Un gémissement s’échappe de ma bouche. Je peine à émerger des vapeurs de brumes qui envahissent mon esprit. Une violente douleur à la nuque me fait lâcher de nouveau un gémissement et mon premier réflexe de me protéger de mes mains échoue lamentablement. Je les sens attachées dans mon dos. Comme un prisonnier.

- « Bordel de merde. » Je lâche en expirant bruyamment, j’essaye de mettre de l’ordre dans mon esprit mais tout reste bien flou.

Un violent coup de face m’éclate littéralement la pommette droite. Un faible grognement sort de ma bouche, les pièces du puzzle peinent à se remettre en place dans mon esprit et la violence du coup ne m’aide pas des masses à y voir plus clair. Première tentative d’ouverture des yeux : échec, sujet non préparé à une luminosité intense. Remettre de l’ordre dans ses idées. Expirer. Avoir l’esprit analytique. Le sang poisseux coule librement le long de ma joue et vient picorer mes cils. Ca n’est pas très agréable.

- « Il se passe quoi la putain ! » Je finis par gueuler suffisamment pour être entendu à des lieues à la ronde.

Mes yeux s’ouvrent tous seuls, sans plus de difficulté, sans doute déjà habitué à la luminosité ambiante. Une salle vide, murs gris, un mobilier : un tabouret inconfortable judicieusement placé sous mes fesses. Les murs sont froids et gris et une vitre sans teint est en face de moi, à environ trois mètres j’évalue à vue de nez. Ma tête se tourne brusquement, trop brusquement, vers le Drell en tenue réglementaire à ma gauche. Ma vue se trouble un instant, la douleur à la nuque qui m’avait réveillé refait surface, vivement. Je note les poings, rougis de mon sang de l’enfoiré de bouse d’Elcor à côté de moi. Il semble sévère. L’affaire est grave.

- « Je me suis rendu par les Portes-Flammes arrêtez cette mascarade ! » Je commence à houspiller mon voisin qui a l’air de vouloir me mettre un nouveau cake en pleine tronche. Un sourire narquois étire mes lèvres.

La porte s’ouvre brusquement. A oui la porte, je ne l’avais pas noté jusque-là. Bougre d’imbécile que je suis. Un officier Drell en uniforme entre, un tic d’énervement bien visible au visage.

- « N’espérez pas obtenir notre clémence en invoquant les Portes-Flammes, Assassin Leik ». Le ton est rude, et les souvenirs de mon incarcération refont surface douloureusement.

- « Leik »

Il lâche le mot comme si j’étais un putain de traître à la nation et je commence doucement à comprendre les rouages qui actionnent son esprit et ça n’est définitivement pas à mon avantage.

« Vous êtes soupçonné du meurtre du prêtre Hanari qui vous employait. Les preuves sont accablantes : vous étiez seul avec lui au moment des faits, les officiers appelés sur place ont également noté qu’aucun service d’urgence médical n’avait été prévenu du tir. Le crime a eu lieu dans la résidence du Prêtre, laquelle, au vu de l’importante position du Prêtre et très bien protégée. Les personnes pouvant y circuler sont rares. En vérité elles se comptent sur les doigts d’une main et vous en fait partie Assassin Leik. »

Mon visage se décompose à l’instar du sourire sardonique qui se développe sur le visage de l’officier. Nul procès à espérer, ce genre d’affaire était étouffée dans l’œuf.

- « Vous m’avez déjà condamné, pourquoi cette mascarade ? Je me suis rendu aux officiers venu enquêter sur les lieux. » Je note d’un ton froid.

Le sourire de l’officier se fait plus grand encore.

- « L’affaire est plus grave que cela. Vous êtes soupçonné d’être un Rebelle, Leik. »
Le cheminement d’idées était logique. Mais il ne m’arrangeait pas le moins du monde. Une grimace étire mes lèvres, ma situation se compliquait a vu d’œil. Les Drells qui ne respectaient pas le Synacte étaient exilés ou pire encore. Les terroristes ne faisaient pas de vieux os sur Kahjé pourtant le mouvement se développait de plus en plus. D’autant plus que les forces de défense étaient bien mal armées pour faire face à un ennemi invisible.

- « Pourquoi de ne suis-je pas encore bannis de Kahjé dans ce cas ? » Je parle d’un ton sombre.
La situation échappe lentement à mon contrôle et je n’aime pas ça.

Si toute cette histoire prend une tournure politique, je ne suis pas prêt à en assumer les conséquences. Cela pourrai faire du bruit, mon nom pourrai fuiter, mes informateurs me lâcheraient sans scrupule. Je réprime une nouvelle grimace, tout ça n’était pas bon.

- « J’ai votre dossier Leik, nous avons trouvé quelques infos utiles sur vous au domicile du Prêtre. »
Je ne vois pas trop où il veut en venir.

Il mène la danse et il le sait. Il serai pourtant si simple de l’éliminer dans d’autres circonstances. Rien de plus qu’un gêneur, rien de plus qu’une demi-seconde avant de lui coller un projectile entre les deux yeux. Mon dialogue interne ne transparait pas sur mon visage, ça aussi je l’ai appris.

- « Le datapad que nous avons trouvé vous concernant demeure assez obscure et vous allez nous aider à remplir les trous. »

Je soupire bruyamment. Je suis coincé et il le sait. Et je vais bien être obligé de mettre ma fierté de côté si je ne veux pas terminé en taule pour un crime que je n’ai pas commis. Première arrestation et pour une fois que je suis innocent…

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