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 [Intrigue #11] Résurgence

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Ada J. Raikes
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MessageSujet: Re: [Intrigue #11] Résurgence   [Intrigue #11] Résurgence - Page 2 Icon_minitimeJeu 19 Avr 2018, 02:06
Resurgence

Ada J. Raikes - Alec Sykes - Shaun McAvoy - Telhius Sharkan



- Espace de l'Alliance Interstellaire, Flux d'Arcturus, Environs d'Arcturus II
- SSV Saipan, pont 1, cabine de la contre-amirale O'Neill

Cela faisait onze jours que les évènements à bord du Gargantua étaient passés. Selon les rapports reçus à partir de Chasca, il ne restait rien de la carcasse de ce qui fut autrefois un cuirassé asari. Il n'y avait eu que des retombées étranges dans le ciel de la planète qui étaient passées pour des pluies d'étoiles filantes, éveillant tout au plus l'intérêt des habitants pour des phénomènes célestes anormaux. Si officiellement, du moins au sein des sphères autorisées même dans l'Alliance, l'opération était un succès, il y demeurait encore des zones d'ombres et pas forcément des choses secrètes ou mystérieuses. Le Comité de Défense avait félicité les commandants et les équipages du SSV Midway et du SSV Okinawa, les Turiens s'occupant de leur propre frégate mais tout le monde avait ressenti un malaise à l'issue de cette mission, de surcroît les commandants d'unité qu'étaient Sykes et moi.

Les pertes avaient été au bas mot, lourdes. Sykes avait perdu trois soldats parmi son unité. Comme tous les officiers commandants, nous connaissions la perte d'effectifs mais j'imaginai que pour lui, ces morts devaient être d'autant plus dures à encaisser. Il les connaissait depuis plus longtemps que je n'avais connu tous les membres de mon unité de combat et vu comment il semblait attaché à chacun d'entre eux, j'aurais pouvoir aimé le soutenir, ne serait-ce qu'entre soldats gradés étant au quotidien avec nos subordonnés. D'après ce que j'avais appris, les Turiens étaient tous morts sauf leur commandant, l'officier Sharkan. Je ne le connaissais pas trop mais je supposai que perdre tous ses hommes dans une mission aussi dangereuse devait être terrible à encaisser. Il m'était déjà arrivé d'être la seule survivante de mon unité, je repensai avec nausée à une mission qui s'était transformée en massacre en compagnie d'un Krogan... Au moins Sharkan avait pu s'en tirer. Quant à moi, mes pertes avaient été sans nul doute les plus terribles et non des moindres. Quatre morts de mon unité figuraient dans la liste des pertes. Watanabe happé par ces monstres, King tuée à coups d'OmniLame, Baird éliminé par une arme étrange à laquelle j'avais à peine jeté un œil et Cole attaqué à la fois par une OmniLame et des décharges meurtrières de fusil à pompe. Quatre soldats en qui j'avais foi, que j'ai tout fait pour protéger et qui sont morts sous les assauts d'Asaris plus du tout elles-mêmes. Il aurait été mensonge de dire que je ne ressentais pas de la culpabilité mais comme chaque soldat mort sous mes ordres, j'avais toujours une pensée pour eux. Désormais à la tête de ma frégate, j'eus alors le projet de faire dresser un memorial au pont 3 pour les premiers morts de l'Okinawa, inspirée par des souvenirs que j'avais du Normandy SR-2. Pour le moment, la contre-amirale O'Neill voulait me voir.

Lieutenante-Commandante.

Amirale.

Le salut entre ma supérieure et moi fut habituel : simple et direct, attaché à l'aspect militaire du geste. Elle ne m'invita pas à m'assoir et resta debout devant moi, me mettant au repos d'un signe de tête et poursuivit aussitôt.

Bien. Je suis contente de voir que les huiles vous ont enfin lâchés. Cela fait bien une dizaine de jours qu'ils vous cuisinent.

Rien d'étonnant à cela si je puis me permettre au vu du caractère classifié de cette opération, Amirale. Les huiles ont notamment voulu savoir pourquoi le Commandant Sykes nous a ordonné de couper les communications. Je leur ai simplement dit que c'était son ordre car nous pensions les communications espionnées.

Je vois. Votre passage sous le Canal Rouge tacite nous a tous surpris. Arcturus pensait qu'un nouveau Moissonneur s'était pointé.

O'Neill se mit à bouger et s'assit bien vite derrière son bureau, m'invitant par la même occasion à m'assoir également. La contre-amirale continua alors.

J'ai lu votre rapport de mission, approuvé par le Renseignement bien entendu. Vous avez payé un lourd tribut pour la réussite de cette mission. Mais vous avez fait ce que l'on attendait de vous.

Mes soldats ont pris un coup dur, madame. Ils n'ont pas l'habitude de perdre quatre de leurs camarades sur une mission. Et j'ai appris qu'il se passe... des choses sur Chasca. Peut-on vraiment parler d'une réussite ?

Raikes, vous n'êtes pas coupable de la mort de vos hommes, ils savaient qu'ils ne pouvaient peut-être pas revenir. Cela fait des années que je vous le répète, si je devais vous blâmer pour chaque mort dont vous êtes victime, je vous aurai éjecté il y a longtemps et mon état-major serait vide de tout officier.

Amirale. Que se passe-t-il sur Chasca ? ...

Le visage de ma supérieure s'assombrit et croisa ses mains devant elle.

On reçoit des rapports... préoccupants de Chasca. On est en train d'évaluer la situation mais des rumeurs se répandent déjà. On est dans le vague, Raikes. Les huiles épluchent les données que vous et Sykes avaient récolté ainsi que vos rapports et sûrement vos interrogatoires. J'ai parlé avec un de leurs officiers placé sur cette affaire, il ne m'a quasiment rien dit mais il est inquiet. J'ai même l'impression que le Comité s'attend presque à ce qu'une nouvelle classe de Moissonneur débarque.

Bordel d... Hm... Désolée... C'est viscéral, Amirale, je sens qu'on a agi avec un gros train de retard...

Raikes. Ce sont d'autres qui s'occupent de Chasca, cela ne dépend plus de vous. Le Comité de Défense est en train de planifier quelque chose que ça soit l'envoi de forces supplémentaires ou même une éventuelle quarantaine. Quant à vous et à votre équipage, vous partez en permission.

P... pardon ?

Vous êtes en déploiement effectif depuis bientôt un an. Vous avez mérité une permission, surtout après cette opération.

Les paroles d'O'Neill me surprirent mais je me tus pendant quelques secondes, le temps d'encaisser. Une permission après ça... Peut-être que c'était le mieux. Si je m'inquiétais davantage pour Chasca, je finirai par me coller un ulcère et Rebecca, O'Neill puis ma famille par extension, tout ce monde en pâtira. C'était dur à accepter mais j'opinai à O'Neill. Une permission de plusieurs semaines allait soulager tout le monde, elle était pour moi mais aussi pour mes subalternes. Tout le monde était sûrement éreinté à bord et tant pis si je préférais rester en mission, mes soldats avaient certainement besoin de repos et de pouvoir revoir leurs familles.

Hm... Bien, Amirale. J'aurai d'ailleurs une requête à vous formuler.

Je vous écoute.

Je vous demande la permission de dresser un memorial au pont 3 de l'Okinawa. Les soldats qui sont morts étaient appréciés, de moi compris. Je voudrais qu'on ne les oublie pas. Je... n'ai pas pu être présente à leurs enterrements, aucune dépouille ou même plaque n'a pu être récupérée, je n'ose pas imaginer ce que ressentent leurs familles. Ce n'est pas grand chose mais... je souhaite que leurs noms soient à bord de l'Okinawa. C'est la moindre des choses que je puisse faire pour eux.

Hm... je comprends Raikes. Permission accordée. Mais je vous conseille de le faire avant de partir en permission, ainsi lorsque vous reviendrez, le memorial sera déjà en place.

Merci, Amirale.

J'ai par ailleurs appris que votre amie McAvoy avait reçue une promotion du CFCI. Vous en savez plus ?

Non, Amirale. Dès la fin de la mission, Shaun... je veux dire la Lieutenante-Commandante McAvoy et moi ne nous sommes pas parlés.

Je vois. D'ailleurs à ce propos, votre ancienne instructrice, la Major Yamashita m'a contactée. Vous êtes promue pour le N6.

Je restai muette pendant une poignée de secondes, encaissant la nouvelle. Pas d'exclamation quelconque, nulle démonstration de joie ou de fierté, juste une impassibilité froide devant la nouvelle annoncée par la contre-amirale. Je ne me réjouis pas outre mesure de ce gain de grade au sein des N, j'étais encore affectée par la perte de mes soldats et les nouvelles de Chasca. O'Neill me retint encore quelques minutes, ponctuant ses mots de cette assurance grave propre aux officiers supérieurs et bien qu'elle n'en montrât rien, je crus déceler un relent de compassion dans la voix de l'Irlandaise. Elle savait que la nouvelle de ma promotion n'était qu'un faible lot de consolation pour les mauvaises nouvelles accouchées de cette opération qui n'était donc au final qu'un échec vicieux. Je quittai plus tard le bureau d'O'Neill recevant l'ordre de revenir sur Terre à Vancouver afin de mettre l'Okinawa en cale sèche et d'envoyer tout le monde en permission.



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