Quelques jours plus tôt.

En poste en orbite de Patavig, dans le système d'Artemis Tau, le TSF PavornuS semblait plutôt calme suite au dénouement d'une mission commandé par la Hiérarchie Turienne. Tanisia s'attablait au centre de commandement. Elle faisait les cents pas, repensant à cette mission qui l'avait retenu sur Patavig. Son enseigne ne tarda pas à la tirer de sa rêverie. «Lieutenant-Commandant, transmission entrante du Commandant Lictus. Je vous le passe dans la salle de réunion.» Elle hoche la tête et se décide à se diriger vers la salle de réunion. Entrant dans la salle, elle appuie sur le bouton du clavier holographique pour ouvrir la communication. L'hologramme du vieux turien apparaît alors. «Lieutenant-Commandant Surtis.» commence-t-il sur le ton de la salutation. «Commandant.» répond-elle en se mettant au garde à vous. «Vous vouliez me voir ?» Le turien hoche la tête avant de rajouter.«En effet Lieutenant-Commandant. Les ordres de la Hiérarchie sont clairs. Le TSF Parvornus se retrouve dorénavant en cale sèche le temps que l'équipe technique fasse la révision annuelle obligatoire. Vous irez à la Citadelle.» Tanisia se penche légèrement sur le coté, les bras croisés. «Commandant, l'équipage est au mieux de sa forme, nous n'avons recensé aucune avarie technique sur les systèmes. Nous sommes opérationnels.» Le turien croise les bras à son tour avant de reprendre. «Ne surestimez pas votre équipage, Lieutenant-Commandant. Je ne doute pas que vous vous occupez avec soin du Pavornus mais je pense qu'un contrôle technique ne lui fera que du bien.» Il marque une pause, frétillant légèrement des mandibules avant de rajouter. «Et puis, vous avez bien mérité un peu de repos Surtis. Profitez-en pour passer du temps avec votre père.» Tanissia dessert les bras, se résignant à obéir aux ordres. «Entendu, commandant.» Le turien dessert les bras à son tour avant de mettre fin à la conversation. «Lictus, terminé.». L'hologramme s'éteint. Tanissia se retourne baissant la tête quelque secondes avant de se diriger vers le centre de commandement. Là, elle marque la position de la Citadelle sur la carte galactique puis se tourne vers son enseigne. «Balsus, annoncez à l'équipage que le TSF Pavornus se retrouve en cale sèche et que nous nous dirigeons vers la Citadelle. Indiquez leur qu'arrivés là-bas, permission leur est accordée le temps de la révision.» L'enseigne se met au garde à vous avant de répondre. «Bien, Lieutenant-Commandant.»

Aujourd'hui.

Tanissia venait d'apprendre que la révision du TSF Pavornus venait de se terminer. Avant de décoller, il lui restait quelque choses encore à voir et notamment étudier le rapport technique de la révision. Cette cale sèche lui avait en effet permit de décompresser un peu. Elle avait pu profité de son père qu'elle n'avait pas vu depuis sa dernière permission ce qui fait un bail. Elle avait goutté à nouveau aux joies du Purgatory et à sa musique entraînante. Elle avait pris l'occasion de payer un verre à son équipage aussi. Ces moments étaient importants pour la cohésion de l'équipe. Il faut le faire quand on en a l'occasion. Mais malheureusement, ça se terminait. Elle serait bien restée quelques jours de plus mais le travail passait avant. Elle avait rendez-vous avec le chef technicien ce matin. Voyons-voir si ses prédictions étaient bonnes et que le Pavornus ne souffraient en effet d'aucun problème technique comme elle l'avait dit. Sur les quais, elle patienta quelques instants avant d'être rejoint par le chef technique. Un turien, au moins, ils allaient très vite se comprendre. En observant son armure, elle remarqua que le Turien était gradé, elle croisa les bras. «C'est bien moi.» Elle le regarda un instant avant d'ajouter. «Au rapport Sergent, qu'a donné la révision du Pavornus ?» Elle restait professionnel après tout.

Le Turien semblait un peu plus décontracté qu'elle ne l'était. Elle aimait parler en grade et c'était assez courant dans la Hiérarchie en fait. Sûrement un héritage de leur tradition martiale auquel elle ne saurait déroger. Et puis, après tout, il ne se connaissait pas et elle ne voyait pas pourquoi elle l’appellerait autrement. Oui, elle était su la défensive mais c'était dans sa nature et personne ne pourrait lui enlever. Le technicien lui proposa de lui montrer directement les modifications apportés au vaisseau et les différents problèmes rencontrés et pour une fois, elle était totalement d'accord cela vallait mieux qu'un long discours, surtout qu'elle ne comprenait pas vraiment tout ses termes techniques malgré que sa formation lui ai permit de connaître quelque peu le vocabulaire propre à une frégate. Entrant dans son vaisseau, le technicien en profita pour lui tendre le rapport final de la révision. Le parcourant légèrement des yeux, elle pouvait remarquer que les changements étaient minimes comme elle avait pu le prédire. Le technicien continua en lui enseignant les différentes petites modifications, comme par exemple l'armoire de dérivation de puissance. Elle apprenait donc que les automates des canons avaient été remplacés par des modèles de dernier cri. Parfait, cela ne peut être que bénéfique pour le vaisseau.

Elle tapote donc sur le datapad, remarquant quelque chose qui attira son attention, une anomalie avait été détectée et elle aurait aimé en savoir plus. Dans ses pensées, elle fut interrompu par le gargouillement du ventre du turien. N'avait-il donc rien mangé ? Elle se garda de faire un commentaire pour l'instant, toujours concentrée sur cette anomalie. En parlant du loup, voilà le technicien qui l’emmène dans la salle des machines où plusieurs cales ont été extraites. Elle remarque au sol un sac, un sac qui s'avère contenir du sable rouge. Du sable rouge, ici, dans son vaisseau ? Elle croisa les bras, secoué par cette découverte. « Bordel, j'aurai jamais cru revoir ça, c'est troublant. Comment ce sac a bien pu arriver ici ? Nous n'avons pas de signe de dépendance parmi l'équipage. Je connais mes hommes.» Il fallait avouer que depuis le temps, elle avait eu le temps de reconnaître un acro au sable rouge, tout simplement car elle même a longtemps été dépendante de cette merde. «Je m'en charge. Je ne laisserais pas passer ce genre de choses sur mon bâtiment.» Elle réfléchit un instant avant de se tourner vers le turien. «J'espère que cet incident ne retardera pas notre décollage.» Cela lui remémorait quelques douloureux incidents qui ont rythmés sa jeunesse. Jamais elle n'oubliera ce qu'elle même avait enduré à cause du sable rouge.

Cette histoire de sable rouge l'agaçait au plus haut point. Comment une telle chose avait put arriver sur SON bâtiment ? Alors qu'elle se battait depuis des années contre cette saleté, elle se retrouvait à nouveau impliquer de près ou de loin avec ça. Le lieutenant-commandant regarda un instant le turien en face de lui. Il disait comprendre ce qu'elle ressentait. Mais personne n'aurai vraiment pu comprendre ce qu'elle ressentait, justement car elle-même était tombé dans les méandres du sable rouge. Le turien lui proposa ensuite de se changer les idées. A l'énoncé, elle se demande tout de même si il était vraiment compatissant où si il profitait de sa faiblesse pour pouvoir se rapprocher d'elle. Croisant les bras, elle n'indiqua pas de réponse, voulant s'assurer que les intentions du turien étaient dénué d’intérêt. Remontant sur le pont supérieur, elle espérait bien pouvoir quitter la Citadelle d'ici peu. Elle devrait bientôt régler quelques points avec son équipe concernant son incident, et c'est sur qu'on allait l'entendre. Se concentrant sur le reste du travail entreprit, elle remarqua tout de même que le vaisseau, qui devrait être prêt pour aujourd'hui, ne l'était pas et que cela retarderait donc le décollage. Elle regarda un instant le turien avant d'ajouter. «Et combien de temps prendra le remplacement de ce panneau ? Je pensais que le Pavornus serait opérationnel dès aujourd'hui.»

Elle était maintenant sur les nerfs avec tout ce qu'elle apprenait. Tapant quelque chose sur son ordinateur de bord, elle se retourna vers le turien qui n'hésita encore pas à lui proposer de l’emmener dans un restaurant le temps que les dernières choses soient installées. Se passant une main sur les mandibules, elle se dit qu'après tout, ce n'était pas une mauvaise idée. Ça lui permettrait en outre de se changer un peu les idées après les récentes découvertes d'aujourd'hui. «Bon, j'accepte. Mais ça a intérêt à en valoir le coup. Laissez-moi juste enfiler quelque chose de plus confortable.» Elle se dirige vers sa cabine, entrant en se déshabillant, ôtant son armure pour privilégier quelque chose de plus commun et agréable, des habits de civils en somme. Ressortant quelques minutes plus tard, elle revient au centre de commandement. «Je vous suis.» Il fallait avouer qu'elle avait faim elle aussi et que manger un petit bout ne lui ferait pas de mal.

La turienne sortit donc de la cabine avant de rejoindre le turien. Il fallait avouer qu'elle ne faisait aucune différence entre les turiens. C'était une personne assez simple qui ne se préoccupait pas de savoir avec qui «traîner ou non» . Elle y allait plutôt au feeling. Il fallait dire que le turien ne lui avait pas vraiment tapé dans l’œil, il y a plusieurs choses qu'elle n'arrivaient pas à discerner chez lui et comme à son habitude, elle restait plutôt méfiante. Elle regarda un instant le turien, détaillant un peu son comportement. Il avait l'air assez mal à l'aise, peut-être stressé, elle pouvait le percevoir. Mais que s'imaginait-il au juste ? Ils allaient manger un bout et rien de plus. Cette vision se confirmait. Le turien s'excusait car il n'avait pas pu dégotter un tenue de civil. Il se préocupai de peu à vrai dire. «Ne vous en faites pas. Ce n'est pas bien grave après tout.» Son attitude maladroite arracha un petit mouvement de mandibules qu'on aurait pu interpréter comme un sourire compatissant.

Les deux turiens ne tardèrent pas à sortir du vaisseau, passant par l'habituel SAS de décontamination. Les questions commençaient à fuser. Si elle aimait un type culinaire particulier ? Il fallait dire qu'elle n'y avait jamais vraiment pensé. Elle était plus habituée à manger ses rations pas très appétissantes de soldats qu'a apprécier des mets raffinés. «Si je pouvais manger quelque chose qui change de ma nourriture prémâchée, ça m'arrangerait.» dit-elle avait une point d'ironie dans la prononciation. Ils continuèrent à marcher, en route vers le restaurant. Si il y a bien une chose qu'elle ne connaissait pas dans la Citadelle, c'était les restaurants. Elle avait l'habitude de manger avec son père dans un petit food truck hanari qui servait de la nourriture dextro-aminé. Du coup, sa connaissance des petits endroits chicos et branchés de la Citadelle se résumait à ça. Sans attendre, le turien continua à lui poser des questions. Qu'est-ce qu'il en posait justement, Tanisia n'aimait pas vraiment qu'on la bombarde de questions. Soit il était très curieux, soit il était très maladroit. «Oui et non, cela doit faire bientôt deux ans que je commande le Pavornus. Beaucoup trouverait que cela fait peu de temps, mais je m'y suis tellement attaché que j'ai l'impression que ça fait une éternité.» Elle frétilla des mandibules en repensant aux nombreux souvenirs qu'elle avait pu avoir dans ce rafiot. Toutes les joies, les déceptions. Autant celles des missions réussies que des missions malheureusement échouées. Elle lui apprenait qu'il avait déjà servi dans la Hiérarchie et que son job actuel n'était qu'une reconversion en somme. Il avait vraiment l'air très intimidé, peut-être que c'était elle qui était la cause de cela. Mais il faut avouer qu'elle n'avait vraiment rien d'imposant. «J'ai bien du mal à ma défaire des habitudes de la Hiérarchie. Je n'ai jamais vraiment passé des moments hors du travail avec d'autres personnes à vrai dire.» Ce n'était pas vraiment son habitude de se confier, pensa t-elle. Mais puisque la question était posée, autant y répondre. Le turien tentait un peu d'humour, c'était audacieux mais ça marchait à vrai dire. Elle fit légèrement bouger ses mandibules. «Si je m'en tenais qu'à ça, vous seriez encore à poireauter sur mon pont supérieur.» dit-elle pleine d'ironie. Après tout, elle aussi avait bien le droit de le taquiner.

Ils ne tardèrent pas à entrer dans le restaurant déserté à cette heure-ci. Espérons que les cuisiniers soient encore là. Un repas d'officier ? Qu'est-ce qu'il entendait par repas d'officier au juste ? «Vous savez, les repas d'officiers comme vous dites ne sont pas bien différents de ceux de soldats lambdas.» Elle apprenait qu'il venait de Digéris et qu'il ne connaissait donc pas la citadelle. «Heureusement pour vous que je suis née ici.» dit-elle en bougant légèrement ses mandibules qu'on aurait pu interpréter comme un sourire esquissé. Elle parcoure l'holo-menu. Zappant directement les entrées, elle se dirigeait déjà au plat. Si il y a un bien une chose quelle aimait chez le jeune turien c'est sa simplicité, elle-même n'aimant pas se préoccuper des choses luxueuses. «Vous savez, mon père travaille lui aussi au SSC.» dit-elle afin de continuer la conversation.