« Ne m'appelez pas "Général". » aboya une voix, relativement terrifiante. Le mastodonte humain qui avait régurgité cette réponse diffusait une froideur sans égale, qui avait eu don de provoquer un regard interloqué de son interlocutrice. Devant cette mine, il se résigna à se montrer plus sympathique. « Je n'ai plus ce grade, désormais. » fit-il, poliment. L'asari acquiesça et lui emboita le pas, filant tout droit dans le long couloir qui précédait leur destination.
Vassily Varto s'était réveillé trois heures plus tôt, dans la chambre qu'on lui avait assigné. Cette dernière avait, semblait-il, été décorée pour l'occasion. Une fine attention qui n'avait pas tellement atteint l'invité. Son hôte faisait preuve de maladresse en insistant sur des éléments qui n'avaient plus aucune importance à l'heure actuelle. La vérité, c'est que Varto était étranger aux lieux comme à lui-même. S'il s'était retrouvé au bon vouloir des lubies du Courtier de l'Ombre, c'était uniquement par des circonstances exceptionnelles. Non pas qu'il pensait que le Courtier était un ennemi. Toutefois, celui ou celle qui avait pris la succession de Liara T'Soni était sans nul doute plus énigmatique et imprévisible. Si d'antan, le Courtier était une force impartiale, cela avait changé et ses nombreuses implications dans des affaires qui le dépassent ne font que renforcer cette nouvelle réputation. Une réputation que l'ex-général des Soleils Bleus avait redouté. Mais de ce qu'il voyait, il s'était fourvoyé.
Les moyens qu'il employait étaient, pour cause, à la hauteur de ce qui lui était confié. Le trône s'était passé de l'agitateur et portait un véritable roi. Mais si les anciens Courtiers avaient si bien assimilé la notion de neutralité, c'était pour la simple et bonne raison que moins on est neutre, plus la situation à laquelle on s'intéresse devient dangereuse. Et le jour où son humble allié s'approcherait trop près d'une étoile, Varto ne serait sans doute pas là pour le regarder se brûler les ailes.
Bon gré mal gré, il avait autre chose à faire que de se projeter dans un futur dont il ne contrôlait rien. Fade, il se contentait de suivre son médecin qui ne s'amusait pas à interférer dans ses pensées. Celle-ci était à quelques mètres de lui, penaude devant une porte fermée. Elle en avait activé le terminal et le manipulait naturellement. « Saffron, j'amène un patient. Veuillez libérer la pièce. » chuchota t-elle. Elle fit signe à son dit-patient de s'arrêter quelques instants. Et ces quelques instants passés, elle put procéder à l'ouverture de la fameuse porte. « Après vous. » fit l'Asari. « Prenez à gauche et arrêtez-vous au bureau du Docteur John Doe. » précisa t-elle. Varto s'activa, sans broncher. Il pouvait observer ce que renfermait l'obstacle. Et c'était d'une banalité sans nom : une infirmerie haute-technologie, munie de tous les gadgets dernier cri et de plusieurs couchettes argentés au milieu de murs et de sols blancs tel un blizzard fraichement tombé sur Noveria. Suivant les instructions à la lettre, il avait tourné à gauche - ignorant, de fait, les diverses couchettes. Très vite, il allait à la rencontre d'une série de portes disposées de par et d'autre du corridor Ouest. Il y avait bon nombre de plaques, toutes les plus insignifiantes. Et finalement, l'avant-dernière porte sur la droite était l'arrêt demandé : John Doe.
Le coup fourré était palpable. En effet, sur Terre, les "John Doe" et apparentés étaient fréquents parce qu'il s'agissait tout bonnement du nom donné aux inconnus. N'importe qui avec un peu de jugeote aurait conscience de la supercherie. Et pour confirmer la théorie, le médecin était venu par delà l'ancien Général afin d'ouvrir la porte avec une carte magnétique. Machinalement, on était entré et la guide avait tenu à sceller juste derrière. Comme si elle en avait l'infinie habitude, elle s'était ensuite dirigé vers le bureau. Ce dernier paraissait tout ce qu'il y a de plus normal. Mais lorsqu'elle approcha ses mains de quelques objets aléatoires disposés sur celui-ci, on pouvait voir apparaître des inscriptions et de la lumière. Et bientôt, des commandes holographiques. Un filet électrique vint même piquer la main droite de l'asari. Elle feinta de ne rien de sentir et continua son affaire. « Confirmation requise. » demanda la chose. L'asari s’exaspéra. « Evanista. » dit-elle intelligiblement. Un silence suivit ce mot étrange. Curieux, Varto s'approcha du bureau-terminal totalement mystérieux. Il se plaça à côté de la tenante, qui croisa les bras en attendant le verdict. « Bienvenue, Docteur Sinla T'aell. »
Du côté de l'invité, on haussa un sourcil. Mais il n'eut pas le temps de questionner qui que ce soit, étant donné que le parterre s'était mis à trembler. Et sans prévenir, le bureau et ses alentours se retrouvèrent propulser vers le bas à une vitesse respectable et heureusement insuffisante pour projeter les organiques hors de l'incongru convoi. Vassily et Sinla se regardèrent. Elle souriait. Elle était juste amusée de constater l’étonnement général.
■ Laboratoire de John Doe ■
Le voyage n'avait pas duré masse. Quinze secondes tout au plus. La nouvelle salle à laquelle ils accédaient n'était pas profondément ancrée dans les souterrains... ou peu importe où elle pourrait être ancrée. Toutefois, les sensations procurées par l'ascenseur surprise étaient assez... pures. On se sentait vivre. Mais contents d'être arrivés, les deux foulèrent un sol métallique et glacé. « Il en existe beaucoup des passages secrets comme ça ? » sonda l'humain, tandis qu'il suivait encore et toujours son alliée bleue. « Peut-être. Cela vous dérange t-il ? » rétorqua t-elle. Varto eut un rictus. « Non, cela me rappelle un ami. » Il s'arrêta un instant. Tandis qu'ils traversaient nul ne savait quoi, il venait de se rendre compte de la présence de divers objets en vitrine. Et il venait de se stopper devant une armure assez... intrigante. Il lui manquait un bras. Un bras droit. « Ne faites pas attention. C'est une collection qui ne vaut pas grand chose. » mentit l'asari, visiblement pressée. L'ex-Soleil Bleu fixa un court moment son propre bras amputé. Dans un soupire, il quitta l'armure des yeux et se reconcentra sur la marche.
Au bout d'un tunnel parsemée d'une nuée "d'objets sans valeur" - dixit Sinla - ils atterrirent devant une sorte de machine médicale. Elle ressemblait à un cercueil en titane, flambant neuf et prêt à accueillir un nouvel être fait de chair fraiche. Sans se préoccuper de quoi que ce soit, la tenante grimpa sur les marches qui entouraient le cercueil. Et là, c'était comme si elle activait soudainement le courant. De nombreuses lueurs vinrent éblouirent Vassily et révéla une grande partie des lieux. « Ouverture du dossier A00135. » héla t-elle du haut de se montagne. Couvrant ses yeux de son avant-bras, l'homme tenait vaguement de lire ce qui défilait au-dessus de lui. Il voyait des images, du texte, différentes annotations. Mais à l'envers, il n'avait pas la capacité de déchiffrer quoique ce soit. « Ajout au dossier : Greffe de l'effet expérimental ZX32. » L'invité commença à s'inquiéter légèrement. Il l'avait précisé : cela lui rappelait le laboratoire d'un ami. Un ami qui n'était pas réputé pour être des plus éthiques, ni même des plus délicats. D'un autre côté, avait-il vraiment le choix ? S'habituant peu à peu à la lumière environnante, Varto se découvrit les yeux. Pour découvrir que Sinla était réapparu devant lui. « Étant donné que vous récupérez vos facultés rapidement, nous avons pensé qu'il serait bon de vous rendre vos moyens. » expliqua t-elle.
Le cercueil, juste dans son dos, était maintenant ouvert. Il n'attendait donc plus que le manchot. « Il va m'en falloir plus si vous voulez me faire entrer là-dedans. » se plaignait-il. Consciente de l'hésitation de son patient, l'asari plaqua ses mains contre ses épaules, sans aucune brusquerie. « Là où vous allez, vous aurez besoin d'équipement. Nous vous avons confectionné une armure, sur mesure. Et la greffe que nous allons vous administrer fait partie de la panoplie. » Pas franchement plus convaincu, Varto voulut continuer à protester. « Je n'ai pas besoin de ça. » « Vous n'en avez pas besoin, mais vous pourrez en avoir l'utilité. » lui avait-on répondu au tac-au-tac. Toujours la mine indécise, le cobaye s'écarte un instant. Libre de ses mouvements, il enjamba son interlocutrice et analysa un court instant la machine. « Si la Courtière veut son Ironman, elle n'avait qu'à se trouver quelqu'un d'autre. » s'énerva t-il. Il se retourna. Sinla le regardait bizarrement. Elle n'avait pas saisis la référence. C'était logique, en soi. Et étrangement, cela l'avait quelque peu apaisé. Dans le fond, il avait beau être ce qu'il était, il venait de se réveiller d'entre les morts. Et la peur l'absorbait, comme elle absorberait n'importe quel enfant dans le noir. Il prit alors une minute pour réfléchir. Rationnellement, si le Courtier voulait de son aide... S'il avait fait tant d'effort pour le conserver dans un état potable et pour tenir sa part du marché... Ce n'était pas pour l'assassiner dans une sordide expérience une matinée plus tard. Et quand bien même, il l'était déjà. Mort.
« Il faut être... nu. » précisa Sinla, constatant le changement d'attitude de son protégé. Une multitude de pensée et d'incompréhension traversa l'esprit tourmenté de Varto. Il serra le poing. Il devait se concentrer. Se contrôler. « Je suppose... » commença t-il lourdement. « que ce ne serait pas la première fois que vous me voyez nu. » Il n'était pas pudique mais... C'était difficile. De sa seule main, il attrapa la fermeture éclaire de sa fine combinaison et débuta le travail. « Je peux me débrouiller. » affirma t-il en entendent les pas prudents de l'asari, qui s'approchait. Une seconde passa et l'habit tomba. Il agita les pieds et ses espèces de courtes chaussures s'enlevèrent. Dans son plus simple appareil, il se résigna à entrer dans le cercueil. Ne sachant que faire, il se coucha et épousa gracieusement la forme du tissu recouvrant l'intérieur de la machine. Il vit une ombre près de lui. Très vite, son regard se fixa sur elle. Sinla activait la fermeture. « Faites de beaux rêves, Général. »
Personnage RP Faction : Courtier de l'Ombre Rang : Maître Courtier
Le Courtier de l'Ombre ne se voyait pas comme quelqu'un qui donnait la vie ou la mort, ni comme un dominateur où la seule mention d'une information classée secrète pouvait déclencher des guerres, et encore moins comme un maître chanteur. Il ne se voyait pas non plus comme une personne qui cherchait volontairement le pouvoir et le contrôle afin d'asseoir son emprise sur la galaxie. Non, il était une personne qui avait hérité du plus grand réseau d'information clandestin de la galaxie, qui avait prit une telle ampleur que non seulement il pouvait détruire nombre de vies mais aussi se détruire lui-même par la même occasion. Or, sa conservation et son contrôle était nécessaire pour éviter une série de catastrophes qui, peut-être égoïstement, mènerait à la guerre civile avant de venir à bout du tyran que représente sous certaines formes le Courtier.
En dehors de ça, il le vivait assez bien. Certes, il ne partageait pas une vie lambda sur une planète lambda aux besoins lambdas. Il était unique. Par ce fait, il devenait responsable d'une tâche qu'on lui avait incombé lors de la création du réseau : la stabilité. Lutter contre le chaos...
L'ombre se tira de ses pensées obscures pour lever ses yeux d’émeraude sur ce corps, allongé et installé dans une sorte de cellule ovale étirée coupée longitudinalement dont l'intérieur était, d'évidence, de conception médicale afin d'assurer le confort de la personne qui se trouvait dedans. Le corps était déjà habillé d'un t-shirt noir et rouge moulant et d'un pantalon treillis noir au liseré rouge dans la longueur. La particularité de ce corps était, outre sa grandeur de presque deux mètres, son bras droit. En effet, celui-ci était... mécanique, et non biologique de naissance. Le bras en question n'était alors pas recouvert de peau, car le délai était encore bien trop court après l'opération pour que le corps décide de se réapproprier la prothèse. Il lui faudrait quelques années avant que le processus ne débute, et de nombreuses autres pour qu'il se termine. La nature était ainsi faite.
Mains dans le dos, la silhouette aux courbures féminines étendit son regard à la pièce dans laquelle elle se trouvait. L'unique éclairage ne résidait que dans un spot lumineux qui illuminait le pod en son entièreté, disposé de façon à ne pas éblouir la personne qui était à l'intérieur. Celui-ci, incliné à 70%, était auréolé d'un néon bleu marine qui faisait le tour de la cellule, sûrement dû au design de la cellule à l'origine. L'inclinaison avait été voulu par la silhouette, afin de pouvoir lui parler à son réveil sans avoir l'impression de s'adresser à un malade. Toutes les prescriptions médicales étaient bien évidemment respectées.
« Réveillez-le. »
Une Asari, non loin de là, était proche une table sur patins sphériques sur laquelle était disposée quelques instruments médicaux, sérums et liquides étranges dans de petites quantités. Sûrement pour avoir a intervenir rapidement sur le patient si la nécessité s'était présentée. La doctoresse saisit un tube qui était relié à la cellule pour l'attirer vers elle, et inséra dans le tube une petite seringue afin de disperser le contenu directement dans les vaisseaux sanguins de l'homme qui était dans un coma artificiel. « Merci, Sinla. Tu peux disposer. Je t'appellerais si besoin. »
La concernée acquiesça, fit une très brève révérence avant de quitter la salle obscure uniquement illuminée en son centre pour mettre en valeur celui qui allait bientôt sortir du coma. La silhouette se déplaça afin d'augmenter légèrement la luminosité ambiante de la salle, faisant ainsi scintiller les plafonniers et chassant ainsi la profonde obscurité qui entourait le pod. Cela réveilla chez la silhouette, qui se révélait être en fait une humaine, la fine odeur de produit aseptisé. L'humaine était légèrement décalé sur la droite, de façon à laisser entrevoir la paroi qui se trouvait en face de la cellule, qui semblait représenter le vide spatial à l’œil nu.
L'humaine croisa ses bras derrière son dos, elle était ainsi fin prête à recevoir celui qu'on nommait Le Général. Un ex général des Soleils Bleus. Vassily Varto, désormais mort, avait donné naissance à un nouvel homme. Cette fois-ci, après son réveil après de longs mois de coma, il se réveillait non pas d'entre les morts mais il se réveillait avec un bras à la place d'un moignon. Peut-être Varto aurait-il envie de rencontrer le Courtier, de s'isoler... Elle n'en savait trop rien. Elle devrait attendre pour le moment.
Enfin, un petit terminal accroché à la cellule qui vérifiait ses constantes et affichait de nombreuses autres informations s'activa, affirmant qu'il était en train de se réveiller. L'humaine se retira, se rapprochant de la vitre qui se trouvait derrière elle, afin de ne pas paraître trop invasive. Après quelques secondes et des clignement d'yeux plus tard du réveillé plus tard, elle dit simplement :
Mar 09 Sep 2014, 22:02
