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Alessa N’Mara ♦ Abel Sajko
Un fantôme surgi du passé
Les Chroniques d'Alessa - Chapitre 2
Suite aux événements survenus quelques heures auparavant près de la station de triage du spatioport, Alessa attendait qu’on vienne la chercher. Attendre n’était pourtant pas dans ses habitudes. Dès que la situation devenait un peu trop alarmante à son goût, elle prenait aussitôt la fuite et faisait en sorte de disparaître des radars pendant quelques semaines ou quelques mois. Nouvelle planète et nouvelle identité, tel était son lot quotidien. Des années durant elle avait dû fuir sans relâche ses vieux démons qui persistaient à la poursuivre : Éclipe et leur soif de vengeance ; le gouvernement asari qui continuait de la rechercher en vue de la condamner pour un crime qu’elle était certaine de ne pas avoir commis ; le fantôme de son épouse qu’elle avait été incapable de sauver vingt-quatre ans auparavant. Tant de vieux démons qui poussaient la fugitive dans ses derniers retranchements à longueur de journée. Elle n’avait pas le temps de souffler. Tout ce qui importait, c’était se cacher ; encore et encore.
Là pourtant, Alessa attendait ; mais elle n’attendait pas n’importe qui. Elle attendait des Ravageurs ; ces soldats à la solde d’Aria. Alessa n’avait absolument aucune confiance en la reine pirate. Son passif avec Éclipse et les relations qu’entretenait justement Aria avec le gang de mercenaires n’étaient pas faits pour rassurer la fugitive. Qui sait si on ne tenterait pas de la monnayer contre quelques bons et loyaux services de la part des sbires de cette satanée Jona Sederis. Cependant, quand bien même chacune des parcelles de son corps la suppliait de prendre ses jambes à son cou, Alessa demeurait patiente, et calme, tout en sachant l’arrivée des Ravageurs toute proche. La cause : l’homme auprès duquel ils étaient censés la conduire était l’une de ses vieilles connaissances. Abel Sajko.
Alessa avait rencontré le dénommé Abel du temps où elle œuvrait pour Éclipse justement. C’était il y a maintenant une quinzaine d’années de cela. Elle avait fait sa connaissance à l’Au-delà, ce nightclub dont la réputation n’était plus à faire. La proximité des corps sur cette piste de danse pleine à craquer avait permis quelques rapprochements ; et les verres bus ensuite en tête à tête avaient fini par lever leurs dernières inhibitions. Une folle nuit s'en était suivie et puis plus rien. Pas un au revoir ; pas une note de remerciements. Rien. Jusqu’à la nuit suivante où une seconde rencontre fortuite avait eu lieu. Quelques danses, quelques verres… Et ils avaient remis cela jusque tard dans la nuit. Et ainsi de suite, encore et encore et encore. Alessa gardait un bon souvenir de cette époque révolue. Mais le fait est qu’entretemps, Abel était passé de simple mercenaire freelance à un poste haut placé au sein de ces satanés Ravageurs qui servaient en quelque chose de milice privée à la reine pirate. Avait-elle fait le bon choix en acceptant une entrevue avec ce fantôme du passé ? Ne risquait-elle pas de mettre sa vie en danger à seule fin de satisfaire sa curiosité ? Le temps seul pourrait répondre à cette question.
— Ils sont là, souffla une voix enfantine en la tirant de ses pensées.
C’était la dénommée Clara ; la fille du docteur qui tenait cette clinique et qui lui était venu en aide au spatioport quand un mercenaire Turien avait tenté de la soulager de tous ses crédits. La situation ayant plus ou moins mal tourné par la suite, Alessa avait fini blessée à l’épaule et le docteur lui avait proposé de panser sa plaie gratuitement. Selon lui, Abel se chargerait de payer les frais médicaux. Il avait plus d’une dette à payer et le médecin déjanté était bien décidé à saler la note autant que possible. Il était question dans l’affaire de cookies et de donuts au chocolat ou quelque chose dans le genre.
Alessa se leva et quitta l’arrière-salle dans laquelle elle avait attendu seule, plongée dans ses pensées. Elle suivit la petite fille jusqu’à l’entrée de la clinique où elle retrouva le père de l’enfant ainsi qu’une petite escouade composée de deux Ravageurs. L’un d’eux lui était vaguement familier. Et pour cause, il s’agissait du Turien qui était intervenu en catastrophe quelques heures plus tôt pour s’occuper d’un mercenaire turien fou semant la pagaille non loin du spatioport de la station. Il était accompagné d’un autre individu qui lui était complètement inconnu au bataillon. C’est lui qui prit la parole quand Alessa entra dans la pièce derrière Clara.
— C’est toi l’Asari que veut notre chef ?
Alessa regarda autour d’elle. Elle était la seule Asari présente sur les lieux. Quelle question stupide !
— Non, rétorqua-t-elle simplement. Je suis le Commandant Shepard et cette clinique est ma préférée de toute la galaxie. (Elle leva les yeux au ciel et soupira.)
Son supérieur tourna la tête vers Alessa et un sourire étira ses lèvres quasi inexistantes.
— Hé ! Mais c’est qu’elle a du répondant, on dirait. Pas étonnant que le chef voulait que tu restes en vie et qu’aucun mal ne te soit fait. Il a toujours eu un faible pour les filles revêches. (Il tourna la tête, et ajouta à l’intention de son camarade.) Mais la petite dame n’a pas tort. Qu’est-ce que tu peux être con parfois. Sors et commence à te frapper, j’arrive. — Mais ? voulut se défendre l’autre. — T’es dur d’oreille en plus d’être un peu con sur les bords ? Attends-nous dehors.
Le soldat finit par obtempérer après avoir jeté un regard noir à l’attention d’Alessa. Il quitta la salle et alla monter la garde devant la clinique en attendant que son supérieur règle la situation. Quelques minutes plus tard, après avoir remercié une dernière fois Gregor et sa fille pour leur aide, Alessa se retrouva à arpenter les rues d’Oméga avec des Ravageurs en guise de guides touristiques. Par précaution, elle avait passé un voile autour de sa tête pour dissimuler son visage aux yeux de la foule. Elle n’avait déjà pris que trop de risques depuis son arrivée sur la station. Autant rectifier le tir autant que possible.
En passant tout près du marché, Alessa surprit une conversation entre un Krogan et un Quarien.
— Hé la moche ! Tu as entendu parler des Tournois de Gladiateurs qui se déroulent dans la Travée de l’Attique ? demanda le Quarien d’un air enjoué. J’aimerais bien aller y jeter un œil pour voir ce que ça donne. Qu’est-ce t’en dit ? On y va la semaine prochaine ? — Je peux pas, la semaine prochaine, répondit le Krogan d’une voix grave et pesante. Me suis inscrit à une compétition de Kowla sur Tuchanka. Je sais pas encore si je vais m’en sortir vivant ou non. — Bah, si tu survis, ça te dit d’aller faire un tour dans la Travée pour voir les Gladiateurs ? — Ouais, pourquoi pas. Je pourrais peut-être même y participer et leur donner une petite leçon.
Alessa n’entendit pas la suite. Son escorte et elle tournèrent dans une rue latérale et finirent au bout d’un moment par arriver à destination. Quelques minutes encore et elle se retrouva quelque part au fin fond du repaire des Ravageurs, dans l’antre de la bête, sans aucune sortie de secours en vue si par malheur les choses devaient mal tourner. Devant elle, une porte neutre, sans fioriture ni élément de décoration la démarquant des autres. Le chef d’escouade leva la main et frappa d’un coup sec sur la porte avant de tourner la tête vers Alessa avec un nouveau sourire.
— Tu te souviens de ce que je t’ai dit tout à l’heure ? (Elle secoua la tête.) J’espère pour toi que le chef et toi êtes amis ou tu risques de passer un putain de sale quart d’heures. Si ça devait mal tourner, un conseil : évite de l’ouvrir et écrase. Le chef n’aime pas trop qu’on lui tienne tête. Tu pourras pas venir dire qu’on t’avais pas prévenue.
Le macaron rouge sur la porte passa au vert. Le Turien donna un coup dedans et la porte coulissa en silence pour libérer l’accès aux quartiers privés d’Abel. Alessa fit un pas en avant de découvrir que les membres de son escorte ne lui emboîteraient pas le pas. Elle les questionna du regard.
— Amuse-toi bien, cocotte, lança le Turien avant que la porte se referme sur lui et que le macaron se recolore en rouge pour indiquer que l’accès était verrouillé.
Alessa se retourna. Elle n’était pas seule dans la pièce. Un homme de haute stature, pourvu du genre de musculature à faire fondre le cœur des dames et un regard aussi pénétrant qu’une lame de rasoir. Ainsi se tenait à l’autre bout de la pièce cet homme qu’elle avait connu dans une autre vie. Abel. Elle retira son voile et révéla enfin son visage. Celui d’un fantôme revenu d’entre les morts.
Dernière édition par Alessa N'Mara le Jeu 12 Fév 2015, 23:26, édité 1 fois
Personnage RP Faction : Ravageurs Rang : Homme fidèle à Shoran, s'occupe des jobs les moins ragoûtants
Abel était un vieux Ravageur. L'un des premiers. Un pilier parmi les piliers, que Shoran avait "recruté" -si on pouvait parler de recrutement, vu qu'à l'époque, ils n'étaient qu'une cellule des Serres- quand il avait commencé à courir après le moindre fauteur de trouble, se couvrant derrière un pseudo sens de la justice, pour l'interroger, dans l'espoir d'entendre qu'il connaitrait Lena Sajko, sa soeur, morte. Assassinée. Et c'était pour cela qu'il continuait encore aujourd'hui, courant après une ombre sans forme, cachée dans le noir de la Galaxie, percé tant bien que mal par quelques étoiles ci et là. Chercher dans une aiguille dans une botte de foin semblait presque simple à côté de l'objectif qu'il s'était fixé. Il avait une chance sur... Dieu seul savait la longueur du chiffre de trouver l'assassin de sa soeur de cette façon. Mais comment pouvait-il faire autrement ? Il n'avait pas même le début d'une piste. C'était juste son expérience de mercenaire qui lui avait mis la puce à l'oreille. Les circonstances de l'accident. Le résultat. Il n'y avait aucun doute. Et même si la probabilité de réussir était quasi-nulle, il y avait tout de même une minuscule chance qu'il trouve. En bon Sajko entêté, il ne pouvait donc abandonner s'il voulait pouvoir continuer à se regarder dans la glace le matin.
Cela faisait bien longtemps qu'il effectuait le sale taff des Ravageurs. La torture, le meurtre, le kidnapping... Les mercenaires n'étaient pas des enfants de coeur, mais même parmi ces salopards en puissance, il y en avait de pire que d'autres. Abel ne se faisait pas d'illusions : sa réputation n'était pas injustifiée. Au fil des années, à faire ce que lui demandait Shoran, il avait perdu quelque chose : c'était certain. Une partie de son humanité ? Ca sonnait un poil trop mélodramatique. Mais à coup sûr, oui, il n'était pas ressorti indemne de tout ça. Cela se lisait jusque dans son comportement : le pétillant jeune homme avait laissé la place à un mercenaire un peu usé, apathique. Il n'avait pas perdu tout sens de l'humour, toute joie, juste... Qu'il ne savait plus le montrer. Les occasions où il avait souri avec sincérité, sans pouvoir se retenir, se comptaient sur les doigts de la main, sur une année.
Aussi, quand il reconnut Rasa sur les caméras, il fut lui même étonné de sentir ses tripes se nouer. De sentir son sang bouillir. De sentir une joie sans nom en voyant que cette Asari qu'il avait connu de cela des années avait survécu à toutes les épreuves de la Galaxie au fil des années. Avait survécu à Eclipse qui s'était mis en tête d'avoir sa tête, justement. Avait survécu à la Grande Guerre. Et ses lèvres s'étirèrent sans même qu'il ne s'en rende compte. Il pouvait se tromper bien entendu, l'état des caméras dans les rues d'Oméga était assez déplorable. Mais il était quasi-certain de ne pas faire erreur. Et maintenant ? Maintenant, il se trouvait dos contre le mur, la clope au bec, face à la porte d'entrée de la chambre que lui avait octroyé par la patronne des Ravageurs. Il venait juste de finir de gérer le problème Zeckus qui se retrouvait à pourrir dans une cellule du QG, en attendant qu'Abel -ou pourquoi pas Rhys, d'ailleurs ?- ne s'occupe de lui. Plongé dans une pénombre timidement contestée par des rayons lumineux filtrant à travers les persiennes de l'unique fenêtre de la pièce, il leva les yeux quand on frappa à sa porte. Muet, il observa l'Asari voilée s'avancer, laissant derrière elle deux armures rouges et noires. Elle ôta le foulard qui servait à cacher son visage, mais dans cette obscurité relative, difficile de détailler ses traits. L'Humain activa la lumière de la salle, jaune et peu agressive pour la rétine habituée à la pénombre, et détailla les traits de la belle bleue. Aucun doute. C'était Rasa. De nouveau, ses lèvres formèrent un sourire, sans qu'il ne puise le contrôler.
- Pour une surprise... murmura-t-il en soufflant un nuage grisâtre. Je savais que t'aimais l'action, Rasa, mais à ce point-là... T'as fait fort. Très fort. Il écrasa sa cigarette avant de s'approcher de la table au centre de la chambre, s'affalant dans l'une des chaises sans quitter du regard l'Asari. J't'en prie : installe-toi. Attention à la marche et enlève tes chaussures. Il pencha la tête en se grattant la barbe. J'suis un peu maniaque, avec cet endroit.
Malgré le fait qu'il passait probablement plus de temps dans les dortoirs que dans cette pièce. Allez savoir pourquoi ! Il inspira un bon coup en se frottant l'oeil gauche de la paume de la main. A quel point avait-elle pu changer, ces dernières années ? Autant que lui ? En bien ? En mal ? Non pas qu'il fût attaché à ces notions manichéennes. Il voulait juste savoir sur quel pied danser avec elle. Et eux mêmes avaient perdu le décompte des danses qu'ils avaient partagées.
- Bon retour sur Oméga, souffla-t-il, plongé malgré lui dans ses pensées. Des pensées en rapport avec leur passé commun. Assez tumultueux, pour être tout à fait honnête. Il cligna deux fois des yeux pour s'en sortir et se leva pour prendre une bouteille de whisky et deux verres dans une armoire. Sans demander son avis à Rasa, il remplit les deux verres de doses assez conséquentes. Toujours debout, il saisit le sien et le leva pour trinquer, après quoi, il avala une bonne lampée. La prochaine fois, évite les gars à problèmes. Entre le fou furieux à la grenade et Totmann qui... Qui est Totmann, on peut dire que t'as pas fait dans la demi-mesure.
Il soupira en secouant la tête, faussement exaspéré. Toujours souriant, il ajouta :
- T'as pourtant passé l'âge du baby-sitting, nan ?
Il devait l'avouer : il la testait. A quoi devait-il s'attendre ? Pourquoi était-elle revenue ? Pléthore d'autres questions faisaient la queue dans son esprit, attendant chacune impatiemment leur réponse. Mais il ne s'attendait à pas à les obtenir si facilement. Se plaçant de nouveau sur sa chaise, il planta son regard perçant, ce regard qui était devenu encore plus pénétrant au fil des années dans celui de l'Asari.
- Tu es seulement de passage, ou tu as décidé de revenir t'installer sur notre belle station ?
Il avait entendu dire qu'Eclipse avait fini par avoir sa peau. Mais après tout, il ne faisait pas partie du groupe, ce n'était qu'un bruit de couloir. Un très gros bruit de couloir, mais un bruit de couloir tout de même. Pas le summum de la fiabilité en bref.
Feat. Alessa N'Mara et Abel Sajko
Personnage RP Faction : Indépendante Rang : En cavale
Alessa plissa les yeux pour tenter de distinguer plus clairement la silhouette sombre qui se trouvait à l’autre bout de la pièce. Sa taille et sa corpulence correspondaient au souvenir qu’elle avait gardé des bons moments qu’elle avait passés sur la station il y a une quinzaine d’années. Ainsi se tenait en face d’elle le ténébreux Abel Sajko. Bourreau des cœurs et charmeur de première qui savait se servir de sa langue pour soutirer à une femme tout ce qu’il désirait. Un don qu’il mettait également à profit pour un tout autre genre d’activités que l’Asari n’avait jamais vraiment pu oublier. C’était peu dire vu qu’elle avait pourtant tout fait pour tirer un trait sur le passé et recommencer une nouvelle vie sur Joab. Mais il est des choses dans la vie qu’on ne peut tout simplement pas effacer de sa mémoire. Abel était au bas mot l’un de ces souvenirs justement. C’était plaisant de le voir encore en vie après tout ce temps. Physiquement, il n’avait pratiquement pas changé. Il restait le tombeur qu’il avait toujours été.
La silhouette mystérieuse qui se tenait dos au mur bougea un bras et la lumière se fit soudain dans ce qui était un charmant petit appartement bien rangé et bien entretenu. Décidément pas le genre de lieu où on se serait attendu à croiser un mercenaire. Mais de mémoire, Abel avait toujours eu un goût prononcé pour le chic et le beau – surtout le beau sexe. Mais c’était à peu de choses près la même chose. Quoi de mieux effectivement qu’un bel appartement luxueux pour attraper dans ses filets une ravissante sirène aux abois ? C’était somme toute faire d’une pierre deux coups. Alessa gardait à juste titre un bon souvenir de l’ancien appartement que le jeune homme occupait du temps où ils s’étaient plus ou moins fréquentés régulièrement et dans lequel elle n’avait pourtant passé que quelques heures seulement par nuit. Car c’était là leur règle d’or à tous les deux à l’époque : aucune attache et aucun sentiment ; seulement du plaisir jusqu’à perdre haleine. Et la déesse seule sait le nombre incalculable de fois où ils avaient justement profité du plaisir jusqu’à en perdre haleine. Beaucoup. Trop même. À ceci près que sur Oméga : on n’en a jamais vraiment assez. Alors ils remettaient ça, encore et encore. Pratiquement toutes les nuits et pendant des heures. Jusqu’à ce qu’elle tourne brusquement le dos à tout ça du jour au lendemain et ne donne plus jamais signe de vie.
Alessa se rendit alors compte qu’il souriait. Elle-même sentait les muscles de son visage s’étirer pour former un sourire qui trahissait son contentement. Les souvenirs pouvaient parfois avoir cet effet sur les gens. Se rappeler une époque meilleure, un bon moment, et voilà le sourire qui pointait.
— Pour une surprise…, murmura alors Abel en soufflant un mince nuage de fumée grise. Je savais que t’aimais l’action, Rasa, mais à ce point-là… T’as fait fort. Très fort.
Alessa sourit de plus belle. Un nouveau souvenir venait de remonter à la surface : cette manie qu’avait Abel de toujours allumer une cigarette une fois leur affaire rondement menée. Elle se souvenait aussi de l’odeur. Mais l’image la plus marquante restait tout de même cet homme en tenue d’Adam, étendu sur son lit au milieu des draps défaits, le front ruisselant de sueur et les cheveux détrempés. Et elle se tenant au bord du lit, qui ramassait ses vêtements et se rhabillait. Aucune attache et aucun sentiment. Telle était la règle. Aussi Alessa refusait-elle de passer le reste de la nuit dans le lit de son amant. Ces quelques heures de détente lui suffisaient amplement à satisfaire sa dose journalière de plaisir à l’état brut. Elle n’avait que faire d’un époux. Elle s’efforçait au contraire de trouver son exact opposé à seule fin d’oublier celle qui avait partagé sa vie durant un trop court instant et qu’on lui avait arrachée.
— Disons juste que je soigne toujours autant mes entrées, rétorqua Alessa en haussant les épaules.
Abel hocha la tête pensivement avant de s’éloigner du mur contre lequel il était appuyé et d’écraser sa cigarette. Il rejoignit ensuite la table qui trônait au centre de l’appartement et se laissa lourdement tomber sur l’une des chaises. Il ne quittait pas l’Asari des yeux ; il la dévorait littéralement du regard et cela ne faisait ni chaud ni froid à la jeune femme. Elle n’avait rien à craindre d’Abel. Elle connaissait le mercenaire et savait qu’il ne mordait que pour le plaisir – du moins en présence d’un ami. Était-elle justement une amie à ses yeux ? Il s’était écoulé quinze années depuis la dernière fois où ils s’étaient retrouvés l’un en face de l’autre. Avait-il tant changé que ça ? Elle-même était pratiquement devenue une autre femme et ce quand bien même son passé et ses vieux démons étaient finalement parvenus à la rattraper et à la pousser à reprendre sa cavale effrénée afin de sauver sa vie. Et lui, à quoi avait-il été confronté durant tout ce temps ? Était-il devenu un autre homme ? Ou était-il toujours digne de confiance comme c’était le cas à une autre époque ? Alessa espérait que oui. Elle comptait à vrai dire là-dessus pour trouver une porte de sortie et quitter la station Oméga en toute discrétion. Pourvu que son ancien amant ait toujours à cœur d’honorer une « vieille amitié ». Abel désigna l’une des chaises.
— J’t’en prie : installe-toi. (Il marqua alors une pause et ajouta, en désignant le sol aux pieds d’Alessa.) Attention à la marche et enlève tes chaussures. (Il pencha la tête sur le côté en se grattant la barbe.) J’suis un peu maniaque, avec cet endroit.
Alessa baissa les yeux et observa la marche en question en ne pouvant retenir un sourire. Abel n’avait pas l’air de plaisanter. Si comme dans le temps il se servait de cet endroit pour attirer ses conquêtes, pas étonnant qu’il tienne tant à garder cet endroit aussi propre et accueillant que possible. Ou alors, il était resté après tout ce temps le même homme que celui qui hantait les souvenirs de la jeune femme et il saisissait la moindre occasion se présentant à lui pour faire en sorte qu’une femme retire tous ses vêtements en sa présence. Alessa décida de jouer le jeu. Si elle voulait obtenir de lui ce qu’elle désirait, mieux valait le caresser dans le sens du poil. Elle retira donc ses chaussures ; et c’est pieds nus qu’elle vola presque littéralement jusqu’à la table pour s’asseoir sur la chaise en face d’Abel.
C’est à ce moment-là seulement qu’elle commença à remarquer quelques changements chez le jeune homme. Pour commencer, il avait pris ce que les Humains appelaient « un coup de vieux ». Ce n’avait rien à voir avec l’âge en lui-même ; Alessa avait simplement l’impression que le jeune homme frivole et désireux de profiter de tous les plaisirs qu’offrait la galaxie qu’elle avait laissé derrière elle le jour où elle avait quitté Oméga était devenu plus secret et plus renfermé. Elle nota également la présence sur sa peau de marques nouvelles et toutes récentes. Des cicatrices qui n’avaient pas plus de quelques années seulement. Et ses yeux bleus étaient comme entachés par une ombre. De toute évidence, il lui était arrivé quelque chose depuis qu’elle avait quitté la station. Quelque chose qui l’avait profondément marqué et changé aussi. On aurait presque dit que quelque chose en lui s’était comme… brisé.
— Bon retour sur Oméga, souffla alors distraitement Abel. (Il avait l’air d’être ailleurs. Plongé comme elle dans ses vieux souvenirs peut-être ? De bons ou de mauvais souvenirs ? Telle était la question.)
Alessa ne le quittait pas des yeux. Elle essayait tant bien que mal de percer cette barrière invisible qui semblait s’être dressée tout autour du mercenaire. Il avait changé finalement. Il n’était plus vraiment le même homme que celui qu’elle avait jadis connu et avec qui elle avait pris tellement de bon temps. Elle en eut la preuve lorsque finalement le Ravageur reprit contact avec la réalité et se leva avant de sortir d’une armoire deux verres ainsi qu’une bouteille de whisky. Ce n’était pas tant le fait de le voir se servir un verre qui mit la puce à l’oreille d’Alessa que le fait qu’il semblait le faire presque comme un automate. Sa démarche jusqu’au meuble avait quelque chose d’automatique. Comme s’il ne s’en rendait même pas compte. Et sans demander à l’Asari si elle désirait boire quelque chose, sans même prendre la peine de se rasseoir sur sa chaise, il remplit les deux verres et siffla le sien dans la seconde presque d’une seule traite. Alessa demeura perplexe. Elle ne prit même pas la peine de toucher à son verre. Son attention demeurait focalisée sur Abel. Dans le fond, il semblait être resté le même homme que celui qu’elle avait connu ; mais quelque chose avait bel et bien changé dans son attitude. Comme s’il était brisé à l’intérieur. Il restait le même homme, mais tout en étant différent en même temps.
Qu’avait-il bien pu endurer durant ces quinze dernières années pour changer à ce point ? À quel genre d’épreuves avait-il dû faire face ? Quelle tragédie avait-il endurée au juste ? Alessa avait l’impression de retrouver en Abel le fantôme qu’elle avait été durant les premières années ayant suivi le décès de son épouse. Abel avait-il expérimenté le même genre de souffrance ? Avait-il également perdu un être cher ? Alessa ne put guère approfondir ses réflexions. La voix d’Abel venait de la tirer de ses pensées.
— La prochaine fois, évite les gars à problèmes, lui conseillait Abel. Entre le fou furieux à la grenade et Totmann qui… qui est Totmann, on peut dire que t’as pas fait dans la demi-mesure. — Tu me connais, rétorqua Alessa. Je fais rarement dans la demi-mesure. Et puis, je n’y peux rien si je suis un aimant à problèmes. Entre nous, je ne cherche pas les histoires ; ce sont elles qui me trouvent.
Abel soupira en secouant la tête. Il ne s’était toujours pas départi de son sourire lorsqu’il ajouta :
— T’as pourtant passé l’âge du baby-sitting, nan ?
Alessa le fusilla du regard, les yeux plissés. Abel continuait de la dévisager sans même faire l’effort de prétendre ne pas essayer de lire en elle comme dans un livre ouvert. Son regard était plus pénétrant encore que dans les souvenirs de la jeune femme. Que cherchait-il au juste ? Que voulait-il savoir ? Il n’était pas question de se rincer l’œil ; en toute honnêteté, Abel n’avait pas baissé une seule fois les yeux vers sa poitrine ou les courbes enchanteresses de sa chute de reins. Il gardait ses yeux rivés dans les siens comme s’il voulait en percer tous les secrets inavoués. Que désirait-il apprendre exactement ? Abel retourna prendre place sur sa chaise, mais toujours sans la quitter des yeux.
— J’aurais pu me débrouiller seule, tu sais. Mais je te remercie d’être intervenu en ma faveur. (Elle se tut un instant avant d’ajouter.) Et si tu me disais ce que tu veux vraiment savoir ? Ce n’est pas que je n’aime pas être dévorée du regard, mais de toute évidence tu veux me demander quelque chose mais tu te retiens. Alors vas-y, demande-moi ce que tu as sur le cœur. Je t’écoute.
Abel se contenta de l’observer encore un moment en silence avant de finalement lui demander :
— Tu es seulement de passage, ou tu as décidé de revenir t’installer sur notre belle station ? — En toute honnêteté, Oméga a un certain charme, mais ce n’est pas pour cela que je suis revenue. Je suis juste de passage. Et crois-le ou non, quoi qu’en disent les apparences, je tenais à passer incognito pour ne pas attirer l’attention. (Elle se tut et leva les yeux au ciel en devinant ce que pourrait dire son compagnon.) Oui, je veux bien admettre que ça ne s’est pas vraiment passé comme je l’espérais. Je te l’ai dit : je suis un aimant à problèmes. Et ce n’est pas ma faute si ce Turien s’est mis en tête de vouloir me délester de tous mes crédits. Ce genre de malencontreuse déconvenue n’était pas au programme. (Elle soupira.) Le fait est que je ne peux pas prendre le risque de m’attarder ici trop longtemps. Oméga n’est plus vraiment une terre d’asile pour moi. Après les déboires que j’ai eus avec Éclipse, je ne peux pas prendre le risque qu’ils découvrent que je me trouve sur la station ; ou alors ils tenteront une fois encore de s’en pendre à moi. Jona Sederis a la tête dure et la mémoire longue. Elle n’ait pas du genre à lâcher son os avant de l’avoir terminé. (Alessa se tut quelques secondes avant de plonger de nouveau son regard dans celui d’Abel.) Cela m’amène justement à te demander si tu peux me rendre un petit service. Disons, en souvenir du bon vieux temps. (Elle marqua une autre pause.) J’ai besoin de quitter la station en toute discrétion. Et il me faut un transport sécurisé muni d’un transpondeur permettant d’emprunter la majorité des relais cosmodésiques. Tant que je suis et resterai sur Oméga, ma vie sera menacée. Je dois quitter la station aussi vite que possible. Est-ce que je peux compter sur toi ?
Personnage RP Faction : Ravageurs Rang : Homme fidèle à Shoran, s'occupe des jobs les moins ragoûtants
Abel écouta attentivement tout ce qu'elle pouvait dire, même si sa gestuelle ne le laissait pas forcément paraitre. Quoique Rasa était probablement plus que capable de parvenir à le décrypter, même sans qu'il ne parle. Elle avait dû comprendre qu'il avait changé. Qu'Oméga, les Ravageurs, tout ça... Toute cette merde avait fini par produire un effet sur lui, sur sa façon de se comporter. Au moins en surface. En profondeur ? C'était une toute autre question et peu de personnes parvenaient à gratter assez pour s'en apercevoir. Mais il ne cherchait pas à s'en cacher. De toute manière, même s'il l'avait voulu, il n'aurait pas pu reproduire cette fraicheur qui le caractérisait plus jeune, dessiner ce sempiternel sourire insolent qu'il gardait toujours aux lèvres. Il pouffa sans retenue quand elle déclara que son passage, à la base, devait se faire discrètement, mais il ne souffla mot, la laissant poursuivre ses explications. L'humain se servit un second verre, qu'il sirota cette fois, laissant un silence planer. La nature de ce silence ? Difficile à définir. On pouvait sentir la tension entre nos deux protagonistes. Pas de colère, de haine, non. Quelque chose de singulièrement différent.
- En souvenir du bon vieux temps, hein... soupira-t-il, son regard devenant de nouveau vague l'espace de quelques secondes. Tu sais, depuis ton départ, pas mal de choses ont changé par ici. Il planta de nouveau ses océans dans ceux de l'Asari. J'ai changé. De nouveau, il resta silencieux, la jaugeant. Avant de reprendre. Tu dois bien être l'une des seules personnes qui ose encore me demander une telle chose, sur la station.
Il secoua la tête, faisant mine d'être contrarié, avant d'avaler une nouvelle gorgée et de se racler la gorge.
- J't'avoue être déçu. Te voir revenir pour repartir aussitôt, c'est... Il pencha la tête en se grattant la gorge. Frustrant. Et mon verre n'est pas empoisonné, tu sais. Ses yeux semblèrent désigner le liquide ambré dans lequel l'Asari n'avait toujours pas trempé les lèvres. Ou bien ces années loin de notre joli astéroïde t'ont-elles fait perdre ton bon goût ?
C'était de la pure provocation. Mais il était réellement contrarié qu'elle lui demande de but en blanc, de la sorte, de lui rendre un tel service. Et puis, depuis ce fameux contrat où ils avaient été confrontés, ils ne s'étaient pas ménagés. Pourquoi aurait-il dû fait autrement ? Il se leva pour s'approcher d'elle, avant de s'asseoir à même la table. Est-ce qu'elle commençait à s'inquiéter sur la réussite de sa fuite de la station ? A être en colère ? Il sentit le sourire qu'il arborait auparavant, cette espèce d'insolence insouciante, reprendre ses droits sur ses lèvres, alors que ses yeux quittaient ceux de l'Asari pour s'attarder sur cette sihouette qu'il n'avait pu détailler depuis bien trop longtemps.
- A quel point t'es-tu ramollie depuis ton départ ? Il le sentait. Ca ne devait pas la laisser indifférente. Il était quasi-certain que le volcan qu'elle était recommençait à bouillir et l'éruption promettait d'être violente. Sans gêne, il la fixa, son sourire s'élargissant, avant de soupirer et de désigner la salle de bain. Totmann ne t'a même pas proposé une douche ? Foutu Doc'... Tu portes encore les marques de ton retour. Ma salle de bain est par là.
Du pouce droit, Abel toucha la joue de l'Asari, enlevant un peu de la suie qui salissait son joli minois. Frottant ensuite ses doigts, il déposa son verre contre la table en sentant qu'elle n'allait plus tarder à exploser. Il pouvait se tromper, mais au vu de leur passif, c'était ce qui lui semblait évident. Et ce genre de précautions lui permet de garder sa vaisselle relativement en sécurité.
Au fond de lui, peut-être qu'il lui en voulait un petit peu, pour sa disparition. Elle était partie, comme ça, simplement. Pas un mot, pas un avertissement. Les circonstances le voulaient, mais pour être tout à fait honnête, le Ravageur savait que même si elle n'avait pas eu Eclipse aux trousses à l'époque, les choses n'auraient pas été forcément différentes. Rasa aurait disparu, simplement, comme une ombre sur laquelle on aurait pointé un faisceau lumineux. Mais après tout, il n'y avait pas de sentiments entre eux, juste un commun accord tacite de prendre leur pied. Ils ne se devaient rien. En théorie. Dans la pratique, le mercenaire aurait aimé... Quoi ? Un petit mot ? Un enregistrement ? Lui-même savait à quel point cela pouvait sonner futile, débile. Et c'était probablement ce qui le contrariait le plus là-dedans. Et, évidemment, il était bien plus simple de projeter ce ressenti sur l'Asari.
Feat. Alessa N'Mara et Abel Sajko
Personnage RP Faction : Indépendante Rang : En cavale
Alessa venait d’expliquer à Abel ce qu’elle attendait de lui. Une navette. C’est tout ce dont elle avait besoin : une navette. Était-ce donc trop demander au mercenaire qui servait sous les ordres d’Aria en personne, la reine pirate gouvernant la station pirate d’une main de fer ? Alessa doutait que non. Elle était convaincue qu’Abel était en mesure de lui rendre ce service : si tant est qu’il était d’humeur à lui venir en aide – ce qui semblait loin d’être le cas. En effet, une fois qu’elle eut terminé de lui faire part de ses doléances, il demeura silencieux. Et à la surprise de la jeune femme, il se resservit un verre de whisky et se contenta de le siroter en observant sa compagne sans desserrer les lèvres. Que penser de ce troublant et pesant silence ? La demande d’Alessa justifiait-elle un tel temps de réflexion ? Abel ne cherchait-il pas seulement à gagner du temps ? Mais du temps pour quoi au juste ? Pour la dénoncer à qui de droit ? Alessa se doutait qu’Abel avait changé ; cela se lisait sur son visage et dans sa manière de se tenir et d’agir presque comme un automate. L’homme qu’elle avait connu buvait pour le plaisir ; celui qu’elle avait face à elle buvait à seule fin d’oublier quelque chose. Elle connaissait ça et était déjà passée par là. Alessa commença alors à se demander si elle avait bien fait de venir demander de l’aide à Abel. Celui-ci brisa alors le silence et la ramena sur terre lorsqu’il dit :
— En souvenir du bon vieux temps, hein… (Ce n’était pas une question, mais bel et bien un constat. Il poussa d’ailleurs un soupir pour accompagner la remarque dépourvue de la moindre émotion ; et son regard se perdit dans le vide l’espace de quelques secondes.) Tu sais, reprit-il sur un ton détaché sans daigner reporter son attention sur elle, depuis ton départ, pas mal de choses ont changé par ici. (Abel releva la tête et planta ses deux yeux bleus dans ceux d’Alessa.) J’ai changé. (Il se tut une nouvelle fois pour laisser le temps à la jeune femme de digérer cette révélation.) Tu dois bien être l’une des seules personnes qui osent encore me demander une telle chose, sur la station.
Il faisait probablement référence au fait qu’elle ait osé lui demander de l’aide. Avait-il donc changé à ce point ? S’était-il fait tant d’ennemis au fil des quinze dernières années que plus personne n’osait lui demander quoi que ce soit à titre personnel ? À voir la manière dont il la toisait, Alessa se doutait que ce devait être effectivement le cas. Il avait effectivement changé ; au point que de toute évidence, il ne comptait pas accéder à sa demande. L’Asari n’était pas dupe et elle se doutait que quelque chose ne tournait pas rond. Quelque chose clochait dans l’attitude de cet homme qu’elle avait jadis connu. Le Abel qu’elle connaissait n’était pas du genre à tourner autour du pot. Pour qu’il se comporte ainsi, cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : « non » allait être sa réponse quand il daignerait lui faire part de celle-ci. Et justement, au moment où l’Asari se fit cette remarque personnelle, Abel secoua la tête en faisant mine d’être contrarié. Il avala une nouvelle gorgée d’alcool et se racla la gorge. Alessa retint son souffle. Le moment de vérité était là. Abel représentait son seul et unique espoir de quitter la station en étant sûre et certaine de ne pas attirer l’attention. Sans son aide, Alessa avait bon espoir de pouvoir embarquer à bord d’une navette, mais question discrétion, c’était mal parti. Avec tout ce qui s’était passé près des douanes quelques heures auparavant, la sécurité du spatioport serait à son apogée durant encore deux ou trois jours ; or elle n’avait pas deux ou trois jours devant elle. Plus elle perdait de temps ici et plus elle risquait d’attirer l’attention de ses anciens ennemis. Un risque qu’elle ne pouvait pas se permettre de prendre ; surtout pas dans son état actuel. Elle n’était plus au niveau ; elle s’était trop longtemps laissé aller et ne ferait jamais le poids si elle devait se battre pour sa vie.
*C’est avant qu’il aurait mieux valu réfléchir à cette question. Quelle idée aussi de baisser ta garde et de ne pas rester un minimum active pour demeurer à niveau au cas où quelque chose devait arriver.*
Mais douze années s’étaient écoulées sur Joab sans que rien de suspect ne se produise. Peut-être les Moissonneurs lui avaient-ils rendu service sans le savoir ? Tellement de choses s’étaient passées tout au long de cette guerre qui avait manqué de changer radicalement le visage de la galaxie ; peut-être, dans le fond, plus personne ne la recherchait et peut-être était-elle libre de refaire sa vie sans avoir à craindre chaque instant de voir surgir un de ces vieux démons ? Aussi avait-elle finalement baissé sa garde et voilà qu’à présent elle avait perdu, tant sur le plan physique que biotique, au point de ne plus être à même de se défendre comme il se doit si les choses devaient mal tourner. Alors autant jouer la carte de la discrétion jusqu’au bout – en espérant ne pas retomber sur un Turien fou furieux dont les agissements risqueraient de la faire repérer. D’où la nécessité de recevoir l’aide d’Abel. Il connaissait Oméga comme sa poche et la station était son nouveau terrain de jeu. Question discrétion, Alessa ne pouvait pas trouver mieux que lui pour quitter l’astéroïde sans alerter qui que ce soit.
Cependant, si comme elle commençait à le redouter elle avait commis une erreur en se tournant vers lui, il se pouvait tout aussi bien qu’Aria se mêle de cette histoire et tente de s’attirer les faveurs d’un de ses subalternes en leur offrant sa tête sur un plateau. Abel était un Ravageur et les Ravageurs étaient les chiens de garde qui assuraient la « sécurité » sur la station pirate. Sa loyauté envers Aria était-elle la plus forte ou Alessa pouvait-elle espérer recevoir de l’aide de sa part ? Elle n’aurait su le dire. Lire en Abel lui était pour ainsi dire impossible. Elle se doutait juste qu’il avait probablement dû traverser une ou plusieurs épreuves particulièrement douloureuses. Comme cela lui avait traversé l’esprit plus tôt, elle avait le sentiment de voir en Abel le spectre mort qu’elle avait longtemps croisé dans le miroir du temps où elle refusait de faire face à cette triste réalité : sa femme était morte et jamais plus elle ne la reverrait ; qui plus est, elle était peut-être la cause de sa disparition. Abel était-il également le seul fautif de cette douleur qui semblait l’accabler selon Alessa ? Impossible à dire. Il était trop renfermé, trop replié sur lui-même, pour qu’Alessa puisse décrypter la moindre de ses pensées. Contrairement à avant, il était devenu encore bien plus imprévisible. Qu’allait-il se décider à faire ? Allait-il l’aider ou causer sa perte ? Alessa fut soudain victime d’un grand moment de solitude.
— J’t’avoue être déçu, continua Abel sur un ton dégagé dépourvu lui aussi de la moindre émotion. Te voir revenir pour repartir aussitôt, c’est… (Il marqua une pause avant de pencher la tête sur le côté en grattant sa gorge. Il avait l’air de chercher ses mots ; ou alors il désirait simplement entretenir un peu le suspens avant de poursuivre.) Frustrant, finit-il par lâcher comme on lâche un caillou dans la mare, avant de regarder les ondulations s’étendre en cercles concentriques toujours plus larges. (Il désigna alors le verre auquel l’Asari n’avait toujours pas touché.) Et mon verre n’est pas empoisonné, tu sais. Ou bien ces années loin de notre joli astéroïde t’ont-elles fait perdre ton bon goût ?
Instinctivement, Alessa baissa les yeux sur le verre au contenu ambré auquel elle n’avait toujours pas touché. Reportant ensuite son attention sur le mercenaire, elle lui demanda :
— Tu dis avoir changé, hein ? Eh bien sache que tu n’es pas le seul. (Elle marqua une pause et baissa de nouveau les yeux sur le verre.) Moi aussi j’ai changé ; en partie du moins. Tout ce que je demande, c’est qu’on me fiche la paix. Quinze ans maintenant que je fais mon possible pour qu’Éclipse me laisse tranquille et pour que Jona Sederis m’oublie enfin. Si je suis ici aujourd’hui, ce n’est pas par choix mais par nécessité. Oméga se trouve au carrefour de pratiquement tous les relais encore en état de marche dans les Terminus. Si j’avais pu poursuivre ma route sans avoir à faire halte, je l’aurais fait. Je comptais d’ailleurs embarquer sans attendre à bord d’une navette à destination de n’importe où sauf ici quand ce Turien a décidé de se mêler de ce qui ne le regardait pas. Et maintenant que la station est en alerte et que le spatioport est surveillé, comment vais-je faire pour quitter cet endroit avant qu’on me tombe dessus ? Je n’ai pas d’autre choix que de me tourner vers toi. Donc je te le redemande : vas-tu m’aider, oui ou non ? (Elle releva les yeux vers Abel et plongea ses prunelles mauves dans les siennes.)
Alessa n’obtint aucune réponse de la part du jeune homme. Celui-ci se contenta une nouvelle fois de la fixer sans prononcer un seul mot. Vraisemblablement, elle avait commis une erreur en essayant de mettre la charrue avant les bœufs. Elle avait manqué de tact et avait voulu aller direct au but ; or Abel ne semblait pas avoir apprécié. Pourtant, tous deux avaient toujours eu l’habitude de ne jamais tourner autour du pot. Le mercenaire avait-il changé sur ce point aussi ? Son ancien amant avait l’air contrarié. Mais pourquoi exactement ? À cause du fait qu’elle avait quitté la station sans un regard en arrière ni un petit mot d’adieux à son attention ? Ce n’est pas non plus comme si on lui avait laissé le choix. Elle n’avait pas vraiment eu le temps de faire ses bagages et de dire au revoir avant de partir. Et si quand bien même cela avait été le cas, pas d’attache ni aucun sentiment avait été leur règle depuis le premier soir. Cela incluait donc forcément l’absence de petit mot doux pour l’informer qu’elle devait quitter la station pour ne plus jamais y revenir. Mais s’agissait-il vraiment de ça ? Abel ne lui tenait-il pas rigueur pour autre chose ?
Abel se leva alors de sa chaise et se rapprocha lentement d’Alessa avant de s’asseoir à même la table, juste en face d’elle. Alessa prit à ce moment-là une grande inspiration. Cette soudaine proximité avec Abel fit remonter à la surface d’anciens souvenirs profondément enfouis dans sa mémoire. Elle sentit son rythme cardiaque s’accélérer tandis qu’elle se revoyait roulant avec lui sous les draps de satin de son ancien appartement. Elle pouvait presque sentir sa peau contre la sienne. Et son odeur. Le savoir si près fit courir un frisson de désir le long de son échine. Elle ne devait pas céder. Elle avait changé. Si elle était ici, c’était pour obtenir l’aide d’Abel et rien d’autre.
*Pourtant, c’est la curiosité qui t’a poussée à accepter de le rencontrer. La curiosité et l’envie aussi de le revoir après tout ce temps. Ose dire que tu n’espérais pas autre chose. Que tu n’en as pas envie.*
Non. Alessa refusait de céder à ses pulsions ; à ces pulsions qui faisaient que les Asari étaient vues aux quatre coins de la galaxie comme des femmes plus portées sur le sexe que sur tout autre chose. Elle avait une mission à accomplir ; une mission de vie ou de mort. Elle devait rester concentrée sur le but de sa présence en ces lieux, au cœur même du repaire des Ravageurs. Elle ne devait pas laisser Abel et les souvenirs du passé obscurcir son jugement. Elle ne devait pas laisser son odeur musquée mêlée aux effluves de tabac avoir raison de sa stabilité mentale. Elle devait résister et tenir bon. Après tout, il en allait de sa survie. Elle refusait de prendre plus de risques que nécessaire quand celle-ci était ainsi en jeu. Elle devait se faire violence pour résister aux charmes attrayants du beau mâle.
Alessa se rendit alors compte qu’Abel souriait de ce sourire insolent qui le rendait tellement craquant. C’était d’ailleurs la première chose que la jeune femme avait remarqué chez lui la première fois qu’ils s’étaient rencontrés à l’Au-delà. Et c’est ce qui avait retenu son attention et poussé la jeune femme à accepter de prendre un verre avec ce bel inconnu. Qui plus est, c’était ce sourire-là qu’il lui avait lancé au visage au moment où, s’étant retrouvés tous les deux sur un même contrat, il lui avait tiré dans les pattes en lui souriant et en lui disant que ce n’était pas contre elle, mais qu’il fallait bien qu’un homme mange. Et pour cela, il lui fallait des crédits ; crédits qu’il ne récolterait qu’en menant à bien ce juteux contrat de mercenaire. Après cet épisode, leurs ébats n’avaient été que plus sauvages encore et loin de leur déplaire à tous les deux. Ce sourire insolent et cette attitude effrontée, c’est bien ce qui avait le plus manqué à Alessa ; c’est ce qu’elle regrettait le plus de cette vie passée – ça et le sexe débridé, évidemment. Mais elle avait su tourner la page et s’assagir un peu sur ce point en particulier. Mais ce n’était pas le but de sa présence ici. Aussi Alessa prit sur elle pour se concentrer sur Abel et en aucun cas sur les souvenirs chauds comme la braise qu’elle avait gardés de lui.
— À quel point t’es-tu ramollie depuis ton départ ? finit-il par lui demander en relevant les yeux vers son visage. (Pour la première fois depuis qu’elle avait mis les pieds dans son appartement, Abel avait enfin posé les yeux sur son corps pour en admirer les belles courbes aux proportions alléchantes. Elle retrouvait enfin l’homme qu’elle avait quitté voilà quinze ans maintenant. Mais serait-ce suffisant au fond pour obtenir de lui ce qu’elle désirait tant ? Impossible de le savoir et Abel qui s’entêtait à ne lui donner aucune réponse formelle. Comptait-il lui venir en aide ou non ? Il se contentait de la fixer sans dire un mot ; son sourire continuant de s’élargir à mesure que les secondes s’égrenaient en silence.) Totmann ne t’a même pas proposé une douche ? demanda-t-il en soupirant et en désignant la porte, au fond de l’appartement, qui donnait sur une pièce d’eau. Foutu Doc’… Tu portes encore les marques de ton retour. Ma salle de bain est par là.
Abel tendit alors une main vers elle avant de passer son pouce droit sur sa joue. Le contact de sa peau contre la sienne fut particulièrement agréable, au point de produire un picotement qui n’avait rien de déplaisant. Mais Alessa n’avait pas le cœur à se laisser tripoter de la sorte par cet Humain qui prenait un malin plaisir à la faire tourner en bourrique. Car elle n’était pas dupe. Il en faisait bel et bien exprès de tourner autour du pot. Peu importe le pourquoi du comment, il se vengeait d’elle pour une chose qui s’était produite voilà maintenant quinze ans. Il se vengeait du fait que pas une seule fois elle n’avait daigné lui donner signe de vie depuis son départ de la station. C’était la seule explication logique à ses yeux. Abel avait la rancune tenace et il était du genre à obtenir réparation par tous les moyens. Mais, cette fois-ci, Alessa n’était pas d’humeur à se laisser prendre à ce petit jeu. Elle risquait sa vie pour le coup. Aussi se déroba-t-elle en détournant la tête et en fusillant Abel du regard en silence. Si un seul regard avait pu tuer un individu sur place, le mercenaire aurait à coup sûr était foudroyé sur place. Et pour cause, elle n’avait pas que ça à faire : perdre son précieux temps ici alors que sa tête était peut-être mise à prix au moment-même où cette idée lui traversait l’esprit. Et Abel dans tout ça ? Eh bien, il se contentait encore et toujours de sourire en frottant ses doigts pour faire disparaître la tache noire, avant de déposer son verre sur la table derrière lui. Il s’amusait. Mais Alessa n’était pas d’humeur.
— C’est la dernière fois que je te pose cette question, ensuite je ne te le redemanderai plus, lâcha-t-elle froidement en rivant ses yeux dans ceux de son ancien amant. Comptes-tu, oui ou non, me venir en aide sur ce coup ? Je n’ai pas que ça à faire. L’horloge tourne. Plus je reste ici à tenter d’obtenir tes faveurs et plus mes chances de m’en tirer vivante s’amenuisent. Alors cesse ce petit jeu et va droit au but pour changer. Alors ? Soit tu m’aides, en souvenir du bon vieux, soit tu vas te faire foutre. Qu’est-ce que ce sera ? (Alessa n’obtint aucune réponse de la part d’Abel. Le jeune homme demeura calme et parfaitement silencieux. Cela eut le don de faire monter la colère en elle. Aussi Alessa se leva-t-elle en manquant renverser sa chaise.) Va au diable, Abel ! décréta-t-elle en faisant mine de vouloir quitter l’appartement sous le coup de la colère.
Mais à sa grande surprise, Abel la retint par le bras au dernier moment. Dans le même mouvement, la jeune femme se retourna vers lui. Son sourire à elle s’était estompé depuis longtemps maintenant et c’est un regard noir qu’elle lança à son ancien amant. Qu’il ne lui fasse pas regretter de s’être tournée vers lui pour lui demander de l’aide. Il était sûrement le mieux placé pour savoir qu’elle détestait plus que tout de voir compter sur les autres pour parvenir à ses fins. D’ordinaire, l’Asari ne faisait confiance qu’à elle-même. Il avait dû lui en coûter de devoir se tourner vers Abel. Certes, la curiosité avait aussi et de loin joué pour beaucoup dans le désir de la jeune femme de revoir cet homme qui avait tenu un rôle majeur dans sa vie passée ; cependant, lui demander son aide, c’était admettre sa propre faiblesse et cela elle n’avait jamais osé le faire, pas même devant lui. Alors qu’il se décide enfin ou il risquait de découvrir ce qu’il en coûte de se mettre Alessa à dos. C’était là sa dernière chance.
Personnage RP Faction : Ravageurs Rang : Homme fidèle à Shoran, s'occupe des jobs les moins ragoûtants
Silencieux depuis quelques secondes face à l'espèce d'ultimatum que venait de poser l'Asari, la main d'Abel avait agi. Dire que ce mouvement avait été réalisé contre sa volonté aurait été incorrect. Car sur la question "Veux-tu garder Rasa à tes côtés et l'aider ?", il n'avait encore guère de réponse. Il encaissa le regard noir de la belle bleue sans broncher. Un regard assassin qui semblait signaler qu'il jouait trop avec le feu. Mais, pour être tout à fait honnête, il s'en foutait pas mal. Après tout, ils avaient déjà failli s'entretuer. Des regards de ce genre n'étaient pas inhabituels, entre eux. Non, ce qui faisait bouillir son cerveau à l'heure actuelle, c'était bel et bien ce geste qu'avait effectué son corps sans qu'il ne le décide consciemment. Un réflexe qui semblait donner une réponse à son dilemme.
- Tu es morte.
Le fait avait été énoncé d'une voix monocorde, alors même que le Terrien continuait à fixer sa propre main enserrant l'avant-bras de l'Asari. Il serra un peu plus fort, sans pour autant en arriver à lui causer de la douleur, plus comme s'il essayait de tester la réalite du spectacle qu'il voyait, et fixa de nouveau les océans de la fugitive.
- Tu es morte, répéta-t-il, calmement. Le bruit court chez Eclipse que tu es refroidie depuis pas mal de temps. Et tu n'es pas la seule. Même tarif pour Sederis, qui voulait ta tête. La différence, c'est que pour elle, c'est avéré. Il poussa un long soupir en fermant les yeux, avant de se relever et de prendre son verre. Tout a changé. Toi, moi, Oméga, le jeu des forces sur Oméga... Les trois puissances aux pieds d'Aria, c'est révolu depuis pas mal de temps.
Abel s'installa de nouveau sur sa chaise, posant ses pieds sur la table, avant d'ingurgiter une gorgée du liquide ambré. Il resta silencieux quelques instants, pour laisser à l'Asari un peu de temps pour digérer. L'information devait la chambouler un peu, elle qui devait penser être poursuivie, haïe, depuis toutes ces années.
- Eclipse, les Berserkers, les Soleils Bleus... Ici, leur disgrâce a été foudroyante. Comparés à nous, les Ravageurs, ils ne sont plus rien. Leur pouvoir est limité. Je ne te dis pas de baisser ta garde, mais de respirer plus tranquillement. Le poids que tu as sur les épaules s'est allégé depuis bien longtemps. Il ôta ses jambes de leur appui pour appuyer ses coudes sur la table, mains croisées, regard entièrement focalisé sur Rasa. Même si je suis prêt à parier qu'un autre problème te fait plier. Haussement d'épaules. Mais je ne tiens pas particulièrement à savoir ce que c'est, si tu n'as pas envie d'en parler.
Après tout, ce n'était pas leur accord. Ils étaient surtout bons dans le dialecte corporel, tactile. Les mots n'étaient pas leur point fort, ou la façon de se soulager. Il n'y avait que la sueur et leurs peaux s'entrechoquant pour les apaiser. De nouveau, il se leva pour déposer son verre sur un meuble à côté de son évier. On ne savait jamais, peut-être qu'il s'en resservirait un à nouveau, mais en attendant, il s'approcha de l'Asari d'un pas tranquille. Armé d'un sourire en coin, il posa une main sur l'épaule de son ancienne amante.
- Tu sais... J'suis content de savoir que tu sois en vie. De souvenir, Eclipse l'avait vraiment mauvaise. Et puis avec la Grande Guerre et ce qui a suivi... Son humeur s'assombrit l'espace de quelques secondes, puis il secoua la tête pour remettre ses idées en place. Bref, c'est une bonne chose que tu sois là, sur tes deux pieds. Les traits de son visage semblèrent se détendre définitivement, lui donnant un air un peu moins abrupt, agressif. Et, tu sais, j'étais sérieux pour ma proposition pour la douche. Rien ne t'empêche de te débarbouiller avant de repartir, non ?
Captant le regard de Rasa, le sourire du Ravageur s'élargit.
- Tout a changé, et l'eau chaude arrive plus vite dans cet appartement. Tu devrais en profiter. Sa main coula de son épaule sur son bras pour attraper du bout des doigts les siens, alors que de l'autre, son pouce venait effleurer la joue sale de l'Asari. Les yeux de l'Humain pétillèrent, semblant reprendre un peu de vie. Souffler, et te détendre. En souvenir du bon vieux temps.
Feat. Alessa N'Mara et Abel Sajko
Personnage RP Faction : Indépendante Rang : En cavale
Alessa s’était montrée un peu brutale et autoritaire. Mais le fait est qu’elle avait peur et craignait pour sa vie. Peut-être s’était-elle montrée plus téméraire durant son dernier séjour sur Oméga, à vivre une vie de mercenaire en cherchant à se voiler la face pour oublier la douleur de la trahison et de la perte d’un être aimé. Cependant, quand bien même elle s’était retrouvée en situation de danger un nombre incalculable de fois, elle avait toujours eu très à cœur sa propre survie. Peut-être était-elle une femme brisée et morte à l’intérieur ; mais cela ne voulait pas dire qu’elle était pour autant prête à mettre un terme à son existence à seule fin de taire la douleur. Elle savait que sa défunte épouse n’aurait jamais souhaité ni toléré une chose pareille. Et c’était en quelque sorte lui rendre hommage que de respecter cette « dernière volonté ». Ou bien elle était trop lâche pour s’ôter elle-même la vie. Trop faible, trop peureuse de passer à l’acte. Qui aurait pu le dire ? Sûrement pas elle. Elle éludait en permanence cette question. Et elle s’efforçait de ne pas affronter cette terrible réalité.
C’est la voix d’Abel qui la ramena brusquement sur terre alors qu’elle s’était égarée dans ses pensées un court instant :
— Tu es morte.
Une remarque qui tomba brutalement, comme le couperet d’une guillotine, et qui refroidit d’un coup la jeune femme qui s’était laissée gagner par un accès de colère. Le souffle coupé un instant, elle accusa le coup de cette nouvelle lâchée d’une voix monocorde. Les secondes se succédèrent en silence sans qu’Alessa ne dise quoi que ce soit. Ce n’est que lorsque la main du Ravageur se resserra un peu plus autour de son avant-bras qu’elle se rendit compte qu’elle retenait sa respiration depuis un moment déjà. Elle relâcha la pression en soupirant avant de demander d’une voix quasi inaudible :
— Qu’est-ce que tu viens de dire ?
Ayant été traquée comme un animal durant des années, la première idée qui lui vint à l’esprit fut que l’Humain l’avait trahie. Il l’avait attirée jusqu’ici dans le seul but de la livrer aux autorités compétentes. Il l’avait vendue au plus offrant comme un Butarien s’enrichie sur le dos des esclaves qu’il refourgue à des prix extravagants dans les quartiers les moins ragoûtants de la station pirate. Et dire qu’elle lui avait fait confiance ; qu’elle avait sincèrement cru qu’il pourrait lui venir en aide. Quelle idiote elle faisait ! Tomber dans un piège aussi vulgaire pour les beaux yeux d’une ancienne conquête. Elle avait honte ; tellement honte d’être tombée si bas, d’avoir été ainsi tournée en ridicule. Elle s’était toujours montrée bien plus prudente que ça. Qu’est-ce qui avait bien pu changer en si peu de temps pour qu’elle multiplie ainsi les erreurs de débutante ? Joab… Tout avait changé avec Joab.
Douze années sans voir ressurgir l’ombre d’une menace et elle avait fini par s’habituer à son nouveau train de vie ; à cette normalité exempte de toute pression de vie ou de mort. Elle avait laissé ce rêve devenir sa réalité et cela lui avait été plus que préjudiciable. Elle avait perdu une partie de ses réflexes d’ancienne combattante en plus de ses capacités physiques. Elle était complètement dépassée par la situation précaire dans laquelle elle se trouvait désormais. Et faute d’avoir les idées claires – celles-ci étant encore embrouillées par les douces fantaisies devenues ces dernières années son lot quotidien – elle enchaînait les erreurs au risque de mettre sa vie en péril. Elle n’était de retour sur Oméga que depuis quelques heures et elle avait manqué passer l’arme à gauche plusieurs fois déjà. Et à présent, il était trop tard : Abel l’avait vendue. Le sale traître !
— Comment as-tu pu me…
Elle ne finit pas sa phrase à peine articulée à voix haute. Elle était presque sous le choc. Trahie. Et qui plus est, Abel fuyait son regard. Il ne la regardait pas dans les yeux. Oh oui ! Il pouvait avoir honte. Elle ne pourrait jamais lui pardonner cette trahison. Jamais ! Et tandis qu’elle se faisait cette remarque, son ancien compagnon releva la tête et plongea ses yeux bleus dans les prunelles violettes de son amante. Alessa fut quelque peu désemparée de découvrir que ce n’était pas de la tristesse qui habitait le fond de son âme mais plutôt de la joie – voire du soulagement. Elle n’était pas sûre.
— Tu es morte, reprit Abel, calmement. Le bruit court chez Éclipse que tu es refroidie depuis pas mal de temps. Et tu n’es pas la seule. Même tarif pour Sederis, qui voulait ta tête. La différence, c’est que pour elle, c’est avéré. (Après avoir soupiré, il quitta sa chaise pour venir se mettre à la même hauteur que l’Asari.) Tout a changé. Toi, moi, Oméga, le jeu des forces sur Oméga… Les trois puissances aux pieds d’Aria, c’est révolu depuis pas mal de temps.
Alessa eut du mal à en croire ses oreilles. Les propos tenus par Abel lui firent l’effet d’une vraie douche froide. Elle resta muette de stupeur ; choquée et incapable de trouver ses mots. Était-ce vrai ? Éclipse la considérait-il comme morte depuis un bon moment déjà ? Et Sederis avait-elle aussi passé l’arme à gauche depuis qu’elle avait déposé un contrat sur sa tête ? Tout cela semblait trop beau pour être vrai. Alessa n’arrivait pas à y croire ; elle s’y refusait même car cela voudrait dire qu’elle avait vécu dans la crainte ces dernières années sans réelle raison. Quand bien même sa belle vie avait éloigné un temps les vieux démons de son esprit, la crainte avait toujours été présente, tapie quelque part au fond de son être. La preuve : n’avait-elle pas réagi au quart de tour en découvrant le mystérieux message qui l’avait poussée à quitter Joab en toute hâte sans un regard en arrière ?
Aussi Alessa secoua-t-elle vivement la tête en refusant d’admettre la véracité des propos du Ravageur. Impossible qu’Éclipse la croit morte. Ils voulaient sa peau. Or ils n’étaient pas franchement du genre à lâcher l’affaire aussi facilement. Quand ils voulaient quelque chose, ils finissaient toujours par l’obtenir – et le plus souvent dans un effroyable bain de sang. Alessa était bien placée pour le savoir : elle avait exécuté plusieurs « opposants » d’Éclipse après les avoir traqués des semaines voire des mois durant. Elle savait Éclipse déterminé et infatigable. Jamais ils n’auraient laissé tomber les recherches avant de s’être assurés qu’elle avait bien la tête séparée du reste de son corps. Jamais !
Les mots restèrent au fond de sa gorge quand elle ouvrit la bouche pour mettre en doute les paroles du Ravageur à la solde d’Aria. Elle demeura sans voix tandis qu’il reprenait place sur sa chaise et posait les pieds sur la table avant de s’octroyer une nouvelle rasade du liquide ambré contenu dans son verre pour faire passer l’arrière-goût de la macabre déclaration. Il resta alors lui aussi silencieux. Ne trouvait-il pas les mots lui aussi ou souhaitait-il lui laisser le temps de digérer cette étonnante nouvelle qu’il lui avait annoncée à l’instant ? Qu’importe ! Elle ne voulait pas y croire. Elle ne voulait pas céder à l’espoir d’une vie enfin débarrassée de toute menace. Car Éclipse était bien la réelle menace qui pesait sur sa vie. Autant le gouvernement asari en avait toujours après elle, mais il voulait la mettre sous les verrous. Éclipse lui voulait sa tête sur un plateau – littéralement. Croire Abel revenait à accepter l’espoir d’être enfin libérée de cet énorme poids qui pesait sur ses épaules. Ce n’était pas facile.
— Éclipse, les Berserkers, les Soleils Bleus…, reprit Abel en voyant qu’elle demeurait toujours muette de stupeur. Ici, leur disgrâce a été foudroyante. Comparés à nous, les Ravageurs, ils ne sont plus rien. Leur pouvoir est limité. Je ne te dis pas de baisser ta garde, mais de respirer plus tranquillement. Le poids que tu as sur les épaules s’est allégé depuis bien longtemps.
Les yeux rivés dans le vide, Alessa fixa le mur d’en face sans vraiment le voir. Elle tenta de se raisonner et de ne pas se laisser gagner par l’espoir de cette liberté que lui faisait miroiter Abel. Mais s’il disait la vérité ? Qu’aurait-il eu à gagner à lui mentir ? N’était-il pas ce qui se rapprochait le plus d’un « ami » dans cette sombre et dangereuse galaxie ? N’était-il pas la première personne vers qui elle avait pensé se tourner pour demander de l’aide quand elle en avait eu besoin ? N’était-il pas le plus digne de sa confiance dans cette partie de la galaxie ? Alors pourquoi lui mentirait-il ? Cela n’avait aucun sens.
— Même si je suis prêt à parier qu’un autre problème te fait plier, ajouta-t-il sur un ton vaguement suspicieux. (Alessa riva sur lui un regard froid et menaçant. Mieux valait qu’il ne s’aventure par sur ce terrain glissant. Il le savait bien : elle n’était pas du genre à se confier aussi facilement. Qu’elle admette qu’il soit le plus digne de sa confiance, ici dans les Terminus, ne voulait pas dire qu’elle allait partager avec lui le moindre de ses secrets. Il le savait et c’est pourquoi il haussa les épaules avant de préciser.) Mais je ne tiens pas particulièrement à savoir ce que c’est, si tu n’as pas envie d’en parler.
Alessa se détendit et détourna les yeux. Elle prit une grande et profonde inspiration avant de se passer une main sur la nuque. Elle avait tous les muscles du corps noués ; et cela n’était pas seulement dû à l’affrontement survenu quelques heures plus tôt non loin du spatioport. C’était toute cette paranoïa ; toute cette crainte et cette angoisse qui la dévoraient de l’intérieur à petit feu. Elle était usée et trop fatiguée d’avoir à toujours jeter un œil par-dessus son épaule pour s’assurer de ne pas être suivie ou espionnée. C’était minant à la longue et elle se sentait sur le point de craquer pour de bon.
Alessa sursauta en découvrant soudain le bel Abel à ses côtés. Elle ne l’avait pas entendu approcher et il l’avait prise au dépourvu. Il avait d’ailleurs de la chance qu’elle n’ait pas cherché à le frapper pour se défendre. De toute évidence, c’était également le genre de réflexes qu’elle avait perdu durant toutes ces années passées sur Joab. Quoiqu’il en soit, Abel avait posé une main sur son épaule et il lui offrait un sourire en coin se voulant réconfortant. Ce ne fut pas grand-chose, mais Alessa ressentit soudain le besoin de se lover dans les bras d’Abel. Il représentait l’incarnation même du sentiment de sécurité ; et là tout de suite, c’est tout ce dont elle avait besoin. Se sentir en sécurité. Pouvoir admettre sans crainte que ses problèmes avec Éclipse étaient pour de bon de l’histoire ancienne. Pouvoir se sentir soulagée de ne plus avoir cette cible dans le dos en permanence. Avoir enfin un ennemi de moins sur sa longue liste. Toutefois, elle n’en fit rien. Abel et elle n’avaient pas ce genre de relation. À proprement parler, ils n’étaient pas des « amis ». Juste des relations ayant consenti à se limiter à de simples interactions physiques dépourvues de tout sentiment. Il n’y avait rien d’autre entre eux. Enfin… il n’aurait dû rien y avoir d’autre. Pourtant… Cédant à un caprice, Alessa fit un pas en avant et se glissa dans les bras de son ancien amant. Elle soupira d’aise en sentant un poids tomber de ses épaules. Elle était soulagée.
— Tu sais…, finit par dire Abel quelques instants plus tard. J’suis content de savoir que tu es en vie. De souvenir, Éclipse l’avait vraiment mauvaise. Et puis avec la Grande Guerre et ce qui a suivi… (Il marque une pause avant de se reprendre.) Bref, c’est une bonne chose que tu sois là, sur tes deux pieds. Et, tu sais, j’étais sérieux pour ma proposition pour la douche. Rien ne t’empêche de te débarbouiller avant de repartir, non ? (Quelque avait changé dans sa voix ; mais Alessa n’aurait su dire quoi exactement.) Tout a changé et l’eau chaude arrive plus vite dans cet appartement. Tu devrais en profiter.
Alessa se détacha enfin d’Abel tandis qu’elle se reculait pour le fusiller du regard. Cependant, ce n’était pas méchant. La preuve : un sourire en coin étirait à présent ses lèvres. Elle hocha la tête et répondit :
— Peut-être bien, oui. (Elle marqua une pause, pensive.) Ma crainte était qu’Éclipse ne découvre que j’étais revenue sur Oméga. J’ai passé ces quinze dernières années à redouter qu’ils ne me retrouvent pour finalement débarquer sur la station où se trouve leur quartier général. C’est avant tout pour ça que je tenais tellement à quitter la station incognito dans les plus brefs délais. Je ne voulais pas être de nouveau l’ennemi public numéro un à abattre. (Elle se tut de nouveau.) Mais si comme tu dis, tout ceci est de l’histoire ancienne ; si… si Sederis est morte et qu’Éclipse ne s’intéresse plus à moi, alors… (Alessa sourit de nouveau après avoir soupiré.) Une bonne douche ne serait pas du luxe. J’en ai bel et bien besoin avec tout ce qui s’est passé depuis mon retour sur l’astéroïde.
Abel fit alors un geste qui surprit Alessa et la prit au dépourvu. Quand elle s’était écartée de lui, il avait gardé sa main sur l’épaule de la jeune femme ; et celle-ci glissa lentement le long du bras de la créature exotique avant de venir se saisir délicatement de ses doigts. Un geste intime qu’il n’avait jamais eu à son égard avant aujourd’hui. De son autre main, il effleura avec douceur et tendresse la joue noircie de son ancienne compagne. Les yeux dans les yeux, Alessa et lui se dévorèrent mutuellement du regard un long moment tandis que les secondes s’étiraient à l’infini.
— Souffler et te détendre, énonça Abel d’une voix entêtante. En souvenir du bon vieux temps. — En souvenir d’une époque moins sombre où il faisait si bon se laisser aller et vivre l’instant présent, ajouta Alessa à mi-voix.
Elle garda un moment les yeux rivés dans ceux d’Abel. Ces derniers lui parurent soudain moins ternes et moins voilés qu’à son arrivée. Ils semblaient pétiller de nouveau de malice et de cette candeur qui avait su retenir l’attention de la fugitive du temps où elle écumait l’Au-delà en quête de divertissement et d’un moyen de soulager une pression allant toujours croissant et qui ne demandait qu’à être évacuée dans les bras d’une conquête d’un soir. À croire qu’il venait de reprendre soudain vie. Elle-même se sentait bizarre tout à coup. La situation venait de basculer sans même qu’elle s’en rende compte. Ce n’était plus comme à son arrivée. Quelque chose avait changé ; quelque chose qui les avait renvoyés, Abel et elle, plus d’une décennie en arrière. Un étrange sentiment qui n’attendait qu’une chose : que tout redevienne comme avant. Ne serait-ce que l’espace d’une seule nuit…
Alessa avança les lèvres la première et les colla à celles de son ancien compagnon. Un baiser sauvage, arraché à la dérobée, mais brûlant d’une passion renaissante qui n’avait de fait jamais vraiment cessé d’être. C’était comme se remettre en selle après ne plus avoir refait de vélo pendant des années. Les automatismes revenaient et tandis que les lèvres de l’Asari étaient scellées à celle du Ravageur, l’une de ses mains glissa sur la nuque du jeune homme et l’autre dans ses cheveux. Il avait toujours le même goût et la même douceur que dans ses souvenirs. Alessa ne chercha pas à résister : elle se donna à lui corps et âme… comme au bon vieux temps.
Personnage RP Faction : Ravageurs Rang : Homme fidèle à Shoran, s'occupe des jobs les moins ragoûtants
Abel ne fut pas spécialement étonné quand Alessa s'empara furieusement de ses lèvres. Lui-même l'aurait fait si la tension avait duré deux secondes de plus. Mais, même s'il n'y avait aucune surprise, bon sang, ce que c'était bon ! De vieux souvenirs remontèrent en même temps que des mécanismes tout aussi âgés. Ses mains se posèrent sur les hanches de l'Asari, l'attirant encore un peu plus à lui, s'y raccrochant alors qu'il avait l'impression de se sentir transporté plusieurs années en arrière. C'était comme reprendre le vélo.
Il interrompit le baiser sans pour autant la lâcher, la consultant du regard pour la jauger. L'avantage, quand on connait une personne d'une race pour qui une dizaine d'années n'est au final pas grand-chose, c'est que ses mimiques, ses regards, ne sont pas altérés par l'âge. Aussi, il devina sans difficultés que ce baiser n'était que la prémisse d'une suite bien plus torride. Bien plus proche de ce qu'il avait pu être, avant la mort de sa soeur, avant sa quête de justice perverse et vengeresse, et surtout, avant les Ravageurs. Un mince sourire étira ses lèvres, puis ce fut à son tour de prendre celles de Rasa fougueusement, s'éloignant de la table pour la coller dos au mur. Petit à petit, les signes de douceur qu'il avait pu montrer disparaissaient, laissant la place à la sauvagerie, voire la brutalité, dont ils pouvaient tous les deux faire preuve. C'était leur façon de se prouver qu'ils tenaient l'un à l'autre, en quelque sorte. Leur lien était particulier. Ils le choyaient à leur manière. Et ceci, c'était leur manière. Mordant la lèvre inférieure de l'Asari, l'Humain interrompit le baiser avant de s'éloigner de deux pas, le regard plein de défi, le coeur tambourinant sous l'effet de l'adrénaline. Il n'avait pas fait voeu de chasteté ces dernières années, mais il fallait admettre que cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi énergique. Rasa finit par lui tomber dessus, reprenant en quelque sorte le dessus en le plaquant à son tour contre le mur. Plein d'arrogance, Abel lui lança :
- Seulement quelques années et tu t'es autant ramollie ?
Il agrippa les jambes de Rasa avant de la soulever tout en se décollant sans soucis du mur contre lequel elle l'avait plaqué. Son odeur l'enivrait, tout autant que son contact. A chaque fois qu'il l'attrapait, il ne pouvait s'empêcher de resserrer sa prise, comme s'il ne voulait pas la laisser partir. Ce qui, à l'instant présent, n'était pas si loin de la vérité. La portant, il pénétra dans la salle de bain avant de la laisser se remettre sur ses jambes. L'Humain, entre deux baisers, ôta le haut de l'Asari, avant de faire de même avec le sien.
- Bien, je vais te laisser à ta douche, je suppose que tu désires un peu d'intimité... railla-t-il avec un air faussement innocent, faisant mine de reculer d'un ou deux pas. Cette fois-ci, elle ne tenta pas de le rattraper, si bien que ce fut à lui de revenir. Ou peut-être qu'on n'a pas vraiment envie que je sorte de cette pièce.
S'approchant un peu plus, il se débarassa de ce sourire innocent dont il était affublé pour simplement approcher son visage du sien en effleurant seulement ses lèvres, prêt à se rétracter si elle tentait de s'emparer des siennes. Pendant ce temps, ses mains s'attaquaient au pantalon de l'Asari, le déboutonnant avec une lenteur exaspérante. C'était quelque chose de fortement ancré chez Abel : prendre son temps. Si bien que cela en devenait agaçant et frustrant pour l'autre, juste assez pour se faire sentir sans pour autant gâcher le plaisir. Si la luxure était une corde fine sur laquelle il fallait savoir marcher avec précaution, alors le Terrien était un funambule grâcieux, aimant faire croire qu'il pouvait tomber à tout moment tout en possédant un solide sens de l'équilibre.
Feat. Alessa N'Mara et Abel Sajko
Personnage RP Faction : Indépendante Rang : En cavale