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 La petite maison dans la prairie

Alessa N'Mara

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Alessa N'Mara
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MessageSujet: La petite maison dans la prairie   La petite maison dans la prairie Icon_minitimeJeu 28 Aoû 2014, 00:06
Intervention MJ : Oui Début 2185 RP Violent
Alessa N’Mara ♦ Arkus Merkhuri
La petite maison dans la prairie



Les Chroniques d'Alessa - Prélude 1

Horizon. Mer des Ombres / 14 ans plus tôt.

Alessa avait le dos tourné, aussi n’entendit-elle pas entrer dans l’atelier l’homme qui lui apportait une caisse de matériel. L’Asari avait la tête ailleurs. Son attention était entièrement focalisée sur la tâche qu’elle s’efforçait de mener à bien depuis plusieurs jours déjà. C’est ainsi que, les mains couvertes de graisse de moteur, elle ne se rendit pas compte de la présence du nouveau venu. Elle bidouillait dans les entrailles de la vieille moissonneuse-batteuse qui avait rendu l’âme quelques semaines auparavant quand elle entendit soudain la voix rauque et cassée du vieux loup de mer.

— Salut, ma belle ! s’exclama-t-il d’un air jovial. Je te mets ça où ?

Alessa émergea du silence de ses pensées en faisant volte-face pour dévisager le nouveau venu. Elle reconnut immédiatement les moustaches grisonnantes et les yeux azur de son vieil ami : Antonio, un ancien militaire arrivé sur Horizon avec la première vague de colons. Désireux de laisser derrière lui sa vie de soldat, il s’était acheté un joli pied-à-terre dans cette toute jeune colonie humaine, au moment où l’Alliance l’avait annexée pour en faire l’un de ses territoires. Cela remontait à maintenant treize ans et le vieil homme se félicitait d’avoir choisi Horizon comme lieu de villégiature. Il vivait de l’autre côté de la ville, dans un module accolé à une ferme. Son épouse avait tout abandonné pour le suivre dans cette toute nouvelle aventure. De toute évidence, l’un comme l’autre ne regrettaient rien.

Alessa se redressa en se passant le dos de la main sur le front. Son corps était au supplice. Combien de temps avait-elle passé pliée en deux dans le ventre de cette bête en ferraille ? Cela devait faire dans les deux ou trois heures. Le temps avait tendance à passer trop vite quand on avait l’esprit occupé et qu’on ne ressassait pas en continu les erreurs du passé. Alessa en soupira de contentement.

— Tu n’as qu’à mettre tout ça dans le coin, là-bas, finit-elle par répondre en désignant un espace libre sur le plan de travail. Je trierai ça plus tard quand j’aurais le temps.

Le vieil homme s’exécuta sans attendre. Une fois qu’il eut déposé la caisse sur l’établi, il y jeta un coup d’œil intéressé et demanda :

— C’est pour quoi faire toute cette ferraille ? Tu comptes te construire une navette spatiale ou quoi ?
— Non, répondit Alessa avec un sourire en donnant une tape sur la vieille carcasse de la moissonneuse. Les Michaelson m’ont demandé de voir ce que je pouvais en tirer. Avec la moisson qui approche, ils ne peuvent pas se permettre d’attendre que l’Alliance se décide à leur en envoyer une autre.
— Tu m’étonnes, rétorqua Antonio. On ne peut pas compter sur l’Alliance pour ce genre de choses. Il m’a fallu attendre huit mois avant de recevoir la mienne de moissonneuse. Je peux te dire qu’ils m’ont entendu gueuler d’ici jusqu’à la Terre ! Faut pas non plus se fiche de la gueule du monde. Par contre, ils sont bien contents de toucher des crédits une fois la saison des moissons terminées. Mais quand il s’agit de mettre la main à la pate, soudain y’a plus personne. On gagnerait notre temps à demander à ces vauriens de Turiens ; après tout, une partie de nos récoltes finit dans leurs poches.

Alessa haussa les épaules. Que répondre à cela ? Elle partageait l’avis de son vieil ami ; mais elle était loin de pouvoir changer quoi que ce soit aux mentalités. Son nez se mit alors à la démanger ; elle se le frotta du dos de la main en retenant de justesse un éternuement.

— Encore ses fichues allergies ? demanda le vieil homme. (Alessa hocha la tête.) Tu devrais passer au centre médical. Ils doivent bien avoir quelque chose pour ça.
— Ça n’a eu aucun effet, répondit Alessa. Ça finira bien par passer un jour. Faut juste que je m’habitue au grand air. (Elle lui fit un clin d’œil et lui offrit un sourire amical.)

Antonio lui rendit son sourire avant de lui tendre un mouchoir. Il lui désigna son front et son nez tous deux couverts de graisse de moteur.

— Merci, souffla Alessa en essuyant son visage crasseux.
— C’est pas qu’on se fait chier avec toi, ma belle, mais faut encore que je passe en ville chercher deux trois bricoles pour ma femme. Si jamais t’as besoin d’une seconde paire de mains pour mâter la bête, n’hésite pas à demander. J’ai deux ou trois notions de mécanique qui pourraient t’être utiles.

Tandis qu’Alessa lui promettait d’y penser, il prit la direction de la sortie de l’atelier. Au moment d’en franchir la porte, il s’arrêta sur le seuil et se retourna en disant :

— Au fait, Milana, avant que j’oublie, mon fils vient nous rendre visite le week-end prochain. Qu’est-ce que tu dirais de te joindre à nous pour le dîner ? Ça te ferait pas de mal de voir un peu de monde ; de te changer les idées avec des êtres faits de chair et de sang. Alors, partante ? Tu vas voir, mon fils est ingénieur dans l’aéronautique, je suis sûr que vous allez vous entendre.

Le vieil homme tourna les talons et quitta l’atelier. Alessa demeura muette de stupeur. On venait de l’inviter d’office à un dîner sans lui demander son avis. Enfin si, Antonio lui avait demandé son avis ; il n’avait cependant pas attendu d’avoir une réponse de la part de l’Asari avant de prendre la tangente. D’un autre côté, il avait probablement bien fait. Alessa aurait sans nul doute refusé une fois encore si il lui en avait laissé le temps. Déjà un an et demi qu’elle était là et elle n’avait tissé pratiquement aucun lien avec qui que ce soit – hormis Antonio qui s’était entiché d’elle dès le premier jour. Pour sa défense, il faut dire aussi qu’il n’était pas aisé pour une fugitive de tisser des liens avec de parfaits inconnus. Quand on se retrouve ainsi traquée à travers la galaxie comme une vulgaire proie, ce n’est pas évident de faire confiance au premier venu, quand bien même celui-ci est là pour vous tendre la main. On demeure en permanence sur ses gardes, sur le qui-vive, on voit le mal partout et on s’attend en permanence à voir sa fragile couverture voler en éclats pour vous exposer aux yeux de tous.

En arrivant sur Horizon quelques mois auparavant, Alessa avait été contrainte d’endosser une nouvelle identité. Il n’était plus question de Rasa T’Loki. Rasa avait fait partie du groupe mercenaire connu sous le nom d’Eclipse. Les choses avaient cependant très mal fini et Rasa avait été contrainte de disparaître pour éviter de subir les foudres de ses anciens compagnons d’armes. Le fait est qu’il était question de trahison et de bain de sang ; rien d’étonnant donc à ce que les chefs d’Eclipse veuillent sa peau. Aussi Alessa avait-elle modifié son identité en mettant le pied sur Horizon. On la connaissait désormais sous le nom de Milana V’Passi. Elle se faisait passer pour une jeune Demoiselle désireuse de découvrir tous les secrets de la galaxie. Faute d’argent, son voyage avait tourné court et elle devait à présent œuvrer en vue de réunir suffisamment de crédits pour reprendre sa route. Par chance, les Humains vivants sur cette colonie n’étaient pas du genre à poser trop de questions. Personne ne chercha en apprendre davantage sur elle ; personne ne remit en question ses dires ; et tous se montèrent plus ou moins chaleureux avec elle. Les compétences de Milana dans le domaine de la mécanique furent grandement mises à contribution et l’Asari ne repensa pas pendant quelques temps à ses vieux démons. Pendant un temps seulement…

Sentant resurgir les ombres du passé, Alessa secoua la tête et jeta sa clé sur l’établi avant de sortir du garage pour tâcher de prendre un peu d’air. L’après-midi touchait à sa fin et le soleil n’allait pas tarder à amorcer sa descente par-delà l’horizon. La nuit promettait d’être froide. Un petit vent frais soufflait d’ores et déjà sur les champs dorés qui s’étendaient à perte de vue dans toutes les directions. Du haut de la falaise, la vue était tout simplement imprenable. Cela n’avait absolument rien à voir avec toutes les nuances de bleu, de vert et de violet que l’on trouvait sur Thessia, mais tous ces ocres et ces dorés étaient un pur régal pour les yeux. Alessa s’accorda quelques secondes pour profiter de la vue.

Au bout d’un moment, elle finit par se détourner du bord de la falaise pour faire face à la ville. Rien de bien révolutionnaire. Une succession de préfabriqués superposés les uns sur les autres ; en attendant le jour où une ville digne de ce nom sortirait de terre. L’une de ces bâtisses modulables construites sur le même modèle que les autres appartenait à Alessa. Elle se trouvait à deux pas à peine du garage qui abritait son atelier. Elle en prit justement la direction en pensant déjà à la douche chaude qu’elle avait l’intention de prendre en rentrant afin de dénouer les muscles endoloris de son corps.

Dans le ciel, le soleil amorça sa descente et les ombres commencèrent à s’étirer silencieusement
Arkus Merkhuri

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MessageSujet: Re: La petite maison dans la prairie   La petite maison dans la prairie Icon_minitimeVen 29 Aoû 2014, 00:21


Des jours que nous naviguions dans la Travée de l'Attique à escorter des vaisseaux de commerces. Pas d'action, rien de palpitant. Je m'ennuyais dans ma cabine et comme à chaque fois que j'avais un creux dans ma journée je révisais. Je lisais un livre relatant les faits des plus célèbres héros Turiens. Je suspectais le Capitaine Xarius d'avoir laissé de manière délibérée ce bouquin dans la partie commune de L'Imperturbable. Après tout, rien de mieux pour montrer l'exemple que d'utiliser les figures de proue de l'Armée Turienne. En tant que Lieutenant je devais normalement me trouver sur la passerelle mais... Je n'avais pas vraiment envie de m'y rendre. Je ne servirai à rien là haut. Après tout je n'étais ni un navigateur ni un technicien, ma présence était seulement requise en raison de mon grade. Et, j'avais du mal à être aussi... Strict avec moi-même. Le Capitaine me le faisait suffisamment remarquer pour que je puisse désormais faire ma propre autocritique.  Toujours est-il que si je me faisais prendre à flemmarder dans ma cabine, j'allais passer un sale quart d'heure. Je me lève doucement de mon lit, pas vraiment pressé de retourner dans la cohue de la passerelle. Je laisse mon livre choir sur ma banquette, je le terminerai plus tard. Je sors ensuite de ma cabine et je monte les quelques marches qui me séparent du niveau supérieur.

A peine ai-je fait quelques pas que Xarius me fait signe de le rejoindre dans la salle de réunion, séparée de la passerelle par une simple baie vitrée insonorisée. Je le rejoint à grandes enjambées, curieux de ce qu'il veut me dire mais restant néanmoins sur mes gardes. Les émotions de Xarius étaient difficilement décelable et je n'arrivai jamais à savoir lorsque le Capitaine me tendait la main, si c'était pour serrer la mienne ou simplement pour m'en coller une. Mais je crois qu'au fond il m'aime bien et c'est un chouette gars, un bon militaire. Je n'avais rien à redire sur ça. Il m'accueille de sa voix tranchante mais j'y suis habitué.

- "Lieutenant, je ne vous demanderai pas où vous étiez les deux dernières heures. J'ai cependant une mission pour vous. Une mission simple. Je ne veux ni crash, ni cadavres gênant sur le dos, je me suis bien fait comprendre? Cette mission ne demandera en aucune façon vos actions inconsidérées. Vous êtes compétent mais votre principal défaut est votre jeunesse et si vous ne faites pas de conneries monumentales vous serez à ma place un jour ou l'autre. Restez mesuré surtout. La  mission maintenant, nous faisant route vers Horizon, modeste colonie Humaine. Un nouveau type de défense lourde est en installation sur la planète. La Hiérarchie doit savoir si les vaisseaux de commerces Volus qui passent régulièrement près de la planète peuvent être visés ou non. C'est une simple mission de renseignement, vous évaluez la menace et vous repartez, c'est aussi simple que ça. Pour des raisons évidentes de discrétion vous et votre unité atterrirez sur la falaise près de cette ville, au crépuscule. Vous aurez la nuit pour capturer un maximum d'enregistrement vidéo qui seront ensuite analysés sur le vaisseau. Vous serez en civil et si vous vous faites prendre par les autorité la Hiérarchie niera avoir un quelconque lien avec votre présence sur place. Vous avez des questions Lieutenant Merkhuri?"

- "Non Capitaine." Je lui réponds d'une voix ferme. Déjà que j'avais pas eu l'air fin lorsque le Capitaine m'avait repris sur le trou de mon emploi du temps de cette après-midi, autant faire bonne figure. Et quoique j'en dise, le baratin sur la confiance qu'il avait en moi m'avait un peu touché malgré moi.

Je vais prévenir les hommes sous mes ordres de l'ordre de mission, je leur signale aussi que nous devrons mettre les 'capes'. Le jargon pour un vêtement civil. Le mot n'est pas choisi au hasard, pour ce genre de mission, on utilise des grandes capes noires qui couvre l'entièreté du corps. Je me rends ensuite à ma cabine pour enfiler la mienne. Le tissu colle étroitement à me peau de manière à ne pas entraver mes mouvements. Je prends ensuite mon arme de poing : un Predator silencieux que j'attache à ma ceinture. Je n'aurai pas à m'en servir mais mieux vaut être prudent, non? Un message sur mon omnitech me ramène aux préoccupations plus urgentes. L'Imperturbable est dans l'orbite d'Horizon et il ne pourra pas y rester plus de trois minutes. Le risque d'être détecté serai trop grand. Je rejoint mes hommes dans la soute au pas de course. Le Kodiak qui doit nous transporter sur la planète est déjà là, prêt l'envol. Je grimpe dedans avec un mot d'encouragement pour les soldats. Une fois tout le monde rentré, la navette sors de la soute par les deux immenses portes qui se sont entrouvertes pour la laissez passer. Je revois en détail les différents points de la missions, pas question d'hésiter une fois sur place. Le Capitaine m'avait fait part de deux centres d'intérêts concernant les nouvelles défenses d'Horizon. Je décide de scindé mon équipe en deux pour une plus grande efficacité. Et une équipe de six personnes attirerait l'œil, ce qui n'était pas le cas ou en tout cas à une moindre mesure pour une équipe de trois personnes. Je désigne ensuite Quintus Lectus comme leader de l'équipe bis. Je sais que je peux lui faire confiance. Bien qu'un peu plus jeune que moi, il est très compétent et surtout je le connais bien.

Le pilote du Kodiak m'annonce que l'atterrissage est imminent et effectivement après quelques secondes de flottement, la navette heurta le sol avec une certaine dureté.  Nous sortons ensuite du vaisseau de transport à l'écoute du moindre bruit pouvant laisser suggéré que nous avons été repéré. Rien ne vient troubler la douce torpeur de la nuit assez fraiche, tant mieux. Sur ces paroles, je ressers un peu plus la cape sur mes épaules avant de mettre la capuche sur ma tête, comme mes subalternes. Inutiles de hurler sur les toits que des Turiens sont en ville. Ce serait assez mal venu surtout au vue du passif entre nos deux peuples et des tensions encore bien présentes. Je jette un coup d'œil à la falaise que le Capitaine avait évoqué lors du briefing. Elle m'est presque invisible mais je peu tout de même voir la crête se découper très légèrement. Les couchers de soleil doivent être magnifique par ici. Sur un geste de ma main, nos deux groupes prennent une direction  différente. Je regarde rapidement la carte, l'objectif n'est pas loin, il suffit de traverser l'ensemble de préfabriqués que je peux déjà apercevoir à une cinquantaine de mètres puis à descendre une petite colline. Je pourrai faire un détour pour éviter les préfabriqués mais je perdrai sans doute trop de temps et de toute façon, les vêtements civils devraient nous éviter des problèmes. Au pire les capes pourront nous faire passer pour des dealers de la nouvelle drogue en vogue. Je me rapproche des logements provisoires en marchant tranquillement comme si j'étais un habitué des lieux. Je discute aussi avec mes équipiers, rien de compromettant cependant, juste de la pluie et du beau temps.

Je dépasse les premiers empilements de 'boites de conserves' et j'aperçois aussi un garage à me droite. Je ne ralentis pas pour autant. La nuit est fraiche et les rues sont calmes, c'est parfait. Je n'ai même pas un civil en visuel. Mais alors que je songe que cette mission sera plus facile que prévu je tombe nez à nez, au sens strict du terme avec une... Asari. Je sursaute légèrement face à cette nouvelle proximité.

- "Excusez-moi Mademoiselle! Je ne vous avais pas vu." Je lui dit d'un ton bienveillant. J'hésite à baisser ma capuche, je ne sais pas s'il y a des colons Turiens dans le coin ou pas. Mais s'il y en a, ils doivent vivre comme des parias. Aucun Humain n'engagerait de Turiens. Alors en avoir trois face à soit avait de quoi surprendre. Je décide de laisser ma cagoule.

Après un dernier regard pour l'Asari je continue ma route, cependant Janus, l'un de mes équipiers, accélère le pas pour venir à ma hauteur.

- "Lieutenant, nous avons un problème! Cette Asari que nous venons de croiser... Je l'ai déjà vu!"
- "Vos relations sociales m'intéressent au plus haut point caporal mais veuillez vous concentrer sur la mission." Je lui réponds d'une voix assez sèche.
- "Vous ne comprenez pas! Elle est recherchée pour quintuple homicide!"
- "Merde." Je prends quelques secondes pour réfléchir à une nouvelle stratégie. "Bon vous deux vous continuez la mission, elle est prioritaire. Je vais me charger d'arrêter l'Asari et de la ramener au Kodiak. Janus tu prends le relais, je te laisse aussi prévenir l'équipe bis du changement de programme."

Je fais immédiatement volte face vers l'Asari qui a déjà avancé de quelques pas et je m'approche d'elle rapidement tout en sortant mon Predator. Je pointe mon arme sur sa tête pour la dissuader de faire le moindre geste.

- "Et vous! Pas un geste! Vous allez me suivre où je vous colle une balle entre les deux yeux c'est clair?!" Je lui dit fermement mais pas trop fort pour ne pas ameuter tout le quartier.
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MessageSujet: Re: La petite maison dans la prairie   La petite maison dans la prairie Icon_minitimeVen 29 Aoû 2014, 23:05
Alessa était en vue de son modeste studio en préfabriqué quand sa route croisa celle d’un mystérieux individu entièrement drapé de noir dont elle ne put ne serait-ce qu’entrevoir le visage. Effectivement, un capuchon dissimulait les traits de l’individu. Mais sa silhouette était élancée et plus haute que celle de l’Asari. Pour sûr, il s’agissait d’un homme. Il n’était pas seul. Deux autres individus portant la même cape noire le secondaient. Alessa se sentit tout à coup mal à l’aise.

Ces trois inconnus ne lui disaient rien qui vaille. Des décharges électriques remontèrent le long de son échine et un frisson d’appréhension la saisit. Cependant, en percevant la voix du mystérieux inconnu, Alessa sentit la pression retomber. La voix de l’homme s’était voulue bienveillante.

— Excusez-moi, Mademoiselle ! Je ne vous avais pas vue, souffla la voix sous le capuchon.
— Ce n’est rien, c’est moi qui m’excuse, rétorqua Alessa en se fendant d’un sourire avant de s’écarter pour reprendre sa route.

L’Asari s’éloigna rapidement en serrant les poings. Ses mains tremblaient sous le coup de l’adrénaline. On aurait pu croire qu’avec le temps, elle aurait fini par s’habituer au fait d’être en cavale. Loin de là… C’était même devenu pire. À toujours regarder derrière soi pour s’assurer qu’on n’était pas espionné, ou suivi, et on finissait par voir le mal absolument partout. Alessa devait apprendre à lâcher un peu de leste. Elle devait arrêter d’être sur ses gardes en permanence. Neuf ans déjà qu’elle était en cavale ; il était temps qu’elle se fasse à l’idée que son gouvernement avait laissé tomber les recherches. Tout du moins l’espérait-elle. Mais les Asari ont la mémoire longue et une patience à toute épreuve. Quand on peut vivre jusqu’à plus de mille ans, neuf petites années ne représentent rien. Pas même un battement de cils. Si d’ici cinq ou six cents ans Alessa n’entendait plus parler d’eux, là elle pourrait se rassurer.

Et c’était sans compter sur Eclipse…

*Si tu continues comme ça, tu vas finir par perdre l’esprit pour de bon* se dit Alessa en se passant une main sur le visage pour faire disparaître la fine pellicule de sueur qui s’était formée sur son front sous le coup de la montée d’adrénaline. Elle inspira un grand coup et reporta ses pensées sur cette douche qui l’aiderait à détendre ses muscles endoloris et à soulager son esprit tourmenté. *Tu ne risques rien ici. Personne n’aurait l’idée de chercher une fugitive asari dans une colonie humaine. Et personne ici ne connait ta véritable identité. Tu es là depuis plus d’un an. Si quelque chose avait dû se passer, ce serait déjà arrivé depuis longtemps.*

Cependant, elle n’arrivait pas à se défaire de cette terrible sensation qu’elle ne s’était que trop attardée sur Horizon. Une peur viscérale qui lui nouait les tripes. Les trois premières années de sa cavale, c’est tout juste si elle avait pris le risque de rester au même endroit plus de quelques jours. Oméga avait été l’exception. Elle y avait passé cinq ans et le résultat s’était avéré catastrophique. Était-elle en train de refaire la même erreur ? Rester sur Horizon était-il trop risqué pour elle ?

Se rendant compte qu’elle avait dépassé depuis longtemps son domicile, Alessa s’arrêta. Elle était sur le point de faire demi-tour quand une voix lui souffla à l’oreille :

— Eh vous ! Pas un geste ! (Alessa s’immobilisa complètement. Elle avait même arrêté de respirer sur le coup de la surprise.) Vous allez me suivre ou je vous colle une balle entre les deux yeux, c’est clair ?! (Pour appuyer la menace, une arme effleura l’arrière du crâne de l’Asari.)

Prudemment, Alessa leva les mains. Elle n’avait absolument aucune idée de ce qui était en train de se passer. Cette colonie était assez reculée et suffisamment calme pour n’avoir enregistré aucun trouble de l’ordre public depuis sa fondation. Ni vol ni attaque quelconque ; aucune agression ; aucun délit et aucune plainte d’aucune sorte. Était-ce là le début d’une nouvelle ère ? Alessa en doutait…

— Que me voulez-vous ? demanda-t-elle, sa voix tremblant tout juste assez pour feindre l’innocence. (D’un autre côté, Alessa n’avait à produire aucun effort particulier : au fond d’elle-même, la peur avait pris le pas sur la raison. Elle ne comprenait pas ce qui se passait ; mais l’arme pointée sur sa tête avait l’air tout ce qu’il y a de plus réel.) Je n’ai aucun crédit sur moi, si c’est ce que vous cherchez, continua-t-elle. Je vous en prie, ne me faites pas de mal. Par pitié.

Alessa fit mine de tourner la tête vers l’arrière, mais quelque chose l’en empêcha. De toute évidence, celui qui la tenait en joue ne voulait pas qu’elle découvre sa véritable identité. Néanmoins, du coin de l’œil, Alessa repéra une étoffe noire et le bord d’un capuchon. Immédiatement, elle fit le rapproche¬ment avec l’homme qu’elle avait bousculé quelques instants plus tôt. Que lui voulait-il ? Cherchait-il à se venger d’un quelconque affront ? Sa voix avait pourtant paru si avenante…

*Ne jamais se fier aux apparences, tu le sais mieux que personne.*

Ramenant lentement les mains vers l’arrière de son crâne, Alessa joignit les doigts. Non pas qu’elle se croyait en présence d’un individu susceptible de lui passer les menottes, mais mieux valait jouer le jeu jusqu’au bout le temps d’en découvrir davantage. Pour ce qu’elle en savait, ce pouvait tout aussi bien n’être qu’un malentendu. Ou une vulgaire plaisanterie – même si l’Asari en doutait.

— Que me voulez-vous ? répéta l’Asari. (Elle n’avait pas encore obtenu de réponse à cette question.) Si ce sont des objets de valeur que vous cherchez, je n’en ai pas non plus. Vous n’avez qu’à fouiller par vous-même. Je ne porte rien qui puisse vous rapporter des crédits. Laissez-moi partir, pitié. Je promets de ne pas en parler aux autorités. Je le jure par la Déesse.
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MessageSujet: Re: La petite maison dans la prairie   La petite maison dans la prairie Icon_minitimeMar 02 Sep 2014, 23:32


Une arrestation sur le fil

Blizzard by Two Steps From Hell on Grooveshark



La situation était pour l'instant sous mon contrôle bien que je redoutais l'arrivée de difficultés assez importantes. Après tout, un humain pouvait sortir à tout moment de son habitation et me voir entrain de menacer l'Asari avec le canon de mon arme. Et il préviendrait sans nul doute les autorités s'il ne décidait pas de faire justice lui-même. Il fallait que je reste discret ou tout pourrait rapidement dégénérer. Sans oublier que je n'étais pas seul sur cette affaire, si l'armée commençait à s'en mêler il y avait des chances qu'ils repèrent mes soldats ou encore le Kodiak. Mes prochaines décisions allaient être déterminante pour la suite. Je préférai oublier mes doutes, après tout, peut-être aurais-je dû me concentrer sur la mission en cours plutôt que de décider de mon propre chef d'arrêter une fugitive. Sans compter qui si l'Asari était bel et bien responsable des homicides, il ne s'agissait surement pas d'un enfant de cœur mais sans doute d'un combattant hors-pair. Et je préférai me méfier des capacités biotique qu'elle possédait surement. C'est pour cela que je maintenais une distance de sécurité optimale.

- "Que me voulez-vous ? Je n’ai aucun crédit sur moi, si c’est ce que vous cherchez.Je vous en prie, ne me faites pas de mal. Par pitié."

J'hésite sur la conduite à tenir, je sais pertinemment que je ne peux lui dire que je suis un soldat Turien. Elle ferait le rapprochement avec les deux hommes en capes avec moi qu'elle avait déjà croisé et elle aurai deviné qu'une opération de la Hiérarchie était en cours sur la planète. Ce qui au vue des relations tendues entre les peuples Humains et Turiens pouvait très bien signifier le début d'une nouvelle guerre. Après tout, les Humains digéreraient sans doute assez mal le fait que l'armée Turienne opère sur son sol. A juste titre d'ailleurs, l'inverse serait un sacrilège. Préparant soigneusement ma réponse, je réfléchis vite à une explication plausible.

- "Que me voulez-vous ? Si ce sont des objets de valeur que vous cherchez, je n’en ai pas non plus. Vous n’avez qu’à fouiller par vous-même. Je ne porte rien qui puisse vous rapporter des crédits. Laissez-moi partir, pitié. Je promets de ne pas en parler aux autorités. Je le jure par la Déesse."

Si je n'avais pas à agir sous couverture, la situation aurait pu être tellement plus simple. J'hésitais à me faire passer pour un mercenaire, après tout je n'avais pas eu accès à son dossier et je ne savais pas le moins du monde si elle avait chuté dans la criminalité. Me faire passer pour une petite frappe ne me rendrait pas dangereux à ses yeux, quoique son attitude plus que soumise depuis le début de notre "conversation" me laissait penser qu'elle n'était pas vraiment dangereuse, mais je restais sceptique. On ne pouvait pas assassiner de personnes si on était faible et le comportement qu'elle laissait entrevoir n'était peut-être qu'un leurre. Ou alors elle était innocente mais peu importe, je ne suis pas enquêteur.  Toutes mes hypothèses ne m'amenaient malheureusement pas bien loin, je pouvais toujours spéculer mais à quoi bon? Dans ce cas là autant faire au plus simple. Me perdre dans une histoire sans queue ni tête serait la pire situation possible.

- "Vous me suivez. Pas de discussions ou je tire. Pas de cris ou je tire. Pas de mouvements brusques ou je fais feu encore. Il ne vous arrivera rien si vous faite précisément ce que je vous dit de faire. Vous ouvrez la marche. Je ne vous veux sincèrement aucun mal." Je parle doucement mais d'une voix ferme. Et dire que toutes mes réflexions m'ont mené à l'explication la plus basique qui soit. Décidément, je n'étais pas fait pour l'improvisation quoique les histoires les plus courtes sont les meilleurs non? La dernière phrase que j'avais prononcé avait surtout vocation à la calmer, à la rendre docile, et puis j'étais sincère, je ne lui voulait pas vraiment du mal. Elle doit comparaître devant la justice de son peuple, ce n'est pas à moi d'en décider mais c'était la loi tout simplement.

Un plan se forme dans mon esprit. Je sais qu'il y a une trousse de secours dans le Kodiak avec du matériel de soin pour des blessures relativement grave et notamment des anesthésiants. Si j'arrive à l'amener à la navette lui injecter le produit ne devrait pas être particulièrement compliqué et suivant le dosage elle pouvait très bien dormir pour plusieurs heures. La partie difficile résidait dans la marche qu'il fallait faire jusqu'au Kodiak. J'appuis doucement le canon de mon arme contre sa nuque pour la faire avancer.

- "Allons-y. Vous avancez tout droit." Je lui murmure de nouveau en la guidant dans les rues les plus obscures pour sortir rapidement et discrètement de l'empilement de boites de conserves.





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MessageSujet: Re: La petite maison dans la prairie   La petite maison dans la prairie Icon_minitimeJeu 04 Sep 2014, 21:05
Alessa gardait les mains jointes derrière sa tête. Elle attendait toujours une réponse de la part de celui qui la tenait en joue. À part son sexe, elle ignorait tout de son assaillant. Choisir de passer à l’offensive était un pari pour le moins risqué. Bien trop d’informations lui faisaient défaut : taille et poids de son opposant, développement de sa musculature, sa force, etc. Elle avait beau être rapide et agile, parfois cela ne suffisait pas. Qui plus est, en plus d’avoir gardé son identité secrète, son assaillant tenait entre les mains une arme à feu. Alessa n’en avait pas sur elle. Elle n’avait que son couteau. Elle n’avait donc pas l’avantage pour le moment et se voyait contrainte de devoir attendre un moment plus propice.

Aussi se contenta-t-elle d’observer. Jouant la carte de la couverture à fond, elle s’efforça de demeurer aussi peu menaçante que possible. Après tout, Milana n’avait rien à se reprocher. Officiellement, elle n’était qu’une mécanicienne ; une Demoiselle asari dont l’exploration de la galaxie avait tourné court, faute de crédits. Personne ne se doutait de sa véritable identité. C’est en partie la raison pour laquelle elle se demandait ce que lui voulait cet homme. Pourquoi ne répondait-il pas à ses questions.

— Vous me suivez, finit par dire l’inconnu. (Un ton ferme et sans appel ; mais dépourvu de la moindre once d’agressivité.) Pas de discussions ou je tire. Pas de cris ou je tire. Pas de mouvement brusque ou je fais feu encore. Il ne vous arrivera rien si vous faites précisément ce que je vous dis de faire. (Alessa hocha lentement la tête.) Je ne vous veux sincèrement aucun mal.

*Tu parles* rétorqua mentalement l’Asari. Son assaillant la prenait pour une débutante. Alessa n’était cependant pas dupe. Ayant suivi une formation militaire, elle savait repérer les tentatives de coercition visant à rendre un otage docile. Cela lui permit néanmoins d’en apprendre plus sur cet individu qui la menaçait. Tout comme elle, il était militaire de formation. Dans l’armée ou dans les forces de l’ordre. Peut-être était un mercenaire œuvrant pour un parti privé. Était-il de mèche avec Eclipse ? Était-ce la raison de sa présence ici ? Était-il venu pour elle ?

Alessa sentit tous ses muscles se paralyser. La peur s’était insinuée dans son esprit et elle recommençait à voir le mal partout. Se pouvait-il que son ancien employeur soit parvenu à retrouver sa trace en l’espace de seulement quelques semaines ? Elle refusait d’y croire. Eclipse avait beaucoup d’influence et de sources possibles d’informations, mais pas en dehors des systèmes Terminus. Rares étaient ses membres à s’aventurer à l’intérieur des frontières de l’Espace Concilien. Alessa elle-même n’avait pas pris le risque de transgresser la frontière durant tout le temps où elle avait servi au sein de ce groupe sous les ordres de Jona Sederis, sa fondatrice. Alors voir l’un de ses mercenaires débarquer ici, dans un système sous contrôle de l’Alliance… Impossible !

— Allons-y, finit par reprendre l’inconnu. Vous avancez tout droit.
— Pour aller où ? demanda-t-elle, brusquement tirée de ses sombres réflexions.

Pas de réponse. Le canon de l’arme s’enfonça un peu plus dans la nuque de l’Asari qui consentit enfin à se mettre en mouvement. D’abord, son ravisseur et lui remontèrent l’avenue principale avant de se replier rapidement sur les ruelles secondaires, bien plus obscures et moins fréquentées une fois la nuit tombée. Certes, aucun délit d’aucune sorte n’avait jamais été commis dans cette toute jeune colonie, cependant, les gens refusaient de prendre des risques. La peur du noir était une peur assez commune que l’on retrouvait chez toutes les races pensantes de la galaxie. Les Humains d’Horizon n’étaient pas une exception ; aussi se tenaient-ils loin des axes secondaires pauvrement éclairés pour se cantonner à l’avenue principale qui brillait comme un phare dans la nuit. C’est donc sous le couvert des ombres, dissimulés dans les ténèbres, que le ravisseur de l’Asari lui fit quitter la ville en secret.

Alessa et son geôlier mirent mine de rien près d’une vingtaine de minutes pour traverser la petite ville en toute discrétion sans attirer l’attention de ses habitants. Une fois dans les champs, ils accélérèrent le pas un moment afin de mettre un peu de distance entre les préfabriqués et eux. C’est au détour de la troisième colline, qui leur masqua définitivement le village agricole, qu’Alessa ralentit l’allure.

— Où m’emmenez-vous, au juste ? Qui êtes-vous et qu’est-ce que vous me voulez ? demanda-t-elle.

Sa voix tremblait toujours ; mais il s’agissait d’une diversion. Pendant qu’elle occupait son geôlier avec cette discussion parfaitement anodine, son cerveau, lui, était en pleine ébullition. En toute discrétion, elle faisait courir son regard sur son environnement, à la recherche d’une porte de sortie. Libre de ses mouvements, elle n’était ni menottée ni ligotée. La nuit était d’encre et des champs arrivés à maturité s’étendaient de part et d’autre du chemin de terre sur lequel son geôlier et elle se trouvaient. Tout ce qu’elle avait à faire, c’était détourner l’attention de son assaillant juste assez longtemps pour pouvoir disparaître dans l’une des parcelles de terre à proximité. Une fois perdue au milieu des herbes hautes, son poursuivant aurait toutes les peines du monde à retrouver sa trace. Peut-être même finirait-il par laisser tomber en fin de compte.

Mais encore fallait-il réussir à le distraire suffisamment longtemps…
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MessageSujet: Re: La petite maison dans la prairie   La petite maison dans la prairie Icon_minitimeSam 06 Sep 2014, 18:06


La campagne, ça vous gagne.

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- "Pour aller où ?"

La réplique pour le moins naïve manqua de m'arracher un sourire. Le doute commençait peu à peu à disparaitre de mon esprit. Après tout, la fragilité qui émanait de l'Asari était assez désarmante. Mais une sensation persistante me faisait penser qu'elle cachait des choses et surtout de capacités. On ne commettait pas un massacre comme celui dans lequel elle était impliquée sans un bon entrainement. Après tout, sans être un fin psychologue, j'étais déjà suffisamment expérimenté pour voir que quelques chose clochait. Elle n'aurait pas dû réagir comme cela, être si soumise, c'était totalement incohérent. Un civil aurait tenté quelque chose de concret c'était une certitude. Je ne sais pas, n'importe quoi! S'enfuir en courant, tenté de prévenir des secours, hurler, me frapper même si cela me paraissait un peu audacieux. Sans aller jusque là, la logique aurait voulu qu'elle tente au moins une chose, c'était évident.  A ces pensées, je resserre la prise de mon arme, le doute refaisait surface et de manière nettement plus importante. Accélérant le pas de manière assez importante, je le guide dans les ruelles sombres d'un pas rapide.

Je camoufle également mon arme de poing sous ma cape de manière à ce qu'en cas de rencontre avec un patient nous n'ayons pas l'air suspect. Même si notre mode de déplacement, l'un derrière l'autre, ne laisserait pas planer le doute très longtemps. Nous traversons la ville assez rapidement et je me permets de souffler un peu lorsque nous dépassons les dernières habitations. Nous avons eu de la chance de ne croiser personne. Horizon était décidément une colonie bien tranquille et cela m'arrangeait bien. Une trentaine de minutes se sont écoulées depuis le fractionnement de mon équipe. Il est temps que je vienne aux nouvelles, il s'est peut-être passé quelque chose d'inattendu. Je chuchote dans mon oreillette de manière à ce que mon otage ne comprenne pas ce que je dis. Elle doit cependant bien entendre des chuchotements mais peu importe. La mission originale est de toute façon bien plus importante que celle-ci. Il ne s'agit ici que d'un bonus.

- "Janus, où en êtes-vous?"

- "Nous sommes sur le retour Lieutenant, nous avons des copies des plans des zones de défense prioritaire de la colonie. Tout est clair de notre côté. Nous serons à la navette dans 30mn le temps de retraverser la ville."

- "Bien.  Equipe bis à vous."

- "Des complications de notre côté, nous avons dû neutralisé un garde. Seulement assommé bien sûr, il ne nous a pas vus. Nous serons à la navette dans 40 à 45mn."

- "Très bien messieurs, bonne chance à tous. J'achemine la fugitive jusqu'à la navette. Arrivée estimée dans 10mn."

Je coupe la communication d'une simple pression sur mon oreillette. Nous avançons rapidement et la communication m'avait suffisamment absorbée pour que je ne remarque pas tout à fait le changement d'environnement. Nous étions désormais sur une colline bordée de terrains agricoles. Des fermes étaient même visibles çà et là. Le paysage même s'il n'était plus que partiellement visible à la lueur des étoiles me semblait très doux. Relativement vallonné mais pas de montagnes abrupt. La falaise près de laquelle le Kodiak nous avait laissé ne devait plus être très éloignée. Je pouvais la deviner sur ma droite.

- "Où m’emmenez-vous, au juste ? Qui êtes-vous et qu’est-ce que vous me voulez ?"

Des jérémiades, encore des jérémiades. Comme un être aussi plaintif avait pu supprimer des vies, sans était presque vexant pour les victimes. A moins encore une fois que ce ne soit qu'une comédie. Mais je n'étais pas près de parier pour l'une ou l'autre des hypothèses, le résultat me paraissait beaucoup trop incertain. Je me permets de ressortir mon arme de sous ma cape, après tout la rencontre avec un fermier nocturne me parait fortement improbable. Mon arme de poing est suffisamment éloigné d'elle pour ne pas lui permettre, si elle en venait à se retourner à toute vitesse, de me désarmer.

- "Je vous l'ai déjà dit. Je ne vous veux aucun mal. Vous détenez juste... Quelque chose que je désire. Mais rien qui ne mettra votre vie en péril si vous suivez précisément mes instructions."

Je m'en tiens au début à mon explication d'origine mais, pris d'une inspiration soudaine je décide de l'intriguer, de lui donner matière à réfléchir. Et puis encore une fois je ne mens pas. Elle détient... Des souvenirs. Ceux de l'homicide. Et seuls ceux là pourront déterminer de sa culpabilité ou non. Les fourrés que nous traversons sont particulièrement sombre et nous descendons une légère pente douce qui nous amènera au niveau des champs qui bordent la falaise, là où le Kodiak est posé... Je me rends soudainement compte de la stupide erreur que j'ai commise. Bordel. Je ne l'ai même pas attaché. Certes cela aurait été visible mais cela aurait plus que limiter le risque de fuite et maintenant c'était trop tard, si je m'approchais suffisamment pour lui attacher les poignets, elle en profiterai peut-être pour m'attaquer et je préférai jouer la carte de la prudence. La personne qui avançait devant moi était bien mystérieuse et je ne voulais pas jouer avec le feu. Pas aujourd'hui.

Nous arrivons au niveau d'un champ de blé, les pousses sont suffisamment grandes pour battre contre nos genoux. Je regarde autour de moi et j'aperçois enfin la petite loupiote rouge qui signale le flanc du Kodiak. Plus que trois cents mètres à faire et nous y serons.





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MessageSujet: Re: La petite maison dans la prairie   La petite maison dans la prairie Icon_minitimeLun 08 Sep 2014, 22:41
Alessa reporta son attention sur son ravisseur une fois son examen des lieux terminés. La lumière des étoiles et des deux lunes était tout juste suffisante pour ne pas avoir besoin de source artificielle pour y voir clair. Mais le fait est que le visage de son geôlier demeurait toujours un mystère pour la fugitive. Il portait toujours cette cape noire qui dissimulait les traits de son visage. Que cherchait-il à cacher au juste ? Son identité… ou autre chose ? Cette idée avait mis un certain temps à germer dans son esprit, mais il se pouvait tout simplement que son ravisseur ne soit pas humain. Cela ne fit que soulever tout un tas de nouvelles questions auxquelles la jeune femme n’avait pas le temps de réfléchir.

En effet, son geôlier venait de répondre à sa question. Non pas qu’elle s’était attendue à ce qui lui dévoile tous les tenants et aboutissants de sa présence sur Horizon, mais le fait est qu’elle ne s’attendait pas du tout à ce qu’il se montre si avare en informations. Il s’était contenté de lui rétorquer :

— Je vous l’ai déjà dit, je ne vous veux aucun mal. Vous détenez juste… quelque chose que je désire ; mais rien qui ne mettra votre vie en péril si vous suivez précisément mes instructions.

Premier constat de l’Asari : son ravisseur était passé maître dans l’art de la coercition. Il avait une fois encore employé ces tournures de phrases censées faire naître un sentiment de sécurité chez ceux qui les entendaient. « Il ne vous arrivera rien si vous faites ce que je dis » ; « je ne vous veux aucun mal » ; « vous serez en sécurité tant que vous suivez mes ordres » ; « c’est pour votre bien ». Alessa n’était pas dupe à ce point. Quand on ne voulait pas de mal à quelqu’un, on ne braquait sûrement pas une arme chargée sur sa tête en lui susurrant des mots doux. Il y avait donc anguille sous roche…

Second constat : il en avait révélé juste assez pour piquer la curiosité de l’Asari. Selon lui, elle détenait quelque chose qu’il désirait. Mais quoi, au juste ? Un secret ? Un renseignement ? Quoi ?! Alessa était incapable de deviner ce que son ravisseur attendait d’elle exactement. Elle avait été espionne pendant un temps ; elle détenait donc de nombreuses informations. Œuvrer pour Eclipse lui avait aussi permis de mettre la main sur des données compromettantes. Mais son instinct lui soufflait que ce mystérieux ravisseur n’en avait rien à faire des secrets qu’elle détenait. Il désirait autre chose… mais quoi ?

Sans un mot, le ravisseur de la jeune femme lui fit signe de se remettre en marche. Alessa obtempéra à contrecœur. Elle devait à tout prix gagner un peu de temps avant d’arriver à destination. Elle sentait que ses chances de survie tomberait à zéro si elle laissait son mystérieux geôlier la conduire jusqu’à la navette dont il avait fait mention durant son bref échange par radio. D’un autre côté, il se pouvait que cette navette représente sa seule chance de salut. Sa couverture était de toute évidence grillée. Rester sur Horizon n’était donc pas une option viable si elle ne voulait pas y laisser sa peau - autrement dit, si elle ne voulait pas y rester. Elle devrait quitter la colonie dans les plus brefs délais afin de disparaître de nouveau sous couvert d’une nouvelle identité. Avec des soldats entraînés à ses trousses, elle y gagnerait à voler cette navette et à quitter la planète avec.

Alessa était décidée de la marche à suivre quand soudain elle se dit :

*Et si des renforts protègent la navette ? Je suis loin d’être équipée pour affronter tout un commando à moi toute seule. Je ne ferais pas long feu sans soutien.*

En effet, pour l’heure, son ravisseur était seul. Dans un combat rapproché à un contre un, l’Asari était quasi certaine de pouvoir s’en sortir victorieuse. À moins que son adversaire ne soit un Krogan… Mais cela elle en doutait. Il n’en avait tout simplement pas ni la carrure ni le gabarit. De même, elle pouvait aussi éliminer de sa liste les Galariens – trop chétifs. Son geôlier ayant de toute évidence un passif militaire, Alessa réduisit le champ des possibilités à deux races : Humain ou Turien. Comme elle ne comprenait pas pourquoi un Humain aurait eu besoin de se voiler pour se fondre au milieu de ses semblables, elle en conclut qu’elle avait affaire à un Turien. Était-elle dans le vrai ? Si tel était le cas, que pouvait bien faire un Turien sur une colonie humaine ? C’était pour ainsi dire le dernier endroit où elle se serait attendue à croiser l’un de leurs représentants.

Au loin, un affleurement rocheux vint briser la monotonie des plaines couvertes de champs attendant patiemment la moisson à venir. Quelques bosquets d’arbres couvraient les flancs de la colline. Alessa remarqua même la présence d’un petit cours d’eux qui serpentait entre les rochers avant de se perdre dans le lointain. Un endroit calme et discret ; suffisamment reculé pour ne pas risquer que des indésirables ne débarquent à l’improviste, mais suffisamment près de la petite colonie pour qu’une équipe au sol y soit envoyée sous couvert de la nuit. Nul doute que la navette que l’inconnu avait mentionnée à la radio quelques minutes auparavant se trouvait dans les parages. C’était maintenant ou jamais…

Alessa fit mine de trébucher et se laissa lourdement tomber à terre.

— Ah ! s’écria-t-elle en roulant sur le dos en serrant son pied. Je me suis tordue la cheville.

Profitant du centième de seconde d’hésitation qui paralysa son ravisseur, Alessa lui décocha un coup de pied dans la main afin de lui faire lâcher prise sur son arme ; et dans le même mouvement, elle lui décocha un autre coup de pied dans l’articulation du genou afin de le déstabiliser et le faire tomber à terre. Un autre coup bien placé au visage permit à l’Asari de lui faire voir trente-six chandelles.

Sans un regard en arrière, Alessa plongea dans les fourrés les plus proches et dévala une pente douce qui l’amena à la frontière du champ de blé le plus proche. Sans perdre un instant, elle s’y dissimula et traça sa route aussi vite que possible en direction de la colonie que son ravisseur et elle venait juste de quitter. Retourner à son domicile était une erreur tactique ; le genre de chose à ne surtout pas faire si par malheur sa couverture était éventée. Cependant, la jeune femme n’avait pas vraiment le choix. Si elle ne retournait pas chez elle récupérer ses crédits et le reste de ses affaires, ses chances de pouvoir se refaire une nouvelle identité étaient largement compromises. Elle ne pouvait pas faire autrement.

Alessa fendit cet océan d’herbes hautes tel un navire fendant les flots. La prudence serait maintenant de mise. Elle se souvenait de l’échange radio que son ravisseur avait eu avec ses hommes :

— Janus, où en êtes-vous ? (Alessa n’avait cependant pas l’oreille suffisamment fine pour entendre la réponse de son interlocuteur.) Bien. Équipe bis à vous. (D’autres grésillements.) Très bien, messieurs, bonne chance à tous. J’achemine la fugitive jusqu’à la navette. Arrivée estimée dans dix minutes.

Certes, c’était peu d’informations, mais Alessa avait pu en déduire qu’au moins deux autres unités de commandos devaient se trouver dans ou à proximité de la petite colonie. Combien d’hommes en tout exactement ? Elle n’aurait su le dire. L’une des deux équipes devait être composée de deux hommes. Alessa se souvenait avoir croisé son ravisseur en compagnie de deux autres individus avant que celui-ci ne décide de s’en prendre à elle. Quant à l’autre équipe… mystère.

Alessa fendait les herbes comme si la mort en personne courrait après elle. D’une certaine manière, ce devait être le cas. Elle avait certes mis son adversaire hors d’état de nuire pour quelques secondes, le fait est qu’elle n’avait cependant pas pris la peine de le tuer. Une erreur qu’elle regretterait sûrement d’ici très peu de temps. Et dire qu’avant elle n’aurait pas hésité une seule seconde. Ces quelques mois passés sur Horizon l’avaient de toute évidence un peu ramollie. Mais si elle voulait s’en tirer en vie, elle devait à tout prix se ressaisir. Elle était encore loin d’être tirée d’affaire.

Enfin parvenue en vue de la colonie, elle ralentit l’allure et s’immobilisa complètement en bordure de la parcelle de terre. Dissimulée au milieu des herbes hautes, elle s’accorda un instant pour observer le petit village plongé dans le silence. Aucun mouvement en vue. Aucun ennemi. La voie était libre. Mais elle ne bougea pas et demeura dissimulée dans le champ. La ville construite à flanc de colline était un peu trop calme à son goût. Mais le fait est qu’il en avait toujours été ainsi une fois la nuit tombée. Les Humains de ce monde passaient pour ainsi dire toute la journée dans les champs ; pas étonnant donc de les voir fermer les yeux et dormir du sommeil du juste dès le coucher du soleil.

Après s’être accordé encore quelques secondes de réflexion, Alessa se glissa hors de sa cachette tout en ne quittant pas des yeux les lumières de la ville. Se mêlant aux ombres de la nuit, elle progressa en silence le long des axes secondaires tellement peu éclairés que c’est à peine si elle parvenait à voir ses mains tendues devant elle. Et en seulement une dizaine de minutes, elle parvint en vue de son garage. La zone semblait dégagée. Toujours aucun ennemi en vue.

*Où peuvent-ils bien être ?* se demanda l’Asari. Non pas qu’elle désirait retrouver leurs traces et s’en prendre à eux ; mais elle aurait aimé justement savoir où ils étaient pour ne pas se retrouver à croiser leur route par hasard. De deux choses l’une : soit son ravisseur avait laissé tombé la poursuite ; soit, et l’Asari en était quasiment convaincue, son égo en avait pris un sacré coup d’avoir été mis K.O. par une femme et il avait ordonné à ses hommes de traquer la fugitive.

*La voie est libre, c’est le moment d’en profiter* se dit Alessa en choisissant de contourner la place au lieu de la traverser en étant à découvert en pleine lumière. Et c’est par la porte de derrière qu’elle mit les pieds dans son atelier de mécanique. Elle devait faire vite à réunir toutes ses affaires avant qu’on ne retrouve sa trace.
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MessageSujet: Re: La petite maison dans la prairie   La petite maison dans la prairie Icon_minitimeJeu 11 Sep 2014, 00:49


Un retournement de situation dont je me serai bien passé.






La navette n'était plus très éloignée mais nous n'avançons pas vite, surtout que l'Asari tombe à l'instant juste devant moi soulevant ainsi un léger voile de poussière. L'arme toujours braquée sur elle, je ne peux retenir un léger sifflement agacé. Après tout, je ne lui demande que de marcher droit et de la fermer, c'est quand même pas grand chose. A part se lamenter sur son sort, elle ne savait pas faire grand chose! Bon, une autre partie de mon cerveau me signale tout de même que de se faire prendre en otage par un individu en cape n'est pas vraiment sympathique. Mais je lui avais pas fait de violences, je suis finalement assez "doux" comme preneur d'otage. Occupé à rouspéter intérieurement, je ne peux contrer le coup qu'elle m'inflige à la main qui s'ouvre dans un mouvement mécanique sous la douleur, laissant ainsi tombé mon arme. Le second coup de pied qui me cueille au genou est suffisamment puissant pour me faire grimacer sous la surprise et je ne peux que plier la jambe sous la douleur. La voyant prête à passer de nouveau à l'attaque je commence à armer mes bras devant mon visage dans une posture de défense. La force du troisième coup est plus puissante, heureusement une grande partie de la puissance est réceptionnée par mes avant bras mais la longue allonge de l'Asari lui permet de m'atteindre tout de même dans le bas du menton. L'énergie de la dernière attaque me projette violemment vers l'arrière et je me retrouve prostré à même le sol.

Il me faut une bonne dizaine de seconde pour émerger et je ne peux que reconnaitre m'être planté sur toute la ligne. La fugitive avait maitrisé la situation de bout en bout et je ne pouvais qu'être surpris par un tel degré de professionnalisme. Elle m'avait manipuler en se faisant passer pour une personne chétive et craintive et j'étais tombé dans le panneau. Suffisamment pour lui laisser une marge de manœuvre assez importante pour m'attaquer par surprise. Et ces mouvement. Rapide, précis, presque tranchant. Je connaissais ces mouvements. Une chasseresse sans l'ombre d'un doute. J'en avais côtoyer plusieurs fois pour faire des missions communes, je n'en avais cependant jamais combattu. Elle avait la formation en tout cas, c'était un fait, et elle avait la ruse avec elle également. Tout d'un coup, je n'étais pas étonné qu'une telle personne soit recherchée. Coupable ou non, là n'était pas la question. Le gouvernement Asari ne pouvait tout simplement pas laisser en cavale une de leur chasseresse probablement coupable d'homicides. Au moins je ne m'étais pas fait avoir par une débutante, c'était une maigre consolation.

Je me replace les idées en me donnant un léger coup sur le haut du crane. Je me relève ensuite rapidement avant de retrouver mon arme presque à tâtons dans la nuit, encore un peu sonné. Je tourne ensuite sur moi-même essayant de repérer une silhouette floue dans la nuit. Peine perdue, rien ne bouge, tout est calme. Je n'ai pas eu le temps de la voir déguerpir encore trop groggy pour réagir au quart de tour, je n'ai pas même vu la direction générale vers laquelle elle a décamper. J'hésite à survoler la zone avec le vaisseau mais je rejette vite cette idée, je serais vite repéré et le Kodiak n'était en aucun cas fait pour le combat. Sans compter que mes hommes seraient resté sur place... Et puis l'opération devait rester secrète... Je m'apprête à rentrer à la navette pour attendre mes hommes en grognant mais un mouvement est capté par ma vision périphérique.  Je me concentre rapidement sur la forme qui semble flotter au-dessus des arbres de la forêt. Un oiseau sans aucun doute et pour qu'il vole à cette heure là, il lui fallait surement une bonne raison. Quelqu'un avait du le déranger dans son sommeil et j'avais une petite idée du fautif. Je ne peux retenir un léger sourire, la chasse allait pouvoir commencer. Sans compter que la direction qu'elle avait pris était celle de la ville sans aucun doute possible. Sans réfléchir d'avantage je cours dans la direction approximative, je cours le plus vite possible. Merde, j'avais une idée qui allait singulièrement compliqué la tache de la fugitive. Mauvais timing ma belle, tant pis pour toi.

- "Ici Merkhuri. Fugitive en fuite, elle semble avoir pris la direction de la ville. Quelle est votre position?"

- "Nous avons rejoint l'équipe bis au point de ralliement. Nous arriverons à la navette dans une quinzaine de minutes, nous allons sortir de la ville." C'est Janus qui me répond, il semble avoir pris les choses en main et c'est tant mieux. Il m'a bien couvert sur ce coup.

- "Bien, changement de plan. L'Asari est une menace c'est une certitude, sans compter que si on la capture son gouvernement nous en devra une bonne. Je vous demande de crypter les données que vous avez obtenu sur les défenses d'Horizon et de tout envoyer au pilote de la navette, juste au cas où. Surveillez bien les alentours vous devrez la voir passer si elle n'a pas déjà une longueur d'avance sur nous. Je vous rejoins à l'entrée de la ville."

Je me remets ensuite en route. Cette fois je n'emprunte pas la piste que j'ai foulé à l'allé préférant couper à travers les arbres pour gagner du temps. Pendant dix bonnes minutes je courre dans la forêt, je ne prends même pas la peine de sortir mon arme de poing, je sais où elle est. C'est un peu comme un instinct. Quelque chose me dit qu'elle est là-bas, je le sens. Une voix dans mon oreillette viens interrompre ma course. Une bonne nouvelle.

- "Lieutenant! Nous l'avons en visuel, elle rentre dans un garage plutôt excentré de la ville. Je vous transmet les coordonnées."

- "Bon boulot Janus, encerclez la zone et attendez mon arrivée. Ne vous faites surtout pas repérer."

Je me permets de souffler un coup, rasséréné par la nouvelle. Je reprends ma course quelques secondes plus tard. J'adopte une nouvelle fois un rythme rapide, il ne faut pas lui laisser une chance de s'enfuir. Les arbres commencent à s'espacer de plus en plus jusqu'à devenir éparses. Les lumières de la ville finissent enfin par traverser le couvert des arbres. Je jette un coup d'œil à mon omnitech pour prendre la direction du garage. Celui-ci n'est pas très loin et surtout du "bon" côté de la ville. Si j'avais dû traverser entièrement la ville une troisième fois... Bref, j'arrive presque aux coordonnées du garage et je jette un regard furtif autour de moi pour repérer mes hommes. Ils sont bien camouflés car même en sachant ce que je cherche j'ai de la difficulté à les trouver. J'aperçois enfin des silhouettes sombres autour du garage qui n'est au final pas bien grand. Ils sont positionnés à une vingtaine de mètres de l'édifice, les armes pointés vers celui-ci. Le bâtiment est entièrement encerclé mais les soldats restent parfaitement invisible dans la pénombre. Je repère Janus à sa posture, toujours très rigide. Je m'avance vers lui, aussi silencieux et discret que je puisse l'être. J'active également mon communicateur pour que l'ensemble de mes équipiers entendent la discussion. Il faut qu'ils sachent ce qu'ils vont affronter. Me voyant arriver Janus prend immédiatement la parole.

- "J'ai d'avantage d'infos Lieutenant. La fugitive se nomme Alessa N'Mara, elle a fait partie des chasseresses. Elle est soupçonnée d'avoir assassiné son unité." Il me dit cela d'une voix calme avant d'ajouter "L'usage d'armes létales est-elle autorisée?" Je ne retiens pas le taquet que je lui inflige sur l'occiput. Janus ne semblait pas se formaliser du fait que l'Asari soit parvenu à m'échapper. Il devait considérer qu'une chasseresse disposait d'un tout autre éventail de compétences, à juste titre d'ailleurs.

- "Janus, elle est seulement soupçonnée. Ce n'est pas notre boulot ça. Je ne mettrai pas en péril notre véritable mission pour la capturer. J'autorise les tirs non létaux mais dans la mesure du possible retenez vous de faire feu."

- "Bien Lieutenant. Comment opère t-on?"

- "Assaut classique. Grenade flash puis arrestation. Gardez à l'esprit qu'elle est sans doute biotique, restez à distance. En position."

Suite à mes ordre l'équipe tactique se sépara de nouveau en deux groupes, l'un investissant la maison pendant que le mien entrerait par l'atelier. Deux équipes de trois, ça pouvait être suffisant mais je ne devais pas partir trop confiant, l'adversaire en face avait l'air sérieux. Et le combat serait acharné même si le nombre était pour nous. J'avance silencieusement jusqu'au mur extérieur du garage avant de la longer pour être presque collé à la porte de l'atelier mes deux équipiers sur mes talons. L'équipe bis à contourner la maison pour rentrer par l'arrière de manière à ce qu'aucune issue ne puisse servir d'échappatoire. Aucun bruit dans la rue, c'était maintenant ou jamais. Je sors la grenade aveuglante de son étui pour la lancer au moment opportun.

- "Prêt à ouvrir le bal messieurs? 3... 2... 1... C'est parti."

J'ouvre légèrement la porte avant de lancer la grenade dans la pièce. Je referme immédiatement la pièce pour ne pas être aveuglé également. Deux détonations étouffées résonnent à l'intérieur du bâtiment, la seconde de l'autre côté du bâtiment. Je donne cette fois un grand coup de pied dans le porte qui sort de ses gonds. Je pénètre ensuite dans l'atelier  mon arme bien en avant. Mes deux hommes me suivent comme mon ombre.





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MessageSujet: Re: La petite maison dans la prairie   La petite maison dans la prairie Icon_minitimeJeu 11 Sep 2014, 21:27
Une fois à l’abri à l’intérieur de son atelier, Alessa ne perdit pas une seconde pour se mettre au travail. Elle avait au mieux cinq à sept minutes d’avance sur ses adversaires. Et encore, elle était loin d’en être sûre. Son estimation était basée sur le temps que mettrait selon elle son assaillant pour recouvrer ses esprits et se lancer à sa poursuite. Le fait est qu’il n’avait pas l’air d’être venu seul sur Horizon. Or, elle ignorait où se trouvaient ses renforts. Peut-être étaient-ils déjà sur place, en ville. Auquel cas, autant revoir son estimation à la baisse et s’attendre à un assaut imminent.

La porte à peine refermée derrière elle, Alessa traversa le petit atelier sans prendre la peine d’allumer la lumière. Une erreur de débutante qu’elle n’avait pas l’intention de faire. Déjà qu’elle prenait de très gros risques en remettant les pieds ici, inutile en plus de signaler à ses éventuels poursuivants où elle était et comment la tirer comme un lapin complètement sans défense. Qu’ils ne comptent pas sur elle pour leur faciliter les choses. Alessa était prête à défendre chèrement sa vie si nécessaire. Après tout, elle faisait tout pour qu’on l’oublie et qu’on la laisse tranquille. Elle n’avait pas demandé à être traquée de la sorte. Qu’on ne vienne pas lui reprocher ensuite d’avoir voulu défendre sa vie !

Sous l’établi occupant la majeure partie du mur du fond, Alessa trouva une caisse en métal qu’elle tira de sous la table de travail. À l’intérieur, ses effets personnels qu’elle préférait autant que possible garder à portée de main : son vieux M-6 Carnifex qu’elle avait gardé du temps où elle œuvrait au sein d’Eclipse, un datapad rempli de crédits à même de lui permettre de recommencer sa vie sur une autre planète et un sac de vêtements de rechange contenant tout son équipement de première nécessité.

Alessa n’avait pas le temps d’en vérifier le contenu. Un coup d’œil à son OmniTech l’informa que deux minutes s’étaient d’ores et déjà écoulées. De deux choses l’une : soit elle avait eu tort de croire qu’on se lancerait à sa poursuite ; soit ses assaillants se regroupaient pour préparer une attaque éclair. Dans un cas comme dans l’autre, mieux valait pour elle ne pas s’attarder plus longtemps ici.

La fugitive jeta son sac sur son épaule et retourna sans bruit vers la porte arrière du petit atelier. C’est alors que ses tripes se nouèrent et qu’un sentiment de danger éminent la saisit. C’est comme sentir le vent tomber soudainement avant que ne rugisse la tempête. Cette étrange sensation de calme avant la tempête ne lui était pas inconnue. Elle avait déjà eu l’occasion de la ressentir à de très nombreuses occasions. Un frisson qui parcourt rapidement votre échine ; le doute qui se saisit de vous. Impossible de se retenir de jeter un œil par-dessus son épaule. La chair de poule qui vous gagner brutalement.

Resserrant sa prise sur son Carnifex, Alessa s’approcha précautionneusement de l’une des fenêtres. À l’extérieur, la petite colonie semblait paisiblement plongée dans les bras de Morphée. Aucun mouvement en vue, aucun bruit. Même les oiseaux s’étaient tus ; de même que ces étranges insectes que les Humains appelaient cigales et qui avaient perturbé les nuits de l’Asari pendant des semaines. À croire que le monde s’était brusquement arrêté de tourner pour retenir son souffle.

*Ils sont là… quelque part* se dit l’Asari en balayant la place qui s’étalait devant son atelier. *Je peux sentir leur présence. Mais qu’attendent-ils exactement ? Pourquoi n’ont-ils pas encore attaqué ?*

Une petite voix dans sa tête lui répondit qu’ils peaufinaient leur plan d’attaque. Durant ses années de service au sein de la Milice, elle avait étudié toutes leurs tactiques militaires et leurs techniques de combat. Une partie de son style de combat à elle était entre autre basé sur la lutte turienne. Les Turiens n’avaient donc pratiquement aucun secret pour elle. Elle savait exactement où frapper pour blesser, paralyser, ou même tuer. Même qu’à une ou deux occasions, elle avait été amenée à travailler de concert avec la Hiérarchie sur une mission particulièrement épineuse.

*Et pourtant, cela n’a pas empêché l’un d’entre eux de te mener en bateau tout ce temps. Un Turien, tu as laissé un Turien te mener à la baguette…*

Alessa manqua de se rappeler elle-même à l’ordre. Ce n’était certainement pas le moment de perdre la tête ; pas alors que le danger était éminent. Aussi se ressaisit-elle avant de retourner sur ses pas en vue de quitter la sécurité illusoire de son abri. Cependant, à peine eut-elle entrouvert la porte qu’elle s’empressa de la refermer vivement. Elle avait capté un subtil mouvement au milieu des ombres. Il ne lui en fallait pas plus pour savoir que ses craintes étaient confirmées. Elle était en danger.

Alessa s’empressa de retourner à la fenêtre pour balayer la place du regard. Rien. Mais elle n’était pas dupe pour autant. Si une équipe tentait une approche par l’arrière du bâtiment, une autre allait forcément attaquer par devant. Autant dire qu’elle était prise au piège.

*Pas de panique. Tu as encore une petite chance de t’en sortir. Tu dois garder la tête froide.*

L’Asari s’éloigna de la fenêtre en balayant rapidement l’atelier du regard. Elle avait au bas mot trente secondes avant que les Turiens enfoncent les portes. Ce ne serait jamais suffisant pour mettre sur pied un plan d’évasion. Elle ne pourrait pas échapper à un affrontement direct. Hélas, elle ignorait toujours quelles étaient les forces en présence. Aurait-elle à faire à trois ou à trente Turiens ? Et quelle était leur expérience du terrain ? Était-ce juste une équipe de bleus ou un commando surentraîné ?

Peu importe, la doctrine militaire turienne était réglée comme du papier à musique. Difficile dans ces cas-là de vraiment prendre l’adversaire par surprise. De fait, Alessa n’eut aucun mal à anticiper chacun de leurs mouvements : d’abord, ils enverraient une grenade aveuglante. Quand bien elle ne semblait pas représenter une grande menace, les Turiens ne prenaient que très rarement des risques. Ils suivraient leurs protocoles militaires à la lettre jusqu’au bout. Une fois la cible assommée par la détonation et le flash de la grenade, une seule des deux équipes entrerait pour tenter de l’abattre sans risquer de faire feu sur un allié venant d’en face. Dans la précipitation, un tir croisé était si vite arrivé. L’autre équipe se contenterait certainement de tenir l’autre porte en joue, prête à faire feu si la cible tentait de prendre la fuite. Le tout était de parvenir à anticiper quelle serait l’équipe à investir les lieux…

Alessa devina que ses trente secondes étaient écoulées. Comme de fait, les portes de part et d’autre de la vieille bâtisse s’ouvrirent à une demi-seconde d’écart et deux grenades rebondirent sur le sol en roulant vers le centre de la pièce. Alessa se ramassa sur elle-même presque instantanément et érigea autour d’elle une barrière biotique qui l’isola du reste du monde au moment où survint l’assourdissante déflagration. À défaut de la protéger complètement, la barrière absorba une bonne partie de l’onde de choc. Une partie du son fut également étouffé et Alessa ne souffrit que d’un léger bourdonnement qui disparut au bout de quelques secondes. Ayant fermé les yeux, elle parvint à se soustraire également à la tentative d’aveuglément. Dès lors, elle n’eut pas le temps d’hésiter : gauche ou droite ?

Gauche ! Au mieux, elle prenait par surprise l’équipe qui entrerait pour la maîtriser ; au pire, peut-être sa barrière biotique tiendrait-elle le choc le temps qu’elle puisse se mettre à couvert. C’était un pari ô combien risqué, mais avait-elle le choix ? Pour sûr, elle n’avait pas le temps de se décider. Et dans ces moments-là, une seconde de réflexion pouvait être tout aussi fatale que de simplement passer à l’action et voir ce qui en découlait. Aussi se jeta-t-elle sur la porte de gauche juste avant de découvrir que c’est par elle que comptait entrer la première équipe d’intervention.

Profitant de ces quelques centièmes de seconde d’effet de surprise qui s'offraient à elle, Alessa passa à l’offensive avec le fol espoir de pouvoir se frayer un chemin vers la liberté à travers le commando turien. Son sac risquait cependant de la gêner. Aussi s’en débarrassa-t-elle à la première occasion qui se présenta à elle en le jetant de toutes ses forces par-dessus la tête du petit commando turien. À noter que la porte à l’avant du garage était suffisamment haute pour laisser passer un engin de la taille d’une moissonneuse. Aussi Alessa n’eut-elle aucun mal à faire en sorte que son sac ne soit plus un poids mort sur ses épaules.

Dès lors, libre de ses mouvements, elle se glissa devant le premier assaillant et repoussa son arme du plat de la main pour en dévier le premier tir. Puis, lui décochant un coup de poing dans le bas ventre, elle profita de la diversion pour s’attaquer au second soldat qui se présenta. Cependant, il n’était pas seul. Deux armes se braquèrent sur Alessa sans qu’elle puisse avancer suffisamment près pour frapper la première. Instinctivement, elle leva son arme pour tirer mais n’en fit rien. Voyant ses adversaires se préparer à faire feu, elle plongea en avant et fit une roulade dans le minuscule espace qui les séparait au niveau de leurs pieds. Les Asari n’étant pas taillées pour le combat frontal, elles mettaient l’accent sur la ruse et l’agilité pour se sortir de presque toutes les situations. Alessa ne dérogea pas à la règle.

Force est de constater qu’elle était parvenue à prendre ses adversaires par surprise. Pour sûr, celle-là, ils ne l’avaient pas vue venir. Mais le fait est qu’ils n’étaient pas des débutants pour autant. Entraînés, ils étaient suffisamment disciplinés pour s’adapter à la situation. À peine l’Asari venait-elle de mettre la main sur son sac qu’une rafale de tir manqua la lui arracher du reste du corps. Elle ne dut son salut, en toute honnêteté, qu’au caillou sur lequel son pied glissa. Une autre rafale rasa le sol à côté d’elle – mais une roulade lui permit de trouver un abri derrière le petit muret qui ceignait la place centrale.

*Une piètre couverture* se dit l’Asari, avachie au sol derrière le muret faisant à peine une soixantaine de centimètres de haut.

Une nouvelle rafale la fit rentrer la tête dans les épaules instinctivement. Elle avait épuisé ses réserves de chance, elle le savait.  Ses adversaires ne se feraient pas avoir une seconde fois. Elle devait trouver une échappatoire et vite. Aussi balaya-t-elle son environnement pour découvrir qu’elle se trouvait du mauvais côté de la place publique : devant elle se trouvait le précipice et la falaise ; les Turiens, quant à eux, lui coupaient toute retraite et l’empêchaient de prendre la fuite dans les rues obscures de la ville.

*Et merde !* jura-t-elle en se mordant la langue de rage. *Faite comme un varren ! Par la Déesse !*

Alessa voulut jeter un rapide coup d’œil par-dessus le muret, mais une nouvelle rafale la contraignit à se rabattre derrière sa pathétique ligne de défense. Elle ne tiendrait pas longtemps ainsi acculée. Et le peu qu’elle avait pu voir ne présageait rien de bon : les Turiens se regroupaient. D’un instant à l’autre, ils avanceraient sur sa position et elle serait obligée de se rendre. Elle n’avait pas l’intention de quitter ce monde si jeune. Si l’occasion se présentait à elle, elle choisirait de survivre.

C’est alors que son cœur manqua défaillir quand elle reconnut la voix qui s’éleva soudain en criant :

— Eh ! C’est quoi ce bordel ? Qui vous êtes-vous et qu’est-ce que vous fichez ici ?
Alessa N'Mara

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MessageSujet: Re: La petite maison dans la prairie   La petite maison dans la prairie Icon_minitimeDim 07 Déc 2014, 16:23
Le cœur d’Alessa venait à l’instant de s’arrêter de battre dans sa poitrine. Le souffle également coupé, elle refusait de croire que tout ceci puisse être vrai : elle venait de reconnaître la voix du nouveau venu. C’était celle de son ami Antonio. Elle n’eut pas besoin de jeter un œil par-dessus le petit muret derrière lequel elle était abritée pour s’en assurer. Le vieil homme d’une soixantaine d’années seulement avait été celui qui avait pris soin de la jeune femme à son arrivée sur Horizon ; il l’avait prise sous son aile et l’avait choyée comme sa propre fille alors qu’il ne la connaissait ni d’Ève ni d’Adam. Voilà maintenant un an environ qu’ils se connaissaient mais cela semblait faire bien longtemps aux yeux de l’Asari. Aussi aurait-elle pu reconnaître son timbre de voix si particulier entre mille. C’était bien lui.

Mais que faisait-il ici ? Il était supposé rentrer chez lui voilà maintenant plusieurs heures de cela. Alors pourquoi était-il là ? Ça n’avait aucun sens. Il était tard à présent. Très tard même. La nuit était tombée sur la colonie depuis un moment déjà. Il était d’ordinaire assez rare de croiser âme qui vive dans la rue une fois la nuit tombée, mais en ce qui concerne Antonio, cela n’aurait guère dû l’étonner. Après tout, il n’était pas du genre à avoir peur du noir. C’était un soldat, un vétéran. Il avait beau avoir désormais soixante ans, il n’en restait pas moins un fringuant jeune homme. Soixante ans ce n’était pas la fin pour un Humain. Il avait encore de belles années à vivre devant lui. Enfin… il devrait en avoir. Hélas, ce futur hypothétique était pour l’heure remis en cause. Pourquoi diable se trouvait-il ici ?

Une idée germa dans l’esprit d’Alessa : il avait sûrement oublié quelque chose lors de sa dernière visite. C’était la seule explication logique à ses yeux. C’était ça ou il était venu lui demander de se joindre à sa femme et à lui pour le diner ; chose qu’il aurait pu faire par holomessage. Pourquoi se donner la peine de se déplacer ? À moins que ce soit ce qu’il ait fait et que n’obtenant pas de réponse, il ait décidé de venir en personne prendre des nouvelles de sa protégée. Bon sang ! Pourquoi s’être entêté ? Il aurait dû laisser tomber et attendre le lendemain pour venir s’enquérir de la situation.

Alessa se sentit fautive. Sans elle, Antonio ne se serait jamais retrouvé dans cette situation précaire. Il avait dû se dire que comme à l’accoutumée, la jeune femme passerait une partie de la nuit à travailler dans son atelier ; et plutôt que de la laisser seule, il avait voulu qu’elle vienne leur tenir compagnie. Le fait est qu’il avait parfaitement raison. La nuit, Alessa enchainait les cauchemars et les réveils en sueur. Rester éveillée le plus longtemps possible était presque devenu une nécessité pour elle ; afin de ne pas laisser les démons du passé avoir raison de sa santé mentale dès lors qu’elle s’abandonnait aux songes et aux bras de Morphée. C’était autant de souffrances évitées…

C’est alors que la voix d’Antonio ramena Alessa sur terre. Elle l’entendit s’exclamer :

— Vous êtes sourds ? Je vous ai demandé ce que vous foutiez là. Vous êtes durs d’oreille, ma parole ?

Il n’obtint aucune réponse. Néanmoins, le silence qui régnait à présent autour de la place fut très vite brisé par un bruit qui en dit long sur ce qui se passait de l’autre côté du muret. Alessa en aurait mis sa main à couper : quelqu’un venait de charger son arme. Mais qui ? Et qui était donc la personne qui se trouvait mise en joue au bout du canon de l’arme ? Une question qui ne laissa pas la jeune femme de marbre. Elle ne put résister à la tentation de braver le danger et de regarder ce qui était en train de se passer de l’autre côté du muret. Aussi se déplaça-t-elle légèrement le long de l’obstacle en pierre avant de sortir la tête de derrière sa ligne de défense. Se faire voir deux fois au même endroit derrière un abri était le plus sûr moyen de finir avec une balle fichée entre les deux yeux avant d’avoir pu comprendre ce qui se passait. Mais il s’avéra dans ce cas précis que les précautions prises par Alessa n’avaient servi à rien : les armes des Turiens étaient à présent toutes braquées sur le nouveau venu se tenant debout à l’entrée de la place et plus personne ne la visait elle. C’était l’occasion de prendre la fuite.

En d’autres circonstances, c’est ce que la fugitive qui sommeillait en Alessa aurait choisi de faire. Sans un regard en arrière, elle aurait pris la poudre d’escampette sans demander son reste et elle se serait tirée de ce traquenard avant que les Turiens décident de reporter leur attention sur elle. Hélas, Antonio était un ami. Il avait veillé sur elle durant une année entière. Ce n’était pas un temps particulièrement long ; mais alors qu’elle venait de tourner le dos à Éclipse au péril de sa vie, la main tendue par le vieil homme avait été plus que la bienvenue. Une preuve, en quelque sorte, qu’il y avait encore de l’espoir pour elle. Et à présent, c’est lui qui se trouvait en danger ; et à cause d’elle qui plus est. Alessa refusait de voir les choses se finir ainsi. Elle ne pouvait pas se résigner à fuir en laissant son ami en danger.

Et puis n’est-ce pas elle qu’ils voulaient ? Si elle se livrait ou si elle parvenait à détourner leur attention, Antonio pourrait peut-être s’en tirer indemne avant que les choses ne tournent mal. Après tout, au vu de leur accoutrement, ces Turiens n’avaient pas l’air de vouloir attirer l’attention sur eux. Ils portaient en effet de longues capes noires dissimulant leur anatomie atypique pour des Humains. Nul doute que leur mission était de l’ordre du secret défense. Pour avoir elle-même exécuté quelques missions de ce genre, Alessa savait reconnaître un espion quand elle en voyait. Ces Turiens ne prendraient sûrement pas le risque de faire une victime humaine. Leur mission reposait avant tout sur la discrétion. D’autant plus que les relations turio-humaines n’étaient pas forcément au beau fixe ces derniers temps. Qui plus est, les Turiens et les Humains avaient signé un contrat commercial concernant les récoltes d’Horizon. Nul doute que la Hiérarchie turienne ne cherchait pas à mettre à mal cette alliance ; d’autant plus que la mort d’un Humain survenant au cours d’une mission secrète de la Hiérarchie sur le sol de l’Alliance serait vue comme une déclaration de guerre pure et simple. Personne n’avait oublié ce qui s’est passé sur Shanxi ainsi que la Guerre du Premier Contact. Les tensions étaient encore fortes de part et d’autre de la fragile alliance turio-humaine et la moindre étincelle, aussi insignifiante soit-elle, pouvait mettre le feu aux poudres à n’importe quel moment.

— Vous êtes sourds ou quoi ? insista le vétéran pour la troisième fois. Qui êtes-vous ?

Alessa devait agir et vite. Elle perdait du temps à réfléchir au problème. Plutôt que de se focaliser sur celui-ci, elle devrait tout simplement penser à la solution. Les secondes qui s’égrenaient risquaient de coûter la vie à son ami. Mais que pouvait-elle faire ?

L’un des Turiens demanda à son chef la marche à suivre. Alessa était trop loin pour que son traducteur universel puisse faire la conversion linguistique. Cependant, elle n’avait pas besoin du traducteur pour comprendre ce que demandait le soldat. Le turien était une des langues que la jeune femme maîtrisait justement sur le bout des doigts. Les Turiens, les Asari et les Galariens étant les trois races dominantes du Conseil, tout bon soldat se devait de maîtriser au moins un des principaux dialectes de ces peuples. Toute autre langue maîtrisée en plus était un bonus non négligeable. Certes, cela pouvait paraître inutile au premier abord, compte tenu de l’existence des traducteurs universels ; cependant, comprendre les nuances et les subtilités d’une langue pouvait changer complètement la donne. Or la technologie était pour l’heure incapable de faire cette distinction. On ne pouvait compter que sur ses propres connais¬sances. Aussi Alessa n’eut-elle aucun mal à comprendre ce qui se disait de l’autre côté de la place.

— Que fait-on de lui, lieutenant ? demanda l’un des soldats subalternes.
— La mission doit passer avant tout et on ne doit surtout pas laisser de témoins, répondit pensivement le chef d’équipe. Néanmoins, un mort pourrait nous être fort préjudiciable. (Il marqua une pause tout en continuant d’observer l’Humain.) On l’emmène avec nous. Une disparition vaut mieux qu’une mort inexpliquée ou que la révélation d’un complot. Ils penseront au pire qu’un animal sauvage s’est occupé de lui. Manquerait plus que l’Alliance enquête sur ce qui s’est passé et remonte jusqu’à  nous.
— Bien, chef ! acquiesça le soldat en reportant son attention sur l’Humain.

C’est à ce moment-là qu’Antonio se raidit brusquement avant de sortir une arme de derrière son dos. En tant que vétéran de la Guerre du Premier Contact, il avait assisté aux atrocités commises sur Shanxi lorsque les Turiens et les Humains avaient ouvert les hostilités et manqué déclencher une guerre totale à l’échelle galactique. Heureusement, cette « guerre » n’avait duré que trois mois grâce à l’intervention du Conseil qui était parvenu à calmer les intentions belliqueuses des Turiens, empêchant ainsi que la situation dégénère complètement. Cependant, cela n’avait pas changé grand-chose aux yeux de ceux qui avaient pris part activement au conflit et qui avaient vu les leurs tomber au combat sous leurs yeux. Antonio faisait parti du nombre justement et de fait, il savait reconnaître un Turien quand il en voyait ou en entendait un. Ce ne fut donc pas étonnant de le voir réagir au quart de tour.

— Des Turiens ! s’exclama-t-il en brandissant son arme. Sur Horizon ! Comment osez-vous ?
— Il a une arme, méfiez-vous ! s’écria un autre soldat en resserrant sa prise sur son fusil d’assaut.
— Vous n’avez aucun droit d’être ici ! vociféra Antonio en brandissant son arme sans trembler. Horizon est une colonie de l’Alliance. Les Turiens ne sont pas les bienvenues ici. Vous violez notre territoire ; je peux vous assurer qu’il y aura des représailles et que cela ne restera pas impuni. L’Alliance en entendra parler et il y aura des répercussions. Des têtes vont tomber. Vous feriez donc mieux de vous tirer d’ici avant que ce soit moi qui vous les coupe… vos têtes. (Une menace à peine voilée.)

Avec précaution, sans quitter des yeux le canon de l’arme à feu, le chef du commando turien s’avança vers Antonio en se gardant de faire le moindre geste brusque. Il dit alors :

— Calmez-vous. Nous ne vous voulons aucun mal. Nous sommes ici pour l’Asari. C’est tout.
— L’Asari ? Vous voulez dire… Milana ? (Antonio demeurait perplexe.)
— Ce n’est pas son véritable nom, répondit le Turien. C’est une fugitive activement recherchée partout dans l’espace concilien. Le Conseil a demandé son arrestation. C’est une meurtrière. Nous avons reçu pour ordres de la ramener sur la Citadelle où elle sera jugée pour ses crimes. Baissez votre arme.
— Vous êtes un Spectre ? demanda Antonio. (Le Turien hocha la tête.) Mauvaise réponse ! Les Spectres travaillent pour la plupart seuls ou par équipe de deux ; mais sûrement pas sous forme de commando armé. Pour qui est-ce que vous me prenez ? Pour un attardé ? Pour un Galarien grillé du ciboulot ? (Le vétéran resserra sa prise sur son arme.) Maintenant, tirez-vous d’ici avant que j’ouvre le feu…
— À votre place, je baisserais mon arme. C’est votre dernière chance. Je ne le répéterai pas. Faîtes ce que je vous dis avant que quelqu’un ne fasse quelque chose qu’il pourrait regretter. À vous de voir.

La menace était à peine voilée. Certes, les Turiens ne voulaient pas tuer l’Humain ; ou du moins, pas ici. Cependant, si Antonio continuait à les menacer de son arme, la situation pouvait virer au bain de sang en une fraction de seconde. La mission devait passer avant tout. Et si malheureusement pour assurer le succès de celle-ci il devait y avoir un mort, alors il y en aurait un. Qu’allait donc faire Antonio ?

Alessa ne laissa pas le temps au vétéran de prendre une décision. Il était du genre à se battre jusqu’au bout pour ses idéaux. Il était donc capable de choisir l’affrontement direct plutôt que courber l’échine face à un Turien. Alessa n’était pas prête à prendre ce risque. Aussi surgit-elle brusquement de derrière le muret en levant les mains.

— Laissez-le en dehors de ça, ordonna-t-elle en quittant sa cachette. Il n’a rien à voir dans tout ça. Ne lui faites pas de mal. C’est moi que vous voulez, alors laissez-le tranquille. (Elle marqua une pause.) Je suis prête à me livrer à condition que vous le laissiez partir en paix.

Pour donner plus de poids à ses propos, la jeune femme jeta son arme à terre et garda les mains levées pour montrer qu’elle était sans défense. La moitié des soldats braqua alors leurs armes sur elle tandis que l’autre moitié gardait les leurs rivées sur le vétéran humain. Le chef du commando laissa ses yeux faire la navette entre Alessa et Antonio. Il réfléchissait. La donne avait changé. Il devait s’adapter.

Antonio fut surpris de voir Alessa ici. Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle soit dissimulée depuis tout ce temps derrière le petit muret en pierre qui ceinturait la place publique. Il posa les yeux sur elle.

— Qu’est-ce tu fiches ici, Milana ? C’est quoi ce bordel ? Tu m’expliques ?
— Tout va bien se passer, répondit Alessa sans quitter des yeux le Turien en chef. Tout va bien se passer.
— Je me contrefiche de savoir si ça va bien se passer ou non, se défendit l’Humain. Qu’est-ce que c’est que ce bordel de merde ? Qu’est-ce qu’ils te veulent ces Turiens ?
— Ce que cet homme t’a dit est vrai : je suis une fugitive. Mais ce n’est pas le plus important.
— Tu trouves ? Qu’est-ce qui est le plus important, selon toi ?
— C’est moi qu’ils veulent. Ils ne te feront rien si je les suis sans faire d’histoire. (Elle s’adressa au chef du commando.) N’est-ce pas ? Si je viens avec vous, Antonio aura la vie sauve et il ne lui arrivera rien. Est-ce que j’ai votre parole ? Ce marché vous convient-il ?

Le Turien fit mine de réfléchir un instant. Il semblait d’avis d’accepter ce marché. Car dans le fond, que valait la parole d’un Humain face à celle de la Hiérarchie turienne ? Les huiles de la politique trouveraient bien un moyen d’entériner cette histoire si tant est que l’Humain se mette en tête de foutre la pagaille. Et ce faisant, qu’importe ce qu’il pourrait dire, la vérité serait vite étouffée. C’était gagnant-gagnant.

— Il en est hors de question ! refusa Antonio. Milana n’ira nulle part avec vous. Si vous osez toucher à elle, je vous abats tous le champ.

Sous le regard horrifié de la jeune femme, le vétéran humain fit un pas en avant d’un air menaçant en visant le chef turien de son arme. Le coup de feu partit alors tout seul. L’un des soldats craignant pour la vie de son supérieur avait ouvert le feu sans attendre d’en avoir reçu l’ordre. Le projectile mortel se fraya un chemin à travers la poitrine d’Antonio sans rencontrer la moindre résistance. Le vieil homme ne portait ni armure de protection ni bouclier cinétique. Le tir fut donc instantanément mortel. Avant même d’avoir touché le sol, le vieil homme avait rendu l’âme, un trou béant traversant sa poitrine de part en part au niveau de ce qui restait de son cœur complètement déchiqueté.

Le corps finit par s’écrouler à terre après ce qui parut être une éternité aux yeux d’Alessa. Elle resta là, les bras en l’air et le souffle court, sous le choc. Elle n’en croyait pas ses yeux. C’était impossible. Rien de tout ceci ne pouvait être réel. Elle était forcément en train de faire un cauchemar. C’est la seule et unique explication logique à tout ceci. Elle était en train de rêver. Rien de tout ceci ne pouvait être réel. Antonio ne pouvait pas être… mort. Et pourtant, le son du coup de feu résonnait encore à ses oreilles quand elle émergea soudain du brouillard et qu’elle entendit le chef exiger que celui qui avait fait feu se dénonce sur le champ. Il exigeait des explications. Il n’avait jamais donné l’autorisation de faire feu sur un civil. Aussi un vent de panique balaya soudain les soldats pourtant entraînés avec une discipline de fer. Cette mission devait rester secrète ; aucune mort n’était souhaitée. Et pourtant…

Alessa continuait de regarder le corps inerte de son ami Antonio qui gisait désormais au centre d’une importante flaque de sang. Elle entendait les battements de son propre cœur, imaginant que son ami allait se relever d’un instant à l’autre. Mais il n’en fit rien. Il était mort. Mort à cause d’elle. Encore une autre victime à ajouter à son palmarès. Une autre victime tombée au combat par sa faute. Encore une. Alessa ne savait plus très exactement à combien elle en était à présent. Combien de vies au juste avait-elle fauchées elle-même et combien avaient été perdues à cause d’elle ? Tout était sa faute…

Alessa entendit au loin la voix du chef du commando aboyer des ordres à ses soldats. Mais elle n’avait d’yeux que pour le corps inerte de son ami. Elle ne prêta pas à attention à ce qui se disait autour d’elle. Il était cependant question de quitter les lieux du crime avant que la population locale n’apprenne ce qui s’était passé ici. Quand bien même elle n’écoutait pas ce qui se disait, l’instinct d’Alessa lui assura que les Turiens n’avaient pas l’intention de s’attarder sur les lieux de leur méfait. Le coup de feu allait sans nul doute attirer l’attention des colons et il vaudrait mieux se trouver loin d’ici quand ils finiraient par découvrir le corps du vétéran. C’est ainsi qu’elle aurait agi elle-même. Elle était une ancienne militaire, comme eux. Leur manière de réfléchir devait être similaire. La fuite était leur seule option à présent.

Dans le fond, personne ne savait que des Turiens se trouvaient sur Horizon. Avec de la chance, les locaux penseraient à un règlement de compte : le vieil homme s’étant trouvé au moment endroit au mauvais moment. Qui plus est, comme ils emmenaient la fugitive asari avec eux, les habitants de cette colonie penseraient à tort que c’était elle la coupable car elle avait fui la colonie sans demander son reste. Du point de vue des Turiens, tout était bien qui finissait bien. La mission resterait secrète et personne ne saurait jamais qu’un commando de la Hiérarchie avait transgressé les frontières de l’Alliance. Sauf que pour ce faire, encore devaient-ils filer d’ici avant que la chance tourne.

— On se replie et on dégage d’ici ! ordonna le chef turien d’une voix autoritaire.

Alessa tourna alors la tête vers lui et son visage fut soudain déformé par un accès de pure rage. L’air se mit brusquement à crépiter autour de la jeune femme tandis que son système nerveux accumulait de l’énergie noire avant de soudain la libérer sous forme d’une puissante vague biotique. Le chef se rendit compte de ce qui se passait une seconde trop tard. Il ouvrit tout de même le feu sur l’Asari ; mais une barrière invisible arrêta le projectile avant qu’il ne touche sa cible. L’onde de choc générée par Alessa renversa alors tous les soldats à terre où ils demeurèrent un moment désorientés. La jeune femme en profita donc pour s’approcher du corps inanimé de son ami Antonio. Elle tomba à genoux à ses côtés. Elle se sentait impuissante et désolée. Une larme coula sur sa joue tandis qu’elle observait le visage du vieil homme à jamais figé en une expression de surprise mêlée de confusion. Heureusement, il n’avait pas souffert ; la mort avait été instantanée. Il n’avait pas eu le temps de souffrir. Et ses yeux fixaient à présent la voûte céleste splendide en cette douce nuit où aucun nuage ne venait camoufler les étoiles. En retenant un sanglot, Alessa referma les yeux du vétéran. Ainsi, il paraissait seulement endormi.

— Adieux, Antonio, souffla-t-elle en sentant sa voix trembler sous le coup de l’émotion. Je suis désolée.

Alessa perçut du coin de l’œil du mouvement tout près. Les Turiens se remettaient peu à peu du choc. D’ici quelques instants, ils seraient de nouveau sur pied et ne tarderaient pas à contre-attaquer. Aussi avant de se redresser se saisit-elle de l’arme de son ami : un M-5 Phalanx. Se retournant ensuite vers le Turien le plus proche, elle leva le bras et pointa le canon de son arme sur la tête du soldat encore un peu sonné. Le hasard voulut que ce soit le chef de l’escouade. Et elle resta là à fixer dans les yeux celui qui avait condamné le vétéran humain. Il était le chef de cette unité ; c’était à lui de tenir ses hommes en laisse. Il avait failli à sa mission. Il n’avait pas su contrôler ses hommes. Et un innocent en avait payé le prix de sa vie. Néanmoins, Alessa ne parvint pas à presser la détente. C’était au-dessus de ses forces. Elle ne pouvait se résoudre à abattre le Turien. Elle n’était pas une tueuse. Du moins, elle ne l’était plus. Elle avait laissé cette vie derrière elle en abandonnant Éclipse. Elle désirait tirer un trait sur le passé et juste oublier. Elle ne commettrait donc pas l’erreur d’abattre ces hommes sous le coup de la vengeance. Peut-être Antonio l’aurait-il souhaité ; il avait perdu nombre d’amis à cause des Turiens. Mais peut-être aussi aurait-il compris ce qui retenait la jeune femme et aurait-il souhaité qu’elle n’ajoute pas un poids supplémentaire à son fardeau. Peut-être s’il avait su la vérité sur elle lui aurait-il demandé de partir et de quitter la colonie avant de commettre l’irréparable. Antonio avait été un homme si bon avec elle.

Alessa continua de fixer le Turien en chef sans presser la détente ni desserrer les lèvres. Au bout d’un moment qui lui parut avoir duré une éternité, elle lui dit :

— La femme que vous recherchiez est morte. Elle n’existe plus. Je ne suis plus cette femme. Compris ?

Se détournant de son adversaire, Alessa rangea son arme avant de s’éloigner de quelques pas. C’est à ce moment-là qu’elle entendit le bruit d’une arme que l’on charge. Elle s’immobilisa, consciente d’être la cible. Elle n’eut pas besoin de se retourner pour deviner qu’un Turien la tenait en joue. Lequel ? Un des subalternes ou le chef en personne ?

— Ne bougez plus, ordonna celui qui la visait. (Le chef de l’escouade.) Quoi que vous disiez, vous êtes et resterez à nos yeux une meurtrière. Et je compte bien vous livrer aux autorités compétentes. Vous ne vous en sortirez pas aussi facilement. Jamais. Maintenant, levez les mains en l’air et rendez- vous… Vous n’avez nulle part où aller et vous êtes cernée. Ne compliquez pas plus les choses.

Mais Alessa n’était pas d’humeur à obéir aveuglement à cet homme. Antonio était mort à cause de lui et à cause d’elle aussi. N’était-ce pas suffisant ? Ne pouvait-il donc pas laisser tomber cette affaire ? Il n’y avait rien de bon à en tirer ; ni pour lui ni pour elle. Alors pourquoi ne pas la laisser partir et oublier qu’il avait croisé sa route ? Ce n’est pas elle qui compliquait les choses. C’était lui.

Ayant canalisé suffisamment d’énergie noire dans son organisme pour porter une attaque éclair à son adversaire, Alessa fit volte-face et libéra la vague biotique qui arracha l’arme des mains de son porteur. Mais du coin de l’œil, elle en vit un autre se redresser d’un bond et brandir à son tour son fusil d’assaut. Deux fois déjà qu’elle s’était servi de ses capacités biotiques en seulement quelques minutes – dont une pour générer une puissante onde de choc. Quand bien même les représentantes de son espèce étaient naturellement des biotiques de haut niveau et quand bien même elle avait suivi dans sa jeunesse une formation poussée dans ce domaine afin d’accroître son endurance et sa maîtrise de ses dons naturels, la barrière qu’elle aurait pu générer pour parer la salve de l’arme automatique n’aurait pas tenu assez longtemps pour lui permettre de concentrer une nouvelle vague d’énergie noire. Elle était trop faible ; et ce d’autant plus à cause de la mort de son ami. La fuite était sa seule option si elle voulait survivre.

Tournant les talons, Alessa se rua en avant en direction du muret derrière lequel elle s’était justement abritée avant que l’inéluctable se produise. Là se trouvait toujours son sac de premières nécessités dont elle s’empara sans s’arrêter en passant à proximité. Les projectiles tirés par le fusil d’assaut déchirèrent le silence de la nuit et sifflèrent dans son dos sans qu’elle n’en tienne compte. Une cible mouvante et non immobile était bien moins facile à toucher ; et ce même avec les IV d’assistance à la visée. Qui plus est, sa barrière biotique était à même de bloquer les éventuels projectiles qui auraient pu l’atteindre. Aussi ne perdit-elle pas un instant à se recroqueviller derrière cette piètre ligne de défense qu’offrait le muret en pierre. Sans s’arrêter, l’Asari se précipita vers la seule issue possible : l’immense gouffre qui s’ouvrait à flanc de falaise. Arrivée au bout de la place, le vide seul se trouvant au-delà de la crête, elle sauta sans hésiter un seul instant, plongeant en avant tête la première dans le néant.

Sa chute dura quelques secondes ; mais des secondes qui lui parurent durer une éternité. Durant tout ce temps, elle repensa à Antonio et à la manière dont il s’était comporté avec elle : comme un père. Il avait été chaleureux, amical et protecteur avec elle ; et sa femme, si douce et attentionnée. À présent, elle était veuve et leur fils qui devait venir leur rendre visite le week-end suivant était désormais orphelin de père. Mais tous deux l’ignoraient encore. Ils le découvriraient d’ici peu, quand les colons alertés par les coups de feu viendraient voir de quoi il retournait exactement. Ils découvriraient alors le corps sans vie du vieil homme et elle, elle aurait déjà disparu. Les Turiens aussi d’ailleurs, cela elle n’en doutait pas un seul instant. Et sur qui la faute retomberait ? Elle… encore…

Alessa sortit de ses pensées en voyant le sol se précipiter vers elle à toute allure. Néanmoins, quelques secondes avant qu’elle ne s’écrase au milieu des roches quelques trente à quarante mètres au pied de cette crête qui surplombait les champs et la végétation alentour en contrebas, la fugitive concentra de nouveau l’énergie noire en l’emmagasinant dans son corps afin de créer une bulle gravitationnelle qui lui permit de ralentir la vitesse de sa chute comme elle l’avait déjà fait le jour où elle avait sauté par la fenêtre en fuyant la clinique psychiatrique dans laquelle elle avait été internée près d’un an. Toutefois, contrairement à cette nuit-là, où elle avait plongé dans le vide en souffrant d’une blessure par balle à l’épaule, aujourd’hui elle était quasiment en pleine possession de ses moyens. Aussi n’eut-elle aucun mal à contrôler suffisamment sa chute pour atterrir sur ses deux pieds. Dissipant ensuite le champ de gravité dont elle s’était entourée, la jeune femme amortit le choc en pliant les genoux et en faisant une roulade en avant. Dans le même mouvement, profitant de sa vitesse, elle se redressa et jeta un regard par-dessus son épaule vers le sommet de la crête rocheuse.

Les Turiens ne pouvaient pas la suivre. Néanmoins, ils pouvaient toujours faire feu sur elle ; aussi Alessa se dépêcha-t-elle de se fondre dans la végétation afin de ne plus être une cible. Et s’enfonçant donc au milieu d’un champ, elle disparut entre les épis de blé mûrs n’attendant plus que l’heure de la moisson.

La fugitive se déplaçait rapidement et à un rythme régulier sans faire de pause. Elle fendait cette mer d’épis comme un bateau fend les flots et brise les vagues sur son passage. Elle devait à tout prix quitter la planète et disparaître de nouveau. Mais pour aller où ? Ça c’était le cadet de ses soucis. Tout d’abord, elle devait trouver un moyen de quitter la colonie. Ensuite elle pourrait réfléchir à un lieu de repli. Mais hors de question de se rendre au spatioport. D’ici qu’elle l’atteigne, l’alerte aurait déjà été donnée et tout le monde serait probablement à sa recherche. Le spatioport serait donc sous étroite surveillance et même avec les faux papiers authentifiés qu’elle transportait dans son sac de secours et qui auraient pu lui permettre de passer les contrôles sous une autre identité, elle ne parviendrait pas à passer entre les mailles du filet. Prendre le risque reviendrait à se livrer d’elle-même aux autorités. C’est donc pour cette raison qu’elle n’avait pas pris la direction du spatioport mais celle de la clairière dans laquelle on avait tenté de l’emmener moins d’une heure auparavant.

Les Turiens n’étaient pas venus sur Horizon en passant par le spatioport ; bien sûr que non. Ils avaient donc forcément une navette en attente non loin du village. Et c’est justement vers cette navette que le chef turien était en train de la conduire quand elle lui avait faussé compagnie. La clairière où se trouvait l’appareil se trouvait droit devant Alessa. Si ses poursuivants devinaient ses intentions, il leur faudrait au préalable retraverser la ville avant de pouvoir véritablement se lancer à ses trousses. Sauter du haut de la falaise avait dû lui faire gagner dix à quinze bonnes minutes. Mieux valait donc ne pas perdre cette avance si cela lui donnait une chance de prendre les commandes de la navette et de filer d’ici libre et en vie. Le temps jouait contre elle. Il fallait faire vite.

***

Quinze minutes plus tard.

Alessa se trouvait à la lisière de la clairière. Dissimulée juste derrière une haie d’arbustes, au milieu des ombres, elle observait l’étendue plane s’étendant devant elle au pied d’un affleurement rocheux. Au centre de la clairière se trouvait la navette des Turiens. Cela faisait un moment déjà que l’Asari restait là à contempler les environs en silence. Elle ignorait le nombre exact de gardes protégeant le véhicule. Ils pouvaient être deux tout comme ils pouvaient être une dizaine. Cependant, son instinct tentait de la rassurer en lui disant que six militaires étaient actuellement en train de couvrir la distance les séparant encore de la navette. Or ces appareils étaient conçus pour contenir quatorze passagers – pilote inclus. En règle générale cependant, ces navettes transportaient plus souvent douze passagers lorsque ceux-ci étaient tout équipés pour le combat. C’était justement le cas des Turiens ici présents. Alessa pouvait donc partir sur une résistance équivalente à six gardes dont l’un serait le pilote. Maigre consolation : la doctrine militaire des Turiens est telle que chaque citoyen de la Hiérarchie atteignant la majorité doit suivre un entraînement militaire rigoureux. Aussi, quand bien même il n’était que simple pilote, celui-ci saurait manier une arme et se battre presque aussi efficacement que les autres. Le doute se saisit de la jeune femme. Était-elle de taille à affronter six commandos turiens ?

Cela faisait cinq minutes déjà qu’elle observait la navette de loin. Elle n’avait pour l’heure repéré qu’un seul soldat qui patrouillait autour de la navette en surveillant les environs. C’était plutôt intriguant. Les autres pouvaient se dissimuler à l’intérieur de la navette et attendre le moment opportun pour surgir et prendre de court l’Asari s’étant laissée berner. Après tout, leur chef avait déjà dû les informer de la probable arrivée prochaine d’une chasseresse désirant s’emparer de leur moyen de locomotion. Peut-être était-ce effectivement un piège. Ou peut-être pas. Peut-être n’y avait-il que ce garde ; peut-être était-il le pilote et peut-être était-il le seul à être resté en arrière pour surveiller la navette. Beaucoup de peut-être ; beaucoup d’incertitudes. Mais le temps était compté et il défilait à toute vitesse. Alessa n’avait plus que dix minutes environ avant l’arrivée des renforts. C’était maintenant ou jamais qu’il lui fallait passer à l’action. Si elle tardait, elle risquait de perdre l’avantage.

Profitant du fait que la sentinelle se trouvait de l’autre côté de la navette, Alessa se glissa sans faire de bruit hors de sa cachette avant de traverser en silence l’étendue à découvert la séparant de la navette. Là, elle se colla au fuselage de l’appareil et se débarrassa de son paquetage encombrant avant de sortir son arme. Elle n’avait pas l’intention de tuer qui que ce soit, mais si jamais elle se retrouvait en situation précaire, elle serait bien forcée de s’y résoudre. Sur le qui-vive, tel un fantôme, elle se rapprocha de la partie arrière de la navette et attendit là que la sentinelle repasse de son côté pour se jeter à sa gorge. Mais le fait est que le Turien était sur ses gardes et s’il ne put empêcher la jeune femme de le délester de son arme, il parvint néanmoins à l’empêcher de le frapper avec la crosse de son pistolet et ainsi de le mettre KO. Les deux combattants furent dès lors forcés de se livrer à un corps à corps endiablé.

Les coups se mirent à pleuvoir ; mais au final, Alessa sortit victorieuse de l’affrontement en parvenant à faire mordre la poussière à son adversaire. Elle était plus petite et plus rapide que lui ; tandis que lui portait une armure lourde qui limitait ses mouvements et son allonge. Mais l’épaule d’Alessa avait reçu un sacré coup et était désormais douloureuse ; de même, elle s’était apparemment fracturé un os du poignet droit en frappant le Turien à la mâchoire. Hélas, l’heure n’était pas venue pour elle de panser ses blessures. Elle devait d’abord prendre le contrôle de la navette.

Retournant donc sur ses pas, la jeune femme alla récupérer son sac et revint rapidement à l’arrière de la navette dont elle fit le tour avec précaution en demeurant sur ses gardes. Un excès de prudence qui n’avait pas lieux d’être selon elle. En effet, s’il y avait eu d’autres soldats en faction dans les environs, ils seraient depuis longtemps venus porter secours à leur camarade. De toute évidence, il devait avoir été laissé seul derrière pour garder un œil sur la navette. Juste au cas où.

Ayant fait le tour de l’engin justement, Alessa découvrit que la porte latérale de l’appareil était grande ouverte. Mais rien ne bougeait à l’intérieur. Elle s’avança prudemment en restant sur ses gardes. Sait-on jamais. Le temps continuait à filer cependant. Plus que cinq minutes maintenant avant l’arrivée des renforts. Elle ne devait surtout pas traîner. Tic ! Tac ! Tic ! Tac !

Enfin parvenue à l’entrée de la navette, la fugitive jeta un coup d’œil discret à l’intérieur. Rien. C’était vide. Aucun ennemi en vue. Elle remarqua alors que la porte donnant sur le cockpit était ouverte et la musique qui en sortait lui fit comprendre qu’elle n’était pas seule. Tendant le cou, Alessa aperçut de dos le véritable pilote de la navette. Il tapotait les accoudoirs de son siège au rythme entêtant de son morceau de musique. Alessa tomba des nues. Elle ne comprenait pas. Le chef d’équipe avait forcément dû les prévenir de son arrivée. Et ce type restait là à écouter de la musique au lieu de monter la garde et de rester en alerte. Cela n’avait aucun sens !

Mais Alessa n’avait pas de temps à perdre. Que le Turien ne soit pas sur ses gardes jouait en sa faveur. Se glissant sans bruit dans l’habitacle de la navette, elle déposa son sac sur l’un des sièges alignés tout contre le fuselage de l’appareil. Puis elle progressa toujours sans bruit vers le cockpit. En percevant du mouvement du coin de l’œil, le Turien baissa le son de sa musique et tourna la tête vers elle en disant :

— Alors ? Est-ce que j’avais raison ? Aucune trace de cette Asa…

Il se tut en prenant soudain conscience de son erreur. Il avait cru avoir affaire à son partenaire. Hélas, force est de constater qu’il avait eu tort. Ses yeux s’écarquillèrent d’horreur lorsqu’il prit enfin la pleine mesure de son erreur. Il tenta de se saisir de son arme, mais Alessa se révéla plus rapide. Son arme se posa sur la tempe du soldat qui retomba assis sur son siège sans parvenir à déglutir.

— À ta place, je n’y penserais même pas. Maintenant, debout. (En ajoutant le geste à la parole, Alessa lui fit signe de reculer doucement sans faire de mouvement brusque.) À l’arrière. Et vite.

De toute évidence, le pilote était un bleu. Il avait l’air encore assez jeune. Pour s’être retrouvé sur une mission secrète comme celle-ci, il devait être un sacré pilote ; ou alors il avait la chance d’être le fils de tel ou tel haut gradé ; car il en fallait de la maîtrise ou du piston pour compenser son indiscipline et son manque cruel de jugeote. Et dire que la doctrine militaire turienne faisait la fierté de la Hiérarchie…

— Comment ? demanda-t-il en suivant les ordres d’Alessa. Comment as-tu fait ?
— Comment j’ai fait quoi ? demanda la jeune femme en guidant le Turien vers la sortie.
— Atteint la navette sans déclencher les détecteurs ? Je n’ai rien vu sur le radar. Rien.

Alessa haussa les épaules. Cela la surprenait autant que le jeune homme. Mais elle n’avait pas le temps de creuser cette énigme. Il ne lui restait plus beaucoup de temps. Continuant de guider le jeune soldat vers la sortie, Alessa lui demanda de descendre de l’appareil. Il hésita avant d’obtempérer. Ce n’était pas une tête brûlée. Il n’avait pas l’air du genre à vouloir tenter quoi que ce soit risquant de mettre sa vie en péril. Un fils à papa doué pour le pilotage, c’est tout ce qu’il était. Lorsqu’il eut finalement quitté la navette, Alessa lui abattit la crosse de son arme sur la tête sans perdre un instant. Peut-être aurait-elle pu trouver une remarque pertinente à lui lancer avant de l’assommer, mais elle avait bien mieux à faire dans l’immédiat. L’horloge continuait de tourner et le temps filait. Or il allait lui falloir un peu de temps pour contourner les défenses du système et prendre le contrôle de la navette. Par conséquent, elle ne pouvait pas prendre le risque que le pilote pirate les commandes de la porte pendant ce temps-là et qu’il la prenne à son tour par surprise. Moins de trois minutes au compteur. Ça allait être serré.

De retour dans le cockpit, Alessa fut soulagée de découvrir que le pilote turien n’avait pas pris la peine de se déconnecter du système avant de quitter son siège. Il lui avait épargné une perte de temps non négligeable. Étant déjà dans le système, elle n’aurait pas à en forcer l’accès en piratant cette console. Naviguant dans les menus et sous-menus, Alessa n’eut aucun mal à trouver ce qu’elle cherchait. Cette architecture ne lui était pas inconnue. Elle possédait quelques compétences de pilotage et justement, elle avait appris à piloter certaines navettes turiennes durant sa formation de chasseresse. Ça remontait maintenant à plusieurs années, mais le fonctionnement restait fondamentalement le même, à quelques évolutions technologiques près. Elle devrait pouvoir s’en sortir.

Quelques clics seulement suffirent à Alessa pour couper la balise GPS dont été équipé l’appareil. C’est d’ailleurs en cherchant à la désactiver que la jeune femme découvrit la réponse à la question du pilote. Pas étonnant qu’il ne l’ait pas vue approcher : cet idiot n’avait même pas activé le balayage radar.

*Quel crétin !* soupira la jeune femme. *Il ne s’est même pas rendu compte que son compère lui non plus n’apparaissait pas sur l’écran. C’est désolant, même pour un bleu.*

Alessa était sur le point de couper les communications quand elle entendit une voix dans l’intercom.

— Au rapport ! Nous sommes en vue de la clairière. Quelle est votre situation ? demanda le leader.
— Vous arrivez trop tard, répondit la jeune femme en coupant le système de communication.

L’heure était venue pour elle de quitter Horizon. Elle alluma donc les moteurs et amorça sa manœuvre de décollage. Sur les écrans radar à présent parfaitement opérationnels, la jeune femme remarqua six formes de vie en approche par l’ouest et deux autres parfaitement immobiles tout près de la navette. Mais il était trop tard à présent. La porte de la navette était verrouillée et l’appareil était déjà en train de s’élever du sol en luttant contre les effets de la gravité. Les Turiens se mirent en tête de surchauffer leurs armes en tirant sur l’appareil, mais son blindage dévia tous les projectiles en accusant seulement une ou deux égratignes ici ou là. Le commando turien n’était pas suffisamment armé pour abattre une navette en plein vol. Dommage pour eux. Mais heureusement pour elle.

Tapotant sur les commandes de la console de la navette, Alessa ordonna à celle-ci de quitter sans plus tarder l’atmosphère de la petite colonie humaine. La balise GPS ayant été déconnectée, il serait presque impossible pour les Turiens de traquer leur navette volée. Quand bien même il y parvenait, la fugitive aurait depuis longtemps abandonné l’appareil sur une planète perdue et disparu dans l’immensité de la galaxie. Ils ne pourraient donc jamais la retrouver. Elle était sauve. Du moins elle serait bientôt.

S’éloignant rapidement de la colonie humaine, Alessa sentit sa poitrine se nouer en repensant à tout ce qui venait de lui arriver ; au fait qu’elle avait perdu un ami aujourd’hui et qu’elle était de nouveau une fugitive en cavale. En quelques minutes, elle quitta l’atmosphère de la planète et la navette se retrouva en orbite à dériver dans le néant. Se remettant alors à tapoter les commandes de navigation, elle entra des coordonnées afin de sauter par le relais cosmodésique le plus proche. Peu lui importait de savoir où elle irait ensuite ; du moment que c’était aussi vite et aussi loin que possible d’Horizon.

La navette commença à accélérer et vint enfin le moment où Alessa ressentit la pression caractéristique du passage en vitesse supraluminique. C’est seulement à ce moment-là que la jeune femme s’autorisa à lâcher un soupir. Elle s’en était tirée de justesse. Mais le principal, c’était qu’elle était en vie et libre. Elle oui… mais pas Antonio. Lui n’avait pas eu cette chance. Lui était mort. À cause d’elle…

De nouveau, Alessa fut en proie au chagrin. Elle avait le cœur serré. Et c’est les larmes aux yeux qu’elle se leva et quitta le cockpit. Une fois en vitesse supraluminique, tout était automatisé. Elle n’avait donc pas besoin de s’occuper du pilotage. Du moins pas tant qu’elle ne serait pas en approche du relais. Ce qui n’arriverait pas avant plusieurs heures. En attendant, elle se mit en tête de panser ses blessures. Il serait facile pour elle de panser ses blessures physiques ; mais pour celles du cœur, ce n’était pas gagné. Et tandis que les larmes coulaient en silence sur ses joues, la porte du cockpit se referma sur elle.

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La petite maison dans la prairie

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