à son adversaire qui devait fulminer de son impuissance face à la bâtarde de la famille.

« En garde ! Prêt ? Allez ! »

Le duel reprit, cette fois Arcadia ne fit aucun cadeau à son partenaire, elle esquiva une frappe d’estoc maladroite, poussant Alfie vers le bord de la piste. Ses feintes et attaques se faisaient de plus en violentes. Lorsqu’il pénétra dans la zone d’avertissement, elle le laissa attaquer, para et exécuta une botte. L’épée, passa dans l’interstice entre le gant et la manche, mordant la peau jusqu’au sang. Touché. A nouveau le voyant vira au vert.

« Aaah merde, rugit son cousin.

Halte ! Touche pour Arcadia ! 5 à 0. »

Elle serra le poing, se retenant de laisser sa joie exploser, fière de sa performance. Un presque sans faute, les touches essuyées durant cette heure se comptait sur les doigts d’une main. La marquise retira son casque, un soupçon d’arrogance dans les yeux avec le sourire en coin qui lui allait si bien. Ne manquait qu’un doigt d’honneur pour accompagner sa victoire. Elle ne se laissa pas aller à une telle bassesse, préférant retourner sur son banc.
Une douleur violente lui cingla le dos, comme un coup de fouet. Ses doigts se crispèrent sous le coup, elle pivota dévisageant son opposant qui était un bien mauvais perdant pour lui infliger un coup en traître.

Arcadia fit sauter l’attache dans son dos, se ruant vers le mur qui lui faisait face et se saisit de l’une des épées en exposition. La lame chanta en sortant du fourreau. La noble attaqua aussitôt son cousin qui tenta de parer avec son arme d’escrime. Le maigre morceau de métal gicla, tranché en deux. Apeuré, ce dernier reculait face à sa cousine dont les yeux brûlés d’une soif de vengeance.
L’affront subi était minime, pour autant elle ne supportait pas ces deux abrutis qui lui servaient de famille. L’occasion d’en saigner un comme un porc était bien trop alléchante.

« Attrape Alfie! »

Son jumeau lui envoya une lame qu’il récupéra rapidement. La toubib retint son coup au dernier moment. Les duellistes se jaugèrent l’espace d’une seconde avant que le plus massif ne relance le combat. Ses coups étaient brutals, puissants et d’une remarquable précision. La blonde se contentait d’esquiver, creusant la distance. Elle préférait éviter d’avoir à parer des attaques aussi fortes. La lame était déjà suffisamment lourde pour ne devoir en plus essuyer les assauts. A chaque fois qu’il pensait la tenir elle se dérobait, évitant la lame qui sifflait à ses oreilles.
La toubib guettait le bon moment pour une ouverture qui arriva plus rapidement qu’elle n’aurait pu le souhaiter. Un mouvement un peu trop ample qui entraîne plus loin que prévu, la Marquise abaissa sa lame, coupant net le poignet de l’Écossais. Une seconde, c’est le temps qu’il fallut à son cerveau pour réaliser la perte de sa main lui arrachant un hurlement animal.
Ce bruit résonna comme une symphonie aux oreilles du médecin, une jouissance libératrice qui la fit vibrer au plus profond de son âme. Elle prenait enfin le dessus, imposant son propre tempo, savourant sa domination. Elle aurait aimé en demander plus, beaucoup plus jusqu’à plus soif. Son épée vint accrocher la lumière tandis qu’elle s’élevait, son fin tranchant perlant de sang luisant d’envie meurtrière, prête à goûter de nouveau cette chair tendre et juteuse.. Hélas son moment d’extase fut interrompu.

Gordon se rua sur elle, lui décochant une droite qui la fit chanceler sous l’impact. La souffrance se transforma en une rage, puis tout devint blanc. L'accumulation de toutes ces peines, de sa captivité, des humiliations éclata. Un voile laiteux s’était abattu devant ses yeux, l’engloutissant toute entière. Son fer à la main battait celui du second jumeau sans jamais s’arrêter, ébréchant un peu plus le tranchant à chaque coup.
Ses tempes battaient à lui en faire mal, sa gorge était sèche, ses os et tendons saillaient de ses mains crispées sur le pommeau. Son cousin n’avait que le temps de parer les coups, limitant le gros des dégâts contre cette tempête de haine.
L’épée rencontra une surface dure, qui résonna longuement dans la salle, surprise par cette nouvelle interruption, elle fut trop lente pour esquiver le bouclier qui l’a percuta en plein thorax, la faisant tomber sur les fesses.

« J’ai dit assez », tonna froidement Aileas.

Arcadia se releva, sa folie meurtrière éteinte. Les jumeaux se trouvaient dans un piteux état, l’un était entaillé à de multiples endroits, de fins filets de sang s’écoulaient par ces blessures. L’autre tenait son moignon, blême et gémissant.
Elle laissa tomber son arme, cette dernière rebondit sur le sol dans un tintement métallique, des gouttelettes carmins éclaboussèrent tout autour.
Elle toisa dédaigneusement sa famille, sa chevelure dorée en bataille lui donnait un air sauvage d’une époque révolue.

« Je refuse de croire que ce branleur partage le même sang, que la même lave coule en lui qu’en moi. On a rien en commun. J’ai de l’acier trempé dans le tronc et la tête. Il n’a que de la gueule et du bois de chêne, et de la pisse au cul ! Je n’ai rien à dire à un baron qui a renoncé à son honneur. Qui n’a même pas la décence de s’ouvrir les boyaux. Y a pas de mots pour ça. Pas de crachats. Même le mépris ne suffit plus. C’est en deçà… »

Elle crut discerner une lueur de fierté dans les yeux de sa grand mère, bien que les jumeaux ne soient pas les plus futés, ils faisaient partis de la famille, elle ne pouvait pas laisser qui que ce soit les tuer, même un membre du clan. Si quelqu’un devait punir c’était Aileas McKnight pas sa petite fille. Néanmoins la vieille femme aimait voir son successeur s’imposer ainsi, par la peur et la crainte, tout comme elle. Cela dégoûta la toubib.

Famille de tarés.

Elle s’avança vers Alfie, l’attrapant par la gorge. La scène aurait presque pu paraître comique tant la démesure physique de son cousin détonnait avec celle de la jeune femme.

« J’aurais pu te saigner d’un coup, mais je vieillis. J’espère que toi aussi tu vieilliras assez pour ne jamais m’oublier. Et si dans les années à venir, je venais à claquer rapidement, si tu retrouvais mon sac de peau, tu le prendras et le cloueras au mur de ta chambre. Peut-être que cela te donnera une idée, même vague, de ce qu’est le courage et l’honneur.

- Ce sera suffisant Arcadia. On en reparlera après. »

Elle le repoussa violemment avant de s’en aller, les laissant patauger dans leur propre sang.

Le soir venu, elle retourna devant le bureau, le journal intime ouvert sur une page vierge, un stylo à la main, noircissant une nouvelle page.

8 Mars 2204

Est-ce de la joie ou de l’espoir? J’en ai saigné un, il pissait le sang par son moignon, gémissant comme un gamin. C’était plaisant, jouissif. Je l’ai senti au plus profond de moi. Je suis revenue. J’étais là. Seule maître à bord de ma conscience. Je l’ai laissé m’envahir, toute cette rage, cette volonté de ne pas baisser les bras, de punir cette malveillance. Je l’ai embrassé.

Peut-être est-cela la folie? Peut-être le suis je devenue après tout ce temps? La sensation d’avoir fait quelque chose de juste, c’est ce que je ressens. Ce masque me dérange. Je ne veux plus le porter. Je veux redevenir moi, juste moi. Pas une personne superficielle et sans émotion.

Je ne pourrais pas vivre en paix tant qu’un autre McKnight d’Inveraray vivra. Ils devront mourir. Peu importe la manière. Les terminaux sont le seul moyen de communication vers l’extérieur. Je dois réussir à en utiliser un. Envoyer un message. Juste un. Et prier pour que l’aide arrive rapidement. Je ne sais juste pas combien de temps je peux encore tenir...


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MessageSujet: Re: Le Clan McKnight   Le Clan McKnight Icon_minitimeMar 02 Avr 2019, 23:38


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Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis l’altercation. Évidemment Logan l’avait en travers de la gorge, l’idée que l’un de ses fils soit mutilé lui était tout bonnement impossible à accepter. Les rares rencontres entre le Comte et la Marquise était marquée par une tension presque meurtrière, se contenant pour ne pas se sauter à la gorge mutuellement.
Aileas lui avait simplement recommandé de ne pas faire autant de zèle envers le clan. La toubib n’avait pas manqué de faire savoir qu’elle exécrait la médiocrité et les lâches. Une fois Duchesse, elle avait laissé entendre que les rebuts n’aurait plus leur place au sein de la famille.

Arpentant les couloirs du château d'Inveraray, la noble se rendait vers ses quartiers après avoir profité d’une balade nocturne à cheval. De nouveau sous escorte à la moindre sortie depuis la tentative d’assassinat, elle détestait ce poids inutile. Cadyra était sans aucun doute le cheval le plus rapide du domaine, à chaque galop elle devait s’arrêter après un certain moment pour attendre ses protecteurs, y voyant une entrave à sa liberté.
Elle passa devant la chambre de Dan, le plus chétif de ses cousins et le seul avec qui elle s’entendait à peu près. Pour autant, elle ne lui faisait guère confiance. Au fil des semaines la Martienne avait découvert que sous son air inoffensif se cachait un véritable mouchard.

La porte entrouverte, donnait sur un ordinateur allumé, une page extranet ouverte, sans âme qui vive. La tentation était grande, trop, beaucoup trop… Arcadia entra dans la chambre, refermant doucement la porte derrière elle. Toujours personne. Sa tête se mit à tourner face à l’interdit qu’elle allait commettre, face à son intrusion. Elle s’approcha du terminal, ouvrant un nouvel onglet puis bascula vers la boîte e-mail.
Son coeur se serra à l’idée de pouvoir enfin entrer en contact avec l’extérieur, d’envoyer un message pour que l’on puisse la sortir de ce cauchemar. Des dizaines de personnes lui vinrent à l’esprit, des amis au sein des forces spéciales, des SPECTRE, ses collègues de travail. Audrey, elle savait que son amie ferait tout pour lui venir en aide, mais elle ne voulait pas la mettre en danger contre sa famille et l’Oeil. Shura, la seule à pouvoir agir sans se soucier des règles, à pouvoir rassembler une équipe sans que quiconque ne puisse lui poser la moindre question, et surtout la seule

Le message était dénué de phrases, uniquement des mots clés, les informations les plus utiles, tout ce qui pourrait servir à un commando pour pénétrer dans le domaine sans subir de pertes. La porte de la salle de bain s’ouvrit, dévoilant Dan, une serviette autour de sa taille squelettique, l’air tout aussi surpris que le docteur.

« Qu’est-ce que tu fais ici, demanda t-il l’air soupçonneux.

- Euh… J’ai trouvé une clé de données, j’étais juste curieuse de savoir ce qu’il y avait dessus. Mais je crois qu’elle est cryptée. Tu veux pas me filer un coup de main?

La voix était presque suppliante, la timidité maladive de son interlocuteur refit surface, le faisant devenir rouge comme une pivoine. Bégayant une réponse inaudible, il s’avança jusqu’au bureau. Il n’eut pas le temps de réaliser son erreur, la praticienne le frappa d’un direct au ventre, l’envoyant goûter la moquette. Elle écrasa sa botte sur le visage de sa victime.

- Essaie seulement de bouger et je te le ferai regretter, un cri et je te réduis au silence. »

Elle n’était guère plus sereine, son coeur battait à tout rompre, Dan l’avait vu, jamais il ne tiendrait sa langue. Elle était dans la merde jusqu’au cou. Elle continuait à taper son message, détaillant autant qu’elle le put. A chaque mot son anxiété grimpait d’un cran. Que devait-elle faire ? Essayer de s’enfuir ? Tuer son cousin ? Elle ne s’en sentait pas le coeur. Certes ce dernier était une vraie petite enflure, mais de là à mériter la mort il y avait une monde.
L’adresse extranet de Shura… Elle avait beau se creuser la tête, impossible de s’en souvenir. A son bureau tout était enregistré sur son compte, elle n’avait jamais fait l’effort de la retenir. Quelque chose de lourd cogna contre l’entrée.

« Ouvre Arcadia ! On sait que tu es à l’intérieur. »

Elle reconnut la voix froide de son aïeule. Tant pis, elle entra l’adresse de contact du standard, indiquant à qui faire suivre le mail, puis l’envoya. Elle espérait simplement que son courriel sera traité rapidement. Faute de quoi elle ne se donnait pas cher de sa survie. Au sol sa victime commença à s’agiter.
L’homme pianotait d’une main sur un mini omnitech. Terrorisée par le fait qu’il puisse tentait quelque chose qui bloquerait l’envoi de son S.O.S, elle leva sa bottine puis l’écrasa sur le visage de son cousin à plusieurs reprises.
Ses pommettes craquèrent sous les coups, son arcade sourcilière explosa, ses lèvres se fendirent, le sol se teinta de rouge. Elle eut tout juste le temps de supprimer le message de la boîte d’envoi, que la porte s’ouvrit, laissant débarquer la milice des McKnight, se ruant vers la Marquise. Elle eut le temps d’en mettre un hors combat avant de se faire maîtriser.

« Emmenez la au sous sol. »

Aileas prononça cette phrase sans ciller, derrière elle apparut Logan, les yeux brillants de haine et d’une joie malsaine. La noble frémit, c’était l’heure pour elle de passer à la caisse, de payer. Elle eut envie de hurler, de se débattre, mais incapable de savoir si son message était passé au travers des mailles du filet, elle ne ressentit que du vide, un abandon total, une âme perdue dans un jeu dont elle ne maîtrisait pas les règles.

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MessageSujet: Re: Le Clan McKnight   Le Clan McKnight Icon_minitimeMar 02 Avr 2019, 23:43


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« A qui as tu envoyé ce message, lui demande son immense bourreau, un chauve à la mine patibulaire.

- A ton coiffeur. »

Une nouvelle gifle. Ce n’était rien, elle pouvait le supporter. Ça faisait mal, mais ce n’était rien. Depuis trente minutes elle encaissait les coups sans broncher. Ses joues étaient rouges, commençant à tirer vers le bleu, sa lèvre saignait, ses abdominaux se contractaient pour amortir les poings qui l’assaillaient.

« Laissez la moi. »

Logan venait d’entrer à son tour, souriant, savourant le moment qui allait s’offrir à lui. Il fit sortir tout le monde, restant seul avec sa nièce. Elle entendit ses points craquer, sa respiration dans son dos. Sa colonne vertébrale se bloqua, la peur bloqua sa respiration.

« Maintenant bâtarde, tu vas parler. »

Elle hurla.

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On l’envoya sans ménagement dans le mausolée, sans lumière et froid comme une tombe. Sa main gauche dénuée d’ongles la faisait souffrir, mais ce n’était rien comparé à son dos, la chair à vif, dégoulinante de sang, strié en de multiples endroits de marques irrégulières. Elle avait crié jusqu’à en avoir la voix rauque, mais elle n’avait pas craqué. Elle avait tenu bon.
Elle pensait au message, à sa délivrance, elle priait afin que ce petit morceau d’espoir atteigne sa destination. Il fallait tenir. Peu importe les sévices. Elle le devait. Elle ne pouvait pas vendre le destinataire. Sa seule et unique lueur dans les ténèbres. Arcadia n’espérait qu’une seule chose, être encore en vie au moment où les secours viendraient. C’était la seule chose qui comptait à ses yeux.

Assise dans le noir contre le mur en pierre glacial, elle attendait. Le froid anesthésiait la douleur, la rendant plus supportable. Il lui fallait éviter de bouger, le moindre mouvement faisait craquer ses plaies, laissant le sang couler à nouveau. Elle détestait cette endroit, la mare d’eau stagnante au fond de la cellule, son sol couvert de salpêtre et de sel; où on la nourrissait des restes, que les rats arrachaient sans effort d’entre ses doigts blessés.

Combien de jours s’étaient écoulés depuis son emprisonnement? Elle en avait rapidement perdu le compte. Ses jambes la faisait souffrir. Pendant des heures elles avaient été malmenées par un tonfa, toutes les trois minutes, un coup. Elle avait les nerfs à vif, se tenir debout lui demandait un véritable effort, surtout avec le poids des chaînes qui pesaient douloureusement sur ses articulations rouillées.
Quelqu’un fit coulisser l’ouverture laissant un flot de lumière illuminer la cellule. La blonde ferma les yeux, se couvrant le visage d’une main, le temps de s’habituer à la luminosité. Quand elle pu voir à nouveau, Logan se tenait devant elle. Il jeta quelque chose de lourd sur ses cuisses, réveillant ses élancements. Elle fut incapable de contenir les pics de souffrance qui l’assaillirent.

Un liquide tiède et sirupeux glissait le long de son pantalon, s’infiltrant à travers le tissu. Elle baissa la tête et la reconnut, elle reconnaissait cette tâche sous l’oeil droit, cette robe de feu. La tête de Cadyra gisait inerte sur ses genoux, ses yeux vitreux, les traits brutaux d’une décapitation grossière témoignait du plaisir qu’avait prit le bourreau à faire son oeuvre.
Elle resta interdite, une main sur le museau du seul être vivant dont elle s’était prise d’affection. Elle se demanda si leur cruauté avait une limite, s’en prendre à un animal et ce peigne cul qui la regardait, satisfait de son acte.

« Il faudrait vraiment penser à aérer ta chambre Arcadia. Mais je suppose qu’une bâtarde ne connaît rien à l’hygiène, se moqua t-il. Alors à qui as-tu envoyé ce message ? Que je m’occupe de cette personne.

- Ne me fais pas rire Logan, commença t-elle la voix rauque. Tu ne lui arrives pas à la cheville. Tu n’es rien de plus qu’un sbire, uniquement capable de s’en prendre à plus petit que toi. A bien plus petit que toi. Tu n’arrives même pas à me faire plier moi. Alors elle? J’en rigole d’avance. Elle t’écrasera d’un simple revers.

- Je m’occuperai de cette salope devant toi. Tu seras aux premières loges pour voir le spectacle avant que Maman n’ordonne d’en finir avec toi. Tu peux me croire, ton agonie sera interminable.

- Et ou ça, dans tes rêves? se renfrogna la Martienne. En te planquant comme une couille molle pendant que tes petits soldats font le travail?

- Tu me nargues?

- C’était mon intention en effet.

- Ah oui, c’est comme ça? Eh bien je vais te montrer tout de suite, chienne, que je peux me mesurer à elle dans tous les domaines ! Et être bien meilleure qu’elle, d’ailleurs ! »

Les geôliers en faction sursautèrent en entendant le fracas, les hurlements et les jappements en provenance de la cellule. S’ils avaient déjà eu l’occasion d’entendre le hurlement d’une panthère prise au piège, ils auraient pu jurer qu’une telle bête se trouvait dans la cellule.
Puis un terrible rugissement parvint à leurs oreilles, semblable à celui d’un lion blessé. Ils se regardèrent. Hochèrent la tête. Et s’engouffrèrent à l’intérieur du Mausolée.
Arcadia était assise dans un coin de la pièce, sur ce qui lui servait de couchette. Elle avait les cheveux en bataille, sa chemisette était déchiré du haut jusqu’en bas, sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration hachée. Du sang coulait de son nez, son visage enflait à vue d’œil, des traces d’ongles zébraient son épaule droite.
Logan, lui, était assis à l’autre bout de la pièce au milieu des morceaux de la chaise, se tenant l’entrejambe d’une main, l’autre sur visage. Du sang coulait de son nez, colorant sa barbe grises d’un rouge carmin. Son visage était parsemé de marques de griffure ensanglantées.
Les doigts blessés de Arcadia constituaient une arme dérisoire, mais les cadenas des chaînes présentaient de magnifiques bords tranchants.
Un morceau de métal rouillé, qu’elle avait trouvé dans l’eau croupie, était enfoncé dans l’oeil de Logan.

« Uniquement à plus petit que toi, sous merde, haleta la praticienne en tentant de cacher son buste avec les restes de sa chemise. Reste loin des chiennes. Tu n’es pas assez fort pour elles. »

Logan hurla, il se leva, arracha le bâton de métal de son oeil, hurlant et vacillant sous l’effet de la douleur. Deux miliciens étaient arrivés entre temps.

« Vous, hurla son oncle en essuyant le sang qui coulait de son visage. Venez par ici ! Amenez moi cette pute au milieu de la salle, les bras et les jambes en croix, et maintenez là.

- Vous feriez mieux de sortir Comte, dit l’un d’eux, personne ne sera mis en croix. Et nous n’avons pas envie d’aller à l’encontre des ordres de la Duchesse. »

Les autres approuvèrent. Il fulmina, sortant en bousculant tout le monde sur son passage. La porte se referma.

Elle se retrouva à nouveau seule, dans le noir. Elle rampa sur le sol de sel qui lui brûlait les mains jusqu’à sentir la tête du canasson. Elle l’effleura, le froid de la mort envahissait la carcasse. La toubib ramena le morceau vers elle, le tenant entre ses doigts. Sa respiration se fit plus saccadée, des spasmes de plus en plus irréguliers. En quelques secondes son visage baignait dans ses larmes. Elle n’avait pas voulu craquer devant son oncle, se retenant jusqu’au bout.
Arcadia pleurait silencieusement. Incapable de savoir si son message était passé, si quelqu’un allait venir. Et que si le message avait été intercepté puis déchiffré malgré le cryptage de l’UCIP, qu’il n’arrive rien à Shura. Elle ne se le pardonnerait jamais.
En cet instant il n’y avait qu’une peine sans fond et cette douleur impossible à soigner.

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