« Alors, Rodriguez, il paraît que tu as une petite amie ? » L’interpella Brooks, lance roquette en main dans l’espace clos du petit vaisseau qu’ils partageaient à cinq. L’hispanique retira alors une photographie de la poche ventrale de son armure bleue avant de la montrer tour à tour a l’escouade. Chacun regarda le cliché de ce qui semblait être une Asari tout à fait banale. Tous, sauf le sergent qui, tête baissée, tirait sur sa cigarette d’un air inébranlable. Presque professionnel. Et si c’était son dernier petit plaisir avant la fin de tout ? La mission était simple, il fallait lancer l’assaut sur une petite expédition des Soleils Bleus sur Mars. Pourtant… Son esprit guerrier le sentait mal. L’équipe des mercenaires avait forcément eu le temps de bien s’installer, et malgré leur équipement vieillot, le nombre fait souvent la différence dans la guerre 2.0. Le kodiak se posa alors sur le sol rouge et sableux de la planète dans laquelle ils devaient mener leur mission à bien. La porte s’ouvrit alors que les hommes mirent leurs casques respectifs, avant de saisir leurs M-8 Avenger. Sautant hors du vaisseau, le sergent Australien n’eut le temps de confier un ordre à son équipe que Matsumoto se prit une balle en pleine tête en plein milieu du front. Le médecin japonais chuta alors au sol dans un silence inquiétant. Sans même réfléchir, le sergent se mit à courir sans même tenir compte des hommes qui comptaient sur lui. Courir vers l’avant alors qu’un trait de fumée se dirigeait à toute vitesse vers lui à niveau du sol. Ce dernier sauta alors au dessus de l’ogive au dernier moment, l’évitant de justesse tandis que cette dernière heurta le kodiak qui n’avait pas eu le temps de décoller, l’envoyant valdinguer de toute part. Un bruit sourd prit possession de son oreille interne, lui faisant perdre l’équilibre et le faisant chuter au sol, gémissant, il avait l’impression que le sol tournait autour de lui. Il n’eut le temps de se relever que l’Australien sentit un poids léger sur son torse, levant sa tête casquée, il vit une forme sphérique clignoter en bleu sur la partie précédemment citée. Il n’eut le temps de cligner des yeux que soudain, l’obscurité. Et une douleur inimaginable.

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« La sonde montre que le blast pulmonaire et les shrapnels ont causé de sérieux dommages. »

La voix semblait lointaine, presque irréelle et était modifiée par les tympans dorénavant abîmés du brun. Il ignorait si l’anesthésie avait cessée de faire effet, mais mon Dieu, cette douleur… Tout était flou, mais il semblait être à l’intérieur d’un hôpital quelconque. L’odeur des produits médicaux lui prenait le cerveau entier, et c’est alors qu’un type habillé d’un masque chirurgical se montra dans son champ de vision.

« Allez Jayden, restez avec nous. » Confia ce dernier.

C’est alors que le blessé de guerre entendit une scie se mettre en marche et frotter légèrement son bras droit dans un bruit de charcutage très désagréable à l’oreille.

« Où est cette prothèse cybernétique ? » Gueula alors une voix aigue, presque féminine tandis qu’une aiguille à peine plus large qu’une épingle lui rentra dans le cou, il sentit alors un liquide chaud lui pénétrer dans l’artère avant de sombrer à nouveau.

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Le brun ouvrit les yeux de manière timide, sa tête bourdonnait légèrement et devant lui se tenait une silhouette couleur sombre. Se frottant les yeux, il aperçut devant lui le Colonel Waters, celui qui l’avait envoyé au casse-pipe. Le type au visage ridé arborait une tenue militaire flambant neuve de couleur bleue, les gallons visible sur ses épaules.

« Bien dormi ? » Demanda ce dernier, un léger rictus perceptible sur ses lèvres gercées.

Regardant autour de lui, l’homme hospitalisé observa avec plus de justesse la pièce dans laquelle il se trouvait. Elle était colorée d’un blanc stérile, sans fenêtre, comme seul mobilier une chaise avec un trench-coat posé dessus et le lit ou se trouvait le blessé. Une lampe se contentait d’éclairer le tout.

« Où suis-je ? » Demanda l’Australien, clignant des yeux de manière rapide comme pour réhabituer ses pupilles à la lumière.

« Dans un hôpital, à Paris. Vous avez été rapatrié suite à votre opération, je tiens également à vous informer que vous êtes resté dans le coma pendant trois mois. »

Le brun resta silencieux, juste assez de temps pour bien comprendre ce que le Colonel voulait dire par là.

« Des survivants ? »

« Uniquement vous, et c’est déjà une prouesse. Une grenade vous a explosé dessus, je vous rappelle. »

Soudain, des flashs. Matsumoto, l’explosion du kodiak, la chute au sol et les acouphènes… Tout était revenu dans son esprit fatigué en un rien de temps. C’est alors que le brun cligna de nouveau des yeux, comme pour se tirer de ces pensées néfastes pour lui.

« Comme quoi ça valait le coup d’investir dans de l’équipement. N’est-ce-pas ? J’espère au moins que vous avez pu récupérer les cartouches thermiques du cadavre de mes hommes défunts. » Dit-il d’un ton qui se voulait volontairement provocateur.

« Malheureusement, tout a été détruit durant les affrontements. J’ai une nouvelle à vous annoncer au cas ou vous ne l’auriez pas remarqué. Regardez donc l’état de vos bras. »

L’homme sur le lit s’exécuta. Il constata avec horreur que ses deux membres avaient été remplacés par des prothèses métalliques de couleur gris foncé, serrant le poing, il ne constata pas de grandes différences comparé a des membres humains, faits de peau et de chair. Si ce n’est l’absence de sensations.

« J’ai toujours rêvé d’être un cyborg. » Confia ce dernier d’un air ironique.

« Rigolez si vous voulez, mais je veux vous voir sur pieds le plus tôt possible, commencez la rééducation, priez Dieu, démerdez vous. Je veux vous voir buter du mercenaire. »

« Vous comptez me transformer en machine de guerre, c’est ça ? Et l’éthique dans tout ça ? »

« Vous serez briefés sur vos augmentations en temps voulu, en attendant, reposez vous bien. » Confia le Colonel avant de quitter la pièce expressément.