Citadelle

La cérémonie était sobre, pour une cérémonie officielle concilienne. Les Conseillers, quelques proches du défunt – majoritairement des relations professionnelles – la garde honorifique et les journalistes acceptés pour l'événement. Ceux-ci attendaient patiemment, filmant la scène en choisissant avec soin leurs angles : sur le cercueil cryo, sur les haie d'honneur, sur les Conseillers, mais jamais sur les autres individus étant venus. Leur anonymat se devait d'être respecté.
La cérémonie suivait son cours, honorant le galarien désormais relâché de son service. Rapidement, les journalistes se massèrent autour du Conseil, attendant sa déclaration.

« C'est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès du Spectre Jondum Bau. Il s'était notamment illustré pendant la Grande Guerre, en empêchant une attaque qui aurait été fatale pour les peuples de Kahjé. Bau était également... »

Abbadon n'écouta le début que d'une oreille distraite, puis cessa. Il n'y avait rien de spécial à apprendre. Les dernières activités de Bau, en collaboration avec les Superviseurs, étaient quasiment publiques. Tant qu'aux précédents, elles resteraient quasiment toutes classifiées pour les décennies à venir.
Le membre du GSI avait déjà croisé le Spectre lors de collaboration avec les Superviseurs. Sans en être devenu proche, il le respectait. Et aujourd'hui, alors qu'il sortant de l'hôpital moins d'une semaine auparavant, il devait escorter son aîné vers Sur'Kesh et sa dernière demeure. Une mission assez simple, qui permettrait également au galarien de faire la rencontre de son nouveau collaborateur. Aussi, Abbadon restait attentif, regardant les collègues de bau venus, des Superviseurs et des Spectres. L'un d'eux, un turien, finit par se détacher du lot.

« Abbadon Bynare. T'as un nom sacrément connu chez nous, tu sais ? »
« Hilados, je suppose. Je ne peux pas en dire autant. »
Le turien fit une grimace.
« Alors tu n'es pas si bon que ça, surtout pour un galarien. Vous êtes les spécialistes de l’information, tu sais. Et j'ai une réputation. »
Abbadon ne répondit pas. Oui, le turien en avait une. Extrêmement efficace, mais tout aussi vantard. Moins discret, et de loin, que la plupart de ses semblables.
« Allez, inutile de traîner. Plus sérieusement, même si ton nom est connu, il ne te portera pas préjudice. Le GSI nous a transmis ton dossier. Enfin, la partie dont il voulait bien parler. Tu sera un ajout intéressant aux Spectres. »
Le galarien emboîta le pas du turien.
« Si tu tes dernières blessures ne t’ont pas mis hors service, du moins. »
« Quelques cicatrices, mais je me remet bien. Je reprendrai mes opérations habituelles juste après Sur'Kesh. »
« Reconnaissance et Prévision. Oui, je connais vos méthodes. Mais maintenant, faut me prendre en compte. Rester en duo en permanence serait gênant pour nous deux. Donc le deal, c'est que l'on se tient au courant, et que l'on agit à deux lorsqu'une intervention est requise. Tu saura respecter ça, ou est-ce qu'il faudra que je te traque et te surveille ? »
« Accepté. ». le galarien n'avait pas vraiment le choix. Il ignorait encore à quelque point il pouvait se fier au Spectre, et résolu de rester discret.
« Parfait. Allez, allons escorter le vieux Bau. Tout le monde lui en doit une, c’est le moins que l'on puisse faire. »

Le duo rejoignit le petit cortège autour du cercueil. Direction le spatioport, puis Sur'Kesh.

Sur'Kesh

L'agent du GSI referma son casier, désormais vide. Certes, il n'était pas encore officiellement Spectre, mais il était très rare que le Conseil approche un individu sans le recruter ensuite. Ça n'était même jamais arrivé concernant les membres des forces spéciales galariennes.

La journée avait passé rapidement. Accueil du cortège funèbre, dirigé par un Superviseur. Rencontre avec le Directeur du GSI, la Dalatrace Suprême, et la Dalatrace Bau. L'échange de banalité de circonstances, assez succins car galarien, puis Abbadon avait pu s'éclipser pour rejoindre son supérieur. Enfin, ex-supérieur, maintenant. Mais cette dernière rencontre avait été longue : le rapport complet de l'opération ayant mis fin à Machiavel, complété avec ce qu'avais appris le galarien du N7 Sykes. Puis les nouveaux ordres à suivre – globalement ''défendez l'espace concilien comme depuis ces huit dernières années –, en attendant que le galarien soit officiellement mis sous les ordres du Conseil, et l'acceptation officielle du départ d'Abbadon pour les Spectres soumis à la condition que le rapport du turien l'accompagnant y soit favorable. Suivi enfin des échanges de matériels, l'agent rendant celui appartenant au Groupement et récupérant celui qu'il stockait sur place.

Comme dit, personne ne prévoyait qu'un individu formé et ayant exercé au GSI ne soit pas admis chez les Spectres.

Chose assez rapidement faite, au final. Les forces spéciales laissaient au galarien son équipement habituel, les Spectres ayant les autorisations nécessaire pour les acheter. Abbadon récupéra aussi le Javelot obtenu plusieurs mois auparavant en mission et sur lequel il s'était entraîné. Pas encore assez pour le préféré à son Venom, mais suffisamment pour envisager de le prendre en mission. Enfin, Abbadon reprit ses quelques objets personnels, principalement des souvenirs de missions ou de personnes. Souvent, les deux étaient confondus. Et au final, la plupart des ces objets seraient laissé dans un bureau de poste pour être envoyé vers un nouveau coffre, au sein de la Citadelle.
Le reste, ses dossiers, ses crédits, ses documents à lire ou à voir, seraient transféré sur des serveurs privés sécurisés, sur la station concilienne. De toutes façons, le galarien n'allait déjà que peu sur sa planète natale, et il n'y avait laissé que ce qu'il ne pouvait pas transporter en permanence avec lui. Désormais, ce serait la Citadelle qui lui servirait de point de repli, à moins que le galarien ne se décide à s'acheter un chez soi ?

« Alors, prêt au départ ? »
« Oui. Une mission déjà assignée ? »
« Rien de précis. S'assurer que le réseau de Machiavel ne se relève pas, que personne ne le reprenne. Identifier les membres survivant, trouver les données si elles existent encore, ce genre de choses. Si tu veux une cible plus précise, Shoran est vachement agitée en ce moment, elle prétend avoir une vidéo du ''meurtre'' du turien. Ça peut valoir le coût. »
« Peut-être. Je repasserai forcément sur Oméga, un moment où l'autre. De toutes façons, vous le saurez. »
Le turien rit.
« Yep. On reste en contact, et bientôt, tu n'auras même plus de compte à me rendre ! Si c'est pas beau ça. »
Le duo repartit, quittant le bâtiment. Il était temps de se préparer à repartir dans l'espace.