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 L'ordre et la morale

Edouard B. Ringheilem

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Edouard B. Ringheilem
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MessageSujet: L'ordre et la morale   L'ordre et la morale Icon_minitimeMer 21 Juin 2017, 21:48
Intervention MJ : NonDate : 2198 : Pacification d'Eden PrimeRP solo
Edouard B. Ringheilem
L'ordre et la morale



Le SSV Tai Shan, cuirasser-amiral, se déplaçait aux côtés d'autres vaisseaux de l'Alliance, venant d'autres flottes.
Le cuirasser, maître des batailles, menait les autres au combat. Un combat dont beaucoup se serait passé. L'Alliance était frappée dans son cœur, sa chair. L'une de ses colonies, Eden Prime, s'était révoltée, criant à une liberté dangereuse face au rétablissement de troupes de l'Alliance sur la planète.

Le mouvement, d'abord pacifique, s'était transformé en insurrection en quelques jours. L'organisation de ces révoltés du XXIIIéme siècle, armés et rompus aux tactiques de guérilla, ne trompait personne. Les colons s'étaient entraînés aux combats. L'Alliance avait essayé de calmer le jeu. Ordonnant aux quelques unités garnissant la planète de rester dans leur camp. A ce moment la l'heure était aux négociations. Les politiciens refusaient même l'envoie d'une flotte, ne voulant pas paraître "agressif" et exacerber le cœur de la révolte. Pleutres rompus à ce genre d'exercices, les politiques pensaient véritablement que cela allait fonctionner. Après tout la révolte, bien que coordonnée, n'était que l'oeuvre de groupuscules. Du moins c'est que martelaient les politiques voulant minimiser l'impact de la révolte. Une colonie, refusant de se soumettre à l'Alliance? cela ne pouvait être vrai.

La négociation se mua en indignations quand la garnison de l'Alliance fut attaquée et défaite. Le choc fut réel au sein de la classe politique, dont la réaction fut unanime.
Ingrats pour certaines, terroristes pour d'autres, les quelques voix qui s'étaient prononcées pour laisser à Eden Prime le choix de l'indépendance furent occultées par la violence des événements. Vittorio Orfei était de ces soi-disant bien-pensants. Vindicatif dans ses propos, croyant pouvoir dominer les pros-interventionnistes par l'art du verbe et du raisonnement.

L'Alliance, une et indivisible, encore affaibli par la Grande Guerre, ne pouvait se payer le luxe de la sécession et de l'insurrection. Si Eden Prime gagnait son indépendance, après la flambée de violence qui avait précédé, l'exemple aurait été inévitablement suivi par les autres colonies d'Utopia, voir au-delà. Cependant les discours politiques se voulaient sobres dans les termes employés. On ne parlait pas de guerre civile mais de "terrorisme" ou "d'événements d'Eden Prime".

Dans tous les cas, peu importe le mot utilisé, le danger était bien là. Mais malgré tous les beaux discours de la classe politique, le discours demandant le rétablissement de l'ordre sur Eden Prime se faisait poussif. Un bon politique est un politique qui éructe bien, mais quand l'instant demandait une action aussi grave que nécessaire personne ne semblait prête à l'assumer.

Ce fut dans ces moments de troubles que se dressa l'Amiral Ringheilem. D'un aspect reflétant la gravité de ses expériences passées, il avait saisi directement le Premier Ministre de l'époque, lui intimant que l'Alliance était en danger, que la guerre civile était aux portes de l'Alliance. Cette rencontre, personne n'en avait entendu parlé, pas même la hiérarchie militaire.
"Donnez moi une flotte et les sécessionnistes ne sont plus". Cette phrase, énoncée dans une posture imperturbable, semblait avoir eu raison des doutes subsistants.

En quelques jours la "flotte expéditionnaire" avait été constituée, rassemblement de quelques vaisseaux des IIIéme et IVéme flottes. Le maître de la IIIéme flotte en avait été mis à la tête.

Voilà pourquoi l'Amiral Ringheilem se trouva dans l'un des événements post-Grande guerre les plus marquants de l'Alliance, marquant inévitablement sa vie de par les décisions qu'il fut amené à prendre. Pour l'heure, l'histoire n'en était qu'à ses prémices.

Il s'était tenu droit, comme à son habitude, sur le pont de son bâtiment. Stature solide, les mains dans le dos allié à un regard froid, rien ne laissait trahir une quelconque appréhension.

"Monsieur"

La voix était familière, emplie d'une rigueur habituelle. Le claquement de botte qui suivit la phrase indiqua qu'elle était au garde-à-vous. En se retournant elle était encore dans sa tenue de combat.
Il s'agissait de la lieutenant-commandant Xenia Aslanov. N7 de son état elle était, avec un autre de ses pairs, un des éléments les plus fidèles et compétents servant sous ses ordres. Elle était l'un des seuls éléments en qui il avait confiance. Les autres tire aux flancs devaient en prendre de la graine.
Voyant son supérieur resté silencieux elle commença à faire son rapport

"La résistance spatiale d'Eden Prime semble ne se borner qu'à quelques vaisseaux civils armés Monsieur"

- Bien... il est l'heure de l'heure de mater ces terroristes .


Edouard B. Ringheilem

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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale   L'ordre et la morale Icon_minitimeDim 25 Juin 2017, 04:13
Du premier au troisième jour

Le combat spatial qui avait suivi l'arrivée de la flotte expéditionnaire fut aussi bref que violent. La dizaine de vaisseaux civils, armés à la va-vite, n'avait rien pu faire face à la toute puissance d'une flotte de l'Alliance. La vision terrifiante d'un cuirasser, usant de son arme principale, avait brisé le moral chancelant de cette flotte hétéroclite. Les fuyards avaient été abattus sans considération aucune.

Ces fuyards, dans des messages désespérés pour échapper à l'hécatombe, avaient envoyé des transmissions pour déclarer battre pavillon blanc. En guise de réponse,l'Amiral avait simplement ordonné de faire feu, quelques soit les transmissions pouvant être émises par les vaisseaux rebelles.

L'annihilation avait été totale. La flotte expéditionnaire avait traversé les débris restant de l'opposition funeste des vaincus. Dés le début de l'intervention, elle était devenue maîtresse de l'espace spatial d'Eden Prime.

A la suite de l’événement, le Front de Libération d'Eden Prime, le FLED, le mouvement qui revendiquait l'indépendance, avait annoncé ,par un discours de son chef et représentant, Mario Loyola, que la planète se battrait jusqu'au bout.
"Nous nous battrons dans les campagnes, dans les routes, dans les spatioports, mais jamais nous nous rendrons. La communauté galactique à les yeux river sur notre combat!"

Le discours, retranscris sur toute la planète, avait pu être capté et visionné par la flotte. Il semblait que parlementer ne servait à rien. Cependant il n'était pas certains que toute la planète accepte le sacrifice sans sourciller.
De nombreuses informations de dissidents parvenaient ici et la. Certaines, alléchantes, étaient de l'intox. D'autres indiquaient que les grands foyers d’insurrection se trouvaient dans les grandes villes de la planète. A contrario, les endroits plus éloignés paraissaient moins gagné par l'idéal indépendantiste. Certains groupes semblaient vouloir remettre des informations contre une protection future.
Pouvoir les utiliser semblait être une perspective intéressante. A défaut de les contrôler ils pourraient être capturés et fournir de précieuses informations. Techniquement toute la planète et sa population devait être considérée comme hostile.

Une chose était certaine, l'intervention au sol allait être un calvaire. L'Amiral n'avait aucune envie qu'un Stalingrad planétaire s'établisse sur la planète. Il laisserait un ultimatum d'un mois à la planète. Ni plus, ni moins. Le mal qui gangrenait l'Alliance devait être anéanti au plus vite.

Les mains dans le dos, l'Amiral se trouvait dans le hangar de son vaisseau, regardant la cinquantaine d'hommes en armes, alignée et prête au combat. Xiena Aslanov se trouvait dedans. L'autre bras droit de l'Amiral, le N7 Arthur Witfogel, y était également. Sur les autres vaisseaux de la flotte, des préparations similaires se tenaient. En tout et pour tout quelques 300 marines s'apprêtaient à débarquer sur la planète insurgée, dans divers lieux.

Dans un salut militaire protocolaire aux troupes, le maître de la IIIéme flotte avait ensuite regardé ce ballet de makos embarquer les divers groupes.

L'objectif premier était des actions coup de poings. Destruction de cache-d'armes, de réserves de vivres, il fallait mettre sous pression les insurgés et la population. Egalement, certains groupes étaient chargés d'établir le contact avec des groupes dissidents. D'autres étaient chargés d'infiltrer les tours de communication pour diffuser le message d'information, ou de menaces, question de point de vu, menaçant une "intervention massive" si la planète ne se rendait pas à la fin du mois.

Cette manœuvre avait été la première tentative "pacifique" de l'Amiral Ringheilem. Le compte à rebours commençait alors.


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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale   L'ordre et la morale Icon_minitimeDim 25 Juin 2017, 10:39
La première semaine


La première semaine de combats se déroulait sans véritables accrocs. Les différents groupes de marines opéraient à une véritable guerre subversive, refusant tout combat frontal. Ils frappaient forts, détruisant les objectifs, avant de se retirer en bon ordre pour être évacué.

Les grands centres de population étaient évités. Les bases périphériques par contre en prenaient pour leur grade. Le message de l'Amiral avait d'ailleurs put être transmis sur les chaînes d'Eden Prime, grâce au groupe du lieutenant-commandant Alanov, réussissant un tour de force en pénétrant dans l'une des antennes relais d'Eden 1, la chaîne d'information de la planète.

Le message se voulait clair, concis, avec l'Amiral en guise de plan principal.
"Habitants d'Eden Prime, je suis l'Amiral de la IIIéme flotte de l'Alliance, Edouard B. Ringheilem. En vertu des pouvoirs qui m'ont été attribués je demande toute cessation des hostilités. Si à la fin du mois le FLED a maintenu sa position de va en guerre, je me verrais dans l'obligation d'user de toute la force dont je dispose. Ringheilem, terminé."

Le FLED ne prenait apparemment pas la menace au sérieux. En guise de réponse même ses membres avaient procédé à l’exécution de soldats de l'Alliance, dont la garnison était tombée il y avait de ça deux mois. L'Amiral avait laissé faire. Il aurait très bien pu ordonner à des groupes de marines de procéder à la libération des prisonniers, mais envoyer ses hommes dans ce qui ressemblait à un guêpier ne lui convenait pas.
L'intérêt était autre, il fallait dépendre les insurgés comme des barbares devant être maté. Les images de soldats exécutés lâchement avaient fais le tour dans les rangs de la flotte. Les quelques hommes qui ne croyaient pas au bien fondé de leur intervention y trouvaient la une raison de combattre. Ces mêmes images avaient été envoyées à diverses chaînes d'information.
Ce genre d'actions de la part de ses ennemis allait servir l'Amiral dans ses futures actions. La première semaine s'écoula lentement au sein de la flotte expéditionnaire, au grès des envois constant des groupes de marines se relayant. Certaines équipes avaient perdu des hommes, attaqué quelquefois par la population même.
A la fin de cette première semaine, une chose demeurait certaine, Eden Prime voulait poursuivre la lutte. David rencontrait Goliath
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale   L'ordre et la morale Icon_minitimeSam 01 Juil 2017, 14:20
La deuxième semaine et la troisième semaine

La deuxième semaine continua avec son lot de combats et de sabotages. Cependant, le FLED se montra de plus en plus violant dans sa manière de traiter avec ceux qui ne soutenaient pas l'insurrection. Les rapports d'insurgés "visitant" les familles soupçonnées de soutenir l'Alliance étaient fréquents. La encore, l'Amiral Ringheilem laissa faire, ne voulant user aucun moyen militaire pour assurer la défense de colons. Pire, il chargeait les services d'informations de faire parvenir des messages "codés" pour confondre en accusation certaines personnes, insurgés ou non.
Est-ce qu'il s'en voulait pour ce qu'il faisait ? bien sûr, seul un fou ou un psychopathe n'aurait pas honte d'envoyer à la mort des civils, mais l'enjeux était trop important pour avoir des remords. Il paierait tôt ou tard. Pour l'heure il se devait d'être intraitable envers l'insurrection, tout les moyens étaient bons pour parvenir à ses fins .

Les jours se succédèrent avec les mêmes opérations. Certaines de ces opérations frappèrent les centres d'énergies et de vivres de certaines villes. Si les dégâts, importants, pouvaient être réparés, l'impact psychologique était constant. L'Alliance se trouvait hors de portée et pouvait frapper ou elle voulait et quand elle voulait. Les insurgés apprenaient qu'ils ne jouaient plus selon leurs règles.
Egalement, le groupe de Xiena avait même poussé le vice en faisant exploser le centre d’énergie de la deuxième plus grande ville d'Eden Prime, la plongeant dans un silence pesant.

La troisième semaine fut marquée par un événement tragique. Une section avait été piégée lors d'une de ses opérations. Piégée par la population armée, elle avait livré un dur combat avant que les survivants, épuisés et à court de munitions, ne soient capturés. Le kodiak censé les dégager de la avait été abattu. L'information était arrivée trop tard à la flotte pour pouvoir envoyer une équipe de secours.
Ces maudits insurgés voulaient continuer la lutte, dévoilant une population de plus en plus hostile à l'Alliance. Pourquoi ne se rendaient-ils pas? Le sang allait devoir couler de manière horrible, le poids d'une future décision, qui ferait de lui un monstre, pesait de plus en plus sur ses épaules.

L'amiral allait faire de cette planète un exemple si elle s'entêtait dans sa lutte. Il y avait trop d'enjeux pour se montrer conciliant avec les insurgés. Malgré une absence de vivres et d'énergie dans les villes périphériques, du fait des actions des commandos, de nombreux habitants partaient pour les grandes ville d'Eden Prime, relativement épargnées.
A l'aune de la quatriéme semaine le FLED continuait sa lutte désespérée, espérant que d'autres colonies suivent son exemple.
Edouard B. Ringheilem

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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale   L'ordre et la morale Icon_minitimeSam 01 Juil 2017, 15:23
Le bombardement

La quatrième semaine avait été similaire dans les actions menées aux trois autres. Les combats s'étaient faits plus violents, les commandos envoyés rencontraient de plus en plus d'hostilité. Cependant, une information capitale avait été prise par la flotte. Le chef du FLED et quelques uns de ses fidèles lieutenants devaient se rendre en fin de semaine dans la deuxième ville d'Eden Prime.
Cela servait les futures actions d'Edouard. L'ultimatum approchant, la flotte fut scindée en deux. Ces monstres d'aciers flottaient dangereusement depuis l'espace au-dessus de la capitale d'Eden Prime et de sa seconde ville. Nul doute que les habitants ne savaient pas le danger qui lorgnait au-dessus d'eux, tel une punition divine s'apprêtant à s'abattre.

L'ultimatum arrivant, Edouard ordonna aux frégates de pointer leurs canons sur les villes surveillées. L'ordre passa mal auprès des équipages. Si les officiers n'osaient rien dire, les matelots parlaient entre eux, se demandant si l'Amiral allait vraiment ordonner le bombardement d'une planète humaine.


Le jour J, Edouard se tenait les mains dans le dos comme à son habitude, droit comme un i dans son fringuant uniforme d'amiral de l'Alliance. Tous les commandos avaient été rappelés. La flotte était parée à l'attaque.

Activant le canal servant à la flotte, l'amiral se lança dans un discours avant de donner son ordre fatidique.
"Messieurs, mesdames, soldats de l'Alliance ! Aujourd'hui je vais vous donner un ordre qui vous paraîtra terrible de par les victimes qui seront touchées.
C'est avec le coeur lourd que j'en viens à cette solution. L'Alliance, une et indivisible, ne peut se permettre une guerre civile. Cette lutte fratricide causerait des dégâts irrémédiables pour l'Alliance.


L'amiral marqua une petite pause avant de reprendre

Soldats! Le sang qui sera versé aujourd'hui ne sera pas de votre fait. Vous n'êtes rien d'autre que des outils, les rouages d'une arme entre mes mains ! Une arme n'a pas à penser aux conséquences des actions de son propriétaire.

Ringheilem terminé."


L'ordre fut ensuite donné aux frégates de faire feu. Deux slaves de missiles furent tirées sur chacune des villes ciblées. Personne ne remarqua en ce triste jour le visage crispé de l'amiral Ringheilem, qui regardait depuis le pont les missiles s'abattre sur cette planète humaine. La fin du bombardement fuit suivie d'un silence pesant. Le sang avait coulé.

Comme on pouvait s'y attendre, le nombre de victimes fut considérable. Les deux plus grandes villes de la planéte avaient subi des destructions impressionnantes, Eden Prime allait mettre du temps à s'en remettre. L'action fut longuement relayée par l'Alliance. Certains érigèrent l'amiral en sauveur de l'Alliance, d'autres en monstre. Toujours est-il qu'au lendemain des bombardements, le FLED demanda à négocier, son chef étant mort, sa population terrorisée.


Aujourd’hui encore,Edouard se souvient de chaque image ayant montré la destruction des villes, le nombre de victimes. Les cauchemars hantent ses nuits depuis ce jour, même si son visage est resté froid comme à son habitude.


Dernière édition par Edouard B. Ringheilem le Mar 25 Juil 2017, 20:28, édité 1 fois
Vittorio Orfei
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale   L'ordre et la morale Icon_minitimeMar 25 Juil 2017, 16:11
Dans une guerre, quelle qu'en soit l'échelle, le bien n'est pas l'apanage d'un des deux camps, le mal celui de l'autre. Déjà parce qu'il y a toujours plusieurs centaines de camps en présence ; les factions principales, les groupes souterrains plus ou moins officiels, les groupes souterrains illégaux, et les individus qui traversent le conflit. Dans ce qui semblait être un même camp, l'entente complète était donc à exclure. Vittorio Orfei savait tout cela.

Voilà presque un mois qu'il suivait le déroulement des évènements d'Eden Prime. Pudeurs de gazelle et poudre de perlimpinpin que cette dénomination ridicule, pour ne pas citer un célèbre politicien du XXIème siècle. Pure occultation sémantique. Elle ne servait qu'à cacher la vérité, pire, elle montrait que l'Alliance refusait d'assumer sa faiblesse. Vittorio se croyait revenu au XXème siècle, l'époque où Pétain avait préféré sauver l'honneur de l'armée et se rapprocher de l'ennemi plutôt que de laisser une liberté toute relative à son pays ; il se croyait revenu à l'époque du colonialisme, quand l'armée faisait loi. A la différence qu'ici, les colons ne restaient pas dans une attitude attentiste ; ils ne soutenaient pas l'armée non plus, loin de là.

La situation était inédite.

Vittorio savait qu'il ne pouvait dire que l'Alliance et les sécessionnistes étaient un pion noir, un pion blanc, séparés par une barrière infranchissable. Les deux camps avaient commis des actes atroces. Mais Vittorio avait de la sympathie pour les compatriotes égarés – autre terme fallacieux pour désigner les membres du FLED – et il ne s'en était pas caché. Enfin, plus que pour eux, il avait de la sympathie pour leur cause. Mais comme presque tout mouvement allant à contre-courant, la situation avait fini par dégénérer. Une guerre civile, disons-le, sus aux prudes ; une guerre civile.

Vittorio avait quitté son poste sur Zhu's Hope depuis peu. Au moment du conflit d'Eden Prime, il était coincé sur Terre. Cela ne l'avait pas empêché de prendre publiquement la défense des insurgés. Il était temps de dénoncer la toute-puissance de l'Alliance, peu importait que leurs adversaires fussent tout aussi extrêmes. Même, ils n'avaient pas vraiment le choix ; comment lutter face à un géant pareil, autrement ? L'Alliance était le Cyclope, les insurgés Ulysse et ses hommes, et il avait bien fallu que ces derniers crevassent l’œil du monstre pour s'échapper, aussi douloureux que ce fût pour lui.

Puis un jour, Vittorio s'éveilla, et entendit sur Galaxy News qu'Eden Prime avait été bombardée. Certaines personnes, même les plus hostiles aux victimes, se sentent vides à l'annonce de tels actes ; et peut-être Vittorio se sentit-il vide. Mais le temps qu'il s'habillât, et qu'il se mît en route pour le Parlement, il s'était empli du feu de la colère.

L'intervention de l'Alliance sur la colonie durait alors depuis environ trois semaines. Il n'avait pas aimé d'entrée de jeu l'homme à la tête de la flotte, l'Amiral Edouard Ringheilem. « Donnez-moi une flotte et les sécessionnistes ne sont plus. » Quel vantard ! Quel imbécile ! Une tentative d'approche pacifique ? Laissez-moi rire ! D'ailleurs, il l'avait bien vite abandonnée. Un ultimatum ? Eden Prime ne se serait jamais rendue. Un bombardement ? Qu'il crève ! Et les civils ? Et tout ce que cette chère Alliance a passé des décennies à construire ?

Une tempête n'aurait pas ouvert plus brusquement les portes du Parlement terrien. Tous ses confrères étaient aussi agités que des étincelles, qu'ils fussent pro-intervention ou pro-insurrection. La sonnerie de début de séance tonna comme le tonnerre. Les députés prirent place dans l'hémicycle. Celui-ci était immense, des tribunes de marbre laissaient une vue à ceux qui voulaient venir, des colonnes supportaient le plafond ; les sièges étaient rouges vifs, le dallage doré, les tentures sur les murs d'un bleu royal ; une vraie monarchie démocratique, sauf que, assis en demi-cercle, ses représentants pouvaient crier à loisir. C'était cela, le progrès.

Après une vingtaine de minutes fort agitées de séance, Vittorio demanda la parole. Il se leva et prit place au micro.


*


Voici ce que les I.V, ces greffières modernes, ont retranscrit de la prise de parole de Vittorio Orfei, député PSHU.

« Mesdames, messieurs les députés,

j'aimerais rebondir sur la pique jetée par Monsieur Simmons. Non, l'Alliance n'a pas bombardé Eden Prime pour ''sauver une part d'elle-même''. Elle l'a fait pour se sauver elle-même, ou plutôt sauver l'image qu'elle a d'elle-même.

« Les colonies sont là pour appuyer notre développement. Il serait mieux de s'en servir pour bâtir, produire, échanger, rencontrer, que comme exutoire de notre force militaire, que comme moyen de s'assurer de sa suprématie.
(Ici des exclamations indignées se font entendre.) Je sais très bien que l'intervention de l'Alliance devait avoir lieu. Elle reste la police, et les débordements ne sont pas tolérés. Mais, pendant que vous grognez contre ces pauvres paysans, ne faites pas cesser le fonctionnement de votre cerveau.

(Applaudissements de la gauche, huées de la droite, de quelques libéraux dont les affaires sont rivales de celles d'Eden Prime. Le Président fait calmer tout le monde.) « Je ne nie pas que les insurgés aient exécutés des soldats. Ils ont du sang sur les mains. Pour autant, je les soutiens et les soutiendrai – je le dis – car l'Alliance n'a pas à oppresser de sa présence toutes les colonies humaines. Plutôt, elle n'en a plus besoin. Là où les installations sont terminées, quel intérêt de laisser l'administration des lieux à l'Alliance ? Qu'elle intervienne dans la recherche et l'implantation des colons, évidemment ; on ne va pas envoyer trois paysans, un ingénieur et un entrepreneur découvrir que la flore de telle planète est toxique. Qu'elle reste présente comme force défensive, cela aussi me paraît normal ; mais qu'elle reste diriger les colonies ? C'est absurde !

« Pourquoi la démocratie serait-elle l'apanage de la Terre ? Coloniser, n'est-ce pas envoyer toute une culture au loin ? Alors pourquoi laisser le pouvoir militaire en place, quand on a vu ce qu'il a été capable de faire par le passé ? Ce qu'il a fait aujourd'hui ? Pourquoi soudain ignorer un modèle politique – le nôtre en ce moment même – qui, à chaque fois qu'il a été renversé, a été regretté ? Un modèle plus tempéré, qui n'appuie pas sur un bouton déclencheur d'explosifs aussi facilement que les militaires, et plus apte à communiquer avec les autres espèces qui avoisinent nos colonies. Eden Prime est appelé un monde éden : ce n'est pas pour rien ! Les dangers sont minimes, les ressources abondantes, le climat propice à tout ce que l'on peut imaginer.

« Je demande à l'Alliance un peu de retenue, voilà tout. C'est ce que j'ai demandé, avec certains d'entre vous, depuis le début de la guerre civile. Et qu'a-t-on obtenu ? Un bombardement et des monceaux de cadavres. Edouard Ringheilem – que certains d'entre vous ont salué comme le messie – est à lui seul le Boucher d'Eden Prime tout entière. Certes le FLED n'est pas innocent ; mais le combat était déséquilibré, et son final est l'image parfaite de ce que je veux démontrer. Les insurgés se sont réfugiés dans les villes ; avez-vous pensé au nombre de civils qui y vivent ? Encore une fois, ce sont eux les victimes de la guerre. D'autre part, le FLED fonctionnait surtout sur le mode de la guérilla ; et on y opposerait des bombes ?
(Quelques sifflets approbateurs.) Pourquoi ne pas simplement avoir encerclé les villes une fois les insurgés et leur chef pris à l'intérieur ?

« J'espère que l'Amiral Ringheilem avait parfaitement conscience du crime qu'il commettait et qu'il le regrettera. Celui qui commettrait un tel acte, même pour sauver ce qu'il considère être le Juste, sans état d'âme, ou pire en se délectant de la souffrance de son ennemi, celui-là serait fou. Le véritable militaire est le désintéressé. Et je pense que mes paroles valent aussi pour quelque-uns d'entre vous.

« Soyons, au-delà de tout sentiment, pragmatique
(quelques anglophones essaient de crier too soon, mais ils sont étouffé par le débat qui gagne les rangs du Parlement.) : là, étrangement, c'est le gouvernement qui paiera les réparations, et non l'Alliance. C'est le gouvernement qui prendra sur lui la souffrance des familles.

« Nous ne serions bon qu'à recoller les morceaux – littéralement – et qu'à consoler une fois le pire commis ? Nous ne saurions pas agir ? Nous ne saurions pas empêcher le pire de venir ? Ridicule. Ce conflit a été géré par des gens peut-être compétents, mais déboussolés. Un jour, l'Alliance aura moins de pouvoir, je vous l'assure ; et, que vous le vouliez ou non, elle aussi s'en portera mieux. Mais ce jour ne viendra que si nous parvenons à prendre nos responsabilités en main.

Merci. »
(Applaudissements, mêlés de cris et d'imprécations.)

Fin de l'enregistrement.


*


Quelques jours plus tard.

Vittorio était dans son bureau, à son appartement, et il épluchait le dossier Eden Prime depuis 5 heures du matin. Il ne cessait de recevoir des appels. Le dernier en date avait servi à le prévenir qu'il était nommé nouveau gouverneur de la colonie. Ma foi. Il semblait que son prédécesseur préférât abandonner l'affaire, et Vittorio ne pouvait guère lui en vouloir. Mais pourquoi lui, que n'importe qui de sensé, au vu de son discours d'il y a quelques jours, aurait plutôt envoyé en vacances sur Anhur ?

Une bonne raison à cela : la population de la colonie ne paraissait prête à se calmer que si lui, Vittorio Orfei, venait. Sa réputation obtenue sur Zhu's Hope le précédait, et le fait qu'il ait défendu les colons jouait en sa faveur. En conséquence, le gouvernement avait décidé d'appliquer le conseil que son élément dissident lui avait donné : envoyer un politicien prendre les choses en main. Cadeau empoisonné, bien sûr, vu l'état de la colonie ; tout ou presque était à refaire au niveau urbain. L'économie se relèverait difficilement. Les mésententes seraient longtemps nombreuses. Mais Vittorio avait néanmoins accepté. Parce que pour réussir à redresser Eden Prime, on lui avait laissé le champ libre.

L'Alliance avait voulu montrer son ordre et sa morale ? Vittorio montrerait les siens.

Un enregistrement attira son attention. C'était celui de la passerelle du SSV Tai Shan, le vaisseau de l'Amiral Ringheilem. Vittorio s'apprêtait à prendre une pause, mais il se rassit.

« Messieurs, mesdames, soldats de l'Alliance ! Aujourd'hui je vais vous donner un ordre qui vous paraîtra terrible de par les victimes qui seront touchées. C'est avec le cœur lourd que j'en viens à cette solution. L'Alliance, une et indivisible, ne peut se permettre une guerre civile. Cette lutte fratricide causerait des dégâts irrémédiables pour l'Alliance.
Soldats! Le sang qui sera versé aujourd'hui ne sera pas de votre fait. Vous n'êtes rien d'autre que des outils, les rouages d'une arme entre mes mains! Une arme n'a pas à penser aux conséquences des actions de son propriétaire.

Ringheilem terminé. »

Vittorio resta un instant sans penser et sans bouger. Puis, il se leva, et s'avança vers son buffet pour se servir un verre de whisky. Il se rappela qu'il n'était que neuf heures du matin. Il partit dans sa cuisine et se fit un café, ce qui était bien plus intelligent.

Le bien et le mal ne se séparent pas en deux pions bien distincts séparés par une barrière infranchissable... Ringheilem avait pris la faute sur lui. Il n'était pas complètement à jeter ; même, cela avait marché, puisque Vittorio ne le portait pas dans son cœur. Peut-être avait-il soulagé la conscience de quelques soldats. Mais il avait agi quand il aurait dû s'en garder. Il restait inexcusable. Les morts restaient morts, et c'était à Vittorio qu'incombait la tâche de chasser le souvenir des actes de l'Amiral. Ringheilem se débrouillerait seul avec ses fantômes, et ce serait mérité.

Vittorio fit ses valises le lendemain.
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L'ordre et la morale

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