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 Lune de miel

Audrey Bayard

Personnage RP
Faction : UCIP
Rang : Lieutenant-Commandant
Audrey Bayard
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MessageSujet: Lune de miel   Lune de miel Icon_minitimeDim 14 Juil 2019, 17:53
Date : 23/07/2204 RP Tout public
Scipio Sempronia ♦️ Audrey Bayard
Lune de miel




L'eau fraîche caressait délicatement le visage d’Audrey. Le liquide porteur de vie nettoyait sa peau des nombreuses impuretés que la journée avait pu y laisser. Seul, il ne parviendrait pas à tout faire disparaître, mais ce n’était pas le but. Tandis que ses poumons se vidaient doucement de leur air, la jeune femme pensa à Scipio. Elle le retrouverait d’ici peu. Elle savait qu’il serait content de la revoir, peu importe son apparence. Et à elle aussi, cela lui réchaufferait le cœur de revoir celui avec qui elle avait passé toutes ses nuits depuis la réception de Don. Il était celui qui lui permettait de tenir en ce moment.

L’oxygène commença à manquer. Depuis combien de temps sa tête était-elle sous l’eau ? Difficile à dire, mais la française avait toujours eu horreur de rester trop longtemps en apnée. Elle avait la noyade en phobie. Il était plus que temps de quitter ce bassin. La terrienne tenta instinctivement de relever la tête, mais quelque chose la bloqua. Quelque chose la clouait sous l’eau.

Voyant ses dernières bulles d’air s’échapper vers la surface, elle commença à s’agiter. Il fallait qu’elle sorte de là, qu’elle remonte à la surface, qu’elle reprenne une bonne bouffée… Mais rien à faire, elle était coincée. Paniquant de plus en plus, la gendarme tenta d’appeler à l’aide, mais rien d’audible n’atteignit la surface. Et aucune main secourable n’apparut pour la sauver.

Enfin sa figure fut arrachée du seau dans laquelle elle avait été plongée. Bayard inspira de toute la force de ses poumons, avant de partir dans une violente quinte de toux pour expulser le liquide qui avait réussi à se frayer un chemin dans son appareil respiratoire. Après plusieurs longues secondes d'agonie, elle parvint enfin à articuler quelques mots suppliant.

- Pitié... Arrêtez… Par pitié.
- Dis nous simplement ce que l'on veut savoir et ça s'arrêtera.

Si tu avoues, tu es morte.

- Je ne suis pas une flic. Je vous en supplie. Implora la jeune femme alors que des larmes se mêlaient à l'humidité de son visage.
- Une autre baignade te rafraichira peut-être la mémoire.
- Non je vous en pr…

Le reste de ses paroles fut noyé dans le récipient débordant de flotte.

Trois jours. Cela faisait trois jours qu’on lui infligeait ce traitement. La pègre avait fini par les rattraper. Et de toute évidence, la présence d’un membre du SSC, ex-membre du SSC en fait, au mariage de Besora n’avait pas été appréciée.

Combien d’heure Audrey avait-elle passées dans cette pièce depuis la réception ? La terrienne avait perdu le compte. Ses bourreaux ne cessaient de lui poser constamment les mêmes questions, auxquelles elle avait déjà répondu à de nombreuses reprises. Qu’est ce que tu foutais là ce soir là ? J’étais invitée. Qu’est ce que tu as appris exactement en jouant les indics ? Rien de tout, je ne suis pas une indic ! Qu’est ce que t’as eu le temps de communiquer à tes petits copains du SSC ? Je ne suis pas du SSC ! Et ton petit ami ? C’est aussi une taupe du SSC ? Non ! Laissez le en dehors de ça ! Il n’a rien à voir avec moi !

Sa tête fut de nouveau arrachée de l’eau.

- Alors ? La mémoire te revient ?
- Je ne suis pas flic, sanglota-t-elle. Je ne suis même plus militaire… Je ne suis plus rien…
- Sur ce point au moins nous sommes d’accord. Inspire un grand coup.


*****


C'était terminé pour aujourd'hui. Les bourreaux n'avaient toujours pas obtenus les réponses qu'ils souhaitaient. Cela reprendrait donc demain. Combien de temps Audrey pourrait elle encore endurer ça avant d'atteindre son point de rupture ? Avant que ces traitements ne lui laissent des séquelles irréversibles ?

Elle aurait voulu avoir quelque chose qui la définissait auquel se raccrocher. Une phrase contenant son identité à se répéter en boucle pour ne pas s'oublier. Mais elle n'était plus capable de se décrire en quelques mots. Elle n'était pas le lieutenant commandant de l'UCIP Audrey Bayard, elle n'en avait jamais été digne. Elle n'était pas non plus le lieutenant Bayard de la DI du SSC. Elle y avait renoncé. Elle… elle n'était plus personne… Et elle allait mourir ici...

Après avoir été traînée dans ce couloir qu'elle parcourait deux fois par jour, la jeune femme fut jetée sans ménagement dans sa cellule. Toussotant et crachotant, il lui fallut près d’une minute pour se redresser à quatre pattes. Son compagnon d’infortune était déjà là, recroquevillé dans un coin de la pièce. Il semblait avoir aujourd’hui encore bien dégusté. L’humaine se déplaça jusqu’à lui pour s’enquérir de son état. Elle était peut-être morte, mais cela ne l'empêcherait pas d'essayer de sauver ceux qui pouvaient encore l'être...

- Scipio ? Ca va ?
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MessageSujet: Re: Lune de miel   Lune de miel Icon_minitimeDim 14 Juil 2019, 22:16
Quelqu’un lui parlait. Une voix tout à fait perdue, tant dans son intention que dans sa réception. Il l’entendait, il était absolument persuadé de l’avoir perçu. Il ne distinguait pas les mots mais il reconnaissait des sons. Ils traversaient sa torpeur.

« Scipio ? »

Il ne comprenait pas le mot, mais enfin, il reconnaissait la voix. Elle le fit se tourner, et il put ainsi cesser de fixer le sol. Il ne se sentait plus capable de bouger depuis plus d’une demi heure désormais. Il convulsait simplement au rythme de ses sanglots, et réalisait qu’il avait besoin de son aide pour se mouvoir. De toute manière, ça n’était pas comme s’il pouvait aller bien loin.

Le premier jour, Scipio n’avait eu aucun doute sur la personne qui tenait ce lieu. Ce raffinement sobre, cette bourgeoisie légère, cette richesse contenue, il l’aurait reconnu entre mille. Don Besora. Aujourd’hui, il était incapable de définir avec précision la couleur des murs du hangar dans lequel ils résidaient. Le contact de sa colocataire l’aidant à s’asseoir, comme chaque jour, l’aidait à récupérer conscience. Après quelques minutes, il remettait un nom sur son visage, et des couleurs sur ses silhouettes. Elle était ruisselante. Oh non ! Elle allait attraper un rhume !

Ah oui, c’est vrai. Ils avaient d’autres problèmes. Poussé par un instinct de survie déraisonnable, Scipio avait tenté de récupérer au bout d’un doigt une goutte perlant sur elle. Comprenant le sentiment primaire qui tenté de s’échapper de sa gorge, elle était allé demandé de l’eau en tambourinant l’entrée. Elle insista tant que leur geôlier accédèrent à la requête, non sans la dégager du passage d’un coup de pied dans l’abdomen. Dès qu’ils en eurent la possibilité, ils se rapprochèrent aussi vite que leur corps endoloris leur autorisait. La gorge le brûlant un peu moins, Scipio parvint à articuler quelques mots désordonnés :

« Audrey… Désolé, j’suis désolé... »

Il cherchait à la tenir dans ses bras, mais se sentait désarticulé, incapable de l’enserrer comme il en avait eu l’habitude. Tout était de sa faute. Leur quotidien, il l’avait détruit, d’une manière ou d’une autre. Il ne savait même pas pourquoi ils étaient là, il savait juste que c’était de sa faute. Leur gardes n’avaient pas hésité à le lui rappeler, par ailleurs. De la même manière que la veille, elle chercha à le ramener à la raison et il revint à ses sens après plus d’une heure d’efforts. C’était ainsi que se déroulaient les choses ; les maltraitances physiques lui faisaient rapidement perdre toute volonté de se battre, le transformant en torchon à peine bon à tressauter sur le sol, puis Audrey l’aidait à récupérer un peu de contenance.

Et alors, l’instinct reprenait son dû. Les sens en alerte, il retrouvait le contrôle de son corps et cherchait nerveusement des moyens de s’échapper, sans succès. Ce processus se répétait chaque jour, mais plus le temps passait et plus il était compliqué pour Audrey d’amener son compagnon à un état « normal ». Si Scipio pouvait avoir du mal à dormir, il était ici parfaitement incapable de fermer l’œil, veillant sur la fliquette lorsque celle si parvenait à s’endormir. Lorsqu’il s’assoupissait quelques minutes, il se réveillait en sursaut et couvert de sueur, généralement accompagné de la terrible impression de se noyer. En vérité, même les geôliers en avaient été surpris le second soir, lorsqu’ils avaient fait irruption en espérant les trouver endormis pour les secouer, et qu’ils étaient tombé sur un Turien parfaitement éveillé.

La situation était tout à fait intenable. Seules deux choses avaient permis à Scipio de ne pas avouer tout ce que leurs gardes souhaitaient entendre : il ne pouvait pas trahir Audrey, et il ne savait de toute manière pas ce qu’il était censé leur dire. Lorsque le désastre de la situation lui offrait une pointe d’humour maussade, il admettait qu’au moins cette fois, être un imbécile avait du bon.

« Comment ça a pu arriver… ? se lamentait-il parfois, troublant le silence lugubre. Tout est de ma faute, si je ne t’avais pas demandé de venir… Quel putain d’connard je suis… Il faut qu’on te fasse sortir de là Aud… Par n’importe quel moyen... »
Audrey Bayard

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MessageSujet: Re: Lune de miel   Lune de miel Icon_minitimeLun 15 Juil 2019, 10:00
- Ne soit pas stupide Scipio… ils me rattraperaient… Et je n'irai nulle part sans toi de toute façon.

Elle n'avait pas nié que c'était de sa faute. Peut-être l'était-ce. Elle n'en savait trop rien. Mais dans tous les cas, elle ne lui en voulait pas. Il était peut-être en partie responsable de ce qui lui arrivait, ce qui leur arrivait, mais en aucun cas coupable. À aucun moment il n'avait levé la main sur elle. À aucun moment il ne l'avait menacée. Et compte tenu de son état chaque soir, il était sans doute le plus à plaindre des deux.

Audrey, bien que passant ses journées à souffrir, pourrait sans doute survivre à ce traitement pendant plusieurs semaines. Elle parvenait à peu près à dormir la nuit et son corps se remettait relativement rapidement le soir. Scipio quant à lui… et bien disons que la française n'était même pas sûre qu'il passe la semaine à ce rythme. Les hommes du Don n'avait visiblement aucun scrupule à laisser des marques sur son corps et il se faisait donc rosser à longueur de journée. Il revenait chaque soir brisé, et l'humaine sentait bien qu'elle avait de plus en plus de mal à recoller les morceaux. Ils devaient quitter cet endroit avant qu'il ne soit trop tard pour lui...

- Il faut qu'on trouve un moyen de partir d'ici. Déclara le cuistot, faisant écho aux pensées de sa partenaire, après avoir lentement cligné des yeux, semblant prendre conscience d'une vérité. Mais je ne comprends même pas ce qu'ils veulent…
- Ils pensent que nous sommes des indics du SSC. Ils veulent envoyer un message…
- Il est bien compris, jamais je ne serais indic... Il faut les convaincre de nous laisser partir... Sinon, il faut qu'on parte de nous mêmes. Répondit le turien d'une voix tremblante, avec une étincelle de folie dans les yeux.

La terrienne connaissait cette étincelle. Ce ton. Elles les avaient expérimentés. Personnellement. Et cela lui avait fait tout perdre. Son job, son estime d'elle même, le respect de ses proches. De ceux qui étaient au courant du moins. Ses ennemis avaient été châtiés, mais des innocents avaient également subis sa rage. Et une partie d'elle même était morte. Elle ne pouvait pas laisser son compagnon sombrer dans cet abîme.

- Nous trouverons un moyen, ne t'en fais pas. Tu devrais essayer de te reposer un peu. Tu auras besoin de force pour tenir demain…

Trouver un moyen… Voilà qui était facile à dire. Comment pourraient ils bien s'échapper d'ici ? Le soir, ils étaient bien trop faibles pour bouger. La matin, ils étaient tirés de leurs cellules à grand coup de poings dans le ventre et de matraques électriques, pour leur ôter toute possibilité de fuite. Et en admettant qu'ils arrivent à passer cette épreuve, que feraient ils ? Aucun des deux ne savaient où ils se trouvaient et ils ne connaissaient de leur environnement direct que leur cellule, leur salle de torture respective et le couloir qui reliait les deux. Même en neutralisant leurs geôliers, ils n'iraient pas loin…

- C'est pas possible... Ca n'marche pas…
- Scipio, s'il te plaît... Repose toi. Si tu ne le fais pas pour toi, fais le pour moi.
- Audrey, ça ne marche pas…

Il semblait vraiment désespéré, aussi la jeune femme n'insista-t-elle pas. Elle se contenta de l'allonger doucement sur le flanc et de poser la tête de l'alien sur sa cuisse. Ce soir, c'est lui qui dormirait sur ses genoux. Enfin, s'il dormait...


*****


Audrey rouvrit les yeux. Elle s'était assoupie. Scipio était toujours allongé, le visage posé sur ses jambes. L'humaine se sentait à peu près reposée. C'était sans doute le matin. Leurs geôliers ne tarderaient probablement pas à arriver pour les emmener à la torture. Mais aujourd'hui ce serait différent. La gendarme y avait réfléchi la veille, avant de s'endormir, tandis que ses doigts parcouraient la crête du cuistot. S'ils continuaient comme ça, il ne survivrait pas. Et elle ne pouvait le permettre.

Le mécanisme de la serrure s'actionna. Ils arrivaient. La châtain déplaça délicatement la tête de l'extra-terrestre, avant de se relever péniblement et de se placer devant lui. Deux gardes entrèrent. Les deux mêmes que chaque matin. Ils semblèrent surpris. Il est vrai qu'il n'était pas vraiment habituel qu'un des prisonniers les accueille debout.

- Juste moi...
- Quoi ?
- Il n'est pas en état. Si vous continuez, vous allez le tuer. Alors aujourd'hui... c'est juste moi.
- Non ! Prenez moi aussi ! Ne fais pas ça Aud ! Réussi à lancer le concerné en se redressant tant bien que mal.
- On dirait qu'il lui reste plus de forces que tu ne le pensais finalement.
- Il ne tiendra pas la journée si vous ne le laissez pas se reposer. Et mort il sera plus encombrant qu'autre chose. Vous le savez. Alors aujourd'hui, il reste là.

Le geôlier jeta un œil au turien, qui se tenait à présent aussi proche de la position debout qu'il en était capable. S'il avait réussi à se redresser, il tiendrait probablement la journée. Et le gardien n'appréciait pas le ton autoritaire de cette fliquette.

L'homme activa sa matraque électrique et la plaqua d'un coup sur le ventre de la gendarme. Celle ci fut parcourut de convulsion, avant de s'effondrer à genoux. Tandis qu'elle reprenait son souffle et tentait de se remettre de cette douleur soudaine, elle entendit son compagnon tenter de s'interposer, suivi d'un violent bruit métallique. Scipio retomba au sol à côté d'elle et se protégea instinctivement avec ses bras. Mais aucun autre coup ne vint, ni pour l'un, ni pour l'autre.

- Tous les deux. Mais pas de question aujourd'hui. On va leur inculquer le respect.


*****


On pourrait s'imaginer qu'à force de souffrir, le corps finit par s'habituer. Que face à une attaque fréquente et régulière, les nerfs se lassent d'envoyer constamment le même signal. Après tout, les cris finissent bien par s'arrêter eux. Il arrive un moment où la victime n'a même plus la force d'exprimer oralement sa souffrance. Alors pourquoi ne pourrait-elle pas aussi perdre la capacité de la ressentir ? Pourquoi son système nerveux tout entier ne pourrait-il pas tomber d'épuisement à force d'être trop sollicité ? Mais ce n'est pas ainsi que cela fonctionne. La douleur perçue reste identique, même après plusieurs centaines de fois. Pire que cela, elle a tendance à s'amplifier...

Audrey était attachée, pendue au plafond par les poignets, le torse nu. Ou presque nu. Il lui restait quelques haillons des vêtements que ses bourreaux avaient arrachés. Ses pieds touchaient le sol, mais cela faisait plusieurs heures à présent qu'ils ne la portaient plus. Seuls ses bras retenus par leur lien empêchait la jeune femme de s'effondrer par terre. Tout comme seul la présence d'os dans le cou empêchait la tête de la châtain de tomber de ses épaules.

Elle n'en pouvait plus. La douleur était insoutenable. Même lorsque ses bourreaux ne l'électrisaient plus, elle avait l'impression que ses nerfs étaient à vif. Elle respirait lentement, sombrant doucement vers l'inconscience. Elle devait résister ou une nouvelle décharge viendrait la réveiller. Bon sang, comment était-il seulement possible de réussir à s'endormir quand on avait tout le système nerveux en feu ? Et pourtant, elle avait déjà dû réussir cet exploit une bonne dizaine de fois rien qu'aujourd'hui. Ça n'avait aucun sens…

Alors qu'elle se sentait partir une fois de plus, elle entendit une porte s'ouvrir. Était ce la fin de la journée ? L'heure de la délivrance ? Du salut ? Allait-on enfin la reconduire à sa cellule où elle pourrait sombrer dans le sommeil sans risquer de réveil brutal ?

- Relevez là.

Apparemment non. On lui tira les cheveux vers l'arrière pour lui redresser la tête, l'obligeant à fixer ses yeux vides sur un sachet plein de gélules brandit face à elle.

- On a trouvé ça chez toi. C'est pour qui ? Toi ou le piaf ?

Une question ? Il n'y avait pas eu de question aujourd'hui. Seulement une leçon. Et celle ci n'avait encore jamais été posée. La châtain ne comprenait pas. Elle n'arrivait même pas à déterminer ce qu'elle avait sous les yeux.

La gendarme reçut une gifle.

- A qui sont ces médicaments ?

Médicaments ? Elle ne prenait pas de médicaments. Elle n'était pas malade. Une aspirine de temps en temps peut-être, quand elle avait mal au crâne, mais en dehors de ça rien.

- Ne m'oblige pas à me répéter une quatrième fois. Est ce que oui ou non ces médicaments sont à toi ?

La française nia lentement de la tête. Elle ne comprenait rien. Pourquoi pensait-il que ces médicaments étaient les siens ? D'où les sortait il ? Mais elle n'avait plus la force de le lui demander. Elle sentit qu'on lui relâchait les cheveux, et sa figure retomba vers le sol.

- Rhabillez-la et ramenez-la dans sa cellule. Elle n'est plus en état. Et je pense qu'elle aura compris la leçon.


*****


Audrey fut jetée sans ménagement dans sa geôle. Aujourd'hui, elle ne se relèverait pas de sitôt. Allongée sur le flanc, recroquevillée sur elle même en position fœtale, elle sentait la douleur qui parcourait l'intégralité de son corps. Derrière elle, une respiration rauque et irrégulière. Scipio avait encore dégusté. Et il avait encore été ramené avant elle. Mais aujourd'hui, elle était sans doute aussi mal que lui. Elle ne pourrait pas le réparer. Pourquoi avait-il fallu qu'il se manifeste ce matin ?

- Pourquoi… tu ne m'as pas laissée… y aller seule ? Parvint à peine à articuler la française d'une voix faible, sans même essayer de bouger pour le regarder.
Scipio Sempronia
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MessageSujet: Re: Lune de miel   Lune de miel Icon_minitimeMar 16 Juil 2019, 00:53
Il avait entendu les gardes la jeter à l’intérieur, et il avait compris sa question. Il était étonnamment plus lucide que les fois précédentes. Le corps était aussi endolori que la veille, mais l'esprit fusait. L’odeur du sang séché sur ses griffes l’aidait à se concentrer. Quand il la vit, sa haine s’accrût. Une haine froide et calculatrice, peinée et décidée. L’état d’Audrey ne laissait que peu de doutes sur ce qui lui était arrivé. Il ne savait pas quoi lui répondre, après ce qu’elle avait subi. Ses premiers mots furent longs à venir, et hésitants :

« Je ne te laisserai pas prendre des coups à ma place.
- Il ne s’agissait pas de prendre des coups… Juste de… Te protéger. »

Elle aurait du lui en parler avant. Ça aurait pu marcher. Le faire ainsi était… Idiot, désespéré. Mais l’heure n’était pas aux reproches, elle était, comme toutes les heures précédentes et comme nombre de celles qui viendraient, à l’accumulation d’une douleur glacée. Scipio s’approcha d’elle, traînant derrière lui son bras gauche désormais doté d’un angle de trop. Elle était la seule chose qui n’était pas une source directe de peine ici, la seule chose qui valait la peine d’être patient et calme. Avec toute la tendresse dont pourrait faire preuve quelqu’un dans leur état, le réserviste passa une main dans ses cheveux. Elle lui tournait le dos, et il vit que son contact la fit sursauter en premier lieu.

« Aud… entama-t-il. Merci. J’aurais du te laisser faire. Merci d’avoir essayé ça. »

A ces mots, elle se tourna péniblement et, lentement, détailla son compagnon d’infortune. Il ne semblait pas aussi brisé que d’habitude, et pourtant son corps indiquait l’inverse. Ses marquages faciaux étaient presque entièrement effacés, comme l'illustration de l'être démoli qu'ils essayaient d'obtenir. Son bras fracturé était maculé de sang jusqu’à la manche, et on trouvait d’autre taches éparpillées sur lui du bassin à la gorge, le marquant de différentes couleurs. Au moins, il n’avait pas été le seul à déguster. Il évitait d’ouvrir un œil parce que ce côté là de son visage lui semblait particulièrement douloureux, et malgré tout, il caressait du bout des doigts ses cheveux et le contour de son oreille. Elle était si précieuse à ses yeux. Il fallait que tout ça s’arrête. Il ne pouvait pas les laisser lui faire plus de mal.

« Qu’est ce qu’ils t’ont fait ? Pourquoi est ce qu’ils s’acharnent comme ça sur toi ? »

La question était légitime, et Scipio y réfléchit longuement, pesant les quelques éléments qu’ils avaient. Leur capture avait eu lieu sur la Citadelle, au mariage de la fille de Besora. Ils étaient clairement sur son territoire, et plus précisément dans un lieu de transit. Transit de quoi, il n’en savait rien ; tout ce dont il était au courant, c’est que leur « chambre » avait deux issues. La première, une porte large par laquelle on les faisait entrer et sortir à coups de pieds et de matraques, et la seconde, qui couvrait le mur du fond sur presque toute sa largeur. Il s’agissait probablement d’un petit hangar réservé à garder temporairement les cargaisons destinées à des véhicules de livraison. Quant à leurs « gardiens », il s’agissait d’individus tout à fait banals pour ce que le Turien en avait vu. Ils auraient pu être n’importe quel videur de boîte de nuit, à ceci près qu’ils travaillaient pour la pègre. Mais il y en avait un, celui qui lui posait les questions...

« J’ai reconnu le Butarien qui… Celui qui s’occupe de moi. Ce n’est pas un idiot, il a probablement une méthode précise en tête. Il doit penser que c’est toi la tête pensante, et que c’est me briser moi qui te brisera toi. »

Il marqua une pause, reprenant sa respiration. Parler autant restait une peine dans leur état, et toute pensée s’accompagnait d’un violent accès de migraine. La douleur réveillait la douleur, et le cycle semblait inarrêtable. La rigidité naissante de Scipio l’aidait à se protéger, et créait en lui une détermination qu’il n’avait que rarement :

« Alors je ne le laisserai pas me briser. On partira avant que ça n’arrive. »

Audrey leva sa main jusqu’au visage de son partenaire, et passa deux doigts sur l’une de ses mandibules, avant de les descendre le long de son bras, n’osant que l’effleurer pour ne pas en réveiller les meurtrissures. Le contact de sa peau n’était pas aussi doux qu’avant. Ils cherchaient peut être à ne pas laisser de marques sur son corps, mais Scipio la connaissait assez pour percevoir ce genre de différences. Les yeux de l’ex-flic se voilèrent d’humidité, et elle finit par se tourner de nouveau, présentant son dos.

« Et comment tu comptes faire ça ? lança-t-elle péniblement. On ne sait même pas où on est... »

Il passa un bras autour d’elle, s’allongeant à ses côtés, et pris sa main dans la sienne, doucement et précautionneusement.

« J’ai un plan. Mais j’aurais besoin de toi. »

Aucun son ne vint lui répondre, mais il sentit qu’elle emmêla ses doigts aux siens. Ils se turent, et il se prit à espérer que le sommeil les emporterait. Que lorsqu’ils se réveilleraient, ils seraient sur le canapé d’Audrey, un holo tournant en boucle en face d’eux. Ça n’arriva pas. La nuit devait être tombée, mais le sommeil, lui, restait un lointain fantasme pour le Turien. Lorsqu’il entendit les pas de leurs geôliers s’approcher, il ne serrait plus la terrienne contre lui, mais cherchait plutôt une solution pour son bras, sans succès. Ils n’étaient pas venu aussi tard dans la nuit, les fois précédentes… Quand la porte s’ouvrit et que les deux gardiens émergèrent, Audrey sursauta.

« Aller le piaf, c’est ton heure de gloire. »

La déclaration était sans appel. L’Humaine voulut protester, mais le craquement d’une matraque électrique lui fit lâcher un couinement pathétique, et elle se recroquevilla sur elle même. Tirée de son sommeil, le corps endolori et l’esprit brisé, elle était incapable de lutter contre eux. Scipio n’était pas dans une meilleure posture, et ils n’eurent aucune difficulté à l’emporter. Mais il savait qu’il reviendrait, et en un seul morceau. C’était une nécessité.


***


« Comment se passe ton emménagement avec ta petite amie, mon Scissi ? Oulala, tu fais gros dur avec la fracture et les taches de sang. Ça ne te va pas très bien mais ça me plaît pas mal. Tu n’as rien à me répondre ? Je vais finir par prendre ton silence pour un manque de coopération. Ce n’est pas toi qui avait demandé à me parler ?
- Certainement pas pour entendre tes railleries.
- Alors, tu as enfin décidé de passer à la caisse ?
- Pas vraiment. J’ai une offre à te faire.
- Bien sûr. Ils en ont toujours une.
- Un pari.
- On me l’avais jamais faite, dis donc. C’est quoi cette fois ? Tu veux un combat à mains nues ? Une épreuve à passer peut être ?
- Je veux juste un tournevis.
- Ooh chaton chaton chaton ! Je crois que l’on t’as un peu trop tapé sur la tête toi.
- Donne moi un tournevis cruciforme.
- Pour quoi, poignarder Ghegar ? Un couteau ira plus vite, tu sais ? Ou bien ça t’excite de devoir faire avec les moyens du bord ? Je peux comprendre.
- Donne moi un tournevis cruciforme et je fais sauter cet endroit si j’en ai l’occasion.
- Eh bien, il mord encore. Tu as peut être un peu trop de dents, non ? J’aurais du leur dire de taper un peu plus sur la figure.
- Si je perds, je ferai tout ce que vous voulez.
- Ah ! Voilà, là ça ressemble un peu plus à un pari. Exiger des outils, c’est pas un pari Scissi. Donc, si tu perds, c’est à dire si mes hommes t’attrapent, tu fais tout ce que je veux, c’est ça ?
- Oui.
- Comme … Actuellement, en fait ?
- Non, j’accepterai tout. Je signerai le contrat de Besora, je viendrai sur Illium avec toi comme tu voulais, je…
- Ça m’as l’air pas mal. Et si je perd ?
- Vous nous foutez la paix.
- Ça me semble correct. Et qu’est ce qui arrive à ta copine si tu perds ?
- Elle…
- Je n'aurais qu’à la renvoyer dans l’EF, tiens. Ça a l’air de lui avoir plus la dernière fois.
- Si je perds, elle s’en va. Vous aurez tout ce que vous voudrez de ma part, c’est déjà bien assez.
- Elle t’as raconté ses vacances, tiens ?
- Est ce que tu acceptes, Cordelia ?
- Écoute, si je gagne, je la laisse partir.
- Mais… ?
- Si tu gagnes, tu lui demandera qu’elle te raconte un peu pourquoi elle est au chômage.
- Qu’est ce que ça peut bien te faire ?
- Oh rien. Je suis juste curieuse. Tu auras ton joujou, maintenant oust. Je suis pressée de voir notre jeu commencer. Mais attention, la longueur d'avance ne sera pas bien longue. »


***


Quand on le ramena à leur étroit hangar, Scipio entendait Audrey tambouriner à la porte, exigeant aussi fort qu’elle en était capable qu’on lui ouvre. On lui ouvrit bel et bien, on l’accueillit d’un coup de pied dans les côtes, et on lui balança le corps de son ami, qui roula à l’intérieur comme une poupée de chiffon. Son bras écrasé lui arracha un hurlement pitoyable. Elle se précipita à lui, tombant sur ses genoux et lui demandant frénétiquement dans quel état il était. Il répondit simplement d’un rictus hagard et en ouvrant son poing, révélant un simple tournevis à la poignée orange. Les mots vinrent s’ajouter au geste, alors que ses yeux se remplissaient de larmes :

« Je vais nous sortir de là. On va se sortir de là.
- Scipio, qu’est ce que tu as fait ? Et pourquoi sont-ils revenus te chercher au milieu de la nuit ?
- J’ai… J’suis allé chercher un tournevis. Parce qu’on en a besoin pour sortir. Aud… Je vais avoir besoin de tes bras. Est ce que tu as encore assez de forces ?
- Scipio… fit elle en posant ses mains sur l’outil, les refermant sur la sienne. Est ce que tu as la moindre idée d’où aller une fois sortis ? »

Il n’avait pas pensé jusque là. Il ne savait pas comment le lui avouer. Comme d’habitude, il ne trouva pas avant de le faire :

« J’ai pas pensé jusque là. Mais on trouvera. C’est sûr. On est dans une rampe de chargement pour véhicule, ça veut dire que là dehors, ça mène forcément quelque part. On aura qu’à… Je sais pas, espérer qu’il y a une voiture et s’y attacher. Quelque chose comme ça.
- C’est ton meilleur plan ça ? Sortir et espérer qu’il y ait un véhicule auquel s’accrocher ?
- C’est mon meilleur plan parce que c’est mon seul plan... »

Scipio retira sa main de celles de sa partenaire, récupérant le tournevis et le serrant contre sa poitrine. Sa seule idée était de la sortir de là. Il était prêt à tout pour ça. Il l’avait dit à l’Asari : il ferait sauter cet endroit s’il en avait le besoin.

« Audrey… Je comprends que tu ne puisses plus me faire confiance. C’est normal. Après toutes mes erreurs… Et j’en fais peut être encore une nouvelle… Mais je ne peux pas continuer de te voir comme ça. C’est plus que ce que je peux encaisser. »

Il prit une grande inspiration, que son corps endolori lui fit regretter :

« Mon âme s’est éprise de la tienne. Alors je te sortirai de là… Et je te fais confiance pour que tu me sortes de là aussi.
- Scipio… Tu n’as jamais perdu ma confiance. Mais je ne serai pas en état de te protéger si l’on quitte cette pièce ce soir. Et tu n’es pas en état de te promener sans protection. Je… Je comprends et j’apprécie ce que tu essaies de faire… Mais si on le tente ce soir... »

Les paroles de la jeune femme n’étaient pas vraiment rassurantes, mais elles le touchaient tant qu’il se serrait mis à pleurer s’il ne le faisait pas déjà. L’instabilité émotionnelle était de toute manière devenue une norme ici, et jamais son cœur arythmique n'avait eu tant de mal à trouver un tempo.

« Combien de temps… Te faudrait-il ?
- Combien de temps penses-tu pouvoir tenir ? demanda-t-elle après s’être accordé le temps de la réflexion.
- J’ai un bras en miette, je ne dors que quand je perds connaissance… Pas bien longtemps, Audrey. »

Une nouvelle fois, elle réfléchit longuement, et déclara dans un soupir :

« Très bien. Je ferais ce que je peux pour te protéger. Allons-y. Appuie toi sur moi… Si jamais ça tourne mal, tâchons de ne rien faire de plus stupide.
- Ce serait compliqué. »

L’humour ne les égayait pas franchement, mais il était symptomatique d’un changement. Scipio ne se morfondait plus, car comme le lui avait appris une amie plusieurs années auparavant, il devait se rappeler qui il était. Hors, envers et contre tout, Scipio était un soldat, doublé d’un Sempronia. Caporal du génie militaire de la Hiérarchie, 24ème bataillon de réserve du Berceau de Siegfried. Débrouillard de profession, raté uniquement par vocation. L’ancienne lieutenant-commandant l’aida à se déplacer jusque dans un coin à l’arrière de leur cellule. Effleurant le mur à côté de la large porte, il retrouva l’interstice rectangulaire qu’il avait détecté lors du premier jour. Quatre petits trous, un dans chaque coin… Les vis tombèrent les unes après les autres. Le panneau de commande se révéla. Il le déboîta avec une minutie professionnelle.

« Comme le reste du bâtiment… Design humain, technologie volus. Ça va fonctionner, ça peut fonctionner... »

Il parlait autant pour se rassurer que pour expliquer ce qu’il faisait, et ni l’un ni l’autre n’était vraiment efficace. Les commandes étaient basiques, mais normalement, un omnitech sert d’interface pour contourner les sécurités. Dans leur cas, le soldat du génie cherchait à directement court-circuiter le boîtier, incapable de pirater en bonne et due forme. Il grimaça en arrachant un des câbles avec les dents, en choisit quelques uns et… Clac !

« C’est bon ! Le verrou, là juste au milieu, il ne devrait plus être magnétisé. Maintenant, tu peux l’arracher. »

Plus facile à dire qu’à faire. Encore épuisée par les traitements de la veille, Audrey était courbée au dessus du mécanisme, tirant de toutes ses forces. Scipio la rejoint, trois bras valant mieux que deux. Ils tirèrent de longues minutes, s’essoufflant, s’écartant parfois pour essayer d’autres méthodes, le Turien encourageant sa partenaire et celle ci s’évertuant à recouvrer le plus de ses forces pour pouvoir éclater ce…

Clac ! Encore une fois ! Le verrou était parti avec elle, et Scipio était tombé sur les fesses en essayant de la rattraper. Un fin trait de lumière passait sous l’ouverture. Avec hâte, ils y glissèrent leurs doigts et soulevèrent la lourde porte. Elle se plia à leur volonté, et ils étaient…

En dehors de leur cellule. Sans avoir été jetés dehors sous la menace des matraques. Les doigts de Scipio effleurèrent le poignet d’Audrey. Il tremblait d’excitation. Ils avaient peut être une chance.
Audrey Bayard

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MessageSujet: Re: Lune de miel   Lune de miel Icon_minitimeMar 16 Juil 2019, 20:44
Ils étaient sortis. Aussi surprenant que cela pouvait paraitre, le plan de Scipio avait fonctionné. Du moins jusqu’ici. Au fond, ils n’avaient pas accompli grand chose, et le plus dur restait à faire. S’enfuir sans être vu.

Un vent frais vint doucement caresser les cheveux de l’humaine, tandis qu’elle sentit les griffes de son compagnons effleurer son poignet. Elle attrapa instinctivement sa main et la serra dans la sienne. Une façon tacite de lier son destin au sien. Quoi qu’il puisse advenir à présent, ils l’affronteraient ensembles. Qu’ils réussissent ou qu’ils échouent…

Devant eux s’étendait une longue et large allée de gravillons, bordée de chaque côté par une pelouse qui paraissait parfaitement entretenue. Plus loin, un énorme bâtiment s'élevait. Probablement un manoir. Celui de leur hôte. Certaines lumières étaient encore allumées au rez de chaussée. Nul doute qu’il devait se négocier quelque affaire douteuse à la faveur de la nuit. Il faudrait éviter de trop s’approcher de ces fenêtres si le duo ne voulait pas se faire prendre.

Le premier pas sur le sentier fut le plus difficile. Ce n’était rien, mais symboliquement, il représentait leur liberté. Après plusieurs minutes à contempler les environs en silence en profitant de la brise nocturne, la française se décida finalement à passer le cap. Le sol crissa sous sa semelle. Elle se figea, voulant s’assurer que personne n’approchait. Pas de garde dans les environs visiblement. Un peu étrange, mais les mafieux n’avaient aucune raison de soupçonner une évasion. Si Scipio avait pu ramener ce tournevis, c’est qu’ils ne l’avaient pas vu le prendre.

Une deuxième foulée suivit la première, puis une troisième et soudain, un blocage. Le turien ne suivait pas. Bras tendu, il tenait toujours la main de sa partenaire, mais n’avait pas avancé. Il semblait totalement perdu dans sa contemplation. Une petite traction sur son bras sembla néanmoins suffisant pour le réveiller. D’un signe de tête, la châtain lui indiqua qu’il était temps d’y aller et ils le firent.

Les deux trottèrent jusqu’au manoir aussi silencieusement que le sentier le leur autorisait. Arrivés au niveau du bâtiment, ils se plaquèrent contre la façade. L’ensemble de la villa devait bien être surélevé de deux ou trois marches, ce qui devrait leur permettre de raser les murs sans risquer de passer devant une fenêtre, à condition de rester courbés. L'architecture semblait faite de pierre ou de brique. Probablement une ancienne construction. Sans doute le domaine familiale du Don. Étaient-ils sur Terre ? Cette réponse attendrait.

Les évadés passèrent devant une rampe semblant mener à un garage en sous sol. Celui-ci abritait très certainement les voitures des propriétaires à l’inverse de celui où les prisonniers avaient résidé dernièrement. La gendarme décida d’ignorer ce parking pour le moment. S’enfuir au volant d’une voiture risquait d’être voyant et bruyant. A choisir, elle préférait autant le faire à pied et trouver un véhicule une fois dehors. Ils continuèrent donc.

Et puis, Audrey s’arrêta net. Il y avait deux gardes devant eux. Discutant sur le péron la clope au bec, ils ne les avaient pas remarqué. Mais les deux fuyards ne pourraient pas les éviter. Ils faisaient face à la grille du domaine, qui se trouvait quelques dizaines de mètres plus loin. Et deux autres hommes semblaient garder cette sortie. Il était inconcevable d’espérer neutraliser quatre nervis armés dans leur état. Il allait donc falloir trouver autre chose. Retour au garage donc ? A défaut de pouvoir être discret, peut-être pourraient-ils prendre leurs ravisseurs de vitesse...

Le couple de fugueurs pénétra dans le sous sol. Étonnamment, il n’était pas fermé. Quel était l’intérêt d’un parking souterrain si on le laissait ouvert sur l’extérieur toute la nuit ? Au milieu de la pièce stationnait une voiture de sport rouge vif. Cela semblait presque trop beau pour être vrai...

Et puis, soudain, la lumière s'alluma, accompagné du petit clic caractéristique des interrupteurs à l'ancienne que l'on trouvait encore dans la plupart des garages. Audrey fit volte face, et la vit alors. Seule, le visage impassible, assise les jambes croisées sur un bidon.

- Game over, se contenta de prononcer Cordellia, avant de tourner légèrement son regard vers Scipio et d'afficher un sourire victorieux. Scisci, tu restes avec moi. Mademoiselle Bayard, commença l'asari en sautant de son siège pour s'avancer doucement vers le duo, vous êtes libre de partir.

La gendarme, qui avait adopté une position défensive quand l'autre s'était approchée, relâcha subitement sa garde, stupéfaite par cette déclaration. Le visage de l'asari se fendit alors d'un large rictus.

- Oh... Scipio, tu ne lui as pas dit ? Moi qui croyais qu'il n'y avait pas de secret entre vous. Au passage mon chéri, la prochaine fois que tu veux faire ce genre de petit jeu, essaie d'être un tout petit peu moins prévisible. Le garage grand ouvert, tu ne t’es pas dit que c’était trop évident pour ne pas être un piège ?

Pas dit quoi ? Et quel jeu ? De quoi voulait elle par… Non… Non ! C'était impossible ! Il n'avait pas fait ça ? Il n'avait pas passé un accord avec cette folle pour...

- Scipio, tu n’as pas fait ça ! Dis moi que tu n'as pas fait ça !
- Allons allons Aud, il faut le comprendre. Le poids harassant de te voir souffrir ainsi chaque jour par sa faute, la crainte de voir la femme qu’il aime mourir dans l’oubli au fond d'un hangar lugubre… En pareilles circonstances, n’importe qui aurait recours aux solutions les plus extrêmes. Comment pensais-tu qu’il avait mis la main sur son tournevis ?

L’asari jubilait littéralement, faisant exprès de prendre un ton exagérément compatissant pour mimer sa défense du turien. En réalité, elle prenait un plaisir pervers à l'enfoncer encore plus aux yeux de sa partenaire, tout en se montrant très tactile avec le natif de Palaven (pour le plus grand déplaisir de ce dernier, qui tentait tant bien que mal de se dégager de ses étreinte), étant par moment presque à moitié blottie contre lui pour appuyer ses propos. La bleue cherchait visiblement à anéantir tout éventuel sentiment entre les deux, pour ne laisser la place qu'à une sensation de trahison. Mais pourquoi ? Qu'avait-elle donc à y gagner ? N'était ce que par pur sadisme ou y avait-il autre chose ?

- Aud, je vais t'expliquer, je...

- Atatata ! Ça ne faisait pas partie de notre contrat Scisci. Maintenant c'est moi qui décide de ce que tu peux ou ne peux pas dire. C'est une petite fille très intelligente pour son âge, laisse-la donc tirer ses propres conclusions. Lança-t-elle avec un large sourire.

La jeune femme était complètement perdue. Incapable de réagir. Elle n'arrivait pas à concevoir que le cuistot ait pu vendre son âme à cette cinglée uniquement pour la libérer elle. Surtout pour la libérer elle en réalité. Il était le plus en danger ici. Il n'aurait jamais dû faire ça. Encore moins pour elle. Il...

- Bon, c'est pas tout ça mais il faut qu'on y aille mon scisci. Il est temps d'honorer ta part du contrat. Aud mon chou, tu seras gentille d’éteindre la lumière et de fermer la porte en partant.

*****

Audrey était assise sur un fauteuil, dans un somptueux bureau. En théorie, elle était libre de rentrer chez elle. Mais sans doute avait-elle aussi le droit de trainer un peu. Visiblement, on lui avait au moins accordé l'autorisation de s'entretenir avec la personne responsable de leur emprisonnement.

Compte tenu de la décoration des lieux, ils se trouvaient très certainement chez Berosa. Aussi la française fut-elle surprise de voir uniquement pénétrer dans la pièce celle qui les avait surpris cette nuit. Cette dernière alla s'installer dans le grand fauteuil orné d'un B stylisé qui faisait face au bureau. Il ne s'agissait clairement pas du sien. Donc son propriétaire ne devait être présent. Bayard se leva pour s'approcher du meuble et faire face à son interlocutrice.

- Tu n’es pas encore partie ? Ne me dis pas que tu n’as pas réussi à trouver la sortie. Lança la tête de poulpe sur le ton de la conversation.
- Je ne compte pas m’en aller sans lui.
- Et je ne compte pas te laisser partir avec mon nouveau jouet. Nous sommes donc dans une impasse.

L'humaine réfléchit un instant. Elle n’était pas en état de combattre une biotique. Encore moins sans arme. Mais si elle avait bien compris pourquoi Scipio s'était absenté cette nuit, il y avait peut-être un autre moyen…

- Tu veux faire un marché ?

Cordellia explosa d’un rire franc.

- Vous avez donc à ce point envie de travailler pour moi pour protéger l’autre tous les deux ? Ne me dis pas que vous êtes vraiment…

La terrienne resta impassible. Elle voulait garder l’avantage lors de cette négociation, et pour cela, elle devait masquer ses émotions.

- Dans tous les cas, si tu comptais proposer d’échanger vos places, c’est non. Il a beaucoup plus à m’apporter que toi.
- Non, ce n’est pas ce que j’avais en tête. Mais j’en sais suffisamment sur toi et Besora pour apporter un témoignage qui vous fera tomber tous les deux. Et l’état de Scipio sera une preuve supplémentaire suffisante pour à peu près n’importe quel jury. Bien sûr, tu pourrais me tuer. Mais si tu venais à faire ça, sache que j’ai des amis qui me chercheront. Des gens bien plus dangereux que moi, qui n’hésiteront pas une seconde à réduire cet endroit en cendre et à massacrer tous ses occupants s’ils apprennent ce qui est arrivé.
- Chercherais-tu à me faire peur ?
- Ce que je te propose, reprit la châtain sans tenir compte de la question de son interlocutrice, ce que je t’offre, c’est de tenir ma langue. Ni les autorités ni mes amis ne sauront jamais rien de ce qu’il s’est passé ici. Officiellement, je serai simplement partie en vacances sur un coup de tête pour me ressourcer un peu. Disons… pour faire un peu de thalasso ?

L'extra-terrestre sembla amusée par cette pointe d'humour noir.

- Et qu’est ce que tu veux en échange ?
- Tu libères Scipio de tous ses engagements vis à vis de toi. Je ne sais pas ce qu’il t’a promis et je m'en moque, mais tu oublies.
- Tu ne me demandes pas de le laisser partir ?
- Non. Mais s’il reste, je reste avec lui. Et si nous avons un accord, tu n’auras aucune raison de le garder de toute façon.

La bleue fit pivoter son fauteuil pour réfléchir un instant. C’était plutôt bon signe. La française avait réussi à capter son attention. L'offre ne devait donc pas être si insensée.

- Je dois admettre que j’aime ton style Audrey, déclara-t-elle avant de lui faire face de nouveau. Tu as beaucoup plus de mordant que notre Scipio adoré. Mais tu es consciente que je pourrais m’assurer de ton silence de bien d’autres façons ?
- Mais seraient-elles aussi efficaces sur le long terme ?

L’asari sourit. Elle trouvait toujours aussi ironique d’entendre des humains parler de long terme, alors que leur espérance de vie était ridiculement basse.

- Pour ta notion de long terme tu veux dire ? Oui ne t’en fais pas, je suis tout à fait capable de faire taire quelqu’un un petit siècle. Sans parler du fait qu’il y aura prescription bien avant cela. Mais comme je l’ai dit, j’aime ton style. Je vais réfléchir à ta proposition. En attendant, tu es libre de rejoindre ton turien préféré. Tu auras une réponse demain.

*****

La porte de la cellule s’ouvrit. Audrey se tenait dans son embrasure. Pour une fois, elle se tenait parfaitement droite sur ses jambes. L’un des gardes la tenait par le bras, pour s’assurer qu’elle ne fasse rien de stupide. Elle se dégagea de son étreinte d’un geste brusque et lui jeta un regard noir, avant de pénétrer lentement dans ce hangar qu’ils avaient eu tant de mal à quitter. La porte claqua derrière elle et l’on put entendre le verrou qui se refermait.

Scipio, misérablement installé dans un coin de la cellule, sembla aussi surpris que horrifié de la voir reparaître devant ses yeux. Il essaya de protester, mais sa co-détenue l’interrompit immédiatement.

- Je te l’ai dit il y a deux jours Scipio, je n'irai nulle part sans toi. déclara-t-elle froidement, avant d’aller s’assoir à l’opposé du turien. Ca y est, il avait réussi son coup. Elle lui en voulait.
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MessageSujet: Re: Lune de miel   Lune de miel Icon_minitimeDim 21 Juil 2019, 23:43
La réponse se fit attendre. Scipio regardait bêtement son tournevis, le tortillant entre ses mains. La douleur qui gisait dans son bras s’était calmé depuis qu’il avait reçu des soins sommaires. Celle qui logeait dans son crâne, elle, n’était pas prête de s’en aller. Ils avaient échoué. Ils étaient tombés dans le premier piège qu’ils avaient pu trouver, et le Turien était certain que Cordelia n’en avaient pas prévu d’autres, persuadée qu’ils se feraient avoir. Qu’elle ait eu raison ajoutait du sel sur la plaie. Désormais, le désespoir était total. Ils ne pouvaient plus s’échapper, car même l’esprit ne le souhaitait plus.

« J’aurais du t’écouter, lâcha le cuistot misérable d’un ton las.
- Oui, tu aurais dû… »

Audrey devait être en colère. Difficile de ne pas la comprendre. Il ne savait pas quoi répondre. Il ne pouvait rien dire qui soit capable de jouer en sa faveur, après tout. Il pouvait juste être haineux envers tout, et principalement envers lui même. Lorsqu’il fut évident qu’il n’était pas prêt à l’affronter, elle poussa un long soupir et vint s’asseoir à côté de lui. Comment pouvait-elle encore souhaiter faire ce genre d'effort ?

« Je peux savoir ce qui t’as pris ?
- Je pensais qu’on pouvait y arriver... »

Exaspérée, elle passa une main sur son visage. Lui fixait son tournevis orange pour éviter son regard.

« Pourquoi tu ne m’as rien dit ? »

La question appelait une réponse, mais lorsque Scipio ouvrit la bouche, il ne trouva rien à dire. Un autre soupir accueilli son silence.

« Scipio… Je… J’ai besoin de savoir si tu me fais confiance. Et si je peux te faire confiance. »

La demande était compliquée à encaisser. Rien ne permettait à Audrey de faire confiance à son ami désormais. Il avait causé un tel tort, systématiquement. Tous ces derniers mois n’étaient qu’une suite douloureuses de mauvaises décisions éclairées par quelques sursauts heureux. Tout du moins, c’est ainsi qu’il le considérait désormais, car il s’interdisait au bonheur ou même à la simple idée de pouvoir être soulagé de tout le mal qui leur arrivait. Mais le plus difficile était qu’elle se demandait si lui, il lui faisait confiance à elle. Elle qui tenait depuis le début, et qui parvenait presque systématiquement à faire ce dont il était incapable.

« Oui, je te fais confiance, dit-il avec abandon. Je t’avais dit que je voulais te sortir de là, et que je te faisais confiance pour faire de même pour moi. Je m’étais dit que même si on se faisait attraper, si elle m’amenait sur Illium, tu finirai par me retrouver... Et non, tu ne peux pas me faire confiance. Plus maintenant, j’imagine. J’ai déçu trop de monde, trop de fois.
- Tu étais prêt à te faire embarquer jusqu’à Illium par cette timbrée juste pour me libérer ? »

Elle marqua une pause suffisamment longue pour que Scipio soit incapable de savoir s’il s’agissait ou non d’un reproche.

« Mais bon dieu, combien de coups t’ont-ils mis sur la tête ? »

Elle risqua un sourire, qu’il était incapable de rendre. Il aurait aimé avoir quelques bons mots lui même, mais son crâne n’était qu’un ouragan de culpabilité.

« Trop… Comment toi, tu tiens ?
- C’est la différence entre ceux qui font un service militaire généralisé et les autres Scipio.
- J’ai fait mes classes… J’ai fait l’EN… Je n’ai pas d’excuse... »

Il sursauta lorsqu’elle passa un bras autour de lui. Elle le serra contre elle, et enfin il cessa de triturer l’outil orange. Il n’osait plus bouge.

« Je tiens parce que je n’ai pas d’autre choix Scipio. Je ne peux pas me permettre de craquer quand j’ai encore des gens à protéger…
- J’aimerais aussi réussir à te protéger, mais plus tu me côtoies et plus il t’arrive du tort…
- Je… N’ai pas l’habitude d’être protégée…
- Est ce que c’est vraiment une bonne chose… ? »

Cette fois ci, ce fut à Audrey de ne plus avoir de réponse. Ils avaient retrouvé une conversation plus fluide, les mots continuant de se prononcer avec douleur, mais n’étant plus systématiquement suffisant pour étouffer Scipio de colère contenue, dirigée contre lui ou le monde entier.

« J’aimerais réussir à faire pour toi la moitié de ce que tu parviens à faire pour moi.
- Mais tu as fais bien plus pour moi que tu ne l’imagines Scipio. Tu étais là au moment où j’avais le plus besoin de quelqu’un.
- Et après je t’ai emmené dans un mariage de mafieux parce que je suis un idiot naïf, et depuis tu te fais maltraiter tous les jours, par ma faute… se lamenta le réserviste en prenant sa main. Tout ça parce que je voulais te faire un peu plaisir et t’offrir une soirée un peu différente… Pourquoi rien ne marche facilement ?
- J’ai commis mon lot d’erreur aussi tu sais… Je ne t’ai pas attendu pour m’attirer des ennuis. Et puis tu ne pensais pas à mal.
- Tu allais au mariage d’amis de ton colocataire et tu te retrouves torturée par la pègre… Admet que l’on n’est pas très chanceux, quand même. »

Il n’en avait pas le cœur, mais il chercha à sourire. Elle le lui rendit car elle était, comme toujours, une femme de bien plus de ressources que lui. Il y avait trop de bon dans ce brin d’humaine pour justifier tout le tort qui lui était infligé. Scipio pourrait-il seulement se pardonner un jour de la misère qu’il forçait les autres à revêtir par sa simple présence ?

« Je ne te savais pas si doué pour les euphémismes, essaya-t-elle.
- C’n’est sûrement pas toi qui m’as appris ça… Tu avais mis ta tenue de tous les superlatifs, ce soir là.
- Cette robe traînait dans mes placards depuis des années, je m’étais dit que c’était l’occasion de la sortir. Je ne risque plus de la remettre maintenant…
- Oui… Idem pour le costard, c’était du loué, je vais devoir payer des frais maintenant…
- Je me disais bien que ça ne te ressemblait pas d’avoir un costume aussi élégant.
- Merci. Moi qui cherchait les mots pour te dire à quel point j’avais été bluffé. En même temps, qui aurait cru que toi, tu aurais pu rentrer dans une robe ?
- Hé ! Fais gaffe à ce que tu dis si tu veux pas te retrouver à dormir sur le paillasson. »

Cette fois, son rire, bien que léger, fut sincère. Il s’acheva dans une quinte de toux pénible, alors que sa cage thoracique rouée de coup le faisait souffrir. Il chercha ses mots, se sentant le désir d’expliquer ce qu’il avait pu voir :

« J’étais pas mal surpris sur le coup. Je veux dire… Tu n’es pas sans charme, mais j’ai tellement l’habitude de te voir dans tes habits de tous les jours. Je n’imaginais pas que tu pouvais avoir d’autres formes de… Joliseté ?
- Merci. Je suppose… C’était bien censé être un compliment ?
- Oui. C’n’est pas le meilleur mais tu admettra que dans les circonstances… Il rangea son tournevis dans une poche et signala d’un geste vague leur cellule. Mais je pourrais continuer, tu en vaux ton lot. »

Lorsqu’il vit que son sourire venait à s’effacer, il chercha une nouvelle fois à la piquer :

« Je pourrais même dire que j’ai ton poids en compliments.
- Et bien… Garde les pour plus tard tu veux bien ? Pour un moment plus approprié. »

Elle semblait plus gênée que froide. Ce devait être la première fois qu’elle ne répondait pas au ton charrieur de Scipio. Mais elle avait raison. Ce n’était ni le lieu, ni le moment. Scipio espéra tout de même qu’il aurait un jour le moment opportun de lui admettre tout le bien qu’il pensait d’elle. Pour le moment, il se contenta d'apprécier qu'une conversation si anodine ait pu arriver, et acquiesça docilement :

« C’est compris. »

Et ils restèrent l’un contre l’autre en silence. Comme s’ils étaient encore prélassés dans le canapé de la flicette, elle s’endormit contre lui, sa respiration régulière apaisant les saccades de Scipio. Il finit par sortir une gélule blanche de sa poche, l’avalant rapidement en se demandant comment son médecin prendrait cette escapade. S’il en sortait un jour.

***

Lorsque la porte s’ouvrit, Scipio déposa Audrey contre le mur avec précaution, ainsi qu’il en avait l’habitude. Instinctivement, il fixa le sol, attendant à être battu sans raison une fois de plus. Le Butarien déclara :

« Tu viens. L’Humaine passe après. »

Il se leva, jeta un coup d’œil à sa partenaire, et se traîna jusqu’en dehors. Le geôlier n’avait même plus besoin de le brutaliser, son esprit brisé par leur échec. Il le suivit dans le couloir, ne le regardant que prudemment. Le coup de griffe qu’il lui avait assené au visage avait cicatrisé, mais l’avait rendu plus laid encore qu’auparavant. Une chose de plus sur laquelle Scipio s’était trompé.

« J’espère qu’on pourra te péter quelques os de plus aujourd’hui, ça m’énerve de devoir me retenir. »

Scipio trembla, et enfouit sa main dans sa poche, l’autre plaquée contre lui par son attelle de fortune. Il avait déjà abandonné, il était prêt à tout, pourquoi le frapper encore ?

« J’suis certain que ça fera plaisir à Cordelia de te voir ramper devant elle, et ça sera plus simple sans genoux, tu n’penses pas ? »

Il ne voulait plus prendre de coup ! Il ne voulait plus avoir mal ! Ni les matraques, ni les poings, ni les couteaux, rien ! Il ne voulait plus se noyer, être rossé et finir jeté contre un mur et martelé à coups de pieds. Il ne pourrait plus supporter le moindre coup à la figure, il savait que son corps ne tiendrait pas.

« Et puis après on passe à ta copine. Tu sais, le courant passe bien entre nous. »

Pour appuyer sa boutade, Ghegar fit crépiter sa matraque. La main de Scipio surgit de sa poche et il entendit un craquement lorsque le tournevis plongea dans le visage du Butarien. Il n’hurla même pas, affichant un air parfaitement stupéfait là où la douleur aurait dû déformer ses traits. Il s’écroula sur place, juste en face du réserviste, qui ne comprenait pas ce qui s’était passé. Paniqué, il regarda frénétiquement autour de lui, mais personne n’était là. Le couloir était vide, et n’était par ailleurs pas celui dans laquelle on l’emmenait d’habitude. Immédiatement, il pensa à un plan : il pouvait peut être jeter le corps par la fenêtre, ou le glisser sous un rideau. Non, quelqu’un à l’extérieur le verrait, et les rideaux n’atteignaient pas le sol… Le découper en morceau et le mettre dans les vases ? Non ! N’importe quoi !

Prendre ses jambes à son cou ?

Scipio fonça, remontant le trajet qu’il venait d’effectuer. L’adrénaline pulsait en lui, le forçant hors de sa torpeur et de l’idée qu’il venait de commettre une énième erreur. Nerveusement, il ouvrit la porte de leur cellule. Elle était encore là ! Elle dormait encore. Non, l’ouverture venait de l’éveiller.

« Il faut qu’on parte !
- Scipio ? Qu’est ce que... »

Le Turien se jeta dans sa direction, et l’aida à se relever. Elle était clairement perdu, et à vrai dire, il l’était tout autant. Le problème étant que lui l’était en sachant ce qui venait de se passer.

« Ils vont venir pour nous, il faut qu’on parte, je… J’ai encore… Raté ! expliquait-il.
- Scipio je… Je ne comprends rien de ce que tu me racontes, qu’est ce qu’il se passe ? »

Ils quittèrent la cellule en quelques pas hésitants, mais Audrey parvenait de mieux en mieux à récupérer ses esprits.

« Désolé, c’est… Tout s’est passé très vite… Ils sont venus me chercher, pendant que tu dormais, ils voulaient… Je n’ai pas résisté, je ne voulais pas encore être tabassé, j’ai attaqué le Butarien et… Et maintenant ils vont vouloir se venger...
- Je ne comprends toujours pas… Qu’est ce qu’il s’est passé ?

Elle le suivait alors qu’il dévalait les couloirs à la recherche d’une sortie, mais il finit par se stopper, mettre une main sur son épaule et planter son regard dans le sien. Il pesa ses mots, en encaissa l’horreur, et détourna le regard, incapable de contempler son acte.

« J’ai buté un type. Et maintenant il faut qu’on trouve un moyen de partir avant d’être les prochains invités chez les ancêtres.
- Tu as… Mais comment… Et qui… »

Il prit sa main et ils reprirent leur course.

« Le tournevis. Dans un de ses yeux. Le Butarien, Ghegar. Celui qui posait les questions de mon côté. Celui avec les couteaux.
- Il n’est peut être pas… Tu es sûr qu’il est bien mort ? interrogea l’ancienne soldat. Que tu l’as vraiment tué ?
- Je ne me suis pas arrêté pour lui administrer la dose recommandé de médigel, mais je n’ai jamais vu quelqu’un survivre avec une tige de métal dans le crâne. Avec un peu de chance… Avec un peu de chance ça ne l’a pas eu. Mais même si c’est le cas, ça ne changera pas grand-chose à notre sort dans l’immédiat... »

Elle garda le silence et ils finirent par s’arrêter près d’une fenêtre, par laquelle Scipio distinguait, au loin, l’entrée de la résidence.

[color=#9999ff]« Qu’est ce qu’on fait maintenant ? demanda Audrey. C’est quoi ton plan ?
- J’ai pas de plan… J’ai juste… Sursauté. Je n’ai pas fait exprès… On peut être partir avec la voiture ? Tu es censée pouvoir partir sans problème toi, non ? On peut, je sais pas, me cacher dans le coffre ? Trouver un fourgon ? Essayer de partir sans se faire voir ? J’en sais rien, j’essaye juste de nous écarter de… Lui.
- Calme toi Scipio. On va s’en sortir. Je vais te sortir de là. Mais pour ça, j’ai besoin que tu te reprennes. Tu me fais confiance ?
- Bien sûr ! Audrey ! Enfin ! »

Il prit son visage dans sa main, alors que le sien affichait sans une once de retenue son désespoir :

« Bien sûr que je te fais confiance. Comme toujours, Aud. Je ne compte pas changer ça. C’est comme tu l’as dit, je ne pars pas sans toi. Ni d’ici… Ni d’ailleurs. »

Il prit une grande bouffée d’air, réalisant que l’occasion n’était pas vraiment à s’étaler en émotions. Cherchant à se concentrer sur leur situation actuelle, il exposa :

« J’ai réfléchis à cet endroit, pendant que tu dormais. Le Don ne possède à ma connaissance que deux propriétés de loisir aussi grandes. La première est dans son pays natal, sur Terre. C’est en Cata… Logne, je crois ? L’autre est sur Bekenstein. Je ne suis jamais allé sur l’un ou sur l’autre. Ça ressemble à la Terre, ici ? Tu connais la Catalogne, toi ? »

Le duo se penchait aux côtés d’une fenêtre, laissant le moins possible d’eux même dépasser en espérant ne pas être vu. Il y eut du mouvement à l’entrée, et le portique s’ouvrit, laissant passer un véhicule que Scipio reconnu immédiatement. Incapable de comprendre encore l’importance de cet événement, il expliqua à sa partenaire :

« Cette voiture… Besora vient d’arriver. »
Audrey Bayard

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Audrey Bayard
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MessageSujet: Re: Lune de miel   Lune de miel Icon_minitimeMar 23 Juil 2019, 20:42
- Cette voiture… Besora vient d’arriver.
- Alors il est plus que temps pour nous de partir. Je doute qu'il vienne nous annoncer qu'il s'agit d'une terrible méprise.

À ces mots, la châtain reprit sa course, suivie autant que possible par le turien. Galopant dans les couloirs, abandonnant toute idée de discrétion, il tombèrent rapidement nez à nez avec un des nervis du bâtiment, sans doute attiré par l'agitation. Ce dernier parut néanmoins tout aussi étonné que les fuyards par la rencontre. Il tenta de porter une main à sa matraque, mais Audrey se montra plus rapide. La militaire envoya un violent coup de pied dans le ventre du gros bras, ce qui le fit se courber et reculer jusqu'au mur le plus proche. Avant qu'il n'ait pu se redresser, la française lui bondit dessus et s'assura qu'il ne puisse pas reprendre le dessus en lui assénant de nombreux coups de genoux. Il parvint néanmoins à se libérer et attrapa la matraque à sa ceinture. Il tenta une attaque, mais l'humaine l'esquiva de justesse. La peur au ventre, son entraînement reprenait le dessus. Elle craignait pour sa vie bien évidemment, mais aussi et surtout pour celle de Scipio. Elle pensait pouvoir encore encaisser, mais lui était clairement à bout. Ce qu'il venait de faire montrait qu'il commençait à craquer.

Un nouveau coup de matraque fusa mais ne parvint pas plus à atteindre sa cible. La gendarme n'avait pas été torturée aujourd'hui, elle était donc un peu plus en état de se battre. Et ses premiers assauts avaient sans aucun doute réussi à assommer un peu son adversaire. La troisième attaque fut la bonne. Bayard parvint à intercepter le bras armé et à se saisir du bâton, l'arrachant de la main de son propriétaire. Elle n'attendit pas une seconde de plus pour profiter de son avantage nouvellement acquis. Elle frappa à des endroits stratégiques, visage, côtes, genoux et son opposant se retrouva rapidement au tapis, le visage ensanglanté. Lâchant l'arme, elle se pencha un instant pour reprendre son souffle, avant de se retourner vers son compagnon.

Un peu hagard, le cuistot tentait tant bien que mal de tenir un extincteur qu'il avait ôté du mur. Sans doute avait-il initialement prévu de s'en servir contre leur assaillant. Il est vrai qu'il s'agissait d'une arme de frappe assez redoutable. Encore fallait-il avoir assez de force pour la manier, ce qui ne semblait plus être le cas du pauvre Sempronia, qui peinait déjà à garder le cylindre rouge dans ses bras sans tituber. D'un geste, son amie lui fit comprendre qu'il pouvait le reposer. Ils n'en auraient pas besoin. Et son colocataire avait déjà assez de sang sur les mains, inutile de rajouter celui de l'ordure étendu au sol, qui ne représentait de toute façon plus une menace dans l'immédiat.

- Scip, il faut qu'on y aille. On doit te sortir de là avant que quelqu'un ne donne l'alerte.

Le concerné sembla hésiter un instant, mais finit par acquiescer et se remettre en route. Alors que la gendarme allait lui emboîter le pas, elle aperçut quelque chose dans le dos du truand inconscient. Quelque chose qui pourrait être utile si les choses venaient à mal tourner. Après une demi seconde de réflexion, elle décida de le récupérer. Elle espérait ne pas avoir à s'en servir, mais il était presque sûr qu'elle aurait à le faire. Une fois ceci fait, elle rattrapa rapidement son retard et le couple de fuyards continua sa course au hasard des couloirs, à la recherche d'une sortie.

Étonnamment, ils ne croisèrent personne d'autre dans le bâtiment. À croire que la sécurité avait été réduite. En même temps, les propriétaires ne devaient guère s'attendre à une évasion. Surtout après le fiasco de celle qui était survenue la veille. Et si le Don venait de faire son entrée, il était probable qu’il ait droit à une sorte de cortège pour saluer son arrivée. Cependant, les deux évadés n’allaient pas se plaindre de ce relâchement, loin de là.

Malheureusement, aujourd’hui encore l’escapade fut finalement de courte durée. Alors qu’ils quittaient enfin le bâtiment, les deux prisonniers tombèrent nez à nez avec Cordelia, flanquée de quatre hommes de main. Nul doute qu’ils étaient en route pour récupérer leurs invités et les amener au Don.

- Vous savez, je vais vraiment finir par croire que vous ne vous plaisez pas ici. Nous sommes pourtant au petit soin pour vous, non ?

L’asari semblait bien moins surprise que ne l’avait été le nervi de toute à l’heure. Elle ordonna à ses hommes de s’occuper des fuyards, mais il se produisit alors une chose à laquelle elle ne s’attendait pas. Audrey releva brusquement son bras devant elle, visant d’un pistolet le front de la biotique. Elle avait sans doute bien fait de le récupérer finalement. Tout le monde se figea une seconde, avant que les gangsters ne dégainent à leur tour leurs armes pour mettre la fliquette en joue. Passé la stupeur, la reine contrebandière éclata d’un rire gras.

- Tu n'auras jamais les tripes de le faire, lança-t-elle avec un large sourire aux lèvres.
- Vraiment ?

Le ton de l'humaine était froid et menaçant. Pour la première fois, l'assurance de l'asari vacilla. L'on ne pourrait dire que la peur l'envahit, ce serait exagéré, mais le doute frappa clairement à sa porte. Ses pupilles se rétractèrent en même temps que ses yeux s’écarquillèrent et elle sembla prendre bien plus au sérieux le danger que représentait l'arme dressée devant son visage. La bleue n'avait jamais envisagé que la nouvelle petite amie de Scipio puisse être une prédatrice. Or, c'est ce qu'elle voyait à présent en elle. Une femelle protégeant son mâle, un animal prêt à se battre jusqu'à la mort pour défendre ce qui était sien. Et l'on disait souvent que les animaux acculés étaient les plus dangereux...

Une tension silencieuse s'installa entre les deux femmes. Quatre pistolets étaient toujours braqués sur la fliquette, mais personne ne tirerait tant qu'elle ne le ferait pas. Celle-ci était dans une position délicate. Tirer signifier son arrêt de mort et probablement aussi celui de son compagnon. Mais ne pas le faire ne semblait guère plus engageant. Et surtout, elle mourrait d'envie de loger une balle dans cette petite tête bleue bouffie d'orgueuil et d'assurance. Son doigt commençait à se raidir sur la gâchette. C'était si tentant. Et cela semblait si facile. Une simple pression et cette garce payait pour tous ses crimes.

- Vous êtes décidément pleine de surprises mademoiselle Bayard.

La voix était calme et avenante. Audrey détourna un instant le regard pour confirmer qu'il s'agissait bien de celui qu'elle pensait avoir reconnu. Don Besora, flanqué de deux gorilles, se tenait à quelques mètres du duel, observant la scène d'un œil inquisiteur. D'un geste, il ordonna aux quatres nervis qui visaient la terrienne de baisser leurs armes. Il ne restait donc plus rien pour empêcher la française de débarrasser à jamais la galaxie de la biotique qui lui faisait face. Si ce n’est une petite voix intérieure qui parvenait encore à l’empêcher de presser la détente. Mais pour combien de temps ?

- Je vous prierais de bien vouloir me remettre votre arme à présent. Bien que je comprenne votre colère, je doute que vous teniez réellement à commettre un meurtre de sang froid. Et vous devez comprendre qu'un tel acte ne pourrait rester sans conséquence.

Y tenait-elle ? La militaire radiée pouvait-elle franchir cette ligne ? Abattre une personne désarmée, si tant est qu’une asari puisse réellement être désarmée, de sang froid. Elle avait déjà fait bien pire. Elle n’en était certes pas fière, mais les faits étaient là. La française n’en serait pas à son premier meurtre de civil. Et celle qui lui faisait face aurait amplement mérité son sort si la situation venait à… déraper. Déraper ? C’était sans doute bon signe, la gendarme ne considérait pas encore un assassinat comme acceptable. Mais alors pourquoi avait-elle tant de mal à accepter de renoncer à celui-ci ? Une fois la ligne franchie une première fois, cela devenait-il plus facile et plus tentant de le refaire ?

En proie au doute, bien que ne le laissant pas réellement transparaitre, si ce n’est pas son immobilisme, des paroles refirent étrangement surface dans l’esprit de la jeune femme. Des paroles plus sages que leur émettrice, une pirate à la crinière d’albâtre, ne le prétendait. Ce démon en elle, elle pouvait canaliser sa force quand c’était nécessaire pour protéger ceux qui lui étaient chers mais se devait de le faire taire le reste du temps avec la même conviction. Elle devait être l’hôtesse de ses penchants, non leur esclave. Mais abattre Cordelia ici et maintenant ne serait-il pas le meilleur moyen d’en protéger Scipio ? En cet instant, devait-elle succomber à ses pulsions meurtrières ou les ignorer ?

- Maintenant lieutenant, insista le parrain, d'un ton plus autoritaire.

L’emploi de son grade décontenança Audrey, qui ne put cette fois ci rien faire pour le cacher. Elle écarquilla bien grand les yeux de surprise et tourna le visage vers Besora, qui la fixait d’un ton grave, un main tendue dans sa direction. Difficile de dire ce qui troubla le plus la châtain. Le fait que cet homme connaisse son rang, le fait qu’il l’emploie pour s’adresser à elle ou bien le fait qu’elle se reconnaisse encore dedans. Quoi qu’il en soit, faire référence à ce poste qui avait défini la française pendant de nombreuses années sembla efficace. Peut-être cela lui rappela-t-il qui elle avait été et qui elle avait apprécié être. Sans doute cela mit-il surtout en évidence ce qu’elle ne tenait pas à devenir…

Bayard reporta son regard, bien moins assuré à présent, sur sa cible puis tourna les yeux vers Scipio. Il semblait bien plus à cran qu’elle n’avait pu l’être, sans doute à deux doigts d’exploser ou de s’évanouir sous la pression. De nouveau l’humaine fixa l’asari, qui avait d’ors et déjà retrouvé son sourire assuré et provocateur. Après une dernière seconde d’hésitation, la gendarme baissa son arme ainsi que la tête, laissant échapper un léger soupir. Elle se tourna vers le Don et commença à s’en approcher pour lui remettre le pistolet, le tenant à présent dans sa main d’une manière bien peu menaçante.

- Brave petit toutou. Je savais que tu n’aurais pas les tripes.

La concernée s’arrêta et se retourna vers Cordelia, ce qui fit quelque peu remonter la tension chez les hommes de main. Cependant, la militaire ne redressa pas son arme, se contentant d’observer son interlocutrice d’un air qui n’était même pas menaçant. A dire vrai, la terrienne affichait presque une mine désolée.

- Je ne suis pas comme toi. se contenta-t-elle de rétorquer calmement avant d’aller remettre le revolver au propriétaire des lieux.

Cordelia prendrait sûrement cette dernière intervention comme un aveu de faiblesse, voire un compliment. L’ancienne de l’UCIP y voyait une preuve de sa force morale et un signe prometteur pour sa propre rédemption. Comme l’avait dit une certaine corsaire de l’espace : “un jour, vous pourrez au moins réaliser qu’il y [a] bel et bien un choix. Avec un peu de chance, vous ferez le bon.”. Si Audrey avait été capable de ne pas tuer la biotique aujourd’hui, peut-être parviendrait-elle à se reconstruire. À condition bien sûr de quitter cet endroit vivant…

*****

- Avant toute chose, je tiens sincèrement à m’excuser pour ce que vous et notre ami commun avez subi ces derniers jours. Il apparaît aujourd’hui que laisser carte blanche à Cordelia pour enquêter sur vos potentiels liens avec la police était une erreur.

Bayard se tenait de nouveau dans l’étude de Besora, mais en compagnie de son propriétaire cette fois-ci. Debout devant le bureau massif du baron, elle avait refusé de s’asseoir quand cela lui avait été proposé, préférant rester debout. Le catalan en revanche s’était installé dans son large fauteuil, et force était d’admettre qu’il s’y tenait bien mieux que l’asari qu’on avait pu y voir quelques temps plus tôt.

Une fois la crise dans la cour résolue, le Don avait donné quelques ordres à ses hommes de main, avant d’avoir un échange aussi bref que sec avec Cordelia. Celle-ci avait tenté d’arguer qu’elle n’était pas l’un de ses sbires, ce à quoi le mafieux lui avait rétorqué qu’elle devrait s’en estimer heureuse, du ton le plus effrayant que le cuistot et la gendarme ne lui avaient jamais connu. Même la biotique n’avait pas trouvé quoi répondre à cela. Son interlocuteur ne lui en avait de toute façon pas laissé l’occasion, puisqu’il s’était immédiatement reporté sur ses deux “invités” pour s’adresser à eux sur son habituel ton avenant et chaleureux. Il avait demandé à ce qu’on s’occupe du turien et avait invité sa congénère à l’accompagner pour un entretien. Et une fois passée les usuelles formalités soupçonneuses et assurances que plus aucun mal ne leur serait fait, Audrey avait fini par accepter la dite invitation, non sans une certaine méfiance.

- On m’a informé du sort de Ghegar. C’est regrettable. Il n’y aura toutefois aucune conséquence. Vous avez tout deux bien assez souffert comme ça.

Le criminel marqua une petite pause, comme s’il attendait une réponse de son interlocutrice. Difficile de savoir s’il espérait des remerciements pour son incroyable mansuétude ou s’il comptait juste obtenir confirmation de celle qui lui faisait face qu’elle avait bien enregistré toutes les informations. Ni l’un ni l’autre ne survinrent.

- Néanmoins, finit donc par reprendre l’homme, nous nous retrouvons à présent dans une situation délicate. Non contente de vous infliger tous ces mauvais traitements, Cordelia a cru judicieux de faire ça au sein de ma résidence. Comprenez bien qu’un homme dans ma position ne pourrait se permettre qu’une telle affaire s’ébruite ou que des agents des forces de l’ordre viennent enquêter. Aussi, et bien que cela soit extrêmement désagréable pour moi, je me dois de vous demander de ne jamais mentionner cette semaine à quiconque.

La châtain ne put contenir sa surprise devant une telle demande. Est ce qu’elle avait bien entendu ? Le parrain venait-il vraiment de lui faire cette requête ? Il avait le culot d’exiger du couple qu’il prenne sur lui et tente de se reconstruire en sachant pertinemment que leurs bourreaux ne seraient jamais punis ?

- Vous nous avez torturés. Presque tué Scipio. Et vous nous demandez de le garder pour nous ?
- Encore une fois, croyez-moi quand je vous dis que je suis désolé de ce qu’il s’est produit cette dernière semaine. Mais comprenez bien que si je vous fais aujourd’hui cette proposition dans mon bureau, c’est parce que l’idée même de vous infliger davantage de souffrance me répugne. J’espère donc parvenir à un accord sans avoir à en arriver à de telles extrémités. Vous semblez être une jeune femme intelligente et pleine de ressources, je suis persuadé que nous pourrons trouver une solution mutuellement bénéfique.
- Je ne veux rien avoir à faire avec vous Besora. Et j’ai du mal à imaginer ce que vous pourriez bien faire de pire que ce que nous avons subi cette semaine !

Le Don leva un sourcil dubitatif lorsque son nom fut prononcé sans aucune marque de politesse ou de respect. Il ne semblait pas vraiment offensé, mais réellement surpris que son interlocutrice fasse montre d’une telle grossièreté. Il ne s’en laissa pas décontenancé pour autant.

- Pourtant nous savons tous deux qu’il existe pire traitement qu’un rossage en règle, même prolongé. Ne m’obligez pas à le formuler mademoiselle Bayard…

La demoiselle suscitée s’enfermant dans son mutisme, le parrain se sentit obligé de mettre sa dernière menace à exécution. Il laissa cependant échapper un long soupir avant de reprendre, donnant l’impression que ses paroles suivantes lui coûtaient réellement.

- Très bien… Dites moi, comment une muette fait-elle pour appeler à l’aide ?

La française blêmit, devenant, elle en était certaine, plus blanche encore que la chevelure du mafieux. Il savait pour Élise. Évidemment qu’il savait. C’était un baron de la pègre, il s’était forcément renseigné sur ceux avec qui il comptait traiter. Et s’il avait pu découvrir son rang dans l’armée, nul doute que mettre la main sur son livret de famille avait dû être encore plus simple. De là, il n’y avait plus beaucoup à creuser pour mettre à jour la proximité qui pouvait exister entre les deux sœurs.

- Vous avez tout mon respect Audrey. Vous savez ce qui est vraiment important et êtes prête à tous les sacrifices pour la préserver. Nous avons bien plus de valeurs communes que vous ne le pensez. C’est pour ça que je sais que vous tiendrez votre langue et que vous ne m’obligerez pas à mettre à exécution une menace qui nous répugnerait au moins autant l’un que l’autre.

Il s’agissait de la première fois que Besora employait le prénom de la gendarme en s’adressant à elle. Sans doute un signe de la sincérité de ses propos et de la sympathie qu’il pouvait éprouver envers sa compatriote. Et bien qu’elle refuse d’admettre qu’elle pouvait avoir des valeurs communes avec cet individu, elle devait pourtant reconnaître qu’il avait raison sur un point. La simple insinuation d’une Élise en danger suffirait à assurer la coopération totale et inconditionnelle de sa grande soeur…

- Ne lui faites pas de mal… parvint à peine à articuler l’ancienne militaire, brisée. Je ferai tout ce que vous voudrez, mais laissez la en paix.
- Audrey, commença le parrain en s’approchant, tout ce que je souhaite c’est que vous et votre compagnon puissiez reprendre le cours de vos vies et laisser cette épouvantable semaine derrière vous. Et que vous veillez sur notre ami commun avec la même ferveur que sur tous ceux qui compte pour vous.

L’homme se voulait rassurant, réconfortant. Il avait poussé la châtain à s'asseoir, ce qu’elle avait laissé faire, n’étant plus réellement en état de s’y opposer, avant de prendre une de ses mains dans les siennes. Malgré toute la bienveillance qu’il tentait de dégager, la jeune femme ne pouvait pas se sentir apaisé. Après tout, il s’agissait du même individu qui venait de menacer sa sœur à l’instant. Les yeux de la terrienne s’humidifièrent tandis qu’elle conservait la tête baissée. Elle se sentait atrocement vulnérable. Elle avait besoin de quelqu’un pour la protéger. Une présence réellement réconfortante. Une personne qui la serrerait dans ses bras pour faire rempart entre elle et le monde extérieur. Qui saurait trouver les mots justes pour la faire aller mieux. Elle avait besoin de Scipio...
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Lune de miel

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