Assise, ou plutôt enfoncée dans son siège, une jambe se balançant tranquillement dans le vide, une tasse à la main tellement penchée que le liquide sombre et odorant qui remuait dedans semblait prêt à se déverser à tout instant sur le sol de sa cabine, la femme vêtue uniquement d’une brassière et d’un short de sport, une main devant les lèvres pour étouffer un baillement sonore, était à mille lieues de l’image qu’on attendait d’elle.
Tout juste sortie des exercices matinaux avec son équipage qui s’était finie sur la côte fêlée d’une de ses plus jeunes recrues trop enthousiasme. En effet pensant profiter de sa musculature bovine de jeune fermier il avait tenté d’imposé une prise sur son cou, pour finir projeter contre un mur les quatre fers en l’air. Cet événement l’avait passablement agacé, pas la blessure en elle-même qui était selon elle une conséquence logique, mais bien qu’un de ses hommes est oublié toute logique de combat pour jouer les gros bras, une erreur qui lui couterait la vie face à n’importe quel ennemi munit d’au moins deux neurones fonctionnels.
Une petite semaine de corvée et double séance d’entrainement corrigerais cette mentalité. Mais pour l’instant la femme laissait défiler avec ennui une longue liste de rapport, pour le moins ennuyeux. Les stocks de sucre plus bas que prévu, des demandes de permissions, les nouveaux codes d’arrimage des stations du coin. Un ensemble de données aussi insignifiantes que peu digestes. En acceptant d’être affectée au MEDC elle s’attendait à vrai dire à une routine bien moins…… routinière ? La logique de cette pensée lui arracha un sourire dépité. En général, la présence de krogans dans les environs suffisait à garantir un minimum de distraction, mais pour l’instant c’était les profondeurs du néant, et cette inactivité lui taper sur les nerfs, l’amenant à regretter ses patrouilles dans la travée.
Pour rajouter au déplaisir de l’instant, ses muscles chauffés par l’exercice refroidissaient à présent, et les gouttes de sueurs qui parcouraient sa peau devenaient désagréablement tièdes. Elle s’apprêtait à abandonner cette pénible tâche de lecture pour une douche chaude quand son écran vira au rouge et qu’un nouvel ordre de marche signalé urgent se présenta. La femme laissa glisser son doigt sur l’écran holographique, appréciant l’étrange contact électrique contre sa peau, et le dossier s’ouvrit. Ses yeux parcoururent les lignes aussi vite qu’elles se dévoilaient sur la surface, et un sourire se dessina sur son visage, les informations étaient succinctes mais annonciatrice de l’action tant espérée.
Elle se redressa et marcha vers la douche d’un pas bien plus motivé à présent, se glissant dans sa douche, laissant la tasse de café à moitié pleine sur son bureau.
………………
Elle avait mis les petit couverts dans les grands pour l’occasion, non pas pour impressionner son invitée, mais plutôt pour permettre à son équipage de s’imprégner de cet événement. Ils la suivraient partout, elle le savait, mais ils ignoraient souvent la raison qui la poussait à s’accomplir tant dans sa mission. Et c’était pile le genre de rencontre qui leurs permettrait d’entrevoir une partie de ce qu’elle voyait. Par deux fois dans sa carrière elle avait eu l’occasion de rencontrer l’un de ceux qui représenter la force du conseil, un Spectre et aujourd’hui encore elle se souvenait de cette sensation de puissance qu’ils dégageaient, sans même le vouloir.
La turienne qui avançait maintenant dans son vaisseau ne déroger pas à la règle, bien qu’un léger temps de latence dans ses premiers geste fit penser à la femme que ce n’était peut-être pas pour elle encore une habitude que de voir un équipage entier au garde à vous en son honneur. Ses soldats eux ne remarquèrent pas cela, trop subjugué par une légende se promenant bien vivante sous leurs yeux.
Au-delà de son assurance toute travaillée, la turienne avait un charme certain, ses yeux vifs scrutant les hommes et femmes au garde à vous pour elle sans jamais s’attarder plus d’un instant sur chacun, la sombre cuirasse naturelle qui devait recouvrir tout son corps dégageait un aspect satiné très agréable à regarder. Elle laissa la turienne ouvrir le bal, un bon moyen de voir le ton que prendrait leur rencontre, et elle ne fut pas déçue, appréciant ce petit jeu de pouvoir qu’elle instaura sur son équipage d’un simple sourire. Mais elle se décida à intervenir quand comme prévu la turienne s’adressa à la jeune femme qui se trouvait le plus en avant de cette petite troupe l’accueillant.
-En réalité, je suis Erika Longhorn.Appuyée contre l’une des consoles, les bras tranquillement croisé un peu à l’écart des troupes elle avait observée toute la scène sans se faire remarquer, jaugeant son invitée, bien loin des protocoles plus que contraignant qu’elle avait imposé à ses hommes. Eux avaient besoin de savourer cette événement, elle espérait surtout pouvoir en profiter pour se dégourdir les jambes et l’esprit. Erika se redressa et s’avança d’une démarche détendue vers la turienne, Ravi Vertax comme elle s’était présentée.
-Tout le plaisir est pour moi. Le jeune sergent Obraha rêvait de voir un Spectre de plus prêt dit-elle en signalant la jeune femme à qui la turienne s’était adressée. Celle-ci rougit, ses yeux oscillant entre la turienne et le sol, entre curiosité et timidité. Certains soldats de l’Alliance passaient une carrière entière s’en faire une telle rencontre. Erika indiqua d’un geste fluide la route menant à la salle de briefing, invitant silencieusement la Spectre à l’y suivre. A peine avaient-elle quittées la procession que ses hommes s’éparpillèrent pour regagner leurs postes en partageant des murmures excités. Erika reprit la conversation, apportant réponses aux questions posées.
-En réalité, mes ordres consistent à vous fournir l’appui total de mon vaisseau et de son équipage à votre arrivée, ainsi que d’être apte à une intervention en apesanteur. Ce qui représente un bien mince plan d’action pour se préparer vous en conviendrez. Mais je suis on ne peut plus certaine que vous allez m’apporter quelques éléments nouveaux.Elle avait légèrement tourné la tête pour observer son invitée en disant cela, un sourire énigmatique, mais honnête sur le visage. Elles parvinrent dans la salle de briefing, s’isolant quelque peu du reste de l’équipage.
-Faites comme chez vous, mes dernières données étaient les coordonnées de ce rendez-vous, que faisons-nous à présent ?Elle-même s’installa sur un de fauteuil disposé autour d’une table circulaire, seuls meuble ornant la pièce.