Ronronnant et vrombissant de tout ses moteurs comme avec fierté, le Rampant surmonta avec encore plus de bruit l'énorme dune sableuse tandis que des astéroïdes parcouraient le ciel. Bien abrités dans les différentes portion du véhicule, les quelques Freelances associés vaguaient à leurs occupations. De manière inégale. Le pilote pilotait, et les mécaniciens vérifiaient le bon fonctionnement des différents module du Mako et les autres, ceux qui ne savaient pas faire grand chose sauf tirer, eh bien... Ils jouaient aux cartes, peu soucieux de l'hostilité naturelle d'Edolus qui mettait les nerfs du pilote à rude épreuve, entre ses dunes ensablés et ses météorites qui tombaient de manière aléatoire. Le Rampant rugit en soulevant de la poussière sous ses roues et il crachota sa colère alors qu'il peinait à grimper l'énorme butte sableuse.

- Je ne comprends vraiment pas pourquoi les gens ont aussi peur de cet endroit, à part quelques météorites, tout est calme. Balança un humain entre deux jet de carte.
- Paraît qu'y'a des Dévoreurs, à ce qu'on dit. Edolus est pas réputée pour ses bonnes bières. Répondit un autre.
- Bah, des conneries pour touristes, ça fait des heures qu'on est là et on à rien vu, juste des histoires pour faire peur aux gens. Baya un Galarien en louchant sur son jeu.
Ils continuèrent ainsi pendant un moment.
- Et le gorille qu'est dans le coin ? Il en pense quoi ? Demanda un autre freelance en désignant du pouce le Krogan casqué appuyé contre le mur à coté.

Dans son armure étincelante bleutée, il ne cilla même pas. J'ango Garnar se fichait complètement de ce qui pouvait se passer tant qu'il avait de quoi s'occuper, après tout, que pouvait faire t-il d'autres ? Il ne savait pas jouer et les autres l'ennuyaient au plus haut point. Le voyage continua et ce durant des heures... des heures... toujours plus. Sans que rien ne viennent perturber les occupants du véhicule. Les Freelances braillaient et juraient plus que des officiers de l'armée et Garnar les trouvaient également trop sur d'eux. Il nota la présence d'un humain relativement jeune, presque un enfant. Que faisait-il ici ? Il allait surtout réussir à se faire tuer. Les équipes de mécaniciens finirent par revenir de la salle des machines et les roues du véhicule s'immobilisèrent. La partie de carte ne cessa pas pour autant, la voix du pilote se fit entendre dans le haut-parleur.

-- Ok, je viens de m'arrêter près d'une cavité naturelle rocheuse. Faites votre boulot
- Z'avez entendu ? Qui veut aller passer le scanner ? Demanda un freelance trop occupé à s'occuper de ses atouts plutôt que de partir faire cette tâche ingrate.

Personne ne répondit, de toutes façon, personne ne voulait se rendre là-dedans afin d'éclairer la zone pour y trouver de potentielles ressources exploitables. Sous casque, J'ango soupira et il se dirigea vers le compartiment de sortie, quelle bande de feignasses abruties. Cela l'occuperait. Un peu. Personne ne fit la moindre remarque quand à sa disparition, tous étaient scandalisés par l'apparition de deux as identiques sur la même manche. Le Krogan silencieux descendit l'échelle, tapa du pied pour qu'on lui ouvre et il descendit le long de la rampe pour s'enfoncer droit dans la grotte. Le sol était chaud et sableux, bien à l'abri sous les roches, le rampant attendrait ici qu'il revienne. Encore un boulot de routine pour J'ango, c'était toujours lui qui s'y rendait en premier. Il n'aimait pas ces Freelances décidément trop orgueilleux et trop stupide qui fuyaient dés que la situation dégénérait un peu. Tout haut Krogan qu'il était, sa route se continuait dans les ténèbres de l'endroit et il perçut à la lumière des torches installées au niveau de ses épaules que le chemin devenait en pente et difficilement praticable. Sa main, par sécurité, se posa derrière lui et il progressa à petits pas. Le but n'était pas de se fracasser la gueule après avoir glissé. Lentement, il passa son regard de droite à gauche et inspecta le plafond qui ruisselait de gouttelettes d'eau. Sa main se leva et ses yeux observèrent le petit scanner à main qui lui servait à inspecter la roche. Pas grand chose qui en valait la peine. Quelques traces de minerais mais rien qui justifie le déplacement du rampant jusqu'ici. Il continua donc son chemin et se rendit compte que la pente gagnait petit à petit. Sa radio grésilla.

- Alors J'ango ? Quelque chose ?
Le Krogan eut un léger sourire. Le pilote, le seul qu'il parvenait à apprécier un petit peu.
- Je progresse dans des couloirs étroits et humide, il n'y à pas de roches intéressantes, je continue de descendre. exprima t-il calmement.

Il se rendit compte après quelques minutes qu'il débouchait sur une grande cavité ovale vide. Il faisait noir, terriblement noir, même sa lampe ne parvenait pas à percer l'obscurité de l'endroit. Tout au loin, il eut entendu les moteurs du rampant qui essayait de se rapprocher le plus possible de sa position pour lui faciliter le retour. Comme J'ango ignorait ce qu'il y avait dans cet endroit très noir et que son scanner n'indiquait aucun métal à proximité, il essaya d'avancer un peu. Les murs semblaient alors différents de ceux qu'il avait vu. Plus... Réguliers et plus colorés. Un soupçon lui traversa l'esprit, bien qu'il y avait le noir complet, peut-être que quelque chose était ici. Il sortit très lentement le pistolet carnifex qui saillait à sa ceinture et pressa la détente. La détonation immense résonna et le tir illumina brièvement devant lui. Le silence s'installa et le pistolet fumant s'abaissa. Quelque chose avait bougé et bougeait alors de plus en plus. Le Krogan fit un pas en arrière et observa une sorte de petit tentacule qui venait d'apparaître à la lumière de sa torche.

Merde...

Il le vit se déployer devant ses yeux, sa grande gueule bleue bien devant lui et ses rangées de dents. Un dévoreur. Garnar saisit son Vindicator avant de faire feu à volonté droit sur l'énorme ver qui l'observait sans broncher. Comprenant que cela ne servait à rien, J'ango cessa de tirer et commença tout doucement à faire plusieurs pas en arrière. Il enclencha sa radio.

- Putain ! Remontez le rampant ! Arrêtez de descendre !

Et sa course effrénée commença, tournant le dos au dévoreur qui se mettait déjà à charger derrière lui. Il ne voulait pas se retourner en ayant connaissance de la mort certaine qui l'attendait si il perdait du temps. Il courut, beaucoup, au loin, les phares du Rampant s'illuminèrent et le véhicule s'immobilisa, interloqué par le message qu'il venait de recevoir. J'ango n'eut pas besoin de se retourner pour apercevoir l'énorme ver au dessus de sa tête, sa charge s'abattit droit dans son dos et il décolla dans les airs.
J'ango Garnar traversa purement et simplement la baie vitrée ouest du cockpit du Mako sous le regard paniqué du pilote, les rideaux de fer d'urgence s'abattirent directement. Ses hurlements retentirent dans tout le véhicule.
- Putain de merde! Ingénieurs ! Tirez à fond sur le noyau ! Brailla t-il
Si la plupart ne comprirent pas ce qui se passaient, tous s'activèrent. Le ton apeuré du pilote leur avait fait froid dans le dos et la situation devait être urgente. Les roues du Rampant firent soudainement marche arrière et il remonta tant bien que mal par où il était venu, en face de lui, le faciès fou de rage du Dévoreur remontait bien trop rapidement vers eux. Le Mako fut percuté de plein fouet par l'avant et il fut projeté en arrière, le choc fut tel qu'il fut littérallement éjecté de la grotte pour finir les fers en l'air, sur le dos, plus loin. Les éclairages virent au rouge et J'ango Garnar se releva aussi bien qu'il le put de la chute, il semblait en bonne santé. On ne pouvait pas autant dire du pilote, une barre de fer du cockpit ravagé lui avait transpercé le crâne. Et à en juger par les cris poussés par le reste de l'équipage, il ne devait pas être le seul à avoir morflé. Qu'importe, ils devaient sortir, le Dévoreur allaient surement leur cracher à la figure et les réduire en miettes. Il courut dans le couloir du rampant renversé et tomba avec quelques uns des camarades bloqués par une porte qui refusait de s'ouvrir.

- Ça marche pas ! Ça marche pas, on à pas le temps de passer le laser sur ce truc. marmonna un freelance visiblement nerveux.
- Ecartez vous, je vais vous montrer comment on ouvre une porte par chez moi. Grogna le Krogan en reculant avant de charger à une vitesse folle, encore pire qu'un boulet de canon. J'ango passa littérallement à travers la porte et des fragments de métal volèrent là où ce dernier s'était brisé. L'éclatement pur et simple de l'obstacle par Garnar coincida avec la première attaque du Dévoreur. Le rampant fut secoué et une explosion se fit retentir, elle balaya de moitié les survivants et l'un d'entre eux fut pris au piège sous des décombres de tuyaux.

- Putain... non... Non ! Aidez moi ! Bordel ! Implora t-il alors que tout ses camarades fuyaient sans lui accorder le moindre regard. - Pitié ! Sortez moi de là, j'vais crever !

Garnar était devant tout le monde quand il perçut sa voix. Il s'immobilisa un instant et regarda d'abord vers sa direction puis se retourna. Encore une fois, encore. Incapable de prendre une décision. Tout les Freelances restants étaient déjà sortit du véhicule, il était le dernier avec l'autre type coincé sous les décombres. J'ango prit sa respiration et il chargea en direction de la victime. Il l'extirpa brutalement des débris divers et tenta de le remettre debout. L'humain avait été blessé à la jambe et il ne pouvait courir. Garnar l'embarqua sur ses épaules après avoir reconnut que cet homme était le benjamin de l'équipe, le jeunot bleu qui n'avait encore rien accompli dans sa carrière. Ce dernier hoquetait et tremblait.

- Vous...Vous m'aidez ? P-pourquoi ? Vous êtes un... Krogan ?
- Écoute gamin, si tu dit à qui que ce soit que je t'ai sauvé les fesses, je jure que c'est moi qui t'arrache le cœur.

L'issu de l'engin était déjà en train d'être tordue par le Dévoreur qui pressait le Mako comme un citron. Ce fut une chance que J'ango, avec sa charge, parvint à se glisser dehors et à courir à toute allure. Il referma son casque et s'assura que sa victime avait son masque respirateur. Certains Freelances étaient sortit sans et suffoquaient déjà au taux de carbone extrêmement élevé de l'atmosphère. La course s'arrêtait là pour eux. Ce fut l'anarchie, car le ver qui venait de compresser littéralement le rampant commençait à propulser ses affreux crachats en direction de l'équipe qui se mit à faire des zig-zags afin de sauver leurs vies. Uns à uns, ils furent soufflés par les substances toxiques. Seuls perdurèrent J'ango et son "colis" qui avaient eut la présence d'esprit de s'abriter derrière une grosse dune de sable plutôt que de rester à découvert. Le dernier des Freelances qui continuait à fuir fut soulever dans les airs par un gros tentacules. Même si il n'en vit rien, Garnar devinait aisément qu'il avait été dévoré vivant, à en juger par les bruits humides qui avaient retentit. Le jeune humain qu'il transportait avait les yeux fermés mais respirait très fortement, il refusait d'ouvrir les yeux. Ainsi, Krogan et humain restèrent ici pendant de longues minutes, en espérant que le ver ne les repèrent pas à leurs tours. Immobiles, Garnar imaginait qu'il était une pierre, les yeux fermés et que rien ne pouvait alors l'atteindre. Le temps passa lentement...

J'ango Garnar ne savait pas vraiment comment piloter les engins spatiaux, mais il allait bien devoir le faire. Après avoir attendu très longtemps coincé dans cette dune jusqu'à ce que le prédateur géant disparaisse, il s'était rendu compte qu'il était le seul survivant. Enfin presque... Il y avait aussi ce gamin, allongé dans l'infirmerie de bord. Étrangement, s'était celui qui avait tenu. Du moins, grâce à l'aide de J'ango. Le Krogan avait eut l'armure brisée par le choc dans le dos du ver et elle s'était en plus abimée avec le sable. Elle ne protégeait plus grand chose désormais... Alors qu'il tapotait sur le tableau de bord, il perçut des pas.

- Tu devrais rester allonger. gronda t-il en devinant que le jeune homme était venu.
Il y eut un long silence.
- Pourquoi m'avoir aidé ? demanda t-il fermement.
Garnar se tourna et le regard longuement, il perçut de la détermination dans son regard, l'humain était venu pour des réponses et il ne repartirait pas tant qu'il n'en aurait pas eut.
- Pourquoi tu me les brises ? répondit le Krogan en retour.
- Vous êtes un Krogan... Les Krogans n'ont pas pour habitudes de porter secours aux autres races.
- Tu as raison, j'aurais du te laisser crever, tu me bassinerais pas maintenant.
- Non. Vous mentez. Qui êtes vous et... Pourquoi m'avoir sauvé ? Êtes vous réellement un Krogan ?
Encore un très long silence, Garnar regard de haut cet être qui avait la prétention de le défier verbalement. Finalement, il roula des yeux et poussa un long soupir en se retournant vers le tableau de bord.

- Je ne suis personne, gamin. Souffla t-il calmement.
- ... Je vous dois la vie.
- Tu ne me dois rien du tout.
- J'aurais pus rester coincé en dessous les débris.
- T'aurais réussi à sortir.
Toujours et encore un très long silence, seulement perturbé par le pianotement de Garnar sur le tableau de bord. Le jeune homme respirait il inspecta le bandage à sa jambe.
- Vous êtes sûr que vous êtes un vrai Krogan ?
Cette fois, ce fut le mot de trop. La main de J'ango s’agrippa à la gorge de l'humain et le souleva du sol, le jeune étouffa mais conserva un regard ferme envers lui. Garnar fut intérieurement surpris de ce regard dur alors que toute évidence, l'humain était en position de faiblesse. Il le lâcha en grognant.

- Tu n'en vaux même pas la peine... Bougonna t-il.
- Qui êtes vous ?
- Personne. On m'appelle J'ango Garnar... Mais je suppose que ce n'est pas mon vrai nom. Je ne viens de nul part, personne ne sait que j'existe. Je ne suis personne. Déclara t-il alors simplement.
- Je m'appelle Ethan Jefferson. J'ignore ce que vous cachez, Krogan mais... Je vous dois un grand merci. Le Freelance, c'est finit pour moi, c'était ridicule de m'engager dans cette histoire sur un coup de tête... Je pensais que pointer un flingue sur des cibles immobiles et désarmés suffiraient... Vous pensez pouvoir me ramener chez moi ? Je viens d'Asteria.
- Bien sûr. Mais tu ne remets plus jamais les pieds dans ce job.
- Merci. Encore une fois.

L'engin spatial décolla avec fureur du sol d'Edolus, laissant derrière lui vestiges d'armures et bientôt futurs ossements. Jamais J'ango ne reviendrait sur cet astre. La vision des étoiles dans le ciel le rassura, il observa la jauge de carburant et entrepris de passer par le relais afin de se déplacer vers Asteria. Tandis qu'il dirigeait le vaisseau aussi bien qu'il pouvait le faire, Ethan Jefferson alla se reposer dans l'infirmerie...
Eh bien, Asteria était une planète plutôt surprenante. Avec ses chaleurs incroyables et son désert de sable, difficile de penser que des colonies puisse s'installer et que des êtres puisses s'intégrer à ce climat. Et pourtant, Asaris et Humains vivaient sur cet endroit. De long complexes miniers et de manufactures parcouraient sur de grosses tâches grises les sables de la planète. Les blocs habitables, situés non loin du lieu de travail, étaient des sortes de rectangles de métal de quelques mètres carrés qui ne disposaient que d'une seule grande pièce. Mais les habitants du coin ne semblaient point dérangés par ce manque de confort. La plupart des ouvriers étaient nés ici et n'avaient alors connut rien d'autres. L'énorme poing de J'ango résonna durement contre la porte blindée, les logements étaient très immunisés contre la poussière susceptible d'encrasser les mécanismes. Une silhouette féminine de petite taille apparue dans l'embouchure et Ethan fut bousculé en avant droit sur elle.

- Par les... Ethan ! Ethan ! C'est bien toi ? Souffla la femme dont les quelques rides parcourant son visage disparurent alors qu'elle passa les mains autours du cou de son fils.
- Maman. Je suis rentré. Marmonna le jeune homme tout aussi bas en regardant le plafond, conscient qu'il allait peut-être passer un sale quart d'heure.
- Mais... Mais... Pourquoi es tu de retour ? Demanda la mère toujours aussi abasourdie.
J'ango intervint et croisa les bras dans son armure brisée.
- Il était avec moi et il à faillit se faire tuer. Je l'ai tiré des décombres avant qu'il ne se fasse réduire en purée. Dit-il.
- Bordel de .... Ethan ! Je t'avais dit que c'était une mauvaise idée, mais bien sur, il à fallut que tu n'en fasse qu'à ta tête, espèce d'abruti ! Répondit l'humaine en baffant Jefferson qui soupirait.
- Mais maman... Tenta t-il.
J'ango soupira à son tour devant le spectacle, puis, il fit volte-face avant de se mettre à marcher pour repartir d'où il était venu, comme si cette histoire n'avait jamais eut lieu.
- Attendez ! Où allez vous ? Questionna la femme en lâchant son fils des yeux temporairement.
- J'ai plus rien à faire ici, M'dame, j'me tire.
- Mais... Vous ne pouvez pas ! Enfin , venez ! Que je vous remercie au moins d'avoir sauvé la tête de mon idiot d'enfant.
- Non réellement, non.
- Buvez au moins un verre avec nous !
Garnar s'immobilisa et sa tête pencha sur le coté, il se retourna, se gratta pensivement les narines et opina lentement du chef.
- Oh... Dans ce cas, c'est différent. Répondit t-il dans un murmure.
- Excellent, mon mari n'est pas encore rentré de son travail, mais je suis sûr qu'il ne m'en voudra pas de mon absence. Allons, venez avec nous, c'est moi qui paye.

Le bar en question était de la même essence que le reste des bâtiments, une sorte de bloc tout en longueur, comme un autobus avec de multiples fenêtres. Il était ancré dans le sol et ses rivets semblaient rouillés. Néanmoins, il y avait de quoi se rafraichir, même si il était clair que le ventilateur qui tournait au plafond était d'époque et qu'il ne ventilait finalement... Pas grand chose. Les tabourets étaient carrément trop petit et trop fragile pour la masse du Krogan qui restait donc debout à coté de la mère et du fils réunis qui s'occupaient des quelques commandes. J'ango haussa un peu les épaules. Vit la tenue de colonie de la femme et des maigres affaires brièvement aperçue chez eux, elle n'était pas bien riche. Il supposa qu'il amputait presque le portefeuille en s'invitant ainsi à la beuverie. Mais elle avait insisté... Dans un premier temps, elle se présenta, Shonai Jefferson. Selon ses dires, ils avaient toujours vécus ici jusqu'à ce que le fils, Ethan, décide de partir après un coup de colère contre ses parents. Visiblement, Garnar l'avait ramené plus tôt que prévu.
Il en profita pour regarder pleinement Ethan maintenant qu'il ne disposait plus de sa combinaison. C'était un jeune homme énergétique aux cheveux corbeaux courts et visiblement tapissés de gel. Ses yeux étaient brunâtre et ses traits relativement fins. La ressemblance avec la mère était frappante. Cette dernière avait quelques cheveux blancs et quelques rides mais semblait relativement bien conservée. Sa queue de cheval tout aussi noire était nouée à l'aide d'un élastique crasseux. Là où Ethan portait un sans-manche de cuir marron accompagné d'un pantalon vert kaki, la femme avait une combinaison de colonie devenue grise avec le temps salie par la poussière. Pas bien riches, ces humains.
1er verre, Ethan et sa mère rigolent. Ils racontent plusieurs vannes et échangent des histoires avec J'ango, qui affichait un demi-sourire, un peu amusé par tout ceci mais sans guère plus de conviction.
2ème verre, pas d'alcool, de l'eau fraîche. Ethan semble avoir entraîné une autre jeune femme dans la conversation et ils échangent énergétiquement leurs dialogues. Shonai Jefferson, la mère, tentait quand à elle d'en savoir plus sur la mission qui a fait renoncer son fils quand au destin de Freelance. Garnar parla sans détours et honnêtement, quitte à être un peu sec.
3ème verre, toujours la même eau, mais J'ango finit par se détendre peu à peu. Le barman lui avait proposé de retirer son armure inutile pour se mettre à l'aise, finalement, il l'avait fait et cette dernière reposait maintenant sur une table vide. Ethan et sa mère son debout au milieu du hall et semble être entrés dans une curieuse valse endiablée.

-Ha ha, c'est comme ça qu'on danse sur Asteria ! Ça te plaît ? Lança le jeune homme hilare tandis qu'il s'agitait avec Shonai.

C'était vrai qu'il aimait bien ce p'tit gars, il avait des plaisirs simples et semblait avoir pris goût à la vie après l'aventure sur Edolus. Bah, Ethan méritait sans doute de vivre, même si ce n'était pas le type le plus intelligent de la terre, pensa Garnar tout haut. Le jeune Jefferson cessa sa danse en rigolant et il s'éclipsa brièvement hors du bar, il voulait ramener son père dans le coin pour profiter de la bonne ambiance. Shonai et Garnar se retrouvèrent seuls au comptoir à discuter pendant que le barman lavait ses verres.
-Et donc, monsieur J'ango, c'est ça ? Demanda la femme.
-Ouaip'. Enfin, c'est comme ça qu'on m'appel. Répondit le Krogan en haussant les épaules.
-Je vous suis infiniment reconnaissante pour avoir sauvé la vie de mon fils, je suis désolée qu'il vous ait...
-Rien du tout, m'dame. Rien du tout... Laissez tomber...
-Merci. Du fond du cœur. Mais vous savez, c'est difficile de s'en rendre compte car...
Elle sembla un peu mal à l'aise.
-Car je suis un Krogan, hein ? Peut-être, peut-être pas. Certains diront que oui, d'autres non. Bah... Cela n'a pas d'importance.
-D'où venez vous ?
-De nul part... J'ango Garnar... Ce n'est peut-être même pas mon vrai nom...
-Expliquez vous ? Tenta l'humaine
J'ango la fixa avec un air un peu vexé, peu habitué à ce qu'on lui pose ce genre de question.
-Désolée, je ne voulais pas vous froisser.
-Hum... Je ne suis pas énervé. En fait, j'apprécie l'intérêt que vous me portez. Eh bien... je ne sais pas vraiment... Tout ce que je sais, c'est que j'ai été élevé par un humain sur Oméga. Un type un peu à cran, du nom de...de... Mïller... Frank Mïller ? J'ai grandis partiellement avec lui. Un jour, il à disparut de son appart' et n'ai jamais revenu, je crois qu'il avait pas mal de problèmes avec les gangs. Je me suis retrouvé seul et j'ai passé le plus clair de mon temps dans la rue, et à survivre comme je le pouvais.
-Vous n'êtes pas né sur la planète des Krogans... Tuch...Tuka... Commença la femme.
-Nope. Je n'y ais par ailleurs jamais mis le pied. J'ai vus d'autres Krogans dans certains lieux, mais ma présence leur importait peu. De toutes façons, je m'en foutais aussi. J'ignore parfaitement la culture d'un peuple qui est pourtant celui auquel j'appartiens. Mais je suis...satisfait ainsi.
-Satisfait ? Quelque chose cloche ?
-Je n'ai pas grand chose à faire à part survivre... Le Freelance était à ma portée, alors je me suis lancé dedans... Je n'avais rien d'autres à faire.
-C'est difficile... Donc, vous n'avez aucun but dans la vie ?
-Comment pourrais-je en avoir un ? Je ne connais rien de moi même ni de ceux qui m'entourent.
-C'est terrible. Si vous désirez quelque chose...
-J'aime votre intérêt pour ce que je dit. Cela me fait plaisir de parler avec vous.
-C'est rare d'entendre un Krogan dire ça.
-Mais moi... Je ne suis peut-être pas un Krogan. Mais je suis fais ainsi.
-Je vous comprends. Écoutez, pourquoi ne resteriez vous pas encore un peu avec nous ?

J'ango fronça les sourcils et loucha un moment sur l'espèce d'humaine qui lui faisait une telle proposition. Les humains étaient des créatures étranges. Pas un ne ressemblait à l’autre, leurs traits de caractères étaient tous différents. Ils étaient imprévisibles mais aussi décriés ou au contraire très respectés. Le roi reçoit tout les honneurs mais aussi toutes les critiques. Les humains étaient des êtres surprenants qui s'étaient vraiment illustrés. Quand aux Krogans... Il savait qu'ils étaient craints... Mais aussi détestés par beaucoup de gens. Visiblement, les débordements caractériels de ces derniers leurs portaient préjudices. C'était vrai, Garnar aussi sentait parfois la colère et désirait écraser tout ce qui se dressait devant lui. Bah... C'était ainsi, et il n'y pouvait pas grand chose. Mais la proposition de la femme lui avait fait froid dans le dos.

-Eh bien... Je... C'est assez inattendu.
-Qu'est ce qui vous empêcherais de rester ? Vous pouvez aussi trouver du travail ici.
-Je ne voudrais pas déranger plus que nécessaire.
-Vous êtes un Krogan étrange, J'ango. Mais de manière positive.
-Tout le monde n'est pas d'accord avec vous.
-Ce qui compte, c'est que j'apprécie l'authenticité qui se dégage de vous. Mon mari aurait bien besoin d'un coup de main à son atelier. Je suis sûr qu'il pourrait s'occuper de vous occuper pendant un moment. Vous pourriez vivre chez nous ? J'ai aussi une petite fille qui à peine deux ans. Elle serait heureuse d'un peu de changements dans sa vie et...

Son discours fut interrompu par l'arrivée fracassante d'une étrange bande de gringalets aux gilets de cuirs et particulièrement bruyante. Shonai fit profil bas et marmonna plusieurs chose dont le nom de Ricky Harper. Ses faibles dires révélèrent à J'ango que Harper était le fils d'un des gros gérants de la manufacture du coin et qu'il profitait clairement de ceci pour jouer un peu dans « sa » ville. Ce branleur de service passait son temps à foutre la merde et à faire le vandale. Mais personne n'osait se plaindre auprès des gardes de peur de se faire renvoyer de l'usine. Le seul travail du coin qui apportait les maigre salaires aux habitants. Le perdre aurait été équivalent à perdre son logement et tout ce qui s'en suivait.
Bref, Ricky Harper ricane très fortement et il s'approche du comptoir. Garnar préfère regarder son verre et ce qu'il contenait : un fond d'eau. Évidemment, la bande se dirigea vers lui.
-Tiens donc, v'là pas un nouveau gorille dans notre ville ! Ricana un de ses acolytes.
-Fiche moi la paix, tête de con. Répondit sèchement J'ango
-Ah ! Ah ah ! Très drôle, vraiment mort de rire ! On dirait que ce mec sait pas à qui il cause. Continua un autre
-Ouaip'. Hey, mon gros, moi c'est Ricky Harper, et ce que tu vois, c'est mon quartier et ceux qui me font chier le regrette souvent. Brailla le dénommé fils de gérant.
-Ferme ta gueule, Harper ! Intervint Shonait. C'est pas toi le chef, le chef, c'est ton père. Toi, t'es qu'un larbin !
-Ta gueule la câtin ! On m'parle pas comme ça. S'énerva soudainement Harper en tirant le M-3 prédateur qui était à sa ceinture.
Garnar n'intervint pas. Il avait vu que dans le dos de cette bande de trois abrutis, la silhouette d'Ethan était apparue. Le canon de son Frelon toucha le crâne de Harper.
-Bouge ta sale gueule de con d'ici. Dit avec autorité Ethan.
Ricky Harper se raidit et il recula doucement en compagnie de ses deux acolytes vers la sortie, Ethan garda ce type en joue.
-Enfoiré ! Hurla l'homme de droite
-C'est ça, t'as pas le droit de me parler comme ça ! J'vais revenir, et on va voir qui est le patron ! Pesta Harper en sortant à reculons.
Ils disparurent au tournant d'un bloc d'habitation. Ethan s'approcha et rangea son arme.
-Je sais même pas m'en servir... Marmonna t-il en s'asseyant sur un tabouret.
-Ethan... Tu... Commença Shonai
-Laissez le m'dame Jefferson. Votre fils à été très courageux, cette tête de con aurait put vous tirer dessus. Intervint Garnar calmement.
-C'est vrai... Je... Je ne sais pas ce qui va se passer. Si ils reviennent...
-Je les attendrais.
Et effectivement, ils revinrent, sauf que cette fois, les deux types qui accompagnaient Harper avaient eux aussi des M-3 Prédateurs en mains, ils pointèrent leurs armes droit sur Ethan.
Alors, c'est qui qui se marre maintenant ? T'as encore un truc à dire ? Ricana l'un
-Ouais... Vas te faire foutre, Ricky. Clama Ethan bien fort en se retournant sur son tabouret.
-Quoi ? Répète !
-VAS TE FAIRE FOUTRE !
Harper ouvrit de grand yeux et il pointa fermement son arme vers la figure d'Ethan. Son doigt commença à enclencher la détente. Le sang de J'ango ne fit qu'un tour, sa main se dirigea prestement vers l'étui à pistolet à sa ceinture et il dégaina le Carnifex qu'il transportait. Le tir du canon à main partit en ligne droite, perça les dents du vandale et fit éclater l'arrière de son crâne en ressortant. Le mur fut aspergé de sang et le cadavre de Ricky Harper tomba à la renverse avant qu'il n'ai put ouvrir le feu. Le tir suivant fut dirigé vers la poitrine du premier acolyte, le second lui fit éclater la gorge. Il mourut dans un gargouillis humide en tombant contre la table. Le dernier jeta son arme et mit les mains en l'air quand le regard de Garnar se posa sur lui.
-Non putain ! Tirez pas ! J'me rends ! J'me rends ! Implora t-il
-Oh merde... On va avoir des problèmes... Soupira Ethan.
Le barman était bouché bée, tétanisé. Néanmoins, il secoua énergiquement la tête. Des bruits de pas se firent entendre. Clairement, les gardes avaient été attirés. Ils braquèrent leurs fusils Avenger vers le groupe en observant le carnage.
-Pas un gestes ! Hurla l'un
-C'est pas eux ! C'est pas eux ! Ricky allait les tuer ! Ricky allait les tuer ! Cria le barman en agitant les mains.
-Hum... Garnar, je sais que le moment est mal choisit mais... Vous acceptez mon offre ? Demanda Shonai.
-Euh... D'accord, de toutes façon, je risque de pas pouvoir partir avant un petit moment après ça. Répondit J'ango.
-La prochaine fois... Tire pas pour tuer... Ca évitera pas mal d'ennuis. Marmonna Ethan.
-Merci du conseil, gamin. Maintenant ferme ta gueule.

Trois ans. Trois ans qu'il s'était installé sur Asteria. Jamais J'ango n'avait un jour put imaginer parvenir à éprouver une vie calme et agréable. Encore moins avec des humains. Pourtant, c'était ainsi. Nous sommes en 2185. La galaxie à déjà connue quelques troubles et les Geths ont fait parler d'eux. Asteria aurait même été victime de plusieurs attaques fort heureusement aisément repoussées par l'Alliance. Après avoir tué Ricky Harper, J'ango fut mit en surveillance durant près d'une année. Les nombreux témoins et commentaires le soutenant et affirmant que Harper allait effectivement bien ouvrir le feu finirent par le rendre libre. De là, Garnar fut accueillit comme un membre de la famille par les Jefferson. Il prouva son utilité auprès de l'atelier de Hawat Jefferson, le père d'Ethan et l'époux de Shonai. Sa force supérieure était une grande aide pour le mécanicien qui réclamait alors son assistance pour réparer les engins et transporter les charges lourdes. J'ango se rapprocha également de Jade, la petite fille de cinq ans désormais et benjamine de la famille. Elle lui donna l'agréable surnom de « Monsieur Géant ».
L'atelier de Hawat était plutôt éloigné des blocs d'habitations. Il se situait au milieu des usines et plus globalement dans le quartier industrielle de la colonie nord. S'y rendre nécessitait l'utilisation du métro ou d'un véhicule terrestre sur les sables. Il faisait nuit et tout le monde était rentré chez soi. Pourtant, Garnar était encore à l'atelier. Hawat, homme chauve assez trapu et « paysan » sur ses manières avait sourit, ses lunettes de soudures sur la figure. Il fallait faire les inventaires cette nuit, et J'ango avait accepté sans trop de difficulté de s'occuper de cette tâche. De toutes façons, il ne dormait pas aussi rapidement que les autres. Explorant les différents rayons qui regorgeaient de pièces mécaniques diverses, c'était dans le B-3 qu'il l'avait trouvée...

L'armure Krogane était soigneusement attachée au mur. J'ango eut le regard qui s'illumina. Il savait que Hawat avait juré pour avoir sauver son fils de remettre au moins en état son armure. Et ce vieux entête avait tenu parole. Un mot sur papier avait été glissé dans le compartiment de tête, Garnar le saisit et l'ouvrit.

« Elle n'ait pas aussi performante que l'ancienne mais j'y ai mis tout mes espoirs dedans. Je ne te remercierais jamais assez pour avoir tiré mon fils de la panade. J'ai pris mon temps et j'ai confectionné cette armure avec des morceaux de l'ancienne et tout ce que j'ai pus trouver. Je t'aurais bien acheter un beau joujou bien neuf mais... Tu sais aussi que le budget de ma famille est très restreint. J'espère que tu verras en cette armure une marque de remerciement mais aussi de respect de ma part.

Du bon boulot, Garnar.
Hawat Jefferson. »

Un sourire naquit sur le visage dur du Krogan, il inspecta l'armure. Plus qu'un simple objet, c'était une véritable œuvre d'art. Hawat avait rassemblé des morceaux de vaisseaux, d'autres armures, de pièces de rechanges, peut-être avait t-il lui même fait fondre son titane. Quoiqu'il en soit, l'armure en question semblait être une tenue de toile rougâtre recouverte de plaques de titanes voir d'autres métaux lourds comme les humains les faisaient quand ils n'avaient que des épées pour se battre. Les épaulières semblaient imposantes et un savant maillage de Palladium était disposé juste en dessous des épaisses plaques de protection. Un travail magnifique qui avait du coûté beaucoup de temps à Hawat et également de moyens. Garnar fut touché par ce geste qui signifiait plus qu'une simple sympathie. Il vit dans cette armure un geste symbolique qui l'emplit de fierté. Son regard fut attiré par la ceinture qui transportait un épais crâne aux yeux ardents qui soutenait une pièce de tissu crème qui tombait entre les jambes. Elle était parfaite... Mais pourtant... Il manquait quelque chose. Le Krogan regarda sa main et constata que de la peinture orangée était de reste sur sa paume. Sûrement quand il manipulait la peinture pour « faire propre » sur les pièces de rechange. Il appliqua sa main sur le torse de l'armure et imprima son empreinte. Parfaite. J'ango saisit l'armure par portion et la chargea dans le véhicule de transport qu'il utilisait pour rentrer aux blocs. Il devait maintenant terminer l'inventaire. Le stock semblait cependant complet et il n'avait rien noté de particulier. Le krogan s'était alors dirigé vers le véhicule de transport et l'avait emprunté pour se diriger dans le chemin sableux tracé au sol vers les blocs d'habitations, à quelques kilomètres de la zone industrielle.
Il se remémora les premiers temps, les discussions animées de Hawat, la grâce de Shonai et les nombreuses séances d’entraînement au tir de pistolet avec Ethan. Si ce dernier avait sut éclater une bouteille à cinquante mètres sans viseur plus tôt, il n'aurait peut-être pas été coincé sous les débris sous Elodus. La pensée raviva le souvenir : Ethan était parti du logis familial voilà maintenant un an et demi. Malgré ses expériences difficiles, il s'était engagé dans l'armée. Enfin, dans la sécurité précisément. Des courriers arrivaient parfois en provenance de la citadelle. Ethan semblait en bonne santé, et il courait vers le grade d'officier de liaison. Étrangement, une note était toujours adressée à J'ango. Que ce soit un « Te laisse pas aller, mon gros. » ou un « Soit pas jaloux, toi aussi j'ai hâte de te revoir. », Ethan semblait écrire tout ses courriers avec bonne humeur, et c'était très bien comme cela.
L'esprit un peu ailleurs, J'ango ne remarqua pas tout de suite la fumée qui montait au loin. Il plissa les yeux. Tiens ? Un incendie s'était t-il déclenché dans la zone ? Pourtant tout semblait sécurisé ? Après tout le poste de garde le plus proche se situait dans la zone industrielle... Peut-être que les gardes ne savaient pas encore. Non, c'était autre chose. Des lueurs bleues volaient au loin, comme des lucioles dans la nuit. Ce n'était pas normal. Quelque chose bouillit en J'ango, même si il ne savait pas ce que cela était, ce qui est sur, c'est qu'il enfonça la pédale d'accélérateur et qu'il s'éveilla complètement. Cela ne pouvait pas arriver... Oui, ils avaient été repérés dans le secteur... Mais... Pouvaient t-ils faire une escarmouche aussi directe ? Merde... Merde...

Les Geths...

Comment était-ce possible ? Quelqu'un avait t-il saboté le terminal de sécurité ? Ce qui expliquait que la police n'était pas encore présente sur place ? Des sirènes se mirent à retentir quand enfin, l'alarme fut donnée. Mais il était trop tard, les Geths se repliaient déjà vers un vaisseau de petite taille posté non loin des blocs d'habitats, laissant ces derniers en ruines. Garnar écrasa un de ces effroyables envahisseurs qui tentait de se replier et arrêta en urgence son véhicule. La pensée de ce qu'avait put faire ces horreurs ambulantes lui fit monter le sang à la figure. Hawat...Shonai... Jade... Il piétina sans ménagement le droïde au sol et progressa dans les rues apocalyptiques du bloc. Des cadavres étaient au sol ici et là et les gardes n'avaient vraisemblablement pas put s'opposer très longtemps à l'escarmouche. Garnar enfonça littéralement la porte de l'habitation des Jefferson et ouvrit de grand yeux. Le toit s'était à moitié effondré... Shonai et Hawat étaient probablement morts écrasés par les débris. C'est en tout cas ce que laissait supposer la main qui dépassait. J'ango sentit que son cœur s'emballait et il ne put regarder tout cela très longtemps. Il perçut une respiration. Régulière mais difficile. Le bruit le conduit vers le lit presque intact de la jeune Jade Jefferson. Garnar la secoua sans ménagement. La petite fille ouvrit les yeux.

-Monsieur Géant ? Demanda t-elle faiblement. La poussière couvrait son visage.
-Je suis là, Jade ! Il faut sortir ! Viens avec moi ! Clama J'ango en entendant le plafond craquer bruyamment
-Mais, Papa et Maman...
Le Krogan n'attendit pas plus longtemps. Il saisit brutalement l'humaine par le bras et la força à grimper sur lui. L'enfant passa ses mains autour de son cou et posa sa tête sur la bosse qu'il avait dans le dos. Elle respirait et n'avait pas été trop blessée. Mais la situation était critique. Dés qu'il eut l'assurance que la gamine était solidement accrochée, il décampa sur le champ en abandonnant là ce qui l'avait accompagné durant trois dures années. Le regret et la colère grimpait en lui, mais l'instinct de survie commandait de s'enfuir rapidement avant de réfléchir à autre chose. Le Krogan et l'enfant disparurent du bloc en proie aux flammes et à l'écroulement alors que les premiers engins de sécurité se dirigeaient vers ce dernier.

J'ango avait le visage fermé et il ne disait rien. Jade s'était assoupie sur le siège droit du véhicule de transport arrêté à mi-chemin du spatioport, sur la route poussiéreuse. Garnar était d'humeur sombre. Perdu dans ses pensées, perdu dans ce qu'il devait faire. La perte de Hawat et de Shonai était difficile, jamais il n'eut ressentit un tel vide. Et à coté, sa colère montait, inexorablement. Il voulait détruire quelque chose, mais ce geste aurait été bien inutile en sachant que tout ce qui l'entourait était potentiellement nécessaire. Pas question d'abîmer quoique ce soit donc. Le Krogan se rabattit donc sur la seule émotion qu'il pouvait libérer : l'amertume.

Quel gâchis, quel terrible gâchis...

Le soleil se dessinait au loin, traçant le désert presque infini d'Asteria. Une odeur de brûlé stagnait dans les airs. Fou de rage, Garnar descendit du transport et alla frapper dans les pierres qu'il rencontrait. Que faisait-il ? Pourquoi lui, un Krogan, ressentait t-il un tel désarmement ? Il grogna de rage et s'immobilisa en baissant la tête pour respirer un peu. C'était ça, la colère, la vraie. J'ango avait les yeux fermés, tentant de faire le vide. Quelque chose vint lui toucher la main. Son regard se posa sur le faciès vraisemblablement désolé d'une jeune fille qui ne lui était pas inconnue. Par les Dévoreurs... Même elle était plus courageuse que lui. Si il refusa tout d'abord de faire quoique ce soit, il finit par saisir la main de l'enfant dans la sienne et il regarda vers l'horizon, serrant fort, il jura intérieurement de ne pas la laisser tomber comme Shonai et Hawat sont tombés.

- Et maintenant... Monsieur Géant ?
- Maintenant... Nous irons vers l'avant, Jade.
- J'ai peur...
- Moi aussi... Moi aussi...
Adulte et enfant, Krogan et humain. Liés par accidents, ils rebroussèrent chemin. Ethan devait savoir.

Ce fut avec le visage fermé qu'Ethan les reçut. Le pauvre avait apprit la nouvelle concernant la mort de ses parents. Mais il fut si heureux quand il vit Jade descendre de l'épais vaisseau de transport qu'il bousculât presque tout le monde sur son passage avant de la saisir pour l'élever en l'air. La lourde silhouette en armure de J'ango apparut dans le passage.

- Monsieur Géant ! Marmonna Jade en tournant un peu son regard.
- J'ango ! Hurla à son tour Ethan en reposant sa jeune sœur.
Même si il aurait dût être content, Garnar avait un visage dur et éteint. Il se contenta de frapper légèrement dans le dos de l'humain passé Officier de liaison et le regarda de la tête au pied, dans son uniforme impeccable.
- C'est terminé, Ethan. Je suis désolé de n'avoir rien pus empêché.
Sur ces quelques mots, le Krogan se retourna et s'en alla, laissant l'humain médusé sur place. Ce dernier lui courut après et le saisit par le bras.
- Bordel, reviens ici espèce de gros tas !
- Je ne suis pe...
- Bon sang, Garnar ! Tu vas arrêtez tes conneries tout de suite ! Tes foutus phrases à la con, ça va bien cinq minutes. Si tu es quelqu'un et si tu as fais quelque chose, bordel. Explosa Ethan en hurlant. Tu m'as sauvé la vie sur Edolus, puis tu m'as sauvé la vie face à Ricky Harper. Et maintenant tu as tiré Jade de la galère ! C'est pas rien, ça !
J'ango n'eut pas grand chose à dire. L'humain était déterminé et ne laisserait rien passer. Sa voix tremblait un peu mais disposait d'une ambition sans pareille.
- J'ango, t'es plus qu'un ami. Cela fait maintenant trois ans qu'on se connaît, et je sais plus de choses que tu le penses. Tu sais, dans un premier temps, je t'appréciais car tu nous apportais beaucoup. Puis je t'ai apprécié car toi même tu étais content de ton sort. Papa et Maman ne t'aimaient pas pour ce que tu leur apportait, ils t'aimaient car tu étais celui que tu étais : Un Krogan pas comme les autres mais authentique. Essaye de leur rendre honneur. P'pa t'as pas fait cette armure juste pour te protéger. Ça sert à rien de te voiler la face.

Le silence s’installa et Garnar regarda fixement Ethan immobile.
- Tes propos m'honorent.
- Mes propos sont le fond de ma pensée.
- Merci.
- Non, merci à toi Garnar, il ne me reste plus grand chose, mais au moins, ma soeur et moi même sommes en vie.
- Alors que compte tu faire ?
- Je vais continuer mon service, mais un jour, j'espère que je fondrais moi même mon propre foyer. Et toi Garnar, que compte tu faire ?
Le Krogan haussa les épaules.
- Faudrait que je commence à penser à moi même, Ethan. Mais on devra me passer sur le corps si on s'en prend à vous. Je crois que je vais commencer à chercher... Il faut que j'en sache plus sur moi même.
- Je pourrais faire ouvrir une enquête ? Cela te permettrais d'avoir au moins une copie de ton propre dossier.
- Tu pourrais faire cela, Ethan ?
- Exact, je suis Officier de Liaison avec les autres races. Si j'essaye de leur parler un peu, peut-être que je pourrais tenter d'en savoir un peu plus sur toi.
- Ce serait... superbe. Merci, encore une fois.

Ethan sourit.

- Qui êtes vous, J'ango Garnar ? Fit-il tandis que J'ango s'en retournait vers le quartier nord de la citadelle.
Le Krogan tourna légèrement la tête.
- Un Krogan pas comme les autres, mais qui est fier de ce qu'il a accompli. Répondit-il.