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► Intervention MJ : Non █ Date : Octobre 2199 █ RP Tout Publique ◄

Alexandre Kaneway ♦ Thomas Dole

Manoeuvres

Manoeuvres || Octobre 2199

La lame droite et éclatante passe sur sa peau, glissant doucement, menée par des mains expertes qui ont procédé à cette opération des centaines de fois. Rares sont ceux qui utilisent une telle antiquité pour se raser à cette époque, mais il y a tout de même une certaine fierté à avoir dans l’accomplissement d’une procédure aussi délicate qu’est le rasage avec un rasoir droit.

Et c’est ce sentiment qu’Alexandre lit dans sa réflexion. Ce rasage n’est pas non plus tout simplement pour être fier de soi, pour se convaincre soi-même qu’on n’a pas perdu la main. Aujourd’hui est une occasion spéciale pour Alexandre, mais plus pour les membres de la quatrième flotte. Aujourd’hui, on reçoit de la grande visite : le président du cabinet du premier ministre. Pour les membres d’équipages des vaisseaux à ces commandes, ceci est l’occasion de se démarquer auprès des hautes fonctions du gouvernement qu’ils servent, mais aussi auprès de leur amiral. Pour Alexandre, cet évènement est plus une chance de maintien que de promotion.

Sa tenue de cérémonie bleu et or sur le dos, quelques décorations sur la poitrine, Alexandre s’échappe de son vaste appartement, avant même le réveil de sa femme, de sa fille ou de sa petite-fille. Il voyage dans sa voiture, direction son bureau. En chemin, sa pensée se tourne vers les motivations cachées que pourrait avoir le chef du cabinet. Bien évidemment, ceci pourrait être une visite toute simple de la flotte, quelque chose de purement honorifique, une simple apparence publique pour faire semblant qu’on s’intéresse encore à la défense. Mais, il est tout aussi probable que cela cache autre chose.

Sa rêvasserie sur les magouilles possibles s’arrête lorsqu’il arrive à destination. Le second lieutenant Sean Reed, son assistant, l’attend à l’intérieur. Tous deux suivent leurs routines habituelles : ils se saluent en silence, boivent leur café en silence et travaillent en silence. Ce matin, on termine la paperasse qu’engendre une visite de ce genre. Une fois qu’Alexandre a terminé de son côté, il se lève et pose un datapad devant le lieutenant.

Reed, préparez ma navette pour que nous puissions décoller dès notre arrivée au spatioport. Ayez une voiture de près pour le transit au cas où notre invité nous refuserait transport dans son véhicule probablement plus luxueux. Obtenez aussi la confirmation de la part de tous les vaisseaux qu’ils ont bien reçu l’itinéraire de voyage et les manœuvres à suivre.

Le jeune officier acquiesce et s’en va du pas rapide caractéristique de l’assistant qui veut plaire. Pendant qu’il accomplit sa tâche, nous sortons notre pistolet de service d’un des tiroirs de notre bureau. Dans l’après-guerre, une bonne partie des officiers, même parmi les plus hauts gradés, ont gardé l’habitude de transporter leur pistolet de service avec eux. Même si le risque d’attaque est presque inexistant sur une flotte de cette taille aussi près de la Terre, Alexandre n’est pas du genre à changer ses vieilles habitudes du jour au lendemain. Il place le fusil M-3 à sa ceinture, mais garde la cartouche thermique à part pour l’instant.

Alexandre sort ensuite de son bureau et commence à attendre son invité qui heureusement ne devrait plus trop tarder.

ft. Thomas Dole

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Le véhicule de Dole survolait le présidium. Dans à peine quelques minutes, il allait se poser devant les bureaux de la 4e flotte. Chargés de défendre de jure la Citadelle (Mais de facto la Terre et l'espace de la bulle locale), ce n'était pas la flotte recevant le plus de financements. Ni celle qui voyait le plus d'action... Et pourtant, ce n'était pas parce que la Citadelle était une zone ''calme''. Avec toute une pègre et une masse de pauvres qui polluaient tout ce qui n'était pas le présidium, la Citadelle n'était plus l'ancien centre névralgique intouchable, calme et puissant de la grande époque.

La visite de Dole était considérée comme « semi-officielle ». Normalement, ce genre d'inspections dépend du ministère de la Défense, ou du premier ministre lui-même. Le chef de cabinet devait, selon le protocole, rester dans l'ombre, et s'il voulait rencontrer des officiers, ce serait à son bureau. Mais la quasi-totalité des politiciens avaient été tués par les Moissonneurs, et personne ne s'intéressait vraiment à une flotte actuellement coincée sur la Citadelle, alors le protocole ne voulait pas dire grand-chose...

Nous sommes bientôt arrivés, monsieur.

Dole détourna les yeux de la vitre, le poing sur la bouche, le coude sur la fenêtre, pour observer le chauffeur dans le rétroviseur de la navette.

Très bien.

Sur les genoux de Dole se trouvait un datapad avec le dossier de Kaneway. Effectivement, Dole ne l'avait pas choisi au hasard. Un homme propre, patriote, dévoué, avec une grande famille. Le genre d'esprit de caste d'officiers dans lequel Dole avait grandi. Si l'histoire avait été un tant soit peu différente, peut-être que Dole serait à la place de l'amiral.

La navette du politicien se posa là doucement près du bâtiment. Son chauffeur et garde du corps sorti vite pour l'aider à descendre. Thomas fit quelques pas, remit correctement son costume, avant d'aller, d'un pas décidé vers l'amiral et les officiers qui se tenaient devant lui, un sourire un coin affiché sur son visage.

Amiral Kaneway ! Je suis honoré de vous voir aujourd'hui.

Il se mit en face de lui, et ils se serrèrent franchement la main. Dole resta en face, attendant de se faire présenter le reste des officiers, et ensuite se laisser guider à travers la belle 4e flotte. Peut-être qu'il aura l'occasion de faire un discours ensuite... Dans tout les cas, après cette visite de courtoisie remarquée, il voudra parler avec Kaneway en privé.

La marine de l'Alliance, le plus grand refuge de cow-boys bien-pensants de toute l'Histoire de l'Humanité. Lorsque j'étais au lycée militaire, j'ai appris les valeurs d'honneur, de devoir et de loyauté. J'ai aussi été brisé, bizuté et presque renvoyé à une époque. C'est très drôle que cette même autorité n'hésite pas à me demander de faire pression sur le gouvernement pour leur obtenir des fonds à tout moment. Toute notre stratégie de déploiement adaptable a donné trop d'autonomie aux officiers qui ne respectent quasiment plus le pouvoir politique. Mais enfin, tous les militaires sont comme ça, et on ne peut pas vraiment les critiquer depuis qu'ils ont sauvé la Terre des moissonneurs.

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L’on dit souvent que l’on peut juger un homme et avoir un portrait détaillé seulement en serrant la main de celui-ci. Thomas Dole quant à lui serre la main fermement et vient chercher l’épaule d’Alexandre avec son autre main. « La politicienne ». Une poignée de main qui se veut volontairement ouverte, amicale, franche. Une poignée de main si commune dans le monde politique qu’elle n’a plus de valeur réelle. Alexandre quant à lui offre une main ferme et confiante et regarde Dole droit dans les yeux.

L’honneur est tout à moi dans cette rencontre, Monsieur Dole. Toute la quatrième flotte est honorée par votre visite.

Alexandre se retourne de façon à arriver côtes à côtes avec Thomas. Il commence à pointer les officiers qui sont aux gardes à vous et en tenues de parades, changeant de personne après chaque nom. À leur droite sont les amiraux responsables des différentes parties de la flotte, puis viennent les commandants des soldats assignés à la flotte et quelques capitaines, et l’on termine avec le personnel des bureaux présents dans la pièce.

Le contre-amiral Nour Boudjadi est responsable de l’aile droite, la contre-amirale Jasmine Dufort est responsable de l’aile gauche et l’aile centre est dirigée par le contre-amiral Rogelio Gonzalez. Le commodore Maurice Tremblay est responsable de notre arrière-garde, le commodore Henry Rochford est responsable de nos patrouilles et le commodore Lydia Ross est notre liaison avec le reste des forces de défenses de la Citadelle. Les capitaines Weishaupt, Boyer, Katan, Gallant, Ford, Smith et Ahamad sont les capitaines vétérans de la flotte. Finalement, si vous avez besoin d’un assistant pendant que vous êtes ici, je vous prête le mien, le second lieutenant Sean Reed.

Après les longues introductions, Alexandre marque une petite pause pour laisser le temps à Thomas d’absorber l’information. Et puis, l’envie pourrait passer à Thomas de serrer la main de l’un d’eux ou de demander un service à Sean.

Mais bref, si vous n’avez pas d’objection, la flotte nous attend en orbite. Vous devrez vous conformer à la procédure et laissez votre voiture au spatioport et prendre une de nos navettes jusqu’au SSV Aconcagua. Nous avons arrangé notre propre transport jusqu’au spatioport. Et ne perdez pas votre temps en discutant cette pièce de protocole.

Sur ce, les officiers réunis voient leur occasion pour retourner au travail. Sean ramène la voiture de l’amiral et le conduit jusqu’à spatioport. De là, Alexandre et Thomas embarquent dans la même navette Kodiak et s’envole pour le SSV Acongua, le cuirasser qui est le centre de la 4e flotte, autant d’un point de vue de formation, autant d’un point de vue de commandement.

Pendant le transit, les écrans de la navette montrent clairement la formation en fer de lance de la flotte : le centre est puissant et les ailes sont agiles. Par contre, l’on voit clairement que la flotte est aussi peu populeuse face aux autres flottes de l’alliance. Le fait que les autres membres du conseil se retrouvent dans l’obligation de fournir un certain nombre de vaisseaux à la défense de la Citadelle est probablement responsable de ce relâchement de défense. Mais bref, Alexandre s’est déjà fait ses opinions sur la flotte il y a bien longtemps et ce voyage en navette est la bonne occasion pour présenter l’horaire à Thomas. Alexandre lui tend un datapad.

Nous allons commencer votre visite par un tour du cuirassé : le pont, la chambre de tir principale, les engins et la salle de guerre. Ensuite, la flotte se séparera en deux groupes. L’aile droite, l’arrière-garde et nos patrouillent partiront en avant tandis que l’aile et centre et l’aile gauche complèteront une orbite de la terre. Notre flottille fera ensuite un saut groupé au-delà de l’orbite de pluton ou nous seront « embusqué » par l’autre flottille et où nous participerons à une pratique de combat. Vous avez des endroits ou des manœuvres spécifiques que vous voudriez ajouter à notre programme?

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Serrer des mains, c'est bien le sport des politiciens. Un contact physique simple, traditionnel, et surtout : rapide. Quand on présente des vagues d'hommes alignés, c'est marginalement efficace de serrer des mains.
Dole se détourna donc de l'amiral Kaneway, et tandis sa main pour atteindre celle des autres officiers supérieurs, alignés, qui le saluaient avant de montrer les leurs. Après, bien sûr, tous les politiciens avaient leurs tactiques pour purifier et détendre leurs doigts...
Oh, et puis, avec chaque poignée, il fallait ouvrir la bouche pour saluer de manière agréable. C'est toujours mieux que de tendre sa main de manière morte. Souvent, c'est simplement ''bonjour'', puis, pour pas apparaître comme une machine qui parle de manière mécanique, on énonce le grade, on esquisse un sourire, ce genre de conneries lourdes et peu intéressantes, mais toujours appréciées.

- Finalement, si vous avez besoin d’un assistant pendant que vous êtes ici, je vous prête le mien, le second lieutenant Sean Reed.

Dole se tourna pour lever les yeux vers ceux de Kaneway, qui était un peu plus grand que lui. Il posa une main dans son dos et l'autre le long du corps. Il parla avec sa voix habituelle lorsqu'il était en public. Clair, fort, en veillant à bien articuler. Une voix fabriquée avec un orthophoniste et l'habitude.

- Oh, ce ne sera pas nécessaire, amiral. Mais j'apprécie l'attention que vous me portez.

Il se retourna pour observer le bureau. C'était pire il y a quelques années, mais ça se voyait que les financements accordés à l'armée étaient pas géniaux. L'Alliance était en crise financière, sortait tout juste d'une guerre désastreuse, et ça se voyait dans l'infrastructure. Heureusement, même si les militaires se plaignaient, ils ne faisaient pas grève. Il manquerait plus que ça...

- Mais bref, si vous n’avez pas d’objection, la flotte nous attend en orbite. Vous devrez vous conformer à la procédure et laissez votre voiture au spatioport et prendre une de nos navettes jusqu’au SSV Aconcagua. Nous avons arrangé notre propre transport jusqu’au spatioport. Et ne perdez pas votre temps en discutant cette pièce de protocole.

La dernière phrase fit sourire Dole, qui se retourna vers Kaneway. Des hommes à poigne, qui agissaient plutôt que de discuter, c'était bien de ça que l'Alliance et l'Humanité manquait. Ils n'avaient nul besoin d'hommes protecteurs, négociateurs ou arrangeants. Ils avaient besoin de gros salopards qui faisaient comme ils voulaient.

- Aucun problème, amiral. Je reste derrière vous.

Dole et son garde du corps, qui était plutôt blanc-bec (C'était plus un flic qu'un militaire...), entraient dans la navette militaire. Une grosse brique, grossière et résistante, faite pour des tâches utilitaires. À l'intérieur, c'est loin d'être confortable : Alignés sur des bancs, Dole observe silencieusement les écrans de la navette. Dans un sens, il adore se retrouver là. Se faire voir, assis dans une navette bien militaire, entouré de héros de guerre... Il y a rien de mieux que ce genre de manœuvres bien démagos pour obtenir des points dans les sondages. Les citoyens de l'Alliance, tendrement bercés par du patriotisme et de l'héroïsme, adorent les forces armées qui les ont sauvés des Moissonneurs.
Les vaisseaux de la flotte étaient bien alignés, comme pour une démonstration de force. C'était bien, ça. Alors qu'on débattait sur le traité de Farixen, Dole se plaisait de voir la marine humaine non seulement faire ses exercices, mais également être à son bord.

J'espère ne pas trop marcher sur les plates-bandes du ministère de la Défense... Joshua Gordon n'est pas un politicard vicelard. Pas comme moi... Il ne prendra pas offense à la moindre occasion, mais malgré tout, il faut rester courtois et respectueux de cet homme qui en a fait bien plus pour l'armée que moi, et qui est donc bien plus respecté par nos soldats. Et puis, c'est un homme séduisant, jeune, charismatique, le genre que le peuple raffole. Il vaut mieux l'avoir en allié qu'en ennemi...

Alors qu'il divaguait à son propre aparté, Kaneway lui tandis un beau datapad, avec tout le grand programme de la journée. La visite complète d'un cuirassier, le genre que l'Alliance mériterait d'avoir en plus grand nombre (Plus pour des raisons de pression diplomatique que militaires...), puis une superbe simulation de combat, destinée à montrer la supériorité du-dit cuirassier ainsi que l'adaptabilité des moyens de l'Alliance. Dole n'y connaissait pas grand-chose, ce n'était pas un tacticien militaire. Mais si lui pouvait être impressionné par ça, n'importe quel électeur le pouvait lui aussi.

- Merci amiral, je serai heureux de voir nos militaires à l’œuvre. Je ne m'y connais pas beaucoup en manœuvres, mais assurez-vous que l'Acongua montre tout son potentiel. J'ai envie que cette journée prouve à tout le monde à quel point les cuirassiers humains sont importants à notre dispositif de combat.

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Un cuirassé n’est pas un ennemi à prendre à la légère. Bien que leur capacité soit limitée lorsqu’ils agissent seuls, les cuirassés sont exceptionnels lorsque d’autres navires surveillent ses arrières et ses flancs. On peut les comparer aux cuirassés d’il y a presque 200 ans, mais sachant que ces derniers ont été abandonnés au profit des porte-avions, il est dur pour un amiral d’être complètement certains que la force destructrice du cuirassé en vaut les crédits. Mais cela, Dole pourra en juger par lui-même tout à l’heure.

La navette entre dans un des nombreux hangars du navire. Ses portes s’ouvrent et laissent descendre Alexandre et sa compagnie. Deux files de soldats en armure longent la distance entre la navette et l’ascenseur. Quand Alexandre et Dole sortent de la navette, ils se mettent au garde-à-vous. Alexandre leur rend leur salut puis fait signe à Dole de le suivre jusqu’à l’ascenseur. De là, le groupe monte d’une douzaine de ponts, sort, marche, prend un autre ascenseur, monte d’une autre poignée et arrive sur le pont.

Encore une fois, on les accueille au garde-à-vous. Le capitaine Weishaupt est debout et offre sa chaise à Alexandre. Alexandre, l’offre en retour à Thomas. La chaise du capitaine est au milieu du pont, entouré par toutes les stations de ses subordonnés. Tout à l’avant se trouve la station du pilote et les consoles de communications se retrouvent toutes à l’arrière.

Prenez place Monsieur Dole, ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de s’asseoir à la place du capitaine d’un cuirassé. Weishaupt, en quelle condition sommes-nous ?

Nous sommes tous verts Amiral. Nos propulseurs sont chauds, nos stocks sont pleins, les programmes de simulation sont chargés dans notre intelligence virtuelle, toutes les consoles sont en état de marche, la peinture est fraîche, tous les tests préliminaires sont complétés. Toute la flotte reporte un feu vert. Il ne nous manque plus que l’ordre de départ.

Alexandre regarde ce qu’il peut voir de la flotte au travers le grand moniteur à l’avant du pont pendant quelques instants.

Ouvrez FleetComm. À toute la quatrième flotte… Feu vert pour l’exercice. Je répète, feu vert pour l’exercice. À vos positions.

Le pont devient soudainement rempli de bruit alors que tout le monde passe à sa tâche. Le pilote fait tourner la large structure du navire et les officiers de communications relais le message à la flotte et envoie les ordres aux autres parties du vaisseau. Alexandre fait un tour rapide du pont et puis va à l’ascenseur pour attendre Thomas et continuer le reste de la visite.

De là, on redescend tout en bas, on fait le tour de la section d’ingénierie, on regarde le réacteur à Ézo massif du navire, on passe à autre chose. On monte d’un pont, puis de deux. On redescend. On voit les marines en exercices de tirs, les pilotes d’intercepteur en train de tester leurs engins, les nouveaux qui traînent dans le bar. On passe par un conduit d’urgence et on grimpe jusqu’à l’accès du canon à la force de nos bras.

Contrairement à la plupart des gens de son âge, Alexandre n’est pas complètement à bout de souffle après avoir grimpé une poignée de ponts. L’ingénieur qui accompagne le groupe donne l’ordre de fermer le canon et de le pressuriser. Une fois que cela est fait, il ouvre l’accès au canon et Alexandre et Thomas peuvent marcher à l’intérieur du baril du canon dorsal du cuirassé. Alexandre prend son temps et admire la vue.

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On voyait rapidement que l'amiral Kaneway connaissait le vaisseau, que chaque recoin était gravé dans son esprit, que chaque visage apparaissait comme une personne habituellement présente. Chaque pas qu'il faisait, c'était avec un confort et une rapidité telle qu'il apparaissait totalement habituel. Dole, lui, c'était bien l'inverse...

À peine descendu de la navette, il passa un bon moment à lever sa tête pour observer tout ce qu'il y avait autour de lui. Les lumières, les véhicules, les grosses caisses, les barrières, les caméras... Tout ce qui semblait totalement normal pour un marin qui vivait et travaillait là-dedans était impressionnant et gargantuesque pour lui. Des militaires en uniforme les saluent. Dole leur rend un léger sourire avec un signe de tête. Il se contente de la fermer et de suivre l'amiral, lui collant aux talons, presque par peur de se perdre dans ce gros vaisseau d'un kilomètre de long.

Lorsqu'ils arrivent enfin sur le pont de commandement, il reste un moment en arrière, à observer tous les techniciens qui pianotent sur leurs claviers et observent des cartes changeant en temps réel, sans vraiment trop comprendre ce que les instruments veulent dire. C'est alors que l'amiral lui offre sa chaise. Un large sourire se dessine sur le visage de Dole, qui lâche un léger ''merci'' avant de poser son cul dans le large siège. Il pose lentement ses mains sur les dossiers, alors qu'il jette son regard sur chaque fichu recoin du pont. Il a presque l'air d'un gamin, avec ce sourire bête et son regard impressionné, par toutes les machines et les hommes en uniforme qui se concentrent presque mécaniquement sur ce qu'il faut faire.

Y a pas à dire, c'est mieux que les rendez-vous dans les bureaux sur Terre.

L'exercice se met en place. Toute la 4e flotte de l'Alliance se fout en marche pour un exercice en plein dans la bulle locale. Et lui, il se retrouve en plein milieu, sans trop comprendre qu'est-ce qu'il se passe. Il observe les caméras des hommes en place sur le pont, des autres vaisseaux en formation, bien espacés et pourtant liés grâce aux officiers des communications qui aboient des ordres dans leurs radios. Après un moment, il voit que Kaneway est déjà en train de partir. Pour l'amiral, ce mouvement de vaisseau ne veut rien dire, un truc fait et re-fait des douzaines de fois. Dole se lève du siège, et trouve le temps de lancer quelque chose aux hommes présents sur le pont :

- Allez soldats, pour l'Alliance et l'Humanité, donnez l'enfer à ces saloperies d'intelligences virtuelles !

Il va rejoindre l'amiral, dans le large ascenseur, avant de descendre jusque dans les tréfonds du gigantesque vaisseau. Kaneway, encore une fois, n'a pas l'air de trop s'intéresser. Il connaît le vaisseau et les ingénieurs par cœur, il sait comment il se porte. Mais Dole, lui, s'intéresse au boulot des ingénieurs. Il suit celui qui est en charge. Il serre la main des autres ingénieurs. Il se fait expliquer comment fonctionne le moteur et ses caractéristiques par rapport aux autres vaisseaux conciliens. Qu'importe si ça ralenti un peu la visite...

Il continue de suivre l'Amiral pour voir les soldats de terrain, les fusiliers-marins. Encore une fois, il veut tout se faire expliquer. Il serre la main aux vétérans, il leur pose des questions sur leur matériel, leurs rations, leurs missions. Il écoute silencieusement et avec intérêt un capitaine qui lui explique comment les marines se déploieraient en cas d'attaque de la Citadelle, comme celle déjà vécu auparavant par Sovereign, Cerberus ou les vorchas tarés...

On passe aux hommes des petits vaisseaux, les pilotes mobiles et agiles, ceux qui se la pètent. Encore une fois, même scénario : Dole serre leur main, leur demande s'ils préfèrent servir dans un transporteur ou un cuirassé. Il a une discussion avec un officier sur comment les intercepteurs sont censés se déployer devant les vaisseaux, et celui-ci assure Dole que ses hommes sont totalement capable de protéger la flotte de n'importe quels groupes de chasseurs.

Mais si les cuirassiers sont considérés comme tel, c'est pour une seule raison : Le titanesque canon. C'est ça qui est important. Il grimpe avec l'amiral jusqu'à celui-ci, sans de véritables problèmes, si ce n'est son cœur qui s'emballe un peu par la chaleur, l'exercice et le confinement. Finalement, les deux hommes marchent en avant de l'arme, leurs pas résonnant à l'intérieur du baril. Ils s'arrêtent. Dole tourne son regard vers celui de l'amiral, qui contemple en face de lui.

- J'ai jamais été à l'intérieur d'une arme. Vous pensez qu'on sentirait quelque chose si quelqu'un ouvrait le feu maintenant ?

Il place ses mains dans le dos, observant les rayures et les traces du baril. Mais ce n'est pas seulement le cuirassier qui l'intéresse. De temps à autre, il tourne ses yeux vers ceux de Kaneway. Il semble être un homme calme, reposé, courtois mais ferme. Et peut-être, ou alors Dole se faisait des idées, une pointe de mélancolie... Comme s'il observait le vaisseau en pensant qu'un jour, bientôt, il n'aurait plus l’occasion de se tenir au milieu d'une arme de guerre capable de larguer un projectile faisant 2 fois la puissance de celle larguée sur Hiroshima. Le politicien ne fit pas de bruit. Il était trop impressionné. Marcher dans un putain de canon, il n'aurait jamais pensé faire ça de toute sa vie... Et dire que s'il avait rejoint une école militaire...

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Si l'on sentirait quelque chose ? Tout dépendant. Si notre assassin en herbe prend le temps d’ouvrir la cloison, on serait immédiatement entrainée dans l’espace par la décompression. Là, nos tympans éclateraient et nos poumons se retrouveraient écrasés par notre propre pression interne. Si vous n’êtes pas asphyxié avant que le canon tire, vous ne sentirez l’impact que pendant le quart des instants entre l’impact et votre mort. Dans le cas où la cloison n’est pas ouverte, je parie fortement que l’électrification du baril nous tuera bien avant l’obus.

Tous les membres d’équipage, des ingénieurs aux officiers, savaient bien la puissance destructrice des armes de leur vaisseau, et de ceux qui pourraient se retrouver en face un jour ou l’autre. Et si Kaneway devait choisir, il préférerait bien que l’assassin imaginaire n’ouvre pas la cloison. Une décharge électrique rapide serait relativement sans douleur. Il avait déjà été exposé au vide intersidéral durant sa formation et il n’avait pas le goût de mourir de cette manière.

Le canon principal d’un cuirassé avait beau être quelque chose de très impressionnant, mais la journée était loin d’être terminée. Alexandre toussote pour se ramener à la réalité, puis il se dirige vers l’accès au canon et il fait signe à Dole de le suivre. Cette fois-ci, ils prennent le chemin court et sorte des conduits d’accès presque immédiatement. Encore et toujours un temps en ascenseur, vers le haut de nouveau, vers la salle de guerre.

Cette dernière est quelque peu éloignée du pont principal, forçant ainsi un assaut séparé sur ses deux endroits vitaux en cas d’abordage. Circulaires, des moniteurs et des officiers d’information se retrouvent sur la quasi-totalité de la circonférence. Un large projecteur holographique fait office de centre pièce, avec de plus petits projecteurs au sol et au plafond autour pour les communications en provenance des autres amiraux.

L’un des petits projecteurs affiche la silhouette de la contre-amirale Jasmine Dufort et le grand projecteur affiche tous les vaisseaux de cette moitié de la flotte en temps réels. Les vaisseaux sont en train de sortir de leur révolution autour de la terre et se mettre en formation pour un saut groupé vers les coordonnées désignées. La formation est groupée, mais laisse tout de même une certaine marge de manœuvre en cas d’erreur de calcul. Alexandre prend position autour du projecteur surélevé.

Amirale, est-ce que votre aile est prête?

Affirmatif amiral. Nos systèmes sont prêts et mes capitaines ont été briefés sur les manœuvres à suivre.

Alexandre ouvre la communication à toute la flotte.

Nous allons démarrer l’exercice à présent. Formation standard de saut groupé. Faites comme si nous étions en train de répondre à un SOS de la part d’un navire allié.

Alors qu’il parle de SOS, un faux signal s’affiche sur la projection. Rapidement, les navires passent en vol supraluminique, gardant très bien leur formation malgré quelques ajustements presque impossible à faire.

L’on repasse à vitesse régulière et rapidement la flotte ennemie s’affiche sur le projecteur. Weishaupt sonne l’alerte rouge et les autres capitaines suivent rapidement l’exemple. Bien que dans la salle de guerre, tout le monde est déjà son poste, les autres niveaux grouillent de gens se dépêchant de se rendre là où ils doivent être.

Comme affichée sur le moniteur, la flotte ennemie de l’amiral Boudjadi avait pris une formation très dissoute. Les croiseurs ennemis étaient distancés les uns des autres avec les frégates qui viennent former une sorte de nuage peu séré. Une formation qui cherche à encercler plutôt qu’à résister, et aussi une formation qui tire avantage du nombre supérieur de petits vaisseaux dont dispose Nour Boudjadi.

Kaneway et Dufort voient tout de suite que des tirs en rafales n’auront que très peu d’effet sur le nuage imprécis et ordonne plutôt à leur flotte de choisir leur cible au cas par cas et de tirée à volonté, mais de tout de même maintenir la formation. L’Aconcagua n’ayant que très peu de marge de manœuvre prend pour cible un croiseur qui se retrouve à un angle près du nez du cuirassé. La flotte d’Alexandre a majoritairement l’avantage sur la distance et leur plus grand nombre de vaisseaux lourd leur confère un plus grand nombre d’intercepteurs pour la bataille.

Les intelligences virtuelles des navires simulent l’impact des obus sur les barrières cinétiques, simulent le mouvement entrainé par les tirs puissants du canon principal et simulent les dégâts subis, forçant l’arrêt de certains navires qui sont jugés comme trop endommagés.

Malgré l’avantage numérique de Boudjadi, il se retrouve hors classe face au groupement solide que forme la superposition des barrières de croiseur et la barrière du cuirassé. Les frégates n’y peuvent rien face aux intercepteurs et la bataille se termine avec la victoire des forces d’Alexandre.

Un analyste peu informé pourrait dire que la bataille était gagnée d’avance vu la répartition initiale des navires, et ils auraient pu être été vraie que, coup pour coup, placez l’aile centre avec les patrouillent et l’arrière-garde aurait été un combat plus juste. Mais, dans cette optique d’embuscade, le nombre de frégates aurait donné l’avantage à l’ennemi si ce n’avait été des capacités du cuirassé. C’est bel et bien les capacités de cette classe qui ont été mises à l’avant dans cet exercice.

On se redirige vers la Citadelle.

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La bataille avait été grandiose. Du moins, aussi grandiose qu'un échange de tirs imaginaires aurait pu l'être... Enfin bon.

Dole avait passé toute la ''bataille'' près de la porte de la salle. Il observait silencieusement le déroulement de l'opération. Il regardait, les yeux rivés vers l'écran, les différents soldats qui s'excitaient, les capitaines qui tripotaient des boutons pour envoyer plusieurs ordres, les vaisseaux qui bougeaient dans un chaos organisé, mais surtout, il observait l'Amiral. C'était vraiment lui l'homme le plus impressionnant dans tout ce bordel. Il paraissait confiant, calme, droit. Un homme de peu de mots, mais de mots justes, précis, et efficaces.

C'est lui qu'il me faut...

Il sourit en coin, avant de croiser les bras, le temps que l'exercice se termine. Oh, Dole était un civil. Autant qu'il aimait lire des livres sur les vieilles batailles, il ne comprenait pas grand choses aux détails tactiques. Tout ce qui pouvait le concerner, à la limite, c'était la stratégie. Une différente échelle, d'autres moyens.
Mais en tout cas, l'Aconcagua s'était donné en spectacle. Un superbe exercice, qui sera demain rapporté dans la presse, et qui pourra servir pour montrer aux civils et diplomates, humains et aliens, l'intérêt des cuirassiers. Ça et la Guerre des Moissonneurs...
Les cuirassiers, au fond de lui, Dole n'y croyait pas trop. C'était de beaux vaisseaux. Mais ils étaient chers, très chers. Et pas vraiment utiles. Certes, il y a eu les Moissonneurs, mais a moins qu'une autre race consciente de gigantesques robots tueurs reviennent, ces cuirassiers, ils ne serviront jamais. Le futur, c'était les porte-vaisseaux, que les humains avaient développés les premiers. Mais le cuirassier... C'était une tradition. Un poids diplomatique. Un symbole. Le complexe militaro-industriel forçait presque les nations à construire ces cuirassiers pour avoir un poids dans les discussions.
Enfin, ça, c'était l'opinion d'un civil. Et sûrement pas celle qu'il exprimerait à voix haute.

Le vaisseau retourna sur la Citadelle, d'où il était parti. Beaucoup de badauds s'étaient amassés pour voir les gros vaisseaux retourner en formation. Dole, Kaneway, et le reste de la petite ''délégation'' retournèrent vers la navette.

Dole ne parla pas beaucoup, se contentant de serrer la main des personnes qu'il n'avait pas encore vu en chemin, lançant quelques compliments et salutations passives. Il posa son cul sur l'un des sièges du Kodiak, en face de Kaneway. Le petit vaisseau était reparti vers la Citadelle. Dès lors, le trajet fut rapide. Direction : Le bureau personnel du vice-amiral.

Le politicien était rentré juste après Kaneway. Il ne savait pas ce que l'amiral comptait faire. S'il voulait revoir ses hommes, faire un débriefing, prendre des renseignements sur les autres flottes... Il avait l'air d'être le genre de personne occupée.

Il alla s'asseoir sur un des sièges du bureau. Qu'importe s'il se ferait offrir à boire ou quoi que ce soit. Il était là pour discuter, sincèrement.

- C'était une superbe démonstration, amiral Kaneway. J'espère que tous vos hommes sont conscients de leur aptitude et leur expérience.

Il s'enfonça dans la chaise, les coudes posés sur les dossiers, à observer les mouvements de l'amiral.

- Néanmoins, je ne suis pas venu ici uniquement pour assister à des exercices ou faire une visite de la flotte... Vous devez comprendre que ce genre d'activités, aussi riches et importantes soient-elles, relèvent plutôt du ministère de la Défense.
La raison pour laquelle je suis ici, est vous, amiral Kaneway.

Il parlait avec une voix calme et un tantinet mielleuse.

- J'aimerais commencer par vous demander votre opinion, sincère et sans aucune influence de la part de l'Alliance sur quelques questions. N'hésitez pas à cracher dans le dos de qui vous voulez, je n'irais pas faire une quelconque délation...
Monsieur Joshua Gordon fait du très bon travail pour l'Alliance. Mais le budget est limité. Nous sommes endettés et le parlement reste très contesté. Entre Terra Firma et l'opposition, nous avons des objectifs économiques en vue des prochaines élections. Hors, il faudra nécessairement voter des coupes dans le budget de l'année prochaine...
J'aimerais avoir votre opinion sur les fonds qu'envoie l'Alliance à votre flottes. J'aimerais aussi connaître votre opinion sur notre défense actuelle : Est-ce que nous sommes actuellement capables de résister à une menace quelconque envers ce secteur, la Citadelle, voire-même plus généralement nos colonies du monde ?
Et puis, j'aimerais aussi savoir... Farixen. Enfin, c'est LE sujet en ce moment. Il y a énormément de choses à débattre. Je connais mon opinion. Si vous voulez, je peux aussi m'arranger pour que nous nous concertions en privé avec Joshua Gordon sur la position que l'Alliance doit prendre, mais il va falloir rendre des comptes à la presse.

C'était un flot de questions, certes. Mais Dole pensait que Kaneway appréciais les gens qui jouent carte sur table. Il tapota le dossier de sa chaise, son regard posé sur les mouvements de l'Amiral.

Messages :

Manoeuvres

Dole avait bel et bien visé juste. Jouée cartes sur table était une très bonne façon d’inciter Alexandre à faire de même. Il s’était attendu à avoir ce genre de discussion avec Dole depuis le début de la journée, bien évidemment, mais ce n’était pas aussi magouilleux que ce qu’il attendait.

Nos fonds sont suffisants en ce moment, mais nous n’avons aucune sécurité financière en cas d’urgence. Si vous coupez encore plus mon budget, j’aurai des vaisseaux que je ne pourrai plus maintenir à l’horaire habituel de l’Alliance. Soit vous devrez transférez ces vaisseaux vers des flottes mieux subventionnées, soit vous les laissez tombée dans un état de délabrement, soit vous les vendez.

De plus, nous ne pouvons pas assurer la sécurité de la Bulle Locale par nous-mêmes. Heureusement, nous n’avons pas à le faire. Nous avons la flotte d’Arcturus de l’autre côté du relais qui assure aussi une sorte de défense de la Bulle, et nous avons les autres membres de la flotte concilienne. Puisque la Citadelle est ici, nous avons une certaine pression diplomatique pour nous assurer leur aide dans la défense de la Terre. Nous avons même le Destiné Ascension pour aider la défense, pour tout ce qu’il a valu lorsque les Geths ont attaqués.

Pour ce qui est de Farixien, je crois que notre doctrine est inefficace. L’apport tactique et stratégique des portes-nef est indéniablement plus grand que celui des cuirassés. Par contre, si nous les retirons complètement de notre doctrine, nous nous retrouverions avec un énorme trou dans nos capacités. Il faut faire comme nous l’avions fait dans les temps des navires de mer : Porte-Nef et « Destroyer ». Notre puissance de feu à besoins d’être plus manœuvrables et plus petites. Si nous pouvions avoir un navire de tonnage entre celui des frégates et des croiseurs, mais avec une puissance de feu plus grande que celle des croiseurs, nous serions champions.

Donc, vu les coupes budgétaires prévues, il serait désastreux de s’engager à construire plus de navires que nous en avons la capacité. Visée 5 turiens pour 4 humains, au lieu du 3 humains que nous avons en ce moment. Les asaris apprécieront notre conservatisme dans notre expansion, les galariens se sentiront moins agressés et les turiens se sentiront respectés. Tentez à tout prix d’empêcher l’inclusion des portes-nefs dans le traité et assurez-vous que le traité limite en tonnage de navire et non pas en puissance de feu.

C’est mon avis.

Comme promis, son partenaire avait tout demandé d'un seul coup, alors Alexandre avait tout répondu d'une traite. Alexandre ne s'était pas réellement attendu à ce qu'on vienne lui demandé son avis sur une telle chose. Il s’attendait à quelque chose que Dole aurait dû chuchoter. Mais bon, il n'allait pas se plaindre du manque de cliché de Dole.

Messages :

Le visage du politicien s'était illuminé d'un sourire. Pas un de ses sourires narquois, narcissiques, quand il prenait quelqu'un de haut. Un véritable sourire, un sincère, sérieux.

- Amiral... Je suis heureux que vous me dites ça. C'est exactement mon opinion pour moi aussi. D'ailleurs, vous allez sûrement trouver ma proposition un peu osée... Mais, enfin, je ne vais pas perdre du temps à tourner autour du pot. Je sais que ce n'est pas le genre de choses que vous aimez. J'ai une proposition à vous faire...

Dole s'enfonça dans son siège, le regard toujours posé sur le vieil homme serein.

- Je peux faire en sorte que vous soyez présent pour les négociations sur Farixen. J'ai envie de vous voir défendre notre armée, et l'importance de nos portes-vaisseaux ainsi que l'augmentation légère de notre tonnage. Cette discussion ne concernera pratiquement que des politiciens trop limités dans leurs esprits tournés vers la domination... Hors, avoir un militaire, expérimenté comme vous serait un grand avantage.

Thomas s'éclaircit la gorge, avant de continuer, plus rapidement.

- Enfin... Je pense que vous pouvez être un apport considérable aux négociations. Néanmoins, il me faudrait également votre opinion sur deux autres sujets sensibles : Les Geths et leurs alliés quariens, ainsi que les krogans. En tant que militaire, je me dis que vous m'inciterez à limiter au maximum leur tonnage... Néanmoins, nous devons penser en termes diplomatiques. Il nous faut des alliés et des contre-poids aux turiens. Alors, selon vous, quel tonnage devons-nous leur faire signer ? Personnellement, je pense qu'un cuirassier pour chaque race serait bien amplement suffisant. Mais comme je le disais, je n'ai aucune connaissance tactique de ces vaisseaux. La guerre a prouvé que les Geths et les Quariens étaient capables de construire ces cuirassiers à très grande échelle, rapidement. Que pensez-vous donc de ce bordel ?

Il attendit la réponse de Kaneway, sans aucun commentaire, sans aucun jugement. Ce n'était pas son but. Mais quand l'amiral avait fini de répondre, Dole se leva de sa chaise, subitement, avant de tapoter le bureau d'Alexandre. Il allait lui proposer quelque chose, une chose qu'il ne pouvait retenir plus longtemps...

- Amiral... Je vais être honnête avec vous. Vous êtes un grand homme. Vous êtes intelligent, fiable, et portez les intérêts de l'Alliance dans votre cœur. Ne pensez surtout pas que je vous dis ça par piètres flatteries. Je n'ai aucun intérêt à vous charmer. Je ne fais que constater ce que je vois.

Il retira ses mains de la table, et les lia dans son dos. Il avait les yeux plongés dans ceux de l'humble officier. Il tentait de calmer son timbre de voix en un ton très officiel, le corps droit, presque de manière martiale.

- Le ministre de la défense, Joshua Gordon, a tout d'un politicien qui aura du succès. Il est jeune, il est populaire, il est beau... Il ne restera pas éternellement à ce poste limité. Il est en chemin pour avoir du pouvoir. Hors, en tant que conseiller du premier ministre, il est de mon devoir de trouver des remplaçants pour un tel poste. Et c'est très dur de trouver des gens compétents... Amiral Kaneway, ma proposition est simple. Vous risquez de partir très prochainement en retraite. Voilà ce que je vous propose :
Dès le jour où la place de ministre de la défense sera vacante, je vous recommande. Vous deviendrez ministre de la défense. Vous servirez l'Alliance, vous servirez l'armée, même après la fin de votre carrière. Vous aurez un plus gros salaire, un plus gros prestige, une plus grande voix dans les décisions intergalactiques. Je sais que ce que je vous demande est soudain, et peut paraître étrange, mais ce n'est pas pour tout de suite. Comme je vous l'ai dit, Gordon est populaire et jeune, il ne va pas démissionner ou mourir dès demain. Rien ne presse. C'est juste que je veux vous placer sur la liste des potentiels remplaçants... Alors, j'aimerais votre opinion, à chaud, là-dessus.

Le politicien sourit, avant de se retourner, et faire un aparté.

Bien sûr, dans l'échiquier politique, le ministère de la défense n'est pas le poste le plus prestigieux... Non pas que l'amiral soit après le prestige. Mais si je veux un jour piquer la place de Premier Ministre, il va me falloir trouver des alliés autrement que dans le législatif. Je ne peux pas laisser un abruti d'ami du PM prendre la place toute chaude de Gordon... Il me faut contenir notre majorité au fond du parlement, là où j'ai encore une chance de la contrôler...

Dole se rassit sur sa chaise, à écouter très calmement la réponse de Kaneway.

Messages :

Manoeuvres

Alexandre se gratta le menton pendant quelques secondes, réfléchissant à ce qu’il pouvait dire des krogans et des quariens et des geths. Il avait côtoyé assez d’asaris, de turiens et de galariens dans sa carrière qu’il savait bien comme leur groupe allait réagir. Les krogans quant à eux étaient toujours source de soucis. Les voix qui prônaient la paix n’arrivaient pas à étouffé celle qui voulaient vengeance. De l’autre côté, les quariens avaient déjà brisé leur accord au traité une fois et les geths sont trop différents pour pouvoir prédire leur pensée. Ils avaient fait appel aux moissonneurs par deux fois dans leur histoire et la confiance qu’Alexandre leur accordait s’en voyait très diminuer.

Avec la guerre, les krogans ont probablement mérité une chance de se prouvé digne de réintégré la communauté galactique. Offrez-leur le pouvoir de construire des flottes mais contraignez-les aussi à alléger une part de leur navire à la défense de la Citadelle. Ou jouez le jeu politique qui vous semble le mieux.

Pour ce qui est des quariens, ils ont déjà brisé leur entente une fois. Jouez sur le fait que c’est extrêmement généreux de leur accorder un tonnage quelconque. Gardez la vis serrée et leur laisse courte.

Les geths sont une autre paire de manches et le fait qu’ils sont diplomatiquement liés aux quariens ne facilite pas la tâche. Leur façon de voir les choses ne s’est pas prouvée digne de confiance lors des nombreuses interactions avec eux. Ils se sont tournés vers les moissonneurs sans aucun scrupule ou arrière penser. Mais, l’inclusion de navires geths à la défense de la Citadelle serait un atout. Mes instincts me disent de leur laissé peu de marche de manœuvre, mais leur force technologique serait un atout indéniable si il arrive qu’une guerre éclate.

Alexandre s’arrête quelques secondes et regarde Dole comme si il venait de résoudre un puzzle.

Vous voulez accorder des navires aux krogans pour aider à défaire le monopole turiens. En revanche, cela pose le problème d’une possible rébellion krogan. Pour renvoyer la balle, vous pouvez utiliser les geths et même les quariens. Offrez-leur du tonnage et demandez des parts de défense. Il est peu probable que les krogans et les geths s’unissent dans une conquête de la galaxie. Utilisé un des anciens ennemis pour garder l’autre en vue.

Et puis vient la proposition plus magouilleuse de la part de Dole. Alexandre ne connaissait pas très bien le ministre de la Défense. Les quelques échanges qu’ils ont eus s’étaient effectués par l’entremise d’assistant et de secrétaire. Et puis après, Dole ne parlait pas de destituer Joshua dès cet instant. Le poste était intéressant et offrait une meilleure position à Alexandre pour défendre s’est idées.

De l’autre côté, Thomas y verrait surement l’occasion de gagner un pion dans son échiquier politique. Un pion, pas un cavalier. Quelqu’un qui écoute au doigt et à l’œil en échange de promesse chuchotée, mais jamais comblée. « Vous risquez de partir très prochainement à la retraite ». Après la guerre contre les moissonneurs, la plupart des dirigeants avaient gardé l’habitude d’entendre la moindre parole qui pouvait paraitre suspecte. Alexandre devrait-il voir une menace dans cette phrase ?

Monsieur Dole, êtes-vous en train de me menacer de congédiement si je n’accepte pas votre offre? J’espère que ce n’est pas ce que vous faites, cela serait une très mauvaise idée, spécialement si l’on considère que votre visite ici n’est pas encore sue du public.

Alexandre laissa flotter sa propre menace presque pas voilée. Même si ce n’était pas dans l’intention de Dole de menacer, Alexandre devait le laissé savoir que ce n’était pas sa loyauté que Dole était en train d’acheter.

Puisque nous sommes d’accord sur le fait que nous ne nous menaçons pas, tant que vous me donnez le poste après que son courant occupant ait quitté, je ne laisse pas passer votre offre.

Messages :

Dole sourit légèrement à la dernière phrase de l'amiral.

- Je vous menace aucunement, amiral. Disons que je vous offre un... Nouvel emploi dans un futur proche.

Il se souleva de sa chaise, liant ses poings dans le dos.

- Venez avec moi pour renégocier Farixen. Vous verrez comment se déroule un débat politique. Vous testeriez le siège de diplomate. Vous verrez s'il vous plaît...

Sur quoi, il leva son bras droit et ouvrit son poing, pour lui indiquer qu'ils pouvaient se les mains.

- Je ne compte pas virer Joshua Gordon, je considère juste un remplaçant pour quand il déploiera son vrai potentiel...

Ils se serrèrent la main fermement. Puis, Dole croisa les bras, avant de laisser partir un court soupir.

- Et bien, et bien, monsieur Kaneway... C'était une journée très constructive. J'espère que l'avenir nous réservera beaucoup de bonnes choses... Pour nous deux.

Il sourit très légèrement en coin. C'est fou comment son air strict et honnête lui faisait penser à son père... Son enculé de père... Dole n'avait jamais parlé avec Kaneway comme il l'avait fait avec un autre. Il n'était pas mielleux, accorte, ou intimidant. Il était honnête. Il tourna ses yeux pour voir une horloge qui était accrochée : Ils n'avaient même pas passé 2 minutes à clôturer leur conversation. Il n'avait jamais rien vu d'aussi express.

- Vous me raccompagnez jusqu'à ma navette ?

Il conclut sa phrase avec un léger mouvement de tête vers la porte, après quoi les 2 hommes quittèrent la pièce, l'amiral ouvrant la porte pour le politicard. Ils repassaient dans les beaux bureaux du Quartier Général, devant les différents militaires, le garde du corps boche de Thomas les suivant de près.
Ils retournèrent dans la zone de réception des navettes, où était garé le véhicule civil de Dole. Avant de partir, de façon à ne pas s'éloigner en trombe, le politicien refit une bonne tournée de poignée de main, avec des félicitations basiques pour l'exercice, de bons sourires en coin...
Le garde du corps ouvrit la navette. Thomas se retourna pour faire face à l'amiral avant de conclure, très rapidement, la journée.

- Nous restons en contact, amiral Kaneway. L'Histoire appartient aux gens qui agissent tôt...

Il mit sa main au fond de sa poche, avant de sortir une carte avec ses coordonnées personnelles, qu'il plaça dans la main de Kaneway. Après quoi, il lui fit une poignée, franche. Une publique, devant le reste des officiers, avant de se retourner et poser son cul au fond la navette, qui décolla très rapidement après.

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