Ascenseur pour l'échafaud

Sujet: Ascenseur pour l'échafaud Jeu 31 Mai 2012, 00:58

2190 : Ascenseur pour l'échafaud.

Prélude.

Trois ans que la Grande Guerre était terminée. J'avais été promu 2nd Lieutenant. La destruction des Moissonneurs et la destruction partielle de la Citadelle avait donné du boulot pour la galaxie. La majorité des ruines de Moissonneurs avaient été recyclées ou mise à l'étude. Je restais toujours fasciné par le fait que la Citadelle soit en orbite autour de la Terre, même si partiellement détruite. J'avais ouïe-dire que les secteurs étaient devenus de gigantesques ghettos où les groupes mercenaires et paramilitaires s'entretuaient. Mais là n'était pas mon objectif.

Rappelons-le, pendant la Grande Guerre, je faisais partie de la flotte de l'Amiral Hackett. J'étais donc maintes fois appelé à participer à des missions de récupérations, de reconnaissance, ou de défense de zones. Grâce à mon échec aux tests biotiques à Point-Zéro, je m'étais dévoué à la pratique martiale et au maniement des armes. Alors on m'envoyait en mission à droite ou à gauche.
Sauf qu'un jour, ça c'est mal passé. Très mal. On m'avait envoyé sur une colonie humaine de la Travée de l'Attique. Horizon, je crois. Nous savions tous que ce n'était pas un hasard si la colonie était en danger, les Récolteurs l'ayant déjà attaquée un an plus tôt.

On m'avait confié une section d'hommes qui ne désiraient que survivre à la Guerre, car la mort rôdait à tout les coins de rue. L'opération était simple : Protéger, escorter, exfiltrer. Trois mots si simple que nous en oublions le calvaire que cela allait représenter. Mes hommes. Je les connaissais. Je connais toujours le nom de mes soldats. Je veux les connaître pour savoir s'ils sont à la hauteur des missions ordonnées. J'ai vécu dans la peur de l'échec et de la faiblesse, j'en serais tout aussi exigeant avec quiconque est sous mes ordres. On me traite d'élitiste, de tyran. Qu'il en soit ainsi, si la mission est un succès.

Le contact avec la population d'Horizon s'était fait très facilement. Traumatisés par l'incident Récolteurs, on aurait dit qu'ils étaient déjà prêts à partir. Mais ils étaient toujours aussi méfiants de l'Alliance. Allons bon, ce n'était qu'un détail.
Alors nous avons pris nos cliques et nos clacs et nous nous dirigions vers la baie d'amarrage où étaient situés les navettes d'exfiltration, jusque là, pas de problème.

Sauf que sortis de nulle part, des troupes Moissonneurs nous avaient barré la route. Bloquant alors l'escorte d'une centaine de civils, bien à couvert derrière nous. Il restait grosso modo trois kilomètres à parcourir jusqu'à la baie. Les trois kilomètres les plus longs, les plus sanglants, de toute ma carrière. Il fallait privilégier la mission, donc l'exfiltration des civils. On avait repéré une voie alternative par scan des plans de la ville par Omnitech. Il fallait faire diversion.

J'avais un excellent second à mes ordres, le Caporal Damarre. Qui se proposa alors pour diriger l'équipe de diversion. J'ai accepté, sachant pertinemment qu'ils allaient sûrement y perdre la vie. Je dirigeai alors je groupe d'escorte des civils. Le chemin, un peu plus long mais beaucoup moins encombré d'ennemis, fut rude. Des personnes mourraient. Nous avons atteint la baie d'atterrissage avec quelques pertes civiles, et militaires, mais rien de bien terrible niveau bilan. Le Caporal Damarre était encore à la diversion. Je me souviens encore de nos paroles.

"Lieutenant ! Vous avez rejoint les navettes avec les civils ! Vous pouvez nous récupérer ? Nous sommes à deux kilomètres au sud de votre position !"
Un scan de mon Omnitech. Une trentaine d'exterminateurs les coinçaient. Ils se révélaient être de véritables canons anti-aérien quand ils sont nombreux, comme dans ces cas-là. Il fallait faire un choix. Risquer de perdre une ou deux navettes de civils pour les sauver ? Ou profiter de leur diversion ? Sans plus attendre, je tranchai.
"Caporal Damarre, les exterminateurs vont nous tailler en pièce dès la première occasion, nous sommes sans blindage. Nous sommes désolés, Caporal, nous savions tous comment cela allait se terminer."
"Lieutenant ! Vous ne pouvez pas nous abandonner ! Nous sommes vos hommes ! Vous nous avez formés ! Venez nous chercher !"
"Je regrette, Caporal. Halcyon, terminé".

Et puis nous nous sommes envolés. Mon Omnitech toujours branché, j'entendais les ordres du champ de bataille.
Un silence. Des coups de feu, des explosions. Il se battaient ardemment sans abandonner.

"Lieutenant ...!"

Je coupai le signal.

Chapitre Un : Reprise de Contact.

Si j'avais su que j'y retournerais, une seconde fois, sur Horizon, j'aurais évité de prendre certaines décisions qui m'ont valu certaines inimitiés. J'étais en ordre sur un vaisseau de longue ligne, comme troupe de garnison en tant que Second Lieutenant. La routine, jusqu'ici. Jusqu'à ce qu'un matin, je reçu sur mon terminal un message prioritaire :

"Second Lieutenant Halcyon, vous êtes demandé dans la salle de briefing numéro 5 quai 12, en tenue correcte. Tout les anciens ordres de missions sont annulés, rendez-vous immédiatement a l'endroit cité plus tôt."

J'étais détaché de mon escouade pour un briefing costaud avec un officier plus gradé. Allais-je me faire limoger ? Mon comportement avait-il enfin énervé les huiles pour devoir me mettre dehors ? J'en allais savoir plus. Je sortis de mes quartiers pour me diriger vers la dite salle de briefing. J'étais curieux, intéressé, mais pas vraiment inquiet par la suite des évènements.
Quelques minutes plus tard, j'entrai dans la pièce ovale avec une table de la même forme au milieu formée d'une plaque de verre en son milieu entourée d'un contour en bois, du chêne j'aurais dit.
Un homme, un colonel, était assis face à moi, de l'autre coté de la table. Il se leva quand j'entrai.

"Asseyez-vous, Lieutenant Halcyon.", je m'exécutai.
"Pourquoi cette réunion mon Colonel ?"
"Si vous m'auriez laissé parler, Lieutenant, vous l'auriez su."

Ca commençait mal... Surement un de ces rabats-joies qui n'appréciaient pas mes retours de missions et les contre-indications de comportement à mon encontre.

"Comme vous le savez sûrement, Lieutenant Halcyon, vous n'êtes pas forcément un modèle à suivre en ce qui concerne l'attitude à avoir au combat et vos stratégies ainsi que la gestion des hommes sous votre commandement."

Je le sentais venir, le Colonel. Il commençait à amener les arguments avant même d'avoir annoncé l'idée pour obliger l'interlocuteur à accepter sans conditions, j'allais être surement limogé, ou pire, démissionné.

"C'est pourquoi, en débattant avec vos supérieurs ainsi que la décision d'un Amiral, nous allons vous prendre en main. Oui, vous avez bien entendu Lieutenant. Vous prendre en main. L'électron libre que vous êtes ainsi que la gestion de troupes font de vous non pas un mauvais combattant, mais un décisionnaire isolé. Et nous ne voulons pas, de décisionnaires isolés."

Je ne comprenais plus rien. A quelle sauce j'allais être bouffé, moi...

"Nous avons décidé, Lieutenant, de vous nommer comme Agent de Terrain.", dit-il satisfait. "En effet, pour vous tester et peut-être à l'avenir vous rendre éligible à des programmes d'entraînement avancés de forces spéciales, nous allons vous envoyer en mission. Seul, ou presque seul."

Enfin tout s'éclaircissait. Me rendre éligible aux programmes de forces spéciales, donc, en clair, à la série N ? C'était parfait. Je ne pouvais pas rêver mieux pour le moment. Fini les ordres hiérarchiques pour un moment, j'allais agir selon mon plan, selon mes directives et ce pour atteindre un objectif sans entraves. Je ne répondit pas, attentif aux dires du Colonel.

"Alors, Lieutenant Halcyon, vous allez vous rendre baie trois, au contact d'un Drell nommé Katyn Drap. Il vous expliquera les détails de votre mission."

Un Drell ? Un assassin ? La mission s'annonçait intéressante !

"Merci mon Colonel." dis-je simplement avant de sortir sans en demander plus.

Je sortis de la pièce de la façon la plus neutre possible, en me contenant. J'étais encore un peu électron libre à ce moment-là, surtout que l'annonce de cette mission me procurait déjà un apport d'adrénaline rien qu'en y pensant. Je me changeais en mettant mon armure de Second Lieutenant et descendit à la baie trois, comme recommandé plus tôt.

Cette baie était réservée dans le vaisseau pour l'accueil de transports de troupes et constituait la plateforme la plus active en ce qui concernait le trafic de personnels. Des transports de troupes, de civils, de réfugiés, de transfuges, de délégations, de départs pour les colonies... Le flux humain était ici impressionnant.

Cependant, on ne voyait que très peu d'extraterrestres dans cette baie d'amarrage. Les seuls étaient des diplomates, ambassadeurs ou alors de grandes personnalités politiques. Rares voire inexistants étaient les mercenaires ou baroudeurs de passages. Ce n'était pas Oméga ou Illium, ici. C'est pour cela que je n'eus aucun soucis à repérer mon contact parmi cette foule, un Drell nommé Katyn Drap. Je ne le connaissais ni d'Eve ni d'Adam, mais c'était mon briefer à propos de ma future mission.

Le fait qu'un Drell était chargé de mission en disait long sur ce que pensait les huiles de cette mission.

Je le remarquai dès le premier coup d’œil. Un Drell, silhouette affinée, le regard mystérieux, un air presque hautain, il apparaissait ambitieux, comme s'il cachait quelque chose. Un manteau typique des Drells, celui-ci étant plutôt sombre mélangé à un jaune orangé. Il portait un fusil Mantis replié dans son dos et ce qui avait l'air d'être un Predator à sa ceinture. Pas de doute, c'était lui.

Je m'approchai alors de lui d'un pas certain, un peu abrupt, cependant. Avant même que j'ouvris la bouche, le Drell leva une main, paume ouverte en ma direction, impliquant mon silence. Je fronçai les sourcils, il ne commençait pas à me plaire.
"Second Lieutenant Halcyon, je présume. Je.."
"Je n'aime pas qu'on ne me laisse pas m'exprimer, Drell."

Je n'eus en retour qu'un sourire.
"Je vois que vous êtes fidèle à votre réputation, Halcyon. Impétueux et émotionnel."
"L'émotion n'est que façade, les laisser transparaître, c'est une faiblesse dont l'ennemi peut se servir."
"... Et impitoyable.", il esquissa un nouveau sourire, comme moqueur.

Je décidai de ne pas jouer le jeu, après tout, de notre coopération dépendrait peut-être ma future promotion aux programmes N. Je me calmai intérieurement en une fraction de seconde. Puis tendit une main.
"Katyn Drap, si je ne m'abuse."

A ma grande surprise, celui-ci, toujours souriant, leva sa main et serra la mienne, sentant une franchise dans cette poignée de main si révélatrice. Peut-être hypocrite, cependant.
"Enchanté. On m'a dit que c'est vous qui doit me renseigner sur ma future mission ?"
"En effet, Lieutenant, venez." dit-il en se désadossant de la navette contre laquelle il était appuyé. "Je vais vous montrer ça dans la salle de réunion B2, réservée à l'occasion par vos chers officiers supérieurs."

Cela commençait à prendre une tournure vraiment intéressante...

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Le HMS New Orléans, en approche et orbite autour d'Horizon, Mer des Ombres, Travée de l'Attique.

Nous étions dans la salle de réunion B2, située à une cinquantaine de mètres plus loin. Le Drell, malgré quelques petites manies qui m'agaçaient au plus haut point, avait malgré tout un certain sens du tact. Son sourire presque permanent avait tendance à mettre à l'épreuve ma patience. Mais tant mieux, on en apprenait chaque jour un peu plus sur soi-même. L'homme et le caractère se forgeait continuellement même après l'âge mur.

La salle était relativement spacieuse, ce qui était un luxe dans un vaisseau spatial voir dans les grandes cités urbaines contemporaine. Qui était séparée en deux par une vitre ornée d'hologrammes décoratifs. Passé le pas de la porte, nous nous trouvions dans une salle rectangulaire, avec une table ovale et avec des fauteuils confortables tout autour de celle-ci, en somme quelque chose de sobre et officiel. Derrière la vitre, se trouvait deux marches qui descendaient vers un salon beaucoup plus accueillant et convivial. Un aquarium était encastré dans un mur, un grand écran de visualisation ou de vision extranet était disposé là, ainsi qu'une table ronde entouré de trois canapés formant un rectangle.

M'attendant plutôt à m'installer dans la salle de discussion officielle, mais le Drell se dirigea plutôt vers le salon, près de la table à projection holographique. Il s'installa près de la console d'interface haptique, et de m'installait en face de lui, sur le canapé opposé. Il continuait de tapoter l'interface, jusqu'à ce que la table s'active, laissant apparaître holographiquement la planète Horizon.

Horizon. Mh. Des souvenirs revinrent me hanter quelques instants. Le Caporal Damarre. "Lieutenant ... !".

"Quelque chose ne va pas, Lieutenant Halcyon ?"
"Je suis déjà allé sur Horizon. Pourquoi, il y a encore des troubles ?"
"Depuis que vous y êtes allé combattre les Moissonneurs pour y évacuer les civils survivants, non. La colonie a été réhabilitée après les trois mois qui ont suivis la destruction des Moissonneurs. Il restait quelques forces, mais rien de bien dangereux." dit-il en continuant de tapoter l'interface, jonglant entre son Omnitech et la console. "Mais là n'est pas la raison de ma convocation ici et de votre affectation à votre nouvelle mission."

Il apparût enfin un plan agrandi de la colonie humaine d'Horizon. Des souvenirs me revinrent encore, les plans m'étant étrangement familiers et je m'en souvenais encore parfaitement, pour l'avoir étudiée suffisamment pour nous sortir de la planète.

"J'étais en poste sur Horizon pour accompagner un ami qui désirait étudier les restes de machines récolteurs près de la colonie. Sauf que nous avons été attaqués et j'ai du rebrousser chemin, car le groupe en question était bien trop important et équipé. Apparemment, ils n'en voulaient pas aux colons, mais aux dites machines." commençait-il à me briefer.

Intéressant. Ils ne voulaient que les machines. Mais il y aurait de bien meilleurs possibilités plus simples pour acquérir ce matériel que par la force brute.

"Cependant, les colons n'étaient pas vraiment d'accord. Et l'Alliance non plus.", il lâcha une brève quinte de toux, "C'est pour ça qu'elle veut qu'on règle ça. Recherche, Identification, Neutralisation, Sécurisation des objectifs."

Ça avait le mérite d'être clair.

"Bien compris. Quand partons-nous ?"
"Tout de suite, Lieutenant.", me répondit-il, toujours avec son sourire. "Le départ est dans moins d'une demi-heure à la navette où vous m'avez trouvé, nous sommes déjà en orbite de la planète, alors dépêchez-vous."

Des ordres commençaient à se faire entendre de sa voix si particulière et singulière à leur race, je ne commençais pas à apprécier ça. Mais bon, quand je vois ce qu'on me tend comme carotte... Ça vaut peut-être le coup, qui sait.

J'avais l'habitude qu'on me sermonne, me donne des ordres. Mais je ne pouvais digérer les ordres stupides et dénués de sens. C'était contre ma volonté. J'avais toujours voulu outrepasser ces règles qui me bridaient. Ce Katyn Drap m'intriguait. Mais je devais faire avec. C'était lui mon témoin, en quelque sorte. Je devais me surpasser et impressionner. Voilà quel était mon but.

Je sortis alors de la salle de réunion B2 en compagnie du Drell, qui retourna auprès de sa navette. Je devais aller faire un tour à l'armurerie pour prendre un armement adéquat ainsi que passer dans les quartiers pour prendre les quelques rations nécessaires et autres choses utiles pour ce qui allait suivre. Des équipements relativement standard en somme. Mais j'avais l'habitude de prendre quelques trucs spéciaux, un peu illégaux pour certains, afin de mener à bien la mission. Si des vies étaient en jeu, pourquoi les moyens en étaient interdits ?

J'avais récupéré comme arme un classique Vindicator à rafale, puis un Carnifex comme arme de poing. J'avais réussi à me dégoter un programme d'extension de mon Omnitech en Omniblade. Deux-trois grenades incendiaires, des munitions, systèmes de visée et métrage laser ainsi qu'un système de vision nocturne. En cas de coup dur, il me fallait être prêt. Et je le serais. La mission serait relativement simple si ce n'est que nous étions en nombre inférieur, pour la discrétion, je pris cependant des extensions d'arme afin de réduire le bruit des coups de feu.

Une fois tout paré, je retournai auprès de la navette de Katyn Drap.

Il m'attendait de la même façon dont il m'avait attendu une demi-heure plus tôt : bras croisés sur le poitrail, adossé à la carlingue de la navette et hautain, et je pus le voir même au travers de ses lunettes teintées dans l'orangé. Il tourna la tête vers moi, puis rentra dans le vaisseau et je l'y rejoins.

"Vous êtes prêt Lieutenant ? Je vais nous déposer en lisière de la ville principale, dans une clairière à l'abri des regards. Normalement, on ne devrait pas nous avoir vu."
"Ce serait bien un jour de pouvoir se fier à de véritables théories. Avec le conditionnel, nous refaisons le monde, Drap."
"Je me passerais de votre nonchalance, Lieutenant."

Nous étions installés sur les deux sièges du cockpit, face à la visière de la navette avançant dans l'espace puis perforant l'atmosphère d'Horizon jusqu'à commencer à apercevoir les forêts, l'herbe, les fleuves... Puis les villes, habitations, et... Des flammes. En effet nous avions eu l'intelligence de vouloir atterrir quand la "nuit" était tombée sur la colonie, donc quand celle-ci se trouvait sur la face cachée de la planète. Nous avions été beaucoup plus difficiles à détecter de cette façon.

"Une idée des forces en présence ?"
"Absolument aucune. A priori, ils font des dégâts, et rappelons-le qu'il y avait un avant-poste de l'Alliance ici ainsi que des tourelles GARDIA... et... D'ailleurs, espérons qu'elles ne nous voient pas."
"Vous avez beaucoup d'espoir, Drap. C'est un système automatisé, et les terroristes ont donc forcément dû les reprogrammer."
"Espérons que vous avez tort, Lieutenant."

Cela s'annonçait de pire en pire, décidément. Qu'allait donc être l'issue de cette mission ? Ma mort ? Je n'en savais foutrement rien. La navette s'approcha de la périphérie de la ville, d'où nous pouvions voir des sillons de fumée et la couleur des flammes surgir. Les luminaires et certaines lumières des appartements étaient encore allumés, mais petit à petit, ils s'éteignaient. Il fallait agir vite et bien.

"Je vais devoir nous poser à l'autre bout de la ville, nous aurons donc à la retraverser entièrement afin de retrouver le site d'excavation."
"Décidément, c'est de mieux en mieux, Drap. On dirait que vous le faites exprès."

Il ignora complètement mes remarques. En même temps, c'était vrai. On aurait dit qu'il le faisait exprès pour rajouter du challenge et ce pour le plaisir. Me tester, c'est bien, me tuer, ça me plait moins. Katyn Drap nous posa en finesse et coupa les moteurs anti-grav, puis la navette fondit dans le silence, la porte coulissa avec un bref sifflement de vérins. Nous sortîmes de l'engin et dégainèrent silencieusement nos armes en nous accroupissant. Il activa son Omnitech et me transféra le plan de la ville ainsi que les points notables.

"Vous voyez, ici, c'est l'avant-poste de l'Alliance avant l'attaque. Je pense qu'ils ont dû y faire des prisonniers. Je pense que c'est là que nous devrions chercher dans un premier temps."
"Et si ils partent avec les artefacts ? Les prisonniers peuvent être récupérés après."
"Je vois que vous avez un sens des priorités très pragmatique, Lieutenant."

Il désactiva l'Omnitech, leva le canon de son arme, et a passâmes à travers un petit chemin dans la lisière afin de rentrer le plus discrètement dans la ville. La "nuit" allait être longue...

[MÉMOIRES PERSONNELLES D'AYTIRI N'LEEM - Entrée 722 - 2191]

Ce jour-là, je me trouvais sur Horizon. Je venais d'arriver via le statiosport, où était entreposé mon vaisseau personnel : le Skyfallen. Horizon était une petite colonie humaine et de ce fait, les hangars n'étaient ni luxueux ni nombreux. Je ne fus donc guère impressionnée par les diverses constructions primitives du lieu. Et de toute façon, je n'étais pas là pour ça. J'étais là pour mener une enquête, ou plutôt vérifier des faits. Et en tant que Superviseur du S.P.E.C.T.R.E, on m'accordait souvent les mêmes privilèges qu'aux agents ; ce qui était une erreur, mais avait ses avantages. On m'accueillait sans vergognes et sans poser de questions inutiles, ce qui me permettait de mener mes investigations aussi bien qu'aurait pu le faire un Spectre.
Mais pour l'occasion, j'avais simplement revêtu un habit diplomatique. Il était en une pièce, sans manche et blanc et ocre. Cela allait bien avec mon teint et surtout, ça n'était pas aussi agressif qu'un vêtement sombre ou rouge ou qu'une armure, qui aurait eu don de les inquiéter. Néanmoins, même si j'étais couverte comme une Matriarche devait l'être, j'avais pris soin de prendre mon arme favorite. C'était un Kartex, modèle 3Z-TG. Une arme de poing redoutable, conçu par des Hanaris pour leurs assassins Drell au début du siècle. Lors de la Guerre du Premier Contact, les défenses turiennes furent équipés avec et la raison de leur défaite fut accordée - en partie - à l'inefficacité du pistolet. Le Kartex fut alors proscrit et la société de production, Itihan Industries, fermés. Seul des collectionneurs pouvait en posséder. Mais bien entendu, même si j'avais voulu conservé le savoir-faire inégalé de cette œuvre, j'avais bien du l'amélioré pour qu'il reste au niveau de ses concurrents. Ainsi donc, je l'avais équipé d'un viseur laser semblable au Phalanx désactivable au besoin et d'une matrice Livia, conçu par les asari pour protéger leurs canons de l'autodestruction, ce qui était considérablement utile avec une arme ancienne comme celle-ci.

Muni donc de mon Kartex, j'avançai tranquillement dans le couloir d'accession au service de commandement. Comme je l'avais dis, on m'avait laissé passer sans trop poser de questions et cela même si Horizon s'était autoritairement renforcé depuis l'attaque des récolteurs et des moissonneurs. Et c'est finalement un seul soldat qui m'accueillit.

"Matriarche ? Je suis le Sergent Jackson. On m'a chargé de vous faire visiter." dit-il simplement.

Il avait hésité à faire le salut mais avait finalement baissé la tête. Il ne savait pas réellement comment réagir et c'est pour cette raison que je n'ai pas tenu compte de son impolitesse. Après tout, je n'étais pas sa dirigeante, il n'avait pas à me traiter comme telle. Au moins, il n'était pas hypocrite. Et il n'avait pas le temps pour l'être : immédiatement, nous franchîmes une porte blindée et nous tombâmes sur le centre de contrôle. Il y avait une quinzaine de soldats devant des écrans. Jackson m'expliqua brièvement qu'Horizon était subitement devenu l'une des bases de l'Alliance les années précédentes et qu'ils observaient les transmissions et anomalies des systèmes voisins. J'étais déjà au courant mais ses précisions étaient tout de même les bienvenues. Cela dit, je me devais de l'interrompre.

"Sergent, qui est votre supérieur ?" demandai-je expressément.
"Le Major Coats. Pourquoi ?"
"J'aimerais le voir. Au plus vite."

Le sergent acquiesça et nous traversâmes la grande salle pour arriver à l'aile ouest. Nous continuâmes dans deux couloirs distincts et c'est finalement au bout de trois minutes que nous débarquâmes dans le bureau du supérieur. Sa secrétaire était là, l'omni-tool activé. Elle s'interrompit en nous voyant arriver.

"Où est le Major, Alexandra ?"
"Il est parti au site d'excavation il y a à peine quelques minutes. Vous l'avez raté de peu."

Perturbé, Jackson se gratta le menton et s'excusa à mon égard. Il me pria de le suivre. Visiblement, il voulait qu'on prenne une navette en direction de la ville, ce qui n'était pas une mauvaise idée ; jusqu'à ce qu'on se retrouve au centre, qui s'était agité comme jamais. Mon guide me laissa sur place et parti voir ce qu'il se passait. J’eus le temps d'observer les structures : c'était banal, mais pas aussi primitif que je ne le pensais. Il y avait un grand écran, affichant la carte de la zone. Des écrans plus petits étaient disposés autour et affichaient des vidéos, certainement des différentes lieux et planètes avoisinants. Trois des écrans semblaient brouillés. Je pus en déduire que quelque chose d'inquiétant venait de se passer. J'eus ma confirmation très vite, quand le sergent revint vers moi.

"Le site ne répond plus."
"Une attaque ?"
"Nos systèmes ne peuvent être coupés que volontairement. Sinon, c'est qu'ils sont détruits. Donc il s'agit forcément d'une attaque."
"Alors, sergent, vous savez ce qu'il nous reste à faire." conclus-je.

On pouvait entendre des coups de feu à travers la nuit noire qu'offrait le bosquet que nous traversions le Drell et moi. Cela n’augurait rien de bon. Mais il fallait se préparer à tout. Qui savait ce qui se cachait réellement à l'intérieur de l'enceinte de la ville. Quelque fois, on pouvait entendre une explosion ainsi que les craquement issus de flammes. Aucun doute, il fallait être prudent.

La priorité numéro une était d'identifier l'ennemi. Nous en saurions plus en libérant les prisonniers, mais en faisant cela, les terroristes pourraient s'enfuir avec les artefacts Récolteurs. Et l'on m'avait missionné pour justement que cela n'arrivait pas. Dans mon esprit, s'il fallait sacrifier les prisonniers afin d'arrêter l'ennemi, je l'aurais fait. Heureusement pour eux, j'avais un Drell qui se savait être convaincant et persuasif. J'étais encore persuadé à ce moment-là qu'il servait d'observateur de mes capacités et donc m'orientait vers certaines situations plutôt que d'autres.

Je pensais encore comme un compétiteur. A tort peut-être.

Toujours dans le plus grand silence et accroupis, nous sortîmes de la petite forêt adjacente aux abords de la ville. Heureusement, de grands bâtiments nous cachaient de l'intérieur de la ville dont nous pouvions tout de même voir les sillons de fumée noire ici et là, donc malgré le terrain découvert nous pûmes traverser sans encombre. Adossés tout deux autour d'une porte d'entrée dans un quartier d'habitations, je l'ouvris d'un geste d'Omnitech et nous fîmes interruption dans l'appartement. Rien à signaler. L'appartement était vide, malgré quelques dérangements ici et là comme un plateau renversé, des couverts et ustensiles cassés sur le sol.

"Dérangé en plein repas, c'est triste." dis-je sans la moindre once de tristesse.
"La panse ou la vie." répliqua Katyn ironiquement.

Nous avons continué à traverser différents appartements sans autres choses à signaler. Ce fut presque étrange de ne trouver aucun cadavre, arme, ou indice concernant l'attaque. Après avoir traversé l'immeuble, nous avons atterri dans la rue, sombre et calme. Cependant, nous pouvions à deux cent ou trois cent mètres ouïr des affrontements, puis un grand silence. Nous avancions dans la pénombre, dans le but de rejoindre un point notable où nous pourrions en apprendre plus sur nos ennemis.

"Pourquoi attaquer la ville alors qu'ils ne s'intéressent qu'aux artefacts ?" demandais-je au Drell.
"Tout simplement parce que les colons et l'Alliance n'ont pas trop apprécié le fait qu'une force d'invasion vienne investir le site d'excavation pour leur voler leurs bijoux." dit-il, toujours avec son sourire permanent à en donner envie de le gifler.
"Et avec les GARDIA, impossible de faire une Blitzkrieg sur le site, voler les artefacts puis repartir."
"Vous avez répondu à votre propre question, Lieutenant."

A ce moment-là, alors que nous étions proche d'une place, donc une zone plus dégagée, nous pûmes voir une navette voler en direction du site d'excavation. Une navette de l'Alliance. Tout n'était peut-être pas perdu. Mais alors qu'elle vola au-dessus de nous, un tonnerre se fit entendre quelques centaines de mètres plus loin quand nous vîmes des tirs de la batterie de laser GARDIA fondre sur la navette et l'envoyer valser pour se crasher plus loin.

"Vous avez maintenant la réponse à la vôtre, Drap."
"Taisez-vous et cachez-vous !"

Il emboita le pas pour finalement plonger à travers une baie vitrée d'un appartement pour se cacher derrière puis je le suivi. Je jetai un coup d’œil pour finalement voir une patrouille. C'était des terroriste, un groupe de six. La nuit et les luminaires éteints faisaient qu'on ne voyait d'eux qu'un silhouette qui patrouillait à la recherche de fuyards, de survivants ou autres. Je me disais à ce moment-là qu'ils avaient sûrement dû brouiller les communications pour que l'Alliance n'ait réagi qu'aussi tard et surtout que les artefacts devaient être précieux ainsi que le groupe devait présenter un intérêt pour l'Alliance pour qu'elle ne décide de n'envoyer que deux agents pour résoudre cette affaire.

Tout ceci n'avait rien de normal.

"Vous prenez les trois à gauche, je prend ceux de droite."
"Compris, Lieutenant"

Nous comptâmes jusqu'à trois, et en même temps nous nous relevâmes et s'occupâmes de nos proies. Deux rafales de Vindicator suffirent à mettre à terre deux des miens tandis qu'un troisième qui était armé d'un technoblindage était encore debout. Drap réussit à mettre les trois à terre grâce à son Avenger. Me souvenant de mes entraînements, je dégaina rapidement mon Carnifex et lui délogea une balle dans l'épaule qui ricocha sur le technoblindage ainsi qu'une deuxième qui atterrit dans sa tête. Ce fut fini.

"Allons voir ça de plus près."

Nous avons rejoint les cadavres en trottinant, arme levée prête à tirer si jamais il y en avait d'autres à venir. Abaissant mon arme, je m'agenouillai près d'un des cadavres. Des types armurés, avec un équipement relativement sophistiqué malgré tout. J'enclenchai une torche avec mon Omnitech et observa plus attentivement le corps que j'avais en face de moi. Alors que je regardai sous tout les angles, sur la plaque d'épaule je remarquai un symbole. Puis je fronçai les sourcils.

Ils étaient revenu. Après tout ce temps. Après la guerre des Moissonneurs. Non, non. Ca devait être une cellule isolée, une miette, un déchet de ce qui restait de l'ancienne organisation détruite pendant la Grande Guerre. C'était un hexagone, encadré un autre hexagone coupé aux deux extrémités verticales, le symbole était orange.

Le symbole, représentait Cerberus.

[MÉMOIRES PERSONNELLES D'AYTIRI N'LEEM - Entrée 723 - 2191]

Jackson m'avait conduit jusqu'à une navette armée et nous sommes partis sans réels renforts. Toute seule, je pensai savoir me défendre - alors avec un sergent de l'Alliance, ça aurait du être suffisant. Mais c'était sans compter sur les systèmes de défense, déjà entièrement piratés et qui avait réussi à nous crasher. Si on avait pu arriver plus vite, on ne serait pas fait avoir si facilement. Cependant, l'avant-garde devait être tenu à l'écart des civils et était légèrement officieuse... Donc elle devait se tenir loin. Ainsi, nous avons mis plus de trente minutes à débarquer, malgré la vitesse de l'engin. Et à peine avons eu le temps de survoler la ville que nous eurent droit à l'artifice d'accueil.

"Merde ! On est touché. On va s'écraser !" criait Jackson suite à cette attaque traitre.

Nous tombâmes non-loin des frontières de la cité, plus ou moins en bon état. Le sergent n'avait pas l'air trop atteint mais il n'était pas dans une grande forme. Pour ma part, je n'avais pas le temps de m'inquiéter. Sur le coup, je brisai la porte qui m'empêchait de sortir. Dehors, je vis bien que quelque chose se tramait. D'instinct, je sorti mon arme de son étui. J'avais eu raison car quelques secondes après, plusieurs soldats arrivèrent de nulle part. Deux d'entre eux avait brandi son épée et le premier tenta de m’asséner un coup tranchant. Réflexes obligés, je l'évitai de peu et dans l'action, je brisa la lame. Le deuxième, pas plus malin, essaya la même chose. Je le stoppai juste à temps et en profita pour lui prendre son arme. Dans le même mouvement, j'égorgeai mes rivaux. Les deux autres, déboussolés, courraient à mon encontre. Cependant, ils n'eurent pas le temps de faire quoi que ce soit. De ma main gauche, je tira deux balles près du cœur et ma main droite chargea une frappe biotique sur mon dernier ennemi. Le pauvre avait réussi à me viser.

Une fois cela terminé, je me pencha vers les corps. L'un était encore en vie. En bonne samaritaine, je mis fin à ses souffrances. C'est là que je remarquai enfin à qui j'avais à faire.

"Vous tuez les gens comme ça tous les jours ou c'était exceptionnel ?" me souffla une voix derrière moi avant de se couper net. "Attendez... Cerberus ? Cerberus sont là ?"
"Il faut croire que oui."

Je me relevai et inspirait un bol d'air. J'en avais bien besoin. De mes ennemis, Cerberus demeurait celui que j'exécrai le plus.

"S'il y a des survivants, il faut aller voir. Amenez-vous, Jackson."

Sans attendre qu'il me suive, je me dirigeai d'un pas rapide vers la ville. J'espérai rencontrer quelqu'un ; n'importe qui. Qui me dirait ce que c'était que ce foutoir.

Chapitre Deux : Invasion

Drap commençait à avoir un comportement douteux. Il ne m'inspirait pas réelle confiance, mais je me devais de la lui donner car il était mon coéquipier. Quelque chose chez lui me rendait nerveux, comme une pensée fluette et agaçante qui me répétait chaque heure que quelque chose m'attendait. Cela me rendait encore plus méfiant que je ne l'aurais été. J'avais appelé ça le fruit de mon instinct.

Après avoir fouillé les cadavres, j'avais repéré qu'ils étaient un peu trop bien armé et équipés à mon goût. La symbolique de leurs armes et armures confirmait qu'il s'agissait de Cerberus.

"Cerberus." dis-je simplement en voyant le symbole. J'étais surpris, mais en même temps, en fin de compte, ça leur ressemblait, ce type d'attaques. Ce qui demeurait surprenant, c'était le fait qu'ils étaient censés être morts décapités pendant la Grande Guerre... Je n'avais connu Cerberus qu'à la Grande Guerre. Ces supers soldats technologiquement améliorés et endoctrinés pour être les plus performants et puissants. Et ils l'étaient. Mais ils avaient disparu du paysage, supposés être mort après la destruction des Moissonneurs.

"Ne traînons pas là, Halcyon." me conseilla fortement le Drell. Je remarquai qu'il changea de ton, devenant plus sec et surtout, que petit à petit il perdait son vocabulaire, devenant un peu moins poli. Peut-être était-ce le climat de guerre qui le faisait devenir quelqu'un d'autre ? Je ne savais pas trop, mais voilà qui renforçait ma nervosité.

"Si on ne veut pas se faire avoir par la suite, il faut aller mettre hors d'état de nuire la tourelle GARDIA, avant qu'elle ne mette en miettes tout renfort ou toutes les forces restantes qui pourraient nous aider..."

Mon coéquipier acquiesça et nous nous dirigèrent avec le plan Omnitech vers le bâtiment qui détenait la batterie de tourelles GARDIA. Et plus le temps passait, plus il y avait de morts. Il fallait faire vite.

[MÉMOIRES PERSONNELLES D'AYTIRI N'LEEM - Entrée 724 - 2191]

Calmement, nous pénétrions à l'intérieur de la ville. Avec Jackson, nous avions conclus qu'il fallait trouver le centre d'opération de Cerberus, étant donné qu'ils devaient déjà s'y être installé. Sans compter qu'ils devaient contrôler la moitié des systèmes de défenses et tenir les civils en otage, au cas où. Bien que les connaissant, ils auraient tout bonnement pu tous les tuer. Tout dépendait de ce qu'ils souhaitaient faire ici. Et j'avais une idée plus ou moins précise de ce qu'il s'agissait.

En attendant, nous sillonnions la cité à la recherche de résistants ou d'habitants, au milieu de tous ses bâtiments pré-fabriqués et des caisses de stockage. Jusque là, nous n'avions rien trouver à nous mettre sous la dent. Tout était aussi propre qu'une attaque ciblée des récolteurs. Puis finalement, nous finîmes par tomber sur deux soldats, semblant préoccupés. Ensemble, nous nous mîmes à couvert.

"Six morts... C'est pas commun ça..." en commentait un.
"Mouais. On a des frelons dans la ruche. Je préviens la chef." répondit l'autre.

Il activa ensuite son omni-tech et le configura. Le temps qu'il eut finit, nous décidâmes de la marche à suivre. Jackson me demanda lequel je pris. Je lui rétorquai simplement que les deux m'iraient. Ils étaient de dos et très vulnérables. J'avais mon savoir-faire et mon Kartex. J'étais loin d'être la meilleure tireuse de toute la flotte Asari mais je savais me débrouiller avec un flingue. De toute façon, il y avait une couverture disponible de l'autre côté, des fois que je me ratai. Décidée, je me leva d'un bon et visa la tête de celui de gauche, encore debout, tandis que l'autre avait activé son micro et s'était penché sur un des cadavres.

"Laito ? Ici Benitez. Il y a quelque chose qui se trame ici : on a... qu'est-ce que ?" héla t-il en remarquant que son ami tombait à la renverse, la tête en sang.

Je ne lui laissai pas le temps de terminer et une balle fusa en direction de sa poitrine. Je l'avais vu chuté sur le flanc mais je m'étais de nouveau planqué avant d'en savoir plus. Immédiatement, je fis signe à Jackson d'aller vérifier si le corps était un cadavre ou encore un être vivant. Vérifiant les alentours, il parti vers le fameux Benitez. Je couvrais ses arrières mais il ne semblait pas y avoir énormément de force présente. Le sergent pris le pouls du premier. Par un geste de la tête, il m'affirma qu'il était bel et bien passé outre-tombe. Croyant avoir entendu un bruit, il se redressa puis se retourna. C'est là qu'il fit un vol plané. Le soldat de Cerberus était incontestablement en vie. Il avait infligé une balayette en règle à son rival, à qui le choc avait été terrible. Mais dans le même mouvement, il avait su se relever en même temps que Benitez. Ce dernier affligea deux belles droites à son adversaire mais la troisième fut intelligemment paré. Bloquant son bras, Jackson lui attaqua la pomme d'Adam avant de lui en remettre une couche avec un poing qui venait écraser toute sa fureur sur sa joue gauche. Je cru même voir que la moitié du dentier y passa.

M'approchant, je vis mon allié se caresser la mâchoire, qui devait avoir considérablement souffert lors de cette vérification presque fatidique. L'omni-tech du terroriste brillait et criait, de manière inaudible. Pendant l'altercation, il avait du s'endommager. Alors je pris soin de regarder autour de moi avec un air fourbe. Toutes ces armures me donnaient des idées.

"Quoi, qu'est-qu'il y a ? Pourquoi vous faites cette tête là ?" me demanda Jackson, interloqué et toujours en train de se masser.
"Vous croyez que c'est à votre taille, sergent ?" répondis-je en pointant une des armures.

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[CENTRE DE CONTRÔLE DU SYSTEME GARDIA - HORIZON - 2191]

Demetra, en charge de la garde de la ville, faisait les cent pas. Elle attendait une réponse d'une de ses équipes de reconnaissance. Elle devait savoir si oui ou non, il y avait une résistance ou des civils non-récupérés. C'était primordial pour la suite de l'opération. Ses deux subordonnés, Cormack et Willax, la regardait tournait en rond en sirotant chacun leur verre d'alcool personnel.

"Laito, détendez-vous. Horizon est une petite planète..." affirma Willax sur un ton snobinard.
"Et si t'as besoin d'aide pour te détendre, je suis là..." renchérit Cormack, plus désinvolte.

Willax était un vétéran, fils de riche, né sur Terre et raciste de père en fils. Ses descendants avaient été l'une des première famille à croire en Terra Firma et à défendre cette doctrine. Plus tard, son grand oncle avait rejoint Cerberus et la génération suivit son cours de cette façon. Il était l'ainé de sa fratrie mais n'avait aucune notion stratégique ou diplomatique, ce qui expliquait qu'il se soit cantonné à la vie de soldat lambda alors que son frère avait le beau rôle. C'est pour ça que tout le monde préférait Willax à Frédérick Junior, étant donné qu'il ne ressemblait en rien à son père et que même ce dernier avait avoué avoir honte de lui. C'était devenu un alcoolique, accroc au whiski et aux pires vices qui soit. Il était homophobe, xénophobe et misogyne. Tout ce qu'il y avait de pire dans un homme.
Cormack, à l'inverse, était plus jeune et plus futé. Malgré sa désinvolture fringante, il descendait d'une pauvre famille de fermier. Sa colonie avait autrefois était infiltré par des esclavagistes et il avait rejoint Cerberus après que ceux-ci aient démantelés l'entreprise qui le privait de liberté. Son bon sens lui avait permis de se hisser là où il fallait, sans pour autant prétendre aux hautes sphères. Il se contenait de faire son boulot sans poser de question et noyait son dégoût dans le sexe. Il couchait avec absolument tout ce qui bougeait et cela même si ce n'était pas humain ; son côté raciste et extrémiste n'étant qu'une façade pour s'intégrer au reste du rang.

Mais tous autant qu'ils étaient, ils se firent fusiller du regard par Demetra.

"Une petite planète ? Alors pourquoi l'Alliance enverrait le Major Coats sur une si petite planète, tu peux m'expliquer ?"

Les yeux écarquillés, Willax ne répondit pas. Il était à moitié saoule et n'avait pas de réponses miracles en stock. Son collègue, à contrario, se releva.

"Quoi ? C'est lui qui t'inquiète ? En dix ans, il a jamais monté en grade. C'est qu'il doit être bon à rien." dit-il en s'approchant de Demetra. Il essaya de lui peloter... n'importe quoi. Mais ça ne fonctionnait pas.
"Comme toi quoi... Et me touche pas. Sale pourriture va. Je suis ton supérieur." hurla Demetra de vive voix.

Elle était prête à lui mettre une beigne au besoin, mais la console de transmission s'activa. Quelques secondes après, la voix amicale et posée de Benitez en sortait. Elle se coupa très vite après. Inquiète, Laito s'approcha de la console.

"Benitez ? Benitez ?? Et merde..."

Elle s'agrippa aux bords de la commande et baissa la tête. Elle avait entendu des bruissements qui ressemblaient plus à des coups de feu qu'à autre chose.

"On abandonne le secteur. Willax, prévenez les soldats. Cormack, préviens le commandant qu'on arrive au site."
"Et pour les civils ?"
"On n'a pas de place pour eux. Tuez-les."

Nous avions repris notre route, laissant tomber les cadavres de Cerberus et grâce au plan de la Colonie nous diriger le plus rapidement possible vers le centre de contrôle responsable de la batterie de tourelles laser GARDIA. C'était une cible prioritaire si nous voulions pouvoir continuer la mission sans trop encombres. Katyn Drap m'inspirait de plus en plus de nervosité et de moins en moins de confiance à chaque minute de cette mission. Quelque chose clochait.

Même si c'était de nuit, cette "balade" dans la Colonie d'Horizon me rappelait la fois où avec le Caporal Damarre, nous étions allé sauver des civils des moissonneurs. Était-ce ces mêmes civils ? Ou leurs descendants qui maintenant se faisait tuer par Cerberus, tout ça pour un sombre but et qui mènera à la mort d'autres gens encore ? Horizon je pense après les trois attaques destructrices en 5 ans deviendra la "colonie maudite" de toute l'expansion de l'Alliance Interstellaire. Pour l'instant, il restait les artefacts Récolteurs. Ce jour-là, j'avais mené à la mort la moitié de mon escouade ainsi que le Caporal Damarre.

Je n'avais pas le droit à l'erreur cette fois-ci envers d'autres hommes. Les artefacts Récolteurs, ET, les prisonniers de l'Alliance dans leur avant-poste, situé bizarrement grossièrement à mi chemin entre le site d'excavation et le centre de contrôle des batteries GARDIA, un peu en décalé. Il serait simple en mon sens de faire demi-tour. Petit à petit, je me voyais plus ouvert d'esprit sur les possibilités et options tactiques pour la mission.

Nous devions être selon le plan à 2 kilomètres de la batterie de laser GARDIA. Cependant, le radar courte-portée de l'Omnitech m'indiquait des présences postées trois cents mètres plus loin. Sûrement Cerberus, qui avait eu vent d'une façon ou d'une autre des morts précédentes d'une de leurs patrouilles. Nous nous sommes avancés, Katyn Drap avait dégainé son Avenger, et y installa une lunette. Nous nous sommes cachés derrière deux pans de murs de préfab', et je jeta une grenade fumigène dans le groupe d'ennemis, puis nous firent feu avec le Drell, un peu à l'aveuglette, mais nous pouvions voir des silhouettes noires. Une dizaines d'ennemis furent décimés relativement rapidement.

Drap avait beau rendre nerveux, il était efficace. C'était un Drell, en même temps.

D'autres groupes d'attaques de Cerberus approchaient. Nous tinrent position. C'était l'heure de la baston.
"Pas de quartier..."

[CENTRE DE CONTRÔLE DU SYSTEME GARDIA - HORIZON - 2191]

Demetra préparait les affaires nécessaires pour la suite de l'opération, en catimini. Ils devaient faire vite. Nul temps de résister ou de combattre, ils allaient abandonner la position et laisser la défense à l'ennemi. Après tout, tant qu'ils récupéraient le secteur qui les intéressaient, tout allait pour le mieux. La pseudo-capture de la ville n'était qu'une illusion à donner, une diversion qui permettait aux scientifiques de Cerberus de faire ce qu'il fallait. Sinon, ils n'avaient aucune raison de la garder, d'autant plus qu'ils avaient déjà pris le Major Coats et son équipe en otage - en guise de garantie si l'Alliance tentait quelque chose d'absurde. C'est pour cette raison qu'ils se devaient de dégager de là au plus vite.

"Laito ? Chef ?! On est sous le feu. Ils ne sont que deux mais... Merde, on a perdu Shan ! Envoyez des renforts !" criait Willax via transmission.
"Navré Willax, mais on ne peut pas. Les ordres sont clairs. Démerdez-vous." répondit Demetra d'un calme démesurément étonnant.

Elle éteignit son omni-tool et fit ensuite signe à Cormack de prendre une des deux lourdes mallettes qu'ils allaient transporter. Elle se chargea de la deuxième et pria quatre hommes, aux armures orange foncée et casques blindés, de les escorter jusqu'à la navette d'évacuation. Ils quittèrent ainsi le complexe GARDIA et laissèrent derrière eux de nombreux alliés, sans aucun remord, sans aucune vergogne.

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[MÉMOIRES PERSONNELLES D'AYTIRI N'LEEM - Entrée 726 - 2191]

Tandis que Jackson se préparait à se faire passer pour un soldat de Cerberus, je regardai les alentours. La ville, ou ce qu'il en restait, était en flamme. Mais pas des flammes luisantes et incendiaires comme le dessein d'une apocalypse le voudrait. Des flammes silencieuses et destructives, qui se battait vaillamment contre les cendres et les murs métalliques. Même si les dégâts ne pouvaient être ignoré, l'attaque avait dû être concise et efficace. Cela devait même plus s'agir d'une invasion coordonnée qu'autre chose. C'était monstrueux, mais propre.

Mais soudainement, le sergent apparu par surprise derrière moi. Plus jeune, j'aurai certainement dégainé mon flingue avant de lui coller une balle dans le genou. Je n'aimais pas être pris par surprise, et encore moins par ses ennemis. Mais ici, il s'agissait d'un allié, qui allait agir en fourbe. Son visage était masqué et la supercherie devrait marcher suffisamment de temps pour surprendre les forces ennemies. Nous répétâmes notre plan une nouvelle fois, certains de tenir le bon bout et de pouvoir découvrir ce qui se tramait ici. Lorsque nous entendîmes de nombreux coups de feu non-loin de notre position. En se regardant, nous comprîmes tout deux qu'il fallait aller voir ce qu'il se passait par là-bas.

En débarquant, nous découvrîmes une étrange scène : un soldat et un drell combattaient ardemment des commandos pro-humanistes. Ils étaient nettement en sous-effectif devant les renforts colossaux de Cerberus, mais ça les empêchait pas de tenir bon. Ils avançaient stratégiquement et réussissait à éliminer le plus de monde possible sans trop de poser de questions. Cependant, ils étaient encore une bonne dizaine en face et il valait mieux intervenir avant toute chose. Encore une fois, l'humain et moi, nous nous comprîmes parfaitement. Restant en arrière, je progressai furtivement tandis qu'il marchait calmement vers nos alliés temporaires. Toujours avec son armure, il décida de faire passer son camouflage à son avantage et se mit juste derrière le drell. Ce dernier avait senti sa présence. Il se retourna subitement et tenta de diriger son arme vers le soldat mais sa tentative fut contrée et pour faire plus réaliste encore, Jackson lui administra une droite bien placée. Il profita de la seconde de répit pour agiter son Vindicator - que j'avais subtilisé à une de nos victimes - devant les deux résistants.

"Rendez-vous et lâchez vos armes." dit-il posément.

Bien entendu, je pu voir chez eux de la fougue et de l'adrénaline, si bien qu'ils auraient possiblement éliminer Jackson si d'autres soldats de Cerberus n'avaient pas accouru pour mettre leurs ennemis en joug. Ils abandonnèrent leurs armes respectives et levèrent les mains en signe de reddition.

"Soldat, je ne sais pas d'où vous venez, mais on vous doit une fière chandelle !" annonça joyeusement celui qui devait être le chef.
"Où est votre supérieur ?" répondit-on sèchement.
"Laito ? Elle est partie rejoindre le site. Mais en quoi ça vous inter..."

Il n'eut malencontreusement pas le temps se finir sa phrase. Jackson s'était écarté et une balle était parti de derrière lui. Elle vint déloger la mâchoire du leader et son corps chuta. Il n'avait pas encore atteint le sol que deux autres balles étaient parti de mon Kartex en direction de mes adversaires. Elles atteignirent chacune un homme de Cerberus en pleine tête. Le reste du groupe se fit canarder par mon allié et tomba vite devant la répétition des tirs, tandis que le drell et l'autre soldat avait réussit à se dégager et à neutraliser leurs propres assaillants. C'était l'effet escompté.

Mais même si les forces de Cerberus étaient à terre, nous n'en avions pas fini. Alors que le sergent partait vérifier si tous étaient bien six pieds sous terres, je sorti un deuxième pistolet - un simple Predator aussi subtilisé à un cadavre - et je pointa mes deux nouveaux amis.

"Qui êtes-vous et que faites-vous ici ?"

Je devais bien me l'avouer. Katyn Drap se battait bien. Même si j'avais une maigre confiance en lui, il était un bon combattant, ainsi qu'un bon biotique. Alors qu'on avait engagé les hostilités avec les forces de Cerberus, que petit à petit nous faisions battre en retraite grâce à des tirs précis et tactiques, je sentais que petit à petit nous approchions du centre de contrôle des batteries GARDIA. Il fallait faire vite, ou bientôt, Cerberus aura annihilé la colonie et fuit avec les artefacts.

Le combat dura une bonne dizaines de minutes et nous les avions fait reculer alors que nous étions en infériorité numérique. Comme quoi, même l'illusion stratégique avait raison de tout. Katyn balançait des ondes de choc, des projections et autres vagues biotiques et en même temps profitait de son Avenger pour faire des dégâts. L'affronter en duel devait être éprouvant et particulièrement difficile, surtout un pour un Drell qui avait été entraîné a tuer.

Soudainement, le Drell se retourna et je vis alors derrière lui un soldat de Cerberus. Pensant que nous avions été contournés, je regardai aussi furtivement derrière moi, mais il n'y avait personne. Katyn avait été contré et désarmé. Je fus très surpris de la technique des deux soldats. Quelque chose était quelque peu anormal. Puis le soldat braqua un Vindicator sur nous. En nous demandant de nous rendre.

Je sentais Katyn prêt à balancer une onde de choc pour nous faire un passage et fuir, mais nos premiers opposants en avaient profité pour rappliquer et nous mettre en joug. La situation se corsait. Alors qu'ils commençaient à parler, je me demandais ce qu'ils allaient faire de nous. Puis, de façon inexpliquée et inattendue, celui qui avait mit en joug Katyn s'écarta tandis qu'une balle fusa vers les autres, et en deux-temps trois mouvements, le groupe fut liquidé par le soldat. Pendant que Katyn et moi nous occupions de nos proches ennemis.

Il y eut un grand silence de brèves secondes, puis je me rendis compte qu'une Asari avait pointé un Predator sur nous qui étions dès lors désarmés. Le soldat en armure, vérifiait que les forces de Cerberus avaient bien été tuées.

"Qui êtes-vous et que faites-vous ici ?"

Je pris le temps de réfléchir avant d'ouvrir la bouche, et le plus simplement possible, énonça.
"Je suis le Lieutenant Coraan Halcyon, de l'Alliance Interstellaire, et voici Katyn Drap, un Drell qui accompagnait un des scientifiques du site d'excavation."

Mes propres paroles me firent réfléchir à propos de Katyn. Comment avait-il eu le temps de fuir alors que l'attaque de Cerberus avait été relativement récente ? Comment avait-il pu accompagner un des scientifiques alors qu'ils ont été les premières cibles de Cerberus, et qu'ils sont à priori soit déjà capturés, soit encore en otage ? Après mes paroles, mains en l'air, je regarda à ma gauche où se tenait Katyn, et lui me regardait aussi. Son faciès neutre ne me permit pas de receler ses émotions, mais je lui lançai un regard plein de déductions et de questions.

Celui-ci ne réagit pas. Il attendait la réaction de nos "agresseurs", qui étaient de toute évidence pas de Cerberus.

[MÉMOIRES PERSONNELLES D'AYTIRI N'LEEM - Entrée 727 - 2191]

J'observai les deux nouvelles variables. L'un était calme et direct, l'autre plus enragé et démonstratif. Ils avaient dit s'appeler, respectivement, Coraan Haclyon et Katyn Drap. Un humain et un drell, ensemble ? C'était, en soi, déjà surprenant. Mais le dénommé Halcyon faisait à première vue parti de l'Alliance. Un site d'excavation, le Major Coats, un Lieutenant clandestin et Cerberus... Tout ça était digne d'une mauvaise équation. Si bien que je commençai même à avoir des doutes sur ma propre venue en ces lieux très peu conviviaux. Rangeant mon Kartex, je ne répondis rien avant que le sergent qui m'accompagnait ne me fasse son rapport. Il observait les corps un par un, les examinant sans relâche.

"Pas de doutes. C'est bien Cerberus. Et ils sont drôlement bien équipés ces salauds." toussa t-il de mépris.

Puis il se reprit, se rendant compte que j'étais encore dans le coin et que bien évidemment, je souhaitai qu'il se fasse plus poli. D'un autre côté, je comprenais bien sa position. Les hommes de Cerberus avait causé de nombreux morts, pendant la guerre, et notamment sur Thessia... Comment ne pas être rancunière ? Cela dit, ce que je ne saisissais pas, c'était la vrai raison de leur présence. Quelque chose ne collait pas : pourquoi venir maintenant ? Les vestiges étaient là depuis longtemps et Horizon a été sous le joug de l'Homme-Trouble d'après de nombreux rapports. Il y avait donc quelque chose de nouveau... ? Et mon instinct me disait que le drell ou l'humain savait ce qu'il en était. Je ne pouvais, en revanche, décemment pas les interroger comme je l'aurais fais étant Spectre. Surtout avec Jackson à mes côtés.

"Je suis la Matriarche Aytiri N'leem, représentante du Conseil. On m'a envoyé ici pour "observer" les découvertes du site. De toute évidence, je suis arrivé un peu tard."

Scrutant le paysage, je vis bien que je n'aurais pas du faire un crochet par la Citadelle. Ma soeur m'avait prié d'y faire un tour, pour retrouver un objet de grande valeur qui nous avaient appartenu autrefois. Mais mon temps avait été perdu car les pilleurs avaient certainement déjà dû voler ce qui était possible d'être recéler... Et oui, à croire que plus mon âge avançait, plus je prenais du retard.

"Et voici le Sergent Jackson."

Rapide comme un faucon, il haussa un sourcil et fit le salut militaire. Puis il retourna vaquer à ses occupations : surveiller les alentours et rassembler les corps d'un côté et les armes de l'autre. Tout l'arsenal que l'on pouvait trouver et réutiliser contre nos ennemis était bon à prendre.

"Cerberus... Vous savez ce qu'ils viennent faire ici ?" reprenais-je d'un ton plus inquisiteur.

Je fixai les deux compères, portant mon regard sur l'un et sur l'autre. Au bout d'un moment, "Katyn" flancha d'une demi-seconde. C'était lui qui savait quelque chose. Quoi ? Pas la moindre idée. Peut-être que cela n'avait pas la moindre importance. Peut-être était-il victime ou collaborateur. Mais il avait une information suffisamment compromettante pour que ça se ressente dans sa posture et son attitude ; ces dernières n'avaient rien d'innocent. Cependant, encore une fois, je ne pouvais faire mes yeux doux et lui demander "gentiment" quelle était réellement la situation. Il fallait que je suive le protocole. Cela dit, je n'eus pas l'occasion d'y réfléchir un peu plus. Perdu dans mes pensées, je ne me rendis pas compte que le temps pressait...

Car sans prévenir, nous entendîmes des coups de feu en masse et des cris. Ils étaient relativement lointain, sans fatalement être à des kilomètres. Mais c'était des cris de morts. De deuils. J'avais un très mauvais pressentiment. Pourquoi ? Parce l'écho fatidique qui reportait ces terribles sons vers nous pesait l'atmosphère. Haclyon et moi nous croisèrent du regard. Nous savions, d'une manière ou d'une autre. L'un comme l'autre, nous avions déjà du vivre ça. Et puisque nous nous sommes compris, je n'eus nul besoin de lui expliquer quoi faire. Jackson percuta également. Il attrapa deux armes et les distribua à nos nouveaux compagnons, puis nous accélérâmes nos pas vers l'origine des cris : la tour GARDIA.

Si il y avait bien quelqu'un qui avait eu tout mon intérêt dans cette mission, c'était plus ou moins son challenge. Jusqu'à présent, tout avait l'air normal si on met à part les forces entamées dans le combat et le ravage de la colonie et le fait qu'ils veuillent capturer des artefacts hypothétiquement récemment découverts Récolteurs par rien de moins que Cerberus.

Et, en plus de tout ça, il fallait que je tombe sur une matriarche Asari, représentante du Conseil et nommée Aytiri N'leem. Alors que je notais dans un coin de ma tête ce nom, l'ombre mystérieuse qui planait sur cette mission soudainement s'assombri davantage. Cela dépassait même ma propre compréhension. Pourquoi diable une Matriarche Asari était-elle sur Horizon, une simple colonie de l'Alliance Interstellaire paumée non pas dans dans l'espace Concilien mais rien de moins qu'à la frontière des Systèmes Terminus ? Ces artefacts intéressaient-ils tant que ça le Conseil ?

Toutes ses questions attendront, il y avait plus important à faire alors que nous entendions le bruit si significatif de combats, de chaos et de morts. La Matriarche eût un certain réflexe quand nous nous sommes regardés et avons foncés ensemble après avoir rattrapé au vol l'arme que le Sergent Jackson m'avait lancé. Le Sergent avait tout l'air d'un homme des plus compétents et digne de son rang, quoi qu'un peu représentatif de l'archétype du jeune sous-officier de l'Alliance.

Nous avons donc tous quatre couru ensemble prêts et armés vers le centre de commande de la batterie GARDIA a grandes enjambées. Quand nous arrivâmes, nous vîmes plusieurs groupes de civils se faire prendre en chasse par Cerberus, ainsi que quelques miliciens armés par l'Alliance tenter de les repousser. Nous n'eûmes pas le temps de les secourir quand on vit une grenade à plasma faire s'envoler au loin le groupe résistant. Encore des morts...

Je me plaçai derrière un couvert, un petit muret plus d'esthétique qu'une réelle utilité pratique quotidienne, afin de pouvoir mieux attaquer le groupe de soldats de Cerberus. Ils étaient encore très bien armés, et prêts à se défendre bec et ongles. Armé d'un Mattock que le Sergent m'avait filé, je commençai à arroser du fusil semi-automatique le groupe d'ennemi, avec précision et léthargie. Katyn s'était placé à côté de moi et les attaquait aussi, balançant quelques projections et déchirures biotiques de temps à autres. L'autre duo se débrouille tout aussi bien, puis le groupe fut écarté de notre chemin en quelques brèves minutes. Il n'y avait pas de temps à perdre.

"C'est verrouillé, évidemment.", dis-je en m'approchant du panneau de commande de la porte menant au bâtiment. La tourelle à ce moment précis tira encore une salve de ses lasers mortels et réduit à néant deux autres navettes de transport. Il fallait faire vite. "Je vais essayer de faire ce que je peux !"

J'activai mon Omnitech et me connecta au réseau. Cerberus savait y faire avec la logithèque... Et l'on entendait déjà des troupes de Cerberus arriver encore pour nous empêcher d'accéder à la tourelle. Les premiers tirs fusèrent.
"Couvrez-moi !", dis-je en m'agenouillant pour éviter de recevoir des balles perdues.

Sujet: Re: Ascenseur pour l'échafaud