► █ Date : Juin 2203 █ RP Tout public ◄
Ravax Vertax ♦️ Lumya V'Noora
Là bas, dans ce monde où tout devient blanc
Une image apparaissait dans le vide, photographie d'un ancien temps, ressortant de ses couleurs vives sur un fond empli de ténèbres. Un groupe de combattantes asaris y figurait, le sourire aux lèvres alors qu'elles fêtaient sur Thessia la fin de la lutte contre l'Aube écarlate. Lumya était présente, levant un cocktail en direction de l'objectif et accompagnée d'une collègue au teint d'un bleu intense, quasiment soulevée dans les airs par ses sœurs d'armes.
Il s'agissait de Sheyx, la pilote d'exception qui avait menée le groupe dans tous les recoins de l'espace asari et de la Travée Lumya et elle représentaient les deux seules survivantes de l'unité suite aux funestes événements qui eurent lieu, bien après la prise de cette photo.
L'image disparut alors et les sourires s'effacèrent laissant place à une scène à l'ambiance foncièrement différente. Une probatrice à l'accoutrement particulier était agenouillée, entourée d'une légère aura bleue, son masque orienté vers le bas. Une matriarche au teint aussi profond que celui de Sheyx se tenait face à elle, vêtue d'une simple robe et maintenant une posture droite.
Parfait. La matriarche en question détourna alors le regard de la probatrice, s'approchant en quelques pas de la baie vitrée qui offrait une vue imprenable sur la colonie de Cyone et sur les tâches sombres qui apparaissaient à sa surface.
Comme au bon vieux temps, n'est ce pas ? Un sourire se dessina sous le masque de la probatrice et elle releva la tête.
Comme au bon vieux temps, vieille carne. ***
La rapidité d'intervention des flottes des Républiques et la population majoritairement militaire à sa surface furent sans aucun doute les deux éléments les plus salvateurs pour la survie de Cyone. Les places fortes infectées se retrouvaient rapidement bombardées depuis l'orbite permettant aux forteresses encore sous contrôle asari de maintenir une solide ligne de défense.
La surprise passée, la machine de guerre asari s'était enclenchée, transformant se qui aurait pu être un massacre en une purge pure et simple de toute forme de contamination à la surface de la colonie. Mais la Corruption était pleine de ressources, et son intervention sur ce monde n'était pas un hasard. Car s'il y avait bien une chose que les forces militaires n'étaient pas en mesure d'endiguer, c'était bien la progression de l'infection au sein de l’écosystème.
Les végétaux et les animaux devinrent ainsi les agents ennemis les plus redoutables, créant de nouveaux foyers de Corruption au cœur de territoires qui étaient pourtant jusqu'alors encore vierges de tout conflit. Il devenait donc difficile d'annihiler l'adversaire sans avoir à vitrifier l'intégralité de la surface de la planète. Mais les bombardements localisés, les interventions précises et les évacuations rapides permettaient de nettement améliorer la situation. Globalement, la Corruption reculait.
Globalement.
L'une des forteresses infectées se situait au beau milieu d'un relief proéminent, surplombant une vallée à la végétation qui s'assombrissait de jour en jour. La Corruption demeurait sur place grâce à une batterie de DCA et de canons sol-orbite à flanc de montagne qui empêchait tout soutien aérien ou spatial pour les troupes asaris. Le ciel était constellé du combat permanent opposant les aéronefs des républiques aux véhicules de la Corruption.
La dernière garnison militaire de la zone s'était regroupée dans un bunker de l'autre côté de la vallée. Depuis le début de la semaine, les offensives des infectés s'écrasaient lamentablement contre sa défense, mais cette dernière commençait à montrer des signes de faiblesse. Le ravitaillement devait se faire par petits groupes, en pénétrant furtivement dans le spatioport de l'autre côté de la montagne. S'il venait à être découvert, la garnison serait purement et simplement exterminée. Peu de vivres et de munitions pouvaient donc transiter depuis l'extérieur, sans parler des renforts. Les réserves s'amenuisaient donc à vue d’œil.
Lumya n'était sur place que depuis quatre jours, alternant entre des cycles de sommeil courts de deux heures, des phases de combat intense et des temps de repos. L'énergie demandée pour encaisser un tel traitement était donc phénoménale, mais le bunker n'était pas en mesure de lui fournir les ressources nécessaires.
Ce n'était cependant pas un problème pour le corps de la probatrice qui était entraîné à devoir supporter une telle intensité, sans compter que Lumya n'en était pas à son coup d'essai en ce qui concernait les épreuves d'endurance. Les longs mois passés à arpenter les ruines de Thessia pendant la Grande Guerre étaient encore récents.
Elle se trouvait donc au niveau d'une brèche sur le flanc gauche du bunker, assise sur une caisse et reprenant son souffle après une utilisation répétée de ses pouvoirs. Une jeune asari en armure se tenait un peu plus loin, assise dans la boue et tentant de grignoter une barre vitaminée. Une autre combattante était montée sur une pile de débris et y avait installé une mitrailleuse lourde, canardant tout ce qui osait s'approcher de l'enceinte. Les ombres s'étaient volontairement sacrifiées sur les tourelles automatiques, laissant leur sang vicié détruire les systèmes des IV de combat, les seules défenses provenaient donc désormais exclusivement des combattantes asaris.
Une dizaine d'entre elles se déplaçaient au sein de la zone détruite, transportant armes, caisses de munitions et se relayant sur les remparts de fortune. Saphea elle même se trouvait ici, hurlant des ordres à ses troupes. L'officier en charge de la garnison portait une armure qui conservait la trace d'une attaque de furie en plein torse, une marque à laquelle la vieille asari semblait ardemment tenir.
Une balle fusa soudainement, traversant le crâne de la militaire postée à la mitrailleuse lourde et laissant son cadavre glisser dans la boue. La situation dérapa aussi rapidement qu'elle était passée sous contrôle.
Sniper, à couvert !Des bulles biotiques s'élevèrent immédiatement dans les airs alors que les francs tireurs asaris commençaient à traquer leur adversaire. Un immortel s'approcha des barricades et utilisa sa biotique pour soulever une ombre dans les airs au dessus des troupes asaris, tordant son corps dans des angles improbables pour faire gicler son sang sur les militaires plus bas.
La plupart des guerrières eurent le temps de quitter la zone où se déversa le sang noir à l'exception d'une jeune asari qui resta tellement concentrée sur sa bulle qu'elle n'entendit pas les cris d'alerte. Le liquide recouvrit son armure et elle s'effondra au sol en hurlant de douleur. D'autres ombres connurent le même traitement, mais le sang fut à chaque fois repoussé à coup de biotique.
Lumya se redressa soudainement, plaçant toute sa puissance dans sa barrière et se propulsant jusqu'à la mitrailleuse délaissée. Elle concentra les tirs de l'arme lourde sur l'immortel le plus proche, la créature encaissant l'attaque pendant quelques secondes avant de se faire transpercer de toute part. La probatrice quitta alors son perchoir en vitesse, subissant des tirs de snipers qui fracassèrent sa barrière alors qu'elle se plaçait à couvert.
Passant devant le corps de la malheureuse qui se tordait toujours de douleur au sol, Lumya dégaina son fusil à pompe.
Je suis désolée, ma sœur. Un tir dans son crâne fut suffisant pour abréger les souffrances de la jeune combattante. « désolée », en réalité ce n'étaient que des mots, il y avait bien longtemps que le cœur de la vieille guerrière ne s'écorchait plus à chaque fois qu'elle devait se résoudre à prendre une vie. Et il s'agissait sans doute de son plus gros regret en ayant emprunté cette voie. Elle n'était plus la jeune asari d'autrefois, gorgée d'émotions et sentant son cœur prêt à exploser dès que les balles commençaient à fuser.
Une composante essentielle pour une tueuse professionnelle et qui tranchait étroitement avec la chaleur dont elle pouvait faire preuve envers celles qu'elle devait protéger. Mais il restait bien une chose qui demeurait inchangée depuis tous ces siècles, une chose enfouie profondément et qui ne se réveillait qu'en de très rares occasions. Une chose qui était menée à mal ces derniers jours et que la vision du corps de la jeune asari venait titiller.
La probatrice serra les poings, sentant la haine monter en elle et s'approprier sa conscience, prête à altérer son jugement. Une erreur qu'elle ne devait pas commettre.
Tout le monde à l'intérieur, vite !Les ombres grimpaient sur les débris et les piles de cadavres, passant par dessus la barricade et fondant sur les militaires en contrebas. Une poignée d'asaris qui étaient restées trop proches du mur se firent avaler par la horde enragée. Inutile de leur porter secours, il était déjà trop tard pour elles.
Le reste du groupe pénétra donc dans la partie encore intact du bunker, refermant les deux sas blindés derrières elles. Un long couloir délimité par un mur de mitrailleuses accueillait quiconque parvenait à passer les portes. Le bunker représentait tout une série de pièges et de couloirs lourdement défendus, des manœuvres défensives qui pouvait suffire lors d'une guerre conventionnelle, mais qui ne servait ici qu'à ralentir temporairement leurs adversaires.
Et ces derniers commençaient déjà à enfoncer les portes blindés à en juger par les bruits sourds provenant de l'extérieur. Les militaires minèrent donc soigneusement le passage avant de s'enfoncer plus avant dans la forteresse.
Le groupe parvint dans la salle de commandement, une vaste pièce où étaient entreposés les blessés à même le sol, leurs lamentations et leurs gémissements tranchant avec le bruit de l'artillerie se fracassant contre le bunker à l'extérieur, faisant clignoter les lumières et s'effondrer un petit peu plus de poussière du plafond à chaque obus. Saphea examinait quant à elle la situation depuis l'hologramme du bâtiment avec les autres officiers, le reste des combattantes encore valides faisant l'inventaire des ressources et vérifiant le bon fonctionnement de leur équipement.
Lumya observait tout cela, un air las derrière son masque. En quelques jours, la forteresse avait perdu la moitié de son territoire, et la Corruption venait désormais directement frapper aux portes de la partie souterraine. Ce n'était presque plus qu'une question d'heures avant que l'ennemi ne parvienne à atteindre cet endroit.
La probatrice était épuisée, et tous les efforts qu'elle avait pu fournir étaient vain, n'ayant servis qu'à retarder l'inévitable. Tout ceci ne représentait au final qu'une agonie que chacune des combattantes asaris semblait vouloir prolonger le plus possible, rien n'en émergeait si ce n'était une décadence et un désespoir plus grand encore.
La vieille guerrière se dirigea donc vers Saphea avec la ferme intention de lui faire entendre raison. Ce n'était pas la première fois qu'elles avaient cette discussion, mais cette fois ci la probatrice n'avait pas l'intention de céder, quitte à devoir utiliser la force si nécessaire.
Colonel, il faut envoyer une équipe reprendre cette batterie sur le champ. Les yeux ambrés de l'officier se tournèrent vers la probatrice.
Nous en avons déjà discutées, il est hors de question que je retire des troupes de notre ligne de défense, vous avez bien vu ce qui s'est passé sur l'aile gauche, nous serions submergées. Raison pour laquelle il faut frapper rapidement. Je ne prendrais pas le risque de perdre davantage de mes sœurs, probatrice. Si nous procédons à une évacuation soignée nous pouvons encore sauver celles qui peuvent l'être.
Et si le spatioport est découvert ? Si vous êtes poursuivies ?Je ne reviendrais pas sur ma décision.Alors donnez moi un véhicule, j'irais seule. Toute aussi ravie que je puisse être de vous avoir à mes côtés je ne saurais faire l'erreur de me priver de vos compétences.Lumya s'approcha alors d'un pas supplémentaire de l'officier, la surplombant d'une tête. Le ton de sa voix n'avait pas changé, mais une lumière bleue venait désormais éclairer les fentes de son masque.
Ce n'est pas en restant derrière nos murs que nous avons vaincu les moissonneurs, Colonel. Les deux asaris plongées dans leur discussion ne virent pas l'individu qui venait de pénétrer dans la pièce. Une turienne dans une armure intégrale, se dirigeant avec la prestance propre à son espèce vers le duo. Une spectre. Elle avait annoncé son arrivée quelques minutes auparavant et la nouvelle s'était répandue dans la forteresse. Les plus jeunes asaris de la garnison lui lançaient des regards emplis de curiosité voir d'admiration, chuchotant entre elles.