C'est la seule conclusion à laquelle pouvait arriver Perséphone alors qu'elle observait la carte des alcools proposés dans le bar qu'elle avait rejoint. C'était un établissement modeste, mais installé suffisamment près de la base de l'Alliance parisienne pour se trouver perpétuellement rempli. Un simple coup d’œil aux alentours suffit à confirmer à la jeune femme que la boîte était presque pleine ; tous les sièges étaient pris ou presque. Heureusement, la jeune soldate avait réussi à se dégoter un siège un peu plus tranquille, encore entouré de deux places vides, et elle s'était accoudé au comptoir, inspectant la carte. Et comme toujours, elle trouvait cela bien plat. Il y avait bien quelques vins français proposés, mais leur âge ne donnait pas vraiment envie de payer le verre, il faudrait sans doute quelques années encore pour que la qualité soit de nouveau au rendez-vous. Et puis, ce soir, elle avait envie de quelque chose de plus fort.
Cela faisait deux jours que l'article avait été publié et les rumeurs commençaient déjà à se répandre, elle profitait peut-être bien de sa dernière soirée tranquille avant d'être assaillie de toute part. Non pas qu'elle ne s'attendait pas à cela, elle avait prévu ce qui allait se passer dans les prochains jours, et c'était nécessaire. Mais cela ne l'empêcherait en aucun cas de souffrir des événements qui allaient suivre, elle en avait conscience et se préparait mentalement à la suite. Pour l'heure, elle ne sentait aucun regard sur elle, ou plutôt aucun regard inhabituel. La plupart des gens ici ne la connaissaient pas et personne ne pouvait deviner son nom de famille. C'était bien là les moments qu'elle préférait, quand on oubliait de lui rappeler de qui elle était la fille. Or, les jours prochains risquaient d'être assez durs à ce niveau là, il était donc hors de question de perdre cette soirée. Elle allait avoir besoin d'alcool, et de beaucoup d'alcool, puisqu'elle avait toujours eu une résistance exceptionnelle à cette substance.
« Deux verres de ce que vous avez de plus fort, finit-elle par prononcer d'une voix morne à l'adresse du barman, tout en lui tendant sa carte. »
Elle s’affala ensuite sur le comptoir, posant ses deux mains l'une sur l'autre et son menton encore au-dessus. Elle se doutait qu'avec sa tenue ; l'uniforme militaire standard qu'elle n'avait pas pris le temps de retirer, certains en profiteraient pour mater son cul, mais à vrai dire elle s'en fichait. Dans quelques temps, la tempête allait s'abattre sur elle, à vingt ans seulement, Perséphone Reynolds se retrouverait en plein cœur d'une affaire de corruption, alors qu'elle venait de perdre une bonne partie de son unité. L'avenir s'annonçait décidément radieux.
« Saloperie, marmonna-t-elle entre ses dents. »
Lorsque les verres apparurent finalement devant ses yeux, elle se redressa un peu, remerciant le barman d'un hochement de tête avant de prendre le premier verre venu. Une seule respiration lui suffit pour reconnaître la vodka, mais elle ne reconnut pas l'autre odeur. Un moment, elle craignit d'avoir commandé un de ses alcools parfumés avec des trucs extra-terrestres – elle avait toujours détesté ça. Quand le liquide brûlant atteint sa gorge, il réveilla brusquement ses sens et elle fut rassurée ; c'était bon et violant. Encore quelques verres comme ça et elle aurait oublié pourquoi elle était venue. Ce qui ne l'empêcherait pas de savourer.
« Je sens que je vais bien gonfler ton chiffre d'affaire ce soir, dit-elle au barman, déjà trop loin pour l'entendre, alors qu'elle reposait le verre à moitié vide devant elle. »
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• Melany Faith - Perséphone Reynolds • 2193 - Lors d'une permission de Melany • Contenu : Tout public
Londres, toujours en reconstruction, était une ville dont les richesses de la planète étaient parfois difficiles à cerner. Paris offrait de ce côté-ci un panel plus visible. La Tour Eiffeil qui faisait autrefois la fierté du pays et de ses habitants avait payé un lourd tribut, mais il avait été décidé que seules les fondations seraient consolidées afin d'éviter toute chute. Maintenant, on pouvait visionner des reconstitutions en 3D de la bataille finale, depuis le second étage de cette Tour. Une idée aussi terrifiante que capitaliste qui rapportait énormément : la mort et la peur fascinaient depuis toujours la population, sinon ils n'auraient jamais accrochés aux films d'horreurs et de zombies. On pouvait éventuellement parler d'ironie mais aussi de morbide : regarder des zombies de film était une chose, personne n'avait souffert en vrai... Mais regarder, même en reconstitution, des zombies tuer des vraies personnes... Je n'avais personnellement jamais compris ce genre de fascination, mais je ne me hâtais pas de les juger, du moment qu'ils étaient conscients de ce qu'ils regardaient et du prix payé.
Je n'ai pas combattue directement les moissonneurs. J'étais civile. J'ai bien aidé, j'amenais parfois des munitions ou des messages, mais aucun combat. J'avais déjà donnée avec Cerberus sur mon Eden Prime. J'avais dût faire et voir des choses qui auraient glacés les os de beaucoup. Et honnêtement, ça me les as glacé. Mais l'essentiel, que j'ai réussi, était de ne pas paniquer.
Les gens qui vous diront que l'entraînement fait tout n'ont pas tort pour autant. Mais sur le terrain, vous avez beau trembler, vous avez beau transpirer de chaud ou glacer de froid, c'est l'esprit qui fait le plus gros. Tuer une personne, prendre sa vie, faire le mouvement de presser la détente pour cracher des balles, n'est physiquement pas compliqué. C'est le mental qui vous empêche ou vous amène à presser sur la détente, ce mental qui vous murmure les enjeux, la situation, et parfois l'instinct de survie qui réussit à nous fournir la force nécessaire mentalement pour appuyer. Pourtant, les nouvelles technologies ont amené cette force à porté de la plupart : entre tuer un homme dans un combat d'épées ou le tuer d'une balle, lequel est le plus facile d'après vous ?
Mon expérience contre Cerberus a aidé Tobias à construire quelque chose dans mon unité. Je ne suis ni réellement une politicienne, ni réellement une soldate dans l'âme. Plutôt un mix des deux, tant au niveau des compétences que de la pensée.
Mais assez parlé dans ma tête, je me dirigeais maintenant au bar le plus proche de la caserne de l'Alliance de Paris pour m'y détendre. Oh, il était généralement vide quand j'y allais, aussi je fus surprise de le voir assez bien remplis. Il fallait dire que le moment était idéal à son remplissage, à mon grand désarroi. Mais je ne comptais pas rester des heures, et lorsque je vis deux sièges de disponible dans un coin reculé du bar, assez à l'écart des autres, je n'hésitais pas. Je portais encore mon t-shirt de l'Alliance, mais je n'étais, en permission ou en tout cas hors service, pas autorisée à porter d'autres affaires de l'Alliance que ce t-shirt. Je tournais ma tête vers la seule femme assise à cet endroit, et je souris en reconnaissant Perséphone :
Puis-je ?
Je ne la connaissais pas de nom, je ne m'intéressais pas vraiment aux célébrités, et voyant le serveur approcher, je lui commandais du jus d'orange, n'ayant jamais été portée sur les beuveries avec excès. Je reposais mon regard sur Perséphone : belle, jeune, elle n'avait pas l'air d'une militaire. J'ignorais cependant le scandale et voyant son air las, je répondis :
Ça ne va pas ?
J'attendais toujours poliment qu'elle m'invite à prendre place, lui laissant ainsi le temps de me répondre. Le moins qu'on puisse dire, c'est que Perséphone n'avait rien à envier à la Perséphone des mythes romains, espérons juste qu'elle ne se fasse pas enlever par un méchant qui croise les parages. Je connaissais, de lecture du moins, ce qu'on racontait sur les Mystères d'Eleusis, qui liaient Coré, Demeter, Hadès et Zeus. Un roman riche en histoire antique, une période qui m'intriguait et m'intéressait.
Je n'avais pas encore eu l'occasion de bien connaître cette femme, mais elle tenait des discussions sensées et intéressantes qui faisaient penser que, soit elle avait été forte à l'école, soit elle était naturellement douée, voire les deux qui sait ? Une bonne éducation comme il en manquait de temps à autre chez les militaires. Heureusement, tous n'étaient pas des sauvages. La guerre avait prouvée que le coeur des soldats existait bel et bien et qu'il avait battu au moins aussi fortement que le nôtre, civils, durant cette effrayante période.
A la réflexion, est-ce que ce scandale serait vraiment si grave ? C'est vrai après tout, ce ne serait qu'un mauvais moment à passer sous les projecteurs, et ce genre de mauvais moment, Perséphone Reynolds les endurait depuis qu'elle avait poussé son premier cri. Alors certes, elle perdrait sa réputation, mais en avait-elle réellement une ? Après tout, elle n'était que la fille de Richard Reynolds, rien de plus. Celui qui perdrait gros dans cette affaire, ce serait sans aucun doute son père, et d'une certaine façon, cela lui plaisait assez. Non, ce qui l'emmerdait un peu, c'était qu'elle risquait de perdre son poste avec toutes ces bêtises. Avec tout le mal qu'elle s'était donné pour rentrer dans l'Alliance, elle serait un peu déçue d'en sortir comme ça. Quoique … Pourquoi y était-elle rentrée déjà ? Ah oui : pour faire quelque chose de sa vie … et pour emmerder son paternel aussi. Le père Reynolds avait toujours eu la vie militaire en horreur, et Perséphone semblait prendre un malin plaisir à faire ce qu'il ne voulait pas qu'elle fasse.
La jeune femme fut brusquement tirée de ses pensées par une voix féminine, juste à côté d'elle. Lentement, elle tourne son regard bleu vers l'intruse, l'inspectant pendant quelques brèves secondes. Un joli brin de fille, blonde et au sourire attirant. Melany, le prénom lui revient soudainement. Elle l'a déjà croisée une ou deux fois mais ne la connaît pas vraiment. D'ailleurs, elle portait son T-shit de l'Alliance, même si Perséphone n'avait pas la moindre idée de la division dans laquelle elle travaillait. Sans doute un poil plus vieille que Perséphone mais toujours dans la vingtaine, plus petite aussi mais c'est parce que la jeune héritière est un peu trop grande pour son âge. Elle veut une chaise sans aucun doute, c'est d'ailleurs ce qu'elle demande.
Apparemment, l'état d'esprit de l'héritière Reynolds était peint sur son visage, parce que le temps qu'elle réfléchisse à tout ça, Melany lui avait déjà demandée si elle allait bien. Pure gentillesse ou intérêt poli ? Impossible à dire évidemment, Perséphone n'était pas très douée pour déterminer les intentions des gens, elle décida de faire comme si c'était la première catégorie.
« Bien sûr, installez-vous. »
Son ton était poli, et clair, l'alcool n'avait aucune emprise sur elle pour le moment, elle put donc enchaîner sur un petit sourire. A vrai dire, elle ne savait pas trop quoi répondre ; non évidemment, cela n'allait pas mais elle n'avait pas forcément envie que tout le monde sache pourquoi. D'un autre côté, répondre oui serait un peu idiot compte tenu du fait que si Melany posait la question, c'est qu'elle connaissait déjà la réponse.
Après un moment d'hésitation, la jeune femme se saisit de son verre et le vida rapidement, avant de tapoter délicatement dessus, se léchant la lèvre supérieure pour ne pas perdre la moindre goutte de liquide.
« Non, ça va pas fort, finit-elle par répondre doucement, avant de tourner son regard bleu outremer vers Melany. Et vous ? »
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• Melany Faith - Perséphone Reynolds • 2193 - Lors d'une permission de Melany • Contenu : Tout public
La réponse étant positive, je m'installais alors au moment où le serveur m'amena un grand pichet avec un verre. Je remplis le verre, bus deux gorgées avant de répondre :
Merci !
Oh moi... Ça va. Entraînement intensif en ce moment, j'avais besoin de décompresser un peu. Je connais un coin plus tranquille si vous cherchez à être plutôt au calme si jamais ça vous intéresse.
Je m'arrêtais pour la laisser réfléchir un peu, et je repris alors :
Je n'ai pas de diplôme de psychologie, mais je peux être une amie compréhensive et à l'écoute si jamais... vous avez besoin de parler.
fis-je en lui posant doucement ma main sur l'épaule. Ce geste, d'une manière si douce, me donna la chaire de poule en pensant que si j'avais bougée ma main avec cette douceur, on aurait largement pu se méprendre sur mon geste. Je rougis alors et je retirais ma main avant de regarder cette femme : elle cachait quelque chose. Mais je ne la forcerais en aucun cas, si elle ne se sentait pas à l'aise avec moi, il n'y avait aucun problème. Chacun avait ses problèmes personnels après tout !
On avait pris une grosse raclée à l'entraînement, en simulation réelle, c'est à dire avec des armes qui tiraient des vraies balles dont l'extrémité avait été conçue pour laisser une tâche de peinture au lieu de tuer. Mais ce genre de balle laissait des marques, et parfois des blessures si elle venait à être mal placée. Si mon score n'avait pas été catastrophique, le travail en équipe jouait une grande part de la réussite de la mission, et la mission ne fut que partiellement accomplie car nos deux politiciens boyscouts se la jouaient parfois solo. Une chose que j'avais souvent remarquée, qui devait sûrement venir de leur apprentissage. Et tant qu'ils se la joueraient solo, ils se prendraient des baffes. Ceci dit malgré ces deux fausses pertes l'objectif avait été sécurisé, alors pourquoi dramatiser me direz vous ?
Vous n'avez pas connu Eden Prime, sinon vous ne me poseriez pas la question. Militaires, politiciens, civils, enfants... On ne pourra jamais sauver tout le monde, c'est certain. Mais on peut essayer. Il est dur de sauver une personne dont les chances de survie sont relativement faibles parce qu'elle s'est fourrée elle même dans la merde à cause de son incapacité à agir en équipe. C'est pourquoi moi j'étais en perm' et qu'eux passaient leur week end à nettoyer la caserne.
Puis il y avait Tobias aussi. Cet homme athlétique quoique assez replié sur lui m'intriguait. Il était à la fois sûr de lui et... semblait hésitant quand à la conduite à avoir avec moi. J'ai bien tenté de lui en parler, mais il m'assurait être aussi ferme et sévère avec moi qu'avec les autres. Il tentait de l'expliquer parce que je suis fille de soldat et que l'on m'a élevé dans la joie mais néanmoins rigueur de la vie. Avait-il raison ? Peut-être aussi qu'avec ce que j'avais vu sur Eden Prime, ce que faisait Tobias ne me semblait qu'un simulacre d'obstacle, quelque chose qui n'atteindrait jamais la dureté à laquelle je fus confrontée il y a plusieurs années, à devoir prendre des vies, à me sentir responsable de pertes parce que j'avais une responsabilité.... Je clignais plusieurs fois des yeux, constatant que Perséphone me parlait, et qu'avec mon air absent elle semblait inquiète.
Hein ? Oh oui je vais bien, j'ai eu.... des mauvais souvenirs qui ont resurgis dans mon esprit, désolée. C'est dire que... J'ai repensée à mon entraînement récent et ça m'a rappelé de mauvais souvenirs durant la Grande Guerre contre les Moissonneurs.
Puis je lui fis un sourire pour lui assurer que j'allais bien, et je bus deux nouvelles gorgées de jus d'orange.
Le temps que la jeune femme s'installe, le barman avait déjà apporté la boisson qu'elle avait commandé, et Perséphone ne put s'empêcher de regarder. Un simple pichet de jus d'orange ; ce n'était même pas amusant. Mais après tout, elle avait bien le droit de boire ce qu'elle voulait, même si Perséphone faisait partie de ceux qui considéraient qu'on venait au bar pour boire entre amis ou pour boire de l'alcool. La première proposition la surpris, bien évidemment, et elle resta un moment sans rien dire, observant Melany de son regard outremer. Que voulait-elle dire exactement ? Le coin était relativement calme aux yeux de la jeune héritière, alors elle ne voyait pas trop où sa nouvelle interlocutrice voulait en venir.
« Eh bien, si ce coin propose un meilleur alcool qu'ici, je suis partante ... »
La seconde proposition fut encore plus ambiguë ; ce n'était pas vraiment le genre que Perséphone s'attendait à recevoir ce soir. Elle ne se déroba pas sous la main de Melany mais l'observa encore plus intensément pendant un long moment, sans rien dire. Au bout de plusieurs secondes, la jeune femme retira sa main, légèrement rosissante, suffisamment en tout cas pour que Perséphone le voit. Finalement, ce n'était peut-être pas ce à quoi elle avait pensé, peut-être que cette jeune femme voulait simplement se montrer gentille ; avait-elle à ce point l'air déprimé ? Finalement, l'héritière Reynolds choisit de répondre par un très large sourire, et même par un léger rire, pas foncièrement moqueur, mais très amusé.
« Eh bien, vous êtes du genre directe, vous, non ? »
Après s'être calmé, elle reprit son verre pour avaler quelques gorgées, fermant un instant les yeux pour se focaliser sur la brûlure dans la boisson dans sa gorge.
« Disons simplement que vous saurez bientôt pourquoi je vais pas fort, ne vous en faites pas. »
Perséphone n'avait pour le moment pas l'intention de creuser plus profondément ; tout le monde serait sans doute au courant dans peu de temps, mais ce n'était pas une raison pour qu'elle propage elle-même des rumeurs. Elle choisit donc de rester vague et d'observer Melany, ne serait-ce que pour écouter ce qu'elle pouvait bien répondre à cela. La jeune femme était curieuse et ce soir, elle avait bien envie de se focaliser sur autre chose que la tempête à venir.
La jeune héritière ne tarda pas à comprendre que Melany s'était brusquement perdue dans ses pensées, elle attendit quelques secondes, demandant finalement d'une voix douce.
« Sûre que ça va ? »
Le sourire qu'elle eut en réponse sembla satisfaire Perséphone ; elle pouvait comprendre ce qui amenait une jeune femme à se perdre dans les souvenirs de la Guerre contre les Moissonneurs. Elle-même ne l'avait jamais connu. Bien sûr, elle savait ce qu'il se passait à l'époque ; elle n'avait que quinze ans mais tout de même. Elle n'avait cependant pas participé, elle n'était même pas sur Terre à l'époque. C'était sans doute l'une des rares choses que son père avait fait de bien pour elle ; il l'avait mis à l’abri loin de la planète lors de l'attaque des Moissonneurs. Perséphone ne savait pas trop si elle devait vraiment lui en être reconnaissante, mais elle était contente d'avoir échapper à tout ça, même si la vision de Paris en partie détruite à son retour lui avait fait un choc.
« Je comprends, pas de soucis. Vous avez participé à la guerre ? »
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• Melany Faith - Perséphone Reynolds • 2193 - Lors d'une permission de Melany • Contenu : Tout public
Je l'invitais alors à se lever après avoir payé l'addition, puis je lui répondis :
Oui, autant ne pas tourner autour du pot pour ce genre de choses. Le coin que je connais est plus agréable je trouve.
dis-je alors que je m'éloignais d'elle pour me diriger vers la sortie. Le coin auquel je faisais allusion était un bar situé a cinq minutes à pied, mais qui était entouré de verdure et dont l'alcool était en effet fort. Et j'espérais avoir raison quand je disais qu'il était plus calme : en général, il n'y avait pas grand monde. Sans doute à cause de la concurrence un peu rude en ces temps et en ces endroits ? Je me tournais alors vers elle et lui répondit :
J'étais civile sur Eden Prime quand la guerre a éclatée, mais ce ne sont pas les moissonneurs que j'ai dût combattre. C'est... Cerberus. J'ai vu et fait des choses pour lesquelles je n'étais pas vraiment préparée. A un moment, j'aurais même pu parler au Commandant Shepard, mais... La radio était détraquée, on pouvait le recevoir mais pas émettre. Entre les prisonniers et les exécutions de prisonniers... Ils nous en ont fait voir ceux-là. C'est pour ça que je juge qu'aucun entraînement ne sera assez dur et intensif pour moi.
Une fois que vous avez vécu ça, vous savez.... Vous relativisez drastiquement le reste. Nous n'avions même pas le choix, c'était nous battre ou mourir.
dis-je, avec lassitude. Je repensais à ce qu'elle m'avait dit : « Vous le saurez bien assez tôt ». Que voulait-elle dire par là ? Je décidais d'écarter en acquiesçant et, la regardais en souriant :
Voila, on est arrivé.
Le bar, bien que modeste, était bien équipé toutefois d'un certain confort, mais la plupart des places étaient vides. Vu l'heure, rien d'étonnant, le bar était surtout fréquenté la nuit. Je me dirigeais vers une table et l'invitait à me suivre. Une fois assises, je continuais :
Vous devez sûrement vous demander, après ce que j'ai vécu, pourquoi faire une formation militaire sans doute ? Malheureusement, on n'est jamais assez préparé à ce que nous réserve la vie, et quoi qu'elle me réserve j'ai décidé d'aller au devant.
Je semblais parler avec assurance, mais cette culpabilité me rongeait. Assurer un rôle et faillir, à mon sens, par manque d'entraînement... Voir des personnes blessées et mortes à cause de ça...
Ce n'était que maintenant que je remarquais sa beauté : bien sûr elle m'avait paru belle mais... Elle avait un visage très juvénile, quel âge pouvait-elle avoir ?
Directe pour le coup, oui, elle l'était ; plutôt bien même. Sitôt la réponse donné, la jeune femme s'était levée et s'était éloignée après avoir payée l'addition. De son côté, Perséphone réfléchit pendant un moment, avant de décider qu'elle n'avait rien de mieux à faire ce soir de toute façon, et qu'elle pouvait bien se laisser aller à tenter le diable. Elle prit donc le temps de terminer son verre, de le reposer et de payer le barmaid, tout en laissant un pourboire plutôt important. En quelques pas, Perséphone rejoignit son interlocutrice, et elle put constater qu'elle la dépassait en effet de quelques centimètres, mais cela n'était guère étonnant : avec son mètre quatre-vingt et quelques, elle avait l'habitude d'être trop grande. Elle lui emboîta donc le pas en silence, écoutant avec attention les réponses que lui donnait Melany.
Eden Prime, Cerberus, Shepard, autant de mot qu'elle avait toujours l'impression de connaître sans les comprendre. Perséphone faisait sans doute partie des rares humains qui avaient vécus cette période de guerre sans avoir trop peur. Non pas qu'elle n'était pas au courant de ce qu'il se passait, mais étant donné les mesures de sécurité qu'avait pris son père, elle s'était senti à l'abri. Bien sûr, aujourd'hui elle avait constaté l'incroyable puissance des Moissonneurs, et elle avait compris que ce n'était pas le cas. Mais pour elle, cette période de trouble qui avait vu l'émergence du commandant le plus célèbre de la galaxie n'était rien d'autre qu'un moment de sa vie un peu tendu. Cela avait peut-être quelque chose à voir avec le fait qu'elle était adolescente à ce moment là, elle avait alors d'autre soucis qui lui paraissaient bien plus urgent. Bien évidemment, elle ne pouvait pas se permettre de répondre ainsi.
« J'imagine oui, la guerre est connue pour avoir ce genre de conséquences sur les gens, qu'ils soient civiles ou militaires. »
Le temps qu'elle réponde et elles étaient arrivés à l'établissement que Melany avait choisi. Un bar un peu plus discret que le premier, et avec beaucoup plus de verdure. Perséphone n'était jamais venu ici donc elle ne pouvait pas encore juger de la carte, mais au moins le coin avait l'air calme. Elle suivit Melany jusqu'à une table et s'installa tranquillement face à elle, se laissant couler dans son siège avec un petit sourire satisfait. Elle préférait largement les sièges confortables au tabouret de bar qu'elle occupait tout à l'heure.
« J'imagine que c'est une sage décision ; l'Alliance a tendance à bien nous préparer aux choses, commença-t-elle avant d'ajouter, plus doucement.Je n'ai jamais connu la guerre en réalité, je suis terrienne et lorsque les Moissonneurs ont attaqué, j'étais … à l'abri. »
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• Melany Faith - Perséphone Reynolds • 2193 - Lors d'une permission de Melany • Contenu : Tout public
Je n'étais nullement surprise par sa réponse. Elle ne semblait pas très affectée par ces événements, comme si elle n'y avait jamais vraiment participé. Tous ceux sur Terre y ont participé, directement ou indirectement.
Vous avez eu de la chance alors. Je ne souhaite à personne de voir ou devoir faire ce que j'ai vécu là-bas à ce moment. Une phrase qui n'a rien de plus vrai dans ce contexte dit : « Just name a hero and I'll prove he's a bum. » [Montrez moi un héros, je vous montrerais un pauvre type].
Je n'ai certainement pas l'intention de vous juger et de vous traiter de lâche en tout cas. Des fois, je préférerais oublier cette période, et un événement vient généralement me rappeler pourquoi je ne peux pas oublier. Mais assez parlé de malheurs, parlons plutôt de choses heureuses !
Vous avez des passions ?
dis-je en souriant, commandant un peu de vin rouge - que je ne boirais sûrement pas beaucoup d'ailleurs. Je regardais l'heure du bar : dix-huit heure. Il faisait encore un soleil agréable dehors par ce mois de chaleur. Un journal était posé non loin, et quelque chose d'étrange prenait forme. Je ne savais pas ce que c'était, mais j'avais comme une impression bizarre. Je posais de nouveau mes yeux sur Perséphone et je la voyais satisfaite, probablement que le confort de l'endroit lui plaisait. Un bon point pour moi d'avoir eu le courage de lui demander ! J'avais la sensation que cette fille - femme ? - était vraiment en marge, différente de la plupart. J'espérais avoir raison. Je me versais alors un peu de vin que je commençais lentement à déguster avec plaisir :
Et vous avez déja été sur le terrain, dans des affrontements ?
Les deux jeunes femmes n'eurent pas très longtemps à attendre avant qu'on leur apporte la carte, et Perséphone pu donc s'y perdre tranquillement en suivant la conversation. Ce n'était guère différent du bar précédent, quelques cocktails en plus peut-être. Elle hésitait un peu sur la boisson à commander ; maintenant qu'elle était en train de discuter, il ne serait peut-être pas très indiqué de se vriller le cerveau tout de suite. Surtout si la jeune femme en face d'elle continuait de se montrer aussi entreprenante. Lentement, elle détailla du regard chaque cocktail avant de se décider, reposant la carte devant elle pour vriller son regard outremer dans les yeux de Melany.
« Il n'est pas question de lâcheté ou non. J'avais quinze ans quand ils ont attaqués, mon père m'a mise à l'abri, c'est tout. »
Le ton était calme, mais il était manifeste qu'elle n'avait pas apprécié l'insinuation qu'elle avait cru ressentir. Pour elle, il s'agissait sans doute d'une des rares choses que son père avait fait de bien pour elle, et il était hors de question de laisser une soi-disent héroïne, ou quoi qu'elle soit exactement, lui gâcher ça. Une fois la mise au point faite, Perséphone lui servit un joli sourire.
« Nous avons tous des passions. Personnellement, j'aime emmerder mon père et me bourrer la gueule. L'avantage, c'est que les deux vont bien ensemble. »
Elle se tourna ensuite vers le serveur venu prendre leur commande et annonça avec un sourire charmant.
« Juste un Gin Fizz, je vais ralentir un peu ma consomnation, il serait bête que je tombe évanouie dans moins d'une heure. »
Alors qu'il repartait, la jeune femme se tourna de nouveau vers son interlocutrice, sans perdre son sourire.
« Du vin rouge ? Pas fondamentalement une bonne idée, beaucoup de vignes ont soufferts de la dernière guerre, il faudra un peu de temps avant qu'elles ne retrouvent leur plein potentiel. »
Puis elle ajouta, avec un sourire d'excuse.
« Désolée, mon père m'a éduquée à connaître mes vins. J'ai parfois de mauvais … réflexes. »
Le temps qu'on leur apporte leurs verres, Melany avait déjà posé une autre question, et Perséphone se demandait encore une fois comment elle devait le prendre. Cette femme était-elle en train de mettre en doute ses capacités, ou de la traiter de bleu ? Elle choisit finalement de répondre calmement, les yeux tournés vers son verre.
« Bien sûr, rien de bien méchant évidemment. Les missions habituelles. »
Elle n'avait pas très envie de s'attarder là-dessus, ni sur le fait qu'une partie de son unité venait de se faire décimer lors d'une mission dont elle avait été dispensée.
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• Melany Faith - Perséphone Reynolds • 2193 - Lors d'une permission de Melany • Contenu : Tout public
Quinze ans ? Elle avait cinq ans de moins que moi, elle devait donc actuellement avoir environ vingt-deux ans. Et tout ça sans lui avoir même demandé son âge, en voila une question de moins. Toutefois, même si elle parlait calmement, il était visible que j'avais touché un point sensible. Deux choix s'offraient à moi : continuer à en parler pour m'excuser et passer à un autre sujet, ou éviter qu'elle prenne mal le fait que je revienne sur le sujet et donc ne pas y revenir.
Mes excuses si j'ai pu vous blesser, j'ignorais votre âge.
Je décidais alors d'enchaîner sur sa réponse :
Je vois. Personnellement, le mien est mort. Quand à l'alcool, je n'aime pas me saouler, je préfère écouter de la musique dans mon coin. Je ne suis pas trop estivale en réalité, mais j'apprécie être bien accompagnée.
fis-je en souriant. Un compliment à peine déguisée qui pouvait, je l'espérais, la toucher. Mais je repris calmement :
Ce n'est rien, moi je connais juste quelques vins classiques, je n'ai pas besoin de boire le meilleur alcool qui soit parce que je serais très vite bourrée sinon...
fis-je avec un petit rire, avant de reprendre :
Il me reste un peu moins d'un an d'entraînement, tout dépend de la progression en réalité. Après je pense retourner à la vie civile. Oh, avec mes études, j'ai le choix. Pourtant ... Tout me semble si flou.
Trouver quelque chose qui intéresse Perséphone allait s'avérer acrobatique si elle devenait méfiante. Sur le plan professionnel, je n'avais aucun mal pour mes relations. Mais sur la vie privée, il en allait autrement. Entre ma meilleure amie asari durant les études et... Eden Prime... Puis la reconstruction... J'avais plus travaillé que tissé des liens avec les personnes. Et pourtant, j'avais en effet des amis, par-ci par-là, des contacts, mais rien de pleinement satisfaisant. Et Perséphone avait un côté attirant, il ne pouvait d'ailleurs pas être possible qu'elle l'ignore. Son maquillage indiquait qu'elle prenait soin d'elle sans abuser, elle savait parfaitement ce qui était superflu de ce qui ne l'était pas.
Lorsque Melany s'excusa, la jeune femme resta un moment à réfléchir à ce qu'elle devait répondre ; peut-être avait-elle réagit un peu rapidement. Cela lui arrivait souvent, surtout quand on touchait à ce genre de sujet, et puis quand elle était en dehors du service, elle se montrait beaucoup moins réservée qu'à l'habitude.
« Ce n'est rien, ce sont des sujets complexes, finit-elle par prononcer doucement. »
La façon dont elle évoqua son père était un peu étrange ; elle ne s'attarda pas du tout et préféra enchaîner directement sur la question de l'alcool et de ses habitudes. Perséphone choisit donc de ne pas creuser dans cette direction sachant que cela risquait de ne pas être agréable à la jeune femme. Elle se contenta donc de répondre par un doux sourire.
« J'apprécie aussi, mais nous sommes au calme ici, vous pourriez presque mettre votre musique. »
Elle ajouta au bout de quelques secondes, portant le cocktail à ses lèvres.
« C'est dommage de se priver de bon vin. Je n'apprécie pas beaucoup mon paternel mais je le remercie au moins de m'avoir appris ça ... »
Et pour cause, elle appréciait tant le vin qu'elle s'en privait volontairement afin d'être plus apte à en savourer le moment venu, et ce moment ne viendrait clairement jamais dans un bar comme celui-là.
Melany semblait faire partie de ceux pour qui l'armée n'était qu'un bref passage ; Perséphone elle-même ne savait pas trop quoi en penser. La jeune blonde ne savait pas trop vers quoi se tourner mais elle au moins semblait avoir le choix, alors que de son côté, la brune s'était tourné vers l'armée très vite après être sortie du lycée. Résultat, elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle pourrait bien faire une fois qu'elle aurait quitté l'Alliance. C'était sans doute ce qui l'inquiétait le plus dans la situation actuelle, mais comme à son habitude, elle n'en montra rien.
« Ah, vous n'avez pas l'intention de faire carrière ? Vous avez un secteur qui vous attire plus que les autres, ou bien vous verrez en temps voulu ? »
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• Melany Faith - Perséphone Reynolds • 2193 - Lors d'une permission de Melany • Contenu : Tout public
Elle semblait s'apaiser et j'en fus soulagée, je ne voulais pas me prendre la tête, encore moins avec elle. Je souris et lui répondit alors :
J'aime aider les gens. Le peuple. Après ce que j'ai vécu, je voudrais rendre plus heureuse et confortable la vie des gens, plus sécurisée. Je tente d'entrer en politique. Mais c'est assez dur la concurrence, et je n'ai pas l'intention de devenir corrompue pour accéder au pouvoir. Je ne prétends pas avoir toutes les cartes en main mais je ne dévoilerais mon jeu qu'au dernier moment. Je ne me sens pas non plus l'âme d'une soldate à part entière, je respecte ces gens qui se dévouent corps et âmes, mais je me suis déja un peu sacrifiée physiquement. Si je devais continuer, je préférerais m'esquinter à rendre la vie des citoyens meilleure. Qu'ils soient humains, asaris, krogans ou autre.
Le problème de la politique d'aujourd'hui, c'est pas tant sa corruption. Ceci n'en est qu'un facteur. Le réel problème c'est la fracture entre le monde réel et le monde politique. Une fracture qui empêche les dirigeants de prendre certaines décisions nécessaires parce qu'ils ne se rendent pas compte du besoin de ces mesures. Alors qu'une citoyenne lambda qui connait et voit les besoins nécessaires aura bien plus de facilité à cerner les sujets.
Je bus une gorgée de vin que je savourais, avant de reprendre :
Et vous, vous pensez faire carrière ou vous avez d'autres projets ?
Elle semblait vraiment avoir un problème avec son père, elle y faisait souvent allusion, ce devait sûrement être quelque chose de pénible et de marquant pour elle, quoi qu'il ait pu faire contre elle, elle semblait bien lui rendre. Pourtant il semblait prendre soin d'elle et de son éducation, puisqu'elle était bien élevée, et même élevée à connaître les vins, ce devait sûrement être un père assez mondain. A moins qu'il soit viticulteur.
C'est bien ma veine, une politique. Et idéaliste en plus.
Perséphone n'avait jamais été particulièrement intéressé par le monde politique ; sans doute en était-elle restée à cette époque de l'enfance où tout cela nous semble des agitations inutiles et incompréhensibles de la part des adultes. Elle avait reçut des avertissements de son père, qui ne l'éduquait que lorsque cela pourrait servir à la chef d'entreprise qu'il comptait faire de sa fille, et intégré le fait que les politiques pouvaient être dangereux. Pour autant, elle jugeait toujours cette profession avec une certaine indifférence ; elle se fichait de savoir qui était au conseil et qui représentait les humains. Pour elle, ce n'était là que de la parlotte, et la vérité des choses se décidaient dans les actes, quoiqu'on en dise. Ce n'était pas le Conseil qui avait sauvé la Galaxie, c'était un Commandant qui avait pris tous les risques pour se faire.
Bien évidemment, elle ne pouvait pas se permettre de balancer ça à Melany, d'autant que la jeune femme ne semblait pas méchante, bien au contraire. Alors qu'elle l'observait en silence, Persépone jugea qu'elle était sincère, et qu'elle prenait cela plutôt à cœur.
« Eh bien, si vous comptez vous lancer dans la politique, je ne peux que vous souhaiter bonne chance. On aura toujours besoin de gens comme vous ; avec de véritables convictions. Je suis sûre que vous les garderez. »
Distraitement, elle se mit à siroter son cocktail avec un petit sourire en coin, son regard bleu détaillant la jeune femme face à elle. Peut-être ne passerait-elle pas une si mauvaise soirée finalement.
Lorsque Melany posa sa question, la jeune héritière reposait doucement son verre, et elle tritura un instant la paille avant de répondre, posément mais sans aucune joie.
« Je n'y avais jamais vraiment réfléchi en fait. Je suppose que je voulais le faire. De toute façon, ça ne sera plus possible maintenant. »
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J'étais fichtrement d'accord avec elle : les gens qui pensaient comme moi manquaient, ou alors étaient vite court-circuité par ceux peu de scrupuleux. Je m'étais sentie transportée par mon discours, mais je me rendais compte que j'avais pris trop à coeur ce que j'avais dis à Perséphone. Je n'avais pas besoin de faire de longs et ennuyeux discours, il s'agissait d'une jeune femme me demandant juste ce que je comptais faire.
Merci, ça me touche. J'espère vraiment arriver à faire quelque chose. Parce que les actuels rendent un formidable hommage à l'énergie éolienne : ils brassent tout le temps du vent...
Elle m'intriguait à dire qu'elle ne pouvait plus faire carrière. Je repris une gorgée de vin avant d'enchaîner, comme prise d'une intuition :
Cela aurait un rapport avec votre moral ? En tout cas, si je peux vous aider, de quelque manière que ce soit...
finis-je avec un sourire. Quelque chose me disait que la journée ne serait pas si négative. Il est vrai que j'étais troublée par ce joli brin de fille...
Elle avait du culot, c'est le moins qu'on puisse dire. Quoique, il n'avait jamais été difficile de critiquer les hommes politiques actuels, restait à voir comment Melany se débrouillerait si elle finissait par y arriver. C'était toujours facile quand on était pas dans le système. Perséphone ne savait pas comment ça marchait mais elle était quasiment sûr que ce n'était pas qu'une question de conviction. Bien sûr, elle n'allait pas le faire remarquer à voix haute.
« Je serais très curieuse de voir ce que vous allez faire alors, je suivrais avec attention. »
Évidemment, son interlocutrice ne pourrait pas continuer éternellement à tenter de comprendre quel était le problème de Perséphone sans aucune explication. Et vu la direction que prenait la conversation, elle ne pouvait pas se permettre non plus de la laisser dans l'ignorance trop longtemps. Elle choisit donc de s'expliquer.
Sans rien dire au début, elle laissa s'installer le silence, sirotant son Gin Fizz, puis entama d'une voix calme, mais froide.
« Une bonne partie de mon unité s'est faite buter dans une mission dangereuse. J'étais la seule en permission. Et comme je suis la fille de Richard Reynolds, on soupçonne une affaire de corruption. Des articles en parlent déjà. Je serais probablement renvoyée, dans le meilleur des cas. »
Toujours calme, elle reposa son verre devant elle.
« Je crains donc que vous ne puissiez pas faire grand chose pour moi. »
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Phrase de politesse ou sincère réponse ? Je ne saurais le dire, mais en tout cas autant de phrases qui m'encourageaient à poursuivre, je la remerciais. Sa voix devint plus froide mais toujours calmement, je l'entendis enfin m'expliquer la raison de son problème. Difficile de dire si elle se souciait surtout de son unité ou d'elle-même, de ce qui pourrait lui arriver avec tous les préjugés des gens sur la richesse qui corrompt. La corruption était un vrai fléau, il suffisait de quelques liasses de billets pour que la justice ou la plupart des organisations plient l'échine. A croire que les vies valent un certain prix et qu'au delà de cette limite, l'argent pèse plus lourd dans la balance qu'une ou plusieurs vies...
Je comprenais aussi maintenant son " vous le saurez bien assez tôt ", qui devait faire référence à la presse qui, selon elle, en parlait déjà. Pourtant, elle se trompait. Je ne pouvais certes rien faire au niveau de la hiérarchie de l'Alliance ni au niveau de la presse, mais à son niveau je pouvais la soutenir et l'aider tant à passer des bons moments qu'à aller de l'avant. Du moins si elle était d'accord.
Pourtant, c'était illogique. Si des pattes avaient été graissées, c'était forcément à un certain niveau de la hiérarchie de l'Alliance. Ce n'était pas le soldat qu'on allait / devrait virer, c'était ceux qui avaient acceptés cette corruption. D'une voix calme et douce, je répondis alors :
Ah, je comprends mieux. Toutefois je ne suis pas totalement d'accord. Si je ne peux pas agir au niveau de la hiérarchie ou de la presse, je peux agir à votre niveau. Vous soutenir et vous aider.
finis-je doucement avec un petit sourire. Je repris une gorgée de vin, je ne savais pas vraiment quoi dire d'autre pour la réconforter. Elle semblait à la fois forte et fragile. Forte, parce qu'elle avait une volonté d'acier, j'en demeurais persuadée. Faible parce que les critiques de la presse pouvaient réellement pourrir sa vie, sans compter les rumeurs qui pouvaient circuler... Le monde était friand de potins sur les familles des riches, à défaut de pouvoir s'attaquer au(x) riche(s), on s'en prenait à sa famille. Mentalement plutôt que physiquement, mais il arrivait encore de temps à autre des kidnappings ou des meurtres. Dire que les enquêtes de police étaient plus faciles parce que la technologie avait incroyablement progressé depuis le XXIème siècle était faux : en effet, avec les moyens de déplacement, et la douzaine de race connue à ce jour, les suspects dans une enquête étaient entre dix à mille fois plus nombreux, selon les cas. Sans compter qu'il fallait prendre en compte les spécificités de chaque race, tant génétiques que physiques ou mentales...
Ceci dit, il était vrai que ce genre de crime était devenu obsolète. Maintenant, les criminels étaient plutôt dans les gangs ou le terrorisme. On n'avait pas vraiment gagné au change.
Melany avait de quoi surprendre ; ce n'était pas vraiment le genre de réponse à laquelle la jeune femme s'attendait. Mais cela ne lui déplaisait pas. Pour une politicienne, ou future politicienne, elle semblait sincèrement se soucier des gens, un peu trop peut-être. Le plus drôle étant sans doute qu'elle n'avait pas peur de le dire, même si cela pouvait paraître bête. Perséphone ne pouvait pas dire que cela la rassurait réellement, mais c'était toujours mieux que rien.
« Oui, je suppose que c'est déjà un début … Merci, ajouta-t-elle d'une voix plus douce. »
La jeune femme se renfonça dans son siège, amenant son Gin à ses lèvres pour le siroter doucement, son regard outremer inspectant Melany lentement. Elle termina progressivement son verre, sans rien ajouter, se laissant simplement envahir par l'atmosphère du lieu. C'était calme, apaisant, mais cela manquait de musique à son goût. Finalement, elle se redressa avec un sourire, posant son verre vide sur la table avant de se pencher un peu vers son interlocutrice.
« Qu'est-ce que vous diriez de discuter ailleurs ? De venir me consoler chez moi ? Je n'habite pas loin et on sera plus tranquille. »
La proposition était directe, mais Perséphone n'avait pas très envie de faire dans la subtilité aujourd'hui.
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Elle me remercia, je lui souris tendrement - mais sans sous entendu - avant de répondre :
C'est normal, je vous en prie.
Je réfléchissais à sa proposition : elle n'était pas anodine. Mais que risquais-je vraiment après tout ? Elle me demandait juste de déplacer le lieu de conversation ailleurs, chose que j'avais faite tout à l'heure. Pourquoi pas ? Je lui souris de nouveau en lui répondant :
Et bien pourquoi pas, c'est vrai que ça sera plus tranquille encore, même si ici il n'y avait pas grand monde.
Je payais une nouvelle fois l'addition et je préparais mes affaires. Je bus les dernières gorgées du verre, puis je lui fis signe que j'étais prête à la suivre. J'ignorais qui était son père, mais cette femme avait besoin d'aide. C'était visible. Et si je pouvais l'aider, ça me convenait aussi.
Sitôt la confirmation donnée, la jeune femme s'est levée, comme si elle n'attendait que ça, et pour cause. Ses plans de murges ayant été avortés, elle est bien forcée de se tourner vers autre chose, et tant qu'à discuter, elle préfère le faire chez elle. Son appartement, c'est un peu sa forteresse, elle y contrôle tout, et rien ne peut l'atteindre tant qu'elle y est. Elle marche donc d'un pas décidé, après avoir laissé un généreux pourboire sur la table, et sort du bar.
« On doit juste prendre le tram, c'est à deux stations d'ici. »
Avec l'attaque des Moissonneurs, les infrastructures de Paris avaient été sévèrement endommagé, on avait remis en marche l'antique métro pour se déplacer, ainsi que quelques lignes de tram pour compléter le réseau, le temps que tout soit réparé. Les travaux étaient sensés se terminer l'année dernière mais, bien évidemment, ils avaient pris du retard. Poliment, Perséphone paya le billet de la jeune femme qui l'accompagnait, sans lui demander son avis. Cela ne coûtait presque rien de toute façon. A cette heure, il n'y avait pas encore beaucoup de monde et elle put donc trouver deux place assise où s'installer.
« Non seulement ce sera plus calme, mais en plus, personne ne sait que j'y habite, pour le moment. Donc a priori, aucune chance qu'une photo de vous et moi se retrouve dans le journal de demain matin. »
Elle-même n'avait pas vraiment de problème ; elle n'avait jamais été trop sujette au harcèlement de la presse. Elle était une héritière, pas une starlette. De fait, cela ne devrait durer que le temps de cette affaire, soit quelques mois grand maximum. Mais en attendant, il était hors de question de bousiller la carrière et la réputation d'autres personnes en s'affichant trop avec. Même si elle ne connaissait Melany que depuis peu, elle refusait de lui apporter des soucis.
Au bout de deux stations, la jeune femme descendit en vitesse et entra dans un immeuble tout proche, manifestement entièrement construit après l'invasion des Moissonneurs. Son appartement n'est qu'au deuxième étage, aussi choisit-elle de prendre les escaliers pour l'atteindre. Il s'agit d'un appartement simple, pas très étendu mais assez lumineux. Une fois l'entrée passée, on débouche sur un grand salon, très bien éclairé par une vaste fenêtre, avec des canapés très classique et une table basse en verre. Rien n'indique le niveau de richesse de la jeune femme. Les murs blancs sont recouverts d'affiches, anciennes ou très récentes, de film humain ou aliens.
« Installez-vous, annonce-t-elle en lui désignant le canapé. Vous voulez quelque chose à boire ? A manger peut-être ? Je peux mettre de la musique ? » D'un geste souple, elle se saisit d'une télécommande posé sur la table basse, mais il n'y a pas de télé, ni de projecteur holographique. Elle désigne alors les coins de la pièce où sont positionnés plusieurs enceintes qui permettent une diffusion optimale du son.
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Une fois sortie de l'établissement, je la suivis pas à pas. L'ancien métro avait été repris, mais cela semblait vraiment temporaire vu l'état des infrastructures internes, de la saleté qui y régnait, il était plus qu'évident que les travaux des réparations n'étaient toujours pas finis. Je la remerciais car elle venait de me payer le billet. Il y avait beaucoup de monde, aussi Perséphone passa inaperçue, moi avec elle. Elle avait évoquée d'éventuels paparazzis mais je ne me souciais pas vraiment de cela. Même si il était sûr que traîner avec une héritière dont le père était accusé de corruption n'était pas optimal pour mon image, mon image était clean et méconnue, et je préférais aider les autres que de simplement me préoccuper de moi-même. Et en plus c'était bien plus gratifiant moralement de se dire qu'on aidait les autres. Cela donnait une sensation d'utilité réelle et pas éphémère.
Nous arrivâmes assez rapidement dans son appartement, qui était très modeste pour la fille qu'elle semblait être.
Merci. Je me contenterais de quelque chose de pas très alcoolisé si vous avez...
fis-je en souriant, avant de reprendre :
Ma foi, si vous avez l'intention de manger quelque chose, je ne dirais pas non. Et pour la musique, cela ne me gêne nullement.
Je me demandais déjà quelle serait la suite de cette soirée. Je m'assis alors sur le canapé.
« Parfait ; j'ai des gâteaux, annonça la jeune femme avec un large sourire gourmand. Je reviens tout de suite, mettez-vous à l'aise. »
Alors qu'elle partait dans la cuisine, juste adjacente au salon, elle enclencha la télécommande, et laissa la musique s'infiltrer doucement dans la salle. L'acoustique était parfaite, et l'on pouvait aisément reconnaître de quoi il s'agissait. De la musique classique. Une symphonie même, et les plus connaisseurs pourront reconnaître qu'elle est de Mozart. Prague. Perséphone avait été initiée très tôt à cette musique, son père étant un adorateur de la musique classique, et de Beethoven. Évidemment, elle s'était tournée vers Mozart, plus énergique, plus puissant, plus … différent. Elle adorait cela. Ce mélange de simplicité et d'inventivité, distillé à travers chacune de ses musiques.
La demoiselle voulait quelque chose de pas trop alcoolisé, Perséphone lui prépara donc un grand verre de jus d'orange, le seul qu'elle avait de disponible. Elle hésita à se servir d'un verre de vin, mais finit par se décider à prendre la même chose ; il ne servait plus à rien de se mettre la tête à l'envers quand on était tranquillement installée chez soi, à discuter calmement. Elle prit quelques petits gâteaux au chocolat qu'elle disposa sur un plateau avant de revenir au salon, installant le plateau sur la table devant Melany.
« Madame est servie ! »
Avec un large sourire, elle se laissa tomber sur le canapé, juste à côté de la jeune femme.
« Alors, Melany … Melany comment au fait ? Je ne connais toujours pas votre nom. »
Perséphone n'avait manifestement pas l'intention d'évoquer trop son problème avec la hiérarchie ; elle l'avait invitée pour discuter, se changer les idées. Il était hors de question de laisser ce problème obscurcir sa soirée.
« Donc, Melany, dites-moi donc ce que vous aviez prévu de faire avant de vous faire pirater votre soirée par une ravissante inconnue ? »
***
Elles entamèrent ainsi une longue discussion qui dura pendant un certain temps. Si au départ, Perséphone s'était contenté de parler de ses goûts musicaux, et d'autres choses toutes plus ou moins annexes, elle finit par se décider à s'ouvrir un peu. Elle évoqua son père, les problèmes qu'elle avait avec lui, et maintenant le problème qui survenait avec l'Alliance. C'est lorsqu'elle commença à en parler en détail qu'elle finit par se tourner vers la fenêtre, constatant que le soleil déclinait progressivement.
« Oh, il se fait tard. Je crains de vous avoir retenue plus longtemps que de raison. »
Avec un petit sourire, elle se releva, souriant à la jeune femme.
« Peut-être est-il temps de rentrer chez vous ? Le métro n'est pas sûr la nuit. »
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• Melany Faith - Perséphone Reynolds • 2193 - Lors d'une permission de Melany • Contenu : Tout public
Alors que je posais mon sac sur un morceau du canapé, pour éviter de le perdre, elle partit prendre des gâteaux et allumer la musique. La musique était douce, agréable, c'était sans conteste un grand classique, pourtant il y avait des crescendos, intensifs et puissants. Je la vis revenir avec du jus d'orange et je souris : elle avait pris la même chose finalement.
Merci bien. Oh, c'est Faith. Melany Faith.
Elle reprit la parole et je répondis alors naturellement, en souriant :
Rien de spécial, et je suis ravie d'avoir trouvée quoi faire ce soir !
La conversation qui suivit fut longue mais très intéressante, pour moi comme pour elle, je l'espérais du moins. Je répondis avec le sourire à sa réplique :
Ce n'est rien, je vous avais dis que je n'avais rien à faire de toute manière. Mais vous avez raison, il vaut mieux éviter de risquer le renvoi parce que j'aurais été amenée à blesser gravement un violeur qui m'avait trouvée à son goût...
fit-je en pouffant, avant de prendre mon sac, tendant la main a Perséphone pour la lui serrer avant de finalement lui faire la bise.
Prenez soin de vous, et n'oubliez pas, vous pouvez me contacter quand vous le voulez !
fit-je avec sourire, avant de refermer délicatement la porte pour prendre le chemin du taxi-navette que j'avais loupé. Il était temps de rentrer au bercail !
Dernière édition par Melany C. Faith le Dim 06 Oct 2013, 22:36, édité 1 fois
Lun 19 Aoû 2013, 20:54
