Journée de merde quand tu nous tiens.

Alors on a tous connu ça, madame (ou monsieur) à la migraine, tu as plus d’ézo dans le réservoir, tu t’es retrouvé OBLIGE d’insulter les gens sur le chemin du boulot. Et que dire de tes saloperies d’animaux de compagnie, ils sont encore interdits sur la Citadelle. Foutu galaxie de merde.

Enfin bref, tu vois le genre. Patronne exécrable, paperasse interminable, (Bah ouais qui fait de la paperasse dans un forum RP ? La réponse est simple, personne.) Et il y a aussi ce collègue, tu sais l’autre enfoiré qui peut pas s’empêcher de faire de « l’humour ». Alors là tu as le choix façon bingo, beauf, méchant, noir qui est en vérité juste con, cynique mais sans le talent nécessaire, ou juste particulier.

Enfin c’est ce genre de journée, celle où tu veux juste te barrer très loin, mais pour l’instant tu n’oses pas. Pourquoi ? Le sens du devoir, la peur de l’inconnu, tu n’as toujours pas d’ézo dans le réservoir … Bref tu n’oses pas. C’est là que tu tombes sur ce petit tract que tu voulais jeter sans lire, mais pour une raison que la raison ignore, tu ne l’as pas fait. Pire tu l’as même lu ce tract.

« Mesdames, Messieurs, Hanaris*,

Vous êtes persuadés d’être unique mais personne ne vous croit ? Vous savez qu’un jour le destin agira pour révéler cela à la face de la Galaxie mais vous commencez à perdre patience ? Et bien le moment est venu de faire face à cette destinée tant espérée !

Car il existe une prophétie,

Une prophétie sur le roi galactique, sur l’épée dans la roche qui, une fois délogée, révèlera l’ascendance héroïque de son nouveau propriétaire. Alors venez déloger l’épée, embrassez votre destin et devenez le roi galactique que tout le monde espère, secrètement, voir apparaitre.

Venez dans le Bar, « Au rat d’égout lubrique »**, et laissez-vous tenter par notre menu spécial « Le Roy Galactique »**, ripaillez, festoyez et devenez ce que votre destin vous dicte !

*Les Vorchas ne sont pas acceptés
** « Au rat d’égout lubrique » et « Le Roy Galactique » sont des marques déposées

Au plaisir De rencontrer notre futur souverain.

Plat du Jour : Tataki de Varren et ses six féculents.

Plats végétariens et carnivores sont à la carte.»

Et là ma chère, et les autres, vous vous dites. « Et pourquoi pas. » Une recherche omnitech plus tard, vous connaissez l’emplacement, le prix des menus et du plat du jour. Au rapport année-lumière économie vous êtes largement perdants, mais bon dans tous les cas il vous faire le plein alors bon.

Mais ceci mon amie, ce n’est qu’une histoire parmi tant d’autres, certains auront découvert la chose par Extranet, d’autres s’y feront emmener par un ami particulièrement aviné, d’autres vivront leurs propres aventures pour parvenir jusqu’à ce lieu.

Dans tous les cas, une fois que tu parviendras à ce lieu, tu y trouveras un bar typiquement américain, et là tu te diras, si tu es humain tout du moins, que l’architecte des lieux est un infâme fainéant, mais peu importe au final, car très vite la tenue rose fluo des serveuses viendra vite harceler ta concentration jusqu’à l’anéantir.

Tu y découvriras aussi un immense parking plutôt vide, et des toilettes se trouvant à l’extérieur de la bâtisse principale, comme seuls les pires sauvages sont capables de faire. Tu trouveras aussi une pompe à Ezo, mais ça tu t’en moqueras carrément puisque de toute manière tu as déjà fait le plein. Mais j’en oublie le principal.

A ton arrivée, spatiale l’arrivée, tu seras surprise devant l’emplacement du bar, qui n’est autre qu’un astéroïde solitaire dérivant au grès de ses envies. Aplani à son sommet virtuel, il n’y a ni haut ni bas dans l’espace après tout, s’y trouve un dôme massif permettant aux clients de sortir vaper sans se faire aspirer par le vide, ou simplement imploser.

Voilà, tu as ton quota de description ou tu veux un plan sur paint ? Si tu en veux un, fais ta demande en spoiler à la fin de ta réponse.

Bref, si tu parviens à te poser, puis à entrer dans le bar, tu y découvriras une structure tout en long, avec d’innombrables tabourets de bar, mais aussi quelques tables pour quatre à huit personnes. Tout au fond, se trouve une large roche ou est planté la fameuse épée, quelques badauds s’y trouvent déjà d’ailleurs. Trois asaris en tenues de pom pom girl et un turien crâneur qui semble tenter d’haranguer une foule inexistante.

Le long du bar, qui traverse l’essentiel de la pièce, sont assis deux individus. Un turien en tenue de soldat, l’air maussade, et un humain richement vêtu l’air boudeur. Se tenant le plus éloignés possibles, les deux individus squattent les bords opposés du bar. Une table à quatre est déjà occupée, par deux individus.

Le premier est un vieillard aux cheveux bleutés, semblant en vive discussion avec lui-même, sa propre salive arrose régulièrement son menton et sa table mais cela ne semble nullement le déranger. Face à lui se terre un jeune garçon semblant terrifié mais aussi hautement dépourvu intellectuellement parlant.

A peine tu as le temps de pénétrer les lieux, qui est une fort jolie barde, qu’une serveuse se présente à toi. Sa tenue rose fluo t’agressant la concentration, et les yeux, tu n’as guère le temps de réagir, ni même de voir le visage fatigué et blasé de la jeune femme. Mâchant nonchalamment une chewing gum, goût fraise bonbon, la serveuse parle d’une voix nasillarde insupportable et te questionne.

« Ouaiiiis. » Accentuant bien trop son ouais, il est indéniable qu’elle a reçu un entrainement de je-te-casse-les-ovaires-à-moindre-frais. « Ça sera pour quoi ? »

Hésitant entre une bonne mandale, tu finis par prendre commande rapidement (la carte, le plat, un menu j’en sais foutre rien mais tu commandes un truc) Puis tu vas poser ton cul de déprimé à une table ou au bar. C’est là que je te lâche les mandibules, les tentacules, les bajoues ou ce que tu veux, alors maintenant raconte-moi ta version de l’histoire.

Dahl Elkoss était déprimé.

Déjà, il ne faisait plus rien. Ouais, devenir le Nerf, ça avait été cool, vraiment, ça faisait joli sur un CV. Sauf que le CV, il ne pouvait le montrer à personne. En fait, il n'avait même pas besoin d'un CV : être le maître du monde l'autorisait à s'en passer. Sauf que ben, être le maître du monde, c'est ennuyeux. Surtout quand on l'est dans l'ombre. Il n'y a plus rien à faire, tout le monde travaille à ta place. Alors oui, regarder les gens se taper dessus, c'est drôle. Mais quand tu finis par recevoir plein de messages qui ne servent qu'à te demander si tu vends des pistolets Nerf, tu te retrouves à avoir les nerfs (sans mauvais jeu de mots) en boule (sans mauvais jeu de mots, mais t'avais qu'à pas jouer un Volus).

Ça, c'était le premier problème. Le second, c'est que Dahl était délaissé par son joueur pour un Galarien. UN FOUTU GALARIEN. Un reptile, quoi, sérieux. Dahl se sentait extrêmement blessé. Il aimait bien son joueur, parce que c'était un connard comme lui. Mais là ? Qu'est-ce qu'il avait de plus, cet Abbadon ? … OK, des possibilités de RP… Pas de « SHHK » à caser entre chaque mot... Ouais, une sexualité, aussi.

… Bref. Et le problème des problèmes, le truc qui empêchait Dahl de dormir, qui l'empêchait de nager dans sa piscine de crédits la conscience tranquille...

IL AVAIT TOUJOURS DIX CREDITS DE MOINS QUE BALTHAZAR PICSOU.

Ça durait depuis plus d'un an. Sérieusement, depuis le temps, et avec toutes ses activités illégales-super-organisées-qui-en-imposent-et-badass, il aurait dû le rattraper. Mais non.

Donc, le voilà, le pauvre Dahl, la pauvre petite bouboule abandonnée, à lire un fichu tract qu'un de ses espions lui avait rapporté. Il pouvait le dire : la stratégie de com' était mauvaise. Nulle. Sans rire, même Anton Ardak écrivait mieux que ça. Enfin, ça c'était jusqu'à ce qu'arrive la mention de l'épée.

En vérité, s'il arrivait à l'obtenir, il pourrait devenir classe aux yeux du monde. Bien sûr, il savait déjà qu'il était le roi galactique, mais il était temps d'officialiser la chose, et rien de mieux que de tirer de son socle un symbole phallique pour montrer sa puissance. Aussi et surtout, le Galarien passerait à la trappe, et il pourrait revendre le métal de la lame pour ENFIN dépasser Balthazar Picsou.

Et vous savez ce qui a fini par le faire bouger de son fauteuil de mafieux ? Le bar offrait le déplacement. Leur com' était peut-être pas si catastrophique, finalement. En tout cas, ça parlait à Dahl.

Bref, après un voyage trop long pour être décrit et après que la joueuse a précisé qu'elle n'écrira pas les « SHHK » parce que voilà, Dahl atterrit dans le fameux bar « Au rat d'égout lubrique ».

Le Volus ne ressentit rien pour les serveuses qui passaient, mis à part peut-être un sentiment d'exaspération. Personne ne prêtait attention à lui. C'est ça, d'arriver aux hanches de la plupart des espèces. Il traversa le bâtiment et se présenta au bar.

« Hey. Hey, madame. Non, en bas. » Rien ne vaut le spectacle d'un Volus qui essaye d'escalader un tabouret de bar.

« Ouaiiiis. Ça sera pour quoi ? »

Toi, si je pouvais là, dans l’instant, je te ferais torturer pour atteinte au bon goût vestimentaire et pour attitude insupportable.

« Le Tataki au Varren. Et un verre de... ce machin violet. »

Il frissonna. Il dépensait de l'argent.

La serveuse ne daigna même pas apporter de précisions, et servit le Volus avec la grâce d'un flamand rose (après tout, elle était tout en rose) estropié. Il alla s'asseoir à une table, assez loin des autres clients. Ils ne le méritaient pas. Pfeuh. Il voulut passer un appel rapide pour que ses Asari de garde viennent abattre la serveuse, mais il n'eut pas de réponse. Sans doute en train de trafiquer des plans machiavéliques (même s'ils ne valaient pas les siens, d'ailleurs tu sais que tu as réussi quand tu as ton propre adjectif, machiadahlique) avec la folle d'Oméga.

« Patron, fit une autre voix dans l'Omnitech, par contre, avec ce repas, vous avez maintenant trente crédits de moins que Balthazar Picsou...
— QUOI? »

Là, on pouvait comprendre d'où venait l'expression « le seul Volus plus burné qu'un Krogan ». Dahl avala son Tataki au Varren sans enlever son masque (si si), but son verre cul sec (si si), et se leva avec la même tête que Trevor de GTA5 au petit matin (si si). Il partit en direction de l'épée.

Mais voilà, c'était un Volus, et l'alcool violet était une spécialité quarienne qui faisait des ravages sur les CB de forumactif. A mi-chemin, il zigzaguait. Aux trois-quarts, il roulait.

« Zfgme fautjj cette épéehgb... »

Les curieux agglutinés autour du piédestal s'écartèrent promptement à la vue du Volus ivre et en fureur.

Il se plaça devant l'épée. Loin d'avoir la prestance d'un Arthur, il essaya de l'extraire en maudissant Picsou. Classe. Il se rata, le pommeau lui glissa des mains et il roula en arrière jusqu'à l'entrée du bar. Classe.

Le trou noir. Quand il s'éveilla, il se dit qu'il allait devoir faire ce qu'il faisait de mieux : manipuler des gens pour qu'on retire l'épée à sa place, et partir en obtenant tous les bénéfices. Bon, simplement, au vu de sa superbe prestation, son image était sans doute un peu écornée. Il allait devoir trouver un imbé... un collaborateur idéal par sa ruse légendaire.

Quelle journée de merde.

Dans les hauts quartiers d'Oméga, tout au sommet de son majestueux palais, un butarien beaucoup trop sexy pour ne serait ce que concevoir d'en faire une description physique sortait de son sauna personnel, une petite serviette mauve ayant l'audace de recouvrir l'une de ses épaules, gâchant ainsi de son existence cette perfection faite butarienne.

Oui, Anton Ardak, le magnifique, le fabuleux, resplendissance même du monde vivant, apprenti empereur à ses heures perdues et d'une modestie débordante, passait actuellement ce que l'on appelait tout simplement une journée de merde. Oui vous savez ce genre de journée où l'on s’apercevait le matin qu'Aria venait de récurer les mauvaises chiottes juste avant la rencontre diplomatique avec un clan scato palavenien, que sa pote Ardat Yakshi venait de déclencher une guerre en se tapant une amirale asari, que sa connasse de fille continuait de sauter sa nourriture avant de la manger, qu’Elena était revenue d’Andromède et que Deruuk venait de faire quelque chose d'utile de sa vie.

Mais plus encore que tout ceci, il y avait une chose qui continuait de hanter la splendeur butarienne en personne. Enfilant des petites pantoufles laineuses à son effigie, il se dirigea d'une démarche sensuellement érotique près de la console (oui à côté de la flotte, c'est un peu con un butarien) qui semblaient afficher un plan en trois dimensions de la station qui avait eu le privilège d'être foulée de ses pas. La situation était la même que d'ordinaire, et tout le malheur d'Anton le magnifique pouvait se résumer en un seul mot : Shoran.

Malgré tous ses efforts, une multiplication du nombre de statues à son effigie et la vente de lingerie pacificatrice et de petite peluches Anton qui lançaient des monologues de plusieurs heures quand on appuyait dessus, cette catin noire continuait d'être la numéro 1, raflant à Ardak le formidable le seul et unique trône d'Oméga. Abattant son poing rageur sur la console d'un mouvement si parfait qu'il aurait déclenché un orgasme instantané à toute personne témoin de la scène, l'apprenti empereur décida en cet instant que la situation ne pouvait plus durer.

Enroulant sa serviette autour de ses magnifiques hanches, il grimpa sur son nimbus 2202 et daigna rejoindre le monde des mortels plus bas dans son palais. Une cohorte d’Antonnette était déjà là pour l’accueillir, des butariennes qui possédaient toutes un œil en moins, la perfection avait un prix. Quittant son balai et atterrissant sur le sol avec une sensualité telle que le terrain lui-même se mit à rougir, Anton l’époustouflant jugea nécessaire d’enfiler également un haut, tous n’étaient pas dignes de pouvoir observer autant de surface de son corps.

Il enfila donc un petit T-Shirt « I Anhur » s’arrêtant au nombril ainsi qu’une double paire de lunettes de soleil. C’est dans ce resplendissant accoutrement qu’Ardak le sublime se déplaça jusqu’à sa boite aux lettres. Oui une boite aux lettres en 2202, pimpée comme pas permis en plus (bon c’est surtout pour faciliter le scénario mais ça on le passe sous silence). Alors… La facture de x de ce mois ci, une invitation de son amante Narishkin à une séance SM et une vielle pub pour un bar miteux.

S’il s’apprêtait à jeter la paperasse inutile pour préparer le rendez-vous avec la fana de mécha, la lecture machinale qu’il octroya à la publicité fut cependant suffisante pour attiser sa curiosité. Les lignes sur ce petit bout de papier surent trouver les mots justes pour atteindre son petit cœur de butarien tout tendre. L’argumentaire utilisé lui correspondait totalement et s’il avait une occasion de prouver qu’il était digne d’être le seul et unique numéro 1, il ne devait la rater sous aucun prétexte.

C’est donc dans ces circonstances pas du tout forcées que notre butarianissime butarien se retrouva sur le lieu principal de l’histoire. Si le météore en question allait être la divine terre sur laquelle allait s’accomplir sa destinée, Anton le génialissime exécrait pourtant complétement son apparence. Fait très certainement provoqué par les lacunes en description du MJ, mais pas de panique ! Ce dernier y avait pensé et avait ainsi proposé aux joueurs de dessiner le plan sur paint ! Ceci est donc effectivement une demande au MJ de nous dessiner tout ça, d’une part pour vérifier qu’il n’oserait profaner des mensonges à ses joueurs et d’autre part par simple curiosité malsaine envers ses talents de graphistes. Et non cette demande n’est pas à la fin du post ni sous spoiler, MAIS C’EST COMME CA OKAY ???? Hum… Bref. Reprenons nos elcors.

Anton le antonique n’aimait pas cet astéroïde. Sans doute aurait-il pu commencer à considérer la possibilité de l’apprécier s’il avait été sculpté avec la forme de sa tête. Mais il aurait s’agit d’une œuvre imparfaite et profane en l’absence du corps. Il allait devoir faire avec.

Son vaisseau en diamant se posa donc à sa surface et sa majesté en émergea. Ardak le merveilleux fut alors en contact avec la populace indigne qui croupissait à l’extérieur. A quelques pas de là, deux humains tiraient sur une laisse pour faire avancer un turien à quatre pattes, visiblement réticent à subir un tel traitement.

Imbéciles ! Je vous dis que je suis l’empereur Vorasen ! Agenouillez-vous devant moi, humains !

C’est ça, et moi je suis la conseillère asari !

Un peu plus loin, une femme en uniforme de l’alliance surveillait son omni-berceau, sa portée d’allianceux devaient tout juste être en âge de pousser leur premiers « humanity ».

Anton le transcendant décida de ne pas accorder plus de temps à son environnement, d'un pas dangereusement séduisant, il se dirigea vers l'entrée du si fameux bar qui avait fait se déplacer ses splendides petites fesses butariennes jusqu'ici. Agrippant son arme de poing et déboutonnant son gilet en cuir en prenant une voix plus grave qu'à l'accoutumée, il rentra dans le bar.

Sara Vaylee ?

La seule réponse qu'il obtint fut un volus roulant à toute vitesse dans sa direction avant de s'arrêter à ses pieds. Cette racaille ne méritait même pas qu'il daigne baisser le regard pour l'observer. Le divin butarien enjamba alors la loque et pénétra plus avant dans l'endroit. Une seule chose l’intéressait et il l'aperçut rapidement au milieu des convives. L’épée était là, plantée fièrement dans sa roche et n’attendant que sa présence pour être délogée.

Il décida de boire un coup symbolique avant l’accomplissement de sa destinée, prenant un shot de lait fraise qu’il but cul sec, il mit de longues secondes à l’encaisser avant de se diriger vers la roche. Anton le butarianique jeta son gilet en cuir et ses lunettes sur la foule qui s’arracha ses vêtements dans de doux hurlements orgasmiques. Désormais vêtu d’un simple short moulant, il se plaça face à l’épée et prit sa plus magnifique pose, bombant son torse musculeux et huilé et décochant un sourire de tombeur.


Silence.

Aussi étrange que cela puisse paraitre, rien ne se passa. Comment était-ce possible ? Comment l’épée ne pouvait pas se retirer elle-même de sa roche à la simple vue de sa butarienneté parfaite ?

On aurait pu s’attendre à ce qu’Ardak le renversant se vexe et à ce que la roche soit sur le point de passer le plus mauvais quart d’heure de sa vie, mais il n’en fut rien. Non, bien au contraire, l’endroit où l’on retrouva le butarien de notre histoire ne fut autre que dans un coin du bar, recroquevillé et pleurant à chaudes larmes. Savoir sa perfection ainsi bafouée ne pouvait être supportable pour un être de cette nature.

Shannon posa le pied sur la passerelle, embrassant de ses yeux vairons le drive-in, endroit de repos auquel aspirait les âmes égarées de cette galaxie froide et cruelle, seule porte d'entrée vers un monde qui promettait un peu de réconfort et de chaleur contre quelques crédits, fut-ce en nourriture chaude ou en embrassade fugace par les femmes et hommes, discrets, qui vendaient leurs charmes pour survivre ; une ode au voyageur fourbu dont l'âme et le cœur n'aspiraient qu'à un sommeil réparateur avant de repartir vers les nébuleuses connues ou encore à découvrir qu'offraient le centre même de l'univers à qui se voulait assez audacieux pour saisir l'opportunité d'explorer une infinie sombre et froide et pourtant si prometteuse de délicieux mystères autant que d'inconnues rencontres et ...

et...

...

Et qu'est-ce qu'elle disait déjà ?

Ah, oui.

Shannon entra dans le Drive-In. Un bouge pour les princes, un palais pour les malheureux mais toujours une place où la foule hétéroclite se fondait dans une multitude de...
Ah non merde alors, ça n'allait pas recommencer !

Esprit, ne te laisse point abattre, ne vogue point vers les lieux marécageux d'une pensée volage, qui voit dans l'univers une foule de couleurs et de nuances chatoyantes, changeantes selon son bon plaisir, qui trompe l'esprit et l'emmène en des lieux propice à l'évasement, imitant les feux follets et esprits irlandais prompts à engluer le pauvre naïf qui les aura suivi, y voyant les douces lumières d'une ville là où ne se trouve que sa mort future ! Ne va point vers elle, ne te laisse pas détourner du chemin ! Continue de conter, mais ne t'envole point vers des cieux trop hauts, où les malheureux qui nous lisent ne pourront te suivre ! Esprit, enfin, pitié, entends ma voix et ne va pas te brûler les ailes tel Icare voulant embrasser le soleil.

...

S'il te plaît ?

...

Merci.

Shannon, donc, entra dans le Drive In. Et c'était un foutu bordel. Ça gueulait, ça mangeait, ça en renversait partout... C'est simple, on se serait cru dans un banquet médiéval. "Le rat d'égout lubrique' (marque déposée, ne pas copier sous peine de poursuite judiciaire par une bande de Volus affamés et dont on a agité une centaine de milliers de crédits sous le nez en ne le promettant qu'à un seul. Et bien évidemment, tous de clans différents, histoire de bien les enrager un peu plus) tenait ses promesses.

La petite rousse buta sur un Volus à demi-inconscient qui était venu lui buter dans les pattes, s'excusa d'avoir été là alors qu'il roulait vers elle sans prévenir, réussit à se faxer entre deux Krogans, étouffant un petit "pardon" alors qu'ils manquèrent de l'écraser, ignorant sa présence. Par réflexe et expérience, elle esquiva une main baladeuse d'un groupe d'humain.
Ses longues expéditions dans les Terres Désolées avaient fait d'elle une pro en ce domaine. C'est fou le nombre de pervers sans le sous désespéré prêt à se ruer sur une pauvre femme et sans défense qu'on trouvait derrière le moindre rocher. Malgré ça, elle avait réussi à conserver sa Sainte Virginité.

Et ça la faisait chier.

Bon, pas qu'elle aurait voulu la perdre avec le premier malpoli de la Terre, non. Mais depuis qu'elle avait été recueillie par Dralot la Sage, Vénérée Krogane, Maîtresse de l'Ezo, l'Etonnament-pas-si-violente-que-ça-pour-une-Krogane-ou-en-tout-cas-disons-qu'elle-prend-quand-même-le-temps-de-parler-un-peu-avant-d'attaquer-même-si-en-y-pensant-ça-peut-varier, Shannon avait eu la chance de rencontrer le pilote Turien. Le mignon pilote Turien. Ils s'étaient un peu tournés autour et l'Irlandaise, prenant son courage à deux mains, lui avait proposé de passer dans sa chambre pour "s'amuser".

Une chose en entraînant une autre, il avait rien compris et ils s'étaient retrouvé à jouer aux jeux-vidéos toute la nuit. Bon, ils s'étaient bien amusés. Mais merde, elle n'était pas Si "petite jeune et si innocente trop mignonne choupinounette" que ça bordel !

En tout cas, pour oublier son Turien mignon mais un peu con, elle s'était faite déposer dans ce Drive-In. Autant dire qu'elle n'avait aucune idée du pourquoi du comment d'autant de créatures regroupées en cet endroit. Mais au moins, sa petite taille lui servait pour une fois et elle se glissa jusqu'à un étranger rocher et un étrange Butarien.
Camouflée dans l'ombre, elle pu observer l'éphèbe prendre des postures, sourire, faire saillir ses muscles devant la roche. Qui, si elle avait pu, lui aurait répondu en lui faisant un doigt. Sauf que les rochers n'ont pas de main, donc ce n'était pas vraiment possible. CQFD.

En tout cas, le borgne s'en alla pleurer, entourée par une foule de supporter décidés à lui remonter le moral. Pressée d'aller proposer un petit câlin, un petit massage ou une petite P.I.P derrière les poubelles vite fait, une Turienne renversa Shannon, laquelle se rattrapa maladroitement à l'épée qui se tenait là.

Schling, fit-elle au milieu du brouhaha, se retrouvant ainsi totalement ignorée. La pointe de l'épée était d'un millimètre au dessus de la roche.

La rousse se figea. Bordel de merde, elle venait de péter ce truc, elle en était sûre.

Personne ne lui prêtait attention. Tout le monde regardait Anton le Magnifique. Elle laissa l'épée glissée dans son fourreau de pierre. Personne ne verrait la différence, hein ?

Shcling bis, fit l'arme alors qu'elle se scellait dans la pierre, recourait à du scotch double face, un peu de ciment et une pointe de colle pour être sûre de ne plus bouger. Oui, c'est juste un morceau de fer, mais un morceau de fer très désireux de ne pas se faire sortir comme ça par la Première Rousse Héritière du Roi Arthur, Sa Majesté la Reine d'Angleterre, qui venait.

Shannon, elle, s'enfuit en rampant les murs à toutes jambes avant qu'on ne la remarque.

Elle grimpa sur une chaise de bar, quoiqu'un peu difficilement, c'était haut ces foutus trucs, et balbutia.

- Je... heu... Bonjour je...

- Ouaiiiis. Ça sera pour quoi ?

- Oui, alors je .... fit-elle un peu plus fort.

Elle se tût. L'espace d'un instant, elle s'était apprêtée, par habitude, à commander un verre de lait chaud.

Mais non ! Il était temps de cesser cette image de petite chose choupinette qu'on lui collait ! Dralot avait fait d'elle une guerrière, une féroce combattante biotique capable de soulever une tasse pleine ! Elle avait vécue des choses qui feraient pleurer un guerrier endurci et dont les adultes "normaux" n'imaginaient que dans leurs pires cauchemars.
Même le Courtier de l'Ombre l'avait contacté !

Elle était adulte enfin !

Elle était forte, belle, puissante ! Une machine de guerre aux muscles saillants, à la volonté de fer, à la poigne d'acier.

C'est un regard déterminé qu'elle planta dans celui de la serveuse, toute trace de la moindre douceur évaporée de son visage.
Elle souffla d'une voix rauque.

- Un lait fraise. Sans paille.

Elle frissonna de sa propre audace.

Il y a deux types de personnes dans la Galaxie, ceux qui picolent trop, et les autres.

Telhius Sharkan était indubitablement du premier groupe. En effet, enchainant sans honte ses verres de lait fraise, il semblait profondément pathétique. Mais bon, ça Telhius commandant larbin en avait l’habitude. Son commandant, le tyrannique Maccharius complètement-pas-plagié-de-Warhammer Dorn était un enfoiré de première. Il avait carrément décidé de nommer sa légion, la Légion. Imagination, folie des grandeurs, etc, etc, … .

Et ça Telhius ça lui foutait les boules, mais le pire restait son grade officiel de la Hiérarchie. Commandant-larbin. Bordel de balais à chiottes. Bon après, il ne pouvait pas se plaindre, au moins il n’était plus sous les ordres de Artérius Vorasen. Après tout cette enflure avait été vendue à des humains pour qu’ils lancent leur propre portée de bébé turiens. C’est la nouvelle folie sur Terre avec les Food Spinner.

Noyant son chagrin dans l’alcool, Telhius aperçut une humaine rousse avec un bras en moins. Bordel les humains pouvaient être encore plus inutiles après tout ? Avalant cul sec son dernier verre, Sharkan se leva, convaincu d’agir pour le bien commun.

Posant son verre avec brusquerie, Telhius s’élança jusqu’à la rouquine coincée entre deux krogans. Arrivée à sa destination, le turien posa une main sur l’épaule d’un colosse ceinturant la dame.

« Hey l’humaine. » Tentant désespérément d’attirer l’attention du petit rouquemoute, il se mit soudain à glapir avec force et désespoir tandis que le krogan lui broyait méthodiquement la main.

« Mais euh, m’faite pas mal. Ce n’est pas sympa d’être méchant quoi. »

Un coup de tête plus tard, Telhius rampa jusqu’aux côtés d’un butarien qui accomplissait déjà la volonté du jeune turien …


Deruuk était fier de lui.

Punaise il avait travaillé cette année. Et pas n’importe comment, il avait fait son job de contrebandier. Lorsque la nouvelle était tombée, Anton avait fait un AVC, Kyre avait eu une attaque et maintenant une connasse quelconque était chargée de lui nettoyer la bave au coin des lèvres, et Kydra, bah elle était trop occupée à brouter tout ce qui passe pour se rendre compte qu’elle était devenue un herbivore fort placide.

Mais qu’importe. Deruuk avait accompli son premier travail et maintenant il savait ce que mériter son salaire signifiait. Bordel c’était tout de même un truc fou tout ça. Aussitôt remonté à bloc, le contrebandier vieillissant décida de grimper dans une navette et de rejoindre son bar préféré. Se rendant vite compte qu’il avait oublié de prévenir son équipage, le capitaine fit deux crises de paniques durant le trajet, vomi sur les godasses d’une asari à la tronche rongée à l’acide, se fit voler son porte-monnaie Anton et sa belle cape toute neuve.

Largué telle une bonne grosse loque, Deruuk décida de faire avec les caprices du destin et s’avança fièrement jusqu’à l’entrée, tombant nez à genoux avec une volus proprement pompette.

« Hola brave compagnon. Tu me sembles être l’incarnation même de la générosité mon frère. Vois-tu, courageux autochtone bancaire, ma mésaventure m’a dépouillé de toute richesse et j’en suis réduis à demander de l’aide à ceux qui font le monde. Peut-être pourrais-tu me venir en aide ? Je suis sûr que je trouverai quelque chose à faire en retour.

Après tout, ne suis-je pas l’élément indispensable à une nation glorieuse ? Sache que tu as en face de toi l’individu le plus prompt à aider son prochain. »

Deruuk était fier de sa tirade et se permis d’observer par-dessus, très largement d’ailleurs, l’épaule de son interlocuteur pour chercher quelques habitués potentiellement présents. Mais nenni, il allait devoir sincèrement tenter de convaincre la boule alcoolisée.


Edgar était fort attristé.

Exo terra était toute cassée et personne ne semblait désireux de relever l’association de ses cendres. Aussi Edgar buvait, trop. L’Edgaarden coulait à flot, tandis que ses rêves étaient emportés par la marée.
Soudain, entre deux rêves brumeux, des personnes apparurent dans son champ de vision. Un butarien extraordinairement charismatique, une rouquine incroyablement bravache et un volus roulant avec l’harmonie de la roue du temps. Des êtres de lumières à n’en point douter.

Lui, Edgar Roth Duriff alias le grand Monarque, le Merlin vert, Sylvanus, allait devoir apporter la lumière du Trans humanisme à ces champions de l’évolution. Motivé, Edgar se leva, senti ses jambes flagoller, s’effondra au sol sa choppe pleine se déversant en cascade sur sa carcasse fatiguée.
Peut-être plus tard.