Introduction.
Bien que son cœur et ses pensées aillent à la Terre, elle ne se sent chez elle qu'à bord d'un cuirassé, ou d'une frégate, car Madyson, alias Mad, est une Stellaire ; elle ne connait pour ainsi dire que les obscures boyaux des vaisseaux de la flotte. Fille de Feu Allan Marshall, mort officiellement en faisant face aux Moissonneurs, qui servit notamment dans la Marine après avoir, dans sa folle jeunesse, quitté les Soleils Bleus, sur-médaillé donc forcément "sacré lèche-fions" selon les dires de sa propre fille le jour de son enterrement... Enfin, ses récompenses n'étaient pas forcément dues à un présumé héroïsme - ou de par son tempérament suicidaire. La clef était de surfer avec la vague, comme il le lui confiait, malicieux ; de suivre le courant... Bref, cirer les pompes de sa hiérarchie, les mains pleines de sang sans aucun doute, pour voir placarder sa face de cake parmi celles des fonctionnaires modèles au détriment des plus méritants. Rien de bien conceptuel en somme... Quant à sa mère ? Ça l'est encore moins : fruit d'Oméga, danseuse de charme et femme de peu de vertu ; séduisante à en croire les bons souvenirs de son père, Mad ne l'a jamais rencontrée et n'a jamais compris pourquoi son père, si calculateur, ne l'avait jamais emporté avec lui sur son vaisseau... Ni pourquoi elle écopa du père et non de la mère... Chose est sûr est qu'entre eux les choses devaient être tendues, et pas seulement sous la couette. Des racines fort peu reluisantes donc, et qu'elle ne connait que très peu, l'histoire de Mad ne fait pas exception et n'aura d'épique que les batailles dans lesquelles elle fut engagée.
Oméga - Enfance.
Sans y être une célébrité pour autant, Mad n'est pas une inconnue sur la station d'Oméga, puisqu'il est de coutume - dans la famille Marshall, si on peut la définir comme telle - de passer ses jours de perm' sur la dite station, ce depuis qu'elle y est toute petite, profitant de leur statut militaire, et donc d'autorité, pour s'offrir certains luxes bien qu'ils n'étaient en rien épargnés de par la précarité de ses logements insalubres, et surtout en proie à la prédation des gangs de mercenaires de toutes espèces. C'est pourtant dans cet environnement malsain que grandit la petite Madyson, partagée entre les voyages interstellaires, sans véritables repères, dont les vacances n'étaient autre que perdition dans les rues de la station, éduquée à la fois par un père aux mœurs discutables, par la délinquance qui sévissait alors dans les rues d'Oméga, ou encore à grand coup de savates généreusement octroyés par des xénophobes butariens. Mad rentrait chez elle parfois couverte de sang, mais suffisamment réaliste de par le pessimisme contagieux de son paternel pour ne plus en pleurer.
Quoiqu'il en soit, les valeurs de l'armée n'ont jamais été idéalisées par les Marshall, et ce qui pourrait alors paraître comme étant un paradoxe n'en est toutefois pas un : Les Marshall sont militaires de père en fils non pas par conviction, mais parce qu'ils souffrent de ces inégalités que favorise un système dépravé, que ce soit pour des questions prétendues politiques, économiques - mais surtout de corruption - il s'agit donc d'une allégeance de façade afin de pourvoir aux besoins de leur descendance et ainsi ne pas crever de faim... En somme ils ne sont là que pour leur paye - si tant est qu'ils la perçoivent en temps et en heure - un peu comme s'il ne s'agissait là que de mercenaires de carrière... Parce qu'ils ne servent pas, ou plus, les intérêts des peuples de la terre, mais plutôt de particuliers, ou de ces personnes qui ont décidés que l’intérêt de l'Homo Sapiens étaient partout ailleurs, sauf sur Terre. On comprend mieux alors pourquoi les Marshall représentent ces militaires peu soucieux de l'image qu'ils renvoient tout simplement parce qu'ils ne croient plus au Père Noël, et ont tendance à arrondir leur fin de mois, s'offrant quelques privilèges sur Oméga, en acceptant de vendre indirectement leurs compétences pour des organisations plus obscures ; opérant dans l'ombre pour Aria T'Loak, ou les Soleils Bleus, voir même pour Cerberus il fut un temps, ou encore pour Terra Firma.
Académie Grissom - Adolescence.
Lors de ses contrats douteux ces jours de perm', Allan Marshall se saisit d'une opportunité pour élever sa propre fille au statut d'humain biotique, ce qui à l'époque et aujourd'hui encore n'est pas donné à tout le monde. La première raison était que, justement, ce genre d'opération coûtait la peau des fesses, ce qui en terme de négociation faisait son poids... La deuxième raison était une vision , celle d'élever sa fille à un statut privilégier ; elle serait prisée dans l'Alliance pour ses facultés biotiques, et ainsi peut-être, qui sait, lui offrir la chance de sortir la famille Marshall de la précarité en acceptant des postes à responsabilités.
C'est de cette façon que Madyson fut accueillie dans l'académie Grissom à l'âge de 11 ans, à peine quelques jours après son exposition "volontaire" à l'ezo ; et ce malgré les risques d'apparitions de tumeurs cancéreuses et toutes ces saloperies que peut engendrer l'application des nodules ; surtout que tout fut orchestrer depuis Oméga où chacun sait que la station n'a d'hygiénique. Une vidéo-conférence depuis l'extranet plus tard, et Mad franchissait les portes de l'académie sous le regard bienveillant de son père, déjà fier de ce qu'elle leur apporterait. Certes, Mad était pistonnée, mais qui ne l'était pas dans cette foutue école ?
En termes Marshalliens, la vie à l'académie était... intéressante, oui, mais soporifique ; Mad en voulait toujours plus. Si bien que ce fameux nom qu'est Marshall fit aussi parler de lui au sein même de l'établissement : Madyson blessait systématiquement ses instructeurs ou ses congénères lors de travaux pratiques. Sanctions en prime, forcément, mais la curiosité et le désir d'en savoir plus sur ses propres limites étaient tel qu'elle ne pouvait pas s'en empêcher, si bien qu'elle dû participer à plusieurs séances d'adaptation et de modération, voir de psychanalyse, qui en définitive faisaient pire que mieux.
Enregistrement du Professeur Rosenberg, au sujet d'injures présumées xénophobes de Madyson, défendant son refus de collaborer avec le comité enseignant, Mad déclarait à l'âge de 16 ans :
"On vit en démocratie ? C'est ça, votre argument ? ... Vous vous appuyez sur CE système où nous serions libre de dire et faire tout ce que nous voulons tant que l'on fait ce que les MORALISATEURS tel que vous nous ordonnent...? C'est de cela dont vous parlez ? Vous nous faites perdre du temps, à VOUS comme à MOI ; comprenez par là que c'est mon père qui m'élève. Vous, votre rôle, est de m'instruire, pas de refaire mon éducation, ni me dire quoi PENSER. Je ne suis pas une I.V. ! [Madyson Marshall quitte la pièce après avoir cracher sur le front de son interlocuteur]
."CFCI - Adulte.
Au vu de son caractère "diagnostiqué" de rebelle, on pourrait penser que fréquenter une école militaire, le CFCI plus particulièrement, n'était pas pour Madyson. Pourtant, c'était à croire qu'elle transpirait l'armée jusque dans ses gènes... La difficulté ne se trouvait pas tant dans ses entrainements quotidiens, synonymes d'épreuves, qui, tout comme celles qu'elle pratiquait à l'académie, lui permettait d'affuter ses compétences, repousser ses limites, ou tout simplement de se défouler, d'évacuer sa colère. Non, la difficulté résidait dans l'absence totale d'idéologie... En gros, il lui fallait suivre aveuglément les ordres, et ça, ça c'était le plus pénible...
Dans tous les cas, cette période d'apprentissage, de conditionnement physique et mental, fut riche en découvertes lors de ses voyages à travers la galaxie, dont la Citadelle et ses... "boîtes branchées" qu'elle fréquentait avec les camarades de son détachement... Mad détestait ce mot ; "Branché." C'était une insulte à voir comme la société humaine et concilienne se déversait dans : 1/ l'ignorance. 2/ le consumérisme festif. Pourquoi vouloir être branché à pareils déchets ? C'était une énigme... Bref, Madyson grandit et parvint à se forger sa propre vision du monde, ceci dit loin des sentiers battus ou des passages cloutés... Ou tout du moins, dans son cas, sous les bruit des fusils d'assaut, à marche forcée, ou paumées sous les franches accolades de ses comparses louchant sur leurs futurs uniformes d'officiers.
Secteur Zakéra - Flashback.
"Je suis le Commandant Shepard, et cette boutique est ma préférée de la Citadelle !"L'enregistrement publicitaire du Commandant stoppa Mad dans sa démarche implacable vers le comptoir du commerçant, faisant claquer sa langue sur son palais ;
" 'Tain... J'ai rencontré de sacrés connards dans la vie, mais alors lui c'est une synthèse."La Grande Guerre - Flashback.
Bien sûr qu'elle avait peur ; qui donc n'était pas pétrifié d'effroi face aux titanesque carcasses des Moissonneurs ? Cette chiffe molle de Shepard, peut-être ? Non, même lui devait se pisser dessus à chacun de leur grondement, Mad y mettrait sa main à couper tant les médias ne tarissaient pas d'éloge au sujet de cette prétendue Icône de la Grande Guerre ; toute cette propagande au sujet du Commandant Shepard frisait la surenchère. Fallait-il y voir un espoir ? Est-ce que l'espoir peut persister alors que les choses leur avaient été présentées de cette façon : le sort de l'humanité, de la galaxie toute entière, ne reposait en définitive que sur un seul homme ? Non, vraiment, Mad n'avait aucune foi en l'être humain dans sa globalité, alors comment pouvait-elle garder espoir, ou comment ne pouvait-elle pas avoir peur ? Demandez lui de croire en Dieu, certainement, mais avoir foi en l'Homme au point de le déifier ?
Jamais.
En 2187, Madyson n'avait foi qu'en son flingue, lançant un bref regard dans le fin fond de l'habitacle de son Kodiak, ses yeux d'ambre posés sur le bleu-bite qui fixait de ses globes oculaires vides de toute étincelle de vie la surface lisse de ses jambières. En cet instant critique où toute la galaxie unissait ses forces pour contrer l'envahisseur Moissonneur, cet homme assis, là, comme tout ces soldats méditant sur leur sort, ruminant et revisitant leurs pensées, ne se perdait que dans l'introspection, et n'adressait de prière que pour ces proches massacrés ; moissonnés. Non, la présence de Shepard sur terre n'avait été d'aucun réconfort pour Madyson car bientôt leur navette ouvrirait ses portes droit sur la gueule béante de l'enfer qu'il leur avait promis, avec pour seul ordre de "leur rentrer dans le tas."
Une trop longue attente pour celle dont le corps s'engorgeait d'adrénaline, faisant claquer les vertèbres de sa nuque d'un mouvement de tête ; parée, concentrée sur le carnage à venir. La porte coulissante s'ouvrit alors lentement, comme si le temps gisait en suspension ; chaque voix, chaque cris de hargne, n'était plus qu'un long et puissant beuglement sépulcral ne semblant plus vouloir en finir alors que son regard, si sévère, se perdait sur un océan de sang et de flammes, de ses yeux hurlant à l'envahisseur "je te pisse à la raie".
Ils y étaient, sur le champ, à contempler les armées corrompue qui déferlaient sur les lignes alliées...
"Jusqu'à la fin," murmura Mad avant de s'éjecter d'un bond de la navette et plonger d'un saut biotique sur engeances, zombies et autres abominations cauchemardesques.