En l'honneur des célébrations vouées à la période désormais nommée,"décennie Dal'Shan", un grand rassemblement devaient prendre place, aux abords de la véritable place-forte que représentait le palais gouvernemental. D'où un discours se devait d'être clamé, par le Butarien à l'essence même de ces années, comme de cette cérémonie ; il fallait sanctionner à l'encre noire, une décennie qui avait connu quelques revers pour l'Hégémonie, mais aussi de grandes avancées ultimement.
«Cela fait désormais dix ans, dix longues années.» Pensa Argonar Dal'Shan, Galant'ark de son état, pendant qu'aidé par des adjoints et autres aides de camps, il enfilait sa tenue dédiée au cérémonial et vérifiait qu'aucune imperfection ne passerait, qu'aucun pli n'apparaîtrait, que l'ensemble resterait autant soudé, qu'inflexible.
«Une décennie entière, pour en arriver à ce jour... tant de choses semblaient avoir été faites, pourtant dans le même temps, tout montrait que le pavement de la voie, n'en était qu'à ses débuts les plus modestes, non les plus augustes.» Débarrassé des derniers plis qui corrompraient la perception que certains auraient de lui, le Galant'Ark déclara d'une voix rauque, la même qu'il affectionnait avant les cérémonies et événements notables, pour renforcer encore l'illustre de ces moments, aussi historiques qu'ils étaient déjà :
« Où sont  Har Shierak et Bom'semak ?» Comprenant que leur dirigeant ne souhaitait réellement qu'avoir confirmation de leur bonne présence, les deux fidèles gardiens du pilier de l'Hégémonie, ouvrirent la porte du salon permettant au Butarien d'entrapercevoir deux grands agents des avancées butariennes de ces dernières années. Le meneur hégémonique s'avança alors à leur rencontre, l'ambassadeur de l'Hégémonie butarienne sur la colonie de Lorek, Bom'semak s'exprima alors laconiquement : «Tout est prêt, votre grandeur.» Puis ensemble, ces trois Butariens, se dirigèrent vers leur instant de gloire commune ; ils allaient trôner, ensemble, au-dessus d'une foule immense, réunie pour cette occasion si particulière qu'était les dix ans d'un gouvernement, dix ans d'épreuves comme de progrès. Désormais habitué à ce genre d'exercice, Dal'Shan ne fut d'aucune manière décontenancé par l'océan vivant et tremblant, que représentait cette masse qui s'étalait devant lui. S'approchant du petit drone lui servant de micro, il débuta du haut d'un balcon du palais, qui surplombait la place de la Victoire Finale, en usant d'un ton, celui-là même qu'entendait les citoyens de cette nation, dès lors qu'une voix devait s'élever pour répondre aux apogées comme aux souffrances d'un peuple entier :



«Fils et filles de Khar'Shan... Il y a dix ans, aujourd'hui, vous, nous confiez la tâche qui a été la nôtre pendant ces longues années : bâtir, un monde nouveau ! Nous, ce gouvernement, chacun de ses membres, et plus encore ! chaque homme et chaque femme du plus petit fonctionnaire, au plus grand des généraux, nous avons tous œuvré pour que ce jour advienne. Tout cela, vous le savez, nous ne vous apprenons rien ! et ce n'est pas ce dont vous avez besoin ; ce dont vous avez besoin, c'est de savoir, de savoir quoi ? qu'il y a des Butariens, qui comme Vous, comme Nous, se batte pour survivre et pour vous faire survivre !
Car qu'aucun ne doute jamais, que toutes les personnes, que nous avons personnellement sélectionnées, pour nous rejoindre, dans cette tâche immense, ingrate par-dessus tout, sont de ceux qui ont foi en l'altruisme, qui ont foi en l'abnégation. Pendant une décennie, ce sont des milliers de soldats, des milliers faisant parties des plus courageux d'entre nous, qui s'en sont allés, combattre, mais surtout défendre, ce en quoi ils croyaient : une aube nouvelle, pour un peuple, qui tout en se remémorant le passé, a ses quatre yeux rivés sur l'avenir.
Ce futur, ce qui adviendra, n'est pas, nous vous rassurons, une demeure bâtie sur des fondations de sables, ou encore des litres de sangs ! Mais bien, une oeuvre portée par l'ensemble de ceux qui luttent pour des lendemains meilleurs. Qu'ils soient ouvrier, qu'ils soient fonctionnaires, qu'ils soient agriculteurs, ou encore qu'ils soient simples
salariés !
Tous, sans même s'en rendre compte, bâtissent une structure, un chef-d'oeuvre, dont les prémisses ne peuvent être qu'une volonté sans faille... sans faille ! à user, de toutes, les forces dont nous disposons, dans le but de mettre en place, un héritage durable... Souvenons-nous, que pendant plus de 2500 ans, notre espèce a exploré cette galaxie, y a implanté ses marques et son visage. Pourtant, voyez donc où nous en sommes aujourd'hui... 2500 ans de culture, de travail, de sueur, ont été réduit à néant en moins d'une année, par une force implacable et inhumaine. Alors demandez-vous, et faites-le avec recherche, que nous reste-il ?
Au fond de vous, vous tous, mon peuple, la réponse bât en vos cœurs, elle affleure de vos vies, nous entendons ;
l'ardeur. L'ardeur de ceux qui vivent encore, l'ardeur, de ceux qui ont encore leur mot à dire, l'ardeur, de ceux qui ont eu le courage de continuer, alors que tout semblait perdu. Ne vous oubliez pas, chacun d'entre vous, par son dévouement à cherche son bonheur, offre à son prochain un modèle éternel.
Et c'est de modèles, qu'en ce jour, j'aimerais vous parler. Vous les connaissez, ils vous ont déjà été présentés de loin, mais en ce jour, ils ont droit aux honneurs. Voici, Ikrarlak Bom'semak.» Le politicien fit un mouvement lent et ample du bras gauche, pour désigner l'intéressé, qui se fit plus visible. «L'ambassadeur de l'Hégémonie sur la colonie de Lorek. D'ailleurs, nous saluons tous les Butariens des colonies et tous ceux qui vivent hors de notre grande nation, mais par amour de la patrie, écoute cette allocution, qui leur est aussi destinée, à eux qui sont aussi pilier de notre nation, par l'aide qu'ils apportent et qu'ils, nous n'en doutons pas, nous apporterons dans l'avenir. Cet avenir, que des Butariens tels qu'Ikrarlak Bom'semak, forge tous les jours, loin des regards, loin de la gloire, ce au profit de tous.
Voyez ce Butarien : un fonctionnaire comme les autres, me direz-vous ? détrompez-vous. Il fut à l'avant-garde des négociations qui nous permirent de nous réunir de nouveau avec nos colonies, tant du Nid du Milan, qu'avec surtout celles des Terminus, qui nous revenir lorsque des Butariens comme lui, leur firent comprendre qu'il y avait plus à gagner en s'unissant à notre état, si représentatif de notre race toute entière, qu'à avancer seul dans les ténèbres d'une galaxie qui restent encore bien obscur pour notre peuple. Aussi, ce fut lui qui négocia avec des émissaires du peuple ralois Zephyr, pour que nous, si prompt à défendre des valeurs et l'honneur, en venions à intervenir pour sauver tout ce qui pouvait l'être, d'une attaque impérialiste et, génocidaire. Car que cela soit dit ! nous n'avons pas survécu seul à la guerre, seul face aux Moissonneurs impies, pour laisser aucun autre peuple, subir les affres de l'abandon et de l'anéantissement. C'est pourquoi, l'intervention sur Turvess ne fut pas une attaque grossière de conquérant sanguinaire, mais bien ! une croisade, que nos Butariens menèrent avec honneur et probité pour défendre un peuple, que la galaxie entière allait laisser à lui-même. » Levant son bras gauche en direction de l'ambassadeur pour l'honorer, le Galant'Ark continua : « Voilà. Voilà ! Ce que des Butariens comme lui ont accompli, voilà ce que beaucoup d'entre vous défendent, nuit et jour, minute par minute, semaine par semaine, inlassablement : votre honneur, votre dignité qui devient par votre grandeur d'âme, notre dignité, celle de toute notre race ! Nous ne sommes pas des bêtes, nous ne survivons pas, nous. Oh que non. Nous, nous bâtissons, nous, nous construisons, pas uniquement un état, une nation... mais, une éthique de vie, une pensée unique, forgée dans l'acier le plus ferme : celui de l'esprit. Oui nous nous élèverons de nouveau dans les cieux, et ce, avec une grandeur autant morale, que concrète !
Alors, quel meilleur exemple, que celui qui se trouve à ma droite. Celui là-même, que beaucoup connaisse, celui qui nous a d'ailleurs sauvé, aidé, lorsque les plus vils de tous, les traîtres à la patrie, les félons conspirationnistes, tentaient d’œuvrer pour faire s'effondrer tous ce que nous avons si durement remis sur pied.
Voici l'amiral de toutes les flottes butariennes, Heratius Har Shierak.» Cette fois-ci, le dirigeant fit un mouvement moins ample, mais plus précis, pour désigner l'amiral. « Ce Butarien, mes amis, et de ceux qui n'abandonnent jamais, de ceux, qui se battront jusqu'à la fin, pour qu'une aube nouvelle ouvre un jour, une ère qui le serait tout autant. Croyez-vous qu'il ait pris ombrage des ressources, parfois faibles, que notre situation nous a obligé à lui allouer ? Pensez-vous qu'il a failli, lorsqu'il fallait tenir la ligne ? En menant nos forces sur Turvess et son espace, il n'a pas simplement assuré la victoire de nos allié zéphyrois, et encore moins uniquement la nôtre. Il a, sachez-le, tout fait ! Pour que nous respections nos adversaires, que les prisonniers soient bien traités, et qu'il n'y ait, n'y pillage, ni dévastation... car notre Histoire a marqué au fond de nos corps, en notre chair nous avons été consumés, par le passé, comme nous le sommes maintenant, par l'injustice. L'injustice, de ceux et celles, qui se sont permis de stéréotypés, d'archétypés notre race. Dont la capacité à faire le bien, comme agir avec dévotion ou à s'abandonner pour une cause immense, grande et belle, a été remise en doute... par ceux-là même, qui pense pouvoir nous écraser, simplement car nous ne sommes pas eux, ne souhaitant jamais perdre notre identité, la première et la dernière ligne, nous guidant de ce monde physique, vers une gloire qui jamais ne s'effacera, même sous les coups de ceux qui ne veulent pas nous comprendre.
L'amiral Har Shierak, s'est battu. Autant contre nos adversaires génocidaires, qu'à l'encontre des préjugés toujours honorable, toujours en première ligne. Cette supériorité morale, nous a fait gagner ! C'est elle, qui en nous guidant dans nos mots ici, nous guide, comme elle guide chacun de ceux qui se battent pour l'Hégémonie, pour un peuple, et pour un avenir commun. Acceptez-vous aussi, Butariens d'ici et d'au-delà, d'être guidés par la lumière infinie de notre probité commune, et alors, ensemble nous ne serons plus, jamais ! ignorés. Ensemble, nous bâtirons une galaxie meilleure, pour tous ceux, qui s'uniront dans notre fraternité.
À ce propos, nous saluons le D’yanoi Tharak Nar'Jamon. Membre de ce gouvernement, et par extension, Butarien, qui lègue le temps de sa vie, à une cause, immense ! Celle, de nous représenter, celle, de vous représenter, mon peuple, mes amis. Il le fait, au mépris de sa vie personnelle, travaillant depuis des mois, dans des conditions que nous savons, dans un espace concilien, qui n'est pas particulièrement ouvert aux Butariens, il se fait le porte-drapeau de notre renouveau. De tout cela, il sera, il faut le dire, dûment récompensé, et reconnu. Sous peu, grande nouvelle, il rencontrera, en tant qu'émissaire de notre personne, après tant de temps, le Conseil galactique.
Ne craignez rien, le Conseil comme nous, s'est transformé. Nous croyons alors, qu'un règlement conciliant, tout en étant concret et utile pour les deux partis est plus que possible, en un mot : souhaitable. Souhaitons lui donc, d'exprimer nos voix, sans que quiconque n'ose prendre ombrage, de sentiments aussi sincères que ceux qui sont nôtre, en ce moment.
Tournons-nous vers l'avenir. Une décennie s'achève, une nouvelle débute. La reconstruction bas son plein, elle s'achèvera bientôt, pour faire place à une croissance, à une expansion, comme nous n'en avons pas connues, depuis que nous avons tourné le dos à la galaxie, il y a 40 ans. beaucoup reste à faire, vous savez que ce gouvernement, que notre personne, faisons tout, non pas simplement pour redresser cette nation, cette race, ou même cette planète, notre chère Khar'Shan. Mais bien, pour offrir aux plus pauvres, à ceux qui souffrent, aux sans le-sous, un avenir bien plus brillant que la mort dans une désolante pauvreté. Cet état est social, il continuera à l'être ; il continuera à aider et soutenir tous ceux qu'il pourra aider, car la solidarité, n'est pas un vain mot pour nous.
Pour finir, mes amis, tournons-nous vers les étoiles, il reste des mondes qui étaient nôtre, attendant que nous les libérions de leur solitude, pour les ramener dans notre lumineuse union, celle d'un peuple et d'une nation.
Mes amis, mon peuple, réjouissez-vous : dix ans ont passé depuis le début de notre gouvernance, quatorze ans depuis la fin de la Grande Guerre, pourtant. Nous sommes encore là, plus grand et plus fort, chaque jour. Réjouissons-nous ensemble : rien ne s'achève ici ! Tout. Débute ! »

Sur ces mots, le groupe s'éloigna du balcon, pendant qu'une foule en liesse acclamait ce renouveau, cette renaissance tant promise, et qui semblait déjà là. Argonar Dal'Shan, épuisé par la prestation, se dirigea alors vers son bureau avec l'Amiral de toutes les flottes de l'Hégémonie... S'asseyant sur son siège de travail, là où il passait des heures à régler les difficultés et contradictions d'un état entier, les unes après les autres, attendit que l'amiral s'exprima...

Pendant que l'amiral Heratius Har Shierak planifiait plusieurs répartitions d'escadrilles pour des patrouilles à travers les systèmes alliés, son vice-amiral lui prévint de la réception d'un message de Khar'Shan et surtout du gouvernement. Ses projets terminés, il sauvegarda les déplacements sur l'écran et alla voir son subordonné qui le remit un datapad. Il entreprit de le lire et apprit qu'il était convié à la cérémonie de la gouvernance décennale du Galan'Tark Argonar Dal'Shan.
Cet événement était sur toutes lèvres depuis plusieurs semaines, même dans sa flotte : on y fêterait ces dix ans d'avancée dans la reconstruction d'un peuple depuis la Grande Guerre. Etant Amiral des Flottes, les hautes instances l'avaient jugé digne d'apparaître aux côtés du dirigeant, ayant œuvré à son nom et ses idées à plusieurs reprises, que ce soit le sauvetage contre le coup d'Etat du général séditieux au début de la prise de fonction de Dal'Shan, l'intervention sur Tuchanka ou encore celle sur Turvess.
Il restait trois jours, aujourd'hui inclus, avant la date fatidique. Il n'allait pas perdre plus de temps, on l'attendait certainement sur Khar'Shan pour le briefer sur la cérémonie. Aussi, il appela son vice-amiral pour lui demander de préparer une flottille pour l'emmener au Nid du Milan, il précisa vouloir embarquer sur un destroyer à bord duquel il voyageait souvent pour ne pas déplacer un vaisseau capital plus grand. Le groupe créé, les nécessaires embarqués, l'amiral rejoignit son nouveau transport, prêt à rejoindre son monde natal comme celui de son peuple.

Pendant le trajet, enfermé dans ses appartements, il s'était préparé mentalement à ce qu'il attendait. il n'avait aucune idée de comment se déroulerait le tout : allait-il devoir faire partie d'une parade au sol ou dans les airs ? Peut-être que des ordres avaient donnés aux flottes pour revenir sur Khar'Shan et qu'il allait les mener ? De toute façon, il ne doutait pas qu'il serait informé de son rôle dès qu'il eut posé le pied sur la planète. Il décida de s'octroyer un peu de repos, le chemin allait être long.
Quasiment vingt-quatre heures après, lorsqu'il décida de remonter sur le pont, on lui annonça qu'ils arrivaient dans l'orbite de Khar'Shan. Il pressa le pas pour monter à la passerelle et voir par la baie vitrée. Lorsqu'il y arriva, le ciel bleu se présentait à lui, dévoilant les chantiers spatiaux militaires au dessus de l'atmosphère et la surface de couleurs grises et vertes, mélange de l'urbanisation qui se relançait plus que jamais et de la verdure recouvrant les endroits délaissés depuis bientôt quinze ans.
Le pilote amorçait la descente, ils allaient se poser dans le spatioport planétaire, une navette l'attendait pour rejoindre le palais gouvernemental sans attendre. Une fois monté, le conducteur ne se fit pas prier et partit à toute vitesse pour la capitale et le palais. En un peu moins d'une heure, ils y étaient, les murs gigantesques et ornementés apparaissaient à lui, de leur teinte légèrement sombre. L'appareil fit le tour de l'édifice à une distance raisonnable, mesures de sécurité obligeant, pour atterrir dans une vaste arrière-cour dégagée prévue à cet effet. Les portes s'ouvrirent et il posa le pied à terre, observant dans la clarté du jour les nombreux soldats sous leur épaisse armure et la poignée d'officiels se dirigeant vers lui. Le premier arrivé lui parla, inclinant sa tête à gauche par politesse :

« Bienvenue, amiral. Avez-vous fait bon voyage ? »

Heratius Har Shierak inclina aussi la tête, et fit de rapides mouvements d'épaules pour les relâcher du trajet aérien :

« Bien, merci. Mais ne perdons pas de temps avec les formules de politesse, je suppose que vous avez beaucoup de choses à me dire. »

Son interlocuteur sourit, hocha affirmativement la tête, fit signe de le suivre avec son escorte et commença à parler longuement. Ainsi, il allait se tenir aux côtés de son éminence, à priori, pas de défilés de quelconque sorte, ou qui ne le concernerait pas. Juste un discours du Galan'tark. Il se tiendra ensuite avec lui dans son bureau, à discuter de quelques affaires pour la nation. Il ne lui restait plus qu'à se procurer son costume d'apparat qui l'attendait dans le lieu de travail des costumiers du palais.
Un domestique l'y emmena, fort bien vêtu d'un somptueux costume, l'amiral en était presque gêné avec son uniforme spatial stylisé mais bien sobre. La marche, d'un pas forcé, la destination se trouvant à presque l'autre bout du palais, permit à Heratius de contempler les grandes salles et les halls du palais : les couloirs s'étiraient sur des dizaines de mètres, montant à tout autant dans les parties les plus grandes, parsemées de piliers et de grandes vitres dans de nombreux styles architecturaux butariens qui malgré tout maintenaient une cohésion et une harmonie parfaite dans leur mélange. Les décorations étaient nombreuses et riches : peintures, dorures, lustres, meubles, vases, le mobilier devait symboliser le maintien d'une puissance, d'une richesse, d'une grandeur butarienne.
Il avait tôt fait de contempler les allées à son passage que quelques minutes plus tard, ils arrivèrent. L'atelier était bondé de gens s'affairant avec du tissu, utilisant les machines les plus avancées technologiquement au plus vieilles pour maintenir l'authenticité d'un artisanat historique. Deux personnes semblaient diriger tout ce chaos, un homme et une femme, tous deux d'un certain âge, l'air mécontent mais très élégamment habillés. Le duo remarqua le militaire et se dirigea vers lui, l'homme annonçant simplement :

« Venez. On doit vérifier les coutures sur l'uniforme. »

Har Shierak, surpris qu'on osa parler aussi sèchement à une personne de tel rang, obtempéra. Ce n'était pas dans la politesse butarienne de s'avérer aussi peu soucieux du niveau social de son interlocuteur en n'incluant pas les formules de politesse élémentaires. La formalité de l'un des deux personnages était à l'image de leur rôle dans ce capharnaüm : ils n'avaient pas de temps à perdre dans la direction de cet atelier qui pullulait à la veille de la préparation des fêtes.
Au fond de ce dernier se tenait le mannequin portant l'uniforme de l'intéressé : Grandes bottes noires de cuir, il n'avait pas vu si c'était du vrai ou du synthétique, pantalon rouge foncé taillé uniforme tout du long, veste de même couleur à double rangée de boutons dorés et au col blanc, chemise réglementaire noire en dessous, gants noirs, et pour finir long manteau noir faisant office de cape au revers rouges, le tout parsemé de décorations et de détails comme des motifs, de l'Hégémonie et butariens, rouges, dorés et parfois blancs comme les revers des manches du manteau.
La femme ordonna : « Essayez-le. ». Ce qu'il fit de suite dans une cabine à côté. L'uniforme lui allait parfaitement. Selon lui aucun ajustement n'était à faire. Le duo le dévisagea rapidement, puis hocha la tête de concert. Ils le libérèrent du tumultueux salon de couture. Les domestiques qui étaient restés pour l'attendre le guidèrent jusqu'à sa chambre pour le séjour. Les effets personnels qu'il avait emmené l'attendaient dans la salle principale de ses appartements. Il posa son costume sur le premier fauteuil à sa portée, demain allait être un longue journée.


Levé tôt avec une petite excitation intérieure, Heratius s'était empressé d'enfiler son uniforme. Sacrés vêtements, il fallait qu'il les garde précieusement avec lui, il avait envie de les reporter. On toqua à sa porte, des gardes venaient l'escorter jusqu'au bureau du Galan'Tark. Ils étaient au nombre de quatre à marcher avec lui, armures un peu plus cérémoniales mais pas pour autant fonctionnelles.
Après quelques minutes de marche, le couloir le plus interdit et sécurisé du palais se dévoilait : une importante porte en bois massif, emblème de l'Hégémonie dessus, lui faisait face à trente mètres. Il reconnaissait un Butarien attendant devant elle : l'ambassadeur Bom'semak, qui allait représenter la partie civile comme l'amiral la partie militaire. Les deux officiels se saluèrent cordialement, n'échangeant qu'un cou penché à gauche.
Alors, un des gardes s'avança et remit à Har Shierak un sabre de cérémonie, droit à la garde non pas arrondie mais en angles géométriques précis. Le prenant par le fourreau dans la main, le garde dit simplement : « Mesure de sécurité. », signifiant que le sabre ne lui avait pas été donné la veille pour ne pas laisser une arme blanche impunément dans une salle quelconque du palais, fusse-t-elle confiée à l'Amiral des Flottes Butariennes.
Une voix grave se fit entendre de l'autre côté de la porte, et les portes s'ouvrirent pour faire entrer les deux Butariens. Le Galan'Tark se faisait vérifier son costume par ses gens, semblant prêt à tout. L'ambassadeur signala que tout l'était. Les trois hommes partirent pour un balcon donnant sur une des nouvelles grandes places d'après-guerre. La foule était gigantesque, elle donnait presque le vertige à l'amiral, aussi évita-t-il d'être près du bord. Argonar Dal'Shan commença son discours sur ses dix ans de règne.
Dix ans. Déjà. Il servait l'Hégémonie depuis le double d'années mais cette décennie là était sous l'égide d'un Butarien qu'il connaissait depuis certains événements de la Grande Guerre, la défaite de Khar'Shanet l'appui aux forces coalisées par Balak avec ce qui avait pu être sauvé de cette dernière.
Balak, tiens, il n'avait pas tenu le pouvoir longtemps avant sa mort tragique et douteuse, mais ça, l'amiral ne préférait pas en parler. Il servait l'Hégémonie, et celui à la tête de cette dernière, les choses s'arrêtaient là pour . Maintenant, c'était Dal'Shan, il avait fait ce qu'il fallait à de nombreuses reprises, les Butariens ont su continuer à remonter la pente sous sa direction, c'est ce qui comptait principalement, que l'on se relève de cette destruction, que l'on en sorte. Toute cette décennie à reconstruire encore plus vite que jamais, tout : Khar'Shan les colonies, les flottes, les armées, les infrastructures. L'ensemble de l'Hégémonie changeait encore et encore, les villes habitées n'étaient que chantiers incessants. Rien n'était pas complètement rebâti. Hormis quelques rares quartiers de la capitale, les grand lieux publics historiques et, bien sûr, les bâtiments gouvernementaux.
Etait maintenant cité l'ambassadeur. Ses haut-faits diplomatiques lui avaient valu les bonnes grâces de tous dans les plus hautes sphères politiques. Il avait été à plusieurs négociations importantes, y compris celles de Turvess où il lui avait succédé sur le plan militaire. Le diplomate ne déméritait pas, et son dirigeant le faisait comprendre à la nation.
Ensuite vint son tour, Heratius se dressa le plus possible et regarda devant lui, gardant un visage neutre et martial le plus possible. Son suprême supérieur souligna sa droiture et son professionnalisme au nom de l'Hégémonie. Le Butarien apprécia, il ne s'était que peu fait la remarque sur le fait qu'il aurait pu être bien plus... laxiste sur certains écarts dans les conflits dont il avait eu le commandement depuis quatorze ans. Insistance aussi sur le fait qu'il s'était toujours battu, il représentait de cette façon l'ardeur butarienne face à tout ce qu'elle devait faire face, intéressante expression sur sa personne.
Dal'Shan finit sur une note positive pour l'avenir. Des entrevues avec le Conseil avaient lieu. La situation était tendue avec le blocus, du moins la surveillance étroite concilienne des frontières butariennes avec leur espace. Il fallait qu'il en touche un mot à son dirigeant, tant qu'il devait faire avec.
Le discours se finissa, une dizaine de minutes à parler avec enthousiasme, il y avait une certaine difficulté physique à faire ce genre d'apparations publiques, supposait Heratius. Argonar Dal'Shan quitta le balcon pour revenir dans son bureau. L'amiral le suivit, ils avaient à parler, peu de choses s'étaient dites depuis un moment.
Le dirigeant s'installa dans son fauteuil, alors Heratius Har Shierak prit la parole :

« Votre Excellence. J'ai à vous faire part de mes interrogations sur la situation avec le Conseil. Ce dernier semble vouloir agir contre nous pour nos actions militaires d'il y a un an. Je me dois de prendre des mesures pour éviter les forces conciliennes afin d'éviter tout écart que ce soit. Si dans les Terminus, nous restons assez sereins et avons plus à nous préoccuper des pirates et indépendants trouvant un intérêt quel qu'il soit à vouloir attaquer nos colonies. Mais pour notre zone natale, il me doit de prendre des précautions sévères pour ne risquer aucun trouble mais cela dépendra de vos directives et vos impératifs politiques et diplomatiques. »

Le discours s'était on ne peut mieux déroulé, les voûtes étatiques étaient encore une fois solidifiées, désormais il suffisait d'avancer, avec orthodoxie, sur la voie déjà tracée, et bientôt pavée, d'un avenir.
Heratius Har Sierak pouvait se compter parmi celui-ci, tant il n'avait jusque-là, guère démontrer même une seule défaillance, la période était historique, il fallait la marquer de la main de Butariens décidés. L'amiral avait d'ailleurs saisit toute l'intensité du moment, et se tint à ce propos, avec dignité et prestance, son habit le démontrât, comme sa carrure toute butarienne, bien marquer d'apanages soldatesques.

La question qu'il posa d'ailleurs, fut indéniablement digne de son rang ; directe, allant tant à l'essentiel, qu'à ce qui importait actuellement.« Mon cher. La conciliation n'est certainement pas le fort, de celui ou de ceux qui ont décidé d’attenter ainsi à notre situation, à notre indépendance politique. Vous êtes déjà, peut-être, au courant du remue-ménage ayant parcouru l'assemblée parlementaire au moment de la divulgation de la situation, lorsqu'il devint clair que les "forces conciliennes", dont vous parlez, osaient bel et bien nous menacer de la manière la plus éhontée qui soit... le ministère de la guerre en a profité pour proposer une loi, adoptée à la presque unanimité, concernant les moyens de défenses orbitaux et terrestres de Khar'Shan et de l'ensemble des planètes métropolitaines. Car voyez-vous, cette action nous avantageant jusqu'à maintenant, possède un doux relent de fin des temps, bis. Les Conciliens sont des imbéciles, s'ils pensent qu'une seule seconde, leur action misérable nous importune d'une quelconque manière., ah ah ah. » Le Butarien se servit alors, quelques menus amuses bouches, qui égayaient régulièrement ses longues journées au bureau.
« Après les trois cent mille butariens d'Aratoht, et les événements de la Grande Guerre, pendant laquelle nous fûmes abandonnés, le peuple butarien a développé un sentiment xénophobe indéniable. Déjà, la propagande de l'ancienne hégémonie, et les années de souffrance économique relatif au conflit avec le Conseil, n'avaient pas aidées quant à l'image de l'étranger... mais désormais, les choses sont encore plus claires.
Xénophobie, militarisme, et renforcement de l'importance du collectif, voilà les courants de pensées qui rôdent dans l'opinion butarienne. Le discours ici fait, n'avait qu'à s'appuyer sur quelques poncifs, pour faire vibrer les âmes comme les esprits. Quelques vaisseaux s'amassent à la frontière, que déjà, l'ensemble de l'Hégémonie souhaite se mobiliser pour une guerre totale... la méfiance butarienne est a son comble, avec elle, l'amour du gouvernement et le patriotisme, hé hé hé. Eh oui, aussi longtemps qu'il y aura d'autres états en cette galaxie, et aussi longtemps qu'ils représenteront une menace pour nous, Butariens, alors l'Hégémonie aura forte chance de faire long feu. »
Le Galant'ark fixa alors l'amiral butarien, d'un regard inquisiteur.
« Dites-moi amiral, comment pensez vous pouvoir régler cette situation ?... politiquement, la situation est plaisante, il nous menace, sans nous affaiblir, chaque jour qui passe lors de ce processus, permet à chaque citoyen de se remémorer, une fois encore, toute l'étendue de la dépravation concilienne, laxiste et traître, déclarant nécessaire la diplomatie, pour mieux assassiner ses adversaires à grand coup de Spectres. Quant à la diplomatie, Nar'Jamon s'en charge pour l'instant. Les rapports font états, de certaines propositions, plus qu'audacieuses. Nous séparerons le bon grain de l'ivraie quand les négociations avec le Conseil s'achèverons, alors il est probable, que la menace concilienne se pacifiera d'elle-même... devant les actifs économiques que nous sommes prêts à offrir ; n'a-t-on pas dit, et ne dit-on pas encore, que le libre-échange permet d'éviter la guerre, en ceci qu'il calme les bellicismes, par le fait que ceux qui auraient pu envahir une nation pour en acquérir les richesses, seront les premiers à user du marché pour éviter des dépenses et des conflits coûteux et dont la résolution sera à jamais sujette au doute. Lorsque nos frontières économiques s'ouvriront, les interconnexions seront les plus grandes garanties de notre indépendance, si chère aux yeux d'un peuple qui est paré à partir en croisade, à la moindre incartade. Alors, vous Amiral, quelle votre proposition militaire pour ne pas en arriver là, avez-vous une idée d'action ? » Demanda le dirigeant butarien, toujours attentif aux prochains dires de son stratèges en chef...