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 [16+] La Favorite du maître

Ashaa Jakari

Personnage RP
Faction : Indépendante
Rang : Civil
Ashaa Jakari
Membre
Messages : 30
Crédits : clems76 & Krelek

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MessageSujet: [16+] La Favorite du maître   [16+] La Favorite du maître Icon_minitimeLun 06 Avr 2015, 18:11
Intervention MJ : Oui Avril 2200 RP Violent (-16 ans)
Ashaa Jakari ♦ Krelek Aelos
La Favorite du maître


Ashaa se réveilla en sursaut en poussant un cri sonore. Mais ce ne fut que pour découvrir avec horreur que les ténèbres la cernaient de toutes parts, comme dans ses cauchemars. Elle avait espéré que ces quelques heures de sommeil l’aideraient à oublier sa solitude et sa désolation, mais rapidement, elle avait fini par se faire une raison : les cauchemars étaient aussi horribles que ses tortures quotidiennes. Ils étaient même pires car elle ne pouvait s’y soustraire. Dans un cas comme dans l’autre, elle était de toute évidence condamnée. Elle ne pouvait pas fuir ni combattre. Elle était perdue…

Ashaa se raidit en percevant au loin le couinement de ses compagnons de misère. Elle les sentait tout près. Elle entendait leurs petites pattes griffues cliquetant dans l’obscurité. Elle entendait leurs petits cris aigus et imaginait sans mal leurs petites dents tranchantes comme des rasoirs. Elle les détestait. Et il le savait. C’est bien pour cela qu’il l’avait confinée dans cette pièce dépourvue de fenêtre. Il voulait qu’elle sache qu’il avait le pouvoir et qu’elle devait se résoudre à ployer l’échine pour se libérer de ces horreurs et de ces sévices. Mais elle le détestait encore plus qu’elle détestait ces rats. Elle avait bien plus peur de lui que de ces rongeurs qui pour une fois gardaient leurs distances d’avec elle. Ils étaient là, elle pouvait les entendre et les sentir ; mais ils demeuraient en retrait dans les ténèbres. Chose qui était rare. Ses orteils pouvaient en témoigner sans mal. Et ses doigts aussi que la Drell sentait picoter désagréablement là où la chair avait été entaillée par leurs maudites dents acérées.

Étendue à même le sol dur et froid, Ashaa se redressa lentement en s’appuyant sur ses bras peinant à supporter le poids du haut de son corps. Elle se savait faible. C’était voulu de sa part. Elle refusait toute nourriture qu’on lui apportait. À croire qu’elle était de retour dans la cellule dans laquelle ce Drell aux écailles dorées l’avait enfermée voilà de ça… Elle n’aurait su le dire. Quelques jours ? Quelques mois ? Elle aurait été bien incapable de le déterminer faute de repères visuels pour se faire une idée. Il faisait nuit en permanence ici bas. Elle n’avait plus revu la lumière du jour depuis une éternité. Tout ce dont elle était certaine, c’est que bientôt quelqu’un descendrait lui apporter un repas qu’elle refuserait de toucher et cet affront la condamnerait à une nouvelle correction qui la plongerait très probablement dans l’inconscience. Encore… Ce qui en soit n’était pas une libération car les cauchemars revenaient… Encore… Encore et toujours les mêmes cauchemars. Du matin au soir et du soir au matin.

Ashaa soupira et sentit ses yeux se voiler tandis qu’une larme roulait silencieusement sur sa joue. Elle leva une main pour la faire disparaître. Le mouvement fut accompagné du cliquetis des chaînes dont la jeune femme était ceinte. Elle sentait le métal froid refermé autour de ses poignets comme un étau inébranlable. D’autres fers ceignaient ses chevilles et un dernier cercle de fer était refermé autour de son cou. Les maillons cliquetants la maintenaient enchaînée au mur en pierre derrière elle. La chaîne autour de son cou était la plus insupportable. Elle limitait grandement ses mouvements et l’obligeait à demeurer recroquevillée au sol comme un vulgaire animal. La malheureuse prisonnière ne pouvait pas se mettre debout ; elle ne pouvait pas non plus s’étendre à son aise. Gorbak avait déployé des trésors d’imagination pour rendre ce donjon aussi inconfortable que possible. Et son imagination en terme de torture était prodigieuse et sans limite. Elle n’avait d’égale que sa cruauté et sa perfidie.

— Bien dormi ? demanda une voix s’élevant au milieu des ténèbres.

Ashaa se rejeta brutalement en arrière comme pour fuir une menace mortelle se précipitant vers elle à toute allure. Elle sentit la pierre faire obstacle dans son dos en limitant ses possibilités d’évasion. Elle était prise au piège et elle le savait. Enchaînée comme un animal, elle ne pouvait fuir nulle part. Elle le savait aussi. Et l’homme à qui appartenait cette voix en était également parfaitement conscient.

— Aurais-tu donc perdu ta langue durant la nuit, ma belle ? demanda la voix.

Ashaa ne répondit pas. Les battements de son cœur s’étaient emballés et elle fouillait fébrilement les ténèbres en tentant vainement de percer le voile insondable afin de pouvoir poser les yeux sur Gorbak. Il était quelque part dans la pièce. Comment n’avait-elle pas senti sa présence plus tôt ? Depuis quand était-il là à attendre qu’elle reprenne connaissance ? Pendant combien de temps l’avait-il observée sans toutefois lui révéler sa présence ? Et pourquoi était-il là ? Était-ce déjà l’heure ?

La malheureuse Drell sentit ses muscles se raidir et son corps fut saisi de tremblements. Gorbak ne lui laisserait donc aucun moment de répit ? Non… Pas après cette trahison. Gorbak était comme pire que son père : il était très rancunier et il avait une très bonne mémoire. Il ne pardonnait pas non plus très facilement. À vrai dire : il ne pardonnait jamais. Et Ashaa l’avait poignardé à plusieurs reprises dans son bain avant de fuir sa demeure en le laissant pour mort. Quelle belle erreur elle avait commise ce jour-là. Elle aurait dû prendre quelques minutes pour s’assurer que son tortionnaire avait bel et bien passé l’arme à gauche. Elle n’aurait pas dû se contenter de fuir avant d’être sûre et certaine que la menace avait été écartée pour de bon. Elle s’en voulait à présent. Elle s’en mordait les doigts ; ou du moins les rats le faisaient-ils obligeamment pour elle quand elle perdait connaissance. Quelle idiote !

Ashaa perçut un subtil mouvement au milieu des ombres. Mais elle n’était sûre de rien. Les ténèbres étaient opaques et inviolables. Un océan de noirceur qu’elle ne pouvait percer du regard. Cela devait être le fruit de son imagination. Elle n’avait senti sur sa peau aucun mouvement d’air ni perçu aucune vibration sonore. La pièce était calme… bien trop calme à son goût. Et pour cause : Gorbak surgit juste devant elle sans prévenir en émergeant des ombres pour saisir son cou gracile dans cette douloureuse poigne de fer qui ne présageait rien de bon. Les yeux de la prisonnière eurent beau se révulser lorsque les doigts du Butarien s’enroulèrent autour de son cou, elle ne pouvait toujours pas voir son agresseur que les ténèbres continuaient de soustraire à sa vue. Mais il était là. Elle sentait à présent son souffle chaud sur sa peau. Il était juste devant elle. Son visage à seulement quelques centimètres du sien.

— Ne t’ai-je pas posé une question ? demanda-t-il de nouveau en serrant sa prise.

Ashaa déglutit avec difficulté. Elle tenta de se débattre et de contraindre son adversaire à lâcher prise. En vain. Gorbak avait le dessus sur elle. Il était libre de ses mouvements et en parfaite possession de ses moyens. Elle était enchaînée et affamée. Elle n’avait même pas suffisamment de force pour lever un bras et tenter de griffer ce visage dont elle ne pouvait discerner les traits au milieu des ombres.

— Ne t’ai-je pas posé une question ? répéta Gorbak en détachant distinctement chacun de ses mots. Quand je pose une question, c’est que j’attends une réponse. Alors vas-tu répondre, oui ou non ? (La main du Butarien se serra encore un peu plus autour de la gorge de la jeune femme.) Vas-tu répondre bordel de merde ?! Réponds ! Réponds !

Gorbak perdit son sang froid et repoussa violemment Ashaa en arrière. La Drell était cependant d’ores et déjà acculée au pied du mur et sa tête vint tout simplement heurter la pierre avec suffisamment de force pour que les ténèbres envahissent également son esprit et la plongent dans l’inconscience.

***

À son réveil, Ashaa crut un instant que sa tête allait exploser et mettre enfin un terme à sa souffrance. Force est d’admettre qu’elle ne pourrait pas s’en tirer aussi facilement. Elle était condamnée. Jamais elle ne pourrait se sortir de cette situation. Jamais ! Une opportunité s’était présentée à elle le jour où elle avait pu approcher Gorbak avec un couteau pendant que celui-ci prenait son bain. Mais elle savait que le maître ne referait jamais cette erreur en lui accordant autant de confiance. Il l’aurait à l’œil jour et nuit. Il ne baisserait plus jamais sa garde en sa présence et donc jamais plus pareille opportunité ne se présenterait à elle. Et elle ne pouvait compter sur l’intervention de personne d’autre. Elle n’avait ni famille ni ami. Personne ne savait où elle était et personne ne se faisait suffisamment de mauvais sang pour elle pour tenter de se lancer à sa recherche. Elle était seule. Il n’y aurait pas d’échappatoire. Pas cette fois. Rien hormis une éternité de souffrance et une mort lente et douloureuse.

Ashaa ferma instinctivement les paupières quand une violente lumière blanche envahit brusquement la pièce dans laquelle elle était retenue captive. Mais même à travers ses paupières closes, la lumière était suffisamment éblouissante pour lui brûler la rétine. Un grognement s’échappa malgré elle de sa gorge et ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle prit conscience qu’elle était assoiffée. Elle se rendit aussi compte qu’un arrière-goût métallique s’attardait sur sa langue. Elle avait dû se mordre l’intérieur de la joue quand sa tête s’était écrasée contre le mur quelques heures auparavant. Elle ne supportait pas le goût vicié du sang et encore moins sa vue. Pourtant elle devrait y être habituée depuis le temps.

— Bien, je vois que tu es de nouveau réveillée, souffla une voix guillerette en s’avançant dans la pièce. Ça m’aurait brisé le cœur de devoir te tirer du sommeil pour faire ce que nous avons à faire aujourd’hui. (Il tira la chaise se trouvant dans un coin de la pièce et vint s’asseoir juste en face de sa prisonnière. Il fit un signe en direction de l’entrée et deux autres hommes pénétrèrent dans la cellule en refermant la porte derrière eux.) Je ne voulais pas en arriver là, continua Gorbak en feignant la désolation, mais tu ne me laisses guère le choix. (Il l’observa un moment en silence avant d’ajouter calmement.) Je sais ce que tu tentes de faire. Pour qui est-ce que tu me prends ? Tu crois vraiment que je vais accepter sans rien dire que tu te laisses mourir de faim ? J’ai tant de projets pour toi, ma belle. Je n’ai pas l’intention de gâcher un tel potentiel et de me séparer de sitôt d’une créature aussi unique que toi. (Il désigna le Butarien à sa droite en ajoutant.) C’est donc avec tristesse que j’en viens à cette extrémité. Sache que c’est pour ton bien, ma belle. Un jour je suis sûr que tu me remercieras.

Gorbak fit signe à ses hommes de se saisir de la Drell. Celle-ci se débattit en vain. Et c’est impuissante qu’elle vit l’un de ses tortionnaires approcher de sa bouche le tuyau avec lequel il avait l’intention de la nourrir de force ; ou plutôt de la gaver comme une vulgaire volaille. Elle qui pensait avoir tout vu et tout enduré… Gorbak parvenait encore à la surprendre. Sa cruauté n’avait donc aucune limite ?

***

— Debout ! Le maître t’attend.

Ashaa ouvrit les yeux et découvrit une femme penchée au-dessus d’elle. Une Asari. Probablement un des trophées de la collection privée de Gorbak. Que lui voulait-elle ?

— Le maître exige que tu sois présentable. Il t’attend dans ses quartiers. Prépare-toi.

Ashaa découvrit avec stupeur que ses poignets et ses chevilles avaient été délestées de leurs chaînes. Son cou cependant était toujours ceint du cercle en acier dur et froid, mais il n’était plus enchaîné au mur derrière elle. Elle était de nouveau libre de ses mouvements. Pour la première fois depuis elle ne savait combien de temps exactement. Elle refusa cependant de quitter le coin de sa cellule. L’Asari eut beau insister encore et encore, Ashaa refusa de bouger et même de juste poser les yeux sur les beaux vêtements que l’esclave lui avait apportés. Elle n’avait pas l’intention d’obéir à Gorbak. Elle n’avait pas l’intention de céder et de redevenir son objet pervers. Il en était hors de question. Il pouvait la battre et la nourrir par la force, il était hors de question qu’elle ploie l’échine et accepte de son plein gré de redevenir celle qu’elle avait été jadis. Elle avait goûté à la liberté et il était hors de question pour elle de retomber à présent dans la servitude. Plutôt mourir !

L’Asari rendit les armes et s’en retourna auprès de son maître. Ashaa demeura recroquevillée dans le coin de sa prison en attendant que débarde Gorbak. En refusant d’obéir à ses ordres, elle était sûre et certaine qu’il ne tarderait pas à faire irruption dans la pièce en laissant libre cours à sa fureur et en ne pouvant se retenir de la ruer de coups. C’est tout ce qu’elle demandait. Ce n’était pas une question de masochisme. Elle redoutait la torture plus que tout… mais c’était la seule échappatoire qu’elle voyait. Compte tenu de sa situation, le seul espoir qu’il lui restait était que Gorbak lui porte le coup de trop qui au lieu de simplement la plonger dans l’inconscience, lui rendrait pour de bon sa liberté. C’est tout ce qui lui restait désormais : le fragile espoir que Gorbak la tue en se laissant emporter par sa rage.

— Comment oses-tu désobéir à un ordre de ton maître ? hurla Gorbak en débarquant dans la cellule comme une tempête. Pour qui est-ce que tu te prends au juste ? Tu n’es rien ! Tu entends ?! Rien ! Tu n’es qu’un objet, une créature dont la seule raison d’être et de satisfaire le moindre de mes désirs. Tu entends ? Tu m’appartiens ! Et tu feras ce que je t’ordonne de faire sans discuter si tu ne veux pas que ton entêtement coûte la vie à une autre innocente.

Accompagnant le geste à la parole, Gorbak lança son bras en avant et jeta au pied de sa prisonnière la tête ensanglantée de la pauvre Asari qu’Ashaa avait refusé de suivre dans les quartiers du maître. Un cri inaudible franchit les lèvres de la Drell qui se colla de nouveau au mur pour mettre autant de distance que possible entre elle et le visage sans vie fixant son regard voilé sur elle. Les mains plaquées contre sa bouche, Ashaa résista un instant avant de finalement baisser les bras tandis qu’un haut-le-cœur lui retournait l’estomac. Elle tourna la tête sur le côté et rendit le contenu de son dernier repas. Elle était tétanisée. Elle savait Gorbak sadique et coléreux. Dangereux. Mais jamais elle ne l’avait vu arracher la tête de quelqu’un de cette manière. Elle devait être en plein cauchemar ; elle refusait de croire qu’il puisse en être autrement. C’était un mauvais rêve. Rien de tout ceci ne pouvait être vrai.

— Tu feras ce qu’on te dira de faire et quand on te le dira, Ashaa, souffla Gorbak en braquant sur elle un regard menaçant. Que tu le veuilles ou non. C’est bien compris ? Tu m’appartiens. Ta seule raison d’être en ce bas monde est de satisfaire le moindre de mes caprices. Rentre-toi ça dans le crâne une bonne fois pour toute. (Il approcha d’elle et la saisit une nouvelle fois à la gorge pour faire en sorte que leurs regards se croisent.) Me suis-je bien fait comprendre ? (Ashaa hocha la tête.) Je n’ai pas entendu, déclara Gorbak en la relâchant. (Ashaa glissa au sol en se massant le cou et en gardant les yeux baissés.)
— Oui… maître, finit-elle par souffler en sentant les larmes sur ses joues. Comme il vous plaira.

Gonflé d’orgueil par sa victoire enfin acquise, Gorbak quitta la pièce sans prendre la peine d’emmener avec lui le morbide trophée bleu qui continuait de braquer son regard vide sur Ashaa. C’était voulu. Il voulait laisser à Ashaa tout le loisir de profiter de toute l’étendue de sa cruauté. Il n’éprouvait rien de plus jouissif que de voir sa prisonnière enfin… brisée. Elle avait finalement accepté de son plein gré de se remettre à son service. C’est tout ce qu’il désirait : qu’Ashaa redevienne sa Favorite volontairement. Elle ne méritait rien de moins après sa terrible trahison. Et Gorbak finissait toujours par obtenir ce qu’il désirait. Même s’il devait pour cela sacrifier quelques pions pour prendre la reine.

Gorbak enfin parti, Ashaa rampa dans le coin de sa cellule et ramena ses genoux contre sa poitrine en laissant libre cours à sa tristesse. Elle se fit violence pour ne pas céder à la tentation malsaine de poser les yeux sur le visage sans vie toujours tourné vers elle. C’était sa faute. Cette femme était morte par sa faute. Ses choix avaient condamné une nouvelle innocente. Comme par le passé. Comme lorsqu’elle devait céder aux caprices du jeu pour assurer sa survie et sa place de Favorite auprès du maître. Tout recommençait comme avant. Elle avait beau s’être échappée et avoir fui durant quatre ans, elle était finalement de retour là où tout avait commencé. Comme si rien de ce qui s’était passé au cours de ces quatre années n’avait eu lieu. Elle ne put que pleurer toutes les larmes de son corps.

***

Un mois plus tard…

— Favorite, le maître demande à te voir dans ses quartiers. Il dit que c’est urgent.
— J’arrive tout de suite, répondit la Drell d’une voix plate et monocorde.

La messagère quitta sa chambre sans un mot. Ashaa demeura un instant devant le miroir face auquel elle se tenait. Elle examina un instant son visage inexpressif et son regard vide. Elle imagina un instant la pauvre Asari morte se tenant à cette même place. Cette nuit-là, le refus de la Drell d’obéir aux ordres de Gorbak avait coûté la vie à une innocente. Plus tard, Ashaa avait découvert que cette même Asari était en réalité la Favorite de Gorbak. Celle dont il s’était délecté en attendant le retour de sa seule et unique véritable Favorite. Sans le savoir donc, Ashaa avait apporté la ruine sur une innocente à seule fin de consolider une fois encore sa position en temps que prétendante au trône. Effectivement… tout était redevenu comme avant. Absolument tout. Gorbak avait demandé après elle. Elle devait se rendre dans ses quartiers. Mieux valait ne pas faire attendre le maître…
Krelek Aelos
Krelek Aelos
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MessageSujet: Re: [16+] La Favorite du maître   [16+] La Favorite du maître Icon_minitimeMar 07 Avr 2015, 01:05

    Bureau de Krelek, Nos Astra


    - Vous êtes sûr de vouloir vous en occuper personnellement ?

    L’Agent Kole avait posé la question, sortant Krelek de ses pensées. Il faisait face au Drell, qui était installé derrière son bureau, l’air consterné. En effet, ce dernier avait mené d’actives recherches pendant deux mois afin de retrouver une certaine personne, la même qu’il avait injustement enfermé dans une cellule pendant deux jours, pensant qu’il s’agissait d’un assassin à la solde d’un de ses ennemis. La même qu’il avait fini par relâcher et à qui il avait fourni des papiers d’identité dont elle manquait. Pendant deux mois, il avait tenté de retrouver la dénommée Ashaa Jakari, cette Drell à qui il avait donné l’opportunité de se refaire une vie, après, supposément, des années de servitude. La demoiselle n’avait aucune identité et avait une certaine peur de l’enfermement, ce qui avait mené Krelek à conclure qu’elle avait été une esclave. Cette théorie s’était confirmée lorsqu’elle se fit enlever par des Butariens, au Spatioport de Nos Astra. Depuis ce jour, il s’était donné la mission de l’arracher à ses ravisseurs. La raison derrière une telle motivation était on-ne-peut-plus simple. Il n’était pas question de noblesse, de prince charmant sauvant sa princesse, loin de là. Il estimait simplement qu’il avait une dette envers elle. Lorsqu’elle était sur le point de se faire kidnapper, il s’était jeté à son secours, par pur réflexe ; le bon sens exigeait que l’on vienne en aide à une personne évidemment en danger. La situation s’était envenimée et Krelek s’était retrouvé encerclé et tabassé. Il en aurait perdu la vie si la jeune femme n’était pas intervenue pour interrompre les Butariens dans leur assaut. Elle lui avait, en somme, sauvé la vie. Il estimait donc qu’il était de son devoir de retourner la faveur et lui sauver la sienne en retour. Il était question de morale et d’honneur, et non pas de bonté d’esprit, ou de romantisme digne d’un conte de fée. Il s’agissait de business et de rien d’autre. Un service pour un service, une vie pour une vie. Il était certes inconscient et dangereux de s’occuper de l’affaire personnellement, surtout dans la position de Krelek, mais ce dernier tenait à payer sa dette en personne ; il n’avait pas peur de l’adversité, il n’avait pas peur d’aller sur le terrain, il n’avait pas peur du danger et de se salir les mains, il l’avait fait toute sa vie avant cela. Il avait confiance en ses capacités d’assassin. De ce fait, il ne craignait pas le risque qu’il encourait à infiltrer Khar’Shan. Car c’était bien de cela dont il était question : infiltrer le monde d’origine des Butariens, gardée et protégée du monde extérieur d’une manière peu commune et frisant la paranoïa de la part de son gouvernement.

    Krelek avait longuement fouillé le réseau du Courtier de l’Ombre pour trouver toute information concernant des esclavagistes Butariens. Il n’avait pas mené de recherche dans les dossiers l’Hégémonie, car celle-ci avait officiellement aboli l’esclavage, bien que cela fût encore légal, de manière officieuse. Il savait qu’il s’agissait d’un cul-de-sac. Il avait donc brodé autour de ce monde répugnant et infâme, cherchant des tiers indépendant, des contrats fumeux et privés, particulièrement prisé par les pirates. Ce fut seulement au bout d’un mois qu’il finît par mettre la main sur un avis de recherche qui lui permit d’identifier le maître d’Ashaa. Il s’agissait d’un contrat invitant toute personne ayant vu une Drell aux écailles rosées dans les Systèmes Terminus à prendre contact avec un certain Gorbak, afin de lui transmettre la localisation de la recherchée. Le contrat avait mystérieusement pris fin quelques jours après les événements du Spatioport. Etant donné la discrétion de la mission, elle était dirigée vers les esclavagistes, des collègues, en somme, des personnes qui connaissaient, de près ou de loin, le Butarien. Ce dernier était un aristocrate vivant sur Khar’Shan, en bordure de la capitale, Preobrajenskaya. Fils d’un esclavagiste, meneur d’un réseau d’esclaves sexuels, il était éminemment riche et avait une réputation des plus sinistres. Il n’était pas un homme des plus fréquentables, et encore moins des plus appréciables. Il était très probablement aussi quelqu’un de dangereux. Infiltrer son palais et lui arracher la Drell n’allaient pas être une partie de plaisir, mais ce n’était pas non plus quelque chose d’impossible ; Krelek avait fait pire par le passé. L’entrée n’allait pas être un réel problème, c’était sortir qui allait être un véritable défi, et le jeune homme se préparait au pire, sans avoir froid aux yeux. Il était déterminé et c’était cette même détermination qui l’avait fait survivre si longtemps et qui l’avait projeté au sommet de la société. Il n’échouerait pas.

    - Oui, Agent Kole, je suis sûr, répondit calmement le Drell à son bras droit. J’ai peut-être d’énormes responsabilités, mais cela ne diminue en aucun cas mes capacités. Et n’oubliez pas que Liara T’Soni a combattu au front, lors de la Grande Guerre, alors qu’elle était le Courtier de l’Ombre. Elle n’a pas hésité à prendre le risque.

    - Parce qu’elle n’avait pas le choix, monsieur, répliqua l’Humain.

    - Certes, mais elle n’en est pas morte, et elle affrontait un ennemi beaucoup plus puissant que quelques Butariens.

    L’Agent Kole hocha de la tête et se détourna pour s’en aller. Devant la porte, il se retourna une dernière fois et ajouta, insistant :

    - Vous êtes certain qu’il ne serait pas plus judicieux d’envoyer l’Agent T’Moira ?

    - Probablement, mais, comme je l’ai dit, je tiens à m’en occuper personnellement.

    Et l’Humain quitta la pièce, laissant Krelek seul face à ses pensées. Les craintes de son bras droit étaient fondées, il s’exposait en effet à un certain danger en se lançant dans une quête que personne ne lui imposait. C’était probablement stupide ; tout cela pour une question d’honneur et de morale… Il y avait des choses tellement plus importantes que la vie d’une inconnue ! Il était le responsable du Réseau du Courtier de l’Ombre, cette responsabilité reposait sur ses épaules seules, elle n’incombait que lui. Et pourtant, il mettait sa vie en danger, pour une raison insignifiante aux yeux de tant d’autres. Viendrait-il à mourir que cet empire qu’il contrôlait irait probablement s’effondrer. L’Agent Kole était son successeur direct, selon la hiérarchie, mais le Drell savait qu’il n’était pas fait pour tenir un tel rôle. Ou l’était-il ? Après tout, il y a plus de six mois, il occupait le même rôle, et son maître pensait probablement la même chose de lui… Il ne pouvait juger, il ne voulait pas juger. Arrivait ce qui devrait arriver. C’était égoïste, mais sa décision était prise : il irait chercher Ashaa Jakari sur Khar’Shan et payer sa dette.

    Khar'Shan


    Krelek sortit de la navette, mettant les pieds pour la première fois de sa vie sur Khar’Shan, la planète mère des Butariens. Il se trouvait au milieu d’un somptueux Spatioport, vestige de la gloire passée de l’Hégémonie, à présent en ruine économiquement, peinant à se relever après treize année à se reconstruire, suite à la Grande Guerre, qui avait failli coûter la vie à la totalité de sa population. Vêtu de son armure et armé de deux Carnifex, ainsi que son sabre à lame rétractable, le Drell était prêt à s’infiltrer dans le palais de Gorbak et lui arracher Ashaa Jakari. Ce n’était pas le plus lourd des équipements, mais cela lui suffisait amplement ; il n’avait jamais eu besoin de plus pour effectuer ses missions d’infiltration ou d’assassinat. Il n’était jamais question de foncer tête baissée dans le tas, mais d’éviter d’être vu, et avoir de quoi éliminer une menace, lorsqu’elle se présente. Bien entendu, il se serait tiré une balle dans le pied en parcourant la ville ainsi vêtu, et n’aurait jamais pu espérer s’approcher de la demeure de l’esclavagiste. De ce fait, il portait une large cape à capuche, faite d’un tissu grossier et mal tissé, imitant la pauvreté d’un clochard. Ce n’était pas non plus excessivement discret, mais cela permettait au moins de ne pas dévoiler son équipement, qui aurait très vite attiré l’œil des forces de l’ordre. Avec un tel accoutrement, il ne ferait qu’attirer des regards curieux, mais rien qui ne pût le compromettre. De plus, cela lui permettait également de cacher son ethnie. Les Drells étaient rares dans la Galaxie, la faute à ce qui était arrivé à Rakhana, leur planète d’origine, il y a deux siècles ; il devait y en avoir si peu sur Khar’Shan qu’on pût les compter sur les doigts d’une main. Exposer son visage était le meilleur moyen de s’attirer tous les regards et rapidement devenir une bête de foire que tout le monde tiendrait à voir. Ce n’était pas ce que désirait Krelek. Son but était d’atteindre le palais de Gorbak, l’infiltrer, récupérer Ashaa Jakari et s’enfuir, le tout en étant le plus discret possible. Il savait qu’il n’allait pas être possible de faire un sans-faute et entrer et sortir comme une fleur sans se faire repérer au moins une fois. Ce n’était tout simplement pas possible. Il était tout à fait envisageable d’atteindre la jeune femme sans être vu, il était un maître dans l’art de s’infiltrer, mais la Drell, elle, n’avait sans doute jamais suivi de formation d’assassin, et il ne pouvait pas être invisible pour deux. Il était évident qu’à un moment donné, le sang serait versé. Il fallait simplement espérer que cela n’arrivât pas souvent et qu’il n’y eût aucune confrontation directe, aucune fusillade.

    Krelek quitta le Spatioport et rejoignit l’allée qui lui faisait face. Là, une petite armée de taxi attendait, comme partout ailleurs en ce genre d’endroit. C’était le lieu rêvé pour se faire de l’argent facile. Le Drell en rejoignit un, entra et, après avoir reçu un regard quelque peu acide de la part du conducteur, qui se demandait très probablement s’il avait les moyens de payer le trajet, donna l’adresse désirée. Cette dernière n’était pas le palais de Gorbak, mais un quartier à côté. Il ne pouvait se permettre de demander de rejoindre la demeure d’un aristocrate ainsi vêtu, cela n’avait pas de sens. La navette décolla et se mit en route vers sa destination. Preobrajenskaya était une capitale comme toute autre dans la Galaxie : grande, haute et fière, mettant en avant les richesses et ce qui faisait la gloire de son peuple. Cependant, on remarquait encore les cicatrices de la guerre, laissées par les Moissonneurs. Cratères vaguement cachés par des bâtiments, failles dans la roche, bidons-villes répartis aléatoirement, la cité était un mélange de luxures dignes des Asari et de pauvreté extrême, qui n’était pas sans rappeler les Terres Mortes de la Terre, planète d’origine des Humains. Les Butariens avaient failli être de l’histoire ancienne, en 2186, et peinaient à se relever de leur presque-annihilation. Fiers, ils ne laissaient cependant rien transparaître de leur situation précaire. Ils avaient été l’une des plus grandes puissances économiques de la Galaxie, ils n’étaient aujourd’hui plus que l’ombre d’eux-mêmes, et ce malgré leur habitude de prétendre le contraire.

    Au bout de vingt minutes, le taxi arriva à destination. Le trajet s’était fait dans le silence, le Butarien ne semblant pas vraiment ouvert à la conversation avec un inconnu qui semblait de toute évidence être un étranger. Cela convenait à Krelek, qui préférait limiter le plus possible le contact avec les civils, par peur de révéler son ethnie. Les informations circulaient rapidement en ces temps, il était le mieux placé pour le savoir. Il paya la somme exigée par le conducteur, bien qu’elle semblât un peu haute par rapport au trajet, et sortit du véhicule. Il n’était de toute évidence plus du tout au cœur de la ville, mais bel et bien dans la banlieue. Il s’agissait d’un quartier riche, refait à neuf depuis la guerre et qui ne souffrait d’aucune balafre de la guerre. Chacun possédait ses priorités, après tout, et le plus offrant était le mieux servi. A un bloc de sa position, le palais de Gorbak s’élevait au-dessus des toits, imposant et majestueux. Il ne s’agissait bien entendu pas d’une bâtisse titanesque, mais bien d’une demeure faite pour abriter une famille et une horde de servant. Cependant, sa taille restait admirable. Retrouver Ashaa dans ce labyrinthe n’allait pas être tâche aisée, mais il réussirait, il le fallait. Krelek se mit donc en route, d’un pas décidé.




Ashaa Jakari

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MessageSujet: Re: [16+] La Favorite du maître   [16+] La Favorite du maître Icon_minitimeMar 07 Avr 2015, 19:38
Ashaa fixa un long moment la porte des quartiers privés de Gorbak avant de se résoudre finalement à frapper et à pousser le lourd battant en bois richement décoré. Celui-ci n’opposa aucune résistance et pivota en silence pour dévoiler un intérieur aussi luxueux que pouvait l’être celui d’un homme n’ayant pas à redouter la pauvreté pour les quelques cent à deux-cents prochaines années. Des bois exotiques d’une rareté à nulle autre pareille ; des dorures et des pierres précieuses à faire se pâmer d’envie tout le gratin de la haute bourgeoisie butarienne ; et une suffisance et un orgueil que très peu en ce monde ne pourraient jamais égaler même dans leurs rêves les plus fous. Gorbak était unique en ce genre ; et quand bien même beaucoup de ses condisciples auraient souhaité lui ressembler un peu plus, aucun d’eux n’aurait jamais pu tomber suffisamment bas pour espérer se mettre au niveau de ce monstre qui venait de se tourner vers la nouvelle venue.

— Entre, ma belle. Approche donc un peu, l’invita-t-il de sa voix mielleuse.

Ashaa s’exécuta en s’assurant de garder les yeux baissés. Gorbak n’était pas seul. Deux Butariens en armes montaient la garde à l’entrée de la chambre. Ashaa passa devant eux sans leur accorder un seul regard. Eux par contre ne se retinrent pas de l’examiner au microscope. Non pour le plaisir des yeux ; ce n’était qu’une question de sécurité. Comme elle l’avait supposé, Gorbak ne la recevait jamais sans au moins un ou deux gardes à portée de voix. Non qu’il ait peur de sa Favorite. Il avait tout simplement retenu la leçon lors de la fois précédente et il n’était pas le genre d’homme à faire deux fois la même erreur dans sa vie. Il n’était pas non plus le genre d’homme à accorder son pardon. Et pourtant, voilà Ashaa qui se rapprochait de lui d’un pas soumis en gardant toujours les yeux rivés au sol.

— Vous avez demandé après moi, maître ? demanda-t-elle sans la moindre émotion dans la voix.
— Oui, en effet, reconnut Gorbak en se levant de derrière sur son bureau et en se rapprochant de sa ravissante et servile Favorite. (Il dévora un instant la jeune femme du regard en silence.)
— Que puis-je pour vous, maître ? demanda l’esclave en devinant déjà ce que l’homme avait derrière la tête. Dois-je vous faire couler un bain ou vous offrir mes talents pour un moment de détente ?
— Hum… (Gorbak demeura pensif quelques secondes en détaillant les courbes parfaites de la Drell. Il poussa cependant un soupir avant de secouer vivement la tête.) Je dois avouer que la proposition est très tentante, mais nous avons beaucoup à faire encore. (Il se détourna d’Ashaa et lui fit signe de venir avec lui. Il se dirigea vers la large terrasse dominant son vaste domaine.) Peut-être as-tu déjà entendu la rumeur qui court dans le palais ? (Ashaa ne répondit pas.) Oui ou non ? demanda la voix menaçante du maître butarien.
— Oui, maître, répondit précipitamment Ashaa en hochant la tête sans lever les yeux. Vos serviteurs ne parlent que de ça depuis ce matin. Il est dit que vous organisez un grand bal et que vous avez invité les plus hauts dignitaires de la capitale. Et aussi les plus riches et les plus influents. Maître…

Gorbak bomba le torse de fierté en hochant la tête avant de reporter son attention sur les jardins qui s’étendaient tout autour de la propriété. Qui aurait pu se douter un seul instant que cet endroit avait été pratiquement réduit à l’état de ruines durant la Grande Guerre ? Personne ! C’était ce qui rendait Gorbak encore plus fier de son travail. À la seule force de sa détermination et de sa volonté, il avait fait en sorte de réécrire l’histoire afin d’en rayer toute mention faite à propos des Moissonneurs et de ce qu’avait été l’enfer de Khar’Shan aux heures les plus sombres de l’histoire de l’Hégémonie. À croire que la guerre n’avait jamais atteint ces lieux. La demeure était comme un petit coin de paradis sur terre. Il en avait toujours été ainsi et en serait toujours ainsi. Gorbak en avait décidé ainsi et il obtenait toujours ce qu’il voulait. Ashaa en avait la nausée. Mais elle était contrainte et forcée de dissimuler son malaise derrière un masque pour ne pas piquer la curiosité de son tortionnaire.

— Et sais-tu en quel honneur sont organisées ces festivités, ma belle ? s’enquit le Butarien.
— Non, maître, répondit docilement la Drell. Personne ne le sait.
— Mais toi, c’est pourtant évident, répondit Gorbak en se retournant vers Ashaa avant de poser l’une de ses mains tout contre la joue de la Drell. (Un frisson d’appréhension courut le long de l’échine de la jeune femme qui se raidit instantanément au contact de l’homme.) Regarde-moi quand je te parle. (Il glissa un doigt sous le menton pointu de la douce créature et l’obligea à lever les yeux pour croiser son regard.) Ces gens que j’ai eu l’insigne obligeance d’inviter sous mon toit, c’est pour toi qu’ils seront là. Tu n’as pas idée à quel point ton retour à la maison est un cadeau fait à l’Hégémonie. Mes « amis » et ceux qui sauront y mettre le prix n’attendent qu’une seule chose depuis qu’ils ont appris que tu étais de retour parmi les tiens : ils désirent te présenter leurs respects les plus sincères et te témoigner toute la joie et toute la gratitude qu’ils éprouvent de te savoir saine et sauve. (Un sourire malveillant fleurit sur les lèvres de Gorbak et Ashaa détourna le regard.) Nous étions tous tellement inquiets pour toi. Il aurait pu t’arriver n’importe quoi durant ton exil. Heureusement, cela n’a pas été le cas.

Gorbak fit glisser ses doigts sous le menton d’Ashaa avant de lui rendre sa liberté. Il s’éloigna d’elle de quelques pas avant de venir s’appuyer contre la balustrade de son balcon. La Drell le regarda faire sans lever les yeux trop haut. Il suffisait d’une légère poussée, une simple bousculade, et Gorbak chuterait du quatrième étage et se briserait peut-être le cou plusieurs dizaines de mètres plus bas. Il lui suffisait de tendre les bras et le pousser en avant. Elle n’avait que deux pas à faire pour le précipiter par-dessus la rambarde. Elle pouvait le faire. Elle pouvait mettre un terme à tout ceci une bonne fois pour toutes.

— Je sais à quoi tu penses, ma belle, souffla Gorbak sans se retourner vers elle. Penses-tu réellement pouvoir me dissimuler quoi que ce soit ? À moi… ton maître ? (Ashaa ne répondit pas.) Effectivement, un accident est si vite arrivé. Il suffirait que je trébuche et passe par-dessus la rambarde et tu n’aurais plus rien à craindre, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ce à quoi tu étais en train de penser ? N’est-ce pas ce que tu souhaiterais voir se concrétiser ici et maintenant ? (Sa voix gagna peu à peu en force à mesure que la colère consumait Gorbak.) Réponds-moi !
— Non, maître. Jamais je n’aurais osé…

Gorbak fit volte-face et leva le bras avant qu’Ashaa ait eu le temps de réagir et d’anticiper le coup. Elle se retrouva à genoux sur la terrasse sans comprendre ce qui venait de se passer tandis qu’une douleur cuisante se répandait dans sa joue. La brûlure lui arracha des larmes et lui coupa le souffle un instant. Elle ne prit même pas la peine de tenter de se redresser ; elle savait que c’était peine perdue. Gorbak n’aurait fait que lui offrir une nouvelle correction pour n’avoir pas su demeurer à sa place : à genoux, l’échine courbée devant son vénéré maître... À quoi bon lui offrir la satisfaction de lever une nouvelle fois la main sur elle. Aussi demeura-t-elle le regard rivé au sol en sentant le goût vicié du sang envahir sa bouche. Gorbak s’avança lentement vers elle. Il prit son menton délicat entre ses doigts cupides.

— N’oublie pas qui est le maître ici. Est-ce que c’est bien clair ? (Ashaa hocha la tête en silence. Elle ne pouvait pas ouvrir la bouche compte tenu de la manière dont la tenait Gorbak.) Est-ce que c’est clair ? insista le Butarien en dévoilant une rangée de dents étincelantes.
— Oui, maître, parvint à articuler Ashaa avec difficulté. J’implore votre pardon.

Gorbak la repoussa et Ashaa sentit une pointe de douleur dans son flanc tandis qu’elle heurtait le sol dur du balcon en pierre. Gorbak lui tourna le dos et retourna s’appuyer sur la balustrade sans daigner lui accorder le moindre regard. La Drell demeura étendue sur le sol en attendant que Gorbak lui donne la permission de se remettre debout et de se retirer dans ses quartiers.

— Maintenant, va te préparer et tâche d’être présentable pour nos invités, finit-il par souffler toujours sans quitter des yeux son beau jardin. Une petite surprise t’attend dans ta chambre. J’espère de tout cœur qu’elle te plaira autant qu’elle me plait. Allez… va. Tu peux disposer pour l’instant. (Il attendit un instant que l’esclave se fut remise sur pieds et eut commencé à prendre congé avant d’ajouter.) Peut-être devrais-tu également profiter de l’après-midi pour reprendre quelques forces. Quelque chose me dit que tu ne dormiras pas beaucoup cette nuit. (Ashaa et Gorbak se tournaient le dos mutuellement, aussi la Drell ne vit-elle pas les lèvres du Butarien s’étirer en un rictus mauvais. Mais ses paroles seules suffirent à lui donner une petite idée de la situation et elle quitta les quartiers du maître en frissonnant de tout son être et en se maudissant de n’avoir pas su saisir l’occasion qui s’était présentée à elle.)

***

De retour dans ses quartiers privés, Ashaa attendit que les portes se fussent refermées sur elle avec un claquement sinistre avant de céder pour de bons aux larmes qui avaient menacé avoir raison d’elle un peu plus tôt quand elle se tenait encore sur la terrasse avec Gorbak. Et longues furent les minutes à se succéder avant que la Drell ne puisse plus supporter ses propres gémissements. Il lui fallut faire appel à toute sa détermination et à toute sa volonté pour prendre une profonde inspiration et s’imposer le silence. Gorbak ne méritait pas ses larmes. Elle avait suffisamment pleuré à cause de lui. Elle devait se montrer plus forte. Il cherchait par tous les moyens à la briser alors elle devait faire son possible pour lui résister et le pousser à commettre l’irréparable. Il avait perdu son sang-froid quand sa précédente Favorite était venue l’informer qu’Ashaa refusait de se présenter devant lui. Et Ashaa était bien placée pour savoir comment les choses s’étaient terminées. Il suffisait qu’elle le pousse suffisamment à bout et Gorbak se chargerait lui-même de mettre fin aux tourments de la jeune femme.

Faisant disparaître du revers de la main les larmes qui inondaient ses joues, Ashaa porta son attention sur le majestueux lit trônant contre le mur du fond. Une boîte rectangulaire était posée sur le couvre-lit. Une simple boîte blanche sans ornement ni décoration aucune. Pas de mot non plus. Mais la Drell n’était pas dupe. C’était là la surprise dont Gorbak avait fait mention un peu plus tôt. Un autre de ces somptueux cadeaux dont il couvrait la jeune femme en pensant pouvoir ainsi s’attirer ses faveurs. Un piètre moyen de parvenir à ses fins hélas. Mais cela ne l’empêchait pas persévérer encore et encore…

Ashaa s’avança prudemment du pied du lit avant d’ouvrir la boîte pour en découvrir son contenu. Elle soupira en découvrant le nouveau cadeau du maître. Et elle repensa alors à ses paroles : « J’espère de tout cœur qu’elle te plaira autant qu’elle me plait. » Avait-elle vraiment le choix ? Bien sûr que non. Le maître obtenait toujours ce qu’il désirait…

***

Quelques heures plus tard. Début de soirée.

Ashaa s’avança en haut des marches et demeura là un instant à regarder la foule amassée dans le hall de la somptueuse demeure familiale de Gorbak. Il y avait là tout le gratin de la société butarienne. Les « amis » intimes de Gorbak. Tous ceux qui avaient su s'attirer les faveurs du maître des lieux ; que ce soit de part leur influence au sein du gouvernement, leurs nombreux contacts à travers toute la galaxie ou même la profondeur de leur bourse à crédits. Des dizaines et des dizaines d’individus parés de leurs plus beaux atours ; et tous des représentants de la gente masculine. Ashaa ne posa les yeux sur aucune femme. Les seules qui allaient et venaient entre les convives étaient les servantes de la maison Dal’Gundohar dont le dernier héritier était l’hôte de la soirée. Et celui-ci se tenait juste en bas des marches et tourna la tête vers la Drell quand une servante vint lui souffler dans l’oreille que sa Favorite était arrivée.

— Ah ! La voici ! s’exclama Gorbak. (Le silence se fit dans la salle.) Ma Favorite !

Il leva une main vers Ashaa et l’esclave s’avança dans la lumière en dévoilant la sublime tenue offerte par le maître. Une robe en soie légère couleur ivoire qui épousait à merveille les délicates courbes du corps de la jeune femme. Le tissu couvrait presque intégralement le corps de l’esclave en ne dévoilant qu’un avant-goût du prix que les hommes auraient à se disputer tout au long de la soirée. Ashaa avait plutôt en tête que le tissu hors de prix était supposé dissimuler les cicatrices qui couvraient son dos et l’arrière de ses cuisses. Mais qu’importe. Du moment que Gorbak était satisfait. Inutile de s’attirer ses foudres cette nuit. Il ne perdrait pas son calme face à un tel auditoire. Il avait sa fierté après tout…

Une ample capuche légère agrémentait la tenue et Ashaa l’avait rabattue sur sa tête. Cela ajoutait un peu au côté mystérieux que le Butarien tenait apparemment à cultiver en attendant que ses hôtes ne commencent à sortir leurs crédits. En réalité, c’était un moyen comme un autre pour elle de garder à distance les regards braqués sur elle. Un moyen comme un autre d’oublier qu’elle n’était rien de plus qu’un animal exposé à la vue de tous comme un vulgaire trophée. C’est ce que Gorbak voulait. Et elle aurait eu toutes les peines du monde à l’oublier même si elle l’avait voulu. Pour cause : tandis qu’elle descendait le grand escalier pour rejoindre son maître, les chaînes qu’elle portait autour des poignets et du cou cliquetèrent froidement pour lui rappeler qu’elle n’était bel et bien qu’un animal de compagnie. Gorbak lui avait passé une laisse autour du cou pour qu’elle se rappelle où était sa place. La chaîne lui liait les mains afin de limiter en partie ses mouvements et une seconde chaîne remontait jusqu’à son cou pour l’obliger à garder la tête courbée en signe de totale soumission. Comme dit : l’imagination de Gorbak n’avait aucune limite lorsqu’il était question d’humilier et de faire souffrir son prochain.

— N’est-elle pas ravissante ? Ma Favorite. Applaudissez-la ! ordonna Gorbak d’une voix festive et ses convives s’exécutèrent avec joie. (Gorbak prit Ashaa par la main quand elle se présenta devant lui et il la tourna vers la foule emplissant le hall en ajoutant.) Que les festivités commencent !
Krelek Aelos
Krelek Aelos
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MessageSujet: Re: [16+] La Favorite du maître   [16+] La Favorite du maître Icon_minitimeMer 08 Avr 2015, 01:09

    Face au palais de Gorbak


    L’ombre approchait du palais. Aux aguets, elle étudiait son environnement d’un regard implacable, celui du prédateur cherchant la meilleure voie à suivre pour atteindre sa proie, celui d’une personne ayant un but précis et que ne se laisserait ralentir par aucun obstacle, telle la vague d’un tsunami. Camouflée par sa cape, elle n’était sujette à aucun regard, personne ne daignait s’intéresser à ce qui semblait être un simple clochard, personne ne se doutait de ce que dissimulait sous le grossier tissu. Plusieurs voitures de luxe passaient, il semblait qu’un événement était en train d’avoir lieu, un rassemblement de personnes de haute stature aux fortunes variées, mais élevées. Une petite foule entrait lentement dans la demeure de l’infâme Gorbak. A la tenue que les invités portaient, élégante et extravagante, il était évident qu’un bal avait lieu. Les gens avaient sorti leur plus bel accoutrement, se montraient sous leur meilleur jour, ils désiraient plaire. Ah ! La fausse sincérité et l’hypocrisie de la haute société ! Krelek connaissait bien ce masque qu’affichaient les riches pour se caresser mutuellement le dos, tout en tenant une dague dans l’autre main. Lui-même exerçait cet art de la mascarade ; il le fallait bien, dans sa situation. Il ne s’y était jamais réellement fait, mais il s’y était suffisamment habitué pour que cela soit un mécanisme fonctionnant de manière fluide et fiable, lorsqu’il était en compagnie de bourgeois. Tout n’était que mensonges, tout reposait sur des intérêts mutuels, des alliances profitables et opportunistes. La sincérité était rare dans cet univers, et rare étaient les personnes que l’on pouvait réellement appeler « ami ». C’était navrant, mais cela était le prix à payer pour garder de l’influence dans un monde régi par l’argent. Il fallait être du côté du plus fort, du gagnant ; les perdants étaient impitoyablement écrasés et écarté de l’échiquier. Il ne fallait cependant pas croire qu’il valait mieux être pauvre, ou en tout cas vivre dans une sphère modeste, pour profiter de sincérité. Il fallait être aveugle et naïf pour croire que seules les hautes sphères de la société étaient pourries ; toutes les classes sociales étaient sujettes à ce jeu de manipulation. Certaines l’étaient simplement de manière plus visible que d’autres. Rares étaient les espèces dépourvues d’un esprit machiavélique ; là où il y avait de l’intelligence, il y avait de l’égoïsme et de l’avarice.

    Mais en ce jour, Krelek n’allait pas se fondre dans la masse et se montrer sous son meilleur jour. Il n’allait pas se promener en un bel accoutrement et afficher un sourire factice. Non, il n’était pas là pour se faire des alliés. Il était là pour récupérer une personne à qui l’on avait arraché la liberté. Il était là pour payer sa dette, une dette de vie. Quelque part, dans les méandres du palais auquel il faisait face, était enfermé Ashaa Jakari, la jeune Drell qu’il avait injustement enfermé pendant deux jours. Elle était là, dans le labyrinthe de couloirs et de chambres que l’ex-assassin allait devoir explorer. Cela n’allait pas être une tâche des plus aisées, mais il avait accompli plus difficile dans sa carrière. Il ne redoutait pas ce défi qu’il s’était imposé. A vrai dire, il était même excité d’être à nouveau sur le terrain. La dernière fois qu’il s’était retrouvé personnellement en mission, il s’était écrasé sur une planète inconnue et inexplorée. Cela n’était pas son domaine de prédilection. Non, le sien était l’infiltration et l’assassinat. Et l’ultime fois où il avait eu à se salir les mains et user de ses capacités chèrement travaillées par ses années de survie avait été pratiquement une année plus tôt, lorsqu’il avait dû infiltrer un repaire des Soleils Bleus, dans le Cimetière des Moissonneurs. Cette mission avait été la dernière qu’il avait menée en temps qu’assassin et s’était conclue sur l’obtention du Cœur de l’Augure et l’explosion d’une lune, par ses bons soins. Une sombre époque que l’été 2199. Cela avait été l’époque de la chute du Courtier de l’Ombre, de la presque chute de son réseau d’informations, celle où il avait vécu une guerre secrète entre deux entités et qui avait failli lui coûter la vie. Oui, cette année n’avait pas été des plus calmes. Et si 2200 s’annonçait d’une autre couleur, elle ne semblait pas moins mouvementée. Attentat manqué au Bal de la Doyenne J’eeasom, découverte d’un nouvel astre doté d’un trésor inestimable, sa personne à la poursuite d’une inconnue… En quatre mois, le voilà déjà qui avait mis sa vie en danger à trois reprises. Il avait décidément un don pour s’attirer des ennuis. Où qu’il allât, le chaos semblait le suivre. Cela était lassant, mais c’était un aspect de sa vie que Krelek avait su accepter au long de ses vingt-sept ans de vie. Il était né sur une planète mourante, en pleine guerre civile, et avait commencé à tuer dès l’âge de six ans. Il était voué à mener une existence de violence.

    Le Drell aperçut soudain l’ouverture qu’il cherchait. Il s’agissait d’une fenêtre ouverte, au troisième étage du palais, donnant vraisemblablement dans une chambre en train d’être aérée. Le passage était parfait pour s’infiltrer, car ne donnant pas sur la cour intérieure et étant à l’abri des regards inopportuns. Krelek n’avait qu’à escalader la façade et entrer. L’entreprise en soi était certes peu aisée, mais pas impossible pour le mâle, souple et puissant. Il lui faudrait simplement être rapide, avant qu’un garde ne l’aperçût. Il s’avança donc, en direction de sa nouvelle destination, guettant les alentours pour s’assurer que personne ne le vît. Il aperçut un garde passer devant une fenêtre du premier étage et s’immobilisa. Il attendit environ une minute, puis, ne voyant pas le garde revenir, se remit en route. Une fois sous la fenêtre, une dizaine de mètres au-dessus de lui, il sortit une corde d’une des poches de sa ceinture. Il s’agissait d’un fil de fer fin, mais extrêmement résistant et doté d’un tranchant crochet qui permettait l’escalade de hauts obstacles, un outil primordial de l’infiltration. Le Drell lança l’objet, qui vint s’accrocher au rebord de la fenêtre. Tirant sur la ficelle, il vérifia la fiabilité de la prise. Convaincu, il posa les pieds contre le mur et se mit à l’escalader, se pressant pour ne pas être vu. Sa force et son agilité, couplées à des années d’expérience, redirent son ascension rapide et discrète. Atteignant la chambre tant convoitée, Krelek récupéra sa corde et la remit à sa place, tout en vérifiant qu’il était bien seul dans la pièce. Il se débarrassa de sa cape et la cacha au fond d’une commode remplie de vêtements ; personne ne la retrouverait avant un moment, à moins de manquer de chance.

    A présent débarrassé de son encombrant camouflage, le Drell quitta la pièce, un Carnifex à la main, doté d’un silencieux pour éviter d’alerter l’entièreté de l’équipe de surveillance dès sa première utilisation. Un rapide coup d’œil au couloir lui permit de repérer des caméras de surveillance, ce à quoi il s’était évidemment attendu et qui était normal pour une demeure pareille ; rare étaient les nobles qui ne faisaient pas surveiller leur domicile. Il s’était d’ailleurs préparé à ce dérangeant obstacle et activa son Omni-tech. Là, il activa un module de brouillage optique qui le rendrait invisible aux yeux de quiconque se trouvant dans la salle de surveillance. Lorsqu’il entrerait dans le champ de vision de l’une des bornes, celle si entamerait un court « freeze », le temps de permettre à l’ex-assassin de passer l’obstacle. Indécelable, à moins d’être extrêmement vigilant, les caméras n’étaient dès à présent plus un danger pour Krelek, qui s’avança dans le couloir avec discrétion, sans faire le moindre bruit ; les membres de son espèce étaient réputés pour être d’une discrétion mortelle, il ne dérogeait pas à cette règle. Il ne savait pas encore où commencer ses recherches, car Ashaa pouvait être n’importe où dans le palais, et ce dernier était grand. Il lui fallait mettre la main sur un servant ou un garde, une personne connaissant plus ou moins les personnes vivant en ces lieux, une personne susceptible d’avoir aperçu la jeune femme. Ce fut donc le nouvel objectif du Drell, Malheureusement, les couloirs étaient vides ; probablement tous les servants étaient occupés à servir les invités au bal. Il en était très probablement de même pour les gardes, qui devaient surtout surveiller le rez-de-chaussée et les différents accès à la salle où avait lieu la fête. Mais c’est au tournant d’un couloir que Krelek mit enfin la main sur une personne exploitable. Il s’agissait d’une Asari, et celle-ci se dirigeait vers une chambre, tournant le dos à celui qui s’approchait lentement et de manière fourbe d’elle. L’attrapant par derrière et plaquant une main sur sa bouche pour l’empêcher de crier, le Drell la traina dans la pièce qu’elle s’apprêtait à rejoindre, avant de la plaquer contre le mur encadrant la porte. Sans retirer sa main de la bouche de sa victime, il prit la parole :

    - Ne paniquez pas, je ne vais pas vous faire de mal, j’ai simplement une question. Par contre, criez et je vous tuerai. Allez-vous coopérer ?

    L’Asari hocha de la tête, terrifiée.

    - Je cherche une Drell aux écailles rosées, l’avez-vous vu ? demanda Krelek, en retirant sa main.

    - Ashaa ? Mais… Qu’est-ce que vous lui voulez ? répondit la femme à la peau azurée.

    Bingo, non seulement elle était dans le palais, mais elle était également personnellement connue des servants, ce qui signifiait qu’elle était effectivement utilisée comme esclave. Krelek remarqua d’ailleurs que sa victime en était une également, à la vue du collier métallique qui lui entourait le cou, objet de soumission par sa batterie intégrée pouvant électrocuter son porteur si le besoin s’en faisait sentir.

    - Elle est une amie, répliqua simplement le Drell, sans donner plus d’explications. Où est-elle ?

    - Elle… Elle est dans le Hall, là où il y a le bal ! répondit l’Asari, toujours effrayée. Mais vous ne pourrez jamais vous en approcher, elle est avec Gorbak, le maître ! Il y a trop de monde, trop de sécurité, vous n’avez aucune chance…

    Alors que Krelek allait reprendre la parole pour obtenir de plus amples informations, une voix s’éleva depuis le couloir :

    - Ayla, j’espère que tu es prête, ma belle !

    Le Drell s’empressa d’assommer l’Asari et retint son corps dans sa chute pour éviter de faire du bruit. Se plaquant contre le mur, il attendit que l’inconnu entrât dans la chambre pour le frapper à la nuque, lui faisant perdre connaissance également. Il s’agissait d’un Butarien en costume. Un invité. Se rendant compte de ce qu’il avait dit plus tôt et le fait qu’il se trouvait dans une pièce dotée d’un large lit, Krelek se rendit compte que l’Asari n’était autre qu’une esclave sexuelle. La découverte le révolta. Comment de telles choses pouvaient-elles encore être admises dans des sociétés évoluées ? Mais il n’était pas temps de s’offusquer, mais d’agir, ainsi que de s’assurer de ne faire aucune erreur. Il tira les deux corps inertes vers le lit et, fouillant la chambre, découvrit que l’armoire était remplie d’outils sexuels, tels que des fouets, des menottes et d’autres artifices encore. Il prit deux paires de menottes et alla attacher ses victimes au pied du lit, avant de retourner dans le couloir. Il lui fallait trouver le Hall.





Ashaa Jakari

Personnage RP
Faction : Indépendante
Rang : Civil
Ashaa Jakari
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Messages : 30
Crédits : clems76 & Krelek

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MessageSujet: Re: [16+] La Favorite du maître   [16+] La Favorite du maître Icon_minitimeVen 10 Avr 2015, 18:55
La fête organisée par Gorbak battait son plein ; c’était le cas de le dire. L’alcool coulait à flots et toutes sortes d’éclats de rire venaient ponctuer les conversations cordiales d’un bout à l’autre du grand hall. Les convives avaient l’air de passer un agréable moment. Il fallait admettre que tout avait été fait pour s’en assurer au préalable. Gorbak avait décidemment pensé à tout : aux boissons, à la musique et aux créatures enchanteresses qui allaient et venaient en ondoyant gracieusement des hanches au milieu de toute cette testostérone. Les commentaires lubriques ne tardèrent pas à devenir le principal sujet de conversation et de plaisanterie entre tous ces hommes pour la plupart mariés qui avaient répondu à la généreuse invitation de leur hôte sans s’embarrasser de leur chère et tendre moitié.

— Gravak ! s’exclama Gorbak en levant les bras. Mon vieil ami.
— Ah… Gorbak ! (Les deux hommes échangèrent un salut complexe comme seuls les Butariens ont le secret. Les Butariens étaient connus pour être très portés sur le protocole et leur culture en était tout naturellement friande.) C’est que tu n’as pas perdu la main pour le faste et le grandiose on dirait. Nous as-tu concocté un final à la hauteur de ta réputation ? (Le regard du Butarien se porta au-delà de son hôte pour dévisager la charmante créature se tenant à ses côtés.) Eh bien… Qu’avons-nous là ?

Ashaa trouvait que Gorbak n’était rien de plus qu’un enfant pourri gâté. Et il le prouva en contractant très légèrement la mâchoire quand il se rendit compte qu’il avait perdu l’attention de son interlocuteur. Celui-ci n’avait d’yeux que pour la Drell et il ne prenait même pas la peine de s’en cacher aux yeux de son hôte. Encore ce stupide jeu et ce besoin irrépressible de monter sa domination sur l’autre. Ashaa aurait levé les yeux au ciel en soupirant si elle n’avait pas craint la douloureuse correction que Gorbak n’aurait pas manqué lui offrir en retour pour son insubordination. Aussi se contenta-t-elle de demeurer parfaitement silencieuse. C’est ce que le maître attenait d’elle de toute manière : qu’elle sache rester à sa place : « soit belle et tais-toi. » Et belle… elle l’était au vu de la réaction qu’elle suscitait chez tous les mâles présents dans le hall. Mais c’est bien pour cela que Gorbak les avait invités. Il comptait user des talents inégalés de la jeune femme pour se faire autant « d’amis » et de crédits que possible.

Gravak continuait d’ignorer effrontément le maître des lieux. Gorbak eut toutes les peines du monde à dissimuler sa colère. Celle-ci fit trembler sa voix quand il se décida finalement à reprendre la parole :

— Gravak, mon vieil ami, permets-moi de te présenter ma Favorite. (Ashaa avança d’un pas quand la main de son maître se tendit dans sa direction. Elle garda cependant la tête baissée. La chaîne qu’elle portait autour du cou s’assurait justement de sa docilité.) Elle est la pièce maîtresse de mon inestimable collection. (Gorbak décocha un regard menaçant à Ashaa face au son silence de cette dernière.)
— Enchantée de faire votre connaissance, souffla la Drell d’une voix envoûtante. (Gorbak reporta son attention sur son prétendu ami en souriant de toutes ses dents.)
— N’est-elle pas adorable ? (Il reposa les yeux sur sa Favorite avant d’effleurer délicatement le contour de sa joue couverte d’écailles rosées.) Et d’une douceur et d’une tendresse… Elle est inégalable. On a beau dire des Humaines ou des Asari… rien ne vaut une Drell selon moi. Elles ont ce petit côté sauvage et exotique que les autres n’ont pas. Et je ne parle même pas de leur endurance ni de leur souplesse… (Il marqua une pause avant de se retourner vers l’autre Butarien.) As-tu déjà eu l’occasion de tenter ce genre d’expérience, mon vieil ami ? Poser la main sur une Drell et en savourer le parfum délicat ?

Gravak quitta enfin des yeux l’objet de son attention pour river quatre prunelles vibrantes de jalousie et de haine sur son hôte. Les deux hommes se dévisagèrent un moment en silence avant que Gravak ne finisse par afficher un sourire qu’Ashaa savait aussi sincère que son amitié pour Gorbak. Encore et toujours ce stupide jeu : mensonges et duperie. Savoir garder ses amis proches et ses ennemis encore plus proches. Gorbak ne se débrouillait bien à ce petit jeu. Il était aussi hypocrite que sadique.

— Je dois admettre en toute honnêteté n’avoir jamais eu la chance de goûter à pareille… friandise. La rareté de l’offre m’en a jusqu’à présent privé. (Ashaa devina que cela devait lui en coûter de l’admettre publiquement devant Gorbak. Mais il était bien obligé. Tous les regards étaient rivés sur eux et mentir avait beau être monnaie courante dans leur sphère d’influence, il n’en demeurait pas moins que c’était un jeu où les participants se mordaient rapidement les doigts quand les autres voyaient clair dans leurs manigances. Nul doute que Gravak en tiendrait rigueur à Gorbak et chercherait à se venger plus tard.) Je trouve cela fort regrettable quand je vois la beauté de cette créature qui se tient devant moi… J’en viendrais même à regretter de n’avoir pas eu la chance de croiser sa route avant que tu ne mettes la main sur elle, mon très cher Gorbak. Mais je suppose qu’il ne te viendrait pas à l’esprit de la partager ?

— Eh bien ! C’est ton jour de chance, mon vieil ami, s’enthousiasma Gorbak. (Il s’approcha de Gravak et passa un bras autour de ses épaules avant de désigner la femme soumise se tenant debout devant eux.) Ma Favorite est enfin de retour à mes côtés. C’est donc un jour à marquer d’une pierre blanche. Et ce faisant, c’est tout naturellement que je me sens d’humeur à partager ma gratitude avec tous les gens qui me sont chers. Que dirais-tu de passer un moment en tête-à-tête avec cette douce créature ? (Gorbak tourna la tête vers son ami.) Elle sera sous peu mise à la disposition de mes convives… mais tu pourrais être le premier à profiter de ses caresses. Qu’en dis-tu ?
— Ma foi… C’est une proposition pour le moins alléchante. Et quel est ton prix exactement ?
— Si nous allions en discuter en privé dans mon bureau ? proposa Gorbak en savourant déjà sa victoire. Je suis persuadé qu’entre hommes civilisés nous saurons trouver un commun accord très rapidement. (Gorbak tourna la tête vers Ashaa.) Attends-nous là. Nous ferons au plus vite.

Les deux Butariens disparurent derrière une double porte donnant sur un bureau. Ashaa pour sa part fut contrainte de demeurer devant l’entrée en attendant que son maître ait terminé. Était-il obligé de préciser qu’elle ne devait pas bouger ? Elle le savait d’ores et déjà pertinemment. Et où aurait-elle pu aller de toutes manières ? Elle était prise au piège dans cette luxueuse demeure. Aucune issue en vue. Le grand hall était bien gardé et quand bien même si elle le souhaitait de tout son être, elle ne pourrait pas s’éclipser sans une bonne raison. Or Gorbak avait l’intention de vendre son corps à chacun de ces riches bourgeois débordant de testostérone et avides de soulager leur bourse d’autant de crédits que nécessaire pour s’octroyer un peu de bon temps avec elle ou n’importe quelle autre créature de rêve dont les formes étaient avantageusement mises en valeur par les soins de leur hôte.

Une dizaine de minutes plus tard, Gorbak et Gravak sortirent finalement du bureau. Les deux hommes semblaient parfaitement détendus. Nul doute qu’ils étaient parvenus à trouver un terrain d’entente. Gorbak venait de conclure une nouvelle affaire en se contentant simplement de vendre le corps d’une de ses esclaves. Combien de crédits venait-il d’empocher au juste ? Quelques dizaines ou centaines de milliers ? Plus encore ? Elle n’aurait su le dire. Mais elle savait que dès que l’occasion se présenterait à ce chien pour lui jeter ce chiffre au visage, il n’hésiterait pas. C’était une manie chez lui : sans cesse lui rappeler ce qu’elle était en lui disant combien elle valait exactement aux yeux des hommes qui étaient près à vendre leur âme pour passer ne serait-ce que quelques petites heures en sa compagnie. Ashaa sentit un frisson remonter le long de son échine tandis que les deux Butariens approchaient lentement. Elle devinait sans peine la tournure que prendraient bientôt les événements…

— Bien. Voilà qui est donc décidé. (Gorbak était aux anges.) Ashaa, aurais-tu l’amabilité de montrer à mon cher ami ici présent combien nous sommes reconnaissants qu’il ait accepté notre invitation ? Je ne doute pas un seul instant que tu sauras lui témoigner toute l’hospitalité qu’il mérite.
— Comme il vous plaira, maître, acquiesça Ashaa avec soumission. (Elle tourna la tête vers Gravak sans lever les yeux.) Si vous voulez bien me suivre, monsieur. Nous serons plus à l’aise pour poursuivre cette entrevue dans un endroit disons… plus privé et à l’abri des regards indiscrets.

Gravak échangea un dernier regard avec Gorbak avant de répondre à l’invitation de la Drell. Ensemble, ils grimpèrent le grand escalier du hall et disparurent dans les étages. D’un simple hochement de tête discret, Gorbak ordonna à trois de ses hommes de garder un œil sur sa Favorite. Il n’avait absolument aucune confiance en Gravak et il connaissait ses penchants pour la domination et la violence. Étant lui-même un homme violent, il savait en reconnaître un quand il en croisait un. Il ne voulait qu’aucun mal soit fait à sa Favorite. D’une part, cela serait un affront direct fait à son nom et à son image ; et d’autre part, il avait dans l’idée de conclure deux ou trois autres marchés similaires d’ici la fin des festivités. Et pour cela, il avait besoin que la marchandise demeure parfaitement intacte. Qui serait prêt à débourser une petite fortune pour un fruit pourri et abîmé ? Personne. Alors autant garder la Drell à l’œil.

***

Ashaa introduisit le dénommé Gravak dans ses quartiers sans prononcer un seul mot. Le Butarien ne perdit pas de temps pour se mettre à son aise. À peine la porte fut-elle refermée sur Ashaa que celui-ci venait la plaquer contre le battant en bois en laissant ses mains baladeuses courir sur le corps de sa compagne. Les muscles de la Drell se contractèrent instinctivement et elle demeura un court instant le souffle coupé. Dans sa tête se rejoua une scène vieille de deux ou trois semaines maintenant. C’était peu de temps après son retour à Khar’Shan ; quand Gorbak la gardait encore enfermée dans la cave. Il avait d’abord pris un malin plaisir à rappeler à la jeune femme les fonctions qui avaient été les siennes avant sa fuite avant de laisser ses hommes prendre le relais. Elle avait mis un moment avant de se faire une raison : ses cris ne mettraient pas fin à son supplice plus rapidement. Elle avait fini par se taire et par attendre en silence que les brutes aient fini leur affaire. Et elle avait ensuite pleuré tout le restant de la nuit jusqu’à ce que l’épuisement ait finalement raison d’elle. Une piètre libération en soi compte tenu des cauchemars salaces qui avaient hanté ses rêves cette nuit-là…

Figée d’effroi, Ashaa retrouva soudain le contrôle de son corps et elle s’efforça de repousser le chien qui couvrait sa peau de baisers écœurants. Mais Gravak se méprit sur les intentions de la jeune femme et crut qu’elle brûlait de désir de lui. Il continuait de faire courir ses mains sur les formes envoûtantes de la Drell tout en susurrant à voix basse dans le creux de son oreille :

— Remonte donc ta robe que je vois ce que tu caches là-dessus. Allez… Ne fais pas timide. Je sais que tu n’attends que ça depuis que nos regards se sont croisés dans le grand hall.

Ashaa se pétrifia en sentant une main du Butarien descendre le long de sa hanche et glisser entre ses cuisses. Elle sentit également la douce caresse de la soie contre ses chevilles et ses mollets à mesure que le tissu remontait lentement vers sa taille. Elle se débattit de plus belle. Mais une fois encore, ce chien ne comprit pas le message. Se détachant de la Drell, il l’entraina à sa suite vers le fond de la suite où se dressait le lit. Ashaa tenta en vain de se défaire de sa prise. Il la tenait fermement.

— Mais de quoi as-tu peur ? On va bien s’amuser toi et moi. (Il poussa sans ménagement la Drell sur le couvre-lit. Les chaînes qui entouraient les poignets et le cou de la jeune femme cliquetèrent quand elle tenta de se reculer vers la tête de lit pour mettre autant de distance que possible entre elle et l’homme qui avait de toute évidence plus envie de la violer que de prendre simplement du bon temps avec elle.)
— Non ! Restez où vous êtes, souffla Ashaa d’une voix incertaine.
— Ferme-la ! lui ordonna Gravak. Je ne t’ai pas donné la permission de parler à ce que je sache. Je suis certain que Gorbak n’apprécierait pas d’apprendre que tu te montres à ce point indisciplinée. Mais je ne peux pas t’en vouloir malheureusement. J’aime les femmes rebelles qui me résistent. Ce sont elles qui m’excitent le plus. (Un sourire de prédateur déforma les traits de son visage tandis que ses quatre yeux brillaient d’un éclat lubrique qui fit frissonner la Drell de la tête aux pieds.)

Ashaa roula sur le côté quand Gravak bondit en avant pour la rejoindre sur le lit. Elle venait de mettre les pieds à terre quand il passa un bras autour de sa taille et la ramena à ses côtés en laissant sa main dessiner avec envie les contours de la poitrine de la créature exotique. De nouveau sa main descendit plus bas et de nouveau Ashaa sentit le bas de sa robe remonter inexorablement vers sa taille.

— Non ! s’exclama-t-elle, mais une main étouffa son cri avant qu’il ne puisse porter très loin.

Ashaa eut beau se débattre de plus belle, cela n’y fit rien. Gravak était plus musclé et plus fort qu’elle. Il la tenait entièrement à sa merci. Et compte tenu de la situation, les mains menottées et une chaîne reliée à son cou la privant de sa liberté, elle ne pouvait rien pour contraindre le Butarien à lâcher prise. Impuissante, elle refusa néanmoins de céder complètement au désespoir même si des larmes salées se mirent à ruisseler sur ses écailles rosées. Elle continua de résister de son mieux. Mais elle savait le combat perdu d’avance. Elle n’était qu’une frêle créature en comparaison du Butarien. Elle n’avait pas la moindre chance face à lui. Il ferait d’elle ce que bon lui semblerait. Elle n’aurait pas son mot à dire.

Un bruit étouffé attira alors l’attention du Butarien qui releva brusquement la tête vers l’entrée de la somptueuse suite richement décorée. Un second bruit étouffé se fit entendre et Ashaa s’immobilisa en retenant son souffle. Et tandis qu’elle était sur le point de se demander de quoi il s’agissait, la porte s’ouvrit soudain à la volée quand le corps d’un homme fut projeté dessus à toute vitesse. Le Butarien envoyé par Gorbak pour veiller sur la Favorite glissa sur plusieurs mètres à travers la chambre avant de s’immobiliser complètement sans donner le moindre signe de vie. Ashaa retint un cri de surprise.

— Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ? demanda Gravak en se redressant légèrement sans pour autant que sa main ne quitte l’entrejambe de la Drell piégée sous son corps. Qui t’es toi ?!

Ashaa reporta son attention vers l’entrée de la chambre en entendant Gravak poser cette question. Il s’était adressé à la mystérieuse silhouette se dressant dans l’encadrement de la porte. Une silhouette qu’Ashaa avait longtemps maudite durant son emprisonnement dans la cave de Gorbak. Mais le genre de silhouette qu’elle était pourtant à présent soulagée de découvrir sur le pas de sa porte.
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MessageSujet: Re: [16+] La Favorite du maître   [16+] La Favorite du maître Icon_minitimeSam 11 Avr 2015, 01:57

    Dans le palais de Gorbak


    Krelek avançait doucement dans le couloir, un Carnifex auquel il avait pris le soin d’ajouter un silencieux en main. Il se devait de trouver ce Gorbak qui retenait Ashaa et cela n’allait pas être tâche aisée. Un bal avait lieu et, de ce fait, un certain nombre de personnes étaient présentes dans le palais. Autant de personnes susceptibles de se mettre en travers de son chemin et le ralentir, voire l’arrêter. Il ne pouvait tout simplement pas s’inviter à l’événement et ne pouvait ne serait-ce approcher les festivités ; la sécurité y serait trop importante, il y aurait trop de risque de se faire repérer et le Drell ne pouvait se le permettre. S’il venait à être compromis, sa cible risquait de disparaître, lui échapper et il n’aurait sans doute pas d’autres occasions de retenter sa chance avant certain temps, qui était indéfini. Et puis il ne savait pas ce que le Butarien pouvait faire de la Drell s’il venait à prendre connaissance de la présence de l’assassin. Il pouvait aussi bien la tuer que l’enfermer quelque part, pendant que ses hommes s’occuperaient de traquer l’inconnu et l’empêcher d’accomplir sa mission. Il s’agissait d’options irrecevables. Il n’y avait donc pas d’erreur possible, il s’agissait de sa seule et unique chance. S’il voulait repérer la jeune femme au milieu de la foule, il allait devoir faire preuve de créativité. La fête devait continuer, quoi qu’il arrivât. Tant qu’elle avait lieu, personne ne soupçonnerait sa présence, personne ne remarquerait qu’il y avait un invité supplémentaire et aux intentions purement personnelles.

    Mais, d’un autre côté, ne valait-il pas que tout cela cesse ? Qu’il tentât le tout pour le tout pour libérer un maximum d’esclave ? Ashaa Jakari n’était pas la seule dont la liberté lui avait été arrachée en ces lieux, il y en avait d’autres, comme l’Asari qu’il avait interrogée plus tôt. Elles étaient exploitées pour leur corps, pour leurs atouts féminins, elles étaient des objets dans les mains d’infâmes personnalités qui abusaient d’elles pour assouvir leurs plus bas instincts. S’il venait en libérer une, pourquoi ne pas libérer les autres ? L’esprit conciliant de Krelek était outré de ce qu’il se passait entre les murs de ce palais, il était affligé qu’il pût encore exister dans une société évoluée des atrocités pareilles. Mais l’esprit pragmatique du Drell se chargea vite de calmer ses ardeurs : il était là dans un but précis, qui était celui de libérer Ashaa Jakari. Il le faisait parce qu’il avait une dette envers elle, pas par bonté, pas par altruisme, mais par courtoisie. Il ne pouvait se permettre de s’écarter de sa mission initiale, de se laisser aller aux émotions ; il n’était pas possible de libérer toutes les esclaves de cette prison aux belles apparences. Il allait déjà être difficile de s’échapper avec une, alors toute une meute, c’était tout simplement inenvisageable. Et quand bien même arrivait-il à le faire, il restait encore le spatioport à rejoindre, et une troupe de femmes sans papiers à faire passer la douane. C’était impossible, une tâche qu’il ne pût assumer. Il se devait de s’en tenir à son objectif initial. La Drell était son unique priorité. Les autres femmes étaient vouée à rester esclaves de Gorbak, les dieux eussent pitié d’elles.

    A présent à nouveau concentré sur son objectif, Krelek continua de s’enfoncer dans le couloir, sans savoir où il allait. Il suivait le bruit étouffé de la fête qui avait lieu dans le Hall. La musique, d’abord un son méconnaissable, devenait de plus en plus claire, les voix des invités devenaient de plus en plus audibles et fortes. Il s’approchait du Hall, il s’approchait de Gorbak et sa prisonnière. Au tournant du couloir, le Drell tomba sur deux gardes qui lui tournaient le dos, visiblement distraits par le spectacle qui avait lieu devant eux, un étage en dessous. Ils étaient appuyés sur une balustrade qui surplombait la salle où avaient lieu les festivités. L’infiltré en profita pour s’avancer, sans un bruit, sans se faire repérer. Il activa son camouflage optique et se plaça derrière les deux Butariens, qui gloussaient bêtement, lâchant des commentaires grossiers sur les esclaves qui animaient la soirée. Ainsi positionné, Krelek disposait d’une vue stratégique sur le bal. Depuis sa position, il se mit à sonder la foule à la recherche de la jeune femme. Elle ne devait en principe pas être difficile à repérer ; elle devait très probablement être l’unique représentante de son espèce en ces lieux, sans compter l’assassin dont personne n’avait conscience de la présence. Ce dernier se devait de se dépêcher, car son invisibilité ne durerait pas, et il aurait tôt fait de redevenir visible, ce qui alerterait les gardes positionnés de l’autre côté de la balustrade. Il était dans une situation très risquée et délicate. Si les deux soldats qui lui faisaient face se retournaient, ils le verraient, ou lui rentreraient dedans. Dans les deux cas, il serait compromis et mis en danger de mort, en plus de manquer son unique chance de sauver Ashaa. Dopé par l’adrénaline et le risque qui planait sur lui, Krelek analysa la foule avec d’autant plus d’attention. Les Drells avaient une excellente vue, ils étaient des prédateurs nés, mais ils ne pouvaient faire des miracles et il n’y avait aucune insigne indiquant la position de sa cible comme il y en aurait dans les jeux vidéo. L’assassin crispa sa mâchoire, il entendait presque le tic-tac du temps qu’il lui était imparti. Si son épiderme n’était pas couvert d’écailles, il transpirerait très certainement à grosses gouttes, et il fut bien content que ce ne fût le cas.

    Puis il la trouva enfin. Elle était en train d’attendre à l’entrée d’une pièce, la tête baissée, visiblement abattue par son propre sort. Qui ne le serait pas, à sa place ? Mais, même s’il l’avait à présent en vue, elle n’en était pas moins accessible pour autant. Encerclée par la foule des invités, elle était hors d’atteinte de Krelek, qui ne pouvait, hébété, que l’observer depuis sa position. La porte s’ouvrit soudainement et deux Butariens habillés de manière raffinée sortir de la pièce. Les deux souriaient, riaient même, apparemment satisfait de ce qu’il s’était dit dans la salle d’où ils provenaient. Encore un échange de parole et la Drell quitta les lieux en compagnie d’un des deux mâles, qui ne devait être autre que Gorbak. Krelek connaissait son visage grâce au Réseau, mais il était trop loin pour qu'il pût affirmer son identité. Et puis, tous les Butariens se ressemblaient, tous étaient laids et répugnants, une erreur d’identification était si vite arrivée. Mais, dans tous les cas, Gorbak ou non, l’infiltré avait trouvé sa cible et savait où elle allait, ou plutôt, la direction dans laquelle elle allait, ce qui lui permettrait d’enfin lui mettre la main dessus et s’échapper de ce maudit palais. Le dernier obstacle qu’il lui restait à franchir était de trouver la pièce qu’allait rejoindre la jeune femme et son maître, qui lui réservait très probablement un mauvais coup. Celui-ci possédait une réputation d’homme violent et capricieux. De ce fait, au vu du statut d’esclave sexuel d’Ashaa, il allait très certainement assouvir ses bas instincts et se décharger sur elle… littéralement. Krelek comptait bien intervenir avant que le mal soit fait, ou refait, car il imaginait bien que la Drell eût été violée plus d’une fois pendant ces deux mois enfermée dans le palais.

    Soudainement, un signal inaudible de son Omni-tech lui indiqua que la batterie de son camouflage optique était épuisée et l’assassin redevint visible. Aussi vite qu’il pût, il s’accroupit afin de ne pas être vu par les gardes postés de l’autre côté de la pièce. Krelek jura intérieurement, il avait perdu du temps à trop longuement observer la trajectoire qu’avait suivi sa cible et le voilà qui se retrouvait dans une des pires situations imaginables. Lentement, mais sûrement, il fit marche arrière pour rejoindre le couloir d’où il était venu. Par chance, l’attention des Butariens qui le couvraient était tellement obnubilée par la gente féminine de la fête qu’ils ne dégénèrent pas se retourner. Quel efficace système de sécurité ! Une fois à une distance raisonnable et sûre, le Drell se redressa et s’éclipsa de la présence de ces gardes. Il lui fallait trouver un escalier pour rejoindre l’étage inférieur, et ce rapidement ; Gorbak aurait tôt fait d’abuser de son esclave. L’infiltré changea deux fois de couloirs avant d’enfin en trouver un. Il se déplaçait rapidement et silencieusement, telle une ombre, tous les sens en alerte. Il s’arrêta alors brutalement, voyant Ashaa et son maître Butarien surgir du haut des escaliers, lui tournant le dos. Décidément, aujourd’hui était son jour de chance, et il ne s’en plaignait pas. Les deux individus étaient suivis par deux gardes armés, un obstacle supplémentaire que Krelek allait devoir franchir. Il ne craignait pas deux adversaires, qui allaient être plutôt simple à défaire, mais il craignait qu’il y eu eût plus, ou qu’ils avertissent le reste de la cavalerie à la moindre erreur de sa part. Il allait devoir être rapide et précis. Il savait exactement quelle partie du corps il allait devoir viser pour les empêcher de donner l’alerte : la trachée. Un coup puissant pour la briser leur empêcherait d’émettre le moindre cri. Le problème restait d’arriver à les approcher sans être vu, mais le Drell comptait à ce que son camouflage optique se fût rechargé pour l’opération.

    Krelek observa Ashaa et le Butarien en costume entrer dans une chambre. Les deux gardes se postèrent de part et d’autre de la porte, la surveillant pour éviter que quiconque n’interrompe le maître lors de son entreprise. L’assassin attendit quelques instants et son Omni-tech lui indiqua que son camouflage optique était prêt pour une nouvelle utilisation. Sans perdre une seconde supplémentaire, le Drell l’activa et s’approcha vicieusement de ses victimes, qui ne savaient pas encore ce qui les attendaient. Arrivé à la hauteur du premier garde, l’infiltré se redressa et infligea un coup rapide et puissant au niveau de la trachée, avant d’accompagner l’attaque d’une seconde à la tempe pour assommer l’homme et le laisser s’asphyxier. L’assaut désactiva le camouflage optique de l’assaillant, qui fut immédiatement repéré par le second garde, qui fut interloqué de voir son compagnon s’effondrer au sol et d’observer un Drell apparaître devant lui. Krelek allait lui réserver le même sort, mais il put parer le coup en jurant.

    « Tant pis pour la discrétion », pensa l’assassin.

    Il dégaina son sabre à lame rétractable et, dans l’élan de son coup, trancha la gorge de son adversaire qui vint percuter la porte de la chambre, les mains collées à son cou, tentant de vainement retenir son sang de couler. Afin de l’achever, Krelek lui assena un puissant coup de pied au torse, ce qui fit voler en éclat le battant de la porte alors que le Butariens vint s’écraser à l’intérieur de la pièce, gargouillant un cri inaudible, se noyant dans le fluide rouge qui se répandait au sol.

    - Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ? demanda le maître en costume, la main au niveau de l’entrejambe de la Drell piégée sous son corps. Qui t’es toi ?!

    Krelek était intervenu au bon moment, juste avant que l’infâme créature ne puisse exercer son mal sur sa victime. D’un geste sec, l’assassin débarrassa sa lame du sang de sa victime précédente, avant de la ranger à sa ceinture. Il s’approcha du dernier Butarien, qui tentait maladroitement de s’échapper et lui attrapa les pieds, le tirant hors du lit et le jeta au sol. Le monstre à quatre yeux supplia le tueur de le laisser vivre, mais celui-ci était sourd à ses supplications. Il leva la jambe et abattit lourdement son pied sur le crâne de sa victime, qui craqua dans un bruit sinistre. Ce n’était pas le Courtier qui était présent dans la chambre, mais l’Assassin, celui né de Rakhana, celui qui n’avait de pitié pour rien ni personne, celui qui dormait lorsque Krelek portait un beau costume et prononçait de belles et raffinées paroles. Le Drell avait abandonné son masque et se montrait sous son vrai jour, celui qui révélait un tueur expérimenté et dangereux, mais qui n’était pas sujet à une folie meurtrière, mais qui faisait ce qu’il avait à faire pour remplir son objectif.

    Krelek se tourna vers Ashaa et, la voyant effrayée, il lui dit en lui tendant une main, espérant la rassurer :

    - Je suis venu vous rendre votre liberté, Ashaa. Venez, le temps nous est compté.

    Semblant indécise, ne sachant si elle pouvait faire confiance en l’assassin, il ajouta :

    - Je n’aurais pas risqué ma vie à venir vous chercher si c’était pour me jouer de vous ! Allez !

    Décidée, la jeune femme attrapa la main de Krelek, qui l’aida à se redresser. Constatant qu’elle tenait toujours sa tête baissée et, surtout, que son collier d’esclave était relié à une chaîne, le Drell activa son Omni-lame, non sans prévenir au préalable sa protégée de ce qu’il s’apprêtait à faire. Ayant donné son consentement, il la débarrassa de son entrave, lui permettant d’enfin se mouvoir librement. Il s’assura également de désactiver la batterie de la charge électrique du collier, qu’il n’avait encore pu retirer, avant d’enfin reprendre la parole :

    - En avant, quittons cet endroit.






Dernière édition par Krelek Aelos le Lun 13 Avr 2015, 14:18, édité 1 fois
Ashaa Jakari

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Ashaa Jakari
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MessageSujet: Re: [16+] La Favorite du maître   [16+] La Favorite du maître Icon_minitimeSam 11 Avr 2015, 21:14
Quand Ashaa posa les yeux sur le mystérieux Drell aux écailles dorées qu’elle avait rencontré quelques semaines auparavant sur Illium, sa première réaction fut d’éprouver de l’appréhension. Que faisait-il ici ? D’où sortait-il exactement ? Était-ce un mauvais rêve ? Un autre des nombreux cauchemars qu’elle n’avait cessé de faire depuis son enfermement dans le palais de Gorbak ? Les yeux écarquillés sous le coup de la surprise, elle se revit dans la ruelle silencieuse et déserte d’Illium. Le Drell se tenait debout devant elle et il la tenait à sa merci. Il se tenait tout près d’elle, son corps pressé contre celui de la jeune femme pour l’empêcher de se dérober et de prendre la fuite. Sa voix était dure et froide ; menaçante et inquiétante. Ashaa sentit descendre le long de son échine le frisson qui avait manqué avoir raison de sa santé mentale à ce moment-là. Une image de courroux et de férocité comme marquée au fer blanc dans sa mémoire. Et c’est justement la raison pour laquelle elle se demandait si elle n’était pas en plein rêve : car le Drell qui se tenait dans l’entrée de la chambre était l’incarnation même du monstre de ses cauchemars. Le tortionnaire sanguinaire désireux de s’en prendre à une innocente.

Ashaa quitta le nouveau venu des yeux quand elle sentit Gravak se débattre au-dessus d’elle. Il venait de voir le Drell secouer son épée couverte de sang pour l’en débarrasser du fluide écarlate. Nul doute qu’il imaginait déjà la lame en travers de son corps. Ne venait-il pas de voir un des gardes du corps de Gorbak se vider de son sang juste sous ses yeux à cause de cette même lame ? Pourtant, le Drell avait fait disparaître la lame mortelle et il s’approchait de l’esclavagiste d’une démarche menaçante emplie de détermination. Gravak manqua écraser Ashaa sous son poids quand il chercha à prendre la fuite en voyant l’assassin venir à sa rencontre. Peine perdue… Le Drell referma son poing sur le pied de Gravak au moment où celui-ci tentait de prendre la fuite et il le tira hors du lit en le jetant à terre.

— Non ! Par pitié, ne me faites pas de mal, supplia Gravak. Je vous en conjure. Je vous donnerais tout ce que vous voudrez. Des crédits ! Des femmes ! N’importe quoi. Je vous en supplie. Ne me tuez pas…

Il était incapable de contrôler le tremblement dans sa voix. Mais le Drell semblait sourd aux suppliques du Butarien. Il leva finalement le pied et mit un terme aux sanglots désespérés du pauvre homme en lui écrasant le crâne sous sa botte. Le craquement sinistre arracha Ashaa à sa morbide fascination. Elle poussa un cri horrifié, qui mourut juste après avoir franchi la barrière de ses lèvres quand les yeux du Drell se posèrent sur elle. Elle frissonna d’horreur et tenta tant bien que mal de reculer pour s’éloigner de l’assassin et mettre autant de distance que possible entre elle et lui. Elle se recroquevilla contre la tête de lit et ramena ses genoux contre sa poitrine en ne pouvant s’empêcher de trembler de tout son corps. Cauchemar ou réalité ? Comment faire la distinction entre les deux ?

— Je suis venu vous rendre votre liberté, Ashaa, dit le Drell d’une calme et posée. (Ce n’était pas celle du monstre qui l’avait acculée dans la ruelle... C’était la voix de l’homme qu’elle avait rencontré après être restée enfermée à tort deux jours dans cette cellule inhospitalière. La voix de l’homme qui avait cherché à se racheter en lui offrant son aide : un peu d’argent et des faux papiers en règle. Il n’y avait plus aucune trace de colère dans sa voix ; ni aucune dureté.) Venez, le temps nous est compté.

Mais Ashaa n’esquissa aucun geste pour répondre à la pressante invitation du Drell. Elle continuait de le fixer dans les yeux en tentant en vain de sonder son regard. Elle ne pouvait toujours rien y lire. Était-il digne de confiance ? Ne risquait-elle pas de se retrouver de nouveau enfermée à tort dans une autre prison si elle acceptait de le suivre ? Son cœur battait la chamade et elle avait le souffle court. Pouvait-elle faire confiance à cet homme alors que celui-ci s’en était également pris à elle ? Elle s’en souvenait encore comme si cela s’était passé la veille. Et pourtant, elle se souvenait également de cet homme qui avait tenté de s’interposer entre les Butariens et elle lors de son enlèvement sur Illium. Il avait risqué sa vie ce jour-là pour empêcher une parfaite inconnue de disparaître sans laisser de traces. Pourquoi ? Il n’aurait rien eu à gagner dans l’histoire. Il avait même bien failli y perdre la vie. Si Ashaa n’avait pas laissé filer sa chance de prendre la fuite, il serait très probablement mort à l’heure qu’il est. L’abnégation dont il avait fait preuve en choisissant de faire passer la sécurité de la jeune femme avant son bien-être à lui était-elle un argument suffisant aux yeux de la Drell pour accorder sa confiance à un individu dont elle ne connaissait pas même le nom ? Un homme dont elle ignorait tout et qui lui avait présenté deux visages bien distincts ? Celui d’un homme pénitent cherchant à rectifier ses erreurs… et celui d’un être froid et sauvage.

— Je n’aurais pas risqué ma vie à venir vous chercher si c’était pour me jouer de vous ! Allez !

Il disait vrai. Khar’Shan n’était guère un port de plaisance et encore moins une destination très prisée des touristes. Si vous n’étiez pas Butarien, c’était probablement le dernier endroit de la galaxie où vous voudriez vous rendre. Qui plus est, le fait que le mystérieux inconnu se soit infiltré dans la demeure de Gorbak avant de tuer trois de ses gardes en disait aussi long sur le fait qu’il ne se trouvait pas là par le plus grand des hasards. Il était venu pour elle. Mais pourquoi ? Était-ce un genre de paiement vis-à-vis des événement survenus sur Illium ? Très certainement. Mais le fait est surtout qu’Ashaa n’avait pas d’autre choix que d’accorder sa confiance à cet homme mystérieux. Il était prêt à lui offrir ce dont elle rêvait depuis des semaines : sa liberté. La malheureuse n’avait aucun allié dans la demeure de Gorbak. Personne sur qui compter pour organiser une évasion. Elle était seule. Quand bien même son avis sur cet homme était partagé, il n’en demeure pas moins qu’il représentait peut-être sa seule et unique chance de pouvoir quitter cet endroit en vie. C’était une occasion rêvée à côté de laquelle elle ne pouvait pas se permettre de passer ; surtout pas. Aussi Ashaa finit-elle par hocher la tête lentement. Elle rampa sur le lit et s’empara de la main tendue par l’homme qui venait de la sauver d’une tentative de viol.

Elle était sur le point de remercier le mystérieux sauveur sorti de nulle part quand ce dernier posa les yeux sur les chaînes dont la malheureuse était parée. Après lui avoir demandé son consentement, le Drell activa son Omni-Lame et débarrassa la jeune femme de ses entraves handicapantes. Ashaa avait toujours les poignets enserrés dans les menottes métalliques et le cou ceint du cercle en acier dur et froid, mais au moins était-elle de nouveau libre de ses mouvements. C’était déjà plus qu’elle n’aurait pu espérer en début de soirée. Elle soupira d’aise. C’était déjà un premier pas vers la liberté.

— Merci, souffla doucement Ashaa en levant les yeux vers le mystérieux Drell. (Les prunelles cerise de la jeune femme brillaient d’un éclat sincère. Elle avait pratiquement les larmes aux yeux.)
— En avant, quittons cet endroit, ordonna l’assassin en se tournant vers la sortie. (Ashaa hocha la tête.)

Ashaa marcha dans ses pas et jeta à peine un regard au corps inanimé de Gravak. Autant elle se sentait soulagée de le savoir mort, autant elle ne voulait pas emporter avec elle l’image de son crâne défoncé. Elle ne voulait pas se souvenir de lui. Jamais. Il n’empêche qu’elle ne put s’empêcher d’éprouver une certaine appréhension en passant près des deux corps encadrant l’entrée de sa suite. D’autres morts. Encore. C’était à se demander si la mort ne la suivait pas de près. Où qu’elle aille, la mort semblait ne pas être loin. D’abord sur Belan où elle avait perdu ses parents lors de l’attaque des esclavagistes. Puis ici sur Khar’Shan durant les nombreuses années de servitude qu’elle avait passées au service de Bartak. Puis Oméga et la mort de son protecteur et ami : Dalyn. L’Asari dont Gorbak avait arraché la tête face au refus d’Ashaa de se présenter à lui peu de temps après son retour chez le maître. Et maintenant ça. Elle ne pleurait pas la mort des deux gardes. Ils n’avaient eu que ce qu’ils méritaient ; que ce soit pour s’être mis au service de Gorbak de leur plein gré ou même pour avoir usé de leur ascendance sur elle et les autres courtisanes de la maison pour prendre du bon temps. Ce qui la dérangeait surtout, ce fut la pensée suivante : était-elle un ange de la mort ?

Une question parfaitement légitime selon elle. Elle avait laissé tant de cadavres dans son sillage depuis que sa vie avait basculé et qu’elle avait dû faire un trait sur son innocence à seule fin de survivre aux dures règles de ce monde hostile et violent... Des dizaines et des dizaines de pauvres innocents avaient pâti des conséquences des choix qu’elle avait été forcée de faire à seule fin de ne pas subir le même sort qu’eux. Comment pouvait-on encore se regarder dans le miroir après avoir détruit autant de vies ? La vie n’était-elle pas supposée être quelque chose de précieux ? Et pourtant… elle avait condamné des dizaines de personnes à s’en voir privées. Elle était la cause de tout ceci. La source de tout.

Et soudain, Ashaa s’immobilisa. Son compagnon se rendit compte qu’elle avait arrêté de suivre quand il eut parcouru encore quelques mètres. La jeune femme ne croisa pas son regard quand il se retourna vers elle en la questionnant du regard et en la pressant de se remettre en route. Elle venait d’avoir une illumination. Ces morts… tous ces cadavres inanimés qui ne cessaient de s’empiler derrière elle depuis toutes ces années… ce n’était pas sa faute. Ce n’était pas elle qui avait le sang de tous ces innocents sur les mains. C’étaient Bartak et de son fils. Ashaa n’avait tué personne. C’est la cruauté et la malveillance de Gorbak et de son père qui en étaient la cause. C’est eux qui avaient condamné tous ces gens à mort afin de consolider leur ascendance sur elle. C’était leur faute à eux et non la sienne.

Ashaa entendit la voix de son sauveur lui parvenir de loin. Il semblait insister pour qu’elle ne reste pas plantée là au milieu du couloir désert. Il voulait qu’elle se remette en chemin. Mais elle secoua la tête et souffla d’une petite voix à peine audible :

— Non. (Elle secoua de nouveau la tête et reprit plus fort.) Non. Je ne peux pas partir ; pas comme ça.

Ashaa secouait toujours la tête. Tout devenait clair dans son esprit à présent. Elle ne pouvait supporter la vue de tous ces morts. C’était trop pour elle. Et elle savait que ce n’était pas en fuyant avec le Drell que les choses s’arrêteraient là. Gorbak n’aurait pas de cesse de la poursuivre tant qu’il n’aurait pas de nouveau mis la main sur elle. Il n’accepterait jamais de lui rendre sa liberté, peu importe le prix qu’elle aurait été prête à mettre. Ce n’était pas tant une question d’argent ; c’était avant tout une question de fierté et d’amour-propre. Elle était sa propriété. Elle lui appartenait. Gorbak refuserait de l’abandonner tant qu’il vivrait. Si elle voulait mettre un terme à cette traque et faire en sorte que personne d’autre n’ait à mourir à cause d’elle, elle devait tout d’abord mettre un terme à l’existence de Gorbak.

Alors qu’Ashaa était sur le point de faire part à son compagnon de sa troublante révélation, elle perçut à l’autre bout du corridor un cri d’alerte. Deux gardes venaient d’apparaître au bout du couloir et l’un d’eux désigna la jeune femme et l’homme à ses côtés.

— Mais ce ne serait pas la Favorite de maître Gorbak ? demanda-t-il. Et lui ? C’est qui, lui ?
— Un intrus ! hurla le second garde en brandissant son arme. Préviens la sécurité. Magne !!!

Ashaa retint un hoquet de frayeur en voyant le plus petit des deux gardes tourner les talons et prendre la fuite. L’alarme allait être donnée sous peu. Ils étaient perdus. Cela avait été trop beau pour être vrai. Gorbak allait remettre la main sur elle. Il allait lui faire payer sa tentative d’évasion et le Drell qui avait mis une nouvelle fois sa vie en danger pour elle allait en payer le prix.

*Non. Hors de question que quelqu’un d’autre souffre à cause de moi. Plus jamais.*

Ashaa ne perdit pas une seconde à réfléchir avant de passer à l’action. Elle ignora tout simplement la menace de l’arme braquée dans sa direction. Elle savait que personne ne lui tirerait dessus. Elle était la Favorite du maître après tout. Personne ne prendrait le risque de la blesser sous peine de s’attirer la colère de Gorbak. Elle courut donc vers le garde armé et lui passa sous le nez quand celui-ci lui lança :

— Où est-ce que tu vas ? Reviens tout de suite !

Probablement les derniers mots qu’il prononça avant que son corps ne tombe au sol. C’était le prix à payer pour avoir quitté des yeux un tueur professionnel au sommet de son art. Mais Ashaa n’en avait que faire. Elle ne poursuivait pas le second garde pour l’empêcher de donner l’alerte. Elle le poursuivait parce qu’il se dirigeait dans la bonne direction : vers sa cible. L’homme qu’elle voulait abattre…
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MessageSujet: Re: [16+] La Favorite du maître   [16+] La Favorite du maître Icon_minitimeMer 15 Avr 2015, 00:42

    Palais de Gorbak


    L’hésitation dont avait fait preuve Ashaa lorsque Krelek lui avait tendu la main pour l’aider à se relever avait été plus que prononcée. Elle avait même été effrayée pendant un certain instant, face à cet homme qu’elle ne connaissait pas et qui venait de massacrer un Butarien devant elle, pendant qu’un autre se vidait de son sang un peu plus loin. Mais comment pouvait-il lui en vouloir alors qu’il l’avait lui-même séquestrée pendant deux jours sans aucune explication ? Comment lui en vouloir lorsqu’elle avait vécu une vie de servitude et avait été abusée à répétition par la gente masculine ? Elle était terrorisée par les mâles, ne leur accordait aucune confiance et c’était plus que compréhensible. Elle ne pouvait se laisser aller à suivre un inconnu qui l’avait injustement enfermée deux mois plus tôt sans se poser un minimum de questions, elle ne pouvait se jeter dans les bras du premier venu avec un semblant de bonnes intentions ; on lui avait probablement déjà joué le tour de la fausse gentillesse, on lui avait très probablement déjà tendu la main, pendant que l’autre cachait un poignard. Elle était une personne brisée, perdue et abusée comme cela n’était plus admissible nulle part. Au fond, Krelek avait pitié d’elle, il n’y avait aucun individu dans cette Galaxie qui méritait ce traitement. Aucun. S’il y en avait qui méritait une mort atroce et longue, personne ne méritait de se faire arracher sa dignité de cette manière, et se faire violer à répétition, pendant des années et des années, le tout dans le seul but d’assouvir les instincts primitifs de quelques hommes insatisfaits. Qu’importe les crimes d’autrui, rien ne justifiait ce que Gorbak faisait subir à ses esclaves, même lui, à qui le Drell aurait volontiers arraché les yeux pour les lui faire manger. Comment l’Hégémonie pouvait-elle encore tolérer une telle insulte à la vie ? A moins qu’elle ne fût pas au courant ? Krelek en doutait, car avec des personnalités comme celle qui avait été jusqu’à ce jour le maître d’Ashaa, il était sans doute de bonne courtoisie de simplement fermer les yeux. Le privilège d’avoir un illustre nom octroyait parfois le droit de profiter de certaines faveurs défiant la morale.

    Mais Ashaa avait finalement saisi la main que lui tendait l’homme qui avait tenté de lui offrir une seconde chance, la même qui l’avait plaquée contre un mur deux mois plus tôt et l’avait faite enfermée dans une cellule sombre et froide. Il s’agissait d’une main en quête de pardon et de rédemption, un main qui souhaitait aider, et non punir. Une main qui souhaitait libérer, et non enfermer. Très vite, la femme se retrouva sur ses pieds et fut débarrassée de ses entraves, avant de se mettre en quête d’une sortie, bien qu’elle ne fût toujours pas rassurée à la présence de son prétendu sauveur. Une fois dans le couloir, les deux Drells se mirent en route, et ce jusqu’à ce qu’ils tombassent sur un groupe de deux gardes. Krelek jura : ce n’était pas le moment de se faire repérer ! Mais il s’y était attendu ; s’il pouvait être invisible, il ne pouvait l’être pour deux. Inévitablement, il avait prévu d’être compromis à un moment ou un autre, une fois la femme avec lui. Il aurait simplement préféré que cela arrivât plus tard. Ils avaient à peine quitté la chambre où Ashaa avait failli se faire violer qu’ils tombaient déjà sur un obstacle délicat à franchir. Mais ce n’était pas le pire, loin de là, car des complications peu enviables s’en suivirent. En effet, un des deux gardes se mit en fuite pour avertir le reste de la garnison de l’intrusion, pendant que l’autre avait mis en joug les deux énergumènes, les empêchant de s’enfuir ou d’entreprendre quelque tour de passe-passe que ce fût. Mais Krelek ne fut pas au bout de ses peines, car Ashaa, contre toute attente, se mis à la poursuite du fuyard, ayant de toute manière une idée précise en tête. Cependant, son action offrit une opportunité à l’assassin de se débarrasser de l’embêtant Butarien, dont l’attention avait été détournée par la femme, qu’il ne pouvait abattre pour quelques raisons obscures. Se jetant sur le malheureux soldat, le mâle lui tourna la tête à 180°, le tuant silencieusement et d’un coup, avant de se mettre à la poursuite de la Drell.

    - Par les dieux, Ashaa, attendez ! s’exclama Krelek, du plus fort qu’il pût sans alerter tout l’étage.

    Mais c’était peine perdue, la femme ne l’écoutait pas, ou ne l’entendait pas. Elle manquait de discipline, elle était impulsive et ne prenait pas le temps de réfléchir. L’assassin ne savait pas ce qu’elle avait l’intention de faire, hormis stopper le garde en fuite, mais il savait qu’il n’était pas question de simplement empêcher l’alerte d’être sonnée, elle avait quelque chose en tête, une idée terrible qu’il se devait de l’empêcher de mettre en œuvre. Il n’était pas temps de se lancer dans des quêtes de vengeance personnelle, si tel était son plan. Quand bien même Gorbak méritait de mourir un millier de fois pour ses actions, il fallait que les deux Drell disparaissent du palais, quittent Khar’Shan. Ils n’avaient pas le luxe du temps, ni la possibilité de mettre fin à la vie d’une personne entourée par une foule conséquente et une armée de gardes. C’était de la bêtise, une entreprise vouée à l’échec et qui leur couterait la vie aux deux.

    Le Butarien apparut en ligne de mire et Krelek n’attendit pas plus longtemps. Dégainant son Carnifex doté d’un silencieux, il tira dans la nuque de sa victime, qui s’effondra au sol dans un bruit sourd, atténué par la moquette couvrant le sol. Ashaa s’arrêta d’un coup, regarda le corps inerte, puis se retourna vers son camarade d’infortune, avant de se remettre à courir. L’assassin jura et piqua un sprint pour empêcher la jeune femme d’aller plus loin. Il n’eut aucune difficulté à la rattraper, autant par ses capacités physiques grandement supérieures à celle de sa congénère, mais également à cause de l’accoutrement de celle-ci, qui l’entravait dans sa course plus qu’autre chose. Les robes n’étaient pas réputées pour être un bon habit de sport. La saisissant au bras, il l’arrêta dans son élan et la força à le regarder. Pendant une seconde, il vit la peur s’installer à nouveau sur le visage de la Drell, qui devait très probablement se souvenir des événements d’il y a deux mois. Mais elle se ravisa apparemment rapidement et se fut la colère qui vint remplacer sa crainte. Avant qu’elle ne dît quoi que ce fût, Krelek prit la parole :

    - Il est inutile et inconscient de se mettre à la poursuite de Gorbak, vous ne l’approcherez jamais et vous causerez notre mort. Il n’est pas temps de se lancer dans une futile quête de vengeance, mais de s’éloigner le plus possible de ce palais et de ses habitants. Gorbak mourra, mais pas aujourd’hui. Vivez pour combattre un autre jour, plutôt que mourir et ne rien accomplir, si ce n’est causer la mort de plus d’innocents. A moins que ce ne fût votre but depuis le début, auquel cas j’aurais perdu mon temps.

    Ashaa se dégagea de l’emprise de Krelek et lui répondit avec irritation :

    - Je n'ai pas le choix. Vous ne le connaissez pas comme moi je le connais. Il ne s'arrêtera pas là. Il n'aura de cesse de me poursuivre jusqu'à ce qu'il parvienne à remettre la main sur moi. Et je sais qu'il y arrivera... encore. Ce ne sera qu'une question de temps. Et cela coûtera la vie à d'autres personnes innocentes qui auront eu le malheur de simplement croiser ma route. C'est maintenant ou jamais que je peux mettre un terme à tout cela. Il le faut.

    Le Drell n’en croyait pas ses oreilles. Son interlocutrice était bornée et décidée. De toute évidence, rien ne lui ferait entendre raison. Sa décision était prise, qu’importassent les conséquences qui en découleraient. C’était stupide, Krelek ne se le cachait pas. Mais allait-il laisser Ashaa se lancer dans sa quête comme ça ? Après tout, il lui avait rendu sa liberté, si ses intentions étaient de la gâcher et se faire tuer bêtement, c’était son droit. Mais il aurait perdu son temps et risqué sa vie pour rien, et cela, il ne pouvait le tolérer. Il soupira et répondit à la jeune femme :

    - Et comment comptez-vous vraiment vous y prendre ? Vous traversez la foule du bal et le tuez. Et ensuite quoi ? Vous vous faites massacrer par les gardes et ils s’arracheront les esclaves, voulant s’en approprier le plus possible. Leur sort ne changera pas, ou bien il ne fera qu’empirer, par votre faute, vous qui voulez sauvez les innocents. Gorbak peut bien vous poursuivre et vous retrouver, je possède une armée privée qui se fera une joie de l’écraser comme un insecte. Il ne pourra jamais mettre la main sur vous.

    Krelek attendit une réponse, mais elle ne vint pas. Ashaa le fixait droit dans les yeux, toujours en colère, toujours décidée. Elle ne fuyait pas, elle savait que c’était peine perdue, mais elle campait sur sa position. L’assassin allait soit devoir la laisser faire, ou l’assommer et l’emmener avec lui, chose qu’il valait mieux éviter. Elle était têtue, borné à mettre fin à la vie de l’homme qui lui avait fait vivre un enfer, tellement soucieuse du sort qu’il pouvait réserver à des femmes qu’elle ne connaissait même pas qu’il était tout simplement peine perdue de tenter de lui faire entendre raison. Le Drell soupira une nouvelle fois, un sacré numéro que cette femelle, il ne l’aurait pas soupçonnée d’être si décidée. Elle était prête à se mettre en danger, elle et lui, pour alléger sa conscience. C’était égoïste, mais personne n’était exempt de défauts.

    - Allons donc le tuer, déclara-t-il, las. Mais si vous voulez sortir d’ici vivante, il vous faudra faire ce que je vous dis de faire. Vous me comprenez ? Pas de conneries, suivez mes directives.




Ashaa Jakari

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MessageSujet: Re: [16+] La Favorite du maître   [16+] La Favorite du maître Icon_minitimeSam 18 Avr 2015, 18:25
Et c’est exactement ce qu’elle fit. Elle n’aurait su dire pourquoi exactement, mais elle sut qu’elle avait tout intérêt à suivre les directives de son sauveur à la lettre. Il dégageait une certaine assurance et elle était à présent sûre et certaine que ce n’était pas là un hasard. Le Drell en costume hors de prix qu’elle avait rencontré sur Illium n’avait désormais plus rien à voir avec celui qu’elle avait sous les yeux. Ashaa savait que l’homme qui lui faisait face était le Drell qui sommeillait au fond de lui-même. C’était celui-là même qu’elle avait entraperçu dans la ruelle lorsqu’il avait exigé d’elle qu’elle révèle si elle avait été envoyée pour le tuer et si oui, par qui. Elle ne doutait plus à présent que les beaux apparats n’étaient qu’un voile, une couverture servant à dissimuler le tueur qui sommeillait en lui. Elle avait suffisamment côtoyé la haute bourgeoisie de Khar’Shan pour en avoir la certitude à présent. Son mystérieux sauveur avait deux visages. Celui qu’il réservait à la société et celui qu’il arborait à présent devant elle. Cet homme était un assassin. Mais elle n’avait plus peur désormais. Et pour cause : il allait l’aider à tuer Gorbak.

Ashaa éprouvait même du soulagement. Dans le fond, son sauveur avait dit vrai : comment au juste s’y serait-elle prise pour atteindre Gorbak ? Quand bien même elle n’aurait rencontré aucune difficulté à rejoindre la salle de réception et s’approcher de Gorbak, tôt ou tard un détail presque anodin aurait su retenir l’attention du maître et le mettre sur la défensive : sa Favorite ne portait plus ses chaînes. Elle en avait été soulagée par son mystérieux sauveur et c’est un détail qui ne serait jamais passé inaperçu aux yeux de Gorbak. Jamais ! Et avant même qu’elle ait pu arriver à sa hauteur pour lui porter le coup de grâce, le maître l’aurait faite maîtriser par ses gardes et elle aurait fini la nuit dans le donjon à subir elle ne savait que trop bien maintenant quel genre de sévices en vue de lui faire regretter son audace.

C’est pourquoi Ashaa se tenait debout au pied de son lit, les yeux fixés sur la porte de sa chambre. Les bruits de pas de l’autre côté du battant avait attiré son attention et lorsque la porte s’ouvrit, elle baissa la tête en signe de soumission tandis que Gorbak pénétrait dans la chambre. Le Butarien s’immobilisa à l’entrée en rivant sur la jeune femme un regard suspect. Il avait d’abord laissé son regard balayer la pièce sans rien remarquer de vraiment dérangeant. Les corps de Gravak et des trois gardes butariens avaient disparu. Les traces de sang avaient été camouflées autant que faire se peut et une envoutante senteur florale planait dans l’air pour dissimuler la puanteur métallique de l’hémoglobine. L’assassin et Ashaa avaient fait de leur mieux pour couvrir leurs traces afin que Gorbak se laisse prendre au piège. Le fait est cependant que si le maître ne tint pas compte du lit défait et des draps répandus sur le sol, ses yeux se rivèrent presque aussitôt sur sa Favorite pour la fusiller du regard.

Ashaa connaissait à présent suffisamment bien Gorbak pour lire de la colère dans ses yeux fulminants. Elle avait osé le convoquer lui dans ses quartiers. Elle avait osé ordonner au maître de venir à elle. Elle avait de loin outrepassé ses prérogatives. Elle ne vivait que pour le satisfaire lui. Sa seule raison d’être était d’être à son service et de répondre à n’importe lequel de ses petits caprices à lui ! Elle n’avait pas son mot à dire. Elle n’avait aucun ordre à donner et elle devait se contenter de les recevoir sans jamais lui témoigner son mécontentement. C’était la règle. Une règle qu’elle avait enfreinte…

— Pour qui est-ce que tu te prends exactement ? lui demanda-t-il en refermant la porte derrière lui. Je ne suis pas à ta disposition. En aucun cas tu n’as le droit de me convoquer ici. (Il balaya de nouveau la pièce du regard.) Et où est Gravak ?

Ashaa demeura silencieuse un instant. Elle avait accepté de suivre les directives de l’assassin drell à la lettre ; mais à présent qu’elle se tenait seule devant Gorbak, elle sentait sa détermination s’effriter et menacer de dévoiler le piège qui était en train de se refermer sur l’esclavagiste. Dans le fond, Gorbak la terrorisait et c’est un avantage dont il avait toujours su tirer parti. Mais c’était là sa seule chance de débarrasser la galaxie de cette sale vermine. Elle se devait de prendre sur elle et de faire en sorte que le plan ne tombe pas à l’eau. Une opportunité pareille ne se représenterait sûrement jamais. Tout ce qu’elle avait à faire, c’était attendre le bon moment pour frapper et abattre le monstre qui hantait ses cauchemars. Elle ne pourrait pas s’y reprendre à deux fois. Elle n’aurait qu’une tentative…

— Il s’est retiré voilà peu, une fois son affaire… terminée, répondit-elle en gardant les yeux baissés. Il est probablement retourné dans le grand hall pour profiter des festivités.
— Hum… (Gorbak n’en était pas convaincu.) Pourquoi ne l’ai-je pas croisé dans le couloir dans ce cas ? (Il avait décidément un don pour sentir quand quelque chose n’allait pas.) Réponds-moi…

Ashaa garda le silence. Elle sentait ses muscles tendus à l’extrême sous le coup de l’appréhension. La voix menaçante de Gorbak faisait courir sur son échine un frisson d’angoisse. Il se doutait de quelque chose. Il voyait clair dans son jeu. Elle se sentait soudain dépourvue de toutes ses facultés de réflexion. Mentir était pourtant une seconde nature chez elle. C’est une nécessité à laquelle elle avait été contrainte de se plier afin de survivre au jeu sanglant ayant cours dans les coulisses du pouvoir sur Khar’Shan. Elle avait très vite dévoilé un don tout naturel pour cela. Et pourtant… face à Gorbak, elle perdait tous ses moyens. La faute à ces flashs douloureux la replaçant dans le donjon du maître tandis que ce dernier faisait pleuvoir sur son corps frêle et torturé une douloureuse série de coups de fouet. Ashaa en portait encore les cicatrices sur son dos. La douleur avait été à la limite du supportable ce jour-là…

— Le maître t’a posé une question, souffla Gorbak en approchant de sa Favorite. (Quand il fut enfin à sa portée, il attrapa le menton de la Drell et la força à lever les yeux vers lui.) Réponds-moi…

Au moment où Ashaa s’apprêtait à formuler une réponse, des bruits sourds se firent entendre depuis le couloir où Gorbak avait laissé ses gardes du corps en faction. Perplexe, le Butarien détourna les yeux d’Ashaa pour les poser sur la porte. Sans doute était-il en train de se demander ce qui se passait là-bas. Mais avant que lui-même ait pu ouvrir la bouche pour aboyer ses ordres à ses hommes, sa Favorite se libéra des chaînes qu’elle avait repassées autour de ses poignets pour donner le change et elle tira une lame de sa manche : le poignard que son compagnon drell lui avait confié avant de prendre position à l’extérieur de la chambre. Et profitant justement que Gorbak lui tournait le dos, Ashaa leva le bras et se jeta sur son tortionnaire. Mais le Butarien sentit le coup venir et il se recula au dernier moment. La Drell ne parvint pas à lui enfoncer la pointe de la lame dans la gorge. Elle ne put que dessiner une belle balafre sur la joue du maître en manquant de peu de le priver d’un œil au passage. Mais c’est tout. Le Butarien poussa un cri de douleur mêlé de rage et lorsqu’Ashaa tenta une autre attaque, il se montra bien plus réactif et attrapa le poignet de la jeune femme au vol. Ce fut au tour de la Drell de lâcher un petit cri quand le maître lui tordit le poignet et la contraignit à lâcher son arme. Et du revers de la main, il lui offrit une correction exemplaire qui la fit tomber à terre, sonnée.

— Espèce de sale traînée ! vociféra Gorbak en portant la main à sa blessure. Pour qui est-ce que tu te prends à lever la main sur moi ? Tu vas me le payer et crois-moi… tu y réfléchiras à deux fois avant de recommencer ça. (Ses yeux brillaient de rage et un rictus menaçant étiraient ses lèvres.)

Ashaa mit du temps à recouvrer ses esprits. Sa lèvre avait éclaté sous la force du coup reçu au visage. Elle saignait. Et c’est justement le goût du sang qui lui fit recouvrer ses esprits. Elle n’avait jamais aimé sentir ce goût sur sa langue. Cela ne faisait que remonter à la surface des souvenirs qu’elle préférait de loin oublier à tout jamais. Et avisant alors que Gorbak se rapprochait lentement d’elle, Ashaa tenta en vain de reculer pour maintenir une certaine distance entre elle et le maître. Elle n’avait pas besoin de plus que le regard furieux du Butarien posé sur elle pour deviner ce qu’il avait l’intention de lui faire. Il était à ce point enragé que peut-être son vœu allait-il enfin se réaliser : Gorbak était-il prêt à la tuer ?

Gorbak était sur le point de se pencher sur elle quand la porte de la chambre vola une nouvelle fois en éclats tandis que l’assassin drell faisait de nouveau irruption dans la pièce. Il suffit d’un regard pour se faire une idée de ce qui s’était passé à l’extérieur : les bruits sourds perçus précédemment avaient été des bruits de lutte ; et le Drell avait remporté les deux duels haut la main, comme en témoignait cette lame dégoulinante de sang dans sa main. C’était à présent au tour de Gorbak… mais le Butarien n’était pas décidé à se laisser tuer sans vendre d’abord chèrement sa peau.

— Attention ! s’écria Ashaa en voyant le maître tirer une arme dissimulée dans son dos.

Gorbak ouvrit le feu sur l’assassin drell qui fut forcé de battre en retraite pour éviter la salve mortelle. Ashaa chercha des yeux le couteau avec lequel elle aurait dû ôter la vie à ce sale chien quand l’occasion s’était présentée à elle. Elle le repéra à seulement quelques centimètres de là. Mais le temps qu’elle s’en empare et se retourne vers Gorbak, ce dernier disparaissait à l’autre bout de la pièce derrière un pan de mur qui se referma en silence derrière lui. Ashaa jura en serrant les dents.

Le temps qu’elle recouvre pleinement ses esprits et se remette debout, son mystérieux sauveur était à ses côtés et lui demandait si elle allait bien. Ashaa ne prit pas la peine de répondre à sa question. Elle se précipita sur les traces de Gorbak et vint tambouriner le pan de mur derrière lequel il avait disparu avant qu’elle ait pu lui planter son couteau dans le gorge. Elle enrageait d’avoir manqué une occasion pareille. Quand l’assassin drell lui demanda où était le Butarien, elle lui répondit :

— Il s’est enfui par là. (Elle donna un nouveau coup sur le mur.) Il y a un passage secret dont je n’avais pas connaissance. (Elle tapa contre le battant qui refusa de s’ouvrir. Il était verrouillé de l’autre côté.) Et dire que je le tenais. Il était juste là ! (Elle marqua une pause.) Il devrait être mort ! J’ai échoué…

Elle avait suivi les directives de l’assassin à la lettre… à ceci prêt qu’il avait été convenu que ce serait lui qui tuerait le Butarien. Ashaa avait frappé trop tôt et le maître en avait profité pour disparaître…

Ashaa donna un nouveau coup dans le mur sans tenir compte des bruits de pas qui se firent entendre dans le couloir malgré les tapis pour en étouffer le son. Le pistolet de Gorbak n’avait pas de silencieux, lui. Les tirs avaient mis en alerte tous les gardes aussi sûrement qu’un message transmis par radio. Ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’ils ne fassent irruption dans la chambre de la Favorite. Et pourtant… Ashaa n’esquissa aucun mouvement pour prendre la fuite.
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MessageSujet: Re: [16+] La Favorite du maître   [16+] La Favorite du maître Icon_minitimeLun 27 Avr 2015, 21:13


    Krelek avait pris la Drell à l’écart, s’abritant dans une des innombrables pièces du manoir, après avoir caché les cadavres des gardes assassinés. Etant donné qu’ils allaient rester plus longtemps que prévu sur les lieux, il était impératif de retenir le plus longtemps possible le moment où l’alerte serait donnée à travers toute la garde personnelle de Gorbak. S’ils voulaient une chance de l’assassiner, il fallait que la voie restât libre, il fallait qu’il n’y ait aucun obstacle qui se mît entre eux et leur cible. Et pour cela, il fallait que personne ne se doutât de ce qui était en train de se dérouler entre les murs de la forteresse.
    Les deux compagnons de fortune avaient donc pris le temps d’effacer grossièrement les traces de leur passage et du trépas des victimes qu’ils avaient laissées sur leur chemin. La tâche n’avait pas été des plus aisées, car la peur de se faire surprendre en plein dans l’acte flottait dans l’air. La tension était palpable, mais les deux complices étaient restés concentrés sur ce qu’ils faisaient. Il le fallait bien, s’ils désiraient avoir une chance d’abattre l’infâme esclavagiste Butarien. Ils n’allaient avoir qu’une seule et unique occasion de le faire, il était impératif de mettre toutes les chances de leur côté. Il n’y avait pas de place pour le doute, il n’y avait pas de place pour le hasard. Lors d’un meurtre, il fallait que tout soit organisé à la perfection, que tout soit calculé. Si tel n’était pas le cas, il n’y avait que la mort qui attendrait l’assaillant, et non pas la victoire.

    Krelek n’aimait pas perdre du temps à effectuer ces – c’était ce qu’il en pensait – broutilles. Selon lui, Ashaa et lui se devaient de déguerpir au plus vite. Mais la jeune femme s’était montrée si têtue et si décidée qu’il n’avait pu que céder face à ses caprices. Car c’était bien de cela dont il s’agissait, à ses yeux. Des caprices. Il pouvait comprendre son profond désir de mettre fin à la vie d’une personne qui l’avait trainée dans la boue toute sa vie, l’avait maltraitée et lui avait arraché sa liberté, mais il estimait qu’il était tout sauf le moment de se laisser aller à quelque désir de vengeance qui hantait la demoiselle. Si ses intentions étaient empreintes de bonnes intentions et compréhensibles, elles n’en étaient pas moins déplacées. Il y aurait un prix à payer pour ces divergences, Krelek le savait, et il redoutait le moment où il allait falloir faire face aux conséquences des choix de la Drell. Malheureusement, il n’y avait plus de retour possible. Leur entreprise était lancée, ils allaient devoir aller jusqu’à son terme. L’ex-assassin pouvait toujours se détourner et fuir, mais il allait devoir abandonner Ashaa, car cette dernière avait définitivement pris sa décision. Or, son honneur lui dictait de rester avec elle, ne serait-ce pour ne pas avoir mis sa vie en danger pour rien.

    Dans la pièce, qui se trouvait être un fourre-tout, Krelek avait pris le temps d’expliquer son plan à sa partenaire. Il lui détailla chaque étapes, chaque geste qu’elle allait devoir faire. Elle n’avait jamais tué par le passé, n’avait jamais suivi d’autre apprentissage que celui de la passion de la chair, c’était donc à lui de lui dicter ce qu’elle avait à faire. Il la mit en garde de s’en tenir à ses directives à la lettre, si elle tenait à la vie. Elle allait devoir faire preuve d’un énorme contrôle de soi et d’une concentration sans faille. Il lui fallait agir naturellement, comme elle le ferait en toute autre situation, afin de ne pas éveiller la curiosité de Gorbak. Il ne lui fallait faire aucun faux-pas, car cela lui coûterait indubitablement la vie. Elle allait devoir entièrement faire confiance au Drell en armure, et cela n’allait pas être évident, il le savait. Il était bien conscient qu’elle se méfiait encore de lui, mais il ne pouvait rien faire pour empêcher cela. Il espérait simplement que la jeune femme saurait faire fi de ses craintes pour rester concentrée sur son objectif.
    Il lui intima également de ne rien tenter qui ne fût pas prévu. Krelek tenait à personnellement arracher la vie au Butarien. Il n’avait pas de réelles raisons pour cela, et Ashaa en avait de nombreuses. Seulement, il savait à quel point il était difficile de mettre fin à la vie d’une personne, lorsque l’on avait jamais tué. C’était un cap que peu arrivaient à franchir et qui changeait de manière irréversible ses sujets. Ce n’était pas un acte à prendre à la légère, car personne n’en ressortait indemne. Lorsque l’on tue, une part de notre âme se brise et s’évapore en même temps que la vie que l’on a brisée. Ashaa était une innocente, qui n’avait jamais eu de chance dans sa vie, qui avait vécu depuis toujours dans la misère. Il n’était pas nécessaire de déchirer un peu plus encore son esprit, qui était déjà suffisamment tordu et amoché par ses années de servitude.

    - Laissez-moi être la lame de votre couteau, laissez-moi l’achever, pour que vous n’ayez jamais besoin de vivre avec ce fardeau le restant de vos jours ; vous avez suffisamment de plaies à guérir pour vous en infliger une autre, lui avait-il dit.

    Ashaa n’avait pas accepté immédiatement ; elle avait argumenté, prétendu que c’était sa tâche à accomplir, et elle avait sans doute raison. Mais Krelek s’était montré impassible et elle s’était finalement résignée, acceptant l’ultimatum de son sauveur. Elle savait qu’elle avait meilleur temps de laisser un professionnel se charger de cette besogne, car elle n’était pas certaine de pouvoir réussir à le faire elle-même. Le Drell en avait été satisfait et il avait continué à expliquer son plan, afin que la jeune femme sût exactement quoi faire.

    Krelek s’était caché dans une pièce adjacente à celle où Ashaa allait devoir emmener Gorbak. Dès le moment où les deux complices s’étaient séparés, il était resté là, sans bouger, l’oreille tendue afin de savoir quand intervenir. Il ne savait pas combien de temps la jeune femme mettrait pour amener leur cible à destination, alors il ne se donna aucun compte-à-rebours. Il lui fallait simplement attendre, comme cela lui était arrivé si souvent, du temps où il était encore un assassin. Aujourd’hui, il ne se chargeait normalement plus de ce genre de mission ; il possédait ses propres assassins. Mais la situation présente était exceptionnelle. C’était lui-même qui s’était lancé dans cette aventure, car il estimait qu’il lui incombait d’arracher la Drell aux griffes du terrible Butarien. C’était un risque énorme qu’il prenait, et il en assumerait les conséquences s’il venait à ne pas s’en sortir. Le Réseau du Courtier de l’Ombre se portait bien mieux depuis quelques temps que lors de la sombre époque où il avait failli être anéanti. Sa mort – si tant est qu’il mourût – n’aurait pas de conséquences drastiques ; Kole prendrait le relai.

    Les minutes défilèrent, et rien ne se passa. Il n’y eut pas un bruit, rien qui n’indiqua l’arrivée d’Ashaa et de Gorbak. S’était-elle fait prendre ? Sa couverture s’était-elle fait percer à jour ? Avait-on remarqué que ses chaînes étaient en réalité défaites ? Krelek commençait à redouter le pire. Que devait-il faire, si la Drell s’était fait capturer ? Devait-il fuir, ou de nouveau tenter de la sauver ? Non, cette dernière option n’était pas envisageable ; si elle était effectivement tombée aux mains des Butariens, ceux-ci avaient alors découvert la mascarade et savaient dès à présent qu’il y avait un intrus dans le manoir. Si tel était le cas, alors la sécurité devait en être doublée autours de Gorbak et Ashaa, les rendant inatteignables, pendant que le reste de la sécurité traquait l’indésirable assassin. Il ne pouvait rester en ces lieux, aussi regrettable cela était-il.

    Mais, soudain, Krelek entendit une voix de Butarien s’élevant du couloir, accompagné de plusieurs bruits de pas. Un groupe approchait. Était-ce Gorbak, ou des hommes envoyés trouver le Drell ? Il ne pouvait savoir. Dans le doute, il prépara sa lame et son Carnifex. Il était prêt à riposter s’il l’on venait à l’attaquer. Il se rendit alors compte que ce n’était pas utile. En effet, il entendit une voix féminine raisonner dans la pièce d’à côté, étouffée par les murs et la rendant impossible à déchiffrer. Mais ce fut suffisant à Krelek pour reconnaître le timbre d’Ashaa. Elle ne s’était donc pas faite repérée et bernait toujours son maître, qui était à présent dans la gueule du loup, vulnérable à l’assaut mortel qui se préparait dans l’ombre !
    Le Drell s’approcha donc de la porte et activa son camouflage optique, afin de lancer l’attaque sournoise. Il y avait trois gardes à l’entrée de la chambre, tous trois attentifs et aux aguets. Il s’approcha du plus proche discrètement et, une fois à portée, d’un coup sec et violent, décapita sa victime avec son sabre. Grâce à l’élan de son mouvement, il attrapa son second Carnifex et, pendant que le corps inerte du garde s’effondrait à terre, brandit ses armes et fit feu sur les deux autres Butariens. Les deux soldats n’eurent pas le temps de réagir et moururent interloqués par la vue de leur compagnon s’effondrant sans sa tête.
    Cela fait, Krelek défonça la porte et entra dans la pièce, pour tomber sur Gorbak, hurlant de rage et de douleur, maîtrisant la pauvre victime. A son entrée, l’esclavagiste se retourna d’un coup et dégaina un pistolet qu’il cachait derrière sa veste et ouvrit le feu. Le lâche était armé même chez lui, il ne faisait donc confiance à personne. Les tirs forcèrent le Drell à se mettre à couvert, et il jura. Le son des détonations avaient bien évidemment mis en alerte tout le palais ! C’était définitivement le summum de l’excellence, niveau infiltration !
    Krelek sortit de son couvert et constata que Gorbak avait disparu. Il jura de plus belle : il lui avait échappé, et maintenant, toute sa garde était au courant de sa présence !

    - Il s’est enfui par-là ! s’exclama-t-elle en frappant le mur où le Butarien avait vraisemblablement disparu. Il y a un passage secret dont je n’avais pas connaissance. Et dire que je le tenais. Il était juste là ! Il devrait être mort ! J’ai échoué…

    Ashaa était sujette à une colère mêlée au désespoir, celle que l’on ressentait lorsque quelque chose que l’on avait préparé et attendu pendant une longue période échouait. C’était cette même fureur désespérée qu’avait ressenti Krelek lorsque Delka avait péri. Mais il n’était plus temps de laisser aller à ce genre de sentiment, il fallait fuir impérativement. Krelek attrapa donc la jeune femme par le bras et la tira avec lui.

    - Il faut s’en aller immédiatement ! s’exclama-t-il. Nous avons perdu notre chance, n’en perdons pas la vie !

    Des bruits de pas se faisaient entendre dans le couloir ; il était suicidaire d’y retourner, il fallait improviser. Krelek repéra la fenêtre placée à l’autre bout de la chambre et s’y dirigea. Il voulut tirer dessus, mais se rendit compte qu’elle était sûrement blindée, au vu de la paranoïa de Gorbak. Il arriva donc à la poignée et la tira afin d’ouvrir les battants. Là, il tira sa corde utilitaire et l’envoya en direction du sol, plusieurs mètres en dessous. Il se retourna vers Ashaa et lui intima de le suivre. Toute la garde se dirigeait vers leur position, et les soldats postés à l’extérieur se précipitaient à l’intérieur pour venir soutenir leurs camarades. Il fallait en profiter.
    Krelek attrapa la Drell par la taille et sauta dans le vide, se retenant à la corde pour ralentir la chute. Grâce à son gant, il ne s’arracha pas les écailles de la main et atterrit lourdement au sol, s’effondrant à terre, tenant toujours la jeune femme. Il se releva rapidement et remit sur ses pieds sa collègue d’infortune, avant de se remettre à courir, sans savoir où ils allaient ; Ashaa saurait sans doute où aller. Il avait laissé la corde utilitaire derrière, n’ayant pas le temps de la récupérer ; il ne prêta pas attention à ce détail, il s’agissait d’un gadget commun et achetable partout, on ne remonterait pas jusqu’à lui avec cela.




Ashaa Jakari

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Ashaa Jakari
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MessageSujet: Re: [16+] La Favorite du maître   [16+] La Favorite du maître Icon_minitimeMer 29 Avr 2015, 18:29
Les bruits de course et les ordres aboyés par des soldats sur le qui-vive continuaient de résonner dans le corridor de l’autre côté de la double porte en bois laissée grande ouverte. Mais Ashaa n’en avait que faire. À croire qu’elle n’avait pas conscience du danger qui planait sur elle et son mystérieux sauveur ; à croire qu’elle ne se rendait pas compte que tout ce qui les attendait au bout du compte s’ils étaient capturés était une mort certaine après des jours et des jours – si ce n’est des semaines – de torture et de sévices corporelles. Elle savait de quoi Gorbak était capable. Elle savait à quoi s’en tenir avec lui. Et c’est bien la raison pour laquelle son échec était d’autant plus difficile à admettre…

Gorbak chercherait à se venger et à lui faire payer sa seconde trahison. Il était du genre rancunier ; et il excellait dans ce domaine. Jamais il ne pardonnait un échec ou un affront. Jamais. Ashaa avait eu de la chance la première fois qu’il avait remis la main sur elle. Ne l’avait-elle pas laissé pour mort dans son bain après tout ? Et il lui avait laissé la vie sauve en contrepartie. Le fait est qu’il tenait beaucoup à elle. Il y avait là quelque chose de malsain. Mais la Drell venait d’attenter une seconde fois à sa vie et en ayant recours à un assassin confirmé... Gorbak ne parviendrait jamais à passer l’éponge pour cette fois. Il la traquerait dans toute la galaxie et cette fois-ci… il la tuerait. Elle n’en doutait pas. C’est bien ce qui lui faisait demeurer immobile, les muscles tendus et la respiration incertaine. Elle était tétanisée…

— J’ai échoué, répéta-t-elle à mi-voix tandis que les images de son altercation avec son ancien maître défilaient de nouveau dans son esprit. Il n’en restera pas là… (Elle donna un nouveau coup sur la porte secrète sans qu’il se passe quoi que ce soit.) Non ! Gorbak ! Espèce de sale lâche ! (La colère avait pris la place de la terreur et Ashaa frappa une dernière fois le mur avant que son compagnon ne vienne la ramener brutalement à la réalité.)

— Il faut s’en aller immédiatement ! s’exclama son compagnon drell en saisissant la jeune femme par le bras. (Ashaa le dévisagea un instant comme si elle le voyait pour la première fois. Elle avait presque oublié sa présence.) Nous avons perdu notre chance, n’en perdons pas la vie !
— Non ! se défendit-elle en secouant vivement la tête. Il faut se lancer à sa poursuite. (Elle désigna la porte.) Il n’a pas pu aller bien loin. Il est forcément quelque part dans le palais. Nous devons…

Elle ne put terminer sa phrase. Les bruits de pas des gardes de Gorbak étaient plus proches que jamais et l’assassin drell entraîna l’esclave à sa suite en refusant de la lâcher de peur qu’elle ne fasse quelque chose d’insensé. Bien lui en prit : Ashaa se serait certainement lancée à la poursuite de Gorbak si elle n’avait pas été contrainte de suivre son sauveur vers la fenêtre. Les yeux rivés sur l’entrée de la chambre, elle se débattit en vain. Elle savait qu’elle ne faisait pas le poids. Et quand bien même elle semblait ne pas être en état de raisonner calmement, elle se doutait également que consentir à suivre les ordres du Drell était la meilleure chose à faire. C’était ça ou la mort après tout... Son choix était vite fait.

Ashaa détourna les yeux de l’entrée de ses somptueux quartiers en sentant le souffle du vent sur ses écailles. La fenêtre était ouverte et son compagnon consentit un instant à la lâcher le temps d’assurer la corde dont il comptait apparemment se servir pour les faire sortir de là. Quand il se tourna vers elle en lui intimant de la suivre, ce n’est pas tant le doute qui paralysa la jeune femme… mais les bruits de pas juste à l’entrée de la chambre. Ils étaient là. Les gardes du corps de Gorbak étaient sur le point de faire irruption dans la pièce. Ce n’était plus qu’une question de secondes désormais… secondes que le compagnon d’Ashaa mit à profit pour passer un bras autour de la taille de la jeune femme et s’élancer du haut du troisième étage sans l’ombre d’une quelconque hésitation.

Ashaa eut le mérite de ne pousser aucun cri tandis que le sol se précipitait vers eux à toute vitesse. Et quand bien même elle l’aurait voulu, la surprise l’en aurait empêchée tellement elle comprimait sa gorge et empêchait même ne serait-ce que l’air d’entrer dans ses poumons douloureux. Ou alors la douleur dans sa poitrine résultait du choc violent qui vint mettre un terme à leur interminable chute ? La jeune femme n’aurait su le dire. Elle était perdue. Tout s’était passé si vite… et pourtant elle aurait juré que la chute avait duré des heures. Le fait est cependant qu’elle était à présent étendue au sol et toujours dans les bras de son compagnon qui avait eu la malchance d’être celui qui avait amorti sa chute. Mais l’heure n’était probablement pas venue de le remercier pour cette… délicate attention. Ils étaient loin d’être sortis d’affaire encore.

Cette pensée lui traversant l’esprit, Ashaa se rendit compte que le Drell aux écailles dorées en était lui aussi arrivé à la même conclusion quand elle le vit déjà sur pieds alors qu’elle-même tentait encore de remettre ses idées en place. En moins de deux, Ashaa se retrouva également debout et elle s’élança à la suite de son sauveur lorsque ce dernier se mit à courir à travers les jardins de la propriété. Il avait beau faire nuit, la demeure de Gorbak brillait comme un phare au milieu de cette mer de ténèbres. Il était pratiquement impossible de faire illusion. Ashaa se doutait qu’ils devaient être visibles depuis les fenêtres de la demeure. Elle frissonna d’appréhension en imaginant Gorbak les abattre sans vergogne depuis son balcon. Ce sale chien ! Il s’en était fallu de si peu pour qu’elle le saigne à blanc…

— Non, attendez ! s’exclama soudain la Drell en retenant son compagnon par le bras. Pas par là. (Elle se tourna dans l’autre direction et désigna un autre chemin.) Il y a une autre entrée de ce côté-là avec un petit poste de sécurité. Une entrée de service dont Gorbak se sert pour approvisionner le palais. Il sera sans doute moins gardé que l’entrée principale. (Des ordres aboyés dans le jardin informèrent les deux fugitifs que des renforts accouraient pour justement sécuriser cette faille dans la sécurité.)

L’assassin demeura silencieux un instant, avant de suivre les recommandations d’Ashaa. Et une fois sur place, ils ne trouvèrent qu’une équipe restreinte : deux gardes en tout et pour tout. Ils étaient prêts à les recevoir mais ils ne firent pas long feu. La voie à présent libre, Ashaa et son compagnon quittèrent les limites de la propriété de Gorbak avant de s’engager dans les ruelles qui serpentaient tout autour de l’imposant palais brillant de mille feux. Le contraste était saisissant. Les lumières et les cris laissèrent place à un calme et à un silence assourdissants. La course effrénée à laquelle ils venaient de s’adonner laissa rapidement le palais et la menace de représailles de Gorbak loin derrière eux. Et trouvant refuge dans une alcôve dans une ruelle non loin d’un axe de circulation plein d’activité, Ashaa et son sauveur s’autorisèrent quelques secondes pour reprendre leur souffle… et mettre les points sur les i.

L'assassin drell se pencha alors vers elle en lui faisant remarquer dans un souffle à quel point elle s’était montrée stupide. Que cherchait-elle, au juste ? La mort ?! C’est tout ce qu’elle aurait récolté si elle s’était entêtée à vouloir poursuivre Gorbak. Elle avait manqué leur coûter la vie à tous les deux. La colère du Drell était palpable et faisait trembler sa voix. Et dans le fond, il avait parfaitement raison. Mais cela n’empêcha pas Ashaa de tenter en vain de se justifier :

— Il fallait faire quelque chose, souffla-t-elle en tentant de se libérer de la prise de son interlocuteur. Gorbak devait payer pour tout ce qu’il m’a fait. Ce chien ne mérite pas de vivre. Pas après les sévices qu’il m’a… (Elle marqua une pause, le regard vide et les mains tremblantes.) Cet homme est un monstre. Il a le sang de tant d’innocents sur les mains. (Sa voix trembla à son tour malgré elle. Elle aussi avait le sang de nombreux innocents sur les mains. Elle aussi avait commis des atrocités quand elle était jeune et naïve. Quand elle devait choisir entre sa survie à elle et celles des autres jeunes filles ayant rejoint depuis peu le harem du maître. Elle s’en voulait terriblement.) C’est la deuxième fois que je le trahis, poursuivit-elle d’une voix pareille à un murmure à peine audible. Il n’aura de cesse de me pourchasser jusqu’à ce que je sois morte. (Elle focalisa son attention sur son sauveur et ajouta.) Gorbak ne pardonne pas. Je… Je suis condamnée. Ce ne sera qu’une question de temps avant qu’il ne me retrouve. Et il ne fera pas l’erreur d’absoudre mes fautes cette fois. Non… Il se contentera de… (Sa voix se brisa et ses jambes se dérobèrent sous elle. Elle tomba dans les bras de l’assassin en sentant les larmes inonder de nouveau ses joues tuméfiées.) C’était là ma seule chance de mettre un terme à… à tout ceci… Mais j’ai lamentablement échoué. C’est terminé. Pareille opportunité ne se représentera jamais.

Pourquoi n’avait-elle pas tout simplement attendu que l’assassin entre en scène comme cela avait été décidé ? Pourquoi s’était-elle empressée de sauter à la gorge de ce chien d’esclavagiste, lui offrant de fait une échappatoire ? Elle regrettait tellement de n’avoir pas su faire montre de plus de retenue et de self-control. C’était sa faute. L’opportunité de mettre un terme à ses cauchemars s’était présentée à elle et elle avait failli. Elle avait laissé la vie sauve à ce monstre. Elle s’était passée elle-même la corde au cou. Et il était trop tard désormais pour y changer quoi que ce soit. Le mal était déjà fait…
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MessageSujet: Re: [16+] La Favorite du maître   [16+] La Favorite du maître Icon_minitimeLun 04 Mai 2015, 22:11


    Ashaa, malgré sa panique, avait su reconnaître rapidement les lieux et avait fait changer de direction Krelek, alors qu’il s’avançait de manière hasardeuse dans la propriété de Gorbak. Elle semblait connaître l’emplacement d’une sortie peu utilisée et donc discrète, et ce fut une bonne chose. Contrairement à ce qu’il s’était passé un peu plus tôt, la jeune femme avait su se montrer lucide et garder l’esprit clair, ce qui n’avait pas été le cas lorsqu’elle avait tant voulu assassiner son ancien maître, ou lorsqu’elle avait tenté de lui ôter la vie, contrairement à ce qui avait été prévu. Elle manquait de discipline, de maîtrise de soi. Elle était impulsive et têtue, irrationnelle lorsqu’elle se laissait submerger par ses sentiments. Sa sensibilité était sa faille, sa faiblesse, elle ne savait pas se concentrer sur ce qui était réellement important, elle accordait trop d’attention aux pensées parasites qui envahissent l’esprit de tout le monde en permanence.
    Ce défaut – qui en d’autres circonstances n’aurait pas été grave, et même pardonnable – avait failli lui coûter la vie à elle et Krelek, et cela méritait d’être souligné, d’être remarqué. Comment pouvait-elle vouloir prendre la vie d’une personne, si elle ne pouvait se contrôler elle-même ? Pour tuer, il fallait se connaître parfaitement, savoir maîtriser ses impulsions, ses sentiments. Il fallait savoir prendre sa vie en main, avant de vouloir prendre celle d’un autre. Ashaa était tout simplement très loin de réaliser son rêve, et elle pouvait s’estimer heureuse de s’être tirée vivante de sa capricieuse entreprise, bien qu’elle ne fût pas encore hors de danger.

    Les deux Drell atteignirent un portique suffisamment large pour laisser passer une voiture, mais pas assez pour en laisser passer deux. Deux soldats s’y tenaient, tournant le dos à ceux qui se dirigeaient vers eux. Ils ne semblaient pas au courant de ce qu’il se passait au manoir, sans doute ne prêtaient-ils pas attention à l’intercom pour se défaire quelque peu de leurs responsabilités et se détendre un peu. Un petit caprice que s’accordaient beaucoup de gardes à l’insu de leur employeur ou supérieur, qui ne leur causait en principe aucun mal et était bénin, mais qui leur serait fatal en leur situation. En effet, ce fut une balle dans la tête qui vint se loger dans leur crâne, leur ôtant brutalement et silencieusement la vie, sans qu’ils n’eussent le temps de réaliser ce qu’il venait de se passer.
    Les deux fugitifs passèrent donc le portail et s’aventurèrent dans les rues du quartier qui entourait le manoir de Gorbak. Ils atteignirent une petite ruelle adjacente à la route principale et s’y aventurèrent afin de définitivement échapper aux griffes de la garde de l’infâme esclavagiste Butarien. Trouvant une petite alcôve dans un mur, ils vinrent s’y cacher afin de retrouver leur souffle. Krelek fut le premier à retrouver une respiration régulière et plus ou moins calme, grâce à ses longues années passées sur le terrain. Ashaa, en revanche, peina quelque peu à se calmer ; il était de toute évidence rare pour elle de piquer de tels sprints.
    Le mâle attendit un peu et finit par prendre la parole. Il était temps de faire comprendre à la jeune femme la gravité du risque qu’elle venait de prendre, la bêtise dont elle avait fait preuve.

    - Ce que vous avez fait dans la chambre, c’était stupide, lâcha-t-il, d’un ton froid. Vous avez failli nous faire tuer, pour rien !

    Ashaa tenta de se justifier, elle cherchait à faire comprendre que ce qu’elle avait tenté de faire était nécessaire, peu importe les conséquences.

    - Il fallait faire quelque chose, souffla-t-elle. Gorbak devait payer pour tout ce qu’il m’a fait. Ce chien ne mérite pas de vivre. Pas après les sévices qu’il m’a… Cet homme est un monstre. Il a le sang de tant d’innocents sur les mains.

    Krelek fit une mine qui voulait simplement dire « et alors ? ». La jeune femme poursuivit :

    - C’est la deuxième fois que je le trahis. Il n’aura de cesse de me pourchasser jusqu’à ce que je sois morte. Gorbak ne pardonne pas. Je… Je suis condamnée. Ce ne sera qu’une question de temps avant qu’il ne me retrouve. Et il ne fera pas l’erreur d’absoudre mes fautes cette fois. Non… Il se contentera de…

    Sa voix se brisa et ses jambes se dérobèrent sous elle. Elle tomba dans les bras de l’assassin et elle se mit à sangloter de désespoir.

    - C’était là ma seule chance de mettre un terme à… à tout ceci… Mais j’ai lamentablement échoué. C’est terminé. Pareille opportunité ne se représentera jamais.

    Krelek ne sut exactement réagir, la Drell s’accrochant à lui et se trouva quelque peu hébété. Cependant, il n’était pas temps de se laisser aller aux sentiments ni même d’avoir la moindre once de pitié. Il devait transmettre son message, puis se remettre en route. Il remit Ashaa sur ses pieds et lui rétorqua :

    - Ca ne valait pas la peine de prendre ce risque inconsidéré, c’était stupide et voué à l’échec. Il faut parfois se rendre compte de l’évidence et l’accepter, afin de préparer le mouvement suivant. Ce n’est pas en tentant désespérément réaliser son objectif, que l’on réussit, c’est même ainsi qu’on échoue.

    Krelek se détourna et se remit à marcher, avant de reprendre :

    - Et ce n’est pas en se lamentant qu’on accomplit quoi que ce soit. Vous voulez mettre fin à ses jours ? Alors battez-vous, au lieu de pleurer. Vos larmes ne vous sauveront pas.

    Sa correction une fois faite, il activa son Omni-tech et afficha une carte des environs. Il avait un lieu précis à rejoindre, un point d’extraction préparé à l’avance. Sur une petite place les attendrait un taxi, payé à l’avance par les bons soins du Réseau, qui allait les amener au Spatioport discrètement, glissant entre les doigts de Gorbak et ne le laissant qu’avec le goût amer de la défaite. Une fois à destination, l’infâme homme ne pourrait plus leur mettre la main dessus et les deux Drell retourneraient sur Nos Astra aussi rapidement que leur permettrait leur vaisseau, sans laisser traces de leur passage.

    Ce qu’avait dit Ashaa était cependant vrai : Gorbak ne renoncerait jamais à prendre sa revanche et n’aurait de cesse de mettre la main sur son ancienne Favorite. Un jour, éventuellement, il la retrouvera, et lorsque ce jour viendra, il faudra à la jeune femme être prête à riposter et enfin se débarrasser de son maître, une bonne fois pour toute. Krelek pouvait la dissimuler, grâce aux bons soins du Réseau, mais cela forcerait la Drell à se cacher toute sa vie, vivre constamment dans la peur et ne jamais se montrer en public, et cela n’était ce que l’on pouvait appeler une vie, mais plutôt un cauchemar. Or, elle ne s’était pas ainsi battue pour remplacer un cauchemar par un autre, elle avait lutté pour récupérer sa liberté, par pour la perdre à nouveau. Alors, il était inévitable que Gorbak la retrouvât un jour et tentât de la tuer. Il était inévitable que les deux s’affrontassent dans un ultime duel duquel seulement un seul survivrait. Il allait falloir que la jeune femme se préparât à ce jour et que les Dieux eussent pitié de son âme, car ce jour-là, Krelek ne serait pas là pour la sauver…




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